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Je ne veux parler que de cinéma, pourquoi parler d'autre chose ? Avec le cinéma on parle de tout, on arrive à tout. Jean Luc Godard

Le faux coupable "The Wrong Man"

 

Le-faux-coupable---Affiche.jpg


Réalisé par Alfred Hitchcock


Avec  Henry Fonda, Vera Miles, Anthony Quayle,

Harold J. Stone, Charles Cooper, John Heldabrand,

Esther Minciotti, Doreen Lang, Laurinda Barrett,

Norma Connolly, Nehemiah Persoff, Lola D'Annunzio,

Kippy Campbell, Robert Essen, Richard Robbins, Werner Klemperer


Genre Policier

 

Titre original The Wrong Man

 
Production Américaine  de 1956

 

François Truffaut 01/05/1957 au sujet du film dans Arts

 

Le Faux coupable« Jamais Hitchcock ne fut plus près de lui-même qu’avec ce film qui risque cependant de décevoir les amateurs de suspense et d’humour anglais tant il y a peu de suspense et d’humour, anglais ou autre. The Wrong man est le film d’Hitchcock le plus pur depuis Lifeboat, c’est le rôti sans la sauce, le fait divers à l’état brut (…). Hitchcock nous offre un film sur la fonction d’accusé, sur le rôle d’accusé, sur l’homme accusé et sur la fragilité des témoignages humains et de la justice : ce film n’a de documentaire que l’apparence et dans son pessimisme, son scepticisme, je le crois plus proche de Nuit et brouillard que des films de Cayatte. De toutes manières, c’est probablement son meilleur film, celui qui va le plus loin dans une direction qu’Hitchcock a choisi de suivre il y a bien longtemps ».
 

 Le faux coupable - Henry Fonda

 

Henry Fonda   

Synopsis

 

Contrebassiste de jazz au Stork Club de New York, Manny Ballestero (Henry Fonda) est avant tout un père de famille exemplaire, menant une vie simple et heureuse, malgré les difficultés financières. Manny est contrebassiste dans une boîte de nuit à la mode, le Stork Club.

 

The-wrong-man---Henry-Fonda.jpg Henry Fonda

 

En allant emprunter de l'argent sur sa police d'assurance, pour pouvoir payer à sa femme (Vera Miles) des soins dentaires, il est reconnu par les employés du bureau comme étant l'auteur d'un hold-up qui eut lieu quelques semaines plus tôt au même endroit. Dès lors, la machine judiciaire se mêt à broyer Manny : on le questionne, on le confronte à des témoins, on l'emprisonne...  

Sa femme, parvient à réunir la caution pour le libérer.

 

Vera Miles The-wrong-man---Verra-Miles.jpg

 

Rose et Manny vont trouver l'avocat O'Connor (Anthony Quayle) qui accepte de défendre le musicien. Mais, à la recherche d'alibis possibles, Manny va d'échecs en échecs. Devant l'avalanche de ces coups du sort, Rose perd la raison et doit être internée dans un hôpital psychiatrique. Resté seul, Manny comparait devant la Cour de Justice mais le procès, grâce à l'habileté de maître O'Connor, est annulé pour vice de forme. C'est durant ce nouveau délai que la chance sourit enfin à Manny : le véritable auteur des hold-up se manifeste à nouveau et, pris sur le fait, l'innocente. Mais à l'hôpital, Rose semble indifférente à la bonne nouvelle : il lui faudra encore de longs mois avant qu'elle ne recouvre la raison.

 

The-wron-man---Vera-Miles--Henry-Fonda-et-Anthony-Quayle.jpg  

 

Vera Miles, Henry Fonda et Anthony Quayle

 

Issu d’une famille catholique assez fervente, Alfred Hitchcock passa son enfance au collège jésuite de Saint-Ignace et demeura pratiquant toute sa vie. Il peut être intéressant de chercher dans sa filmographie des vestiges de cette éducation pour constater que si les figures-clé de la religion catholique en sont quasiment absentes, une bonne partie de son approche des évènements est sous-tendue par des notions aussi éminemment chrétiennes que la culpabilité ou la providence. Malgré tout, Alfred Hitchcock, et cela est vrai d’ailleurs sur d’autres sujets, semble n’avoir jamais voulu contaminer ses films par ses opinions personnelles, préférant y insuffler un regard distancié.

 

Alfred Hitchcock traite ici si sérieusement du thème du faux coupable, omniprésent dans ses films. Alfred Hitchcock évacue très vite dans  The Wrong Man  sa rituelle apparition, devenue un jeu, en se montrant à l’écran dès le premier plan pour apostropher le spectateur d’un ton grave sur la véracité des faits qui vont lui être narrés.

 

Cette gravité annoncée d’emblée, limite par la suite les possibilités de rebondissements ahurissants ou les poursuites échevelées, et impose une forme de linéarité dans l’intrigue, provoquant une tension bien plus liée aux états psychologique des personnages qu’aux situations auxquelles ils sont confrontés. Ne serait-ce l’importance des enjeux, on pourrait presque alors parler de films d'atmopshère, impression également due à la photographie de Robert Burks, à leur environnement sonore, ainsi qu’à la gestion de l’espace, du cadre de l’action.


The Wrong Man marque la troisième collaboration entre Bernard Herrmann et Alfred Hitchcock, dans cette remarquable partition on notera les irritantes trompettes en sourdine, l’émergence décalée de notes de contrebasse, en rappelant que le personnage Manny Balestrero est lui-même contrebassiste.

 

The wrong man - Henry Fonda-copie-1Un homme ordinaire piégé par une situation qui le dépasse, il n'a rien fait, ça lui est simplement arrivé. Alfred Hitchcock essaie d'introduire un peu du réalisme européen. Grande attention aussi à la femme de celui-ci.  Sa culpabilité d'avoir cru son mari coupable la rend folle, elle paie très cher le doute et la fin de leur amour.

 

"A la prison, nous avons observé comment les prévenus touchent leur literie, leurs vêtements et ensuite nous avons choisi une cellule vide pour Henry Fonda. Nous lui avons fait faire ce que les autres prisonniers venaient de faire sous nos yeux. La même chose pour les scènes se déroulant à l’asile psychiatrique où les docteurs jouaient leurs propres rôles", Selon Alfred Hitchcock , cité par Patrick Brion.

 

L’importance des lieux de tournage est à noter, puisque par souci de coller à l’aspect documentaire qu’il voulait conférer à son film, Alfred Hitchcock alla jusqu’à tourner sur les sites même de l’erreur judiciaire qui inspira The Wrong Man, du Stork Club dont il fit ouvrir les portes jusqu’à certaines rues qui furent réellement cadre de cette histoire.

 

The-wrong-man---Photo-tournage.jpg

 

La figure de Manny Balestrero a quelque chose du martyr. Accablé par les coïncidences alors que son innocence est frappante, il est de plus contraint à assumer d’autres responsabilités encore plus lourdes que son éventuelle culpabilité, la survie financière de son ménage mais surtout la déliquescence psychologique de son épouse.

 

The wrong manAutre aspect moderne du film : Alfred Hitchcock tient à des décors réels comme ceux qu'utilisait Elia Kazan. Beau portrait de New York en 1956, on voit beaucoup la ville, l'intérieur du Stork club L'extérieur du cabinet d'avocat réel mais l'intérieur avec le métro en studio.

Cependant toujours beaucoup d'invention : le cercle subjectif, lorsque Manny est en prison, est réalisé avec une caméra attaché sur une plate forme fixée à un pivot.


Le plan filmé par la fenêtre étroite de la prison utilise un grand angle avec une toute petite cellule, réduite pour éviter les déformations de perspective

Le Faux coupable n’est pas à première vue pas un film religieux. Il le devient à partir du moment où on constate que dans son souci de respecter la véracité de l’histoire, Alfred Hitchcock  ne se permet que deux libertés dans l’adaptation, qui modifient sensiblement la perception que l’on peut avoir du film. La première réside dans le personnage même de Christopher Manuel Balestrero, qui sous les traits inquiets d’Henry Fonda, apparaît comme un modèle de pureté, d’innocence, comme un saint homme, ce que d’évidence le vrai Balestrero n’était pas. Alfred Hitchcock reconnaissant lui-même dans ses confidences à Peter Bogdanovitch, à ce sujet, qu’il y avait "dans l’histoire quelque chose qui n’apparaît pas à l’écran" (Who the Devil Made It, de Peter Bogdanovitch et Albert Knopf).

 

The wrong man - Henry Fonda-copie-2

 

Henry Fonda

 

La deuxième liberté artistique majeure que prend Alfred Hitchcock  par rapport au fait réel est encore plus saisissante, puisqu’elle correspond à la découverte du  vrai coupable. Écrasé par le poids de la culpabilité, par ce sort qui s’acharne sur lui, Balestrero, seul dans sa chambre, attrape son chapelet, se tourne vers une représentation du Christ et commence une prière pour son salut. Seul objet personnel que les gardiens l’autorisent à garder lors de son incarcération, comme s’il n’avait plus alors que la foi comme salut.

Sur cette face innocente vient alors se superposer la silhouette puis, se rapprochant, le visage d’un homme lui ressemblant étrangement, la sécheresse des traits et la folie du regard en plus. La prière est exaucée, le miracle accompli, le coupable est enfin découvert, les deux visages superposés étant deux représentations mêlées du Bien et du Mal, dans la lutte éternelle qu’ils se vouent dans la tradition chrétienne. Comme si, lorsque l’institution judiciaire était dans une impasse, seule la justice divine pouvait sauver l’innocent.


The wrong man-copie-1.The-wrong-man-copie-2.jpg 

The-wrong-man-copie-4.jpg.The wrong man-copie-3

 

 

Sources :

http://www.cineclubdecaen.com

http://www.dvdclassik.com

http://www.cinematheque.fr

http://johngushue.typepad.com

http://thepinksmoke.com

http://trueclassics.wordpress.com

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M
<br /> un très grand film peut-être mon préféré de grand Monsieur !<br />
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