Date de sortie 13 mars 2013
Réalisé par Christian Duguay
Avec Guillaume Canet, Marina Hands, Daniel Auteuil,
Tchéky Karyo, Jacques Higelin, Joel Dupuch, Frédéric Epaud
Lou de Laâge, Marie Bunel, Donald Sutherland
Genre Drame, Biopic
Production Française
Jappeloup est une libre adaptation du roman Crin Noir de Karine Devilder et inspiré de la vraie vie de Pierre Durand, passionné d'équitation ayant abandonné sa carrière d'avocat pour se lancer dans le saut d'obstacle avec son canasson nommé Jappeloup. L'homme et son équidé ont participé à de nombreuses compétitions et ont notamment remporté le titre olympique aux JO de Séoul en 1988, contre toute attente après l'échec cuisant subi aux JO de 1984 à Los Angeles. À noter que Karine Devilder est la belle-soeur de Pierre Durand.
Synopsis
Au début des années 80, abandonnant une carrière d’avocat prometteuse, Pierre Durand (Guillaume Canet) se consacre corps et âme à sa passion, le saut d’obstacle. Soutenu par son père (Daniel Auteuil), il mise tout sur un jeune cheval auquel personne ne croit vraiment : Jappeloup.
Trop petit, trop caractériel, trop imprévisible, il a de nombreux défauts mais une détente et des aptitudes remarquables. De compétition en compétition, le duo progresse et s’impose dans le monde de l’équitation.
Mais les JO de Los Angeles sont un terrible échec et Pierre prend alors conscience de ses faiblesses. Avec l’aide de Nadia (Marina Hands), sa femme, et de Raphaëlle (Lou de Laâge), la groom du cheval, Pierre va regagner la confiance de Jappeloup et construire une relation qui va les mener aux JO de Séoul en 1988.
Guillaume Canet, Daniel Auteuil et Marina Hands
Christian Duguay réalise Jappeloup; ce réalisateur québécois est également un passionné d'équitation, un cavalier aguerri et un ex-membre de l’équipe d’équitation du Canada. Jappeloup ne ressemble pas à ses précédents films. "C’est vrai que les films d’action américains que j’ai signés en sont assez éloignés. Mais je n’ai jamais pris plaisir à les réaliser. J’ai d’ailleurs mis de côté cette activité pour mettre en scène des mini-séries qui portaient sur des sujets riches et authentiques comme Jeanne d’Arc, Hitler ou Coco Chanel et ne sombraient pas dans le pathos hollywoodien. C’est cette expérience cinématographique, mon parcours de cavalier et la rencontre avec Pascal Judelewicz puis Guillaume Canet qui ont été les déclencheurs de mon retour au cinéma." déclare le réalisateur.
De sa passion pour les chevaux Christian Duguay confie : "Lorsque mon père s’est remarié. Sa deuxième épouse avait acheté une écurie où je jouais, l’été, le rôle de palefrenier. Je m’étais pris d’affection pour un cheval de dressage, privé de compétition à cause d’une plaie de harnachement. Lorsque mon père m’a surpris, un jour, le montant à cru pour sauter des obstacles, il a compris que ce cheval avait des qualités et nous avons commencé à l’entraîner. Le succès des compétitions régionales nous a amené un peu partout au Canada et ailleurs, jusqu’à ce que je devienne champion junior. De ce contact particulier avec l’animal est née une grande histoire d’amour et ces compétitions, loin de chez nous, m’ont permis de me rapprocher de mon père. Pourtant, assez vite, il a fallu faire des choix et je savais que je ne pourrai pas faire des compétitions toute ma vie car le cheval ne m’appartenait pas." L'histoire personnelle de Christian Duguay est assez proche de celle de Pierre Durand... "Il y a des résonances en effet, comme avec l’histoire personnelle de Guillaume Canet. C’est ce qui était fantastique dans ce projet : il nous a permis, Guillaume et moi, de retrouver des souvenirs de jeunesse communs. Autant sur les compétitions que sur les rapports que nous entretenions avec nos pères. C’est pourquoi, dès le départ, nous avons vu le film sous le même angle et étions heureux de pouvoir partager notre expérience pour ce scénario. Nous nous sommes d’ailleurs beaucoup consulté pendant l’écriture." confie le réalisateur.
Christian Duguay a l'habitude de cadrer lui-même ses plans, notamment à la steadicam, une caméra avec un bras articulé qui permet d'obtenir des prises de vue fluides : "Je n’ai pas l’habitude de rester derrière le combo et cadrer moi-même au steadicam me permet de sentir les comédiens et d’être au plus près de leur jeu", déclare le cinéaste.
L'acteur fétiche de Christian Duguay, Donald Sutherland, fait un caméo dans Jappeloup; le comédien américain a déjà collaboré à huit reprises avec le cinéaste canadien : "Il est pour moi comme un deuxième père. S’il a accepté de rejoindre l’équipe, surtout comme caméo, c’était pour me faire plaisir mais je sais qu’il s’est tout de suite senti chez lui sur le plateau", confie le réalisateur.
Pour recréer musicalement l'ambiance années 70 et 80 du film, Christian Duguay a convoqué des "sons de guitare proche de ceux d'American Beauty ou Le Secret de Brokeback Mountain", mais également des tubes de l'époque. L'un d'entre eux est utilisé pour la première fois dans un film, Father and Son de Cat Stevens. Le chanteur étant un homme très pieux, il a toujours refusé que sa musique serve un film "violent ou cru" mais pour Jappeloup, il a donné son accord pour le plus grand bonheur de Christian Duguay.
L’autre enjeu était de donner à ce film une notion de terroir. Christian Duguay ayant une admiration considérable pour le cinéma français et notamment celui de Claude Berri, il percevait l’univers de Jappeloup un peu comme celui de Manon des Sources ou de Jean de Florette. Il a pu apporter au film un souffle à l’américaine mais tenait surtout à ce que l’on perçoive ce côté "terroir" dans les rapports humains, particulièrement dans les scènes de conversations tenues, dans la cuisine, entre père et fils, celles où les regards en disent plus long que les mots. Pour le réalisateur c’était délectable de pouvoir filmer ça car il n'avait pas pu l’exploiter dans le cinéma américain.
Lou de Laâge, Guillaume Canet, Jacques Higelin et Daniel Auteuil
L'histoire de Jappeloup trouve un écho dans la vie de Guillaume Canet lui-même, ce qui explique son grand intérêt pour le film. En effet, l'acteur a pratiqué l'équitation grâce à son père, éleveur de chevaux. Guillaume Canet a décidé d'arrêter de pratiquer pour partir à Paris et devenir comédien, ce qui n'a pas vraiment plu à son père : "J’avais eu un grave accident de cheval, je n’avais plus la rage de vaincre. La peur de me faire mal se mêlait à l’envie de voir d’autres horizons que les écuries de campagne. Je commençais à être attiré par Paris et les filles", révèle Guillaume Canet.
Guillaume Canet a adapté, écrit et dialogué lui-même Jappeloup, un projet qui lui tenait à coeur mais qu'il ne comptait pas écrire au départ : "Un jour, Mario Luraschi, Coordinateur des cascades équestres sur le film, m’a laissé un message pour me dire qu’il voulait me présenter son ami Pascal Judelewicz. Passionné par le sujet, ce producteur rêvait de faire ce film depuis 1995. Son enthousiasme m’a bluffé, séduit… et convaincu. (...) J’avais prévu de lever le pied pour me consacrer à mon enfant. Mais il savait que le sujet me passionnait et que je me prendrai au jeu. Pensant passer rapidement le relais à un auteur, j’ai rédigé dix pages puis de fil en aiguille, j’ai écrit des séquences et j’ai commencé à les dialoguer… Au bout de quinze jours, j’ai compris que je ferai le scénario. Je n’avais que quatre mois pour tout boucler", confie l'acteur.
Rester fidèle à l’histoire vécue par Pierre Durand était une volonté car la réalité de cette incroyable histoire suffisait à faire un grand film. Comme tous les jeunes de l’époque qui aimaient l’équitation, Guillaume Canet avait suivi les exploits de Jappeloup, notamment aux Jeux Olympiques de Séoul en 1988.
Jappeloup et Pierre Durand
Mais en lisant le livre de Karine Devilder, la belle-sœur de Pierre Durand, l'acteur avoue avoir appris appris beaucoup de choses. Les vidéos qu'il a visionnées par la suite lui ont rappelé à quel point les prouesses de ce petit cheval étaient phénoménales. Toute la chronologie des compétitions est exacte. "Après, je voulais injecter dans le scénario certaines choses plus personnelles car il y a des similitudes entre le destin de Pierre Durand et le mien. Cette volonté à un moment donné d’arrêter la compétition en laissant un père passionné ne m’était pas étrangère." avoue l'acteur.
Guillaume Canet a été obligé de remonter en selle afin d'incarner Pierre Durand à l'écran. Pour ce faire, l'acteur a recommencé à monter à cheval 6 semaines avant le début du tournage et a bénéficié d'un entraînement drastique avec un coach, Frédéric Cottier : "Je suis remonté à cheval seulement six semaines avant le début du tournage. Je n’avais pas sauté de barres depuis 20 ans et quand on a fait de la compétition, on n’est pas très friand de balades à cheval. En fait, j’avais juste un peu repris l’entraînement pour les deux films avec Jean Yanne et pour Ne le dis à personne dans lequel je jouais un cavalier. Mais ça n’avait rien à voir. Là, il s’agissait de se remettre dans les conditions de la compétition. Par chance, nous tournions dans l’ordre chronologique, de la plus petite épreuve jusqu’aux JO. Cela m’a permis de me remettre en selle tranquillement et de reprendre confiance en moi. Quand le tournage a commencé, à Fontainebleau, où nous avons regroupé toutes les scènes de compétition sur trois semaines, je passais entre 8 et 9 heures sur un cheval. Cela m’obligeait à passer 1h30, chaque soir, entre les mains d’un kiné. Il y a eu des moments forts, comme lorsque je me suis retrouvé sur le parquet des championnats de France que j’avais moi-même disputés. Je dois dire que ça s’est extrêmement bien passé. Porté par Frédéric Cottier et par la force de mon personnage", confie le comédien.
Daniel Auteuil et Marina Hands
La comédienne Marina Hands est une amie de longue date et le premier amour de Guillaume Canet. C'est ce dernier qui a proposé au réalisateur de l'engager pour incarner la femme de Pierre Durand. Marina Hands est également une cavalière et participait aux championnats d'équitation avec Guillaume Canet depuis leur rencontre, à l'âge de 14 ans. Le réalisateur rajoute à propos de Marina Hands : "Elle est pour moi une révélation extraordinaire : puissante, émouvante, séduisante... cette femme a tous les atouts ; j’aimerais refaire plein de films avec elle ! " Et de rajouter : "Il y a aussi Jacques Higelin qui a beau ne pas se considérer comme comédien, il apporte une douceur, une poésie, une authenticité à l’histoire et une couleur inimitable à son personnage. " Pour camper la mère de Pierre Durand, Guillaume Canet a suggéré Marie Bunel avec laquelle il a déjà tourné La Nouvelle guerre des boutons.
Il y a dans le film, un clin d’œil à Jean Rochefort.
Guillaume Canet aurait vraiment aimé qu’il ait un rôle dans le film mais il tournait en Espagne à ce moment-là. Ce clin d’œil était le minimum pour lui rendre hommage. "L’aventure que je vis aujourd’hui, c’est un peu grâce à lui : il représente pour moi la combinaison du monde équestre et de celui du cinéma. Je l’ai connu, gamin, sur les terrains de concours. Il était si bien intégré dans le milieu qu’il faisait partie du décor. Et quand j’ai voulu devenir acteur, c’est lui qui m’a mis le pied à l’étrier." confie Guillaume Canet
Jappeloup ne se destinait pas au saut d'obstacles du fait de sa relative petite taille, 1,58 m. Cependant, Pierre Durand a remarqué sa formidable détente et capacité de saut, ce qui l'a poussé à le monter et l'entraîner malgré le fait que le cheval était très fougueux et doté d'un fort caractère. Pierre Durand a dû faire preuve d'une patience et d'une abnégation à toute épreuve pour arriver à faire obéir Jappeloup.
Pour incarner Jappeloup (le vrai est mort en 1991), la production a fait appel à plusieurs chevaux pour camper le célèbre équidé à plusieurs étapes de sa vie : "Ce n’est pas évident de changer quand on a trouvé ses marques avec un animal. D’autant que les deux principaux chevaux qui incarnaient Jappeloup ne se montaient pas du tout de la même façon. Le premier, Sympatico, était un tout petit cheval qui ressemblait beaucoup au vrai Jappeloup. Il sautait très bien mais avait déjà 22 ans et il fallait l’économiser au maximum. Sa vraie doublure, Incello, était plus grand, plus jeune, et nous l’avons utilisé pour sauter les grosses barres comme celles de la scène des JO. Mais il y avait aussi cinq ou six autres chevaux pour incarner Jappeloup à différentes étapes de sa vie ou pour des plans plus larges.", explique Guillaume Canet.
Pour tourner les grandes scènes de compétition, la production a eu besoin de 70 chevaux. Pour les besoins du tournage, le centre équestre du Haras du Lys a même été mis à contribution afin de fournir les animaux et s'en occuper sur les lieux de tournage. Des boxes et des zones d'entraînement ont d'ailleurs été créés spécialement pour accueillir les canassons.
Le mot de fin à Christian Duguay : "C’était magnifique! J’ai été touché que Pascal Judelewicz prenne le risque de confier les rênes d’un film français de cette ampleur à un metteur en scène québécois. Je lui suis reconnaissant d’avoir vu mes capacités à faire du cinéma et de m’avoir donné les outils nécessaires pour en faire. Très vite, j’ai trouvé un support, un enthousiasme et j’ai senti que Guillaume et lui étaient séduits par mes propositions. Dans ce cas, la relation de travail devient très productive : elle n’est pas dans la défense mais dans la création. C’est également ce qui s’est passé avec les équipes de tournage. Sur le plateau, on voyait que les gens étaient heureux de travailler ensemble sur ce projet. Et aujourd’hui, nous sommes tous très contents du résultat. C’est même pour moi l’un des films dont je suis le plus fier."
Sources :
http://www.unifrance.org
http://www.imdb.com
http://www.allocine.fr