Je ne veux parler que de cinéma, pourquoi parler d'autre chose ? Avec le cinéma on parle de tout, on arrive à tout. Jean Luc Godard
Réalisé par Alejandro González Inárritu
Avec Sean Penn, Benicio Del Toro, Naomi Watts,
Danny Huston, Carly Nahon, Claire Pakis, Eddie Marsan
Charlotte Gainsbourg, Melissa Leo, Nick Nichols
Titre original 21 Grams
Genre Drame
Production Américaine
Date de sortie 21 janvier 2004
21 grammes a été présenté à la Mostra de Venise.
Sean Penn a reçu le prix d'interprétation masculine. Alejandro González Inárritu dit de son acteur : "Travailler avec Sean Penn, c'est jouer au foot avec David Beckham ou faire du vélo avec un champion. Vous jouez dans la cour des grands."
"Ce film est une méditation qui explore tous les aspects de nos vies : la perte, la dépendance, l'amour, la culpabilité, les coïncidences, la vengeance, l'obligation, la foi, l'espoir et la rédemption. J'aime les personnages multidimensionnels et contradictoires (...) Personne n'est bon ou mauvais. Nous flottons simplement dans un immense univers, ballottés au fil des circonstances." selon Alejandro González Inárritu.
Pour le spectateur qui a la capacité et la volonté d'accepter l'envoûtement de cette oeuvre, de multiples visions sont indispensables et ne sauraient d'ailleurs épuiser sa richesse extrême.
Synopsis
On dit que nous perdons tous 21 grammes au moment précis de notre mort...
Le poids de cinq pièces de monnaie.
Le poids d'une barre de chocolat.
Le poids d'un colibri.
21 grammes.
Est-ce le poids de notre âme ?
Est-ce le poids de la vie ?
Charlotte Gainsbourg et Sean Penn
Mary (Charlotte Gainsbourg) et Paul Rivers (Sean Penn), vivent depuis longemps un mariage sans amour. Mary est obsédée par le désir d'avoir un enfant, mais un avortement passé rend tout espoir de maternité anéanti. Son mari, Paul Rivers, est professeur de mathématiques. Entre eux, la lassitude commence à faire son travail et le couple se sépare doucement. Paul attend une transplantation cardiaque et doit se reposer le plus possible. Mais il ne respecte aucune consigne médicale et continue à fumer en cachette, au grand désespoir de sa femme.
Naomi Watts
Mariée et mère de deux petites filles, Cristina Peck (Naomi Watts), ex-junkie, mène une existence heureuse et paisible auprès de son mari Michael (Danny Huston).
À peine sorti de prison, Jack Jordan (Benicio Del Toro), gangster repenti, veut reconstruire son foyer et venir en aide aux jeunes délinquants. Pour tenter de résoudre ses problèmes, il consacre le plus clair de son temps à Dieu.
Melissa Leo et Benicio Del Toro
Un terrible accident va réunir ces trois personnes et les changer à jamais.
Ils vont s'affronter, se haïr et s'aimer.
Le titre du film, 21 grammes, fait référence à la théorie selon laquelle l'être humain perdrait 21 grammes au moment de sa mort.
Le réalisateur mexicain Alejandro González Inárritu, s'était fait connaître avec son premier film, le haletant Amours chiennes, portrait réaliste de la ville de Mexico, nommé à l'Oscar du Meilleur film étranger. Il est parti tourner 21 grammes, son deuxième opus, aux États-Unis, mais avec de nombreux collaborateurs de son précédent film, comme le scénariste Guillermo Arriaga, le directeur de la photographie Rodrigo Prieto, la décoratrice Brigitte Broch et le compositeur Gustavo Santaolalla. "J'avais l'impression qu'on était un groupe de rock en tournée dans les États-Unis, et qu'on jouait une chanson universelle", se souvient le réalisateur. Le montage de 21 grammes a été confié à Stephen Mirrione, qui avait reçu l'Oscar pour Traffic. 21 grammes présente d'autres points communs avec le long-métrage de Steven Soderbergh, comme la présence de Benicio Del Toro, le fait de suivre en parallèle le destin de plusieurs personnages, ou encore la symbolique des couleurs en fonction des séquences du film.
Sean Penn
Un travail particulier a été effectué sur les couleurs, et différents types de pellicules ont été utilisés. Le directeur de la photographie, Rodrigo Prieto, explique ce choix : "Nous avons divisé les histoires en trois couleurs différentes pour coller à la structure du film. Il y a des signaux que le public doit reconnaître. L'univers de Paul est bleu froid. Celui de Jack est jaune orangé. Donc celui de Cristina, c'est un mélange de rouge et de doré avec des touches du bleu de l'univers de Paul (...) Les différentes qualités de pellicule donnent aux personnages différentes textures suivant leur état émotionnel à certains stades du film."
Melissa Leo et Benicio Del Toro
Pourquoi aime-t-on un film ? Pour une somme de détails séduisants et prenants ou pour une force qui en émane et qui transcende les éventuelles lacunes de l’œuvre. Souvent les deux, parfois l’un ou l’autre. Cette question récurrente pour le spectateur prend dans le cas de 21 grammes une résonance toute particulière. Car voilà bien un film que l’on aimerait détester, tant le savoir-faire de son réalisateur, le mexicain Alejandro González Inárritu, nous renvoie fréquemment l’image insupportable d’un surdoué rusé, virtuose de la mise en scène et grand manipulateur d’émotions. Alors pourquoi ce film qui pourrait bien avoir tous les défauts du monde, est-il si formidable ? Pourquoi devient-il une vraie et rare expérience de cinéma ? Pourquoi tous les gimmicks et les trucs qui le parsèment ne sont pas un obstacle infranchissable, un mur entre le film et nous mais au contraire une clé d’entrée puissante dans un univers tragique ? On aurait de la peine à épuiser ainsi le questionnement qui surgit à la sortie de 21 grammes tant ce film est un séisme, qui fait émerger mille interrogations.
Aucun nom de ville n'apparaît dans 21 grammes, car, explique le réalisateur, "on voulait que ça puisse être n'importe quelle ville des États-Unis ou du monde". Le film a été tourné à Memphis, une ville où règne, selon le réalisateur, "un sentiment de nostalgie et tristesse", ainsi que dans le Nouveau Mexique, dont les paysages "offraient une désolation désertique contrastant avec Memphis," d'après le producteur.
Alejandro González Inárritu poursuit ici sa passionnante et singulière exploration des gouffres humains et des émotions extrêmes. La puissance de ce film, quasiment au sens balistique du terme, brûle tout sur son passage, en provoquant un faisceau de sensations d’une intensité peu banale. Dire que l'on ressort laminé de la vision de ce film est une bien faible expression. Pour de multiples raisons qui tiennent tout autant au fond qu'à la forme. Alejandro González Iñárritu avait déjà utilisé la technique du découpage narratif en pièces de puzzle à l'assemblage séquentiel déconcertant, dans son remarquable Amours chiennes. Il pousse ici le procédé dans ses derniers retranchements, atteignant un paroxysme qu'il semble difficile de dépasser.
Une déconstruction fictionnelle est ici pulvérisée par la violence de la réalité urbaine contemporaine, capturée brutalement caméra à l’épaule. Loin de tomber dans une abstraction théorique, qui mettrait le spectateur à distance, le réalisateur nous plonge au contraire dans le bain bouillonnant et bouleversant de ces miettes de vie éclatées.
Car nous sommes totalement immergés dans ces existences brisées, dont la collision ne nous apparaît pas comme factice, mais comme une inéluctable fatalité. Leur passé et leur milieu social auraient du en faire des étrangers les uns pour les autres, comme trois lignes de vie vouées à rester éternellement parallèles. Mais leur ligne de chance en a décidé autrement. C’était écrit, pourrait-on dire, dans une interprétation mystique de ce film particulièrement éprouvant.
Exercice de style, certainement, mais immédiatement relevé par la puissance des comédiens, qui en sont la vraie pièce maîtresse. Alejandro González Inárritu redonne son lustre à cette science du casting et de la direction d'acteurs que le star-système actuel tend à remiser, en octroyant toujours les mêmes rôles aux mêmes money makers. Les acteurs entrent avec une intensité charnelle fiévreuse, intense, tumultueuse dans ce monde destructuré.
Sean Penn en premier lieu, fragile et usé, ou carrément hagard dans une cabine de dépôt de sperme, qui s’impose décidément comme l’acteur hollywoodien tout-terrain de sa génération. En tout cas, l'un des acteurs les plus intensément expressifs qui soient.
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Naomi Watts
ensuite, qui excelle en femme anéantie, portant sur elle toute la fêlure du monde, explorant une zone limitrophe entre le chagrin et la folie.
Benicio Del Toro enfin, dont la pesante corpulence se marie bien avec les démons intérieurs de son personnage, torturé par les affres de la culpabilité et de l’impossible rédemption.
Ils sont tous dans le paroxysme, la douleur de vivre ou de mourir, les affres insupportables de la maladie, du deuil ou de la culpabilité. Ils en font vingt et une tonnes, et pourtant ce n'est jamais trop.
21 grammes, qui risque bien de provoquer des réactions exacerbées, apparaît sans discussion comme un film indispensable, au moins pour se forger sa propre opinion.
Si elle a déjà tourné plusieurs fois en anglais. c'est la première fois que Charlotte Gainsbourg apparaît dans un film américain. Dans 21 grammes, elle est l'épouse de Sean Penn, une femme qui a un puissant désir de maternité. "Cette femme (...) qui veut croire qu'avoir un enfant va résoudre tous ses problèmes alors qu'elle est au bord de la rupture, j'avais envie de l'incarner (..) J'ai passé des essais pour le rôle en étant enceinte de sept mois, et j'ai tourné le film un mois après avoir accouché. Je me suis sentie très proche d'elle", confie la comédienne.
Dans 21 grammes, Benicio Del Toro joue aux côtés de Sean Penn qui l'avait dirigé dans The Indian Runner et The Pledge. Depuis le film d' Alejandro González Inárritu, Sean Penn a par ailleurs retrouvé Naomi Watts sur le plateau de The Assassination of Richard Nixon.
Entre la réalisation de ses deux premiers longs-métrages, Alejandro González Inárritu a réalisé un court-métrage dans le cadre du film 11'09''01 september 11, une réflexion autour des attentats du 11 septembre. Parmi les autres réalisateurs qui ont participé à ce projet figure Sean Penn.
Dans 21 grammes comme dans Amours chiennes, les personnages principaux sont reliés par un accident de voiture.
Sean Penn Naomi Watts
Dans le générique du film, Alejandro González Inárritu dédie 21 grammes à son épouse, Maria Eladia. La dédicace, qui figure au générique en espagnol, fait allusion à l'enfant que le couple a perdu, quelques jours après sa naissance.
Sources :
http://television.telerama.fr
http://www.imdb.com
http://www.chroniscope.com
http://www.cinekritik.com - Bernard Sellier
http://fr.wikipedia.org
http://www.allocine.fr