Je ne veux parler que de cinéma, pourquoi parler d'autre chose ? Avec le cinéma on parle de tout, on arrive à tout. Jean Luc Godard
Saint Gaudens
Les classiques sur grand écran.
Réalisé par Norman Jewison
Avec Sidney Poitier, Rod Steiger, Lee Grant,
Warren Oates , Quentin Dean, James Patterson (II),
Titre original In the Heat of the Night
Genre Policier , Drame
Production Américaine
Date de sortie 1967
In the Heat of the Night et une avalanche de récompenses :
Golden Globes
- Meilleur film dramatique
- Meilleur scénario pour Stirling Silliphant
- Meilleur acteur dramatique pour Rod Steiger
Oscars
- Meilleur film
- Meilleur acteur Rod Steiger
- Meilleur montage pour Hal Ashby
- Meilleur film pour Walter Mirisch
- Meilleur son pour Walter Goss
- Meilleur scénario pour Stirling Silliphant
Dans la chaleur de la nuit est le premier film américain interdit aux moins de treize ans lors de sa sortie en salles à avoir obtenu l'Oscar du Meilleur film.
Le film fut également récompensé aux British Academy Awards
- Meilleur acteur pour Rod Steiger
Sidney Poitier et Rod Steiger
Synopsis
Un meurtre crapuleux a eu lieu dans la petite ville de Sparta, dans l'Etat du Mississipi.
La nuit, un adjoint du shérif (Warren Oates), au volant de sa voiture de service sillonne les rues. Il s'arrête pour mater une belle jeune femme puis bute sur un cadavre. C'est celui d'un ingénieur, qui résidait momentanément en ville pour travailler à la mise en place d'une usine. Son argent lui a été dérobé, la police est en alerte. La nuit est chaude, moite, irrespirable.
L'adjoint du shérif arrête sans ménagement un homme noir qui attendait tranquillement son train. Il est directement accusé du meurtre : il est Noir et a beaucoup d'argent sur lui.
Après vérification de son identité, il s'avère que cet homme est Virgil Tibbs (Sidney Poitier), un policier, membre de la brigade criminelle de Philadelphie et le meilleur spécialiste en homicide de son département.
Il est alors relâché sans un mot d'excuse. Son supérieur lui ordonne alors de rester et de collaborer avec le shérif Bill Gillepsie (Rod Steiger) pour retrouver le meurtrier en question.
Virgil Tibbs est hostile à cette idée, car il sait que les habitants de la ville se montrent méfiants à son égard. La plupart des habitants, imprégnés de la mentalité esclavagiste, sont fortement racistes.
Mais il accepte malgré lui et commence son enquête sur le meurtre de cet homme d'affaires influent.
Débusquer l'assassin se révèle être une tâche difficile, surtout lorsque ses efforts sont sans cesse anéantis par le shérif de la ville, un homme sectaire. Comme ni l'un ni l'autre ne peuvent mener l'enquête à bien, et chacun de leur côté, ils sont obligés de laisser de côté leurs différences et leurs préjugés et unissent leurs forces dans une course désespérée contre la montre pour découvrir la terrible vérité...
Virgil Tibbs ressent des préjugés très forts en retour de la haine dont il est victime, il cherche même à un moment d'incriminer sans preuves un riche notable qui pue le racisme et l'esclavagisme à plein nez.
De son côté, le personnage du shérif va peu à peu parcourir le chemin inverse et se rapprocher du policier noir, Gillespie étant à la fois jaloux et admiratif devant son intelligence, sa sagacité et son courage.
Rod Steiger et Sidney Poitier
Avec ce film, Norman Jewison traite de la discrimination raciale à une époque où elle est encore monnaie courante aux États-Unis.
Concernant l'acteur qui devait incarner le détective Virgil Tibbs, son choix s'est rapidement porté sur Sidney Poitier, premier acteur noir à avoir imposé sa présence auprès du grand public américain.
Il n'a cessé de jouer entre 1950 et 1970 des personnages en butte à l'intolérance de ses concitoyens. Habitué à défendre la cause noire dans nombre de films qu'il a interprétés, La Chaîne, Porgy and Bess, Pleure ô pays bien-aime ou encore Devine qui vient dîner ?,
Dans le présent In the Heat of the Night il est à l'apogée de sa carrière.
Ses choix de films, aux résonances clairement militantes, lui ont permis de devenir le premier homme de couleur à remporter l'Oscar du Meilleur acteur en 1964 pour sa prestation dans Le Lys des champs.
En évitant les écueils du film à message, Norman Jewison livre une œuvre sous tension dont le récit classique se révèle d'une redoutable efficacité, le tout porté par un duo d'acteurs très inspiré. Parmi eux, Sidney Poitier qui est parvenu à devenir plus qu'une figure incontournable du cinéma américain, un véritable symbole au même titre que le fut Muhammad Ali sur les rings de boxe.
Le film a été tourné trois ans après l'adoption de la loi sur les droits civiques censé mettre un terme au régime de ségrégation raciale. Toutefois la réalité de l'Amérique profonde offrait un tableau pas très éloigné de ce que montre le film. Ici l'afro-américain est d'emblée soupçonné de tous les maux et ce, même si son statut de policier lui assure une autorité.
Un élément qui montre encore une fois la capacité du cinéma à interagir avec l'actualité, aussi houleuse soit-elle.
L'action de Dans la chaleur de la nuit est censée se dérouler dans le Mississippi, mais le film a en fait été tourné dans l'Illinois et le Tennessee, pour des raisons de sécurité notamment, les acteurs noirs n'étant pas forcément les bienvenus dans le "Deep South".
Compte tenu du succès remporté par Dans la chaleur de la nuit, Sidney Poitier accepta de reprendre son rôle du détective Virgil Tibbs dans deux autres films : Appelez-moi Monsieur Tibbs ! réalisé par Gordon Douglas en 1970 et L'Organisation réalisé en 1971 par Don Medford.
Norman Jewison dirige ici pour la première fois Rod Steiger. Tous deux collaboreront à nouveau sur F.I.S.T. réalisé en 1978 et Hurricane Carter en 2000.
Hal Ashby, également monteur sur deux autres films de Norman Jewison, Le Kid de Cincinnati et L'Affaire Thomas Crown, s'essaya par la suite à la réalisation. On lui doit notamment Le Retour en 1978 et Huit millions de façons de mourir réalisé en 1986.
Dans la chaleur de la nuit est produit par Walter Mirisch au sein de la Mirisch Corporation, le célèbre producteur de pointures comme Billy Wilder, Blake Edwards, Robert Wise ou encore John Sturges, homme d'affaires malin, fier de son indépendance au sein de Hollywood et laissant souvent la bride aux cinéastes qu'il faisait travailler. Cette compagnie de production donna aussi la chance à Norman Jewison, réalisateur jusqu'alors de petites comédies sympathiques, de s'atteler à des projets bien plus ambitieux, tels que Les Russes arrivent, les Russes arrivent, L'Affaire Thomas Crown, et donc surtout Dans la chaleur de la nuit.
A partir de ce film Norman Jewison fera partie des quelques artistes engagés qui mettront leur art au service de sujets sociaux et politiques forts. Il a en commun, avec d'autres réalisateurs de l'époque, la volonté d'interroger les institutions de son pays et de traquer les tares et les dérives totalitaires de la société américaine.
C'est Ray Charles, grand collaborateur du compositeur Quincy Jones, qui interprète "In the heat of the night", la chanson du générique.
Dans la chaleur de la nuit fut décliné en série télévisée de 1988 à 1994.
Ce sont les comédiens Howard E. Rollins Jr. et Carroll O'Connor qui reprirent respectivement les rôles du détective Virgil Tibbs et du policier Bill Gillespie.
Sources :
http://www.imdb.com
http://www.dvdclassik.com - Ronny Chester
http://fr.wikipedia.org
http://www.allocine.fr