Je ne veux parler que de cinéma, pourquoi parler d'autre chose ? Avec le cinéma on parle de tout, on arrive à tout. Jean Luc Godard
a
Date de sortie cinéma : 28 septembre 2011
Réalisé par Gaël Morel
Avec Stéphane Rideau, Dimitri Durdaine, Béatrice Dalle,
Didier Flamand, Jean-Christophe Bouvet, Raymonde Bronstein,
Malik Issolah, Mathis Morisset
Long-métrage français.
Genre : Drame
Stéphane Rideau et Dimitri Durdaine
Synopsis :
Vassili, (Stéphane Rideau) prostitué vieillissant aux pulsions criminelles, trouve un jeune homme inanimé dans le Bois de Boulogne et le recueille chez lui. Les deux hommes, devenus complices et amants, se prostituent ensemble et volent leurs clients.
Mais peu à peu, l’étau se resserre suite aux menaces de représailles et le couple doit fuir Paris précipitamment.
La cavale commence …
Dimitri Durdaine et Stéphane Rideau
Focus sur Gaël Morel
Il grandit dans un petit village de la région lyonnaise. Membre d'un Jury Jeunes au Festival de Cannes à 18 ans, il se destine à la mise en scène. Mais André Téchiné lui propose de jouer l'un des rôles principaux dans Les Roseaux sauvages, celui de François, ado introverti et tourmenté, entre les fracas de la guerre de l'Algérie et la découverte de l'homosexualité, un personnage dans lequel le réalisateur a mis beaucoup de lui-même.
On le verra ensuite en étudiant dans Le Plus Bel Âge et Zonzon tous deux en 1998, et dans Loin d'André Téchiné réalisé en 2001.
Très lié aux acteurs qui furent ses partenaires dans Les Roseaux sauvages, Gaël Morel fait de Stéphane Rideau le héros de son premier court métrage, La Vie à rebours Réalisé en 1994 mais aussi de son premier long,
À toute vitesse en 1996 , dans lequel on retrouve aussi Élodie Bouchez. Portrait d'une jeunesse tourmentée, ce film est présenté à Cannes dans la section Cinémas en France.
Après un téléfilm réalisé pour Arte, Premières neiges,
il part en Algérie tourner son deuxième opus, Les Chemins de l'Oued, réflexion sur le trouble identitaire et les troubles politiques.
En 2004, il dresse avec Le Clan un état de la condition humaine.
Pour son quatrième long métrage, Gaël Morel dirige Catherine Deneuve.
Après lui, un film sur le deuil
présenté à la Quinzaine des Réalisateurs en 2007,
En 2008 Arte diffuse son second téléfilm, réalisé en 2007, New Wave.
Le 7 avril 2009, il co-signe une lettre ouverte contre la loi Hadopi.
C'est la quatrième fois que Gaël Morel dirige Stéphane Rideau.
C'est aussi la seconde fois qu'il collabore avec Béatrice Dalle.
Côté technique, il travaille depuis 18 ans avec sa monteuse attitrée, Catherine Schwartz
Gaël Morel revient sur sa collaboration idyllique avec Stéphane Rideau :
"C’est un acteur atypique. Ce rôle était une affaire de confiance, de lui en moi, de moi en lui. Stéphane a tout de suite non seulement tout accepté, mais tout voulu. Comme s’il avait déjà le personnage en lui, il n’avait pas à se mettre dans la peau d’un tueur. Stéphane est l’idéal de l’acteur."
Stéphane Rideau et Dimitri Durdaine
Le personnage d'Angelo est interprété par Dimitri Durdaine, un acteur non professionnel. Trouvé in extremis, à l’issue d’un long casting, Gaël Morel le décrit comme "un futur acteur", au physique à la fois "moderne et éternel".
Gaël Morel revient sur le rôle d'Anna, joué par Béatrice Dalle : "Elle et son enfant de 10 ans déplacent, recentrent l’axe de vision sur les deux garçons. Mère de famille raisonnable mais femme trouble, Anna permet d’interroger le statut du tueur Vassili, qui devient paternel et protecteur avec son fils."
Dimitri Durdaine et Béatrice Dalle
Gaël Morel déclare au sujet du couple Béatrice Dalle/Stéphane Rideau : "Voir ces deux icônes sur qui du temps a passé, restitue parfaitement deux adultes se réveillant trop tard de leur adolescence."
Selon Gaël Morel, un acteur est la combinaison de quatre éléments :
une présence, une silhouette, une voix et un regard. Parmi les acteurs possédant ces qualités, il cite Catherine Deneuve, Vincent Cassel, Gérard Depardieu, Alain Delon et Béatrice Dalle.
Gaël Morel avoue réaliser ses films avec un certain mimétisme, ce qu'il juge être un processus "créatif". Il estime aussi que le désir de faire des films provient de ce que l'on voit. Il cite comme films cultes Tueurs nés , My Own Private Idaho et Les Tueurs de la lune de miel. Parmi les cinéastes français, il puise son inspiration chez François Ozon, Christophe Honoré et Jean-Paul Civeyrac.
Le sang est très présent dans le long métrage. Comme dans tous ses films, Gaël Morel a souhaité lui "donner une beauté par la mise en scène".
.
Dimitri Durdaine et Béatrice Dalle
Un film apolitique
Gaël Morel ne souhaitait pas faire un film social sur l’homosexualité : "Au cinéma et dans les séries (Plus belle la vie, Avocats & Associés), elle est vécue par des hommes qui travaillent, rentrent chez eux le soir, etc. Alors que, même si c’est le cas, leur réalité sexuelle, là où la télé ne peut jamais aller, est très différente : boîtes innombrables, lieux de drague", confie le cinéaste. Il avait pour intention de proposer à un public homo de "se reconnaître dans un personnage mauvais".
Gaël Morel est coutumier des interdictions, ses films étant assez violents. Selon lui, "la censure officielle fait son travail et c'est normal", mais cette autorité ne l'empêche pas de travailler comme bon lui semble : "J’attache la plus grande importance à la scène de la coloscopie, qui peut paraître étrangère à l’intrigue, alors qu’elle est au centre de l’identité du film. Dans cette scène, proche du début, on voit l’image de l’intérieur du corps d’Angelo, alors qu’on ne sait rien de lui : c’était ma façon d’indiquer qu’on est dans un film sans limites."
Le producteur Paulo Branco décrit Notre Paradis comme un "film-commando".
Gaël Morel explique pourquoi : "Je suis parti au front en état de guerre permanent, guerre où mes alliés étaient mon équipe, et même la météo si l’on pense à la neige de la fin. Ce petit budget m’aurait dérangé pour un film comme Après lui, mais pour Notre Paradis qui ne peut pas passer à la télé aux heures de grande écoute, j’ai été aussi loin que possible dans mon désir, je peux dire que j’ai eu tous les moyens me permettant cet extrême."
Le passé et les motivations de Vassili ne sont jamais explicités. Selon Gaël Morel, "l’absence de passé des personnages ne tue pas le romanesque, au contraire. Dans des films comme Bonnie and Clyde ou Les Tueurs de la lune de miel, ne rien connaître d’un personnage stimule le romanesque. Cette part d’ombre permet au spectateur de se réfugier, de se projeter."
Un problème récurrent
Comme dans le film Après lui, où Catherine Deneuve, en perdant son fils, perd sa jeunesse, Notre Paradis explore le problème de l'âge :
"Le milieu homo, où on est vu comme vieux à 40 ans, me permet d’exacerber cette idée.
C’est en effet un milieu où quelle que soit sa fonction sociale, on n’a pas de responsabilités familiales qui vous vieillissent de facto ; la sexualité y est très adolescente, et c’est une des raisons pour lesquelles la jeunesse y est si convoitée", explique Gaël Morel.
Sources :
http://www.allocine.fr
http://www.unifrance.org
http://fr.wikipedia.org
http://www.cinemovies.fr