Je ne veux parler que de cinéma, pourquoi parler d'autre chose ? Avec le cinéma on parle de tout, on arrive à tout. Jean Luc Godard
Réalisé par Alejandro Amenábar
Avec Javier Bardem, Belén Rueda, Lola Dueñas,
Mabel Rivera, Celso Bugallo, Clara Segura, Joan Dalmau,
Alberto Jiménez, Tamar Novas, Francesc Garrido, José María Pou
Genre Drame
Production Espagnole
Mar adentro est tiré d'une histoire vraie. Celle de Ramón Sampedro, devenu tétraplégique à la suite d'un accident, et qui s'est battu durant vingt-neuf ans pour le droit à l'euthanasie. Au terme d'une longue bataille juridique qui ne lui permit pas d'avoir gain de cause, Ramón Sampedro décida de mettre lui-même un terme à ses souffrances. Le 12 janvier 1998, grâce à l'aide de onze amis, il se donne la mort. Aucun de ses "complices" ne fut accusé, car Ramón Sampedro brouilla habilement les pistes, chacun ayant une mission secrète ne l'impliquant pas de façon certaine dans la mort de leur ami : l'un avait les clefs de son domicile, l'autre acheta le cyanure, le suivant plaça le verre sur la table de nuit, le quatrième plongea la paille et ainsi de suite jusqu'au dernier qui filma Ramón, sourire aux lèvres, quelques secondes avant sa mort.
Ramón Sampedro et Ramona Maneiro
(Photo Daniel Rodríguez)
Son amie Ramona Maneiro a été arrêtée quelques jours après son décès mais n'a pas été condamnée par manque des preuves. Sept ans après, dès que le délit eut été prescrit, Ramona a admis dans une émission de télévision avoir facilité à Ramón l'accès au poison ayant causé sa mort et avoir enregistré la vidéo où celui-ci a prononcé ses derniers mots.
Mar adentro a reçu deux récompenses lors de la 61e Mostra de Venise
- Le Lion d'Argent - Grand Prix du Jury
- La Coupe Volpi Meilleure interprétation masculine pour Javier Bardem.
Il a également reçu deux récompenses aux Prix du cinéma européen 2004 :
- Meilleur réalisateur
- Meilleur acteur.
Mar adentro triomphe sur ses terres.
Le long-métrage d'Alejandro Amenabar, qui aborde le délicat thème de l'euthanasie, vient de réussir une performance impressionnante lors des 19e Goya en remportant 14 trophées sur... 15 nominations !
- Meilleur Film pour Alejandro Amenabar
- Meilleure Mise en scène Alejandro Amenabar
- Meilleur Acteur Javier Bardem
- Meilleure Actrice Lola Dueñas
- Meilleur Scénario original Alejandro Amenabar et Mateo Gil
- Meilleur Révélation masculine Tamar Novas
- Meilleure Révélation féminine Belén Rueda
- Meilleur Second rôle masculin Celso Bugallo
- Meilleur Second rôle féminin Mabel Rivera
- Meilleure Photographie Javier Aguirresarobe
- Meilleure Direction de production
- Meilleur Son
- Meilleure Musique
- Meilleur Maquillage
Mar adentro a effectué une incroyable main-mise sur la cérémonie.
Un plébiscite de la profession qui vient rejoindre le plébiscite public.
Mar adentro a en outre été choisi par l'Académie Cinématographique Espagnole pour représenter l'Espagne dans la catégorie Meilleur film étranger des Oscars 2005.
Le 16 janvier 2005,
Mar adentro remporte le Golden Globe du Meilleur film étranger.
Synopsis
A la suite d'un accident dont il a été victime dans sa jeunesse, l'ancien marin, las de réclamer ce qu'il considérait comme un droit, avait en effet organisé son départ de façon à ce qu'aucun de ses proches ne puisse être poursuivi. Au moment du tournage, Ramón ne peut plus bouger que la tête. "Enfermé dans son corps", il vit depuis presque trente ans prostré dans un lit. Sa seule ouverture sur le monde est la fenêtre de sa chambre à travers laquelle il "voyage" jusqu'à la mer toute proche ; cette mer qui lui a tant donné et tout repris.
Pourtant très entouré par sa famille, Ramón n'a plus qu'un seul désir : pouvoir décider de sa propre mort et terminer sa vie dans la dignité...
Après 28 ans passés dans un lit, sans pouvoir bouger les jambes ni les bras, il veut mourir. Cependant, la loi espagnole n'autorise pas l'euthanasie active. Afin de partir dans la dignité sans forcer ses proches ou des médecins à commettre un acte criminel, Ramón engage Julia, une avocate, et entame une bataille juridique visant à faire évoluer la loi. Julia prend très à coeur ce combat, car elle est atteinte d'une maladie dégénérative qui la mènera tôt ou tard à la paralysie. Ramón doit aussi convaincre ses proches, qui l'entourent de toute leur affection et prennent soin de lui depuis l'accident..
Le cinéaste espagnol Alejandro Amenábar se souvient du jour où il a découvert le destin hors-du-commun de son compatriote : "J'ai lu le livre de Ramon Sampedro il y a quelques années et, peut-être parce qu'il traitait de la mort, où à cause de sa façon de s'exprimer, j'ai découvert un discours auquel j'ai vraiment accroché. J'ai fait mes recherches dans son entourage et j'ai compris que j'avais encore plus de raisons de porter cette histoire à l'écran. Que l'histoire de Ramón méritait d'être racontée."
Mar adentro est un film dans lequel la mort est très présente. Mais un film également très lumineux. Alejandro Amenábar explique : "Il y avait le paradoxe de Ramón : qu'une personne si pleine de vie et qui s'entendait tellement bien avec les autres soit en quête de la mort. La mort est un thème récurrent dans mes films mais, si Les Autres était un portrait de famille vu sous un angle obscur, du point de vue de la mort, Mar adentro est une approche de la mort vue sous l'angle de la vie, du quotidien, du naturel, une approche très lumineuse."
Pour le réalisateur Alejandro Amenábar, choisir le comédien Javier Bardem pour incarner à l'écran Ramón Sampedro représentait un challenge très risqué. "Javier peut sembler l'acteur le plus indiqué et le moins indiqué pour faire ce film", explique-t-il. "Le moins indiqué parce qu'il n'a ni le physique ni l'âge requis pour ce rôle, et qu'il ne parlait pas galicien. Le plus indiqué parce qu'il est selon moi un monstre sacré de l'interprétation et pas l'un des meilleurs, mais bien le meilleur acteur du pays. Voilà quel était le véritable défi. (...) Il a énormément travaillé sur sa voix et sa gestuelle. Il était le plus apte à se rapprocher ainsi de la réalité parce qu'il a en lui cette magie qui sublime le texte, qui vous fait oublier que derrière tout cela il y a un scénario mémorisé par un acteur. On a l'impression qu'il improvise constamment."
Javier Bardem rend un vibrant hommage à Ramón Sampedro. L'acteur avoue avoir été surpris
"par le naturel avec lequel il parlait de sujets si forts : l'amour, la mort, la vie, le sexe. Il parlait avec le recul de celui qui a réflechi à tout cela pendant vingt-huit ans. En un sens, c'était un illuminé cela n'empêchait pas qu'il soit une personne simple qui ne faisait l'apologie de rien. C'était un marin qui avait construit cette intellectualité à force de volonté car, dans une situation comme la sienne, lire et écrire était très difficile. Ce mélange entre ce qui est intellectuel et construit, d'une part, et ce qui est simple et terre à terre, d'autre part, m'a paru très intéressant." Et de conclure sur sa vision du film : "C'est une histoire qui parle d'amour et de la résignation à ne pas posséder ce que nous voulons. L'histoire d'une personne dont le seul Dieu est sa conscience, ce qui rend l'homme plus libre et plus humain."
Pour le réalisateur Alejandro Amenábar, la mer, élément important du film, "communique un sentiment d'évasion. (...) L'expérience de Ramón s'apparente à une tentative d'évasion, de voyage, que l'on retrouve également dans l'expérience cinématographique."
Le titre Mar adentro, qui peut se traduire en français aussi bien par "mer intérieure" que par "grand large", reflète dans sa dualité le tour de force accompli par Alejandro Amenábar et Javier Bardem. Par la rigueur de la mise en scène et du jeu, irrigués d'une émotion constante mais jamais mélodramatique, ils parviennent à raconter avec une extraordinaire vitalité cette existence immobile, confinée dans l'espace clos d'une chambre. Comme la mer qu'il aime tant - même si elle l'a cruellement traité - berce Ramón en permanence, l'énergie de l'amour et l'amour de la vie portent ce film tourné vers la mort. La performance de Javier Bardem, âgé de 35 ans au moment du tornage, est vieilli d'une bonne vingtaine d'années et a quelque peu éclipsé le reste de la distribution, mais tous les interprètes se montrent à l'unisson de sa justesse.
Alejandro Amenábar comme Javier Bardem furent obsédés tous deux par la crainte de trahir leur modèle. Mais c'est avec la liberté de véritables artistes qu'ils ont su s'emparer de son histoire.
Le titre Mar adentro est tiré du poème du même nom écrit par Ramón Sampedro, et dont la traduction littérale en français est "Au loin, au plus profond". Ci-dessous, l'intégralité du texte rédigé par l'Espagnol :
Au loin, Au plus profond
et dans l'apesanteur du fond
où se réalisent les rêves,
s'unissent deux volontés
pour accomplir un désir.
Un baiser embrase la vie
En un éclair, un coup de tonnerre,
et par une métamorphose
mon corps n'est déjà plus mon corps ;
c'est comme pénétrer au centre de l'univers.
L'étreinte la plus puérile,
et le plus pur des baisers,
jusqu'à nous voir réduits
en un unique désir.
Ton regard et mon regard
comme un écho qui se répète, sans aucune parole :
encore plus loin, au plus profond
jusqu'à l'au-delà absolu
par le sang et par les os.
Mais toujours je me réveille
et toujours, je veux être mort
pour continuer avec ma bouche
emmêlée dans tes cheveux.
Sans sombrer dans le pathos et l'apitoiement, Alejandro Amenábar filme la vie de Ramón Sampedro, incarné par un exceptionnel Javier Bardem, sans pathos inutile ni force d'apitoiement extrême. La magnifique réalisation, tout en étant d'une grande émotion, reste très pudique et grâce à celà nous pénétrons dans l'intime de cet homme et se son choix d'en finir qu'il décide en souraint.
Pour incarner le personnage de Ramón Sampedro, Javier Bardem dut supporter la pression de cinq heures quotidiennes de maquillage en moyenne, ainsi que les limites imposées par le handicap de son personnage : l'impossibilité de bouger et la nécessité de s'exprimer par la voix et le regard. Alejandro Amenábar :
"J'ai déjà dit à Javier plusieurs fois que j'allais lui faire ériger un monument. Il a été l'âme du film. (...) Il ne s'est jamais plaint de quoi que ce soit. Je voulais que les acteurs passent un bon moment pendant le tournage et Javier a largement contribué à créer cette ambiance."
Sources :
http://www.allocine.fr
http://videos.arte.tv
http://www.spainisculture.com
http://www.elmundo.e
http://alexandrestojkovic.blogspot.fr