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16 août 2012 4 16 /08 /août /2012 23:00

 

Date de sortie 22 août 2012

 

Keep-the-Lights-On---Affiche.jpg

 
Réalisé par Ira Sachs


Avec Thure Lindhardt, Zachary Booth, Julianne Nicholson,

Souleymane Sy Savane, David Anzuelo, Miguel del Toro,

Maria Dizzia, Sebastian La Cause, Aylam Orian

 
Genre Drame


Production Américaine

 

Synopsis

 

Erik Rothman (Thure Lindhardt) est réalisateur de documentaire.

Paul Lucy (Zachary Booth) est avocat.
 

Tous deux sont homosexuels, l’un assumant, l’autre pas. Ils se rencontrent un soir pour une aventure sans lendemain mais, très vite, décident de se revoir.


À mesure que se développe leur relation, chacun, de son côté, continue de combattre ses propres pulsions et addictions.

 

Keep The Lights On raconte, sur une période de dix ans, la relation entre deux hommes en plein cœur de Manhattan. Ira Sachs a vu la première étincelle de l’histoire dans la dissolution de sa propre relation. "J'ai eu une relation qui a duré dix ans à New York et le jour où tout a pris fin, j'ai su qu'il y avait une histoire à raconter", confie-t-il.

 

Le réalisateur était convaincu que quelque chose pouvait être transposé à l’écran et être perçu comme universel. Il était particulièrement fasciné par le fait que deux personnes restent ensemble alors que tout les poussait à se séparer : carrières exigeantes, tentations et dépendance au crack de l’un d’eux qui affectait profondément la vie du couple : "J’ai su très rapidement qu’il y aurait un premier jour et un dernier jour à cette relation."

 

Keep-the-Lights-On---.jpg

 

L'un des deux amants de Keep the Lights on a beau être un documentariste danois, alors qu'Ira Sachs est un réalisateur américain de fiction, ce film relève de l'autobiographie. De la dissection également. Histoire au long cours, l'amour entre Erik, Thure Lindhardt et Paul Zachary Booth commence en 1998 et se termine dix ans plus tard. Chronique méticuleuse d'une vie commune impossible, Keep the Lights on s'imprègne du ressassement d'un amoureux déçu qui ne comprend pas comment pareil gâchis a pu naître d'autant de désir et de beauté.


Cette amertume teinte très fortement le film et, pour la contrebalancer, Ira Sachs a fait confiance à son art de cinéaste. Le réalisateur n'est pas à proprement parler un néophyte. En France, on a vu son deuxième long-métrage, Forty Shades of Blue, qui était, entre autres, un beau portrait de patriarche sudiste. Married Life, était une comédie noire en costumes,
au budget confortable qui mettait aux prises quelques stars du moment, Rachel McAdams, Pierce Brosnan et Patricia Clarkson.

 

Ira Sachs enchaîne  avec son film le plus "nu". "C’est vrai. Je n’y avais jamais pensé mais oui, Married Life est, littéralement, mon film le plus habillé. Disons que Keep the Lights On se rattache pour moi à un certain cinéma indépendant. Je ne parle pas du genre tel que l’a exploité Hollywood, mais plutôt de la tradition de Cassavetes ou Shirley Clarke, autrement dit des films faits et financés par un petit groupe de gens, et qui parlent de ce groupe. C’est très libérateur. Il n’aurait pas pu être fait dans le cadre du système, que ces histoires marginales n’intéressent pas. Le casting a été difficile à cause de la nudité et du sujet. J’ai contacté une agence à Hollywood avec laquelle j’ai l’habitude de travailler, et ils m’ont répondu que personne n’était disponible chez eux. Il y a eu un rejet. Mais c’est très bien ! Je n’ai pas ressenti de déception. Ca prouve juste qu’il y avait dans cette histoire quelque chose de plus risqué et exigeant. Je me sens bien à cette place, hors du système." raconte le réalisateur.

 

Keep-the-Lights-On---Thure-Lindhardt-et-Zachary-Booth.jpg

 

Le dépouillement de Keep the Lights on ne relève donc pas de l'inexpérience ou de la timidité. Dès les premières séquences qui mettent en scène la rencontre entre Erik et Paul, la volonté de parvenir à la vérité à travers l'expression physique de la passion est évidente. Le premier est un très jeune homme qui peine à trouver sa place. Il travaille depuis longtemps sur un documentaire consacré au cinéaste gay new-yorkais Avery Willard, qui réalisait clandestinement des films érotiques. Sa réticence à mener à bien ce projet n'est qu'un des symptômes de sa difficulté à entrer dans l'âge adulte.

 

Face à lui, Paul tourne déjà à plein régime : avocat, il gagne confortablement sa vie et consacre une bonne partie de ses revenus à sa passion pour les stupéfiants. Keep the Lights on est aussi un film historique, et l'histoire de Manhattan à la fin des années 1990 est placée sous le signe d'une double épidémie, le sida et le crack.

 

Keep-the-Lights-On---2.jpg


Ira Sachs a d’abord rassemblé les souvenirs de ses relations passées dans des centaines de pages de journaux, emails et notes. Avec son coscénariste, Mauricio Zacharias, ils ont trouvé une structure et une ligne directrice à l’histoire d’Erik et Paul. Il s’est Inspiré des films tels que Tout va bien, The Kids Are All Right de Lisa Cholodenko, Parting Glances de Bill Sherwood, ou encore l’autobiographie de Jacques Nolot, dans laquelle il parle de son homosexualité et des difficultés qu'il a traversées dans son parcours Before I forget. "Quand j’ai vu le film de Jacques Nolot, dans un cinéma à New York. Je me disais qu'il n'y avait pas eu de film semblable sur le millieu new-yorkais où je vis, qui décrive avec une telle authenticité ce que c’est que d’être un homme, homosexuel, dans la société contemporaine. J’ai aussi beaucoup aimé la façon dont les scènes de sexe sont représentées, dans la continuité du reste du récit."

 

Ira Sachs a entrepris de dépeindre son expérience de jeune homme homosexuel à New York sans en épargner les moindres détails. Mais la volonté du réalisateur était, avant tout, de raconter une histoire universelle : "Au fond c ‘est un film sur un couple. Je ne l’ai pas abordé comme un film sur les mœurs gays mais sur une relation entre deux hommes."

 

Le réalisateur affirme : "les gens changent sans arrêt. C’est une chose dont on n’a pas conscience en général : les effets produits par le temps." Ira Sachs est père depuis peu, et le conseil qu’un autre père lui a donné, c’est : "Ne t’inquiète pas, tout passe avec le temps…" Ira Sachs  reconnait qu’au fil des années, les deux personnages deviennent adultes, chacun à leur manière. Il tient à féliciter les acteurs, car le film a été tourné en cinq semaines, un été à New York. Ils ont su faire ressentir cette évolution, uniquement à travers leurs émotions, car il n’y a aucun changement dans la coupe de cheveux ou le maquillage. Il y a des changements de téléphone portables et des changements d’émotion, c’est tout !

 

Lors du casting, il y a une part d’instinct, "on doit savoir déceler ce dont l’acteur est capable. On ne peut jamais savoir exactement comment ça va se passer, mais on peut pressentir si ça va fonctionner, un peu comme avec des amis : on sait si le courant va passer entre deux personnes. Ils ont plongé à 1000%. J’ai travaillé individuellement avec chacun d’entre eux avant le tournage. Mais je les ai aussi encouragés à faire connaissance sans moi." affirme Ira Sachs. Les répétitions pour eux, ça a été de passer des soirées ensemble, d'aller dîner et danser… Ça peut sembler superficiel mais quelque chose se passe dans ces moments-là, et il fallait que le réalisateur ne soit pas là.

Keep-the-Lights-On---Affiche-2.jpgLe rôle d’Erik est tenu par Thure Lindhart. Ce dernier a apporté au personnage d’Erik toute sa vulnérabilité tout en montrant son passage à l’âge adulte, sa lutte à travers cette relation pour devenir un être humain à part entière. Il ajoute : "Ce garçon est dépendant des autres, il essaie de leur faire plaisir, de régler leurs problèmes. La façon dont il apprend à s’aimer est je pense le plus bel aspect de cette histoire".

 

Zachary Booth joue le rôle de Paul, qui doit gérer son addiction au crack et dont ses habitudes l’entraînent sur des chemins obscurs. Quand Ira Sachs rencontre Zachary Booth, connu pour son rôle dans la série Damages, l'acteur a également interprété plusieurs seconds rôles sur grand écran, notamment dans Le Complexe du Castor de Jodie Foster. Le réalisateur trouve chez lui une ressemblance avec le personnage de Paul. "Ira m’a laissé une entière liberté pour construire mon personnage. J’ai essayé de comprendre qui était Paul et pourquoi il prenait telle ou telle décision quant à sa relation avec Erik."confie le jeune acteur.

     
Keep the Lights On n'est pas le premier film d'Ira Sachs qui traite le sujet de l'homosexualité. Le réalisateur américain, très inspiré par la passion et les histoires d'amour dans ses précédents films, a en effet abordé ce sujet dès son premier long métrage, Le Delta, qui reflète l'histoire de Lincoln, un adolescent à la recherche d'une identité sexuelle qui se fait séduire par un inconnu nommé John. Depuis, Ira Sachs n’avait pas fait de film avec des personnages homosexuels. "Et je crois que ça veut dire quelque chose. On nous a encouragés, économiquement et socialement, à faire des films fédérateurs. D’une certaine manière, plusieurs réalisateurs gays, comme moi, sont retournés dans le placard. On s’est servi de l’étiquette "queer" pour couvrir le fait qu’on évitait en réalité de parler d’homosexualité. Aujourd’hui, il y a peut-être une forme de new queer cinema, plus réaliste, avec des films comme Weekend. Pour moi, en tout cas, la différence, c’est que Delta traitait de la question de l’identité. Aujourd’hui c’est différent : je vis ouvertement mon homosexualité depuis 25 ans. Dans Keep the lights on, le personnage ne se tient pas à l’écart de la société. Le film parle d’un couple, l’homosexualité n’est pas la question principale. C’est une grande différence, due il me semble à l’évolution de la société." affirme le réalisateur.

 

Keep-the-Lights-On---Thure-Lindhardt.jpgPour créer un climat chaleureux, le réalisateur s’est tourné vers le directeur de la photographie Thimios Bakatakis.  

 

Ira Sachs s’est toujours intéressé au nouveau réalisme du cinéma européen, et pensait qu’amener une touche de sensibilité visuelle non-américaine serait un élément décisif pour le ton et la texture du film : "Thimios tourne comme un peintre, à la fois dans le cadrage, l’utilisation de la lumière naturelle et sa façon particulière de filmer les silhouettes".

 

Thimios Bakatakis a vu New York pour la première fois lors du tournage : "C’était une expérience extraordinaire car tout était nouveau. J’ai trouvé New York très photogénique. Quel que soit l’endroit où on pose la caméra, on trouve quelque chose de beau dans le cadre."

 

La musique est du compositeur et violoncelliste Arthur Russell, mort du sida en 1993. Il a vécu à New-York dans les années 80. Il a fait cette musique expérimentale, rock, disco, sauvage et inventive, mais il était très peu connu de son vivant. On l'a découvert dix ans après sa mort. Ira Sachs a voulu utiliser sa musique comme un personnage. Très complexe, elle a de la profondeur, de l'humour, de la légèreté… Le générique de début du film est très important : il y a ce mélange de douceur et de sexualité, de nudité et d’humour, de légereté et d’obscurité, avec à la fois la musique et les dessins, qui sont l'oeuvre de Boris, représenté par le personnage d’Igor dans le film. Elle entraîne le film dans la douceur et les émotions dévastatrices jusqu’à en devenir le cœur.

 

Ce qui intéresse Ira Sachs c’est l’intimité. C’est ce qu’une caméra peut capter de plus beau : comment sont les gens en privé, et la différence avec ce qu'ils sont en public. Tous ses films parlent aussi de la tension entre ce que nous montrons et ce que nous ne montrons pas, dans notre relation à l’autre et face au monde extérieur. Dans la vie personnelle du réalisateur, la question du secret, de la honte l’a fasciné. À cet égard, il y a un changement avec ce film, qui s’inspire d’événements personnels. C’est son film le plus ouvert, même s’il est question de vie privée. Ira Sachs s'est efforcé d’être dans une forme de transparence. Ce n’est pas pour rien qu’il s’intitule Keep the Lights On.

 

À la question : À propos des séries, plusieurs cinéastes indépendants, à l'image de Todd Haynes, considèrent qu'il y a aujourd'hui plus de liberté à la télévision qu'au cinéma...


La réponse d'Ira Sachs reste sans ambages : "Bullshit. Il n’y a pas d’argent au cinéma, ça c’est vrai. Même pour faire un film indépendant, c’est vraiment très difficile d’obtenir des financements. Donc sans même parler de carrière, si vous voulez gagner votre vie, il faut travailler à la télévision. C’est le cas de plusieurs de mes amis qui viennent du cinéma indépendant. Mais dire qu’il y a de la liberté à la télévision, c’est un mensonge. Je suis effaré par ce que je lis en ce moment sur le sujet. En réalité, il faut respecter des standards très spécifiques pour le public. et c’est souvent le même type de téléfilm qui se fait : avec des têtes d’affiche, souvent des récits historiques, des biopics, hétérosexuels…"

 
Keep The Lights On a été gratifié du Prix Teddy du meilleur film gay ou transgenre à la Berlinale 2012. Programmé à la 28e édition du Sundance Film Festival et à la première du Champs-Elysées Film Festival, il a également été nominé à la compétition des films dramatiques et au Prix du Public du long métrage américain.

 

 

 

 

 

Sources :

http://www.allocine.fr

Propos recueillis à Paris le 6 juin 2012 par Julien Dokhan


http://www.cinemovies.fr

http://www.lemonde.fr/culture

http://www.imdb.fr

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