Soirée événementielle sur France 3
Une parade unique dans le monde de la danse, d'une quinzaine de minutes sur la Marche des Troyens, de Berlioz, destinée à présenter la troupe dans toute l’envergure de la scène.
France 3 a proposé le samedi 8 novembre 2014 une soirée exceptionnelle sur le Ballet de l’Opéra de Paris et celle qui l’a dirigé pendant plus de 20 ans, Brigitte Lefèvre.
Le 31 octobre, cette grande dame de la danse a pris sa retraite, cédant sa place au danseur Benjamin Millepied, ancien soliste du New York City Ballet. Une nomination intervenue au terme de l’examen de neuf candidatures nationales et internationales. Dont celles, sauf erreur, de l’étoile Nicolas Le Riche et du maître de ballet Laurent Hilaire. Sans oublier Manuel Legris, actuel patron du ballet de l’Opéra de Vienne.
La soirée a démarré à 22h55 avec un exercice incontournable pour le Ballet de l’Opéra de Paris, le défilé du corps de ballet, qui réunit sur la scène du Palais Garnier les petits rats de l’école de danse et la compagnie au grand complet, jusqu’à ses sublimes étoiles.
Des élèves aux Étoiles, tous défilent, ligne par ligne, dans une parade solennelle, une revue presque militaire.
Un éclat de tutu blanc comme un morceau de miroir surgit dans l'obscurité de la scène. Une petite fille se redresse et la marche commence. Par vagues, les femmes d'abord, puis les hommes, arrivent du fond du Foyer (situé derrière le plateau) et descendent jusqu'au proscenium, soit 46 mètres réverbérés par un immense miroir.
La majesté de la hiérarchie se donne à voir dans une magique simplicité. Les jeunes élèves ouvrent le cortège composé des Quadrilles, des Coryphées, des Sujets, des premiers danseurs et enfin des étoiles.
Les étoiles apparaissent une par une, de la plus fraîchement nommée jusqu'à la plus ancienne, et viennent saluer le public. Certaines font les derniers mètres en accélérant le pas ou en courant.
Le Défilé, sur la partition de Berlioz, fut remis au goût du jour par le chorégraphe Serge Lifar en 1947. L'espace d'un instant, la communauté des danseurs se tient réunie dans une même énergie.
La beauté de la transmission et du temps qui passe se lit dans cette marche en boucle qui pourrait durer des heures tant elle hypnotise. Un moment de reconnaissance des artistes et des spectateurs, du travail des uns et du plaisir de tous.
Un moment d’une beauté indicible, une cérémonie quasi religieuse dans ce temple de la danse classique.
Le défilé a été capté le 4 octobre, pour la toute première fois, avec d’impressionnants moyens : caméra montée sur grue, cameramen qui arpentent les rangs des danseurs pour filmer les mouvements et les sourires au plus près…
Il aura fallu de longues tractations pour que l’Opéra accepte d’ouvrir ses portes aux caméras pour immortaliser ce moment unique.
Le défilé du corps de ballet de l'Opéra de Paris fut suivi par les Études imaginé par Harald Lander qui fut chorégraphe, maître de ballet et directeur de l’École de Danse de l’Opéra.
Le ballet se lit comme un manifeste de la technique classique, de sa pureté, de sa rigueur et de son exigence.
Ce ballet montre la danse à l'oeuvre, des premiers exercises à la barre aux variations finales. C'est un hommage à l'apprentissage de la danse académique.
"Une sorte de miroir de la Compagnie et de sa hiérarchie", précise Brigitte Lefèvre.
En regard, deux oeuvres de William Forsythe, créées spécialement pour la Compagnie, portent un éclairage inédit sur l’héritage de ce vocabulaire académique qu’il déstructure et reconstruit. Dans Études, Woundwork 1, Pas. Parts, le chorégraphe bouscule les lignes et les codes, repousse les limites et accélère le mouvement.
Trois oeuvres fondamentales du répertoire qui se répondent et prolongent la réflexion sur l’histoire d’une technique qui, guidée par la pensée, habitée par les interprètes, poursuit son évolution.
Extraits de la soirée Harald Lander/ William Forsythe
Etudes, Harald Lander
Avec Dorothée Gilbert, Josua Hoffalt
Woundwork 1, William Forsythe
Avec Aurélie Dupont, Laetitia Pujol, Mathieu Ganio, Hervé Moreau
Pas. Parts, William Forsythe
Avec Marie-Agnès Gillot
Sources :
https://www.operadeparis.fr
http://www.lemonde.fr - Rosita Boisseau