Je ne veux parler que de cinéma, pourquoi parler d'autre chose ? Avec le cinéma on parle de tout, on arrive à tout. Jean Luc Godard
Réalisé par Alfred Hitchcock
Avec Cary Grant, Eva Marie Saint, James Mason,
Jessie Royce Landis, Leo G. Carroll, Josephine Hutchinson,
Philip Ober, Martin Landau, Adam Williams, Edward Platt.
Genre Policier, Aventure, Comédie
Titre original North by Northwest
Production Américaine
Date de sortie : 21 octobre 1959
Le scénario écrit par Alfred Hitchcock et Ernest Lehman s'inspire d'une affaire d'espionnage d'après-guerre : l'affaire Galindez, professeur exilé à New-York, enlevé en pleine rue.
Depuis sa sortie La mort aux trousses est l’objet de nombreuses théories. Certains prétendent y voir le premier film d’action moderne dont Mc Tiernan, Spielberg ou Cameron seraient les héritiers.
D‘autres, l’analysent comme un résumé de l’œuvre américaine d’Alfred Hitchcock. Ces réflexions souvent intéressantes ne doivent pas occulter le fait que North by Northwest est avant tout un film d’une incroyable efficacité. Les fruits de cette réussite sont liés au génie de son réalisateur, à l’intelligence du scénario d’ Ernest Lehman et à un casting sans faute.
Cary Grant
Alfred Hitchcock serait-il fourbe ? Conscient que James Stewart voulait absolument incarner le héros de La Mort aux trousses, le réalisateur, qui lui préférait Cary Grant, a attendu que l'acteur soit engagé sur un autre projet avant de lui proposer le rôle, sachant que la star n'aurait pas d'autre choix que de décliner l'offre !
Synopsis
À la suite d'un quiproquo, le paisible publiciste Roger O. Thornhill (Cary Grant) échappe de peu à une tentative d'assassinat, commise par les hommes de main d'un certain Philip Vandamm (James Mason). Peu après, il se trouve recherché par toutes les polices d'Amérique pour le meurtre d'un diplomate au Palais des Nations-Unies.
Cary Grant
Dans le train de Chicago où il s'est réfugié, l'infortuné fait la connaissance d'Eve Kendall (Eva Marie Saint), qui n'est autre que la maîtresse de Philip Vandamm, et qui lui obtient un rendez-vous sur une route déserte où il espère enfin comprendre les raisons de son aventure. Mais c'était un piège : un avion le mitraille et Thornhill échappe, une fois encore, à la mort, in extremis.
Eva Marie Saint
C'est alors qu'apparaît "Le Professeur" (Leo G. Carroll), qui explique enfin toute l'affaire : à la suite de la méprise initiale, Thornhill a été pris par les hommes de Vandamm pour le mystérieux Kaplan, un agent du service de contre-espionnage qui était sur les traces de leur organisation. Or, Kaplan n'a jamais existé : il a été "inventé" par les services du "Professeur" pour permettre à leur véritable agent, Eve Kendall, d'agir dans l'entourage immédiat de Vandamm sans être inquiétée.
James Mason et Martin Landau
Devenu bien malgré lui agent du contre-espionnage, Thornhill sauvera Eve des griffes de Vandamm qui avait fini par découvrir les agissements réels de sa maîtresse. Au terme d'une poursuite sur les flancs du Mont Rushmore, Vandamm sera arrêté et ses hommes éliminés. Thornhill et Eve pourront repartir en train, en amoureux...
Cary Grant et Eva Marie Saint
Force de l'amour à passer l'éponge sur les trahisons. En ce sens, La mort aux trousses est une suite rédemptrice à Vertigo .
Ce thème majeur s'incarne dans les deux fondus-enchainés du film. Le premier voit Eve Kendall envoyer Roger Tornhill à la mort : la diagonale de la route vient barrer le visage d'Eve qui s'efface progressivement sur l'étendue désertique où l'avion sulfateur viendra mitrailler notre héros.
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Le second en est la réplique rédemptrice : à l'aéroport, Roger Tornhill, comprenant les explications du Professeur sur le dévouement de la jeune femme, se projette déjà sur les statues du mont Rochemort où il sauvera celle qu'il aime de la mort. Un projecteur d'avion vient éclairer de blanc de visage de Roger pour préparer sa superposition sur les faces crayeuses des sculptures des pères fondateurs de l'Amérique.
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North by Northwest et les idées du Maître :
La scène de l’avion. Alfred Hitchcock explique dans une interview qu’il tourne là le dos au cliché du genre : grands espaces par opposition aux rues étroites à pavés gras du film noir, avion venu de nulle part au lieu de la limousine pointant au bout de la rue. La Cadillac noire sur la route déserte est, en l’occurrence, un leurre commentant le cliché : Thornhill a un mouvement de frayeur et l’on s’attend à ce que les mitraillettes crachent la mort par les portières. Dans le même esprit, le face à face avec le péquenot chapeauté de part et d’autre de la route ressemble à un duel de Western.
Scène du sauvetage d'Eve : après avoir escaladé la maison dans laquelle Eve sera vraisemblablement exécutée, Roger Tornhill s'est légèrement blessé à la main : gros plan sur la main ensanglantée, Roger recherche alors un mouchoir, y voit gravé ses initiales et notamment ce O entre le R et le T dont il avait discuté avec Eve lorsque celle-ci avait remarqué sa boite d'allumettes personnalisée sur laquelle elles figuraient R.O.T : O pour "zéro" : "rien" avait-il dit. Mais, évidemment, rot, équivaut à pourriture en français, et O prétentieux comme celui de David O. Selznick mais surtout O pour préparer cette séquence qui vient une heure après : il sait alors qu'il peut lui envoyer sa boite d'allumettes personnalisée : elle sera reconnue immédiatement, par elle et le spectateur.
La star d'Hollywood Cary Grant a dans un premier temps refusé de tenir le rôle principal de Roger Thornhill. A 55 ans, il estimait être trop âgé pour le personnage.
Cary Grant
Pendant le tournage de la scène finale sur le Mont Rushmore, la partenaire de Cary Grant, Eva Marie Saint, a découvert avec stupéfaction que l'acteur facturait ses autographes à ses fans !
Cary Grant, dans ce rôle de publicitaire naïf et déterminé, apporte une légèreté acquise dans ses rôles de comédie. L’attachement du public pour ce héros est total. À ses côtés la froide et magnifique
Eva Marie Saint interprète le rôle d’une vie. Incarnation du fantasme Hitchcockien elle est extrêmement touchante en femme prostituée au service d’une organisation secrète.
Eva Marie Saint
Et puis il y a James Mason : son regard chargé de détermination, sa démarche raide, en font l’un des plus beaux méchants que le cinéma nous ait livrés. À ses côtés on retrouve un Martin Landau d’une grande sobriété, impeccable en brute froide et dévouée.
Martin Landau et James Mason
On peut aussi remarquer les très sympathiques rôles de Jessie Royce, la mère envahissante de Roger,
Jessie Royce et Cary Grant
et de Leo G. Carroll en professeur secret et paternel
Au delà d’une collaboration parfaite avec son scénariste et d’une succession de scènes plus mythiques les unes que les autres, Alfred Hitchcock réalise ici un de ses rêves : tourner dans les grands espaces. Le mont Rushmore, le siège de l’ONU ou les plaines ensoleillées du "Mid West" font partie de ses fantasmes de réalisateur. A l’image, cela se traduit par de superbes séquences, magnifiées par le Vistavision et la photo de Robert Burks.
Le moteur du film est, basiquement, la recherche de la satisfaction du public, la fameuse "direction de spectateurs" que professait Alfred Hitchcock, par analogie avec la direction d’acteurs. Si La Mort aux trousses est si efficace, c’est que le spectateur est en permanence impliqué dans l’action. Pris à parti, même, quand Philip Vandamm semble donner un coup de poing directement à la caméra, dans la scène de l’avion, Roger O. Thornhill semble courir vers nous comme si le public était une immense main tendue pour le tirer d’affaire, ou bien encore dans la scène à la CIA, où la caméra, en se plaçant derrière une chaise vide symbolise tout autant la place de Thornhill que la sienne. La Mort aux trousses est un mélange d’archaïsme et de sophistication. Alfred Hitchcock multiplie les invites et recourt à des moyens complexes, strictement visuels, pour susciter des émotions élémentaires.
Cary Grant, Eva Marie Saint et James Mason
À côté des vieux artifices du suspense, comme la main sur la nuque d’Eve à la salle des ventes, Alfred Hitchcock non seulement joue avec ce que le spectateur sait ou ignore, mais aussi dispose partout des éléments à déchiffrer. Si bien que le film est tissé d’énigmes à résoudre, de mises en scène à l’intérieur de la mise en scène. Les questions qui se posent à Thornhill sont aussi posées au spectateur : c’est son attention et son intelligence qui sans cesse sont sollicitées. Et c’est pourquoi, bien que l’on ne soit pas toujours en phase avec Thornhill, le film nous invite à partager l’aventure du héros, à la vivre autant que lui : la mort est à nos trousses.
Alfred Hitchcock n'eut pas la permission de tourner à l'intérieur du bâtiment des Nations Unies à New-York. Pour tout de même réussir à avoir des images, il utilisa une caméra dissimulée. Ou par exemple, pour le plan d'entrée de Cary Grant dans le bâtiment, Hitchcock se trouvait de l'autre côté de la rue. On peut d'ailleurs apercevoir un homme se retournant au passage de Cary Grant, reconnaissant le célèbre acteur.
Comme dans tous ses films, Alfred Hitchcock fait une brève incursion dans une scène. Ici, il loupe son bus dont les portes se ferment juste devant lui à la troisième minute du film.
Durant la fameuse scène de poursuite dans les champs de maïs, le personnage se retrouve traqué par un avion. Problème : l'ombre de celui-ci ne se reflète jamais au sol ! Un oubli qui met en lumière le trucage.
Sources :
http://www.cineclubdecaen.com
http://www.cinemovies.fr
http://www.dvdclassik.com
http://www.cinemovies.fr
http://www.allocine.fr
https://docs.google.com