Je ne veux parler que de cinéma, pourquoi parler d'autre chose ? Avec le cinéma on parle de tout, on arrive à tout. Jean Luc Godard
Date de sortie cinéma : 20 octobre 2010
Réalisé par Alejandro González Inárritu
Avec Javier Bardem, Maricel Álvarez, Hanaa Bouchaib,
Guillermo Estrella, Eduard Fernández, Cheikh Ndiaye,
Diaryatou Daff, Cheng Tai Shen, Luo Jin
Long-métrage espagnol , mexicain . Genre : Drame
Biutiful a été présenté en compétition officielle au Festival de Cannes 2010.
Javier Bardem,
s'est vu récompenser du Prix d'interprétation masculine.
Synopsis :
"Biutiful" raconte l'histoire d'Uxbal. Père dévoué. Amant tourmenté. Fils désemparé. Intermédiaire de l'ombre. Proche des disparus. Attiré par les fantômes. Sensible aux esprits.
Survivant au coeur d'une Barcelone invisible. Sentant que la mort rôde, il tente de trouver la paix, de protéger ses enfants, de se sauver lui-même.
L'histoire d'Uxbal est simple et complexe, à l'image de nos vies d'aujourd'hui.
Javier Bardem
A propos de la présentation de son film au Festival de Cannes 2010, le réalisateur Alejandro González Inárritu précise: «Certains films vous entraînent vers des territoires dont on craint ne jamais revenir. Biutiful est un de ces films. Je l’ai écrit en pensant à Javier Bardem et je ne pourrais pas être plus fier du travail que nous avons accompli ensemble. Je suis heureux de présenter Biutiful en première mondiale en compétition au prochain Festival de Cannes. »
Alejandro González Inárritu se souvient du moment précis où le processus s'est lancé : "Un matin froid de l'automne 2006, pendant que mes enfants et moi préparions le petit-déjeuner, j'ai par hasard mis le concerto pour piano de Ravel, [mais] aux premières notes, mes enfants m'ont demandé d'arrêter". En effet, quelques mois plus tôt lors d'un trajet familial où ce même morceau les accompagnait, "la mélancolie, la tristesse et la beauté qui émanent de cette musique les avaient submergés" au point de fondre ensemble en larmes. D'où leur demande, bouleversée, ce matin-là : "Un personnage est venu frapper à la porte de mon cerveau ce jour-là : "Bonjour, je l'appelle Uxbal". J'ai passé les trois années suivantes de ma vie avec lui."
Alejandro González Inárritu et Javier Bardem
Dès l'écriture du scénario, Javier Bardem incarnait le rôle d'Uxbal dans l'esprit d'Inárritu. "Personne d'autre n'aurait pu apporter au personnage ce qu'il lui a donné." N'ayant jamais travaillé ensemble auparavant, ce rôle était le pont qu'il manquait. "Je n'aurais pas pu faire ce film sans lui, parce que pour moi, lui seul était Uxbal", affirme le réalisateur. Perfectionniste obsessionnel, travailler avec lui est parfois une expérience éprouvante qui peut décourager. Ici le contraire s'est produit. "Avec Javier, c'était comme réunir l'Ogre et l'Affamé... et chacun de nous voulait être satisfait".
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Si la forme s'oppose, le fond de ce film reprend un thème récurrent dans son cinéma : la paternité, vue sous tous ses angles. Le cinéaste reconnaît d'ailleurs son obsession : "la peur de perdre son père, de devenir père, et ce moment précis où vous commencez à devenir votre père et où vos enfants deviennent vous", explique-t-il. On comprend assez vite que ce tourment lancinant en cache un autre, profondément lié, celui de la perte. "Parce qu'au bout du compte, nous sommes aussi ce que nous avons perdu", tout simplement..
Maricel Álvarez et Javier Bardem
Adepte des récits entremêlés et des personnages complexes, le réalisateur a une méthode précise qui lui permet de tout mettre en place: "J'ai écrit une biographie précise de chaque personnage" révèle-t-il. "Les principaux, mais aussi les Chinois et les Africains. Chacun devait avoir un passé et une raison d'être afin qu'ils ne soient jamais utilitaires." Un système bien étudié: "Je l'ai fait pour apprendre à les connaître et pour aider les acteurs à comprendre d'où venaient les personnages qu'ils incarnaient".
le 16 Septembre 2010 par Gaël Le Bellego
Pour ses premiers pas sans Arriaga (scénariste sur les trois premiers longs métrages), Alejandro Gonzalez Iñarritu a choisi de poser ses valises. Fini les cavalcades à travers le monde ('Babel'), les structures narratives enchevêtrées ('Amours chiennes' et '21 grammes'). 'Biutiful', c'est une ville, une langue (… ou presque), un personnage et une histoire. Mais le virage artistique n'est qu'apparent. Car derrière ce désir d'unité et de linéarité se cache un imbroglio bien plus intime et abstrait. Celui d'un homme à l'esprit tourmenté, en proie au doute et à ses contradictions, à la douleur d'un père disparu et à la peur de voir à son tour ses propres enfants manquer d'attention. Broyé par la vie, rongé par la maladie, il s'efforce de survivre, entre corruption et exploitation. Il supervise les vendeurs à la sauvette, soudoie les flics, finance un atelier d'immigrés clandestins, il se rend aux enterrements pour faire part à ceux qui restent des dernières volontés de ceux déjà partis. Cet homme, c'est Uxbal et c'est surtout un admirable Javier Bardem, sobre et intense. Un rôle écrit sur mesure par le réalisateur mexicain, qui se languissait de pouvoir enfin collaborer avec l'acteur. Au coeur du quartier multiethnique de Santa Coloma, à Barcelone, Iñarritu dresse un portrait singulier de la capitale espagnole : invisible, putride et délabrée, bien loin des Ramblas et du Passeig de gràcia, mais finalement tellement plus réelle. Une Barcelone qui vit, qui gronde et qui tremble, que vient magnifier un montage nerveux, à fleur de peau. Le cinéaste capte chaque détail, place sa caméra au plus près des visages. Asphyxiant, sombre et implacable, 'Biutiful' a cette beauté précieuse des oeuvres à la puissance contenue. Une oeuvre baignée par la mort et la peur de perdre - un amour, un parent, la vie - mais dans laquelle Iñarritu parvient malgré tout à insuffler de la tendresse et l'espoir, au final, de mieux appréhender nos existences.
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Sources :
http://www.evene.fr
http://www.allocine.fr
http://www.cinemovies.fr