Date de sortie 24 avril 2013
Réalisé par Ruben Alves
Avec Rita Blanco, Joaquim de Almeida, Roland Giraud,
Chantal Lauby, Barbara Cabrita, Lannick Gautry,
Nicole Croisille, Maria Vieira, Jacqueline Corado
Genre Comédie
Production Portugaise, Française
Festival International du Film de Comédie de l'Alpe d'Huez 2013
- Prix d'Interprétation Féminine pour Chantal Lauby
- Prix du public pour Ruben Alves
Synopsis
Dans les beaux quartiers de Paris, Maria (Rita Blanco) et José Ribeiro (Joaquim de Almeida) vivent depuis bientôt trente ans au rez-de-chaussée d’un bel immeuble haussmannien, dans leur chère petite loge.
Rita Blanco
Ce couple d’immigrés portugais fait l’unanimité dans le quartier : Maria, excellente concierge, et José, chef de chantier hors pair, sont devenus au fil du temps indispensables à la vie quotidienne de tous ceux qui les entourent.
Tant appréciés et si bien intégrés que, le jour où on leur offre leur rêve, rentrer au Portugal dans les meilleures conditions, personne ne veut laisser partir les Ribeiro, si dévoués et si discrets.
Joaquim de Almeida
Jusqu’où seront capables d’aller leur famille, les voisins, et leurs patrons pour les retenir ? Et après tout, Maria et José ont-ils vraiment envie de quitter la France et d’abandonner leur si précieuse cage dorée ?
La Cage Dorée est le premier long métrage de Ruben Alves. Si le réalisateur dément toute part autobiographique dans son film, il s'est tout de même inspiré d'événements réels pour l'écriture; par exemple, ses propres parents ont exercé les mêmes professions que les personnages principaux. Il avoue cependant : "J’ai toujours joué et écrit. Il y a douze ans, à l’âge de vingt ans, j’avais déjà réalisé un court métrage. L’envie de raconter ne m’a jamais quitté. J’ai ensuite écrit un scénario sur des Français expatriés à Lisbonne – on n’était pas très loin du sujet ! Hugo Gélin, mon ami d’enfance avec qui j’ai déjà travaillé, et Laëtitia Galitzine, mes deux producteurs, m’ont poussé à ne pas tourner autour du pot et à parler de ce qui me touchait le plus... Plus tard, j’ai vu un reportage sur une concierge portugaise à Paris, dans les beaux quartiers. Elle expliquait sa vie, ce qu’elle faisait. Pour sa dernière question, le journaliste lui demandait si elle comptait un jour retourner au Portugal, trente-cinq ans après. Elle répondait qu’en effet, elle pensait retourner dans son pays natal, mais qu’elle se sentait aussi si bien dans sa petite cage dorée... Sa réponse a cristallisé tout ce que je voulais dire. Il n’était pas question pour moi de faire un film autobiographique, mais de parler de quelque chose que je connais de près puisque je suis né en France de parents portugais. Mes parents sont venus en France à l’âge de dix-huit ans, ils ont quitté la pauvreté et le fascisme portugais. Mon père a fait des petits boulots, toujours sur des chantiers, et ma mère était concierge."
À trente-deux ans, Ruben Alves sent assez de recul sur sa famille. Il pouvait raconter cette histoire et reste très attaché au Portugal. En écrivant, sans forcément emprunter des anecdotes à ses proches, il s'est appuyé sur beaucoup de choses vécues, observées et ressenties. Sans vouloir toutefois tomber dans la caricature, "mais il y avait quand même des traits, que ce soit chez les Portugais ou chez les Français, qui valaient la peine d’être soulignés pour s’en amuser avec tendresse," confie Ruben Alves. Au début, Ruben Alves écrit seul, puis Jean-André Yerlès l’a rejoint et Hugo Gélin est venu compléter ce trio de scénaristes. Ce dernier le connaît assez pour savoir ce qu'il pouvait donner même quand il n’osait pas toujours.
Chantal Lauby, Roland Giraud, Joaquin de Almeida et Rita Blanco
Ruben Alves a insisté pour que les Portugais soient joués par des Portugais. C’était une question d’honnêteté et d’authenticité pour ses producteurs et lui-même. "Nous avons eu la chance que nos partenaires, Pathé et TF1, nous aient suivi dans cette idée, ce qui est rare de nos jours. Je suis donc allé chercher les meilleurs au Portugal, mais pour les Français, ça ne veut évidemment pas dire grand-chose, puisqu’on ne les connaît pas !" avoue le réalisateur.
Grâce à une amie commune, c’est Joaquim de Almeida qu'il a rencontré en premier. Cet acteur mène maintenant une carrière internationale, habite aux États-Unis et a su s’imposer dans des rôles où son charisme fait merveille. Le réalisateur l'a rencontré à Cannes, alors qu'il était en train d’écrire le script. "Il m’a d’abord dit qu’il trouvait qu’il n’y avait rien à manger ! J’ai trouvé sa remarque typiquement portugaise et elle m’a beaucoup fait rire. Tout à coup, je me suis dit que j’avais peut-être trouvé l’interprète de José. Je lui ai aussitôt parlé de ce que j’écrivais. Il m’a dit de lui envoyer le script quand il serait terminé. Ça s’est fait comme ça. J’ai fini le scénario, je le lui ai envoyé, ça lui a beaucoup plu, et il a dit oui." rajoute Ruben Alves.
Rita Blanco, récemment vue dans Amour. "Rita a quelque chose d’assez unique. Les gens l’adorent, parce qu’elle n’a pas d’étiquette. J’ai essayé de l’approcher par tous les moyens possibles, par son agent, par ses proches, et elle a fini par me recevoir chez elle à Lisbonne. Elle m’a confié qu’elle avait bien voulu me rencontrer parce que quatre personnes différentes lui avaient parlé de moi ! Elle m’a aussi dit que j’avais eu raison d’insister, parce qu’elle avait plein de projets, et qu’elle n’aurait peut-être pas lu le mien... Elle a tout de suite compris le sentiment que je voulais y mettre. Elle le trouvait très authentique. Elle m’a dit que les détails étaient très importants pour elle. J’ai la même approche. Nous nous sommes tout de suite très bien entendus." confie le réalisateur.
Pour Rita Blanco, comme pour Joaquim de Almeida, ce sont de véritables rôles de composition, parce qu’ils jouent des personnages qui correspondent à l’image que nous nous faisons chez nous, mais qui ne reflète pas la façon dont ils sont perçus chez eux.
Maria Vieira est un peu la Jacqueline Maillan portugaise. Elle a commencé par des émissions de sketches, de vaudeville. Elle est extrêmement populaire au Portugal. À noter que l'actrice ne parlait pas français avant le tournage de La Cage Dorée.
Maria Vieira et Chantal Lauby
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Le personnage de Rosa interprété par Maria Vieira est un hommage à tous ces gens qui partagent le quotidien de ces familles où ils sont employés, qui en font quasiment partie mais qui gardent pourtant cette distance. Ils nourrissent, ils lavent, ils écoutent. Dans le film, le fils des patrons de Rosa est un peu le sien. C’est aussi cette intimité qui lui permet de passer à l’action et de dire les choses franchement quand tout le monde est paumé.
Barbara Cabrita joue le rôle de Paula. Ruben Alves avait déjà travaillé avec Barbara Cabrita lors du tournage d'une série de M6 et avait retenu qu’elle était d’origine portugaise. Son ascendance n’était pas suffisante pour qu’elle soit adaptée au rôle, mais Barbara Cabrita avait vraiment l’allure et la personnalité idéale pour le personnage. Pour leur première rencontre, elle est arrivée sur une grosse moto ! "Quand elle a retiré son casque, ses cheveux étaient lâchés et c’était une jeune femme séduisante, avec du caractère, comme Paula. Barbara dégage une fraîcheur, un sourire, qui sont très communicatifs. Elle m’a confié que ce rôle trouvait un écho très fort en elle, vis-à-vis de ses propres racines." commente le réalisateur.
Barbara Cabrita
Dans le film, Paula va effectivement aider tout le monde à se remettre en cause, parce qu’elle ose dire ses quatre vérités à ses parents et parce qu’elle aime quelqu’un qui n’est pas de sa "condition". Elle va obliger chacun à se regarder vraiment, et pas uniquement dans sa propre famille. Elle fait en sorte que tout aille bien. Dans le film, le rôle de Paula, jeune avocate très assurée dans son travail, n’est pas aussi à l’aise avec sa condition de fille d’immigrés. Son parcours dans l’histoire de La Cage dorée est d’autant plus touchant. "J’espère qu’il parlera à beaucoup de monde." conclue Ruben Alves.
Jacqueline Corado, qui joue Lourdes, la jeune sœur de Maria, est une comédienne que Le réalisateur adore. Elle fait aussi du théâtre. Elle est portugaise et s’investit énormément dans la communauté. Elle a même eu une émission de radio portugaise. Plusieurs personnes avaient parlé d’elle au réalisateur pour jouer ce rôle. "Je l’ai appelée alors qu’elle était en vacances, et, après avoir lu le scénario, elle a pris le premier avion. Ça s’est fait du jour au lendemain. À travers son personnage, je voulais retrouver ces femmes que l’on voit au Portugal, qui en font des tonnes, qui sont des "poissonnières" comme on dit là-bas. Elles ouvrent la fenêtre, hurlent et tout le monde est au courant de tout. Ce sont des tragédiennes ! C’est le côté vraiment latin qui s’exprime chez ces personnages hauts en couleur. Jacqueline l’incarne très bien. Elle tenait vraiment à jouer dans ce film." ajoute Ruben Alves.
Nicole Croisille est surprenante dans le rôle d’une des propriétaires de l’immeuble. Ruben Alves cherchait quelqu’un qui en impose tout de suite, qui ait une vraie prestance. "Quand j’ai rencontré Nicole, elle m’a demandé si, en gros, Mme Reichert était une garce ! J’ai ri et lui ai répondu que oui, mais qu’elle n’était pas que cela ! Parce qu’elle a quand même beaucoup de tendresse pour Maria. Elles ont une vraie relation, qui réserve d’ailleurs quelques surprises. Lors de notre première rencontre, elle est arrivée avec ses lunettes fumées, avec ce côté aristocratique que je voulais pour le personnage. Mme Reichert n’est pas une mauvaise femme. Elle est plus victime de sa condition que de sa mentalité. Pour moi, Mme Reichert est d’abord une femme seule. Sans Maria, elle n’a plus personne. Je me suis bien amusé avec Nicole, car elle est très drôle dans la vie. Elle est tout de suite rentrée dans le projet." se souvient le réalisateur.
Chantal Lauby après Le Thanato et Roland Giraud avec Beur sur la ville n'avaient pas fait d'apparition physique sur grand écran depuis 2010.
À peine le scénario fini, Chantal Lauby a très vite été une évidence. Pour Ruben Alves, elle incarne exactement ce qu'il voulait pour ce personnage, c’est-à-dire une femme complètement détachée du monde, pour qui rien n’est grave, et en même temps très attachante. Chantal Lauby joue cela parfaitement. Elle peut dire des énormités qui font sourire. "Elle a ce don. Je me suis dit qu’elle ferait une Solange extraordinaire, et j’adore ce qu’elle fait dans le film car elle apporte ce petit grain de folie que je voulais pour Solange. Elle improvisait beaucoup et nous avions du mal à garder notre sérieux sur le plateau. C’est une personne extrêmement sensible, nous nous ressemblons beaucoup humainement. À la lecture du scénario, elle a pleuré car elle a été très touchée par l’humanité du couple Ribeiro." rajoute Ruben Alves.
Roland Giraud est assez rare au cinéma. Il fait beaucoup de théâtre. Le réalisateur avait envie de casser cette image un peu stricte, assez propre qu’il porte souvent. Il souhaitait le rendre un peu farfelu. Son personnage s’habille parfois étrangement. Le capital sympathie dont bénéficie Roland Giraud lui permettait aussi de faire passer des aspects difficiles du personnage sans qu’on le condamne. En toute innocence, son personnage se montre parfois arrogant, désinvolte ou condescendant. C’est quelque chose dont Ruben Alves se souvient d'avoir souvent été témoin dans la vraie vie. "Il fallait quelqu’un de ce talent-là pour assumer ça tout en laissant sa chance au personnage." rajoute le réalisateur.
Le réalisateur jugeait essentiel d'inclure une scène de fado, un genre musical portugais qui s'illustre sous la forme d'un chant mélancolique, dans son film; la scène présente dans La Cage Dorée devait à l'origine se trouver dans le court métrage qu'a réalisé Ruben Alves douze ans auparavant. Comme un clin d’œil, c'est son amie de longue date, l'actrice Catarina Wallenstein, qui a joué cette scène comme elle aurait dû la jouer elle-même à l'époque.
Sources :
http://www.unifrance.org
http://www.canalplus.fr
http://www.allocine.fr