Je ne veux parler que de cinéma, pourquoi parler d'autre chose ? Avec le cinéma on parle de tout, on arrive à tout. Jean Luc Godard
Réalisé par Pedro Almodóvar
Avec Carmen Maura, Antonio Banderas, Julieta Serrano,
Rossy de Palma, María Barranco, Kiti Manver, Fernando Guillén,
Guillermo Montesinos, Chus Lampreave, Eduardo Calvo, Loles León
Titre original Mujeres al borde de un ataque de nervios
Genre Comédie dramatique
Production espagnole
Date de sortie 1 février 1989
Goyas 1989
- Meilleur film
- Meilleure actrice Carmen Maura
- Meilleur second rôle féminin María Barranco
- Meilleur scénario original Pedro Almodóvar
Festival de Berlin
- Prix européen du jeune cinéma et prix européen
- Meilleure actrice pour Carmen Maura
Mostra de Venise 1989
- Meilleur scénario
Carmen Maura
Au départ Femmes au bord de la crise de nerfs est envisagé comme une adaptation de La voix humaine de Jean Cocteau. Mais, le monologue de la femme abandonnée par son amant n'était pas suffisamment long pour en faire un film, du coup Pedro Almodóvar a imaginé les 48 heures qui ont précédé l'abandon. Le récit est orchestré autour d'un élément central, le téléphone, instrument du malentendu et de l'incommunicabilité, tour à tour gag, arme, menace ou promesse. Carmen Maura, égérie des premières années, trouve ici un rôle à sa mesure, entre le rire et les larmes.
Synopsis
Ivan (Fernando Guillén) et Pepa (Carmen Maura), deux comédiens de doublage, sont amants depuis plusieurs années. Ivan a déclaré son amour aux plus belles femmes du cinéma, mais malheureusement il ne s'arrête pas là. Ivan vient de rompre avec Pepa en lui laissant un message sur son répondeur lui demandant de lui préparer sa valise. Il s'apprête à partir en voyage à l'étranger. Après avoir passé un moment de désespoir et mis le feu à son lit, Pepa se reprend. Elle se préoccupe de liquider leur appartement commun et, au cas où Ivan reviendrait, assaisonne de barbituriques une carafe de gaspacho, boisson dont il est particulièrement friand.
Carmen Maura
En l'espace de quelques heures, la jeune femme découvre en outre l'existence de Lucia (Julieta Serrano), terriblement jalouse d'Ivan, qui fut son amant et lui donna un fils, Carlos (Antonio Banderas) que Pepa découvre quand il arrive par hasard avec sa glaciale fiancée Marisa (Rossy De Palma), très instable pshychiquement, pour visiter ensemble l'appartement.
Lucia, en fait, veut tuer Yvan qui en l'abandonnant l'a rendue folle. Internée pendant de longues années dans un hôpital psychiatrique elle ne retrouva la raison que lorsqu'elle entendit Ivan, dans un film à la télévision, prononcer les mots d'amour qu'il lui avait dits vingt ans plus tôt.
Julieta Serrano et Carmen Maura
Pepa et Lucia comprennent bientôt qu'elles ont été toutes deux doublées par une troisième femme qui doit accompagner Ivan dans son voyage.
Antonio Banderas, Rossy de Palma et Maria Barranco
Sur ces entrefaites, Candela (Maria Barranco), la meilleure amie de Pepa, vient lui demander asile : elle a involontairement hébergé deux terroristes et craint d'avoir des ennuis avec la police. Afin de l'aider, Pepa fait appel à une avocate féministe, Paulina Morales (Kiti Manver), sans savoir que celle-ci est justement la nouvelle maîtresse d'Ivan et que l'avion qu'ils doivent prendre est celui auquel les deux terroristes doivent s'attaquer. Au cours d'une soirée pleine de péripéties, la vaillante jeune femme neutralise quelques importuns, dont un employé du téléphone et deux policiers, grâce à son gaspacho, puis elle se précipite à l'aéroport, juste à temps pour faire à Ivan des adieux sans regrets et l'empêcher d'être abattu par une Lucia déchaînée.
Directement inspiré par les sitcoms si populaires en Espagne, ce long métrage, qui a permis à Pedro Almodóvar de faire une entrée fracassante sur la scène cinématographique internationale en 1988, promet donc une adaptation des plus rocambolesque et éloquente, puisqu'il dévoile aussi en filigrane tout le folklore d'une culture hispanique pleine de contrastes. Femmes au bord de la crise de nerfs marque un tournant dans la carrière du cinéaste.
Comédie théâtrale, acide et loufoque, cette galerie de portraits féminins fait le lien entre les films déjantés de la période underground du réalisateur (Pepi, Luci, Bom et autres filles du quartier, Le labyrinthe des passions...) et les oeuvres de plus en plus mélancoliques qui suivront. Tout l'univers de Pedro Almodóvar est là : les couleurs exubérantes, avec toujours une dominante rouge sang, de brèves touches d'humour trash, l'obsession pour les talons d'escarpins claquant au sol, les perversions sexuelles, les héroïnes blessées mais indomptables.
Pedro Almodóvar au sujet de Julieta Serrano :
Julia est une immense actrice, elle pourrait être la Gena Rowlands espagnole mais elle n'a pas l'ambition de ces actrices qui fondent leur propre société, et sa carrière dépend donc beaucoup de qui l'engage. Julieta est une grande dame du théâtre mais elle n'a pas eu la chance de montrer tout ce dont elle est capable, en particulier au cinéma. Je l'ai toujours aimée. Nous sommes devenus amis après avoir joué par hasard ensemble au théâtre. C'est une grande actrice tragique et comme toutes les grands actrices elle a aussi un grand don pour la comédie.
Après la fin du tournage de Femmes au bord de la crise de nerfs, Pedro Almodóvar répudie l'actrice Carmen Maura, sa muse depuis Pepi, Luci, Bom et autres filles du quartier, pour des raisons qui restent encore mystérieuses.
Pedro Almodóvar entame un vague explication. Après Femmes au bord de la crise de nerfs notre relation est devenue impossible pour des raisons personnelles. Il s'agit de problèmes qui naissent en partie de l'intensité du travail que je fais avec les acteurs. Ma relation avec Carmen est entrée sur un terrain extra-professionnel et cela nous a fait à tous les deux beaucoup de mal. C'est une longue histoire.
Il faudra attendre 17 ans, et le tournage de Volver pour que les deux artistes renouent.
Sources :
http://www.arte.tv
http://www.cineclubdecaen.com
http://www.cinemovies.fr
http://fr.wikipedia.org
http://www.allocine.fr
Cahiers du Cinéma - Entretien avec Pedro Almodova par Frederic Strauss