Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Je ne veux parler que de cinéma, pourquoi parler d'autre chose ? Avec le cinéma on parle de tout, on arrive à tout. Jean Luc Godard

Mort à Venise "Morte a Venezia"

 

 

Collection Christophe L.
.
Réalisé par Luchino Visconti
 
Avec Dirk Bogarde, Silvana Mangano, Marisa Berenson, Bjorn Andresen,
Romolo Valli,  Franco Fabrizi, Carole André, Dominique Darel,

Titre original : Morte a Venezia

Long-métrage italien
Genre Drame
 
 Année de production : 1971
.
.
Synopsis :
.
Un compositeur vieillissant vient chercher à Venise une atmosphère propice à l'épanouissement de son art. N'y trouvant aucune inspiration, sa passion se réveille à la vue d'un jeune adolescent.
   
.
 Mort à Venise de Luchino Visconti est l’un des chefs-d’œuvre du 7ème Art. Sa rediffusion sur ARTE nous donne l’occasion de nous pencher plus en avant sur ce film à la fois lumineux, complexe et dépouillé. Cette œuvre cinématographique précise aussi la volonté artistique d’un cinéaste qui se réfère à l’adaptation littéraire tout en créant un univers qui lui est propre.
.
Le livre
.
Thomas Mann fit la lecture de Schopenhauer à l’âge de vingt ans. Ce fut pour lui une saisissante révélation. "De ce jour, il admit le pessimisme foncier qui voit la vie cruelle et le monde mauvais, qui renonce d’emblée à introduire dans le réel de la justice, et qui s’enivre des mélodies de la mort et de la fascination du néant" écrit Geneviève Bianquis.

En 1913, il produit une petite nouvelle : "La Mort à Venise". Le personnage principal est un romancier dont le caractère lui ressemble beaucoup, à l’énergie triste et qui connaît la fascination mortelle que peut exercer la beauté physique, la même que Platen a chanté dans des vers célèbres (en exergue dans le film de Visconti) :
Celui dont les yeux ont vu la Beauté
A la Mort dès lors est prédestiné.
 .

Ainsi Gustav Von Aschenbach est un homme passif, saisi soudainement par une passion folle et fatale lorsque, sur la plage du Lido, parait un gracieux adolescent polonais répondant au nom de Tadzio. Dans le roman, Aschenbach est épouvanté de ce qui lui arrive et s’en excuse. Jamais il n’osera aborder l’enfant qui n’a de son coté, que des regards étonnés pour le vieil homme.



A Venise, en même temps, le Sirocco souffle la mort.
Béat de contemplation, Aschenbach ne voit pas que le Grand Hôtel Des Bains, dans lequel il séjourne, se dépeuple face aux dangers d’une épidémie de choléra. Et c’est dans un dernier sourire qu’il meurt en admirant une fois encore l’enfant face à la mer.





En 1970, époque où Visconti considère le "monde d’aujourd’hui", "laid, si gris, et le monde à venir horrible, ignoble", il prépare l’adaptation de la nouvelle de Thomas Mann, un auteur dont il n’ignorait rien et qu’il rencontra en 1951.

.
L’écrivain allemand lui expliqua que "La Mort à Venise" était la fidèle transcription de souvenirs personnels :
"Rien n’est inventé, lui dit-il, le voyageur dans le cimetière de Munich, le sombre bateau pour venir de l’Ile de Pola, le vieux dandy, le gondolier suspect, Tadzio et sa famille, le départ manqué à cause des bagages égarés, le choléra, l’employé du bureau de voyages qui avoua la vérité, le saltimbanque, méchant, que sais-je… Tout était vrai... L’histoire est essentiellement une histoire de mort, mort considérée comme une force de séduction et d’immortalité, une histoire sur le désir de la mort. Cependant le problème qui m’intéressait surtout était celui de l’ambiguïté de l’artiste, la tragédie de la maîtrise de son Art. La passion comme désordre et dégradation était le vrai sujet de ma fiction. Ce que je voulais raconter à l’origine n’avait rien d’homosexuel ; c’était l’histoire du dernier amour de Goethe à soixante dix ans, pour une jeune fille de Marienbad : Une histoire méchante, belle, grotesque, dérangeante qui est devenue "La Mort à Venise". A cela s’est ajoutée l’expérience de ce voyage lyrique et personnel qui m’a décidé à pousser les. choses à l’extrême en introduisant le thème de l’amour interdit. Le fait érotique est ici une aventure anti-bourgeoise, à la fois sensuelle et spirituelle. Stefan George a dit que dans "La Mort à Venise" tout ce qu’il y de plus haut est abaissé à devenir décadent et il a raison".

En écrivant cette histoire Thomas Mann avait pour habitude de suivre chaque jour les bulletins de santé de Gustav Malher publiés dans le journal. L’écrivain s’est inspiré du musicien pour forger le caractère de son personnage qu’il affubla du même prénom : Gustav. Thomas Mann avait été très impressionné par Mahler qu’il rencontra et dont il dit, par la suite, « en lui s’incarne la volonté artistique la plus sévère et la plus sacrée de notre temps".
.
Le film

"L’auteur d’une oeuvre cinématographique est l’auteur d’une oeuvre en soi. La page écrite n’est qu’un point de départ. C’est un non-sens que de demander à un réalisateur de film une fidélité absolue au texte littéraire". (Luchino Visconti)
.
.
En 1971, avec  Mort à Venise, Visconti réalise un film qui, même s’il reste relativement proche de la nouvelle, apporte des nuances importantes. Enumérons-les rapidement :

Visconti choisit tout d’abord de faire de Gustav Aschenbach non plus un écrivain mais un musicien. Le point de départ fondamental à ce changement c’est l’idée du réalisateur selon laquelle un musicien est plus "représentable" au cinéma qu’un homme de lettre puisqu’il est toujours possible de faire entendre la musique d’un compositeur alors qu’on est obligé de recourir à des "expédients fastidieux" et "peu expressifs" comme la voix "off" pour un écrivain. Ainsi outre Aschenbach et Tadzio apparaît un troisième "actant": L’adagietto de la Cinquième Symphonie de Mahler. Le choix fut d’autant plus évident que la relation Mann-Mahler était clairement établie.  
  
Deuxième écart avec la nouvelle, le cinéaste inclut des "flash-backs" dialogués, le reste du film ne l’est pratiquement pas, dans lesquels s’opposent Aschenbach et son ami Alfried sur leurs conceptions différentes de la création artistique. Ces réflexions sont clairectement empruntées au "Docteur Faustus" de Thomas Mann.

Enfin, dernier grand changement dans le film, le jeune polonais contemplé répond aux regards d’Aschenbach alors que la nouvelle excluait tout sentiment de complicité entre l’artiste et l’enfant.

Si on ne tient pas compte du fait que Luchino Visconti élimine les premières pages du roman (on y trouve Aschenbach perdu dans ses pensées à Munich et ressentant le besoin de s’évader), le film débutant sur l’arrivée à Venise, toutes ces modifications ont une réelle importance et nous révèle d’autant plus clairement l’appréciation "viscontienne" du concept de Décadence.






Dans le film la révélation, c’est Tadzio.




Pour symboliser cet idéal, Visconti devait pour son film trouver l’individu adéquat. Il fit un casting extraordinaire, dans toutes les villes d’Europe Centrale et du Nord, de Budapest à Helsinki, jusqu’à ce qu’enfin, à Stockholm, se présente à lui Björn Andresen, un adolescent de 15 ans qui lui semble fait pour le rôle.
 
Dirk Bogarde rapporte des impression intéressantes du tournage :

"J’ai ressenti, moi même quelque chose de bizarre.
Quand j’ai vu la première fois Andresen, dans le salon de l’Hôtel Des Bains…C’était l’Ange de la Mort ! II était en face de moi! Dès lors j’ai gardé le silence tout le temps, je ne parlais avec personne, j’étais complètement seul, tous les jours, tous les soirs. Avec Von Aschenbach j’ai découvert une énorme tristesse, profonde".




Extrait article Olivier Bombarda pour http://www.arte.tv


 

Sources :

Sources :

http://www.allocine.fr

http://www.arte.tv

Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
T
super et merci bel article
Répondre