Réalisé par James Ivory
Avec Emma Thompson, Anthony Hopkins, Vanessa Redgrave,
Helena Bonham Carter, Joseph Bennett, Prunella Scales,
Adrian Ross Magenty, Jo Kendall, James Wilby,
Samuel West,
Genre Drame, Romance
Titre original Howards End
Coproduction Britannique, Japonaise
Festival de Cannes 1992
Prix du 45ème anniversaire du Festival International du Film
BAFTA du meilleur film 1993
Golden Globe 1993
Meilleure actrice dans un drame Emma Thompson
Oscars 1993
Meilleure actrice Emma Thompson
Meilleur scénario adapté Ruth Prawer Jhabvala
Meilleurs décors Luciana Arrighi , Ian Whittaker
Retour à Howards End est une remarquable
étude de mœurs de l’Angleterre victorienne
Après Chambre avec vue réalisé en 1985 et Maurice en 1987, James Ivory adapte un troisième roman de l’auteur britannique Edward. Morgan. Forster publié en 1910. Retour à Howards End est une remarquable étude de mœurs de l’Angleterre victorienne Le film, comme le roman, dénonce le choc de la rencontre des classes et les dégâts qu’elle provoque. Trois couches sociales se superposent et s’interpénètrent ici: la classe labo- rieuse supérieure représentée par l’employé Leonard Bast et sa femme Jackie, la classe bourgeoise inférieure incarnée par les sœurs Schlegel et la classe bourgeoise supérieure avec les Wilcox. Toutefois, rien n’est figé et les obstacles rencontrés par les personnages laissent apparaî- tre quelques changements de trajectoire.
Le récit prend toujours place dans l’Angleterre d’Edward VII, s’intéresse aux modes de vie de quelques riches familles et à leurs relations avec les plus pauvres. Comme certains des aristocrates montrés, la caméra est distante et un peu froide mais l’académisme auquel James Ivory nous a déjà habitué convient bien à cette fine étude sociale où se défient raison et sentiments.
Emma Thompson et Vanessa Redgrave
Synopsis
Londres, au début du XXe siècle.
Comme leur tante Juley (Prunella Scales), Les soeurs Meg (Emma Thompson) et Helen (Helena Bonham Carter) sont deux femmes cultivées, émancipées, vives, intelligentes, peu soucieuses des conventions qui régissent et raidissent leur monde. Ce sont deux bourgeoises qui fréquentent autant leur propre milieu, en tout cas la frange progressiste comme leurs amis favorables au vote des femmes, que les gens issus du peuple.
Toutefois, les différences qui séparent les deux sœurs vont s’accroître dès la rencontre avec les Wilcox auxquels Meg restera attachée.
Emma Thompson, Helena Bonham Carter et Samuel West
La liaison sans lendemain entre Helen et l'un des fils Wilcox, Paul (Joseph Bennett), permet toutefois à Margaret et à Mrs Ruth Wilcox (Vanessa Redgrave), femme de Henry Wilcox (Anthony Hopkins), propriétaire de l'Imperial Caoutchouc, de se lier d'amitié.
Anthony Hopkins
Bientôt, Ruth, au seuil de la mort, décide de léguer sa jolie demeure de Howards End à sa nouvelle amie. Les siens, ne l'entendant pas de la sorte, détruisent le testament avant que la nouvelle ne soit ébruitée.
Vanessa Redgrave
Helen fait la rencontre de Leonard Bast (Samuel West) jeune homme marié issu de la classe populaire, poète à ses heures. Sous le conseils malavisés des deux sœurs, il quitte son travail.
Pour s’acquitter de sa dette envers le jeune homme qui ne retrouve plus d’emploi, Helen sollicite l’aide de Meg qui vient d’épouser le veuf et riche industriel Henry Wilcox.
Meg, ralliée à son nouveau mari, refuse et provoque le départ d’Helen pour un long voyage à l’étranger. À son retour, celle-ci est enceinte. Féministe dans l’âme, fantasque et hardie, elle se livre à de nombreuses activités culturelles, assume seule sa maternité et tente continûment de se racheter auprès de Leonard, avec qui elle partage un attrait pour les arts.
Aussi n’hésite-t-elle pas à entrer en conflit avec Henry Wilcox, qu’elle exècre finalement, et à mettre un peu égoïstement en danger ses liens familiaux par fidélité à ses idéaux, contre les arrangements de la société bien-pensante.
Charles (James Wilby), le fils d’Henry Wilcox, a compris que Leonard Bast était le père illégitime de l’enfant et le tue accidentellement.
Meg se sépare d’Henry et reçoit alors Howards End.
Prenant toujours la société britannique comme cadre, James Ivory s'amuse non sans ironie à confronter différentes classes sociales : la riche famille Wilcox s'apparente à l'aristocratie traditionnelle, Helen et Margaret, qui représentent la haute bourgeoisie des arts et de la culture, vont aider un jeune employé à trouver une situation digne de lui.
Le film dépasse alors largement son époque. Il y est question d'amour et de trahison sur fond de clivages sociaux, des thèmes toujours actuels. Chaque personnage, étonnamment complexe, tiraillé par ses contradictions, tisse peu à peu des liens avec les autres, et c'est en fait une profonde mutation de l'ordre social qui s'opère.
Mr Wilcox, d'abord enfermé dans son conservatisme, se révèle vite autrement plus ambigu dans sa relation avec Margaret, elle-même prise au piège par rapport à sa soeur. La narration appliquée, les choix judicieux d'ellipses, comme le travail d'orfèvre effectué sur chaque détail du décor, ajoutent au charme de ce film raffiné. Et bien sûr les acteurs, au premier rang desquels Anthony Hopkins, glaçant, et Emma Thompson, vive et drôle, jouent de toutes les nuances pour animer cette peinture complexe d'une société en mouvement.
Retour à Howards End marque les retrouvailles du producteur Ismail Merchant et de James Ivory avec l'oeuvre de E.M. Forster, six ans après leurs précédents travaux d'adaptation du romancier anglais. À l'image de toutes les retrouvailles après une si longue séparation, celles-ci sont teintées d'une certaine mélancolie et n'ont plus la passion des premières rencontres. Comme un fait exprès, cette évolution cadre parfaitement avec la tonalité plus posée et nostalgique de Retour à Howards End.
Cette rupture doit beaucoup à la nature des protagonistes du film. Si le contexte est le même dans l'Angleterre des années 1910 et l'opposition entre bourgeoisie richissime fermée sur elle-même et intellectuels éclairés, les héros ne sont plus des jeunes premiers ayant l'énergie pour bousculer les conventions mais des hommes et des femmes qui subissent de manière désabusée le monde dans lequel ils vivent.
Anthony Hopkins et Emma Thompson
Au premier rang se trouvent Henry Wilcox interprété par Anthony Hopkins, richissime homme d'affaires et propriétaire foncier, et Margaret Schlegel rôle tenu par la merveilleuse Emma Thompson, célibataire cultivée et libre penseuse.
Henry Wilcox vient de perdre sa femme, Margaret Schlegel est en âge de devenir une vieille fille aux yeux des gens. C'est cet état des choses qui les pousse vers un mariage de raison, fortement contrarié par les antagonismes qui existent entre leurs deux familles.
Arrogants et gâtés, les descendants d'Henry Wilcox n'ont que faire des couches sociales inférieures et voient d'un mauvais oeil l'entrée des Schlegel dans leur univers. Quant à Helen, la soeur cadette de Margaret, elle ne peut supporter cette morgue des Wilcox à leur égard ainsi qu'envers la classe ouvrière, personnifiée ici par un couple, les Bast, qui sera au final le principal perdant de la lutte idéologique des Wilcox et des Schlegel.
Dès que James Ivory se recentre sur le coeur de son récit, la beauté sans fioritures et l'intelligence de sa réalisation font merveille. Ce point central du film, c'est la maison qui lui donne son nom : Howards End. Celle-ci cristallise les souvenirs, angoisses et aspirations de tous les personnages, qui en l'approchant tombent les masques quant à leur nature réelle , pour le meilleur et pour le pire. Par la grâce d'une mise en scène limpide et d'un enrobage à l'avenant entre une magnifique musique de Richard Robbins et un montage virtuose d'Andrew Marcus, James Ivory parvient à nous faire ressentir tous les sentiments contradictoires qu'inspire cette demeure. Il la rend ainsi aussi spéciale à nos yeux qu'à ceux des différents protagonistes - les plans d'ouverture et de clôture du film en sont les plus beaux exemples.
Autour de Retour à Howards End se tisse alors une fresque élégiaque, monumentale mais surtout intimiste. Nul besoin en effet d'aller chercher très loin la qualité première de ce film : des personnages forts et complexes servis par de grands acteurs, une histoire prenante, et un réalisateur qui mène tout cela jusqu'à une conclusion poignante, voilà les ingrédients somme toute classiques qui font de Retour à Howards End un long-métrage qui nous touche et dont l'on se souvient.
Sources :
http://www.arte.tv
http://www.ecranlarge.com
http://www.cinemapassion.com
http://www.kinopitheque.net
http://fr.wikipedia.org