Je ne veux parler que de cinéma, pourquoi parler d'autre chose ? Avec le cinéma on parle de tout, on arrive à tout. Jean Luc Godard
Saint Gaudens
Les classiques sur grand écran.
Réalisé par Michael Mann
Avec James Caan, Tuesday Weld, Willie Nelson,
James Belushi, Dennis Farina, William L. Petersen,
Robert Prosky, Tom Signorelli, Del Close, Bruce A. Young
Genre Policier, Drame
Titre original Thief
Production Américaine
Date de sortie 1981
Le film est basé sur le roman The Home Invaders: Confessions of a Cat Burglar de Frank Hohimer, nom de plume de John Seybold (1923-2005), un voleur de bijoux, qui, au moment du tournage, était encore en prison.... Son ouvrage est en quelque sorte le manuel du parfait cambriolage.
Thief marque les débuts de Michael Mann cinéaste.
Michael Mann est un anti-conformiste. Né en Amérique et éduqué en Europe, son cinéma est imprégné de cette double sensibilité. Ses premières publicités lui permettent très vite de se familiariser avec la technique, la composition des cadres, les ellipses, le montage, la rapidité d'exécution et l'esthétique. Ses documentaires, Insurrection, Janpuri et 17 Days Down the Line, lui procurent le goût de la mise en scène, de l'observation de l'être humain et du réalisme. Le metteur en scène, qui s'est également illustré pour la télévision, avec The Jericho Mile et dans la série Sergent Anderson pour laquelle il réalisa l'épisode The Buttercup Killer commence sa carrière au cinéma avec un polar, l'un de ses genres de prédilection, où il s'illustrera notamment avec Heat. Notons également ...
Thief est un thriller de référence avec un excellent James Caan et de brillants nouveaux venus tels que James Belushi, qui n'était pas officiellement crédité dans Furie de Brian De Palma, ou William Petersen. Mais également Bruce A. Young, qui interprète ici l'un des mécaniciens. Et également du premier rôle au cinéma de Robert Prosky, alors âgé de 50 ans au moment du tournage, qui était un acteur réputé de théâtre et de télévision. Dennis Farina fait également ses débuts, en tant qu'acteur, dans ce film.
Thief marque ainsi leurs premiers vrais rôles au cinéma.
Synopsis
Frank (James Caan) a passé sa jeunesse en prison, où règne la violence et l’arbitraire. Il se démarque de ces repris de justice ordinaires qui sortent de prison avec l’intention de s’intégrer sans encombre dans la vie civile.
Pendant la journée, il répare et vend des voitures.
La nuit, il est braqueur professionnel non sans talent. Sa capacité de casseur attire à la fois l’attention de la police et celle de la mafia, deux organisations dont les collusions ne favorisent pas les individualistes.
Son garage lui rapporterait assez pour bien vivre. Mais, ayant vécu l’enfer, il a été violé par un pervers en prison et n’a pu survivre qu’en choisissant de tuer son tortionnaire, il croit que rien d’autre ne peut le protéger, exception faite de la richesse.
Leo (Robert Prosky), un chef du milieu, fait tuer un des collaborateurs de Frank pour forcer celui-ci à percer pour lui le coffre de la Banque de Californie contre une participation substantielle au butin, des diamants.
Amoureux de la blonde Jessie (Tuesday Weld), Frank veut fonder une famille avec elle. Mais celle-ci ne peut pas avoir d’enfants et Frank, qui est repris de justice, n’a pas le droit d’en adopter. Ce n’est pas un problème pour Leo qui peut tout acheter y compris un bébé; il fournit aussi à son partenaire, en lui forçant quelque peu la main, une maison de haut standing.
Mais sous l'influence néfaste de Leo, Frank se laisse corrompre pensant que ses problèmes d'argent seront ainsi résolus.
Dans ce monde sans repères, Frank n'a que deux appuis, Okla (Willie Nelson), qui fut son mentor en prison, et finira ses jours derrière les barreaux, et Jessie.
Bien évidemment, sa version du rêve américain tourne au cauchemar, et Frank perd à la fois sa femme, sa liberté, son indépendance et son rêve.
Pour préparer Le Solitaire, Michael Mann s'est entouré d'authentiques voleurs et officiers de l'ordre à qui il a d'ailleurs occasionnellement donné quelques rôles, essentiellement à contre-emploi, à l'image de Dennis Farina, policier dans le civil, mais criminel devant la caméra du réalisateur.
Michael Mann se voit rapidement offrir un budget de huit millions de dollars pour mettre en scène le sujet de son choix. Après s'être assuré du contrôle total du projet et avoir réclamé le director's cut, le réalisateur décide de réaliser un scénario qu'il vient d'écrire.
Dans la scène d'ouverture, c'est un vrai coffre-fort estimé à 10 000 dollars que fracture James Caan à l'aide d'outils eux aussi authentiques fournis par l'ex-braqueur John Santucci, devenu conseiller technique sur le film et qui incarne, dans le même temps, un ripou de la police.
Il faudrait détailler chaque séquence du film pour mettre en valeur la singularité et la beauté que Michael Mann confère à ces situations classiques. La caméra filme les carrosseries des voitures comme autant de miroirs qui renvoient des images factices de la vie. Images dénaturées qui nous plongent dans un monde, loin d'être idéal.
La demande en mariage de Frank à Jessie est l'une des plus belles scènes d'amour que l'on puisse imaginer.
Les deux comédiens, James Caan, brutal, à la fois sûr de lui, fragile et émouvant quand il narre son passage en prison et la magnifique Tuesday Weld méfiante et prête à céder, sont au sommet de leur art. Au lieu de les laisser dans un lieu unique, Michael Mann les fait passer d'une voiture à un bar désert, accroissant la tension, mettant à nu le désir farouche de rompre la solitude.
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Dans cette scène où Frank cherche à convaincre Jessie de le suivre dans son univers et dans ses rêves, tout entier réduits à un montage photographique sur une table, au milieu de leur long échange champs contre-champs captivant, traduit sans doute une capacité de projection chez les personnages et un oubli quasi poétique d’eux-même.
Un temps long aussi qui est sans doute plus particulièrement propre à cette première partie de carrière, miraculeuse, de Michael Mann.
Dès ce premier film, le réalisateur met la nuit au service de sa mise en scène : les lumières, les distances, la différence entre l'intérieur et l'extérieur sont déformées, abolies ou renversées, Michael Mann fait parti de ces réalisateurs qui savent filmer une ville de nuit d'une façon toute particulière et toujours parfaitement réussie. La violente lumière des néons associée au brouillard forcé, rendent le revêtement des rues d'une couleur noire et mate qui restera présente dans l'ensemble de sa filmographie. Donald E. Thorin, directeur de la photographie, pour la première fois, donne une puissance de son art, toute particulière, dans ce film.
Peu de metteurs en scène sont en mesure de traiter avec la même réussite une séquence amoureuse et un casse. Michael Mann en est capable, avec l'aide de cambrioleurs comme conseillers technique. Cette alliance d'une précision documentaire et d'une stylisation dynamique donne au Solitaire une énergie foudroyante.
Enfin, si Le Solitaire se détache aussi nettement de la production de ces années-là, c'est aussi par la musique de Tangerine Dream. Le groupe allemand, alors encore inconnu aux États-Unis, a composé une partition au synthétiseur qui fait gronder les menaces du destin, tout en évitant les clichés jazz ou rock en usage à l'époque.
Sources :
http://www.culturopoing.com - Guillaume Bryon
http://www.lemonde.fr - Thomas Sotinel
http://archive.filmdeculte.com
http://www.allocine.fr