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Je ne veux parler que de cinéma, pourquoi parler d'autre chose ? Avec le cinéma on parle de tout, on arrive à tout. Jean Luc Godard

Dans la cour


Date de sortie  23 avril 2014


Dans la cour - Affiche


Réalisé par  Pierre Salvadori

 
Avec Catherine Deneuve, Gustave Kervern, Féodor Atkine,

Pio Marmai, Michèle Moretti, Nicolas Bouchaud, Oleg Kupchik

 
Genre Comédie dramatique


Production Française

 

Le réalisateur Pierre Salvadori au sujet de Catherine Deneuve.

 

"J’avais envie depuis longtemps de travailler avec Catherine Deneuve. J’ai écrit le film pour elle. Avec le temps, certains acteurs deviennent un peu des personnages. Le public a une idée d’eux assez précise et on peut jouer avec ça. Catherine, on a l’impression qu’on peut compter sur elle, qu’elle a du courage, du bon sens, un art de vivre, comme un secret. Je me suis dit que si elle incarnait Mathilde, ce serait d’autant plus surprenant parce qu’on n’imaginerait jamais qu’elle devienne folle. Et puis, pour toute la première partie du film, je pensais aussi à sa rapidité. Son sens de la comédie :

 

"Moi j’aime les gens pas sûrs d’eux, au moins ils s’appliquent",

 

pour moi c’était le genre de phrase qu’elle allait dire merveilleusement. Elle joue vite comme Katherine Hepburn ! Et puis elle a cette voix incroyable qui est une arme précieuse pour les dialogues. En fait, elle module tellement le dialogue qu’elle le chante plus qu’elle ne le dit. C’est très stimulant. Cela vous permet d’être parfois plus littéraire, parce qu’avec elle, ça ne se voit pas. On peut "risquer" le texte, ça ne s’entendra pas. Ca sera juste. Elle efface tout ce qui peut paraître artificiel et elle donne au personnage une lisibilité tout en gardant une opacité, un mystère.

"

 

Dans-la-Cour---Catherine-Deneuve-et-Gustave-Kerven.gif

 

Catherine Deneuve et Gustave Kerven

lors de la projection du film à Paris, le 15 avril 2014.

Photo AFP - Eric Feferberg

 

Sans Catherine Deneuve, le film se serait fait ?

"En aucun cas dans ces conditions-là, c’est-à-dire autour de 5 millions d’euros, soit la moitié des budgets dont j’ai pu parfois bénéficier. Il a toujours été acquis que Catherine serait au cœur du film ce qui a considérablement facilité son financement. Le casting de toute façon fait partie intégrante d’un projet. Le choix de Gustave Kerven pour Dans la cour s’explique également ainsi. Sa confrontation avec Catherine m’intéressait. Elle me semblait promettre quelque chose de saillant." confie le réalisateur à Olivier De Bruyn pour http://rue89.nouvelobs.com publié le 22 avril 2014. 


“J’ai compris que j’avais fait du monde un murmure.

J’ai compris que malgré mes angoisses et mes peurs,

il me fallait tout faire pour revenir aux autres.”

 

Dialogue de Mathilde dans le film.

 

Synopsis

 

Antoine (Gustav Kervern) est musicien.

 

À quarante ans, il décide brusquement de mettre fin à sa carrière. Après quelques jours d'errance, il se fait embaucher comme gardien d'immeuble. Il a la tentation de la démission, le désir d’un rapport au monde moins pénible. Ce repos, il essaie de se le procurer par un opiacé, une drogue qui apaise. Il veut se retirer du monde, dormir. Il pense pouvoir se couper des autres mais il en est incapable. Il est sensible, empathique.

 

Dans-la-cour---Gustave-Kervern.gif Gustave Kervern

 

Il est touché par Mathilde (Catherine Deneuve), jeune retraitée mariée à Serge (Féodor Atkine).

 

Pour rendre service à un aveugle, elle lui lit quotidiennement la presse. Mais sa fatigue et sa fragilité la submergent, jusqu’à ce qu’elle n’arrive plus à absorber le trop plein de mauvaises nouvelles.

Dans la cour - Catherine Deneuve

 

Mathilde, nourrit d’étranges inquiétudes au sujet d’une certaine fissure dans son salon, qui s’agrandirait et se creuserait dangereusement. Peu à peu, l’obsession s’installe et prend toute la place, au grand accablement de son mari Serge. Peu à peu, son angoisse grandit pour se transformer en panique : et si l'immeuble s'effondrait...

 

Tout doucement, Antoine se prend d'amitié pour cette femme qu'il craint de voir sombrer vers la folie.

 

"Je ne sais même pas si c’est vous qui me bouleversez

ou si je traverse juste une terrible dépression !"

 

Dans-la-cour---Catherine-Deneuve-et-Gustave-Kervern.gif


Catherine Deneuve et Gustave Kervern

 

Autour d'eux se croisent, Lev (Oleg Kupchik), tellement perdu qu’il en devient mystique puis violent. Maillard (Nicolas Bouchaud), obsessionnel, effrayé à l’idée qu’un intrus squatte les lieux, Colette (Michèle Moretti) et sa librairie ésotérique ou Stéphane (Pio Marmai) qui entasse des vélos à profusion dans la cour, pour un trafic assez incongru. 

 

Entre dérapages et inquiétudes, tous deux forment un tandem maladroit, drolatique et solidaire qui les aidera, peut-être, à traverser cette mauvaise passe.

 

Pour son neuvième long-métrage, le réalisateur Pierre Salvadori est allé hors des sentiers de la comédie, genre qu'il avait l'habitude d'aborder dans ses précédentes réalisations : "J’ai le sentiment que faire Dans la cour, pour moi, aujourd’hui, c’est presque un renoncement à un genre. J’ai eu envie de m’éloigner de la comédie par épuisement (car c’est assez éprouvant d’écrire des comédies comme celles que j’ai faites ces dernières années), et, effectivement, peut-être aussi par manque de stimulation."

 

La trame du film s’est dessinée après que le réalisateur et son scénariste, David Colombo Léotard, aient découvert la fin de la série HBO The Wire, où le personnage de Bubbles cite Franz Kafka : "Vous pouvez retenir la souffrance du monde, vous êtes libre de le faire, et c'est en accord avec votre nature. Mais peut-être est-ce la seule souffrance que vous auriez pu éviter." "Cette phrase m’est restée. Elle m'a marqué. Face à la peur que nous évoquions tout à l’heure, c’était comme une réponse qui m’était offerte. Pour la fin du film comme pour le reste." avoue Pierre Salvadori

 

Au sujet de ses personnages Pierre Salvadori confie : "... Mes personnages sont souvent tournés vers les autres, ils ont de la compassion, ils sont empathiques et prennent souvent en charge la douleur d’un autre. Dans-la-cour---Catherine-Deneuve--Gustave-Kervern-et-Miche.gifMais c’est parfois par culpabilité ou par peur d’être seuls ! Ils sont assez ambigus et peuvent être cruels. Tout en aidant leur prochain, ils les trahissent. Leur bonté n’est pas toujours gratuite. Ce sont des comportements qui me semblent plus justes et surtout c’est ce qui, dans ces comédies, permet d’éviter la mièvrerie. Mais effectivement, dans ce Dans la Cour, le personnage d’Antoine est bon, compréhensif, doux et sans arrière-pensée. Il ne juge jamais Mathilde. Il n’a plus la force de créer un lien avec les autres par la musique et il le fait autrement. C’est dans sa nature. La bonté, la gratuité, ou ce qu’on appelle parfois avec un peu de mépris la gentillesse, sont des qualités qui transcendent l’existence et donnent aux personnages une dimension merveilleuse, poétique, pas très éloignée du panache. En s’opposant à l’intérêt personnel, ils donnent une autre idée des choses et du monde. Ce sont des personnages qui me touchent beaucoup dans la vie comme au cinéma."

 

Mathilde est plus ambivalente.
"Oui. Elle engage Antoine sur sa bonne mine, lui fait instantanément confiance et le lendemain, elle lui balance une poire du 6ème étage ! J’aime le personnage de Mathilde. Ce va-et-vient constant entre sa gentillesse et sa nervosité, sa panique et sa conscience. Après avoir semé une pagaille pas possible dans sa maison d’enfance, terrorisé la mère et les gosses, elle dit à Antoine sur le quai de la gare:

"Mon Dieu Antoine, vous avez vu ce que j’ai fait... Les gens sont avides de calme et de tranquillité, et moi je leur hurle dessus". J’aime ces paradoxes, son mélange de bienveillance et d’angoisse. Ce sont ces contradictions qui lui donnent de l’humanité et qui créent aussi de la comédie."

 

Filmographie de Catherine Deneuve, Cliquez ICI !

 

Trublion du Groland et complice de Benoît Delépine, Gustav Kervern est habitué à réaliser et à jouer de petits rôles dans ses propres réalisations, et n'avait jamais eu, jusqu'à Dans la cour, un rôle de cette ampleur au cinéma. Le réalisateur explique : "Pour Antoine, j’ai pensé à Gustave après l’écriture. Dans la cour - Gustave Kervern-copie-1On a fait des essais. Mais je crois que je savais déjà que je le voulais lui. Je l’avais croisé dans une soirée sans le connaître. Il était drôle. Il embrassait tout le monde ! Je voyais qu’il avait cette douceur, cette patience. Qu’il allait être le personnage idéal pour encaisser tout ça. Par ailleurs, je l’avais vu dans les sketchs de Groland. Je voyais bien qu’il avait en plus un sens comique et que sa capacité à jouer l’étonnement, l’incompréhension, allait apporter un contrepoint comique à la folie de Mathilde. Et c’est aussi un acteur physique, il sait se tenir, être dans le plan, être juste sans rien dire, sans être embarrassé de lui même. Certains acteurs ne savent pas quoi faire de leurs mains, se balancent d’un pied sur l’autre. Lui est là, imposant, tranquille. Une statue ! Je crois que c’est ce qu’on appelle avoir de la présence. Sur le plateau, je disais toujours que c’était mon ancre, qu’il empêchait le film de partir n’importe où. Il le tenait, par son corps, par sa justesse et par son émotion."

 

 

Pour ses autres acteurs Pierre Salvadori avoue : "Pio Marmaï est un acteur qui a une énergie et une force contenue incroyable. On sent qu’il possède une grande fragilité et beaucoup de douceur dans un corps puissant. C’est ce qui le rend si bouleversant. Il est aussi doté d’un vrai sens comique parce qu’il n’a jamais peur de s’abandonner. Je ne savais jamais ce qu’il allait faire. C’est un acteur surprenant et inspirant. Avec lui on a toujours envie de prolonger la scène."

 

Venu du théâtre, Pio Marmaï crève aujourd’hui le grand écran. Comparé à Patrick Dewaere, il excelle d’abord dans les comédies, romantique, Didine, familiale, Le Premier Jour du reste de ta vie, ou policière, La Loi de Murphy. Il se tourne ensuite vers le genre dramatique avec D’amour et d’eau fraîche et Contre toi. Ou encore entre réalisme social et religion avc le film d'Elie Wajeman Alyah. Nommé deux fois au César du meilleur espoir, ce comédien en pleine ascension prouve qu’il sait tout jouer.


Pour  Nicolas Bouchaud le réalisateur l'avait vu dans son spectacle, La loi du marcheur. "Il est drôle, physique et un peu inquiétant. Dans ses spectacles, il peut être cérébral et deux secondes après se mettre à danser. Un vrai corps burlesque. Il a le sens de l’improvisation et le goût du jeu. Du coup, il vous pousse à aller un peu plus loin. On sent qu’il a toujours envie d’une prise de plus. Parce qu’il a beaucoup de plaisir à jouer mais aussi parce qu’il ne veut jamais abandonner le texte tant qu’il sent qu’on peut en tirer encore un peu plus. Les acteurs comme lui sont des alliés." reconnait Pierre Salvadori.

 

La production a mis du temps à trouver le mari de Catherine. Le réalisateur explique "Ce n’est pas facile, d’abord parce qu’elle en a eu beaucoup ! Féodor Atkine a eu une approche des rôles assez différente, plus rare en France. Il s’intéresse au passé du personnage. Il le "construit" comme on dit. Catherine, dans le film, dit de son mari  

 

"C’est un ancien stalinien vous savez...

Ils ont l’habitude d’enfermer les opposants !".

 

À partir de ça, il m’a demandé plein de choses. C’est une petite vanne qui m’a coûté beaucoup de travail ! Mais une fois qu’il a son personnage en tête, tout est simple. C’est un comédien doué et souple. Et puis il est beau et moi je voulais absolument que le mari de Catherine soit beau." 


Pierre Salvadori aime beaucoup travailler avec Michèle Moretti. Il dit de l'actrice : "Le naturalisme ne l’intéresse pas. Elle ne se contente pas d’être juste, au contraire. Beaucoup d’acteurs ont peur d’en faire trop, et pourtant c’est là qu’ils prennent vraiment des risques. Michèle est toujours au bord de la rupture, elle a un mélange de folie et de candeur qui rend tous ses personnages intrigants, poétiques ou attachants."

 

 

 

Mon opinion:

 

Pierre Salvadori ne cache pas d'avoir utilisé des sentiments qui lui sont connus.

 

Dans La Cour est un film à la fois élégant, drôle, tendre, délicat et émouvant et plus que tout, d'une grande humanité.

 

Deux êtres que tout sépare, perdus et prêts à chuter vont se rencontrer dans l'environnement d'un immeuble, lui même étouffé dans une cour et la loge d'un gardien.

 

Ce n'est pas la gaieté absolue. Il est bien question de dépression, de lâcher prise, d'un certain ras-le-bol, de la solitude, du manque et de l'inconfort qui va avec. Et pourtant. Avec le temps qui passe, le réalisateur/scénariste et son coscénariste David Colombo-Léotard jouent et vont trouver les mots justes pour rendre les dialogues percutants et attachants, sans pour autant tomber dans le cliché. Le deux principaux protagonistes ont un passé qui rend leur présent difficile et douloureux. Leur rencontre sera stimulante.

 

Il serait injuste d'oublier les excellents acteurs qui les entourent. Michèle Moretti connue et reconnue pour son exemplaire carrière sur les planches, le grand ou le petit écran. "Un mélange de folie et de candeur" affirme le réalisateur. Féodor Atkine, qui n'a plus rien à prouver est excellent dans ce rôle d'époux perdu, aux côtés de sa femme devenue dépressive. Pio Marmaï, va troubler l'atmosphère sans se départir de charme et d'élégance. Nicolas Bouchaud, avec à son actif une impressionnante carrière théâtrale joue les obsessionnels compulsifs. Il est remarquable.

 

Gustave Kervern, dans ce premier grand rôle au cinéma, est véritablement étonnant et attendrissant. Il incarne à la perfection cet homme qui reste sensible et avenant, malgré la détresse absolue qui l'étouffe au plus profond. Il sera impossible d'oublier "les rosiers d'Antoine" tout autant que l'acteur qui les aura voler avant de les replanter pour qu'ils arrivent enfin à s'agripper sur le mur.

 

Catherine Deneuve, enfin. Une fois encore, parfaite. J'insiste et je souligne. La liberté qu'elle s'autorise de tout jouer, par sa seule volonté et son talent, la rend incomparable. Crédible dans tous ses rôles, elle n'en finit pas de surprendre, de séduire, et d'émouvoir. Magnifique actrice, elle est une de ces Femmes qui ne se contente pas de l'acquis mais reste toujours reliée au temps avec la volonté et la curiosité d'aller toujours plus loin.


 

Sources :

http://medias.unifrance.org - Extraits de propos recueillis par Bernard Payen

http://www.canalplus.fr

http://www.allocine.fr

http://www.imdb.com

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A
<br /> Hélas, je l'ai vu !<br />
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A
<br /> J'espère que ce film sera programmé près de chez moi car j'ai très envie de le voir. Catherine Deneuve, que je n'ai pas toujours aimée, joue de mieux en mieux, je trouve. Peut-être parce que ses<br /> rôles à l'écran ne sont plus centrés sur sa seule beauté. Qu'elle peut enfin donner sa mesure, passer de l'apparence à la...présence.<br /> <br /> <br /> Bonne journée, Alain.<br />
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R
<br /> encore un beau film avec Catherine Deneuve !!<br />
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C
<br /> On sent de ta part une grande empathie pour ce film<br />
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E
<br /> C'est entendu, j'irai le voir. Deneuve m'a parfois déçue ces dernières années, alors que j'étais une presque inconditionnelle avant. Je vais donc te faire confiance, ainsi qu'à elle et au metteur<br /> en scène de ce film "différent"....<br />
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D
<br /> Bonjour Alain, j'espère y aller ce soir. Sans être une grande fan de Deneuve, je trouve que les rôles qu'elle a choisis récemment sont intéressants. Bonne journée.<br />
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M
<br /> Salut Alain ... Sans être fana comme tu l'es de Catherine Deneuve, je dois reconnaître qu'elle se mouille chaque fois davantage, prend des risques et frappe là où on l'attend le moins. Elle est<br /> parfaite, je l'avoue. Le film tout entier est une grande réussite. Clara a adoré aussi. Quant à Kervern ... fabuleux. @+<br />
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J
<br /> Vu hier à l'Atalante. Pour avoir ce problème dans ma vie professionnelle tous les jours, j'avoue que le sujet est particulièrement bien traité et pointe du doigt, avec justesse sur ces fissures<br /> qui brisent les êtres. Allez, je suis Ok avec toi, Deneuve est sublime et Kervern une véritable révélation. Plus vrai que nature. Bises<br />
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