Je ne veux parler que de cinéma, pourquoi parler d'autre chose ? Avec le cinéma on parle de tout, on arrive à tout. Jean Luc Godard
Réalisé par Thomas Vinterberg
Avec Ulrich Thomsen, Henning Moritzen, Thomas Bo Larsen,
Paprika Steen, Birthe Neumann, Trine Dyrholm, Bjarne Henriksen,
Helle Dolleris, Therese Glahn, Klaus Bondam, Lars Brygmann
Genre Comédie dramatique
Coproduction Suédoise, Danoise
Date de sortie 23 décembre 1998
Plébiscité par la critique,
Festen remporte le Prix Spécial du Jury à Cannes en 1998.
Ulrich Thomsen
Synopsis
Une route traversant la campagne danoise, au milieu des années 1990... Un homme chemine, seul.
Christian Klingenfeldt (Ulrich Thomsen) a quitté sa terre natale pour s’établir comme restaurateur à Paris.
À l’intérieur de la maison, Christian rencontre son père.
C’est le premier face-à-face entre les deux hommes et, derrière la banalité des propos échangés, la nervosité affleure, encore inexplicable.
Helge Klingenfelt (Henning Moritzen), patriarche d'une riche famille danoise, a soixante ans.
Pour fêter cet anniversaire, il a convié dans son manoir sa famille, ses enfants et petits-enfants ainsi que des proches.
Christian , son fils aîné, est un restaurateur réputé, à Paris; son cadet, Michael (Thomas Bo Larsen), alcoolique, brutal, manifestement le raté de la famille, n’hésite pas à virer de sa voiture femme et enfants sur la route déserte pour embarquer Christian; il tient un modeste café. Et enfin Helen (Paprika Steen), sa fille, aventurière, sympathiquement agitée est anthropologue.
Helge règne en potentat sur ce petit monde qui le craint et semble le respecter.
C'est au sous-sol que tout se prépare sous la direction de Kim (Bjarne Henriksen), le chef cuisinier, ami d'enfance de Christian. Celui-ci s'occupe de l'organisation du dîner avec l'ensemble des cuisiniers, tout en faisant le maximum pour assurer Christian de sa totale complicité. Pendant que se poursuivent, en bas, les préparatifs de la fête, les deux frères et leur sœur investissent les chambres situées à l’étage. La chambre de Christian abrite sa relation, encore balbutiante, avec la jeune domestique Pia (Trine Dyrholm). La chambre de Michael et de sa femme Mette (Helle Dolleris) est le théâtre d’une violente scène de ménage. Quant à la chambre attribuée à Hélène, c’est précisément celle choisie par Linda, sa sœur, jumelle de Christian, pour mettre fin à ses jours. Troublée par la présence fantomatique de la défunte, Hélène, avec la complicité du réceptionniste Lars (Lars Brygmann) entame une étrange et systématique exploration du lieu. Elle finit par découvrir une lettre d’adieu, qu’elle décide de dissimuler au fond d’un tube d’aspirine.
Juste avant le début du repas, Helge convoque Michael pour un entretien privé. Le père est franc-maçon et, dès lors que son fils aîné ne souhaite pas intégrer la franc-maçonnerie, la proposition de rejoindre la Grande Loge est faite au second fils.
Helge convie les invités à passer à table.
Henning Moritzen et Birthe Neumann
À la demande d’Helge, Christian accepte d’inaugurer la cérémonie par quelques mots prononcés en mémoire de sa soeur jumelle Linda, récemment disparue. En plein banquet, Christian prononce donc un discours à la mémoire de Linda et accuse son père de les avoir violés, sa soeur jumelle et lui, à plusieurs reprises lorsqu'ils étaient enfants.
Il ajoute que sa mère (Birthe Neumann), la très belle et glaciale Elsa, était au courant et que Linda s'est suicidée pour échapper à ce honteux souvenir.
La dynamique tragique apparaît aussi quand le grand-père livre involontairement des informations sur les railleries, à dominante sexuelle, dont il a entouré Helge petit, source du mal transmis inconsciemment de génération en génération.
Il s’agit pour Christian de rompre le cercle de la fatalité.
Helge nie tout, défendu par Michael et les autres convives. Tout le groupe se ligue d’abord contre Christian, soit passivement comme l’inertie des invités, préférant d’abord n’avoir pas bien compris; ou encore sa propre sœur Hélène taisant le message décisif qu’elle a trouvé, soit plus activement sa propre mère qui préfère soutenir son mari en diffamant son fils.
Son frère Michael l’expulsant littéralement pour prendre enfin la bonne place dans la fratrie.
Ulrich Thomsen
Aidé par le chef cuisiner, et par les serveuses, il rejoint le dîner.
L'une des serveuse, Pia , intime avec Christian, a trouvé une lettre que Linda avait laissée avant son suicide dans les affaires de l'autre sœur de Christian, Hélène.
Christian rend la lettre posthume de Linda, à sa sœur Hélène. Cette dernière la lit devant tous les invités. Elle y raconte que son père la violait quand elle était enfant.
Les invités comprennent alors que Christian disait la vérité.
Pendant la nuit, Michael va voir son père, le menace et lui interdit d'approcher ses enfants. Le lendemain, tout le monde prend son petit déjeuner quand le père arrive à table et annonce qu'il reconnait que ce qu'il a fait à Christian et Linda est impardonnable, et qu'il a conscience que les invités présents ne voudront plus jamais le voir, mais que malgré tout il aimera toujours ses enfants, puis quitte la table.
Henning Moritzen
Le cheminement de la lettre est placé sous le signe de la discontinuité : visible seulement par intermittence, la feuille de papier est régulièrement retirée, mise en réserve dans des cavités qui fonctionnent comme autant d’enveloppes (l’abat-jour, le tube d’aspirine). Chose remarquable, la circulation de la lettre est étroitement associée au féminin, qui en gouverne les apparitions-disparitions successives. Écrite et cachée par Linda, découverte puis dissimulée à nouveau par Hélène, exhumée accidentellement par Pia pour être enfin lue à voix haute par la même Hélène, la lettre fait l’objet d’une transmission exclusivement féminine ; aucune main d’homme, sinon rapidement celle de Christian, ne se posera sur elle. On aperçoit là un deuxième enjeu de l’objet : tout en dénonçant l’inceste du père, la lettre réalise quelque chose comme une mise à l’écart du toucher masculin.
En 1993, Thomas Vinterberg sort diplomé de l’École Nationale du Film du Danemark. Son film de fin d’études, Last Round, est nommé aux Oscars étudiants, les Student Academy Awards. La même année, il réalise Le garçon qui marche à reculons, Prix du Public à Clermont Ferrand.
En 1995, il rédige avec Lars Von Trier le manifeste du Dogme 95. Le 20 mars 2005, soit dix ans jour pour jour après la naissance officielle du Dogme 95, Lars von Trier et Thomas Vinterberg annoncent qu'ils décident de ne plus porter la responsabilité de l'orthodoxie en la matière.
Il réalise à la suite son premier film Les héros, et enchaîne très rapidement avec son second film, et premier film issu du Dogme 95, Festen.
Conçu dans le respect des principes et des règles du Dogme 95, manifeste rédigé en mars 1995 par les cinéastes danois Lars von Trier et Thomas Vinterberg, Festen a été tourné caméra vidéo à l'épaule, en décors et en lumière naturels.
Ainsi l'image a le grain un peu grossier des films d'amateurs, ce qui encourage le cinéaste à privilégier les plans rapprochés au détriment des plans d'ensemble, beaucoup moins nets
Avec ce mode de tournage et ce matériel, Festen, a toutes les apparences d'un reportage et se déroule sous les yeux du spectateur comme une tranche de vie surprise par une caméra indiscrète tenue par un cinéaste ignorant des développements de l'action, des motivations et des déplacements des protagonistes.
Bien sûr, ce n'est là qu'apparence : l'écriture du film, cent pages de scénario, a pris deux mois et demi; Thomas Vinterberg a ensuite passé deux mois avec ses acteurs pour élaborer leurs personnages; et le tournage, enfin, a duré aussi longtemps que celui d'un film hors Dogme. Mais le résultat, à l'écran, semble totalement improvisé.
C'est une réussite artistique exemplaire autant qu'originale, et, à ce titre, film clé du cinéma contemporain, Festen pointe toutefois les limites d'une certaine façon, celle du Dogme, de concevoir le septième art comme une sorte de théâtre bien filmé, aux intrigues ramassées dans l'espace et le temps et condamnées aux paroxysmes tragiques.
D'ailleurs, Thomas Vinterberg n'envisage plus de s'y référer: "La fraîcheur aurait disparu et ne subsisterait que la redite. "
Festen a été adapté au théâtre du Rond-Point à Paris, Salle Renaud Barrault, dans une mise en scène signée par Daniel Benoin du 23 avril au 17 mai 2003. Avec Paul Chariéras, Sophie Duez, Cécile Mathieu, Jacques Bellay, Paulo Correira, Frédéric de Goldfeim.
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Une autre adaptation au Théâtre Blanc au Québec du 18 octobre au 5 novembre 2005 dans une mise en scène de Martin Genest.
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FESTEN… La suite
L'enterrement.
Texte de Thomas Vinterberg et Mogens Rukov
Traduction Daniel Benoin
Le spectacle sera créé le 28 septembre 2012 au Théâtre National de Nice
Puis du du 12 octobre au 10 novembre 2012 au Théâtre du Rond Point à Paris
Salle Renaud-Barrault
Cette fois-ci, on enterre le père. Le vieux pédophile est mort d’une mauvaise chute. Crise cardiaque. La famille se réunit. Les trois enfants sont là. On s’agite, on soutient une mère qui défaille, mais qui veut une veillée funèbre festive. On fait le point, on cuisine, on arrose le tout. On laisse faire le temps et les héritages pourris, les mesquineries et les haines. Mais un drame à nouveau explose et un nouvel abcès avec. Plongée profonde dans les ordures humaines.
Directeur du Théâtre National de Nice depuis le 1er janvier 2002, Daniel Benoin convoque les monstres de la tragédie grecque et les fous furieux des délires élisabéthains. Il rassemble pour cette farce féroce une distribution de prestige. Tous enterrent le père de Festen mais accouchent d’un monstre plus terrifiant.
Malédiction familiale.
Avec Pierre Cassignard, Paul Chariéras, Mélanie Doutey,
Samuel Le Bihan, Mathilda May, Caroline Proust
et la collaboration de François Marthouret.
Sources :
http://www.telerama.fr
http://www.evene.fr
http://2012-2013.theatredurondpoint.fr/
http://cine-passion.voila.net
http://www.allocine.fr