Date de sortie 18 juillet 2012
Réalisé par Xavier Dolan
Avec Melvil Poupaud, Suzanne Clément, Nathalie Baye,
Monia Chokri, Susan Almgren, Yves Jacques, Antoine-Olivier Pilon
Sophie Faucher, Magalie Lépine Blondeau, David Savards
Genre Drame
Coproduction Canadienne, Française
Laurence anyways n'a été programmé que dans 53 salles en France Cette petite sortie estivale, décidée par MK2, le distributeur et coproducteur français du long métrage, n'a pas manqué d'intriguer, compte tenu de l'engouement des médias français pour le jeune "prodige" québécois et de l'intérêt suscité par son ambitieux long métrage. Elle n'annonçait rien de bon en tout cas, les vacances d'été n'étant pas la période la plus favorable aux films d'auteur, surtout lorsqu'ils durent 2 h 40...
Au Festival du Film de Cabourg - Journées romantiques 2012 le film reçoit :
Le Grand Prix et Le Prix de la Jeunesse
Programmé dans la Section Un Certain regard 2012, Laurence Anyways a été récompensé par la troisième Queer Palm du Festival de Cannes créé en 2010.
Synopsis
Laurence Anyways, c'est l'histoire d'un amour impossible.
Le jour de son trentième anniversaire, Laurence (Melvil Poupaud), qui est très amoureux de Fred (Suzanne Clément), révèle à celle-ci, après d'abstruses circonlocutions, son désir de devenir une femme.
Après J'ai tué ma mère en 2009 et Les Amours Imaginaires réalisé en 2010, le jeune cinéaste de 23 ans a écrit et réalisé son troisième film : Laurence Anyways. À l'instar des deux précédents longs métrages, celui-ci est très personnel et traite le sujet de l'alter-sexualité en s'intéressant au cas d'un homme qui ressent le besoin de devenir une femme.
C'est pendant le tournage de J'ai tué ma mère que Xavier Dolan a eu l'idée de faire ce film : "Nous rentrions à Montréal après les deux premiers jours de tournage de J’ai Tué Ma Mère, à la campagne. Nous, étions en voiture avec quelques techniciens de l’équipe. Anne Dorval était avec moi. Nous parlions de tout et de rien quand une des passagères s’est mise à se confier quant à une relation amoureuse passée. Un soir, son chum lui avait annoncé qu’il voulait devenir une femme. Je suppose que le cataclysme, même s’il est sans doute différent pour chaque couple, chaque individu, n’a rien d’exclusif à cette passagère. Mais avec sa voix, son émotion, la générosité de ses confidences, j’ai imaginé alors ce que ça pouvait être d’avoir devant soi un ami, un parent, un compagnon qui, du jour au lendemain, revendique l’impossible, et remet en question, s’il ne l’efface pas entièrement pour certains, l’entièreté des moments vécus ensemble. Je suis rentré ce soir-là et j’ai écrit trente pages. Je connaissais le titre du film, et la fin, aussi. Tout s’est dessiné très rapidement, mais écrit lentement, entre les films, la nuit parfois, dans le Sud des États-Unis, dans tous les états possibles, en fait. ", ajoute le jeune cinéaste.
L'actrice québécoise Suzanne Clément, qui avait interprété Julie, le professeur d'éducation artistique dans J'ai tué ma mère, revient dans ce troisième long métrage du réalisateur pour incarner l'un des deux rôles principaux du film, celui de Fred Belair, la femme de Laurence. Elle explique que son personnage de Fred a été pensé depuis le tournage de J'ai tué ma mère : "J'ai embarqué tout de suite (...) Je me suis demandé si ça n'allait pas être trop douloureux. Mais ça demeurait incontournable de le faire. Ça a été une préparation de longue haleine", confie-t-elle.
Suzanne Clément
Pour ce film, Xavier Dolan fait de nouveau appel à son actrice principale des Amours Imaginaires, Monia Chokri. L'actrice collabore ici pour la seconde fois avec le cinéaste québécois en interprétant le rôle de Stéphanie Belair, la sœur de Fred.
Nathalie Baye incarne dans le film la mère de Laurence.
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Rencontre avec Melvil Poupaud
Xavier Dolan s'est entouré dans ce film d'une équipe de professionnels. Il reconnait être excité à l’idée de travailler avec des gens talentueux, tant les acteurs que les techniciens, les artistes, opérateurs, et leur humilité ou leur délicatesse l’importent peu, pourvu qu’ils l’impressionnent par leur instinct, leur goût et leur savoir-faire. D’un film à l’autre, une équipe se construit. Certains restent et d’autres partent. Xavier Dolan souhaitait depuis longtemps travailler avec Yves Bélanger, le directeur photo du film. Selon le réalisateur c’est un artiste et un fou. Loquace, passionné, cultivé. "Nous nous sommes trouvés" rajoute le jeune réalisateur.. Anne Pritchard, aux décors, est si créative et raffinée. Elle a travaillé avec Louis Malle, de Palma. Xavier Dolan se promet de ne plus la lacher. Et François Barbeau, qui a confectionné une dizaine de costumes originaux pour le film, est un grand maître dont le réalisateur reconnait avoir tout à apprendre. "Il serait tellement sot d’être intimidé par ces gens qui ont tant de choses à dire et partager. Unis, nous pouvons élever un film, le transformer, dans l’ensemble et tous les angles, et jusqu’au moindre détail. Je m’entends moins bien avec gens de mon âge de toute manière. C’est un constat sans malice. Et j’aurais peur d’écraser un directeur photo de 25 ans, ou même 30. Avec Bélanger, Pritchard, et Barbeau, l’intelligence et l’expérience sont probantes, et nous obligent à l’écoute, et la mutualité. et la mutualité." assure Xavier Dolan.
Melvil Poupaud
Xavier Dolan reconnait plusieurs aspirations en tant que cinéaste, mais avoue ne pas perdre son temps à prétendre qu'il invente un style ou une école de pensée. Tout a été fait depuis 1930. À quoi bon ? Son travail, est de raconter une histoire et de bien le faire, de donner à cette histoire la mise en scène qu’elle mérite, et qui lui sied. Le reste, qu’on l’invente ou le plagie, est le fruit d’un hasard qui démontre que rien n’est plus facile que d’avoir une idée.
Laurence Anyways permet à Xavier Dolan de se lancer dans le montage et de s'aventurer dans la création des costumes : "Mon approche se définit par le multitâche, c’est vrai. Mais est-ce négatif ? Et j’essaie de m’arrêter où mes limites l’indiquent. Le cinéma est le 7ème art et la somme des six autres... La mode, inconsidérée, est le grand absent du groupe. Enfin, je pense qu’il faut s’intéresser à chacun pour tous les comprendre. J’apprends, petit à petit, à maîtriser deux ou trois d’entre eux, et me réjouis d’intégrer les autres à ma démarche sans les éxécuter moi-même. Après tout, j’ai choisi le plus onéreux des arts et il apparaît logique, bien qu’il soit pensé seul, qu’il s’organise en collectivité. Une spectatrice belge dans une salle de cinéma, après la projection des Amours Imaginaires, m’avait dit qu’à force de "tout" faire moi-même je nuirais à mes films, et me priverais du talent des autres, et les priverais à leur tour de travail. Elle était réellement offusquée de cet individualisme. Je lui répondis que les autres n’avaient qu’à faire leur propre film, et que moi, sur le mien, j’étais libre de faire moi-même toutes les tâches qui m’intéressaient, et dans lesquelles je me considérais talentueux, ou dans lesquelles, du moins, j’avais quelque chose à offrir de personnel. Les costumes et le montage sont des départements que je vois différement et j’aime m’en occuper parce qu’ils me passionnent. Un peintre ne peint pas avec coloriste, un expert des textures, un consultant à la technique, un régisseur des pinceaux et un essuyeur de spatule. En cinéma, le processus de création d’une oeuvre requiert l’intervention d’autres artistes. Mais cela reste le film d’une personne, et d’un seul créateur, idéologiquement.", explique le réalisateur.
Suzanne Clément
Il y a dans le film un hommage très rapide et très précis à Marlon Brando dans le film Un Tramway Nommé Désir, et l’usage récurrent des gros plans que j’affectionne particulièrement comme dans Le Silence Des Agneaux de Jonathan Demme, peu de profondeur de champ, regard caméra, impression de surveillance, grande proximité. Au niveau du rythme et de l’ambition du récit, j’ai voulu évoquer Cameron et son Titanic... Et de toute manière... tout ce que je lis, ce que je vois, ce que j’entends en écriture m’inspire souvent, et même quand ce n’est pas mon genre ou mon goût; c’est tout-à-fait normal. Tout ce qui est beau, émouvant et réussi devrait, en théorie,nous inspirer spontanément des images et des mots. Et je n’ai aucun complexe parce que je sais que ce qui m’inspire n’est pas ce qui m’influence, mais ce qui me touche. De l’admiration d’une chose qui exerce un pouvoir sur nous à son expression distordue par nos univers, nos visions, notre langue, notre génération, nos valeurs, nos blessures, nos fantasmes respectifs... il en ressort le plus clair fantasmes du temps quelque chose de diamétralement opposé, et dont on peut rarement retracer l’inspiration originale. C’est le téléphone arabe de l’imagination. De toute manière, tout a été fait rajoute Xavier Dolan.
Plusieurs éléments ont influencé le travail de Xavier Dolan tout au long de sa préparation de Laurence Anyways. Le réalisateur a réuni plusieurs revues de mode pour la confection des costumes mais aussi plusieurs photographies d'art. Nan Goldin est, selon lui, l'artiste qui l'a le plus influencé dans son travail. Puis Matisse, Tamara de Lempicka, Chagall, Picasso, Monet, Bosch, Seurat, Mondrian, pour les cadrages, Klimt, pour le codage des couleurs, l’uniformité chromatique de certaines époques; époque brune, époque dorée, époque mauve.
Programmé dans la Section Un Certain regard 2012, Laurence Anyways a été récompensé par la troisième Queer Palm du Festival de Cannes créé en 2010.
http://www.cinemovies.fr
http://www.radio-canada.ca
http://www.imdb.com
http://www.allocine.fr
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