Je ne veux parler que de cinéma, pourquoi parler d'autre chose ? Avec le cinéma on parle de tout, on arrive à tout. Jean Luc Godard
Date de sortie cinéma : 14 décembre 2011
Réalisé par Jalil Lespert
Avec Benoît Magimel, Isabelle Carré, Audrey Tautou,
Marie-Ange Casta, Antoine Duléry, Ramzy Bedia,
Bouli Lanners, Lubna Azabal, Aurore Clément, Hugo Fernandes
Genre Drame
Production Française
Benoît Magimel et Audrey Tautou
Synopsis
La vie de Paul bascule le jour où sa femme Sarah disparait subitement. Après une année de recherches infructueuses, Paul est un homme brisé, rongé par le doute et la culpabilité. Sa dernière chance est peut être de tout reprendre à zéro : déménager avec ses 2 enfants à Saint-Malo, la ville où il a grandit. Mais des rencontres inattendues vont donner à ce nouveau départ une tournure qu’il n’imaginait pas.
Benoît Magimel
Paru en 2009 aux éditions de l'Olivier, le roman d'Olivier Adam "Des vents contraires" avait été récompensé par le prix RTL-Lire.
Un prix venant s'ajouter aux nombreuses distinctions de l'auteur.
Romancier de renom, Olivier Adam connaît un succès populaire et critique indéniable qui le place parmi les écrivains les plus connus de sa génération. Ancien étudiant en gestion des entreprises culturelles, il participe à la création du festival littéraire 'Les Correspondances de Manosque' et travaille comme directeur de collection aux éditions du Rouergue. C'est son premier roman paru en 2000, 'Je vais bien, ne t'en fais pas' qui lui permet d'accéder à la notoriété. Lauréat du prix Goncourt de la nouvelle en 2004 pour 'Passer l'hiver', l'auteur poursuit néanmoins dans la veine romanesque avec 'Falaises' ou 'A l'abri de rien'. Influencé par les écrivains américains contemporains, Olivier Adam aborde aussi bien des thèmes sociaux et politiques, comme la question des sans-papiers, que des aspects plus psychologiques et sentimentaux. Également scénariste, il a notamment participé à l'écriture des films Welcome et Je vais bien, ne t'en fais pas, de Philippe Lioret, Poids léger et Maman est folle, (Téléfilm) de Jean-Pierre Améris, et Des vents contraires, de Jalil Lespert.
"Des vents contraires" est le troisième roman d'Olivier Adam à avoir été adapté au cinéma. Poids léger avait été filmé par Jean-Pierre Améris en 2003, et Je vais bien, ne t'en fais pas, par Philippe Lioret en 2006. L'œuvre de l'écrivain est donc intimement liée au cinéma.
Avec Olivier Adam, Jalil Lespert partage un penchant pour la littérature américaine avec des auteurs comme John Fante et Raymond Carver. Des écrivains qui parlent de l'ordinaire sans condescendance. C’est en partie ce qui les a réunis. Le cinéaste fait d'ailleurs une analogie entre ces auteurs et le style de son ami écrivain : "Olivier lui aussi dépeint des individus lambdas dans ses livres, tous confrontés à des situations hors du commun. Ce mélange frontal entre ordinaire et extraordinaire donne toute la dimension romanesque et fictionnelle à ses romans.
Le lecteur s’y retrouve", explique-t-il.
Antoine Duléry et Benoît Magimel
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Benoît Magimel et Ramzy Bedia
Le réalisateur a d’abord cherché à rencontrer Olivier Adam pour lui faire part de son enthousiasme pour son roman "Poids léger". Ce ne sera finalement que 6 ans plus tard, pour son roman "Des vents contraires", que l’écrivain et Jalil Lespert entameront leur collaboration. Le réalisateur raconte leur rencontre : "Comme Olivier Adam avait bien aimé mon premier long-métrage et que nous sommes de la même génération, il m’a proposé de lire son roman. C’était en 2008. "Des vents contraires" m’a tout de suite plu. Il m’a alors expliqué qu’un projet d’adaptation pour le cinéma était en cours mais que personne n’avait acquis les droits. Plusieurs noms de réalisateurs lui avaient été proposés. Il en avait suggéré d’autres. Il m’a avoué qu’il pensait à moi. J’ai dit banco direct !", se souvient-il
Pour l'écriture du scénario de Des vents contraires, le regard de l'écrivain Olivier Adam a représenté une aide précieuse pour Jalil Lespert. C'est d'ailleurs lui qui est à l'origine du premier jet. Un dialogue s'est ainsi progressivement installé entre les deux hommes, comme le raconte l'écrivain : "Il savait que je n'aurais pas le regard figé sur l'œuvre d'origine. Ça a dû le conforter et en même temps lui donner encore plus de liberté de m’avoir dans les pattes !", explique-t-il. Le réalisateur n'avait, en effet, pas caché son souhait de se détacher du roman, en évitant à tout prix le piège de la simple adaptation : "adapter un roman, c'est forcément le trahir", confie Jalil Lespert.
Marie-Ange Casta
Pour Olivier Adam, la capacité de Benoît Magimel à incarner ou à ressembler au Paul du roman n'était pas la chose la plus importante. L'acteur devait néanmoins être à même d'exprimer un élément incontournable pour espérer rendre son personnage crédible : le lien avec ses enfants, ces petits gestes qui soulignent l'attachement d'un père.
Après 24 mesures c’est la seconde fois que Benoît Magimel tourne avec Jalil Lespert.
Isabelle Carré et Benoît Magimel
Contrairement à son premier film 24 mesures, pour lequel la conception relevait davantage de l’écriture automatique, Jalil Lespert a préféré aborder Des vents contraires d’un point de vue plus théorique. Moins de place laissée à l’improvisation, donc, et la volonté d’aborder un cinéma qui, tout en restant formel, bouleverse le spectateur : "J’attends de ce film qu’il m’apprenne encore plus sur l’art du cinéma. Je souhaite aussi qu’il me permette d’en faire d’autres et qu’il touche les spectateurs. Ce serait formidable qu’il les émeuve", détaille le réalisateur.
Après avoir fait appel à l’actrice Lubna Azabal pour 24 mesures, Jalil Lespert renouvelle la chose pour Des vents contraires. Il lui fallait une comédienne de taille pour donner de la force au personnage de la mère de Yamine.
Jalil Lespert a été bluffé par les enfants que l'on voit dans le film : "Les trois enfants sont formidables. Ce sont des petits surdoués qui ont plaisir à jouer, à se raconter des histoires, à en raconter, à être dans la fiction", s’exclame-t-il.
Benoît Magimel : Azzedine, Cassiopée et Hugo ont le ton juste. On leur demandait beaucoup en plateau. Ils devaient exprimer des émotions fortes. Ils sont doués et font naturellement abstraction de la caméra. Jouer demande beaucoup de travail et beaucoup de soi. Ils sont très adultes en fait. Je me souviens avoir entendu Cassiopée et Hugo parler de la manière dont ils allaient interpréter une scène. J’avais l’impression de voir deux pros. C’était un peu déconcertant ! Les avoir comme enfants dans le film a été une réelle chance.
Audrey Tautou : J’ai tout de suite été en interaction avec Cassiopée et Hugo. L’osmose était d’ailleurs un enjeu car je n’avais pas de temps pour les amadouer au cas où il y aurait eu une timidité de leur part. Mais ça s’est très bien passé et je suis ravie d’avoir eu des partenaires de jeu comme eux !
Ramzy Bedia : En tournant avec Azzedine Je l’ai regardé comme mon fils et je crois qu’il me regardait comme son père. Je les connais les petits rebeus ! Nous, on n’est pas à l’aise dans ce milieu du cinéma. Je l’ai vite décoincé : « Oublie tous les conseils qu’on te donne. Moi, j’ai tellement peur que je vais me mettre dans tes yeux. Tu vas te mettre dans les miens et on va jouer tous les deux ». On a tout joué comme ça et c’est passé comme dans du « beur » !
Antoine Dulery : Les enfants sont formidables. Ils ont su trouver le ton juste. Ils sont très inventifs. J’ai eu l’occasion de jouer une vraie scène d’émotion avec eux, très poignante. Eh bien, ils ont envoyé du bois comme il faut !
Pas moins de 72 fillettes et 48 garçons ont été entendus au casting. Un choix cornélien pour Jalil Lespert. D'après lui, Des vents contraires n'aurait d'ailleurs pas été possible sans la réussite des enfants. Il ajoute même : "Si ça, ça ne fonctionnait pas, le film ne marchait pas. C'est la raison pour laquelle le casting a vraiment été énorme. Ce qu'on a fait, c'est qu'on les a beaucoup fait travailler en amont. Chacun avait un coach. Mais très vite, ils ont compris."
C’est Jalil Lespert qui le dit : "la dimension qui faisait la force de Michel Serrault, on la retrouve chez Antoine Duléry. Plus il vieillit, plus il se bonifie !"
Antoine Duléry
Pour Olivier Adam, 95% des films tournés en Bretagne semblent se dérouler dans les années 50. Le romancier développe : "beaucoup de cinéastes illustrent la Bretagne avec des gros buffets bretons, des cuisines avec des casseroles en étain, de vieilles dames qui font des crêpes et des pêcheurs qui réparent leur filet sur le port en fumant la pipe ! On a l’impression d’être soit dans un film de Claude Chabrol soit dans un téléfilm. Connaissant Jalil et après avoir vu son film 24 mesures j’étais sûr qu’il n’irait pas vers ça." L’enjeu du tournage, dans la région de Saint-Malo, était donc de donner corps à une Bretagne contemporaine, cette fois-ci sans vernis.
Sources :
http://www.evene.fr
http://www.allocine.fr
http://fr.wikipedia.org
http://www.cinemovies.fr