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23 novembre 2012 5 23 /11 /novembre /2012 16:00

 

Date de sortie 21 novembre 2012

 

Au-dela-des-collines---Affiche.jpg


Réalisé par Cristian Mungiu


Avec Cosmina Stratan, Cristina Flutur, Valeriu Andriuta,

Dana Tapalaga, Catalina Harabagiu, Gina Tandura,

Luminita Gheorghiu, Teodor Corban, Vica Agache


Titre original Dupa Dealuri

 
Genre Drame


Production Française, Belge, Roumaine


Cristian Mungiu est un habitué du festival de Cannes, puisque Au-delà des collines est son troisième long métrage en compétition après L'Occident en 2002 et 4 mois, 3 semaines, 2 jours, pour lequel il avait reçu la Palme d’or en 2007.


Les deux actrices principales du film, Cristina Flutur et Cosmina Stratan,

ont reçu le prix d’interprétation féminine au Festival de Cannes 2012,

respectivement pour les rôles d’Alina et de Voichiţa.

 

Au-dela-des-collines-1.jpg

 

"Le film parle aussi des différentes façons dont le Mal peut manipuler

les gens et des formes subtiles sous lesquelles il peut se manifester.

 

Je me demande si l’indifférence n’est pas l’une d’elles..." 

 

Cristian Mungiu

 

Synopsis

 

Alina (Cristina Flutur) rend visite à son amie de coeur Voichita (Cosmina Stratan), qui a embrassé la religion. Elle voudrait la convaincre de quitter les ordres, pour venir s'installer en Allemagne avec elle. Mais Voichita souhaite qu'Alina renonce à l'amour qu'elle lui porte, pour le consacrer à Dieu.

 

De leurs désirs irréconciliables naît une situation conflictuelle. Alina se révolte contre l'autorité du prêtre, sème le trouble et le blasphème dans l'enceinte du monastère.

Convaincus qu'elle est possédée par le Malin, après des crises à répétition, l'higoumène et ses religieuses organisent un exorcisme qui tourne mal. Transportée à l'hôpital, où l'impuissance du personnel n'a d'égale que son incompétence, Alina est renvoyée au monastère. Elle va lutter jusqu'au bout contre l'aveuglement de Voichita, au sacrifice de sa vie.

 

Au delà des collines 3

 

 

En 2005, Cristian Mungiu a vu aux informations l'histoire de cette jeune fille qui avait rendu visite à une amie dans le monastère de Tanacu, en plein coeur de la superstitieuse Moldavie roumaine et qui avait fini par y mourir quelques semaines plus tard, après la célébration de ce que la presse nommait "un exorcisme". L'événement a rapidement fait les gros titres dans tous les journaux roumains et peu de temps est passé avant que la presse internationale reprenne l'histoire. L'Évêque du lieu s'est dépêché d'excommunier le prêtre et les religieuses associés à l'événement dès que l'incident est devenu public, ne respectant pas les dispositions réglementaires stipulant qu'il faudrait une enquête. L'Église Orthodoxe a condamné l'événement et s'en est distanciée. Plus tard, en 2012, on a décidé d'interdire entièrement la pratique de la lecture des prières de Saint Basil, considérée comme le principal instrument liturgique dans la lutte contre "le Diable". Cependant, internet est plein de films pris sur des téléphones portables, qui montrent que cette pratique continue.


Tatiana Niculescu Bran travaillait à l'époque comme journaliste à BBC Londres. Elle a commencé à vouloir découvrir ce qui s'était passé en réalité dans ce couvent et a enquêté sur les événements pendant les quelques années suivantes, publiant finalement deux livres sur l'incident, livres relatant ce qui était arrivé en 2005 et pendant le procès qui a suivi. Les livres ont été catalogués comme des "romans non fictionnels", probablement parmi les premiers coups d'essai dans ce genre en Roumanie.

 

À partir de ceux-ci Cristian Mungiu a écrit son scénario.  L’auteure et le cinéaste se sont rencontrés en 2007 à New York, à l’occasion d’une pièce inspirée du même fait divers.
 
C’est le ton neutre et journalistique des livres de Tatiana Niculescu Bran qui a séduit le réalisateur. Il a voulu s’éloigner le plus possible de l’histoire initiale tout en déclarant :"Il y a quelque chose qui m'a plu en particulier en ce qui concerne les livres: ils n'étaient pas critiques, ils n'établissaient pas de responsabilité, ils ne recherchaient pas de coupables - ils faisaient seulement le récit de ce qui était arrivé, dans ce que j'ai senti être le style équilibré de la BBC. J'ai commencé Au-delà des collines 4à voir la possibilité de raconter une histoire sous cet angle de vue dès que j'ai été prêt à abandonner l'histoire initiale. Mon scénario final n'a pour sujet ni ce qui s'est passé dans ce couvent-là, ni le Prêtre et toutes ces religieuses. Il est fictionnel et mon intention a été de m'écarter autant que possible de l'histoire initiale. J'ai respecté l'esprit des livres, ce qui signifie que je n'ai pas été catégorique dans mes jugements et je n'ai pas essayé d'identifier les coupables, mais j'ai appliqué ce principe à une histoire fictionnelle, à laquelle je me suis senti libre d'ajouter des couches de signification que l'histoire réelle n'avait pas pour moi. Il traite quand même du sentiment de culpabilité, mais il porte plus sur l'amour et les choix, sur les choses que les gens font au nom de leurs croyances, sur la difficulté de distinguer entre le Bien et le Mal, sur l'interprétation littérale de la religion, sur l'indifférence en tant que péché plus grand que l'intolérance, sur le libre arbitre.".  

 

 

 

L’histoire et le scénario ont été difficiles à mettre en place dans l’esprit de Cristian Mungiu, au point de mettre en péril le projet. C’est donc étape par étape qu’il a conçu son film.


Film d'épouvante autant que chronique vériste de la vie dans un monastère orthodoxe, Au-delà des collines déploie son sortilège, de plan en plan. Cristian Mungiu évacue le sensationnalisme et les effets dramatiques pour livrer une version âpre et objective des événements qui ont conduit un groupe de religieux à perpétrer des actes d'une cruauté inouïe. Le réalisateur suit les faits. Les deux jeunes filles étaient amies depuis l'orphelinat. Elles étaient très liées, l'une protégeant l'autre, aussi bien mentalement que physiquement, face à la violence des garçons à l'orphelinat. Cristian Mungiu a préservé cette relation-là tout en lui donnant une dimension amoureuse. C'est une histoire d'amour et d'abandon.

 

Le film parle non seulement de l'obscurantisme de l'Église, mais de l'aveuglement d'une partie de la société roumaine. Cela vient à la fois d'un manque d'éducation et d'empathie. Cristian Mungiu reconnait "J'ai été frappé de voir que sur la liste des 464 péchés référencés par l'Église ortho­doxe, aucun ne parle du péché d'indifférence. Autre détail frappant, il y a quinze ans, la liste de ces péchés était plus courte, ce qui en dit long sur l'état de notre société ! Après cinquante ans de communisme, les gens ont perdu leur libre arbitre. Ils sont anesthésiés…"

 

Arrêté avec les nonnes complices du rituel meurtrier, le prêtre avait été traduit devant la justice pour finalement être relâché en 2011, en raison d'un vice de forme. Pendant le procès, l'Eglise et l'hôpital se rejetaient la responsabilité du décès de l'infortunée, mettant au jour les lourds dysfonctionnements des services publics. Cristian Mungiu a vu dans cette histoire vraie la matière à une fiction où l'obscurantisme religieux se frotte aux aberrations administratives, issues de l'ère Ceausescu. Son troisième film, Au-delà des collines, oppose ainsi une passion mystique à un amour profane, déclencheur d'une série d'événements, bientôt infestés par le surnaturel.

 

Au-dela-des-collines-8.jpg

 

Cristian Mungiu a écrit de nombreuses versions successives du scénario, mais celle qu'il a utilisée lorsque il a commencé à préparer le tournage comportait 245 pages. Réduite à environ 220 pages, puis à 180, avant le premier jour de tournage. Cependant, le réalisateur dû la réécrire pendant le tournage. Au début, cela arrivait de temps en temps et à la fin cela avait lieu tous les jours. Ce ne fut pas une réécriture majeure, mais plutôt une harmonisation devant une histoire compliquée, longue et complexe, dont ne peut pas en contrôler tous les aspects dès le début d'où la nécessité de garder les yeux ouverts pour comprendre le "bon vouloir" du film.

 

Il raconte : "Je me suis dit : "D’abord, nous devons avoir un scénario et après nous décidons". Puis : "Voyons quelques acteurs, tournons quelques scènes et ainsi de suite". Maintenant, nous avons un film terminé, mais je n’ai pas encore trouvé ma réponse."


Le choix de la distribution s’est organisé assez rapidement. Cristian Mungiu a ainsi arrêté son choix sur des natifs de la Moldavie roumaine, où la langue se parle avec un fort accent, pour donner plus de réalisme à son histoire. Pour le rôle du prêtre, il a tout de suite pensé à Valeriu Andriuta, rencontré pendant ses études. Il raconte : "Je l’ai appelé bien avant d’avoir décidé de faire le film et je lui ai demandé s’il pouvait se laisser pousser la barbe. Plus les mois passaient et plus sa barbe poussait, plus je savais que c’était avec lui que je devais travailler."

Valeriu Andriuta a joué dans tous les courts métrages de Cristian Mungiu alors qu’il était encore à l’école de cinéma de Bucarest et dans son premier long métrage, L'Occident, en 2002. Depuis quelques années, l’acteur a décidé d’arrêter sa carrière, mais par amitié pour le réalisateur, il accepté de jouer dans Au-delà des collines. Il s'agit de leur dixième collaboration.

 

Au-dela-des-collines---Cosmina-Stratan--Cristina-Flutur.jpg  

 

Cosmina Stratan et Cristina Flutur

 

Pour Cosmina Stratan et Cristina Flutur, il s’agit du premier tournage sur un long métrage. Cristian Mungiu recherchait des acteurs qui pouvaient donner l'impression qu'ils étaient des gens simples, peu instruits, originaires de la campagne et, pour la plupart, très religieux. Il a rencontré au casting toutes les actrices de cet âge avec le bon accent et avec l'équipe du film ont essayé différents dialogues. Le réalisateur a demandé à Cristina Flutur de venir et d'interpréter le rôle d'Alina après avoir vu une photo sur internet. Il a ensuite décidé de rencontrer Cosmina Stratan après un test de casting qui avait été tourné en son absence, pendant lequel elle avait commencé à pleurer.  La scène ne supposait pas forcément une telle approche, mais l'émotion qu'elle pouvait susciter et transmettre était impressionnante ! Cristina Flutur apprit plus tard que toutes les deux étaient de Laşi, sa ville natale, comme d'ailleurs la plupart des acteurs choisis.


Oleg Mutu le directeur de la photographie avait déjà travaillé avec Cristian Mungiu en 2007 sur 4 mois, 3 semaines, 2 jours. Cette année, en plus de Au-delà des collines, il a travaillé sur un autre film en compétition à Cannes : Dans la brume de Sergei Loznitsa.

 

A la folie du fait divers répond un film mesuré et rigoureux, parfaitement maîtrisé tant sur le plan de l'écriture que sur celui de la mise en scène. La picturalité des cadres, les sublimes clairs-obscurs où se loge la superstition, tapie comme une menace invisible, fondent l'ensemble dans une matière incandescente.


Au-dela-des-collines-5.jpgAprès le montage final de Au-delà des collines, près de 40 minutes de film ont été coupées. Selon le réalisateur, la difficulté résidait dans le fait que "ce film présente une logique de roman, plutôt qu’une logique cinématographique, dans le sens où des détails et des événements mineurs sont aussi importants que le conflit principal". Ne disposant que de peu de temps, le chef monteur Mircea Olteanu s’est rendu sur le lieu du tournage en travaillant dans une chambre d’hôtel aménagée pour l’occasion. Cristian Mungiu résume : "Donc, nous avons fini à peu près en même temps le tournage et le montage."
 
Le tournage a été difficile. La production a dû construire le couvent et toutes les maisons qui l'entouraient. Le tournage a eu lieu pendant l'hiver dans des conditions de froid extrême. "À moins 15 degrés, c'est un peu plus difficile de se relaxer et de penser à son personnage et à la réalité du "moment"..."  avoue le réalisateur.

 

Une autre difficulté a été de tourner un film où il y a beaucoup d'action en longs plans, où les acteurs doivent courir, se battre et, en même temps, prononcer un dialogue rapide et écrit avec précision !

 

Au-delà des collines 5

 

Les décors ont été créés sur une colline qui domine une ville petite et tranquille à presque 100 kilomètres de Bucarest. Vivre loin de la maison pendant des semaines voire des mois d'affilée a eu un impact négatif sur l'équipe. "Mais, avant tout, le tournage du film a été difficile parce que les situations elles-mêmes sont extrêmement stressantes et parce que le film a rassemblé des personnes avec des convictions religieuses très différentes, qui ont été obligées de travailler ensemble sur le même projet, en ayant parfois ayant une façon personnelle d'aborder une situation donnée, différente de celle du personnage qu'ils interprétaient" reconnait Cristian Mungiu.

 

Au-delà des collines 6

 

À la question : Quelles sont vos attentes quant à ce film ?

 
Cristian Mungiu répond : "je m'attends à ce que les gens comparent ce film avec mon film précédent, ce qu'ils ne devraient pas faire – ils devraient les regarder, c'est tout. Dans les deux films il s'agit de deux jeunes filles et d'un personnage masculin à forte autorité – pourtant, ils sont très différents. J'espère que les gens se feront leur propre opinion et qu'ils l'exprimeront : l'important n'est pas de quel côté ils se placent tant qu'ils ne restent pas passifs comme le monde dans lequel nous vivons. J'espère qu'ils comprendront que dans le film, on parle de l'environnement dans lequel nous vivons et des effets énormes des petites choses auxquelles nous ne prêtons pas attention d'habitude – des choses que nous acceptons dans nos habitudes quotidiennes comme inoffensives pour nous-mêmes ou les autres. Je m'attends à ce que le film soit regardé, jugé et compris de façon différente à l'étranger et dans mon pays"

 

 
 
Mon opinion
 

Cristian Mungiu ne tombe jamais dans la facilité.

 

En 2007 son film, grand coup au cœur, "4 mois, 3 semaines et 2 jours" recevait la palme d'or à Cannes.

 

Pour celui-ci, les deux principales actrices ont reçu le prix d'interprétation largement mérité. Ajouté au prix du scénario, le festival de Cannes a largement salué ce film. La palme d'or aurait été amplement méritée.

 

Ce nouveau long métrage est d'une incroyable maitrise. Le film tient davantage de l'épouvante quand on sait que le scénario s'appuie sur un fait divers relativement récent. Démonstration parfaite des faits dans leur incroyable cruauté.

 

Cristian Mungiu ne juge pas, n'impose aucune conclusion. C'est une image moyenâgeuse en plein XXIème siècle.

 

La photographie est somptueuse et fait penser à de magnifiques œuvres d'art.

 

L'histoire est lourde, glaciale, parfois répétitive. De temps à autre elle devient lassante, dérangeante aussi, mais reste envoutante de bout en bout. D'une incroyable lenteur chaque minute augmente la tension avec une minutie impressionnante.

 

Impossible de rester insensible, devant tant d'ignorance et d'obscurantisme religieux.

 

La fin du film est vertigineuse et laisse le spectateur stupéfait.

 

 

Sources :

http://www.imdb.com

http://www.lemonde.fr

http://www.lefigaro.fr

http://www.slate.fr

http://www.cinemovies.fr

http://www.allocine.fr

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