Je ne veux parler que de cinéma, pourquoi parler d'autre chose ? Avec le cinéma on parle de tout, on arrive à tout. Jean Luc Godard
Date de reprise 12 décembre 2012
Réalisé par Fred Zinnemann
Avec Gary Cooper, Thomas Mitchell, Lloyd Bridges, Katy Jurado,
Grace Kelly, Otto Kruger, Lon Chaney Jr., Harry Morgan,
Ian MacDonald, Eve McVeagh, Morgan Farley
Genre Western, Drame
Titre original High Noon
Production Américaine 1952
Golden Globe 1953
- Meilleur acteur pour Gary Cooper
- Meilleure actrice dans un second rôle pour Katy Jurado
- Meilleure musique pour Dimitri Tiomkin
- Meilleure photo en noir et blanc Floyd Crosby
Oscars 1953
Meilleur acteur pour Gary Cooper
Oscar du meilleur montage pour Elmo Williams
Oscar de la meilleure musique pour Dimitri Tiomkin
et Meilleure chanson pour Ned Washington
Pour son réalisateur Fred Zinnemann, High Noon est composé de trois éléments visuels récurrents : tout d'abord, le plan fixe sur la voie ferrée, qui signifie la menace attendue. Ensuite, le parcours désespéré du shérif qui cherche de l'aide dans toute la ville. Enfin, les horloges, de plus en plus grosses à l'image et de plus en plus souvent montrées au fur et à mesure que la menace se rapproche.
Le film est une dénonciation du maccarthisme, l’attitude des habitants de la ville étant censée être le reflet de celle des professionnels du cinéma qui dénonçaient leurs collègues.
Le titre original du film joue sur le double sens de l'expression high noon. Au sens propre, elle signifie plein midi, mais au sens figuré elle désigne l'heure de vérité.
Le scénario de Carl Foreman est inspiré de la nouvelle The Tin Star de John W. Cunningham.
Carl Foreman fut placé sur la liste noire peu après sa sortie. En 1969, lors d’un entretien avec Bertrand Tavernier pour le N°102 de Positif, Carl Foreman décrivait ainsi la genèse de son scénario pour High Noon : "Au début, quand j'ai écrit le scénario, je voulais en faire une parabole sur l'ONU. Mais tout à coup, la menace de la Commission des Activités Anti-américaines s'est précisée. Ils se dirigeaient vers Hollywood [ ...] Et la peur a commencé à grandir, une peur insidieuse qui envahit peu à peu toute la ville. J'ai décidé alors de changer d'optique et d'écrire une parabole sur Hollywood et la maccarthysme. Pendant la fabrication du film, je reçus un petit papier rose me convoquant devant la commission et je me suis trouvé rapidement dans la situation de Gary Cooper. Mes amis m'évitaient. Quand je voulais voir quelqu'un, il n'était pas là... je n'ai plus eu qu'à transposer certains dialogues dans un cadre de western pour obtenir High Noon."
Grace Kelly, Gary Cooper et Katy Jurado
Le train sifflera trois fois constitue la première apparition au cinéma de Lee Van Cleef, mais son rôle est muet. C'est aussi le premier grand rôle de Grace Kelly.
Pour l'historien du cinéma Leonard Maltin, "High Noon se démarque complètement des westerns de l'époque : le héros admet avoir peur, le film ne comporte que très peu de scènes d'action exception faîte à la fin, et il est tourné en noir et blanc, ce qui était rarissime pour les westerns en 1952. D'autres éléments distinguent ce film des autres westerns : une bande son dépouillée, une image très sobre, un ciel laiteux." Le train sifflera trois fois se déroule approximativement en temps réel, comme l'illustrent les plans récurrents montrant le cadran de l'horloge du bureau du shérif. L'action du film débute en effet à 10 h 40 pour se terminer peu après midi, et sa durée est de 85 minutes.
Le personnage d'Helen Ramírez interprété pat Katy Jurado n'était pas banal pour l'époque, puisqu'il s'agit d'une femme d'affaires mexicaine.
Synopsis
Un matin de juin 1875 dans l'Etat de New Mexico. A 10h30, dans la petite bourgade de Hadleyville, le Marshall Will Kane (Gary Cooper) vient de passer l’alliance au doigt d’une jeune et jolie Quaker, Amy (Grace Kelly). Alors qu'au grand soulagement de son épouse non-violente, il doit raccrocher ses armes et rendre son insigne étoilée le soir même, Will apprend l’imminent retour en ville de Frank Miller (Ian McDonald), un bandit qu’il avait jadis arrêté et envoyé en prison pour cinq ans. Frank Miller est en route pour Hadleyville avec la ferme intention de régler son compte à celui qui l'a conduit sous les verrous. Il doit d’ailleurs arriver par le train de midi tapante et trois de ses complices viennent l'attendre à la gare pour le soutenir dans sa vengeance.
Alors qu'ils s'étaient néanmoins décidés à quitter Hadleyville pour ouvrir une boutique dans une bourgade voisine, le couple Kane fait demi-tour, Will ne pensant pas pouvoir commencer une nouvelle vie sans s'être débarrassé de celui dont il pense qu'il le retrouvera où qu'il aille.
Malgré les supplications de sa jeune épouse, Kane est déterminé à attendre de pied ferme Miller et ses complices; il tente de recruter des hommes auprès des habitants de la ville. Mais, l'un après l'autre, chacun d'entre eux a une bonne excuse pour se dérober et refuser de lui venir en aide. Soit par lâcheté, intérêt, ou amitié pour le bandit. C’est donc seul qu’il devra livrer le combat face aux quatre hommes.
La tension et le danger s'accroissent de minute en minute...
À l'arrivée du train, les rues de la ville se désertent et se transforment en champ de bataille. Le combat se termine par la victoire du shérif.
Sans un mot pour ses concitoyens accourus pour le féliciter, il jettera à terre son étoile de shérif.
Le film est arrivé à un moment propice et le public lui a fait une immense ovation malgré le climat de suspicion qui régnait à l’époque, pour au final un western à l’inhabituelle notoriété, excepté en France où beaucoup firent au départ la fine bouche avant de suivre le mouvement. Il fut reconnu en France grâce, une fois de plus, à André Bazin. C’est bien le film de Fred Zinnemann qui aura donné une légitimité définitive au western, considéré depuis comme un genre pouvant prétendre être aussi adulte et sérieux que les autres. En ce sens il mérite effectivement la place qui est la sienne, d’une importance capitale dans l’histoire du western et du cinéma. Le train sifflera trois fois restera toujours l'un des westerns les plus renommés qui soit.
C’est tout à l'honneur de Carl Foreman d’avoir voulu écrire un salutaire et virulent pamphlet contre la chasse aux sorcières qui sévissait alors, contre la lâcheté d'une partie de ses concitoyens et amis. Carl Foreman était d’ailleurs tellement motivé par son sujet qu’il voulait même au départ le réaliser mais le studio refusa. Il offrit alors le bébé à son ami Richard Fleischer qui dut décliner pour cause de préparation d’un film qu’il allait tourner pour les studios Disney et qui ne serait autre que 20.000 lieues sous les mers. Gregory Peck refusa de son côté d’endosser la défroque de Kane prétextant avoir déjà tenu un rôle semblable dans The Gunfighter réalisé par Henry King en 1950; il eut peut-être plutôt peur d’un deuxième bide de la même ampleur, High Noon devant être lui aussi un western psychologique à petit budget. On le proposa donc à Gary Cooper, qui tomba amoureux du rôle au point d’accepter de n’être payé que le quart de son salaire habituel. Anecdote amusante; l'acteur n’aurait jamais vu dans ce film l'allégorie politique qu’il était censé être; alors, info ou intox ?
Il faut dire à sa décharge qu’il n’y a pas besoin de s’en rendre compte pour apprécier ou non le film, l'histoire pouvant parfaitement bien fonctionner au premier degré.
Katy Jurado et Lloyd Bridges
Comme l'écrit Erick Maurel le 1er septembre 2012 pour dvdclassik, pas vraiment favorable à ce film, "des héros de westerns admettant avoir peur, il n'y en eut peut-être pas encore énormément avant Will Kane mais au moins un célébrissime quand même, le soldat joué par Audie Murphy dans The Red Badge of Courage de John Huston. Quelques mois avant High Noon, il y eut aussi Rod Cameron dans Fort Osage, sauf que cette série B n'a dû être vue que par quelques aficionados et que son acteur principal n'était pas forcément une grande star."
Pour lire sa critique complète, cliquez ici.
Le train sifflera 3 fois a toujours divisé les amateurs de westerns. Quelques-uns vitupèrent envers une trop grande simplicité et un manque d'action. En ce qui me concerne j'ai découvert ce film aux alentours de 1965. En pleine adolescence. Revu récemment, le plaisir est resté le même. J'y ai trouvé autant d'intensité et d'émotions. Gary Cooper est particulièrement impeccable en homme usé et amoindri. Si je respecte et comprends, en même temps, les critiques négatives émises par Erik Maurel, parfaitement expliquées il s'agit, peut-être, d'une seule question d'âge. Et des avis contraires, naissent le dialogue. Découvrir le cinéma américain avec des films comme Le train sifflera 3 fois en 1965 représentait à l'époque, non seulement une curiosité, mais également un vraie découverte et une véritable aventure que nous prenions plaisir de vivre pour nous emmener ailleurs !
Grace Kelly et Gary Cooper
Il est bon, en outre, de souligner que le très beau film de Howard Hawks, Rio Bravo est réalisé en 1959 comme une réponse au présent film de Fred Zinnemann. John Wayne, son acteur principal parlait de High Noon comme étant un film qui ne portait pas les valeurs de l'Amérique. Il est conu que John Wayne, Howard Hawks, et d'autres, étaient fièrement ancrés à ce que l'on pourrait appeler ici une certaine droite, pure et dure.
Beaucoup plus qu'un western, ce film se veut une parabole sur le courage individuel affronté à la lâcheté collective.
L'Ouest sauvage présente enfin un visage humain, sûrement plus proche de la réalité historique. Depuis l'époque héroïque de La chevauchée fantastique réalisé en 1939 par John Ford, le western a connu plusieurs mutations qui lui ont permis de survivre, en dépit d'un certain archaïsme, lié à sa forme et à son contenu.
Gary Cooper et Lloyd Bridges
Le genre s'est humanisé, poétisé; il a rompu avec les stéréotypes d'antan, renouvelé son folklore, affiné ses structures; en bref il est devenu adulte.
On a souvent parlé, hâtivement du propos du Train sifflera trois fois. C'est qu'ici scénario, personnages, cadre ne sont plus que prétextes à affrontements psychologiques, dotés d'une profondeur qu'ils ignoraient auparavant.
Le protagoniste cesse d'être le champion invincible à qui tout réussit; il est un être fragile, en butte à la couardise d'une communauté; le masque du virtuose de la gâchette craque pour laisser apparaitre le visage de l'homme seul, marqué par la peur et les doutes sur sa finalité de sa mission.
Sources :
http://www.cinemovies.fr
http://www.telerama.fr
http://www.toutlecine.com
http://cine-passion.voila.net
http://www.dvdclassik.com/critique - Erick Maurel
http://www.imdb.com
http://www.allocine.fr
http://fr.wikipedia.org