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14 mars 2014 5 14 /03 /mars /2014 21:30

 

Date de sortie 12 mars 2014

 

La-cour-de-Babel---Affiche.gif


Réalisé par  Julie Bertuccelli

 

Genre Documentaire


Production Française

 

Synopsis

 

Ils viennent d’arriver en France.

 

Ils sont Irlandais, Serbes, Brésiliens, Tunisiens, Chinois ou Sénégalais...

 

Pendant un an, Julie Bertuccelli a filmé les échanges, les conflits et les joies de ce groupe de collégiens âgés de 11 à 15 ans, réunis dans une même classe d’accueil pour apprendre le français.

 

Dans ce petit théâtre du monde s’expriment l’innocence, l’énergie et les contradictions de ces adolescents qui, animés par le même désir de changer de vie, remettent en cause beaucoup d’idées reçues sur la jeunesse et l’intégration et nous font espérer en l’avenir...

 

 

Extrait d'un entretien avec la réalisatrice

pour http://medias.unifrance.org/medias

 

Pourquoi un documentaire sur les classes d’accueil ?

 
La-Cour-de-Babel.gif"Comme souvent, le hasard d’une rencontre. J’étais jurée dans un festival de films scolaires et Brigitte Cervoni et sa classe y participaient. Des adolescents venus des 4 coins du monde sont arrivés avec leurs visages, leurs accents chacun différents, et une énergie hors du commun. J’ai eu très envie d’aller voir comment ça se passait dans une classe d’accueil. J’avais prévu une année de repérage dans plusieurs collèges pour faire une sorte de casting et écrire un dossier. Mais à la rentrée scolaire, j’ai vu la nouvelle classe de Brigitte, et j’en suis tombée amoureuse. C’est rare de voir autant de pays représentés dans une même classe. Ils avaient des caractères et des talents très différents, très marquants. J’ai eu envie de commencer tout de suite à tourner et la productrice m’a suivie, sans financement. Arte et Pyramide nous ont rejoints en cours de montage."


Tous les élèves de cette classe sont des adolescents...


"Je trouvais intéressant que ce ne soit pas des tout-petits qui arrivent, pour lesquels ça peut être plus facile. Plus on est jeune, plus on s’adapte rapidement. Mais des adolescents qui viennent d’arriver, entre deux âges, entre deux mondes... Ils ont déjà vécu de longues années dans leurs pays respectifs et c’est un déracinement très fort à cet âge-là. La-cour-de-Babel-copie-1.gifEn France, ils sont presque déjà des adultes parce qu’ils ont des responsabilités très lourdes sur les épaules. Ils sont parfois chargés de famille, car ils sont souvent les seuls à parler le français. Ils ne sont pas encore dans l’après-immigration ou le ras-le-bol. Ils ne sont pas enfermés dans une catégorie d’immigrants qui les stigmatiserait ou rejetterait. On sait que cette impasse ou cet avenir peuvent arriver, mais en même temps on sait que tout est encore possible. Ils sont pleins d’espoir. Je montre peut-être un sas protecteur et idéal, une utopie en action, mais je montre aussi un petit théâtre de notre monde où l’énergie de l’espoir peut faire des miracles tout comme la confiance et l’accueil prodigués à ces jeunes..."

 

Tout est filmé dans l’enceinte du collège. Vous n’avez pas eu la tentation d’aller voir comment les élèves vivaient en dehors ?

 

"Je n’ai pas eu envie d’entrer dans l’intimité des familles, ni de filmer leur vie quotidienne. Ce n’était pas le sujet. Je voulais filmer une classe, comme un microcosme, et découvrir comment ces adolescents vivaient, parlaient, grandissaient ensemble. Ce qui se passe dans le cocon de cette petite communauté me semblait un révélateur suffisant de leurs personnalités et de leurs parcours. Par ailleurs, les familles respectives existent dans le film, mais toujours dans le huis clos du collège, puisque j’ai filmé les parents quand ils rencontrent la professeur avec leurs enfants. Dans ces rencontres s’entrouvre leur intimité, en laissant libre notre imaginaire et en rendant plus fort le hors-champ."

 

Parlez-nous de Brigitte Cervoni...


"Cette prof est incroyable. Elle anime, elle écoute, elle met en valeur la différence, la particularité de chacun, et amène ses élèves à parler d’une manière admirable, avec respect et confiance. Elle sait chaque fois trouver la bonne distance. Du coup, ils l’adorent. Je voulais qu’elle soit dans le film, mais pas comme un des personnages du film. C’est venu petit à petit, au fur et à mesure que nous avancions dans le montage. La-cour-de-Babel-.gifEt j’aime bien le fait qu’on la voie de plus en plus, qu’elle devienne au fil du film "un personnage". Elle n’en est pas le centre, mais l’armature. Elle devient un personnage parce que c’est elle qui fait vivre ensemble tout ce petit monde. Brigitte a une pédagogie que je trouve géniale. L’important, c’est que les mômes apprennent. Alors quand elle fait un contrôle où ils ont des mauvaises notes, elle reprend, elle explique et elle refera le même contrôle deux semaines ou un mois plus tard, et elle gardera la meilleure note. Pour les valoriser. L’important, c’est qu’ils aient appris, pas de sanctionner avec des notes. Pour leur enseigner la langue, Brigitte les fait beaucoup parler d’eux et de ce qui les intéresse. Elle a aussi monté ce projet pédagogique de film sur la différence qu’ils devaient eux-mêmes réaliser et qui rejoignait mon sujet : qu’est-ce que vivre ensemble lorsqu’on vient de tous ces pays, de toutes ces cultures, religions, passés différents ? Evidemment elle a le temps pour tout ça, cette classe vit à un rythme différent, mais elle prend ce temps-là."

 

Vous avez filmé combien de temps ? 


La-Cour-de-babel.gif"J’ai suivi la classe sur une année scolaire. J’y allais en moyenne deux fois par semaine. Brigitte me prévenait des thèmes qu’elle allait aborder et je sentais si quelque chose pourrait se passer. J’ai filmé une quantité de choses que je n’ai pas gardées, des sorties, les conseils de classe... Et puis il y avait les cours de grammaire, d’orthographe, de pur français. Je les ai filmés un peu mais je ne voulais pas faire un film sur l’apprentissage du français. Il y a eu aussi des frustrations terribles. J’arrive et on me dit : « Hier, c’était génial! »... On ne peut pas tout anticiper. Par exemple, je n’étais pas présente le matin où Kadhafi a été assassiné. Maryam, la jeune Libyenne, est arrivée avec le journal et la photo, toute émue et heureuse, une discussion politique houleuse a spontanément suivi, je l’ai ratée !"


Justement, parlons de certains sujets "sensibles" que vous n’éludez pas, comme la religion par exemple...

 

La-cour-de-Babel--copie-1.gif"C’est une scène que je trouve magnifique : comment la laïcité rentre dans l’école et d’un coup s’impose à tous. Lors de cette séance, chacun devait apporter "son" objet. Plusieurs d’entre eux ont choisi des objets très personnels, poupées, photos... Youssef a apporté son coran et Naminata sa bible... Pour la petite Djenabou, Dieu c’est "son meilleur ami", Dieu il n’y a que ça, et là ils démarrent tous au quart de tour, discutent, argumentent, égratignent... Et au bout d’un moment, Djenabou coupe court aux discussions et conclut par "on ne sait même pas si Dieu il existe !". Elle ne serait pas venue dans cette école laïque en France, elle n’aurait peut-être jamais douté comme ça. Ce doute-là, le voir émerger chez les adolescents, c’était très émouvant."


C’est vous qui avez fait l’image ?


"Oui, j’aime beaucoup cadrer, je l’ai fait dans tous les documentaires que j’ai réalisés. On sait d’instinct ce qu’il faut filmer. Je pense que j’aurais du mal à donner des indications à un autre dans un contexte où je ne maîtrise pas les événements. Sur place, il faut être vigilant, aiguiser son regard. C’est difficile de faire la lumière et le point dans une classe. Les enfants se coupent la parole sans arrêt, ils bougent, ils se cachent l’un l’autre... Il y a des moments dont je suis très fière : être passée avec ma caméra sur un enfant à l’instant précis où il y avait une expression à saisir, un rire, une larme qui coule."

 

Comment passer inaperçue pendant un an dans une classe avec une caméra ?


"Une caméra, ce n’est pas du tout anodin. Au tout début, il y avait deux, trois élèves qui étaient très cabotins. Je ne voulais pas que la caméra fasse désordre dans la classe parce que cela pouvait les inciter à faire les marioles... Il faut arriver à dire Stop ! Ne faites pas ça, ce n’est pas ça qui m’intéresse, faut pas le faire pour moi ».
La-Cour-de-Babel-.gifTout le monde a un rapport à l’image : mon meilleur profil, mes beaux habits, ma coiffure...

Ce n’est pas rien d’accepter d’être filmé et d’avoir confiance dans ce que l’autre va attraper, parfois à son insu, et puis garder. C’est sur la durée qu’ils m’ont acceptée, et m’ont laissée faire partie de leur classe. J’étais face à eux, à côté de la prof, avec ma petite chaise à roulettes, ils me voyaient bien, ils ne m’oubliaient pas. Mais il n’y a aucun regard caméra dans le film. Simplement j’étais parmi eux, avec eux. Ils parlaient à la prof, ils regardaient la prof. J’essayais d’être discrète mais pas cachée."

 

Vous avez réalisé plusieurs documentaires qui reposent tous sur un travail d’immersion. C’est votre façon de travailler ?

 

"J’aime travailler dans la durée. J’aurais beaucoup de mal à faire un documentaire à partir d’une semaine d’interviews. Je préfère observer la vie qui se fait sans moi plutôt que de la fabriquer. Je me mets au service des personnes que je filme, je travaille à rendre les personnages les plus complexes et les plus beaux possible. Je n’avais pas envie d’autre chose. Je voulais être à leur niveau, simple. Ce sont les personnes qui m’intéressent, pas la recherche esthétique. Le bâtiment, je le filme quatre, cinq fois, simplement, sans faire des effets "flou machin", sans en faire 36 tonnes. Du coup, ce collège ressemble à toutes les écoles. Même si j’adore partir très loin pour réaliser une fiction, je préfère filmer les documentaires près de chez moi. On a toujours intérêt à aller voir autour de soi, dans son voisinage. C’est souvent là qu’on est le plus surpris, que les voyages sont les plus beaux et qu’on peut être le plus utile."

 

Quelques documentaires de Julie Bertuccelli :


Un métier comme un autre réalisé en 1993.

Une liberté ! réalisé en 1994.

La Fabrique des juges ou les règles du jeu réalisé en 1997.

Bienvenue au grand magasin réalisé en 1999.

Les Îles Éoliennes réalisé en 2000.

Un monde en fusion réalisé en 2003. 

Otar Iosseliani, le merle siffleur réalisé en 2006.

Le Mystère Glasberg réalisé en 2008. 

Antoinette Fouque. Qu'est-ce qu'une femme ? réalisé en 2008.

 

 

Rencontre avec Julie Bertuccelli.

 


 

Pensez-vous que La Cour de Babel peut être utile ?


"En tout cas, c’est un film que j’ai vraiment envie de partager. J’ai été très étonnée d’apprendre que ce dispositif de classe d’accueil existe en France. C’est quand même une chose géniale, et aujourd’hui il faut se battre pour que ça continue. Cela permet à tout jeune étranger débarquant en France d’apprendre le français, de réussir sa scolarité et, surtout, de favoriser son intégration en France. Je ne crois pas qu’on puisse rester insensible à ce qu’on voit dans le film.

 

La-Cour-de-Babel-copie-1.gif.La-Cour-de-Babel-copie-2.gif

 

Il fera, j’espère, résonner les débats actuels, souvent nauséabonds.


J’espère qu’il pourra aider à inverser les a priori, contrecarrer les préjugés,

faire réfléchir plus intimement, donner de l’empathie à ceux qui en manquent,

et donner du courage et de l’élan à ceux qui luttent pour le respect et l’accueil.

 

La-Cour-de-Babel-copie-3.gif.La-Cour-de-Babel-copie-4.gif

 

Entre l’enfant de diplomate, celui qui vient pour étudier le violoncelle, celle qui arrive pour retrouver sa mère, celle qui est en attente d’un droit d’asile, celui dont la mère est venue pour une histoire d’amour, celle dont le père vient chercher du travail, celui qui a été chassé de son pays par des groupes néo-nazis, tous représentent divers cas d’immigration. Ils portent en eux une culture radicalement différente, qu’ils confrontent à notre propre culture. Les questions de l’exil et de l’intégration, mais aussi leur regard neuf et critique sur notre monde actuel et sur notre société qu’ils découvrent, résonnent dans cette classe parisienne d’une manière singulière et vivante. Tous sont des enfants courageux, matures, qui portent des responsabilités très lourdes et affrontent leur destin. Pour ces jeunes, l’identité, vécue comme une double appartenance au pays d’origine et au pays d’accueil, est désormais et à jamais plurielle. Ce sont des héros de la vie d’aujourd’hui, ils sont une richesse pour notre pays."

 

La-Cour-de-Babel-copie-5.gif

 

Mon opinion :

 

 

Tout autour de "L'arbre" qui semble être le pilier de la cour de récréation, la réalisatrice propose de partager les moments forts d'une année scolaire, tout à fait particulière, avec des enfants venus de tous horizons.

 

Difficile de rester insensible devant le parcours douloureux de ces adolescents, toutes nationalités confondues, qui se retrouvent dans une classe d'accueil, leur permettant de se familiariser avec notre langue, nos règles aussi.

 

Les raisons de ces exils sont nombreuses et varient pour chacun d'entre eux. "Pour être une femme libre", dira l'une des enfants, loin d'être la plus docile. La caméra caresse tous ces visages, tour à tour tourmentés quand il est question de leur passé, le plus souvent rieurs quand ils parlent de leur présent. Anxieux aussi, quand l'une d'entre elles s'en va, après l'obtention d'un appartement qui devrait lui permettre de vivre mieux, avec sa famille présente, mais encore plus loin.

 

L'humour est présent mais l'émotion domine.

 

La pédagogue, Brigitte Cervoni, fait face avec une incroyable intelligence et une grande finesse à toutes les interrogations et va au-devant des multiples conflits qui pourraient venir ternir sa mission. Admirable de dévouement, de compréhension, de générosité, d'attention, et de ce talent tout particulier nécessaire à tout enseignant pour réussir le pari difficile, celui de donner la connaissance sans imposer sa propre science. L'écoute semble être la première nécessité face à ce groupe d'élèves quelque peu particulier, puisque pour bon nombre, la langue française est le premier barrage. La religion en sera un autre. Mais vu par ces enfants, elle en devient touchante.

 

Ce reportage est d'une profonde humanité. Du rire aux larmes quand il est question du festival Ciné-Clap à Chartres au cours duquel ces enfants reçoivent un prix.

Peu importe lequel, ils ont gagné notre cœur.

 

Nous ne pouvons que leur souhaiter bienvenue et bonne chance. Avec une attention toute particulière pour tous ces enseignants qui, comme Madame Brigitte Cervoni, mettent leur passion d'enseigner au service des plus démunis. Pour elle et Julie Bertuccelli, réalisatrice de ce très beau documentaire, une double reconnaissance.

 


Sources :

http://medias.unifrance.org

http://www.film-documentaire.fr

http://www.allocine.fr

commentaires

A
<br /> Contente de voir, cher Alain, que vous avez repris la plume. J'ai bien pensé à vous les 3 et 4 et je suppose que tout s'est passé pour le mieux puisque vous écrivez à nouveau. Formidable.<br /> <br /> <br /> Ce documentaire doit faire penser à " Sur le chemin de l'école" que j'avais beaucoup aimé. S'il passe près de chez moi, je ne le manquerai pas. A très bientôt de plus amples nouvelles. Au final,<br /> j'arrive à me débrouiller avec mon nouvel ordinateur et la nouvelle version OverBlog pour "La plume et l'image", car je n'ai pas encore transité "Interligne" pour la bonne raison que je fais des<br /> copier/coller d'une grande partie de mes articles pour une édition papier demandée par un éditeur allemand.<br /> <br /> <br /> Bonne journée Alain<br />
Répondre
J
<br /> Mon cher Alain, nous aurions pu le voir ensemble. Vu aujourd'hui aussi et tout aussi emballée. Martine sera contente de lire ton papier (tu t'en doutes). Bises.<br />
Répondre

 

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