
Réalisé par Jean-Jacques Annaud
Avec Sean Connery, F. Murray Abraham, Christian Slater,
Elya Baskin, Michael Lonsdale, Volker Prechtel, Feodor Chaliapin Jr.,
William Hickey, Michael Habeck, F. Murray Abraham, Valentina Vargas
Long-métrage français, italien, allemand.
Genre Aventure, Drame, Thriller
Date de sortie cinéma : 17 décembre 1986
Le nom de la rose a remporté de nombreuses récompenses,
dont le César du meilleur film étranger en 1987.
Le Nom de la rose (Il nome della rosa) est un roman de l'Italien Umberto Eco, paru en 1980 (traduit en français en 1982 par Jean-Noël Schifano). Ce roman peut être qualifié comme étant un policier médiéval. Il reçoit le prix Médicis étranger en 1982. .
Dans le générique d'ouverture, le film se présente explicitement comme un palimpseste du roman, c'est-à-dire qu'il ne prétend pas à une exacte fidélité mais qu'il est une œuvre dont il partage le même support.
Synopsis
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En 1327, dans une abbaye bénédictine, des moines disparaissent. Un Franciscain, Guillaume de Baskerville (Sean Connery), aidé de son assistant, le jeune novice Adso von Melk (Christian Slater), va, à la demande de l’Abbé (Michael Lonsdale), mener l’enquête.
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Sean Connery et Christian Slater
Or on attend au monastère une délégation de la papauté d’Avignon et d’autres délégués des franciscains qui doivent débattre ensemble de la question de la pauvreté du Christ. Sous cette querelle se dissimule une des plus graves interrogations du XlVème siècle, la rébellion contre une Èglise riche, contre une papauté disposant des deux pouvoirs, le spirituel et le temporel.
En ces années où fleurit l’hérésie, nul ne s’étonnera de voir également arriver à l’abbaye, l’inquisiteur Bernardo Gui (F. Murray Abraham), un dominicain qu’une très ancienne rivalité oppose à Guillaume de Baskerville.
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F. Murray Abraham
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Sur l'ordre de Bernardo Gui , la jeune fille, Salvatore (Ron Perlman), le bossu simple d'esprit et son maître, sont arrêtés et condamnés au bûcher après une parodie de procès.
Qui est coupable ? Qui est innocent ? Et si tout le monde était coupable ? Dans l’immense abbaye que surplombe une bibliothèque-forteresse, la peur rôde.
D’aucuns annoncent l’Apocalypse, d’autres préparent des bûchers, Adso découvre l'amour avec une jeune paysanne ( Valentina Vargas), tandis que Guillaume applique à ces mystères la rigueur de la méthode expérimentale.
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Christian Slater et Valentina Vargas
Guillaume de Baskerville pense que le secret de l'énigme réside dans le scriptorium, salle où les moines copient les manuscrits, et les livres cachés dans une tour à l'accès jalousement gardé par le moine Bérenger (Michael Habeck), torturé par le péché de chair. Bérenger est d'ailleurs, après avoir dérobé un livre, retrouvé mort dans un bassin, un doigt et sa langue sont noirs.
Guillaume découvre enfin que le secret réside dans la fameuse bibliothèque où un livre d'Aristote sur le rire, jugé blasphématoire par les bénédictins, est jalousement gardé par le vieux Jorge de Burgos (Feodor Chaliapin Jr.).
Et si tout cela n’était que l’annonce des temps nouveaux ?
Un thriller moyenageux très attendu préparé avec soin pendant trois ans, respectant le mieux possible l'époque et qui a coûté la bagatelle de dix-neuf millions de dollars.
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Une réalisation de Jean-Jacques Annaud toujours passionnément entraîné par ses sujets. L'unité de lieu, l'unité d'action et l'unité de temps concourent à faire de cette oeuvre un monument de densité, de concentration extrême des énergies. .
Jean-Jacques Annaud sollicita pour le film le producteur allemand Bernd Eichinger qui finança ce coûteux projet. . Jean-Jacques Annaud ne souhaitait pas voir jouer des acteurs de renom dans son film. C'est Sean Connery lui-même, très motivé pour jouer le rôle de frère Guillaume, qui réussit à le convaincre de le choisir. Le réalisateur fut immédiatement séduit par la qualité d'interprétation de l'acteur.
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Le prestigieux chef opérateur italien Tonino Delli Colli signa les lumières, et le décorateur italien Dante Ferretti reconstruisit l'abbaye austère dans les Abruzzes, non loin de Rome. Le décor extérieur de l'abbaye a été créé de toutes pièces; ce site n'existe donc pas. Il est toutefois nettement inspiré du château italien du XIIIème siècle Castel del Monte près de Ban au Sud de l’Italie, à cela près qu’elle n’est en réalité ni aussi grande... ni aussi menaçante que dans le livre. L'édifice est classé au Patrimoine mondial de l'humanité par l'Unesco depuis 1996.
Les intérieurs ont été tournés au Kloster Eberbach, ancien monastère cistercien en Allemagne, près d'Eltville - Hesse. Les ouvrages utilisés pour les besoins du film étaient si remarquablement imités, par la qualité des enluminures et des reliures, que certains d'entre eux furent volés durant le tournage, obligeant l'équipe à mettre les livres au coffre à la fin de chaque journée de travail. À la question : Pourquoi avoir construit ce décor fabuleux dont on dit que c'est le plus important qui ait été édifié en extérieurs depuis celui de “Cléopâtre” ?
"Il est vrai que cela peut paraître stupide si l’on songe au nombre de monastères existant en Europe. Mais c’est qu’aucun d’eux n’est plus dans un état originel. Si, pour une raison ou pour une autre, ils ont connu un succès économique, ils ont été transformés, des bâtiments ont été reconstruits alentour. Si, au contraire, ils ont périclité, ils sont en ruine ou énormément restaurés. Imaginons enfin que l’abbaye décrite par Eco existe, elle et sa tour suffisamment imposante pour comprendre un labyrinthe, je doute que les Monuments Historiques me laissent y mettre le feu et la détruire !" répond Jean-Jacques Annaud.
La statue de la Vierge à l'enfant, devant laquelle le jeune Adso de Melk vient prier, est un anachronisme puisque son style est proche du milieu de la Renaissance. Jean-Jacques Annaud s'en aperçut lors du tournage, mais, la reproduction de la statue ayant été coûteuse, la production le persuada de tourner avec. C'est un détail qui fut longtemps reproché à au réalisateur. Comme il aime à le raconter lui-même, c'est l'une des premières remarques qu'on lui fit lors de la première projection du film à Marseille. .
La musique de James Horner confère au film une ambiance à la fois belle, envoûtante et terrifiante sans être dénuée de mélancolie.
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Pour peupler le sombre et majestueux édifice, Jean-Jacques Annaud a fait appel à une véritable Cour des miracles, un défilé de tronches qui impriment leur faciès rebutant dans l'esprit du spectateur. Chaque personnage est un monument de laideur inoubliable : du bossu idiot à la gueule prognathe de Salvatore, joué par l'inimitable Ron Perlman au vénérable Jorge joué par Feodor Chaliapin Jr, vieil aveugle irascible au visage parcheminé, en passant par le bibliothécaire au profil de vautour et l'albinos adipeux qui se flagelle dans sa cellule.
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L'abbaye écrase de son poids les moines et se révèle être le personnage principal, inquiétant, secret et mystique avec sa haute tour verrouillée à double tour, son inquiétant cimetière ou encore son fantasmagorique portail orné, même si ce dernier, dont la description est un des grands moments du livre original d'Umberto Eco, pâtit du passage à l'écran.
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Autant d'injures à la Création et à la beauté qui sont contrebalancés par le visage buriné mais noble et franc de Guillaume de Baskerville et la jeunesse insolente d'Adso, Christian Slater dans un de ses premiers rôles.
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Sean Connery et Michael Lonsdale
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Si le fil rouge de l'histoire reste le même, de nombreux éléments importants du roman ont été écartés et font la place à des scènes plus spectaculaires qui ne figurent pas dans le roman.
Un clin d'œil est fait à Umberto Eco, lorsque Guillaume de Baskerville dans la bibliothèque s'extasie sur un ouvrage d'Umberto de Bologne, ville où Umberto Eco est professeur.
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Le film est bâti comme l'illusion de l'escalier sans fin, escalier où aura lieu d'ailleurs le combat dans l'incendie entre le bon moine franciscain Guillaume de Baskerville, par ailleurs ancien inquisiteur, et l'un des méchants, ex-bibliothécaire de l'abbaye, Jorge de Burgos.
Comme dans Notre-Dame de Paris de Victor Hugo, le monde médiéval est illustré avec : le difforme, la religiosité, les copistes pour un livre païen et la jeune fille érotique, avec la jeune paysanne.
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Le nom de la rose oppose clairement une Église riche et hypocrite, celle de l'abbaye, à une Eglise se réclamant de la pauvreté. Comme un symbole de sa supériorité, l'abbaye est construite sur une masse rocheuse et surplombe un village miséreux : les ordures de l'abbaye sont des mets de choix pour ces derniers qui se battent pour obtenir les meilleurs morceaux. Cette richesse incongrue s'accompagne d'une déviance morale certaine, au moins du point de vue catholique. Tandis que les moines se montrent d'une piété certaine, l'attrait de la chair, envers le sexe opposé comme envers les jeunes moines prêts à tout pour obtenir quelques privilèges, ronge les fondations religieuses de l'abbaye comme de l'Eglise.
La Master class de Jean-Jacques Annaud
mercredi 29 février 2012 au Forum des images à Paris
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Sources :
http://www.jjannaud.com
http://www.imdb.com
http://cinema.leparisien.fr
http://cinema.krinein.com
http://www.allocine.fr
http://fr.wikipedia.org
http://www.cinemovies.fr