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Je ne veux parler que de cinéma, pourquoi parler d'autre chose ? Avec le cinéma on parle de tout, on arrive à tout. Jean Luc Godard

Rebecca

 

  Rebecca---Affiche-copie-1.jpg


Réalisé par Alfred Hitchcock


Avec Laurence Olivier, Joan Fontaine, George Sanders,

Judith Anderson, Nigel Bruce, Reginald Denny, C. Aubrey Smith,

Gladys Cooper, Florence Bates, Melville Cooper.


Genre Drame, Thriller, Romance


Production Américaine

 

Rebecca remporta en 1941

- l'Oscar du meilleur film, reçu par David O. Selznick

- l'Oscar de la meilleure photographie remis pour Georges Barnes.

 

Rebecca est le seul film d'Alfred Hitchcock

a avoir remporté l'Oscar du meilleur film.

 

D’influence nettement plus expressionniste que la période anglaise, Rebecca est réalisé en 1940 et constitue le premier film de la période américaine. Adaptation très fidèle d’un best-seller de Daphné Du Maurier.

 

C'est le deuxième film d'Alfred Hitchcock basé sur un roman de Daphne Du Maurier, le premier étant L'Auberge de la Jamaïque réalisé en 1939. 

 

Citations d'Alfred Hitchcock dans Le Cinéma selon Hitchcock, de François Truffaut, Paru aux Éditions Robert Laffont en 1966 : "Ce n'est pas un film d'Hitchcock. C'est une sorte de conte et l'histoire elle-même appartient à la fin du XIXéme siècle. C'était une histoire assez vieux jeu, assez démodée. Rebecca est une histoire qui manque d'humour." "Je pense que d'une certaine manière, le film est l'histoire d'une maison ; on peut aussi dire que la maison est un des trois personnages principaux du film. Souvenez-vous que la maison n'avait aucune situation géographique; elle était complétement isolée. C'est instinctif de ma part. Je dois garder cette maison isolée pour m'assurer que la peur y sera sans recours. La maison dans Rebecca est éloignée de tout. Vous ne savez même pas de quelle ville elle dépend."


Rebecca---Joan-Fontaine-copie-1.jpg

 

Joan Fontaine

Synopsis

 

Mrs. Edythe Van Hopper (Florence Bates), respectable veuve déjà âgée, accompagnée de sa jeune demoiselle de compagnie, est en villégiature à Monte-Carlo dans l'hôtel Côte-d'Azur, lorsque leur chemin croise celui de Maxim de Winter (Laurence Olivier), riche veuf, qui n'a aucun mal à séduire la jeune fille (Joan Fontaine) et, dans la foulée, à l'épouser et l'emmener dans sa demeure ancestrale de Manderley, quelque part sur la côte sud-est de l'Angleterre.

 

Les premiers contacts avec le personnel du château, régenté par la peu amène gouvernante Mrs. Danvers (Judith Anderson), sont glaciaux. Cette dernière, en effet, attachée depuis toujours au service de la précédente Mrs. de Winter, Rebecca, et lui vouant une passion sans limite, même à titre posthume, n'accepte pas l'intrusion de l' "usurpatrice".


Le souvenir de l'épouse disparue et vénérée continue de hanter le château sombre...

 

Rebecca 3.Rebecca 1

Rebecca-2.png.Rebecca-4.png 

Last night I dreamt I went to Manderley again…Last night I dreamt I went to Manderley again…

Last night I dreamt I went to Manderley again…

 
Le tournage de Rebecca a débuté le 8 septembre 1939, la veille de la sortie d'Autant en emporte le vent.

Ces deux grands films ont été produits par le même homme : David O. Selznick.
    
Rebecca - Judith Anderson et Joan FontaineLa silhouette du personnage de Mrs Danvers, interprété par Judith Anderson, sera utilisée pour créer le personnage de la marâtre dans le dessin animé de Walt Disney "Cendrillon", sorti en 1950. Dans le film on ne voit presque jamais le personnage de Mrs. Danvers se déplacer. Alfred Hitchcock a voulu en insérant ce détail que la crainte du personnage de Joan Fontaine envers Mrs. Danvers soit lié au fait que cette dernière puisse apparaître inopinément. Judith Anderson, fait une Mrs Danvers à la fois mystérieuse et inquiétante. On comprend rapidement qu'elle était énormément liée à Rebecca, qu'elle vénerait. Mrs Danvers voyait en Rebecca toute une symbolique. Elle était pour elle charme, beauté, charisme, elle lui vouait une passion unique. Elle est là pour veiller à ce qu'aucune femme ne prenne sa place et s'arrange tout au long du film pour faire fléchir et décourager la nouvelle Mrs de Winter.

 

Dès la première scène de confrontation, Mrs. Danvers se distingue rapidement du reste du personnel de maison. Surgie de nulle part et placée en avant de ce bloc de serviteurs obstruant l’entrée de la jeune mariée, elle est toute vêtue de noir, marquant paradoxalement l’idée d’un deuil, et son teint particulièrement diaphane lui donne immédiatement l’allure d’une revenante. Le spectateur, quant à lui, est impressionné et fragilisé, car amené en premier lieu à s’identifier rapidement à la nouvelle venue, la caméra adoptant son point de vue subjectif. Tandis que la servante s’approche doucement de la caméra, envahissant progressivement le cadre entier, son expressivité frappe, tant son regard fixe et dur est dénué de toute bienveillance. La jeune épouse est totalement impressionnée, à la fois effrayée et fascinée par cette étrange créature qui glisse sur le sol et qui n’est pas sans rappeler le mythe de Nosferatu. 

 

Comme dans le roman original, le personnage de Mme de Winter n'a aucun prénom.

 

Rebecca---Judith-Anderson-et--Joan-Fontaine.jpgMrs Danvers a une double fonction, celle de lui conférer un statut professionnel autant que de la satisfaire sur le plan libidinal. Personnage dangereux, elle détourne à son avantage la servitude à laquelle elle semble finalement se prêter. Son corps, rendu à sa plus violente inutilité, se résume donc à une ombre fantomatique, souvent en hors champ, clairement déshumanisé. Contrairement à la seconde Mme De Winter, nous ne la voyons jamais manger, dormir, boire et même marcher, ce qui l’aurait humanisée. Ses propres nourritures physiques et psychiques se suffisent donc aux souvenirs et à la nostalgie de Rebecca. Mrs Danvers est aussi souvent filmée à distance, comme un insecte dont la petitesse morale lui permet de s’infiltrer partout, jusque dans l’intimité constamment menacée de sa victime désignée. L’arrivée de la seconde épouse vient raviver son inconsolable mélancolie.

 

La jeune femme, incapable de la moindre autorité, représente la victime idéale pour Mrs Danvers qui peut assouvir ses pulsions sadiques avec une évidente satisfaction. Elle retourne le déterminisme social qui faisait d’elle une dominée pour devenir à son tour dominante.

 

Rebecca-Joan-Fontaine-.jpgParadoxalement, la jeune héroïne entretient l’exacerbation de la passion de Mrs Danvers en tentant malgré tout de se substituer à Rebecca et au désir qu’elle lui portait.

 

L’état de blocage de Mrs Danvers contribue à ce qu’elle se laisse peu à peu distancer par la résolution de l’intrigue. Son amour démesuré pour Rebecca la dépasse car elle n’est pas capable d’exprimer son attachement autrement que par une dévotion absolue. Son aveuglement résulte d’une admiration éperdue pour son ancienne maîtresse qui représenterait cette vérité incarnée inconnue des autres, une entité indestructible puisque inatteignable.

 

 

L'ambiance, les décors, la demeure de Manderley ajoute la touche finale au suspens qui plane autour de Rebecca. La chambre de cette dernière est bordée de mystère, elle est imprégnée de sa présence... Mrs Danvers pousse le vice jusqu'à faire asseoir la nouvelle mrs de Winter, terrorisée, à la coiffeuse de la défunte et à se servir de ses accesoires. Elle lui fait comprendre combien elle est ridicule à côté de l'ancienne Mrs de Winter, si bien que la jeune femme se sent dévalorisée et gauche.

Mais qui est Rebecca ? Où est Rebecca?

Le spectateur est fasciné tout le long du film par une femme invisible, dont on apprend qu'elle était extraordinairement belle, son fantôme hante le moindre recoin de Manderley, hélas, nous n'avons pas le plaisir de la voir, ne serait-ce que dans un portrait. C'est ce qui rend le film inégalable et la mise en scène d'Alfred Hitchcock unique. Rebecca est l'héroine du film, mais n'apparait à aucun moment, elle demeure une ombre qui laisse libre court à l'imagination du spectateur.

 

Dans une des célèbres scènes à franche connotation érotique, Mrs Danvers encourage la nouvelle épouse à découvrir la garde-robe de Rebecca : successivement, la servante, toujours positionnée au centre du plan pour asseoir sa domination sur la jeune femme, se caresse le visage avec la manche d’un manteau de fourrure, et fait apparaître sa main à travers un déshabillé transparent dont elle précise que Rebecca le portait devant elle. Toute cette gestuelle prend davantage une résonance symbolique avec les ouvertures successives de rideaux et de portes de placard, autant de mouvements à forte connotation sexuelle.

 

 Rebecca - Joan Fontaine Joan Fontaine

 

Selon le souhait d’Alfred Hitchcock, Mrs Danvers est représentée telle une sorcière maléfique et menaçante, totalement déshumanisée.

 

Mrs Danvers retourne sa frustration contre la seconde épouse De Winter, mais cet acharnement cache davantage une détresse. En effet, la nouvelle venue ravive la peine de Mrs Danvers en représentant une nouvelle réalité : la présence de la jeune femme menace directement le spectre de Rebecca. Dans un moment de dépit, Mrs Danvers pousse l’identification au paroxysme en incitant, à son insu, la seconde femme à porter la même robe que Rebecca lors d’un bal costumé.

 

Ainsi, la menace d’une nouvelle disparition de Rebecca est annulée puisque la seconde épouse devient le corps manquant de  Rebecca. Le personnage interprété par Joan Fontaine imagine ce que doit être sa propre vérité au travers de ce qui devrait être son principal personnage-miroir, c’est à dire Maxim son mari. Elle comprend en quoi elle a laissé Mrs Danvers dénigrer son individualité, aveuglée par l’obsession de ranimer le spectre de Rebecca et de réduire l’enveloppe charnelle de la nouvelle épouse à un outil de substitution.

 

Judith Anderson Rebecca.png


Près de vingt actrices ont auditionné pour le rôle de Mme de Winter, dont Vivien Leigh, Carole Lombard, Loretta Young, Maureen O'Hara, Anne Baxter, Olivia de Havilland, Margaret Sullavan, Anita Louise et Joan Fontaine. Finalement sur le choix se portera sur cette dernière.


Joan Fontaine, joue quant à elle, les jeunes femmes ingénues, gauche et apeurée, visiblement l'antithèse de Rebecca.   

   
Pour interpréter le rôle de Maxim de Winter, le producteur du film David O'Selznick voulait en premier lieu Ronald Colman. Ses seconds choix étaient William Powell et Laurence Olivier, ce sera d'ailleurs ce dernier qui incarnera le rôle. De son côté, Alfred Hitchcock avait pensé à Robert Donat pour ce rôle.

 

Laurence Olivier qui incarne Maxim de Winter, impose par sa prestance, son personnage est entâché de doutes. On ne sait pas s'il aime toujours Rebecca, s'il épouse la nouvelle Mrs de Winter pour oublier l'ancienne. Son profil évolue au fil du film, jusqu'à la révélation finale. 

   
Frustré par le fait que sa petite amie et future femme Vivien Leigh n'ai pas été choisie pour le rôle de Mme de Winter, Laurence Olivier s'était montré terriblement méprisant envers Joan Fontaine. Celle-ci était tellement bouleversée par cette situation qu'Alfred Hitchcock a décidé de profiter de ce problème pour mieux exploiter la timidité et la gaucherie du personnage incarné par l'actrice.

 

Rebecca---Laurence-Olivier-et--Joan-Fontaine.jpg

 

  Joan Fontaine et Laurence Olivier

 

 

Rebecca---cameeo-Alfred-Hitchcock.jpg

 

 

 

Alfred Hitchcock apparaît vers la fin du film.

 

Il se trouve à côté de la cabine téléphonique lorsque le personnage de Flavell téléphone à Mrs Danvers. Mais cette scéne semble avoir été coupée au montage.


 

 

Sources :

http://www.critikat.com

http://cinemaclassic.free.fr

http://www.allocine.fr

http://www.evene.fr

http://www.cinemovies.fr

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R
<br /> Mrs Danvers un des méchants les plus réussis de Hitchcock ! merci pour la fascinante analyse et anecdotes, j'ai lu dans un livre que Vivien Leigh n'a pas été retenue car pas assez ingénue<br />
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R
<br /> Ce n'est pas le meilleur film de Hitchcock mais il y a des éléments fascinants, comme la maison, le personnage de Rebecca qu'on ne voit jamais et bien sûr l'incroyable Mrs Danvers<br />
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M
<br /> tout simplement inoubliable ! c'est un très grand film dans tous les sens<br />
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A
<br /> Bonjour Alain,<br /> <br /> <br /> De retour d'un périple d'une petite semaine en Bretagne, sur la côte rose que je raconterai prochainement sur INTERLIGNE, un salut amical et le souvenir de ce film merveilleux que mon père<br /> m'avait emmené voir sur les Champs-Elysées alors qu'il repassait dans une salle, juste après mon bac philo. Je crois qu'il avait un petit faible pour la ravissante Joan Fontaine car ma mère lui<br /> ressemblait beaucoup. J'avais adoré le film et lu tout de suite après le livre, auquel le film est fidèle. C'était mon premier Hitchcock qui compte depuis parmi mes réalisateurs préférés et<br /> dont j'ai vu presque tous les films. Je dis bien presque, il m'en manque quelques-uns tout de même.<br /> Bonne journée Alain.<br />
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