Date de sortie 5 mars 2014
Réalisé par Volker Schlöndorff
Avec André Dussollier, Niels Arestrup,
Burghart Klaußner, Jean-Marc Roulot, Robert Stadlober, Charlie Nelson
Genre Drame, Historique
Production Française, Allemande
- César 2015 Meilleur scénario/adaptation
Diplomatie est l'adaptation de la pièce du même nom signée Cyril Gély. L'auteur a reçu le Grand Prix de l'Académie Française du Jeune Théâtre, et le prix de la Fondation Barrière.
André Dussollier et Niels Arestrup étaient déjà les deux acteurs principaux sur les planches. Ils ont joué la pièce plus de 200 fois, du 1er octobre 2011 au 31 décembre, au Théâtre de la Madeleine à Paris dans une mise en scène de Stephan Meldegg.
C'est donc tout naturellement qu'ils ont repris leurs rôles respectifs dans le film.
Synopsis
La nuit du 24 au 25 août 1944.
Le sort de Paris est entre les mains du Général Dietrich Von Choltitz (Niels Arestrup), Gouverneur du Grand Paris, qui se prépare, sur ordre d'Hitler, à faire sauter la capitale. Issu d'une longue lignée de militaires prussiens, le général n'a jamais eu d'hésitation quand il fallait obéir aux ordres.
Niels Arestrup et André Dussollier
C'est tout cela qui préoccupe le consul suédois Raoul Nordling (André Dussollier) lorsqu'il gravit l'escalier secret qui le conduit à la suite du Général à l'hôtel Meurice.
Les ponts sur la Seine et les principaux monuments de Paris Le Louvre, Notre-Dame, la Tour Eiffel ..., sont minés et prêts à exploser.
Utilisant toutes les armes de la diplomatie, le consul va essayer de convaincre le général de ne pas exécuter l'ordre de destruction.
Niels Arestrup et André Dussollier
Diplomatie tire son scénario de faits réels puisque des rencontres se sont effectivement déroulées entre Raoul Nordling et le Général von Choltitz.
Cependant il n'y a actuellement aucune information permettant d'affirmer ce que les deux hommes se sont dit et si Nordling a joué un rôle majeur dans la décision de von Choltitz de ne pas faire sauter Paris.
Le film imagine donc ce qui s'est dit entre les deux hommes et ouvre un champ de possibilités sur les scénarios envisageables.
Extrait d'nterview accordé par Volker Schlöndorff
pour http://medias.unifrance.org.
"La guerre est une situation extrême qui révèle le meilleur et le pire chez l’être humain. Aujourd’hui, un conflit entre la France et l’Allemagne est tellement impensable qu’il me semblait intéressant de rappeler les rapports que nos deux pays ont entretenus dans le passé. Si, par malheur, Paris avait été rasé, je vois mal comment le couple franco-allemand aurait pu émerger et, au-delà, comment l’europe aurait pu s’en remettre. D’autre part, ce qui m’a également séduit, c’était l’occasion de rendre hommage à Paris. Depuis mes 17 ans, j’ai traîné dans tous les coins de la capitale, dont je connais le moindre pont et monument : je crois bien que durant mes années d’assistanat de Louis Malle et de Jean-Pierre Melville, j’ai davantage sillonné les rues de la ville qu’un taxi ! Autant dire que j’adore Paris et qu’être invité à célébrer la survie de Paris, un demi-siècle plus tard, était un très beau cadeau."
La rencontre, telle qu’elle est mise en scène dans le film, n’a pas eu lieu. Toutefois, Nordling et Choltitz se sont rencontrés plusieurs fois, quelques jours avant le 24 août, aussi bien à l’hôtel Meurice que dans les bureaux de la Kommandantur, pour négocier un échange de prisonniers politiques entre allemands et Résistants. et cela a très bien fonctionné. D’autre part, entre le 20 et le 24 août, les deux hommes ont négocié une sorte de cessez-le-feu. Les Résistants de Paris avaient réussi à s’emparer notamment de la préfecture de police, mais craignaient un assaut des Allemands car ces derniers avaient encore des troupes en France. Le consul et le général ont donc négocié une trêve pour que les Allemands puissent traverser Paris sans tomber dans des embuscades et que les Résistants puissent regrouper leurs forces. a cette occasion ils ont aussi parlé de la beauté de Paris et du danger de sa destruction imminente.
Niels Arestrup et André Dussollier
Il existe les autobiographies, écrites dans les années 1950, de Nordling et de Choltitz. Comme ce sont des témoignages individuels, où chacun essaie d’embellir son rôle ou de se blanchir dans le cas du général, il faut les considérer avec beaucoup de précaution.
À la question : Quelle part la fiction occupe -t-elle dans le film ?
Le réalisateur avoue : "La part de fiction est considérable, et c’est d’ailleurs cela qui m’a intéressé. Ce qui est sûr et que Cyril Gély a utilisé comme point de départ : les deux hommes se connaissaient et ont parlé du sort de la ville de Paris. C’est pourquoi les alliés se sont servis du consul Nordling pour porter au général une lettre, sans doute rédigée par le général Leclerc, comportant une proposition adressée à von Choltitz de se rendre et de rendre la ville intacte. Comme dans le film, Choltitz aurait refusé cet ultimatum. À partir de ces quelques faits historiques, nous avons bâti une intrigue et essayé d’imaginer l’état d’esprit du général allemand. La chambre avec un double fond et l’escalier secret par lequel la maîtresse de Napoléon III aurait eu accès à l’hôtel sont de pures inventions. J’aimais bien ce côté théâtre de boulevard, avec l’humour dans les dialogues aussi. Le huis-clos souligne la fiction. Nous ne faisons pas dans l’authentique. Toutefois, et contrairement au théâtre, dans un film il faut une perspective de récit, c’est-à-dire savoir qui nous raconte cette histoire et pourquoi. Cela ne pouvait être que le Consul. D’où l’idée de commencer par lui, traversant Paris la nuit, hanté par les images de la destruction de Varsovie et en proie à la question: comment dissuader le général de mettre en œuvre l’ordre sinistre que Hitler avait donné la veille. et notre perspective de narration devient celle du consul qui boucle d’ailleurs le récit lorsqu’il s’en va avec le concierge, ayant trahi le général pour sauver Paris. Sans regret. Si l’enjeu est Paris, tous les coups sont permis."
"Sans être un martyr, loin s’en faut, von Choltitz se trouvait dans une situation très difficile : fidèle serviteur du Führer, il aurait été mêlé, selon certaines sources, à la liquidation des Juifs à l’est et à la destruction de Rotterdam, qui sont des crimes de guerre, contraires aux traditions des officiers prussiens. Car le général incarne la troisième ou la quatrième génération d’une longue lignée d’officiers et son identité se définit par certaines règles militaires, comme l’obéissance - le fondement même d’une armée qui fonctionne - et l’amour de la patrie et le prestige de la famille. alors qu’en août 1944, plus aucun général allemand ne croit à la victoire, von Choltitz reçoit l’ordre de détruire Paris et il réagit avec une crise d’asthme : il est dans l’incapacité d’exécuter cet ordre, mais ne sait s’y dérober non plus. C’est la question du libre-arbitre qui ne l’est pas. Car s’il sait ce qu’il faudrait faire, la force lui manque de l’exécuter. Ce n’est pas dans sa tête que la décision se prend, mais dans son corps." déclare le réalisateur. Avant de continuer ...
"C’est alors que se présente le consul Nordling, presque comme un sauveur, même si le général le considère d’abord comme un intrus qui s’introduit dans l’appartement à la manière d’un voleur. Or, à chaque fois que le consul est sur le point de s’en aller, von Choltitz a une crise d’asthme, comme pour le retenir : c’est son inconscient qui s’exprime. Le consul veut mettre fin à cette guerre. Dans son esprit, pour atteindre son objectif, tous les coups sont permis et, d’ailleurs, les méthodes des diplomates ne sont guère plus propres que celles des militaires, quoique moins mortelles. J’avais donc très envie de rendre hommage au courage, à la persévérance, à la ruse et au succès du diplomate qui, pour moi, est le véritable héros du film. Il incarne l’humanisme au delà des lois de l’Etat.
Mon opinon :
Les principaux protagonistes qui firent les beaux soirs du théâtre de la Madeleine à Paris pendant 3 mois, interprètent, quelques 3 années plus tard, les mêmes rôles sur le grand écran.
Cette fois-ci sous la baguette du grand Volker Schlöndorff qui démontre, une fois de plus, sa virtuosité dans une réalisation sans faille aucune.
Si la vérité historique reste loin, à la fois du spectacle théâtral et de celui présenté sur grand écran aujourd'hui, il n'en reste pas moins un grand moment de cinéma. Tout est connu et su d'avance et pourtant l'intérêt ne faiblit pas, les dialogues sont forts et frappent comme autant de coups de fouets, avec de temps à autres, quelques moments d'un humour bienvenu.
Le réalisateur avoue "La chambre avec un double fond et l’escalier secret par lequel la maîtresse de Napoléon III aurait eu accès à l’hôtel sont de pures inventions. J’aimais bien ce côté théâtre de boulevard, avec l’humour dans les dialogues aussi."
"- La France ne s'en portait pas plus mal" rapporte André Dussollier dans le rôle de Raoul Nordling.
Pour coller au plus près de son œuvre initiale, Cyril Gély scénarise le film.
Des images d'archives viennent ponctuer brièvement cet exercice difficile, celui de rendre passionnant un huit clos qui aurait pu faire sombrer dans l'ennui. C'est tout le contraire.
Grâce essentiellement à André Dussolier et Niels Arestrup, dans ce face à face où chacun avance ses pions avec malice et méfiance. Deux grands talents qui semblent s'amuser de leur propre manigance pour le plus grand plaisir du spectateur.
Paris reste une ville unique au monde. Les dernières images du film ne viendront pas contrarier mon affirmation, qu'elles soient prises des terrasses de l'hôtel Meurice ou pendant cette courte balade sur la Seine entre le Pont de Bir-Hakeim et le pont Alexandre III.
Sources :
http://www.unifrance.org
http://www.allocine.fr