Je ne veux parler que de cinéma, pourquoi parler d'autre chose ? Avec le cinéma on parle de tout, on arrive à tout. Jean Luc Godard
Réalisé par David Cronenberg
Avec Viggo Mortensen, Maria Bello, Ed Harris,
William Hurt, Ashton Holmes, Peter MacNeill,
Stephen McHattie, Greg Bryk, Kyle Schmid, Sumela Kay,
Gerry Quigley, Heidi Hayes,
Production Américaine
Genre Drame,Thriller
Date de sortie 2 novembre 2005
A history of violence a été présenté en Sélection officielle, en compétition,
au Festival de Cannes, en 2005.
David Cronenberg se retrouvait ainsi pour la troisième fois
en lice pour la Palme d'or, après le sulfureux
- Crash, Prix Spécial du Jury en 1997,
- et l'oppressant Spider en 2002.
Synopsis
Deux types sortent tranquillement d'un motel isolé pour reprendre la route. L'atmosphère est calme. Peut-être s'agit-il de deux voyageurs d'agrément ou d'affaires. L'un d'eux a oublié de prendre de l'eau pour le voyage et pénètre à l'intérieur du motel où se révèlent les deux crimes sanglants commis par son comparse sur le gardien et la femme de ménage. L'homme assassine de sang-froid une fillette qui avait survécu au massacre.
Raccordant sur le hurlement de la fillette assassinée, nous sommes transportés dans la chambre à coucher d'une autre petite fille, dont les cris consécutifs à un cauchemar, elle a vu des "monstres" font accourir ses parents à son chevet.
Heidi Hayes, Maria Bello, Viggo Mortensen et Ashton Holmes
Dans ce coin tranquille du Midwest, une famille unie et aimante, deux enfants, Sarah (Heidi Hayes) et Jack (Ashton Holmes), Edie (Maria Bello), une mère jeune et jolie, avocate, amoureuse de son mari, Tom (Viggo Mortensen), un père affectionné et paisible qui tient un petit restaurant dans la bourgade toute proche.
Un monde parfait, une idylle américaine.
Jusqu'au jour où les deux tordus entrevus au début du film débarquent dans son troquet pour le braquer, prennent au passage une serveuse en otage, et se font contre toute attente massacrer en un éclair, dans une éruption de violence inouïe, par Tom Stall.
Célébré comme un héros par la télévision nationale, Tom Stall voit bientôt débarquer dans son restaurant le patibulaire Carl Fogarty (Ed Harris) en limousine noire, œil crevé et balafre sur la joue, terrifiant de douceur pateline, qui prétend le connaître de longue date sous le nom de Joey Cusack.
Ed Harris
Après avoir été sommé de partir par le le shérif Sam Carney (Peter MacNeill) qu'Edie a prévenu, Carl Fogarty revient pourtant apparaissant d'abord à Tom un matin et suscitant une panique chez celui-ci craignant pour sa famille. Carl Fogarty menace ensuite à demi-mots Edie et sa petite fille dans un centre commercial. Edie, avocate, obtient cette fois une interdiction de séjour pour Fogarty.
Jack, excédé par les menaces et provocations de Bobby (Kyle Schmid) lui casse la figure. Son père le lui reproche. Jack estime ne pas avoir à recevoir de conseil d'un père qui s'est fait justice en abattant deux hommes.
De colère, Tom le gifle. Il a à peine le temps de regretter son geste que la voiture de Carl Fogarty resurgit. Il tient Jack en otage et exige de ramener Tom à Philadelphie auprès de son patron, Richie (William Hurt), un ponte de la mafia locale qui ne serait autre que le frère de Joey.
Tom semble accepter mais tue les deux acolytes de Carl. Celui va avoir le dessus et l'abattre quand Jack sauve son père en abattant le tueur au fusil de chasse. Son père l'étreint.
A l'hôpital, Tom ne peut qu'avouer à Edie que, autrefois, il a été Joey. Edie le prend mal tout comme son fils. Plus tard, le shérif viendra faire part de ses soupçons comme quoi Tom n'est pas celui qu'il prétend être; Edie couvre son mari mais le repousse le shérif une fois partie.
La querelle entre les époux tourne à l'amour vache et ils font violemment l'amour sur les escaliers. Edie se dégage encore en colère et Tom la laisse s'éloigner se contentant de l'observer de loin.
Viggo Mortensen
La nuit, le téléphone sonne : Richie demande à son frère de le rejoindre. Celui-ci part immédiatement pour Philadelphie et voyage le jour suivant en voiture avant d'atteindre la ville de nuit. Il est conduit jusqu'à la riche demeure de son frère. Celui-ci, sous la pression de ses patrons de la maffia, a promis de se débarrasser de son frère.
William Hurt
Pourtant Tom réussit à s'échapper et c'est lui qui tue un à un les quatre hommes de main de Richie avant d'abattre ce dernier, incrédule, d'une balle dans la tête.
Au petit matin, il se lave dans la rivière.
Viggo Mortensen
Quand Tom/Joey rentre chez lui, sa famille est à table et à sa place le couvert est absent. Sa petite fille, seule à le regarder, se lève et ajoute son couvert à côté de celui des autres. À son tour, son fils lui propose de quoi manger, et enfin sa femme le regarde finalement droit dans les yeux. On comprend après ces infimes détails qu'il est à nouveau bienvenu dans la famille et on peut s'imaginer que sa vie et celle des siens reprendra un cours normal.
A l'origine, A history of violence est un roman graphique, autrement dit une bande dessinée destinée plus spécifiquement aux adultes, par opposition aux distrayants comics. Publiée en 1997, cette oeuvre est signée John Wagner pour les textes, et Vince Locke pour les illustrations. John Wagner est notamment l'auteur de Judge Dredd, une BD futuriste qui donna lieu à un film de Danny Cannon en 1995.
Mais c'est en fait seulement en lisant le scénario écrit par Josh Olson que David Cronenberg, qui ignorait l'existence du roman graphique, a pris part au projet. Parmi les autres films inspirés d'ouvrages de ce type, citons From Hell des frères Hughes, Les Sentiers de la perdition de Sam Mendes ou Sin City de Frank Miller, Robert Rodriguez et Quentin Tarantino.
Le cinéaste explique ce qui l'a séduit dans ce projet : "Cette histoire touche à des thèmes émotionnels puissants. Un couple marié avec deux enfants essaie de mener une vie droite, honnête, épanouie, et cela se révèle de plus en plus difficile. J'ai aimé ce contexte (...) Derrière ce thème principal se profilent pourtant des choses beaucoup plus troublantes, dérangeantes. C'est un thriller intéressant parce qu'atypique. On peut le prendre à plusieurs niveaux, les enjeux ne sont pas aussi basiques que l'intrigue principale peut le laisser supposer. Les développements partent dans des axes aussi surprenants que variés. On peut d'abord voir ce thriller comme ceux de Hitchcock où un homme innocent est pris pour un autre par des gens effrayants ..."
Et ce n'est que le début..." : Après lecture du scénario, le chef-opérateur Peter Suschitzky avait suggéré au cinéaste une autre référence : "J'ai encouragé David à y penser comme aux films de Fritz Lang : un des thèmes principaux des films de Lang est le personnage qui ne peut échapper à son destin. Cela ouvrait un point de vue intéressant."
David Cronenberg a retrouvé sur ce film la plupart de ses collaborateurs habituels, de Peter Suschitzky, son chef-opérateur attitré depuis Le Festin nu en 1991, à Howard Shore qui avait déjà signé la musique de dix de ses longs métrages. Le réalisateur travaille d'autre part pour la douzième fois avec le monteur Ronald Sanders et la décoratrice Carol Spier. Enfin, comme sur huit de ses précédents films, il a confié la conception des costumes à sa soeur, Denise Cronenberg.
Souhaitant s'éloigner du monde de la mafia, David Cronenberg a demandé au scénariste Josh Olson de modifier les noms des membres du crime organisé : ils étaient italiens au départ, et sont devenus irlandais.
A propos du traitement de la violence, David Cronenberg : "Dans ce film, je voulais que la violence soit réaliste, brutale. J'ai recherché la brutalité et le genre de violence que l'on verrait vraiment dans, disons, un combat de rue : maladroite, tout sauf chorégraphiée, en recherche permanente d'efficacité -l'opposé des séquences esthétisantes que l'on voit souvent au cinéma. L'acte de violence que commet le personnage principal est justifiable. Tom Stall est contraint d'employer la violence, il n'a pas d'autre alternative. En même temps, on ne cache pas que la violence qu'il commet a des conséquences lourdes. Je veux faire passer l'idée que la violence est une chose mauvaise mais une part très réelle et inévitable de l'existence humaine. Je ne m'en détourne pas. On peut dire cependant que ce n'est jamais une chose séduisante."
"Quand j'invite quelqu'un, acteur ou technicien, à travailler avec moi, je lui demande de jouer dans mon bac à sable (...) Il ne faut jamais perdre ce goût du jeu enfantin, c'est la source de la créativité", confie David Cronenberg, qui semble avoir trouvé en Viggo Mortensen un camarade de jeu rêvé. "Pour moi, Viggo était l'acteur idéal. J'aime travailler avec des comédiens qui sont de vrais acteurs de répertoire, pas des jeunes premiers soucieux de leur image. Un authentique acteur n'a pas peur de ternir une image de héros." La vedette du Seigneur des anneaux note de son côté "Je ne me souviens pas m'être autant senti sur la même longueur d'ondes avec un réalisateur."
David Cronenberg avoue avoir été étonné par le degré d'implication de Viggo Mortensen dans le projet. L'acteur, qu'il a rencontré au Festival de Cannes en 2001 lors d'une fête donnée pour Le Seigneur des anneaux, a par exemple apporté sur le plateau différents objets qu'il avait achetés lors de ses voyages, comme la tirelire en forme de tête de poisson qu'on voit sur la caisse du restaurant ou les sculptures d'animaux qui décorent la chambre de sa fille.
"C'est un maniaque du détail, ce que j'apprécie beaucoup", confirme le réalisateur, qui ajoute : "Viggo a vraiment tenu un rôle actif dans la création de son personnage, jusqu'à son environnement. Je n'avais jamais vu ça !"
Viggo Mortensen
Maria Bello, dont David Cronenberg avait particulièrement apprécié la prestation dans Lady chance, parle de son personnage, Edie Stall, une "ancienne reine de promo devenue une avocate respectée et influente",selon les termes du réalisateur : "Elle est en fait presque plus l'homme de la famille que Tom. Elle a une énergie presque masculine, elle prend les choses en main. C'est elle qui gère. Puis les choses changent, elle est forcée de revenir à une place féminine plus réceptive, plus vulnérable. Dès que j'ai trouvé ce glissement, j'ai commencé à voir les choses différemment, j'ai trouvé une perspective nouvelle."
Mario Bello
L'inquiétant Carl Fogarty, avec son oeil mort et sa cicatrice sur le visage, est incarné par Ed Harris, dont la composition saisissante n'a pas laissé le reste de l'équipe indifférent. "Ed était effrayant, menaçant, au point qu'il a impressionné Ashton Holmes qui joue mon fils", révèle Viggo Mortensen, tandis que le producteur Chris Bender se souvient : "Ed s'est amusé parce qu'il n'avait encore jamais joué de gangster (...) C'est un acteur immense. Il a une présence impressionnante, devant la caméra comme dans la vie, qui convenait parfaitement à ce personnage qui transpire le pouvoir, et suscite la peur. Il a improvisé dans une scène, en faisant comme s'il allait attaquer Edie, et il a flanqué une vraie frousse à tous ceux qui regardaient le moniteur."
Ed Harris
History of violence a été tourné pendant douze semaines entre septembre et novembre 2004 à Toronto, ville natale de David Cronenberg, et dans des lieux environnants, en particulier, Millbrook, dans l'Ontario, une petite ville typique du style architectural du XIXe siècle. Ajoutons que le cinéaste a choisi de tourner une grande partie du film avec un objectif de 27mm : "Cela donne des plans larges, ce n'est pas l'objectif qu'on emploie normalement pour les gros plans", mais, justifie-t-il, "j'ai essayé de trouver un équivalent visuel à la psychologie des personnages, à la dynamique des pièces et à la manière dont les personnages occupent l'espace."
Contrairement à ce que pourraient penser des spectateurs non-anglophones en lisant le titre, le film ne retrace pas l'Histoire de la violence à travers les siècles. En anglais, "to have a history of violence" est une expression qui signifie "avoir un passé violent".
Viggo Mortensen
Alors que le titre peut être compris et traduit de deux façons : "Une histoire de violence" ou bien "Histoire de la Violence", on remarque qu'en réalité, le film insiste sur les deux sujets de ces deux titres dans le film : l'histoire dépeint plusieurs histoires de violence, mais, dans l'analyse, on s'aperçoit que les personnages réunis sont une représentation de la violence à ses différents degrés et de la manière dont elle parvient à se propager.
Certains critiques américains ont vu le film comme une oeuvre polémique, qui dénoncerait à la manière de Bowling for Columbine de Michael Moore, le port d'armes et la schizophrénie de l'Amérique profonde : entre normalité de comportement et violence dissimulée.
Sources:
http://www.allocine.fr
http://www.cineclubdecaen.com
http://fr.wikipedia.org
http://www.cinemovies.fr