Je ne veux parler que de cinéma, pourquoi parler d'autre chose ? Avec le cinéma on parle de tout, on arrive à tout. Jean Luc Godard
Réalisé par Youssef Chahine
Avec Dalida, Mohsen Mohieddin, Chwikar,
Youssef Chahine, Maher Essam Ibrahim, Ahmad Hamdi,
Salah El Saadani, Sanaa Yonnes, Mohammad Mounir,
Abla Kamel, Hassan El Adl,
Genre Drame
Production Egyptienne
Titre original Al-Yawm al-Sadis
Date de Sortie cinéma : 3 décembre 1986
Plus célébré à l'étranger qu'il ne l'était dans son pays, Youssef Chahine avait obtenu en 1997 le prix du cinquantième anniversaire du festival de Cannes pour l'ensemble de son oeuvre, après un Ours d'argent au festival de Berlin.
Dalida
Synopsis
Le Caire, en 1947.
Le roi Farouk règne mais les Anglais sont encore là, et imposent une tutelle toujours plus insupportable au petit peuple égyptien. Celui-ci, déjà misérable, est alors durement frappé par une épidémie de choléra.
Dans la province du Caire, c'est le règne de la délation : quiconque signale un malade à la police reçoit une prime de sept livres !
Dans ce contexte déprimant, Saddiqa (Dalida) se débat, seule, pour survivre.
Elle a la garde d'Hassan, son petit-fils.
Son mari Saïd (Ahmad Hamdi), paralytique, est un poids supplémentaire.
Mais elle s'est résignée à l'évidence : elle est sur Terre pour protéger les siens, à l'instar de l'héroïne de ce film, Le sacrifice d'une mère, qu'elle voit et revoit, en pleurs et sans se lasser.
Rafahi (Youssef Chahine), le patron du cinéma, va s'exiler en Palestine et il voudrait que Saddiqa, qu'il aime, l'y accompagne.
Mais celle-ci, toute à son devoir, le repousse.
De même s'irrite-t-elle de la cour insistante que lui fait Okka (Mohsen Mohieddin), jeune chanteur et danseur de rue qui s'identifie, lui, au Gene Kelly du film Le Pirate, soupirant chevaleresque et bondissant.
Mais Okka a vingt-six ans et Saddiqa vingt de plus, ce qui suffit, aux yeux de celle-ci, à condamner l'idée d'un amour partagé.
Hassan, après son instituteur qui vient de mourir, est atteint par l'épidémie.
Saïd, n'en pouvant plus d'être une charge inutile, met le feu à la maison familiale et y périt. Pour tenter de sauver Hassan et le soustraire à la police, Saddiqa le transporte chez une actrice, madame Zeinat, où le gamin trouvera au moins le confort et l'hygiène.
Le temps presse car, dit-on, le choléra est vaincu si le malade lui survit cinq jours. Voyant empirer l'état de l'enfant, Saddiqa décide de l'emmener à Alexandrie. Elle embarque sur la felouque d'Abou Nawas où, bientôt, Okka la rejoint.
Au fil des heures et de l'eau, le couple se parle, se dispute, se rapproche, esquisse un unique baiser auquel Saddiqa se dérobe. Elle est guettée par le désespoir, tentée par le suicide; il lui répète que la vie est le bien suprême auquel nul n'a le droit de mettre fin.
À l'aube du sixième jour, Hassan, qui avait pourtant donné des signes de guérison, est mourant. Il pourra, avant de s'éteindre, contempler la mer pour la première et dernière fois de sa vie.
Le bateau est arrivé à Alexandrie. Saddiqa, sur le quai, s'éloigne d'un pas ferme. Elle adresse un dernier sourire et un geste d'adieu à Okka, puis marche vers son destin de femme libre.
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Bien sûr, on connait son fils, le musicien Louis, et son petit fils Mathieu...
Mais à l'origine était le verbe...la poésie ! Andrée Chedid
une des plus grande magicienne des mots, dans ses recueils comme dans ses romans, dont le plus célèbre est évidement, Le sixième jour adapté au cinéma par Youssef Chahine avec Dalida en vedette.
Un si beau regard sur le monde
Il y a des gens qu’on aimerait connaître, chantait naguère Dalida, compatriote d’Andrée Chedid
Cette définition correspondait à merveille à la poétesse, romancière, dramaturge, et surtout femme à la carrière et au caractère exceptionnels, chef de file d’une lignée remarquée dans le monde des arts.
On disait "Les Chedid" comme on parle des "Seigner", des "Casadessus", des "Brasseur" : d’abord les enfants, Louis et Michèle, peintres, puis les petits enfants, Matthieu, Emilie, Anna, Joseph, avec des croisements aussi inattendus qu’inspirés : Je dis Aime, succès écrit à quatre mains par la grand-mère et le petit fils, un cas probablement unique dans l’histoire de la Sacem.
Cette dernière lui avait décerné en 1999 son Grand Prix de la Poésie, célébré ce jour-là à sa demande par une figure éminente de la scène française.
Bernard Giraudeau, l’heureux adaptateur et cinéaste d’une de ses œuvres majeures : L’autre, était venu porter sa parole avec la lumière et le souffle qu’on sait.
Andrée Chedid faisait partie de ces êtres qui donnent la force en même temps que la sagesse, inspirent à la fois respect et sympathie, une de ces maîtresses-femmes à la Françoise Giroud ou à la Suzanne Flon, qui savaient prendre le temps des gens, la mesure des choses, la parole quand il le fallait et le silence quand il en disait plus.
Sa disparition, au moment où sa terre natale renaît de ses sables tel un volcan de ses cendres, n’en est que plus symbolique. Toute fin est un début.
"Je veux garder les yeux ouverts sur les souffrances, le malheur,
la cruauté du monde; mais aussi sur la lumière, sur la beauté,
sur tout ce qui nous aide à nous dépasser, à mieux vivre, à parier sur l'avenir"
Andrée Chedid, 1998
Un film de Youssef Chahine intimiste, bavard, touchant. Éclairé par Dalida en tragédienne des lavoirs, des sous-sols et des felouques. Un rôle magnifique, hélas sans lendemain. Propos relevé sur : http://www.lexpress.fr/culture.
Un peu plus sur Dalida ... Cliquez ICI !
Le cercle de minuit, 04 novembre 1996, Laure Adler
reçoit Youssef Chahine et Andrée Chedid qui évoquent Dalida et le film
Le sixième jour.
Le plus grand cinéaste égyptien, Youssef Chahine, a adapté le livre d'Andrée Chedid transformant Dalida en tragédienne dans un mélo flamboyant à l'orientale... dédié à Gene Kelly.
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Extraits de quelques critiques unanimes ...
"Une femme dans la cabine d'un camion, au bord du désert, échange quelques mots avec le camionneur. Elle descend, attrappe au vol son baluchon, entre dans une ruelle. La caméra soudain la dépasse, s'élève légèrement, panoramique : Le Caire est là, en bas, avec ses toits plats et ocres qui s'étendent à perte de vue... C'est si beau - la vue de cette ville, bien sûr, mais aussi ce mouvement d'appareil évident et superbe – que l'on ressent ce pincement au coeur, ce frémissement de bonheur, qui ne trompent pas : Le Sixième jour est un grand film (...)
Dalida est magnifique de sobriété, de présence et d'émotion."
Claude-Marie Trémois, Télérama
"L'approche émotionnelle de Chahine donne au personnage pathétique de Saddika une force et une intensité impressionnantes. La fatalité du choléra mais aussi celle de la présence des Anglais rend dérisoire l'acharnement de la jeune femme à sauver son petit-fils. En mêlant avec un grand talent de longs plans descriptifs et quelques séquences très découpées et d'une grande violence, le cinéaste égyptien fait de ce Sixième jour une œuvre chaleureuse, d'une sincérité viscérale et qui évite tout didactisme pesant.
Dalida est absolument superbe de justesse et de sensibilité."
Gérard Camy, Jeune cinéma
"... Au sein de n’importe quelle situation, Chahine trouve toujours un centre de gravité émotionnel qui lui permet, sans s’embarrasser de " chevilles " inutiles ou de montage rassurant, de passer d’une idée à son contraire, de l’ensemble au détail, du trivial au compassé ou de l’individuel au collectif. Rien de moins illustratif, de moins guetté par l’académisme que son cinéma. Chahine -situation unique- aura accompagné le cinéma égyptien comme Saddiqa son enfant : vers la mer, vers la tentation d’autre chose. Mais c’est bien le cinéma égyptien qu’il a accompagné, celui qu’il a pratiqué et qui l’a fait ce qu’il est, celui du mélo social. Il n’aura pas rêvé comme Shadi Abdessalam, d’un cinéma égyptien repris " à la base ", il aura complété le tableau et chargé le bateau jusqu’à la surcharge. En ce sens, le Sixième jour est aussi un art poétique."
Serge Daney, Libération
Sources :
http://www.universcine.com
http://www.lexpress.fr
http://cinema.encyclopedie.personnalites.bifi.fr
http://www.cineclubdecaen.com
http://expatriato.blogspot.com
http://www.evene.fr
http://www.hibamusic.com/Egypt
http://www.notrecinema.com
http://www.cinemovies.fr
http://fr.wikipedia.org
http://www.dalida.com
http://www.imdb.fr
http://www.lefigaro.fr/cinema
http://www.sacem.fr