Réalisé par Benoît Jacquot
Avec Diane Kruger, Virginie Ledoyen, Léa Seydoux,
Noémie Lvovsky, Xavier Beauvois, Grégory Gadebois,
Luc Palun, Francis Leplay, Michel Robin,
Lolita Chammah, Julie-Marie Parmentier
Genre Historique
Production Française
Date de sortie 21 mars 2012
Les Adieux à la reine a été présenté en ouverture de la Berlinale 2012
César 2013
- Meilleure Photo Romain Winding
- Meilleurs Costumes Christian Gasc
- Meilleurs Décors Katia Wyszkop
Diane Kruger
Synopsis
En 1789, à l’aube de la Révolution, Versailles continue de vivre dans l’insouciance et la désinvolture, loin du tumulte qui gronde à Paris. Quand la nouvelle de la prise de la Bastille arrive à la Cour, le château se vide, nobles et serviteurs s’enfuient… Mais Sidonie Laborde, jeune lectrice entièrement dévouée à la Reine, ne veut pas croire les bruits qu’elle entend. Protégée par Marie-Antoinette, rien ne peut lui arriver. Elle ignore que ce sont les trois derniers jours qu’elle vit à ses côtés.
Léa Seydoux
Le film est tiré du roman éponyme de Chantal Thomas.
Pas étonnant, lorsqu'on sait que sur les vingt longs-métrages réalisés par le cinéaste Benoît Jacquot, dix d'entre eux sont des adaptations de romans ! Le réalisateur confesse ainsi que la littérature tient une place très importante dans son travail.
"En 2002, à l’occasion d’un débat autour d’"Adolphe", Antoine de Baecque, qui dirigeait alors les pages Culture de Libération nous avait réunis, Isabelle Adjani, Chantal Thomas et moi, pour parler des problèmes posés par l’adaptation littéraire, et nous avait offert, en préalable à la rencontre, “Les Adieux à la Reine”, le livre de Chantal, qui venait d’obtenir le prix Femina. En le lisant, j’avais immédiatement éprouvé le désir d’en faire un film", explique le réalisateur.
Diane Kruger et Xavier Beauvois
Une leçon d’histoire légèrement romancée sur les 14, 15 et 16 juillet 1789 à Versailles appréhendés à travers le regard de la seconde lectrice de la reine à la cour, nommée Sidonie Laborde. À la tête du royaume de France on retrouve Xavier Beauvois, à ses côtés Diane Kruger s’est glissée dans la peau de la reine, Léa Seydoux joue quant à elle le rôle de Sidonie, enfin Virginie Ledoyen celui de Gabrielle de Polignac.
Un passage du livre de Chantal Thomas, est sacrifié, celui de l’incroyable ballet de ceux qui partent et de ceux qui arrivent durant la nuit du 16 juillet. Des scènes irrésistibles.
L'auteure explique le parti pris du cnéaste : "On raconte toujours Paris durant la révolution. Jamais Versailles. Or Versailles était justement le point de départ de mon livre. J’adore cette idée que la conviction de certains royalistes ait été assez forte pour qu’ils se rendent à Versailles comme vers un refuge naturel, pendant que les autres s’enfuyaient. C’est un double mouvement ; très théâtral. Mais le parti pris de Benoit Jacquot est de ne jamais lâcher la lectrice. Elle joue le rôle d’un guide, tout est vu en fonction d’elle. Il lui devenait impossible de retenir ces allers et venues puisqu’elle n’y participe pas. La dimension religieuse apparaît également peu dans le film. La religion est pourtant l’une des grandes raisons qui expliquent que Louis XVI n’ait pas compris la révolution : il était hanté par l’idée de ne pas verser de sang et voulait à tout prix éviter une guerre civile. Et puis sa cour est en deuil. Celle du film est plus jeune, davantage dans l’incertitude des désirs. C’est cela qui rend le film si frémissant."
Virgine Ledoyen et Diane Kruger
Pierre Zéni, de Ciné+ premier.
Interview de toute l'équipe sur le tournage du film.
Pour ne pas tomber dans l'écueil d'un récit aux dimensions passéistes et surannées, Benoît Jacquot a fait le choix de positionner sa narration du point de vue de Sidonie, qui vit l'histoire au présent : "Faire partager sa perception au spectateur était une manière de rendre les choses les plus vivantes possibles", explique-t-il.
Virginie Ledoyen
Sidonie avait pour particularité d'être l'une des plus ferventes admiratrices de la Reine Marie-Antoinette. Le scénariste Gilles Taurand va même jusqu'à comparer cette figure historique à une "groupie" avant l'heure, qui ne vit "que par procuration" dans le but de plaire à Marie-Antoinette, idole pour laquelle elle renonce à tout.
Loin de l'image d'un Versailles fastueux et grandiose, Les Adieux à la reine montre un palais pourrissant et gangréné par le délabrement, reflet intérieur de la dégradation extérieure de tout un état. "Dans ses « Mémoires », Saint-Simon parvient presque à faire sentir les odeurs de latrines qui se dégageaient des lieux. Tout cela sous des lambris, des dorures et des lustres sans pareil au monde. Quelque chose de parfaitement répugnant, gangréné et pourrissant. Comme si l’état immobilier de Versailles augurait de l’écroulement du régime." mentionne Benoît Jacquot.
Peu de cinéastes ont le privilège de tourner à Versailles même. Mais le réalisateur des Adieux à la reine, Benoît Jacquot, admet avoir eu beaucoup de chance, puisqu'il a eu l'autorisation d'y installer ses équipes de tournage le lundi et les nuits. Selon lui, il était important qu'il obtienne cette possibilité car Versailles est un personnage de son film à part entière. N'aimant pas les répétitions, Benoît Jacquot a coutume de tourner rapidement, en donnant peu d'indications à ses acteurs, dont il favorise ainsi la liberté.
D'autres châteaux ont servi au tournage du film explique le réalisateur. "Trois principalement. La chambre de la Reine au Petit Trianon a été reconstituée à Maison Lafitte. Impossible de tourner dans la vraie, trop petite pour y mettre une caméra. Il a fallu la réinterpréter. Par contre, les abords de la chambre, l’escalier qui y mène, l’entrée et les abords du Petit Trianon ont vraiment été tournés au Petit Trianon. On a aussi tourné au château de Chantilly : c’est là qu’on a trouvé les grandes galeries où circulent les nobles qui sortent de leurs appartements minables."
Au sujet de la très belle lumière du film le réalisateur mentionne :
"Je la voulais à la fois très sophistiquée et très dramatique. J’avais déjà travaillé dans ce sens-là avec Romain Winding."
Romain Winding
mesurant la lumière, aux côtés de Benoît Jacquot et Diane Kruger. Photo Carole Bethuel
La musique originale du film est signée par Bruno Coulais
Les costumes sont des créations de Christian Gasc
Les décors de Katia Wyszkop
Interview de Diane Kruger à Berlin

Le film se déroule en une unité de temps assez réduite. Cette atmosphère de panique qui plonge les protagonistes dans l'urgence fait office d'accélérateur d'émotions : "Durant ces quatre jours, les protagonistes sont en état de bouleversement permanent. Sur un temps finalement très ramassé et dans le même espace – puisqu’on ne quitte Versailles qu’à la toute fin du film - ils traversent des étapes psychologiques extrêmement contrastées, émotionnellement très fortes". Ce procédé narratif permet à Benoît Jacquot d'instaurer une tension cinématographique qui sert l'aspect dramatique de son récit.
"C’est comme si, au centre de la toile, la reine des abeilles se mettait à gigoter en tous sens, prise d’une vibration qui atteint la ruche toute entière. Ces quatre jours déclenchent en elle une accélération folle des différents états qu’on a pu lui prêter au cours de sa vie - le temps de l’innocence, celui de la frivolité, puis un moment de quasi débauche pour finir par un moment de grande noblesse. C’est comme si tout se mélangeait. Elle passe sans transition de l’extrême frivolité à un état de grande clairvoyance, puis d’immense découragement. C’est météorologique. J’aime beaucoup cela. Sur un plateau, lorsque je donne des indications aux acteurs et aux actrices, elles sont presque toujours d’ordre météorologique. « C’est comme une éclaircie, un assombrissement, c’est le jour, c’est la nuit. » Une météorologie d’affects…" déclare Benoît Jacquot
Julie-Marie Parmentier et Léa Seydoux
Marie-Antoinette a été dépeinte de mille façons dans la fiction. Avec Les Adieux à la reine, Benoît Jacquot a voulu regrouper tous les aspects de sa personnalité en un film. Il décrit les variations de comportement de la Reine comme une "météorologie d'affects", poursuivant sur le fait qu'il donne souvent des indications de jeu sous forme de métaphore climatique à ses acteurs !
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La date de la prise de la Bastille reste gravée dans les annales. Dans Les Adieux à la reine, la nouvelle, qui se répand comme une trainée de poudre entre les murs du château, fait l'effet d'une bombe. En l'espace de quatre jours, c'est toute la monarchie qui se désagrège. Pour imager le propos, Benoît Jacquot compare Versailles au célèbre Titanic en déclarant : "C’est le Titanic, cette histoire ! Une espèce de navire considéré comme le plus beau bâtiment du monde qui soudain, en une nuit, commence à prendre l’eau, puis à couler, en déclenchant une panique formidable."
Le récit des Adieux à la reine se déroule en quatre jours, à l'aube de la Révolution française. Selon le producteur du film, Jean-Pierre Guérin, l'enjeu n'était pas de relater un fait historique, mais plutôt de voir en quoi la date de la prise de la Bastille marque une césure brutale entre l'Ancien Régime et la France moderne, au même titre que les attentats du 11 septembre.
Car si Benoît Jacquot, a gardé le principe du roman - la chute de Versailles racontée par la lectrice de Marie-Antoinette -, il a bien été obligé de faire des choix. Tout ne pouvait pas tenir dans un film de 1h40. Raison de plus pour relire "Les Adieux à la reine" et se faire son propre cinéma.
Ainsi, une des grandes scènes du livre, absente du film, c'est l'agonie de la ménagerie de Versailles, que commandait un ancien diplomate, le méphitique capitaine de Laroche. Le 14 juillet 1789, l'éléphant se noya dans l'étang, le lion se mit à peler, l'ours blanc chancela et les canards se sentirent mal. Marie-Antoinette, qui était une amie des bêtes, y vit un sinistre présage.
Autre scène écartée: l'éloquent petit déjeuner du roi qui, deux jours après la prise de la Bastille, engloutit des savates de veau, des oeufs à la moutarde, une pièce de boeuf, un hachis de gibier à la turque, un faisan d'eau, du foie de raie, des langues de lièvre et des poulets à la vestale. Au terme du festin, une femme en haillons jeta sur l'auguste table un rat mort en guise de dessert.
Enfin, si l'on voit les aristocrates, leurs domestiques et même les gardes-françaises déserter le château, le film oublie tous ceux qui, au contraire, viennent y chercher refuge. Mais quand la cour affligée fait le pied de grue, le 16 juillet, devant la Salle du Conseil où Louis XVI réunit ses ministres, Benoît Jacquot trouve un bel équivalent visuel à la métaphore magistrale de Chantal Thomas: "Les pleureurs sans larmes de cet enterrement sans convoi funèbre." On a compris que "Les Adieux à la reine", c'est à voir et c'est à lire.
Jérôme Garcin pour http://bibliobs.nouvelobs.com 22 mars 2012.
Sources :
http://www.cinemovies.fr
http://www.allocine.fr
http://www.canalplus.fr
http://www.evene.fr
http://www.imdb.fr
http://www.afcinema.com
http://www.parismatch.com
http://videos.arte.tv