Synopsis :
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Au sortir de la guerre, Marjoline, une belle adolescente, arrive à Paris. Elle devient manucure dans un luxueux salon de beauté et épouse Daniel, jeune chercheur en horticulture. Elle est au comble du bonheur lorsqu’ils reçoivent en cadeau un appartement au confort moderne. Pour le meubler, elle se couvre progressivement de dettes, malgré l’opposition de Daniel. Son désir obsessionnel de consommer va mettre leur nouveau bonheur en péril.
Amos Gitaï ne connaissait pas l'œuvre d'Elsa Triolet,
c'est la productrice du film, Nicole Collet, qui lui a suggéré de le lire pour l'adapter. Jusque là il ne l'avait découverte qu'à travers des textes biographiques et poétiques, notamment dans Elsa de Louis Aragon. .
Focus sur Amos Gitaï
né le 11 octobre 1950 à Haïfa (Israël), est un réalisateur, acteur et scénariste israélien.
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Né d'un père architecte du Bauhaus, il commence des études d'architecture. Lorsque la guerre du Kippour éclate, il doit interrompre ses études pour participer au conflit au sein d'une unité de secours par hélicoptère. Au cours de ses missions, il utilise une caméra Super-8. A l'issue de la guerre, il s'engage dans une carrière de cinéaste et commence à réaliser des documentaires.
En 1979, la télévision israélienne refuse de diffuser son film Bayit , dont les prises de position sont jugées trop à gauche. Cependant le film obtient un certain succès dans des festivals internationaux. Le documentaire, Journal de campagne, réalisé en 1982, déclenche une polémique et l'oblige à quitter Israël pour vivre à Paris. Parallèlement, il poursuit ses études d'architecture à Berkeley, où il aura son doctorat en 1986. Il ne retourne dans son pays qu'après l'élection de Yizhak Rabin et la signature des accords d'Oslo au début des années 1990.
Durant cette période, il continue à réaliser des documentaires, et tourne son premier long
métrage de fiction Esther
en 1986. Cette même année, il obtient son doctorat d'architecture à Berkeley.
Après son retour en Israël, il s'attaque à de nombreux sujets :
religion avec Kadosh
qui relate l'histoire de deux femmes dans la société ultra-orthodoxe de Jérusalem ;
guerre avec Kippour
où il puise de ses propres souvenirs de la Guerre de Kippour ; création de l'État d'Israël avec Kedma, l'histoire de rescapés de la Shoah qui débarquent en Palestine mandataire, pendant la Guerre d'indépendance d'Israël
proxénétisme avec La Terre Promise
le périple de quelques jeunes filles russes jusqu'aux maisons closes israéliennes; l'occupation des territoires palestiniens avec Free Zone 
Ses films sont mieux accueillis à l'étranger qu'en Israël, ceux-ci étant jugés par certains de ses compatriotes comme trop "européens" et portant un regard trop simpliste sur la réalité israélienne, bien plus complexe. En revanche, son œuvre est fort appréciée à l'étranger. D'après le Village Voice, il serait pour lui seul "la nouvelle vague israélienne". Ses films ont été projetés dans des compétitions internationales et récompensés à plusieurs reprises.
Il réalisé en 2006 un documentaire News from House
Regards sur son pays au travers des personnages israéliens et palestiniens qui traversent le temps, au milieu du tumulte du Moyen-Orient, autour de ce lieu unique. Regards sur les différentes transformations au fil de ces dernières 25 années, de cette métaphore qu'est la maison et des personnages qui s'y rattachent.
Réalisé en 2007 Avec Juliette Binoche, Liron Levo, Jeanne Moreau Réalisé en 2008
Avec Jeanne Moreau, Hippolyte Girardot, Dominique Blanc (Liste non exhaustive)
Après ses films à portée politique et se déroulant bien souvent sur les terres de Palestine et d'Israël, le réalisateur souhaitait changer de décor et d'époque. Pari tenu: il revient sur les écrans avec l'adaptation d'un best seller des années 1950 écrit par Elsa Triolet. Il explique qu'il avait envie, après des films très personnels comme Carmel (le titre évoquant la montagne du village de son enfance), d'avoir affaire au cinéma, directement, au delà de son cercle immédiat sans l'ombre portée de la situation politique au Moyen-Orient.
Le réalisateur insiste sur le grande modernité du texte de Elsa Triolet. Si Martine (Marjoline dans le film) est encline à l'achat frénétique, son mari reste de marbre devant l'amoncellement d'objets. En visionnaire, l'écrivaine évoque l'oubli progressif des valeurs amorcé dans les années 50 au profit de la consommation. Pour reprendre Boris Vian, le cœur a été remplacé par l'électroménager et le jetable. Amos Gitaï rapporte pourtant qu'il a souhaité respecter l'époque et situer l'histoire dans les années 50 à l'instar du roman. Cela lui a permis de faire de son film une parabole sur le crédit et d'évoquer au plus près la perte de soi dans la marchandise. A propos du personnage de Marjoline, il explique qu'elle "appartient aux années 50 mais elle pourrait vivre à l’époque de Sarkozy. À cause de cela, j’ai refusé la première proposition de la production de transposer tout le film aujourd’hui. La distance historique de cinquante ans était nécessaire pour montrer quelqu’un qui n’est pas de notre temps, mais qui y ressemble".
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Léa Seydoux et Grégoire Leprince-Ringuet
Le réalisateur évoque les objets d'un point de vue original. En effet, s'ils sont au centre du film et constamment évoqués, le cinéaste en montre très peu. Il a choisi de les faire exister à travers le langage, à travers l'idée. Les objets sont ainsi très présents mais sur le mode de l'absence. Le réalisateur a expliqué que ce qui l'a intéressé avant tout ce sont les conséquences de l'objet sur les rapports humains. L'être est donc au centre du film et les objets gravitent et planent en périphérie des personnages. Ce procédé rappelle celui de Les Choses de Georges Perec, qui décrivait avec une telle minutie les objets du quotidien qu'il finissait par les obscurcir et les distancer. L'excès de réalisme avait sur le lecteur l'effet contraire, il n'y voyait plus rien.
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Léa Seydoux et Grégoire Leprince-Ringuet
Roses à crédit a été tourné à Goussainville. Drôle de lieu pour un tournage puisque cette ville, située près de Roissy et de l'aéroport, est connue pour avoir été murée à cause des nuisances sonores. Le réalisateur a expliqué que le choix s'est porté sur cet espace encore intact et comme hors du temps parce qu'il avait des allures de petit village du début du siècle. Les décors n'ont pratiquement pas été changés, rien n'a été altéré, l'atmosphère était là.
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Léa Seydoux
Roses à crédit marque la première collaboration entre le réalisateur et le directeur de la photographie Eric Gautier. Les deux hommes ont beaucoup discuté de la tonalité du film, des couleurs à apporter au film qui est censé se dérouler dans les années 50. Eric Gautier a déjà une belle carrière derrière lui, il a travaillé aux côtés de Desplechin, d' Assayas, de Sean Penn, de Patrice Chéreau, de Julian Schnabel ou encore de Raoul Ruiz!
Léa Seydoux et Grégoire Leprince-Ringuet se trouvent réunis pour la seconde fois sur le grand écran. Ils avaient déjà joué un couple dans La belle personne de Christophe Honoré. Il réitèrent l'expérience dans ce nouveau film d'Amos Gitai.
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Grégoire Leprince-Ringuet et Léa Seydoux
Sources :
http://www.cinemovies.fr
http://fr.wikipedia.org
http://www.allocine.fr