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23 octobre 2012 2 23 /10 /octobre /2012 23:00

 

Date de reprise 24 octobre 2012

 

L-enjeu---Affiche.jpg

 
Réalisé par Frank Capra

 
Avec Katharine Hepburn, Spencer Tracy, Raymond Walburn,

Van Johnson, Angela Lansbury, Adolphe Menjou,

Charles Dingle, Howard Smith, Lewis Stone

 

Titre original State of the Union

 
Genre Comédie dramatique


Production Américaine


Date de sortie 1948

 


Alors que L'Enjeu est sorti durant la période des élections présidentielles américaines de 1948, pour lesquelles Harry Truman était donné largement perdant, le film lui-même tourne en dérision le candidat en mettant en scène une femme qui provoque l'amusement lorsqu'elle affiche son soutien à Harry Truman, persuadée de la victoire de ce dernier.

Au final, ce personnage de fiction n'avait pourtant pas tort, puisque le Président sortant a bien été réélu !

 

Frank Capra se méfie des appareils politiques, de la collusion entre la presse, les industriels et les décideurs, de tout ce qui fait que la vie publique subisse l'ingérence des riches et des puissants.

 

Il y a aussi chez lui une profonde méfiance vis-à-vis de la versatilité du peuple, souvent prompt à changer d'opinion comme on change de chemise et à suivre aveuglement ceux qui ont le plus de pouvoir. Il offre ainsi une vision d'une Amérique où pullulent des hommes et des femmes cyniques et sans scrupules, uniquement attirés par le profit ou la gloire, il décortique un système électoral qui bafoue les principes démocratiques....

 

Pour beaucoup, cette dénonciation des dérives des États-Unis ne peut que servir les intérêts de l'autre bloc. Or Frank Capra, comme tant d'autres artistes, est convaincu que la démocratie est assez forte pour regarder en face ses errements.  

 

L-enjeu---Spencer-Tracy-et-Katharine-Hepburn.jpgState of the Union, qui mêle brillamment une réflexion sur la nation et la vie d'un couple, magnifiquement interprété par le duo Katharine Hepburn/Spencer Tracy, est le dernier grand film de Frank Capra. Il tournera un dernier film, Pocketful of Miracles, en 1961 avant d'arrêter définitivement toute activité de réalisateur.

 

À l'origine, ce devait être Claudette Colbert qui devait tenir le rôle de Mary. Mais elle fut renvoyée par Frank Capra car elle refusait de travailler le soir. Sur une suggestion de Spencer Tracy, Katharine Hepburn la remplaça.


 

L'acteur Adolphe Menjou, sympathisant de droite, et Katharine Hepburn, connue pour ses idées libérales, ne se sont pas du tout entendus sur le tournage, et des tensions sont même apparues entre les deux comédiens en raison d'un discours qu'avait donné l'actrice en dénonçant la politique anticommuniste des États-Unis, qu'elle considérait comme hystérique.

 

L-enjeu.jpg

 

Synopsis

 

Kay Thorndyke (Angela Lansbury) vient visiter son père (Lewis Stone) un patron de choc, au pouvoir énorme, atteint d'une maladie incurable. Il a convoqué Kay, pour lui léguer son empire. À peine est-elle sortie de cette brève entrevue qu'un coup de feu retentit.

Le vieil homme s'est donné la mort.

 

Sous son chapeau mou, dans son imperméable, elle a une allure masculine, que nous ne lui verrons plus. Cette image restera gravée dans notre mémoire. En gros, nous savons dès ce moment, que dans les affaires, en amour comme en politique, c’est elle qui porte la culotte.

 

Kay Thorndyke est devenue une riche femme d'affaires grisée par le pouvoir politique. Dans son héritage, figure un journal fondé par son père. Celui-ci est en perte de vitesse et sa nouvelle propriétaire décide de créer de toute pièce le futur président des États-Unis afin de redorer le blason du journal et de faire taire ses détracteurs.

 

L-enjeu---Katharine-Hepburn-et-Angela-Lansbury.png

 

Katharine Hepburn et Angela Lansbury

 

Elle pousse Grant Matthews (Spencer Tracy), un self made man humain et idéaliste devenu un riche industriel, à se présenter aux primaires. Il a presque l’air d’un boy scout, exception faîte qu’il semblerait entretenir des relations extraconjugales avec Kay Thorndyke, fait à peine souligner dans le film.


Kay Thorndyke l’a choisi pour porter les valeurs de son empire au congrès républicain qui va désigner le candidat du parti aux élections présidentielles. Il commence par refuser, finit par accepter s’il peut faire sa campagne à lui.

 

Au début, le directeur de campagne, Jim Conover (Adolphe Menjou) laisse Grant Mathews libre de ses discours généreux et enflammés. Mais pour gagner, il faut transiger avec des hommes louches et Kay Thorndyke réussit à convaincre Grant de mettre de l'eau dans son vin et de lire des discours qu'on lui a écrits.

 

Grant Matthews découvre la réalité du monde politique et dévoie peu à peu ses beaux idéaux sur l'Amérique pour gagner des voix de grands électeurs et des soutiens de financiers et autres lobbyistes. S’il y a des hommes honnêtes, ils seront broyés et s’ils ne sont pas bêtes, ils ne resteront pas honnêtes.

 

 

L-enjeu---Katharine-Hepburn--Spencer-Tracy--Van-Johnson-et-.jpg

 

Katharine Hepburn, Spencer Tracy, Van Johnson et  Angela Lansbury

 

Il y a pourtant un hic. Pour gagner, il faut présenter au pubic américain une image acceptable. Il faut donc reconstituer pour la campagne le couple qu’il formait avec sa femme légitime. Et ça, ce n’est pas gagné. Car Mary Matthews (Katharine Hepburn), est une femme de caractère.

 

Sa femme, au bord du divorce, essaie de le sortir de cet engrenage où elle le voit se perdre...

 

L-enjeu---Katharine-Hepburn-et-Spencer-Tracy.jpg

 

Nous y verrons une machine politique, celle du parti républicain, mais cela aurait pu être celle du parti démocrate, décrite et mise en scène avec un réalisme féroce. Trafic d’influence, achat de voix, manipulations et compromissions en tous genres...

Après l'échec public de La Vie est belle, même si le film deviendra par la suite un classique des diffusions télé, Liberty Union, la société de production que Frank Capra avait fondée en 1945 avec William Wyler, George Stevens et Garson Kanin et qui devait leur assurer leur indépendance artistique et financière, se trouve en difficulté.


L-enjeu---Spencer-Tracy-et-Katherine-Hepburn.jpg

 

 

La Seconde Guerre mondiale marque un tournant dans l’œuvre de Frank Capra. L’Enjeu est peut-être son film le plus noir.

 

Selon Michel Cieutat dans son ouvrage Frank Capra paru aux Éditions Rivages en 1988 : "Intitulant son film à partir d’une expression liée à un moment annuellement très attendu de la vie gouvernementale américaine – l’"État de l’Union" est le discours que fait le président des USA devant le Congrès en janvier pour dresser le bilan des douze mois écoulés –, il en appelle lui aussi à faire un bilan de l’état de la nation en 1948."

 

 

La charge contre les professionnels de la politique et la corruption y est violente, le regard de  Frank Capra implacable, mais on sent le réalisateur désespéré. Ce film a été mal aimé à sa sortie; heureusement, le temps a réparé cette injustice.

 

Comme bon nombre de citoyens de fraîche date, Frank Capra est un patriote. Il signe d’ailleurs une série de documentaires au profit de son pays d’élection, pendant la seconde guerre mondiale. Cet attachement sincère ne l’empêche cependant pas de critiquer l’Amérique, quand celle-ci s’éloigne des principes énoncés par Thomas Jefferson et Abraham Lincoln.


Le cinéaste est un idéaliste. Ses conflits avec les studios et sa retraite anticipée, prise en 1961 pour protester contre la dictature des producteurs, suffisent à le démontrer.

 

Il est de ceux qui ne se résignent pas au cynisme du Système politique, économique et social. Ses films, constamment fondés sur l’opposition de l’Individu et de l’Ordre établi, portent la marque indélébile de cette vigilance morale. Prolongements du Théâtre de William Shakespeare, ils mettent le spectateur en garde contre les méfaits du conformisme. Ils glorifient audacieusement le seul être qui puisse contester la Norme afin de la rendre plus humaine : le Fou.

 

 

State of the Union est ainsi le dernier film que peut réaliser librement Frank Capra, sans subir le diktat des comités des studios qui ont repris les rênes de l'industrie et celui d'acteurs stars autour desquels tout le monde du cinéma se concentre. L-enjeu----Katharine-Hepburn-et-Spencer-Tracy.jpgFrank Capra reprend l'un de ses thèmes fétiches, celui de l'homme pur qui perd ses idéaux et retrouve, grâce à l'amour, la force de tout quitter pour ne pas les trahir. Mais dans State of the Union il ne le met plus en scène sous la forme d'une fable mais sous celle d'une satire mordante. On découvre un Frank Capra plus pessimiste, une facette de sa personnalité déjà bien sensible dans nombre de ses précédentes réalisations mais qu'il cachait derrière le burlesque, le conte de fée, l'élan romanesque. Un pessimisme que l'on retrouvait dans l'image du suicide venant périodiquement contredire cette image d'optimiste béat que traîne le cinéaste. Et le fait que  L'Enjeu s'ouvre sur un suicide montre à quel point avec ce film le réalisateur radicalise son propos.

 

Le film reste virevoltant, drôle, et l'on retrouve in extremis l'optimisme de Frank Capra dans l'image du héros qui se rachète en se livrant à une confession publique, scène classique de son cinéma. Mais le film laisse un goût amer, et le portrait qu'il dresse de la politique de son pays se révèle bien plus sombre encore qu'à l'époque de  Mr. Smith Goes to Washington, un film qui lui avait valu les foudres du Sénat.

 

State-of-the-Union---Katharine-Hepburn.jpg

 

Frank Capra retrouve d'ailleurs Myles Connelly, le scénariste de ce précédent film consacré aux arcanes de la politique. C'est Myles Connelly qui naguère lui a donné cette idée du "rire démocratique" et qui l'a poussé a rechercher l'universalité dans ses réalisations.

 

State of the Union - Adolphe Menjou et Angela LansburyLe film est très symptomatique des différents courants de pensée, parfois contradictoires, qui innervent l'œuvre de Frank Capra. En effet, et ce même s'il se veut le seul maître à bord, le cinéaste laisse librement s'exprimer ses collaborateurs et c'est ainsi qu'il se retrouvait, Démocrate, à défendre avec ferveur le New Deal de Roosevelt.

 

À sa sortie, State of the Union est attaqué par certains extrémistes qui voient en lui un film pro-communiste. Frank Capra est même un temps soupçonné par le service de contre-espionnage de servir les intérêts de l'U.R.S.S., alors même que Myles Connelly est un chrétien-démocrate ouvertement anti-communiste. Tout comme l'est Frank Capra, qui s'est toutefois intéressé à Karl Marx et a suivi son ami Robert Biskin en Union Soviétique.

 

C'est que Frank Capra s'inscrit dans cette tradition américaine de la critique.

 


Visiblement ni Frank Capra, ni Myles Connolly, ni Howard Lindsay et Russel Crouse, les auteurs de la pièce dont le film est tiré, ni sans doute le Hollywood de l’après guerre ne croient plus beaucoup, et c’est un euphémisme, en la grandeur du système politique américain.


 

.
Alors que le film était à l'origine propriété de la MGM, il est ensuite repassé entre les mains de Liberty Films, ce qui a provoqué quelques couacs : au générique, le logo de la MGM a été effacé au profit de celui de la seconde compagnie, mais le rugissement du lion, lui, reste audible !

 

 

Sources :

http://www.liberation -ecrans.fr

http://www.homovivens.org

http://www.imdb.com

http://www.tvclassik.com - Olivier Bitoun

http://fr.wikipedia.org

http://www.allocine.fr

commentaires

J
<br /> Encore un grand film qui fait parti de ceux que nous avons découvert ensemble. Je peux le revoir sans me lasser en ayant la surprise de découvrir un détail, une réplique, un mouvement de caméra<br /> dont il avait le secret. Bonne soirée Alain. Je retourne à ma tâche et vais tenter d'être de retour le 6 au plus tard. Je t'embrasse. Jacques. PS J'ai bien reçu ton mail, mille mercis.<br />
Répondre
D
<br /> Bonjour Alain, je n'ai jamais vu ce film, merci de ce rappel. J'essaiera d'aller le voir à Paris. J'aime beauocup la BA, c'est autre chose que celles de maintenant. Bonne journée.<br />
Répondre
E
<br /> je ne l'ai jamais vu et pourtant ce couple mythique m'a toujours fasciné, merci de ce rappel à l'ordre, je vais me le procurer. Elise, rencontrée à l'Utopia. Bonne soirée Alain, à bientôt<br /> j'espère<br />
Répondre

 

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