Je ne veux parler que de cinéma, pourquoi parler d'autre chose ? Avec le cinéma on parle de tout, on arrive à tout. Jean Luc Godard
Réalisé par Martin Scorsese
Avec Robert De Niro, Cathy Moriarty, Joe Pesci,
Frank Vincent, Nicholas Colasanto, Theresa Saldana,
Mario Gallo, Frank Adonis, Frank Adonis, Frank Topham
Genre Drame, Biopic
Production Américaine
Date de sortie cinéma : 25 mars 1981
Robert De Niro et Martin Scorsese
Tourné en noir et blanc, Raging Bull est un film biographique tiré du livre du même nom co-écrit par Jake LaMotta lui-même, Joseph Carter et Peter Savage.
- Golden Globe du meilleur acteur pour Robert De Niro
Nommé huit fois aux oscars Raging Bull en remporta seulement deux :
- Oscar du meilleur acteur pour Robert De Niro
- Oscar du meilleur montage pour Thelma Schoonmaker.
Demi-échec commercial lors de sa sortie en salles, peut-être dû au fait que le film soit en noir et blanc, Raging Bull a tardivement atteint son statut de film culte, à tel point qu'il est aujourd'hui considéré comme l'un des meilleurs films des années 1980, et l'un des meilleurs films de boxe à avoir jamais été réalisé.
Synopsis
Raging Bull retrace les moments forts de la carrière flamboyante de Jack La Motta, champion de boxe poids moyen. Issu d'un milieu modeste, il fut le héros de combats mythiques, notamment contre Robinson et Cerdan. Autodestructeur, paranoïque, déchiré entre le désir du salut personnel et la damnation, il termine son existence, bouffi, en tant que gérant de boîte de nuit et entertainer. Quand l'ascension et le déclin d'une vie deviennent épopée ...
Robert De Niro et Joe Pesci
1964 : Jake La Motta (Robert De Niro), ex champion de boxe des poids moyens reconverti en stand up comedien, répète son texte dans sa loge avant d’entrer en scène. Énorme, bouffi, le visage meurtri et un cigare vissé au coin de ses lèvres. À n'en pas douter son personnage a vécu de terribles souffrances.
Flash-back, nous voilà plus de vingt ans auparavant, au beau milieu d'un ring.
Cette fois l'allure de l'acteur est celle d'un champion, le regard est clair, la musculature est impressionnante.
1941 : Jake La Motta, âgé de vingt ans et managé par son frère Joey (Joe Pesci), dispute un combat. Il perd aux points et conteste l’arbitrage. De retour chez lui, on le découvre tel qu’il est : un être insatisfait, égoïste et coléreux avec une nette une tendance à l’autodestruction. Sa vie de couple avec sa première femme prend l’eau, il la traite comme une moins que rien et n’hésite pas à casser du mobilier. Il fait la connaissance de Vicky (Cathy Moriarty), jeune et belle blonde aguichante autour de laquelle tournent les hommes dont certains mafieux de son quartier. Il en tombe amoureux et l’épouse. Les combats se succèdent et La Motta se rapproche du titre. Mais son tempérament impétueux et sa paranoïa l’amènent à commettre erreur sur erreur. De problèmes de poids en disputes familiales avec Vicky et son frère, les années défilent. Il accepte un jour de se coucher devant un adversaire plus faible que lui pour satisfaire le désir du milieu de la pègre, avec l’assurance de concourir bientôt pour le titre.
Robert de Niro et Cathy Moriarty
En 1949, il devient champion du monde en battant Marcel Cerdan. Mais les jours heureux sont comptés et la spirale de l’échec refait son apparition. Soupçonnant son propre frère d’avoir couché avec sa femme, il rompt tout contact avec ce dernier après l’avoir roué de coups. Pour son dernier combat contre le boxeur noir Sugar Ray Robinson, son adversaire de toujours, il se laisse tabasser et termine le match en sang sans être allé au tapis. Des années plus tard, le voilà riche et engraissé, à la tête d’un night-club. Mais les ennuis sont loin d’être terminés...
L'idée d'adapter la vie de Jake La Motta au cinéma revient à Robert De Niro, en 1974 : " Je tournais Le Parrain II en Sicile, et on m'avait envoyé le livre (de La Motta), explique De Niro. Il y avait là une histoire forte, le portrait d'un homme direct, et j'ai senti que je pourrais jouer ce personnage ".
Cathy Moriarty et Robert De Niro
C'est alors que Robert De Niro fit passer le livre de La Motta à Martin Scorsese. Lorsque le réalisateur s'attaque au projet de Raging Bull, il vit la pire période de sa vie. Il sort de l'échec cuisant de New York, New York, son second mariage vient de sombrer, et physiquement, il est très usé par la consommation de drogues et les virées interminables avec son ami Robbie Robertson. C'est un homme détruit qui se retrouve à l'hôpital à demi mort. Robert De Niro lui rend visite pour le pousser à faire ce film sur la biographie d'un ancien champion du monde de boxe. L'aspect auto-destructeur du personnage fascinera Martin Scorsese en tout point, même si il déteste les sports de combat et la boxe en particulier.
"Qu'est-ce qu'il y a de plus primaire que de gagner sa vie en cognant un autre type sur la tête jusqu'à ce que l'un des deux tombe ou arrête ?", déclare-t-il.
Martin Scorsese a pris la décision de ne pas centrer tout le film sur la carrière du boxeur. L’important, c’est tout ce qui se passe dans le cercle familial, un peu comme Fighter de David O. Russell sorti en 2011. Si les combats sont présents tout au long du film, ils ne sont pas montrés en intégralité. La Motta a combattu les plus grands, mais l’intérêt n’est pas dans la conquête de la ceinture dorée, mais plutôt dans la quête d’une paix intérieure qu’il se sent obligé de conquérir par la force.
Pour Robert De Niro, interpréter le rôle d'un boxeur à Hollywood, c'est le passage obligé de tout grand acteur. La transformation physique et mentale du personnage sera aussi pour lui le plus grand challenge d'une carrière débutée dix ans auparavant.
Martin Scorsese et Robert De Niro s'expatrient sur une île pour retravailler le scénario de Paul Schrader et Mardik Martin. À leur retour, le cinéaste est quasi requinqué. Il a regrossit, arrêté la drogue et vit une romance avec la sublime Isabella Rossellini. Il l'épousera pendant le tournage, le 30 septembre 1979.
Le tournage de Racing Bull débute en avril 1979
Fidèle à son travail de préparation, Robert De Niro s'investit à fond dans l'appropriation du personnage de Jake La Motta. Ainsi, d'avril 1978 à avril 1979, il travaille tous les jours avec La Motta, et acquiert des réflexes de professionnel.
Le boxeur se montre même impressionné : "quatre yeux au beurre noir, des dents cassées, une côte cassée ; si j'avais à classer Robby (De Niro), je le mettrais dans les vingt premiers poids moyens du monde".
Robert De Niro incarne à merveille un boxeur talentueux qui vivra pourtant une vraie déchéance, poussé par ses angoisses omniprésentes qui feront de lui un homme paranoïaque, jaloux, autodestructeur et par conséquent, seul. Un talent pourtant gâché par ses frasques personnelles et ses démons intérieurs qui le hantent, ne lui laissant aucun répit. Grâce à Robert De Niro, on ne peut s’empêcher de ressentir de la compassion, voire de la pitié pour cet homme, en dépit de toutes ses erreurs commises.
L'une des caractéristiques principales de Raging Bull tient dans la manière dont sont filmées les scènes de combats. Martin Scorsese, dans un souci de réalisme, a utilisé une technique particulière. Les combats, contrairement aux autres films de boxe, ne sont pas un simple montage de plusieurs séquences, filmées par de nombreuses caméras placées hors du ring. Ici, le réalisateur a décidé de n'utiliser qu'une seule caméra, placée à l'intérieur même du ring, à la façon d'un participant direct au combat.
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Une telle technique est cependant fastidieuse car elle demandait un jeu précis de la part des acteurs, devant se placer au bon endroit et exécuter rigoureusement les mouvements prévus à l'avance. C'est cette difficulté qui explique la durée importante de tournage consacrée aux seules scènes de combats qui, bien que n'excédant pas 10 minutes dans la durée totale du film, ont demandé pas moins d'un mois de tournage.
Il faut également évoquer la magnifique musique revenant tout le long du film. Il s'agit d'un air classique du compositeur italien Pietro Mascagni. Il s'agit là d'une des musiques les plus émouvantes jamais utilisée au cinéma, Cavalleria Rusticana.
Réalisée par le très brillant Michael Chapman, la photo en noir et blanc du film est une merveille et la texture de l'image crée d'elle-même un malaise : est-ce du sang ? est-ce de la sueur ?
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En août 79, les prises sont finies pour ce qui concerne la vie de La Motta en tant que boxeur. Il ne reste en fait qu'à filmer sa déchéance
On a beaucoup parlé de la transformation physique de Robert De Niro, gagnant 30 kilos pour composer le rôle d'un La Motta bouffi. On sait moins qu'au départ il devait porter une prothèse pour paraître énorme. Prothèse qu'il refusa. Pendant trois mois il voyage entre l'Italie et la France pour s'empiffrer de nourriture plus riche les unes que les autres. Il garde des séquelles de cette expérience épuisante, par un cou devenu un peu plus gros que d'origine.
"Je me levais tôt le matin, explique t-il, puis je prenais un bon petit déjeuner, puis un grand déjeuner et un grand dîner. Puis, je suis allé en France et là j'ai mangé dans tous les trois étoiles. J'étais à l'agonie, mais en une semaine, j'avais pris cinq kilos".
Afin de donner le meilleur rendu possible des combats, les équipes techniques ont créé des sons en écrasant des melons et des tomates.
De même, afin de montrer la déchéance de La Motta et sa perte de stature, Martin Scorsese a utilisé, pour les scènes de boxe, un ring plus grand qu'au début.
Raging Bull est dédié à la mémoire de Haig Manoogian qui fut le professeur de Martin Scorsese à l'université de New York, et son premier producteur.
L'hommage s'achève par ces mots : "Avec amour et détermination, Marty."
Sources :
http://www.allocine.fr
http://www.cinemovies.fr
http://fr.wikipedia.org
http://www.critique-film.fr
http://www.dvdclassik.com
http://www.fan-de-cinema.com
http://www.toutlecine.com
http://scorsese.free.fr
http://www.2guys1movie.com
http://www.aceshowbiz.com