Je ne veux parler que de cinéma, pourquoi parler d'autre chose ? Avec le cinéma on parle de tout, on arrive à tout. Jean Luc Godard
Réalisé par Philippe Lioret
Avec Sandrine Bonnaire, Philippe Torreton, Grégori Derangère,
Émilie Dequenne, Anne Consigny, Martine Sarcey,
Nicolas Bridet, Marie Rousseau, Patrick Zard
Genre Comédie dramatique
Production Française
Date de sortie 3 novembre 2004
Sandrine Bonnaire, Grégori Derangère et Philippe Torreton
Synopsis
Camille (Anne Consigny) arrive à Ouessant, son île de naissance, pour y vendre la maison familiale qui n'est plus aujourd'hui qu'une maison de vacances. Yvon (Philippe Torreton), son père est mort il y a dix ans et Mabé (Sandrine Bonnaire), sa mère, l'an dernier.
Camille et Jeanne (Martine Sarcey), sa tante, vont passer une dernière nuit dans la maison, une nuit blanche pour Camille qui va y découvrir un secret ...
Philippe Torreton
En 1963, un homme est venu faire équipe avec son père, alors gardien du phare de La Jument. Cet homme, blessé au combat en Algérie, bénéficiait d'un "emploi réservé" aux Phares et Balises. Il n'est resté que deux mois, mais son passage a été dévastateur...
Grégori Derangère
Philippe Lioret, Réalisateur, Scénariste, Ingénieur du son, Producteur délégué, Mixage et Assistant son français signe avec L'Equipier son quatrième long-métrage. Entre autre réalisations, notons ...
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L'Equipier est un projet qui date de 1995, et que le cinéaste pensait tourner avant Mademoiselle - il avait déjà proposé le rôle de Mabé à Sandrine Bonnaire, héroïne des deux films. Dans Mademoiselle, Jacques Gamblin est auteur de théâtre, et la pièce qu'il tente d'écrire correspond en fait au scénario de L'Equipier... Un phare miniature jouait d'ailleurs un rôle-clé dans l'intrigue. Ce qui fait dire à Lioret : "Mademoiselle est donc un peu la bande-annonce de L'Equipier !"
Philippe Lioret résume ainsi son film : "Pour simplifier, disons que c'est l'histoire de deux rencontres croisées, un amour et une amitié, depuis leur naissance jusqu'à leur fin, assez tragique...". Il ajoute, à propos du thème du secret de famille, qui est au coeur de L'Equipier : "J'aime les films qui nous hantent longtemps après en nous ramenant à notre propre histoire. L'Equipier aurait tout aussi bien pu s'appeler "Secret de famille". Je suis sensible à ça... Qui étaient vraiment nos parents, comment ont-ils vécu ? La maison de notre enfance est souvent le seul dépositaire de cette mémoire. C'est donc un patrimoine aussi précieux que le château de Chambord. Il y a tous nos souvenirs, là-dedans, toutes nos racines."
Si les scènes de relève et de tempête ont été tournées en décors naturels, au pied de la Jument, les intérieurs ont été construits en studio. Le cinéaste justifie ce choix : "Il est absolument impossible de transporter une équipe de long métrage dans la folie de la mer d'Iroise. Impossible. De même, il était hors de question de tourner dans la lampe du phare et sur la coursive de cette forteresse imprenable. On a donc construit la réplique exacte des trois derniers étages de La Jument en haut d'une falaise près du Conquet : 15 mètres de haut, un immeuble de 5 étages, un vrai phare avec une vraie lampe, visible à plusieurs milles en mer (...) Ensuite, on a entouré l'édifice de gigantesques canons qui crachaient des centaines de milliers de litres d'eau, et on est monté dessus. Des vacances, quoi..."
Le phare de la jument est un des personnages principaux de L'Equipier.
Philippe Torreton
Philippe Lioret revient sur le travail du gardien de phare: "La vie de ces hommes est héroïque. Un phare de haute mer est un endroit d'une violence extrême où, comme on le voit dans le film, l'on peut mourir à cause d'un simple courant d'air. Ce n'est pas pour rien qu'on appelle ça un "enfer". Le phare de Kéréon a été automatisé récemment. C'était le dernier encore habité. C'est donc la fin des gardiens, la fin d'un monde. Il n'y aura plus de relèves, plus de ces gardiens qui passent parfois soixante jours enfermés dans leur tour parce que "temps permet pas" de les relever, des hommes que la folie guette, qui doivent à tout prix tenir la lampe allumée, malgré la tempête qui jette des vagues monstrueuses jusqu'en haut du phare qui tremble à chaque assaut."
Gregori Derangère
Philippe Lioret confie que le choix de Philippe Torreton pour le rôle d'Yvon a été évident, mais qu'il a été difficile de trouver un acteur pour tenir celui d'Antoine, finalement confié à Gregori Derangère : "J'avais envie d'une tête nouvelle, mais il fallait aussi qu'il ait le charme du mec qui vient d'ailleurs, et surtout qu'il "fasse le poids", qu'il soit charismatique, car l'Equipier, le rôle-titre, c'était lui. Pas simple, un peu comme chercher le merle blanc... Quelques rendez-vous et une séance de lecture ont suffi à me convaincre. Séduisant, dense, juste, l'oeil qui pétille... Il y a du James Stewart chez Gregori. Et puis, c'est un généreux, ça aide."
Avant Philippe Lioret, Jean-Paul Rappeneau, avait déjà comparé Gregori Derangère au héros de Sueurs froides. Pendant la préparation de Bon voyage, le film qui a révélé le comédien, et lui a valu le César du Meilleur espoir masculin en 2004,, il lui avait demandé de visionner La Vie est belle de Frank Capra, un des plus fameux films avec James Stewart.
Gregori Derangère et Emilie Dequenne
Si les réalisateurs évoquent à son sujet James Stewart, c'est à un célèbre personnage incarné par Cary Grant que Gregori Derangère compare Antoine, le héros de L'Equipier : "Il a quelque chose à cacher, et ça a été pour moi très excitant de jouer sur ces deux niveaux, un peu comme jouer une histoire dans l'histoire : il vit avec les autres, mais tout ce qu'il fait est motivé par quelque chose que tous ignorent. Antoine a quelque chose du personnage de La Mort aux trousses que je trouve un modèle du genre."
La bande originale de L'Equipier est signée de l'Italien Nicola Piovani, l'un des des plus grands compositeurs de musique de films actuels. Ses partitions, entre légèreté et mélancolie, accompagnent les films des plus grands cinéastes transalpins, de Bellocchio à Moretti en passant par Fellini, les frères Taviani ou encore Roberto Benigni. Philippe Lioret, n'est pas le premier réalisateur français à faire appel à lui, puisqu'on lui doit déjà la musique de Drôle d'endroit pour une rencontre de François Dupeyron, Hors la vie de Maroun Bagdadi et Sale Gosse de Claude Mouriéras.
Emilie Dequenne
Emilie Dequenne joue un rôle secondaire dans L'Equipier, ce qui ne l'empêche pas de se montrer particulièrement enthousiaste lorsqu'elle évoque son travail avec le réalisateur : "Quand il tourne, on dirait qu'il place sa caméra à l'intérieur des comédiens pour filmer leurs sentiments. C'est superbe. En sortant de la projection, je ne savais plus si j'étais bouleversée ou simplement heureuse, mais je savais que, si un jour je devais réaliser un film, j'aimerais qu'il ressemble à celui-ci. Tout ce que j'aime, tout ce qui me fait vibrer est dans ce film."
Comme pour ses trois premiers longs-métrages, Philippe Lioret a coécrit le scénario de L'Equipier avec Christian Sinniger, et il s'est adjoint les services d'Emmanuel Courcol, qui avait déjà collaboré à l'écriture de Mademoiselle. Egalement comédien, Emmanuel Courcol interprète dans L'Equipier le curé, que les personnages croisent à vélo, à plusieurs reprises. Le producteur Christophe Rossignon fait lui aussi une apparition -beaucoup plus brève- dans le film : il joue le rôle d'un pompier.
Sources :
http://www.allocine.fr
http://www.cinemovies.fr
http://www.imdb.com