En vrac et du bonheur ...
Ma toute petite histoire d'un ballet universellement connu,
Le lac des Cygnes "Swan Lake".
Ballet en quatre actes
sur une musique de Piotr Ilitch Tchaïkovski
et un livret de Vladimir Begichev inspiré d'une légende allemande.
Le ballet fut créé pour la première fois au Théâtre Impérial Bolchoï de Moscou le 4 mars 1877 (20 février, selon l’ancien calendrier russe). À l'époque, le public, peu habitué à une musique si "symphonique" pour les ballets, ne comprit pas la richesse de la partition. Ce problème, ajouté à la chorégraphie de Julius Reisinger, firent que les premières représentations furent des échecs.
Anna Sobechshanskaya - Moscou 1877
Une dizaine d’années plus tard, les succès éclatants, à Saint Petersbourg, de la Belle au bois dormant en 1890 et de Casse-noisette en 1892, nés de la collaboration de Piotr Ilitch Tchaïkovskii et du talentueux Marius Petipa, assurèrent la revanche du compositeur après sa mort survenue subitement le 6 novembre 1893, officiellement due au choléra, mais peut-être s’agissait-il d’un suicide.
Le 12 mars 1894 le ballet entreprend, toutefois d'une façon modeste, sa longue marche qui deviendra triomphale. Seul le deuxième acte est représenté au Théâtre Impérial Mariinski à la mémoire du compositeur décédé. Réalisation confiée à Lev Ivanov, deuxième maître de ballet et adjoint du célèbre Marius Petipa.
Marius Petipa reste une figure symbolique de Saint-Pétersbourg. Né à Marseille, il arrivé en Russie en 1847 à l'âge de 29 ans précédé d'une brillante renommée, dont il jouissait déjà en France, en Belgique et en Espagne. Depuis son premier engagement en Russie, Marius Petipa collectionnait les triomphes. Les tsars le tenaient en haute estime. Nommé au poste éminent de professeur à l'École impériale, puis à celui de directeur de la danse, il s'était juré de former des danseuses et des danseurs russes capables de rivaliser avec les étoiles étrangères de passage dans la capitale.
La Russie était devenue sa seconde patrie. Son génie fut sans cesse renouvelé. Durant les soixante années où il fut membre du Théâtre impérial, il composa une trentaine de ballets, en reprit dix-sept et en pourvut trente-sept opéras. Marius Petipa élargit le lexique de la danse en créant d'innombrables pas. De nos jours, d'ailleurs, les pas de danse s'énoncent toujours dans le monde entier en français. Grâce à lui, l'un des plus beaux fleurons de la chorégraphie française, Giselle, parvint jusqu'en Russie. Sous sa houlette, de véritables dynasties de danseurs se constituèrent.
Le succès du Lac des Cygnes ne viendra que lorsque Marius Petita le reprend en 1895, après la version de son maître de ballet Lev Ivanov à Saint-Pétersbourg. Ainsi que l'avait demandé le Théâtre Mariinsky, Marius Petipa et Lev Ivanov modifièrent la chorégraphie du ballet et Riccardo Drigo, le maître de chapelle de la cour et chef d'orchestre du Théâtre Mariinsky, en modifia la partition sur certains points, et cette mise en scène fut présentée pour la première fois le 15 janvier 1895.
Pierina Legnani - Saint-Pétersbourg 1895
Le lac des cygnes reçut le succès mérité. Bien qu'il en existe plusieurs versions, celle-ci est la plus jouée par les compagnies de ballet.
Beaucoup moins célèbre en Occident que son glorieux voisin, le Théâtre musical Stanislavsky s'élève à Moscou à quelques encablures du Théâtre Bolchoï, dans la grande rue Dimitrovka.
Sa dénomination exacte rappelle en fait ses deux fondateurs.
Fondé en 1941 après la réunion des troupes de l'Atelier de l'Opéra de Konstantin Stanislavski, du Bolchoï, et de l'Atelier musical du théâtre d'art de Moscou de Vladimir Nemirovitch-Dantchenko, dont les noms sont accolés au théâtre, tous deux sont les réformateurs du théâtre russe et de l'interprétation dramatique à la toute fin du XIXème siècle, avec le fameux Théâtre d'Art de Moscou.
Cest dans ce théâtre que Vladimir Bourmeister, premier maître de ballet à l'époque, a repris l'ordre des numéros tels que publiés dans la partition originale de Piotr Ilitch Tchaïkovski.
Bourmeister simplifie cependant la dramaturgie du livret.
Il rajoute un prologue qui présente la transformation de la princesse Odette en cygne par le magicien Rotbarth. Cela le conduit, après la victoire finale du prince Siegfried sur Rotbarth à l'issue d'une lutte sans merci, à montrer le retour d'Odette à sa forme première.
Anna Pavlova
Le Lac des cygnes demeura assez longtemps inconnu des occidentaux. Ce sont les "Ballets Russes" de Derge de Diaghilev qui montrèrent pour la première fois, à Londres, en 1911, la version de Petipa/Ivanov, revue par Fokine, avec Mathilda Kschessinksa et Vaslav Nijinski. En France, Serge Lifar présente quelques extraits du Lac en 1936 à l’Opéra de Paris.
Puis Victor Gsovsky, professeur recherché pour sa rigueur académique et sa musicalité raffinée remonte au Palais Garnier tout le deuxième acte le 23 janvier 1946, avec Yvette Chauviré en Odette et Serge Peretti en Siegfried.
Magnifique Yvette Chauviré ... Cliquez ICI !
Mais il faudra attendre 1954, au Théâtre du Châtelet pour que les parisiens découvrent la version intégrale du Lac.
Margot Fonteyn en 1966
Tout le monde connait certains passages musicaux, ne serait-ce que dans des spots publicitaires, et tout le monde garde en mémoire l'image du pas de quatre des "petits cygnes" exécuté par quatre danseuses.
Pas de Quatre - Opéra de Paris.




Elisabeth Platel
"Le Lac des cygnes de Rudolf Noureev est devenu pour nous une référence", explique le Directeur du ballet à l'Opéra National de Bordeaux Charles Jude. Il aurait rajouté :"Pour ma part, je l'ai considéré dès le début comme la meilleure version, mais ce n'était pas le cas de tout le monde. En fait, Noureev a éliminé tout ce qui était démodé et donné un vrai rôle a chacun et pas seulement aux solistes. Son ballet est construit comme un rêve. Siegfried aime les lectures romantiques et pour échapper au mariage sans amour que veulent lui imposer sa mère et son précepteur il se réfugie dans un monde imaginaire. Il tombe éperdument amoureux d'Odette, une princesse qui vit près d'un lac enchanté et qui est l'image de sa femme idéale. Rothbart, le cruel magicien qui prend les traits du tuteur, l'a transformée en cygne. Elle ne reprend sa forme humaine que la nuit. Il ne faut pas voir dans la fin le triomphe du mal, mais la quête sans cesse renouvelée d'une perfection jamais atteinte."
Cette création originale a été le ballet dont les représentations ont duré le plus longtemps à Londres et à Broadway. On aperçoit un court extrait du ballet dans le film Billy Elliot, symbolisant l'aboutissement de la formation de danseur du protagoniste.
- Kenneth MacMillan à Berlin.
- Iouri Grigorovitch à Moscou.
- John Neumeier à Hambourg.
- Mikhaïl Barychnikov à Washington.
- Peter Schaufuss à San Francisco.
- Patrice Bart à Berlin pour Berliner Staatsoper
Sources :
