Je ne veux parler que de cinéma, pourquoi parler d'autre chose ? Avec le cinéma on parle de tout, on arrive à tout. Jean Luc Godard
Réalisé par Elia Kazan
Avec James Dean, Julie Harris, Raymond Massey,
Burl Ives, Richard Davalos, Jo Van Fleet, Albert Dekker,
Lois Smith, Harold Gordon, Nick Dennis
Genre Drame
Production Américaine
Titre original East of Eden
Date de sortie 1er octobre 1955
À l'est d'Eden remporta plusieurs récompenses dont :
- le Prix du film dramatique au Festival de Cannes 1955 et
- l'Oscar du second rôle féminin pour la prestation de Jo Van Fleet
- le Golden Globe du Meilleur film dramatique en 1956
À l'est d'Eden, premier film de James Dean, et La Fureur de vivre, de Nicholas Ray, ont bien plus en commun que la simple présence du comédien.
Ils sont avant tout le symbole de ces étonnantes années 1950, où l’Amérique triomphante commence à subir les contrecoups d’une contestation qui culminera au temps de la rébellion douce des hippies et des mouvements anti-Viêt-Nam à la fin des années 1960. On pense bien sûr aux balbutiements de la contre-culture littéraire, la "beat generation", dont le manifeste, Sur la route de Jack Kerouac, paraît en 1957.
Mais le cinéma se prépare lui aussi aux bouleversements à venir : Elia Kazan et Nicholas Ray, réalisateurs jeunes mais expérimentés, en seront les premiers hérauts.
Elia Kazan aborde des thématiques passionnantes: la famille brisée et décomposée, la jalousie, le pardon, la haine et une jeunesse désarçonnée.
Une génération entière d’adolescents s’est retrouvée dans le mal-être et le besoin d’amour des héros incarnés par James Dean. Cinquante ans après la mort de "Jimmy", le mythe est pourtant attaqué de toutes parts. Peut-on considérer qu’un comédien a fait ses preuves en seulement trois films ?
Reste que James Dean est devenu l’incarnation idéale de son époque. Pas de quoi en faire un grand acteur, mais une légende, certainement.
Synopsis
Nous sommes en 1917. Aidé par ses deux fils, Cal (James Dean) et Aaron (Richard Davalos), Adam Trask (Raymond Massey) exploite ses terres à Salinas Valley. Les deux enfants croient que leur mère est morte, alors qu’elle a fui à la naissance des jumeaux. Cal, fils incompris, est convaincu que son père ne l’aime pas et qu’il n’est lui-même que l’incarnation du mal, qu’il voit en sa mère. Un jour, il apprend que sa génitrice vit dans la ville voisine, et qu’elle y tient un bar "louche", en fait une maison close. Parallèlement, Adam, le père, se ruine en faisant des affaires. Cal décide alors de faire fortune pour renflouer son père et gagner ainsi son amour. La fiancée d’Aaron, Abra (Julie Harris), va alors doucement tomber sous le charme du jeune Cal, alors que la tournure des événements est défavorable aux desseins du jeune homme…
Julie Harris, Richard Davalos et James Dean
À l'est d'Eden est basé sur le roman éponyme de John Steinbeck, publié en 1952, et dont le titre est inspiré du verset biblique relatant la fuite de Caïn, après le meurtre d'Abel.
Les héros "rebelles sans cause" d’À l'est d'Eden ou de La Fureur de vivre deviennent des exclus parce que leur traumatisme est trop profond pour être compris de manière rationnelle. Au moment où l’on commence à expliquer certains comportements humains par leur étude psychiatrique, les problèmes œdipiens d’un Cal Trask, en perpétuelle quête d’affection et de reconnaissance paternelles, ont dépassé la simple question de survie matérielle. Quand Cal, dans À l'est d'Eden s’engage dans une entreprise de spéculation, le profit ne représente rien pour lui, si ce n’est pour sauver son père de la faillite. Puisque celui-ci rejette l’argent "si mal gagné" par son fils, il ne reste plus à Cal qu’à lui jeter les billets à la figure : ils ont perdu leur sens.
Richard Davalos et James Dean
Le propos de Elia Kazan tient sa force d’une mise en scène résolument réaliste, à contre-courant du Technicolor flamboyant des péplums, des comédies musicales ou des mélos en vogue à l’époque. Le temps des studios n’est pas entièrement révolu, mais il faut reconstituer le plus fidèlement possible le décor prétendument paisible de la petite ville américaine des années 1910 dans À l’est d’Eden.
Dans À l'est d'Eden , Cal dissimule dans le noir ses prétendus "méfaits" qui représentent en fait, sa quête éperdue d’une mère, et du paradis de l’enfance. De même, la réalisation est livrée au service exclusif de ses personnages : les brefs décadrages sont autant de preuves du conflit irrémédiable entre les générations, entre parents et enfants. Le passage brutal de scènes violentes, comme l'hystérie de la mère de Cal lorsqu’elle le découvre chez elle, au calme relatif et apaisant des amours débutantes en Cal et Abra, traduisent le trouble intérieur, l’inquiète recherche du soi fondamentale à la compréhension de cette jeunesse perdue.
Julie Harris et James Dean
C'est le 8 février 1954, en assistant à Broadway à une représentation de L'Immoraliste, la pièce d'André Gide, qu'Elia Kazan découvrit les talents de comédien de James Dean.
À l'est d'Eden fait partie des trois films majeurs, avec La Fureur de vivre et Géant, qui ont marqué la carrière de James Dean et en ont fait une légende. Symbole d'une jeunesse américaine révoltée, il trouvera la mort le 30 septembre 1955 à bord de sa Porsche en percutant un autre véhicule aux environs de Salinas.
Pour la scène se déroulant sur le toit et impliquant les personnages de Cal et Abra, Elia Kazan fit boire James Dean.
Hors caméra, les rapports entre James Dean et Raymond Massey furent si conflictuels qu'ils n'eurent pas de mal à incarner deux personnages hostiles à l'écran.
James Dean et Raymond Massey
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À l'origine, les acteurs prévus pour jouer Aron et Cal sont Marlon Brando et Montgomery Clift mais Brando n'est intéressé par aucun des deux rôles et Clift ne veut jouer que celui d'Aron. Elia Kazan décide de faire appel à des inconnus : jusqu'aux essais, le réalisateur hésite entre James Dean et Paul Newman pour incarner le personnage de Cal. Elia Kazan choisit James Dean au jeu plus entier et plus animal.
A l'est d'Eden est le premier film d'Elia Kazan réalisé en couleurs et en cinémascope, un procédé permettant aux personnages de rester en constante relation avec le décor.
À l'est d'Eden marque la première collaboration d'Elia Kazan avec l'actrice Jo Van Fleet. Tous deux se retrouveront en 1960 pour les besoins du Fleuve sauvage, où elle incarnera une grand-mère révoltée.
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Sources :
http://fr.wikipedia.org
http://navetoncinema.canalblog.com
http://www.critikat.com - Ophélie Wiel
http://www.allocine.fr