Je ne veux parler que de cinéma, pourquoi parler d'autre chose ? Avec le cinéma on parle de tout, on arrive à tout. Jean Luc Godard
Réalisé par André Téchiné
Avec Catherine Deneuve, Patrick Dewaere, Etienne Chicot,
Sabine Haudepin, Dominique Lavanant, Josiane Balasko,
François Perrot, Jean-Louis Vitrac, Frédérique Ruchaud
Genre Drame
Production Française 1981
Catherine Deneuve
Interview Eve Ruggieri pour Les nouveaux rendez-vous le 29/11/1981
Synopsis
À Biarritz. Pleine vitesse, pleins phares, la voiture comme une folle descend vers la mer. Le pas nonchalant, le regard distrait, le jeune homme se promène le long de la plage. Puis il traverse la rue, perdu dans ses pensées.
La voiture d'Hélène (Catherine Deneuve) manque d'écraser Gilles Tisserand (Patrick Dewaere). L'accident est sans gravité, mais le destin les a mis en présence.
C'est ainsi,que Gilles rencontre Hélène. Qu'il n'a jamais vue et qu'il classe aussitôt parmi les plus belles femmes de Biarritz. Dans le café où elle l'a entraîné pour faire un inutile constat parce qu'il n'y a rien, elle s'endort. Brutalement. Et lui passe la nuit à la contempler..
Hélène est anesthésiste à l'hôpital. Gilles est le fils de la propriétaire (Frédérique Ruchaud) d'un petit hôtel de Biarritz. Il déambule dans la vie d'une fille à l'autre, d'un petit boulot à l'autre. L'un et l'autre traînent leur solitude.
Gilles ne lâche plus Hélène, qui tente d'abord de lui échapper. La beauté de la jeune femme le fascine. Mais celle-ci semble se cacher derrière des silences gênés, des expressions distraites et absentes. Gilles devient l'amant d'Hélène qui lui livre son pesant secret: l'homme qu'elle aimait éperdument s'est noyé, l'année précédente.
Ce douloureux secret, Gilles va le prendre à son compte, se torturer moralement avec. Alors qu'Hélène a réussi, par amour pour Gilles, à se délivrer du passé et à retrouver le goût de vivre, Gilles s'enfonce dans l'angoisse autodestructrice. Peu à peu, il va rompre avec sa mère, sa sœur Élise (Sabine Haudepin) et son ami Bernard (Étienne Chicot), avec qui il a longtemps rêvé de partir "ailleurs". Il va aussi, hanté par cette obsession morbide, devenir agressif à l'égard d'Hélène qui, désespérée, prend le train pour retourner d'où elle vient : Paris.
Se rendant compte de ses erreurs et de son égarement, Gilles la cherche.
Mais il est trop tard. Sans savoir où trouver Hélène, il attend sur un quai de gare désert, dans la nuit froide, le prochain train pour Paris.
Catherine Deneuve et Patrick Dewaere
Hôtel des Amériques marque la première collaboration entre Catherine Deneuve et André Techiné. Un tandem très fructueux qui va se renouveller à plusieurs reprises, d'abord pour Le Lieu du crime en 1986, pour Ma saison preferee en 1993, Les Voleurs en 1996, Les Temps qui changent en 2004, La Fille du RER en 2008.
Catherine Deneuve, parle de son rôle dans le livre de Philippe Barbier et Jacques Moreau 1984
"C'est une histoire proche de ce qu'on appelle aujourd'hui la difficulté de vivre. Je n'ai pas connu personnellement ce genre de situation, mais des amis autour de moi, si. Entrer par amour dans un univers qui vous est opposé ne peut se faire que par la souffrance. C'est si difficile d'ajuster ses sentiments ! Isolé de tout contexte social, un tel amour peut marcher. Sinon on ressent comme une douleur l'hostilité de la société. Moi, non. Je me protège tout le temps, sans cesse, avec mes enfants et aussi avec un petit groupe d'amis sûrs qui me renvoient l'image de moi-même qui m'est familière... Cinq semaines de tournage en province (le tournage s'est déroulé à Biarritz), c'était très bien. Une bonne rupture... Ces vieilles stations balnéaires ont toujours pour moi ce côté décadent et décalé. On y côtoie des gens qui voudraient bouger, qui se disent : "Ma vie n'est pas arrêtée, tout est encore possible", et en fait, ils restent rivés à leur univers. André Téchiné a parfaitement rendu cette nostalgie au quotidien d'une certaine province. A Paris, nous n'avons pas le temps d'avoir cette nostalgie-là.. Enfin rarement..."
Catherine Deneuve, à propos de Patrick Dewaere
"Je souffrais de le voir ainsi. Je sentais bien à quel point il était fragile. C'était un homme qui se lançait comme ça... Il avait des élans. Il s'emballait et, après, il donnait l'impression d'être déçu, triste. Il avait donc besoin de trouver des palliatifs à sa tristesse. Souvent, d'ailleurs, dans ses films, il a cet air à la fois triste et étonné, comme si quelqu'un lui avait fait une mauvaise surprise. C'était un acteur absolument formidable, mais il était trop près de ses personnages. Il était trop lui-même. Il allait presque trop loin dans l'émotion. Certains acteurs ont un formidable instinct de conservation et d'autres ne l'ont pas. Patrick ne l'avait pas."
Patrick Dewaere au sujet de Catherine Deneuve dans Première en 1981
Elle est vraiment très sympa, très gentille…Très différente de ce qu'on attend… Et puis, elle "assure"… C'est reposant de jouer avec une comédienne pareille.
Filmographie de Catherine Deneuve ... Cliquez ICI !
"J'ai rencontré Catherine Deneuve dans la vie avec Hôtel des Amériques. C'est peut-être un des films où elle est la plus belle parce que c'est une beauté qui n'appartient pas à un âge précis de la vie. Pendant le tournage, il y a eu un moment où elle m'a sidéré. C'était une scène de nuit à Biarritz où Patrick Dewaere faisait une tentative de suicide dans l'océan.
Il faisait un froid de canard. Patrick avait pu se mettre une combinaison de caoutchouc, mais, elle, on voyait ses jambes, c'était absolument terrible. On avait tous très peur qu'elle ait très froid, qu'elle soit malade. Elle a fait ça très courageusement et puis elle a disparu. Je suis rentré à l'hôtel en me sentant un peu coupable d'être allé trop loin. A ma grande surprise, je l'ai découverte dans sa chambre. Elle buvait un whisky écoutait de la musique, heureuse, folle de joie, parce qu'elle sentait que la scène avait marché, qu'elle s'était jetée à corps perdu là-dedans, qu'elle avait été au charbon et avait dépassé ses propres limites."
Confessions d'André Téchiné pour Télérama en 1997
C'est, de toute évidence, une actrice instinctive. Elle ne travaille pas vraiment. Dans "Hôtel des Amériques", le contraste était total entre Patrick Dewaere, qui avait besoin de bosser ses répliques, de préparer minutieusement les scènes, et Catherine, qui, j'en suis sûr, apprenait son texte dans sa loge, au moment du maquillage. Lui était parfait dans son ardeur, elle, dans la fraîcheur.
André Téchiné, Catherine Deneuve et Patrick Dewaere
"Comme je l'ai dit, Catherine arrive à m'étonner en allumant une cigarette ou en ouvrant une porte. Mais il y a deux moments où elle m'a stupéfié : dans Hôtel des Amériques quand elle entre dans le casino pour demander secours à un vieil ami. Cette fièvre, ce regard somnambulique, sa démarche souple et rapide : là, j'ai été sidéré."
Patrick Dewaere et Josiane Balasko
"Patrick Dewaere, endossait avec un masochisme bouleversant et funeste son énième rôle de perdant. Hôtel des Amériques est peut-être le plus beau film d'André Téchiné."
Louis Guichard, pour telerama.fr
Sources :
http://toutsurdeneuve.free.fr
http://www.cinetom.fr
http://www.allocine.fr