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Je ne veux parler que de cinéma, pourquoi parler d'autre chose ? Avec le cinéma on parle de tout, on arrive à tout. Jean Luc Godard

Sur les quais "On the Waterfront"

   
Date de reprise 24 avril 2013

 

Version restaurée

 

Sur-les-quais---Affiche.gif

 

Réalisé par Elia Kazan


Avec Marlon Brando, Karl Malden, Lee J. Cobb,

Rod Steiger, Pat Henning, Leif Erickson, James Westerfield,

Tony Galento, Tami Mauriello, John F. Hamilton,

et Eva Marie Saint.


Genre Drame, Policier, Romance


Production Américaine


Titre original On the Waterfront

 

Date de sortie 14 janvier 1955

 

Elia Kazan a reconnu après coup que la nuit des oscars où Sur les quais a été récompensé était un des plus beaux jours de sa vie : "Cette nuit-là, j'avais enfin ma revanche. J'en appréciais chaque minute. Sur les quais était ma propre histoire, j'ai travaillé dur tous les jours sur ce film. J'y disais au monde ce que je pensais. Mes critiques pouvaient aller se faire voir."

 

Sur les Quais - Marlon Brando and Eva Marie Saint

Le film a été primé quatre fois aux Golden Globes.

    
Sur les quais a connu un succès critique très important.

Douze nominations aux Oscars pour finalement remporter huit statuettes.

 

- Meilleur film
- Meilleur acteur pour Marlon Brando
- Meilleure actrice dans un second rôle

pour Eva Marie Saint
- Meilleure direction artistique pour Richard Day
- Meilleure photographie pour  

Boris Kaufman
- Meilleur réalisateur pour Elia Kazan
- Meilleur montage pour Gene Milford
- Meilleur scénario original

pour Budd Schulberg

 

 

 

 

Présenté en compétition officielle à Venise,

Sur les quais a remporté le Lion d'argent et le Prix de la critique.

 

En 1954 Eva Marie Saint reçoit l'Oscar

de la meilleure actrice dans un second rôle

pour son interprétation dans Sur les Quais

 

En 1999, Elia Kazan, âgé de 90 ans, reçoit un Oscar d’honneur pour l’ensemble de sa carrière. Mais cette reconnaissance officielle suscite une très vive controverse. La Guilde des auteurs réclame même le retrait d’une récompense jugée illégitime. Cette réaction peu commune s’explique par le parcours professionnel et personnel d’Elia Kazan dans les années 1950. En 1955,  On the Waterfront   est multi récompensé, après avoir pourtant été refusé par de nombreux studios et deux fois par la Columbia qui finit par le produire.

 

L’engagement ambigu du film apparaît en effet comme le reflet cinématographique des choix discutables du citoyen Elia Kazan...

 

Synopsis

 

Dans le port de New York, le syndicat des dockers, affilié à la puissante centrale AFL-CIO, est contrôlé par un gang mafieux dirigé par l'avocat Johnny Friendly (Lee J. Cobb) et Charley Malloy (Rod Steiger). Ce dernier n'est autre que le frère de Terry Malloy (Marlon Brando), un ancien boxeur, lui-même docker et manipulé par son frère. Terry est un docker taciturne et secret qui élève des pigeons sur le toit de son immeuble à ses moments perdus.

 

Lee-J-Cobb-Marlon-Brando-Rod-Steiger-in-On-The-Waterfront-1.jpg

  .

Lee J Cobb, Marlon Brando et Rod Steiger

 

Il assiste sans intervenir au meurtre d'un employé qui voulait dénoncer les méthodes illégales de Charley Malloy. Terry Malloy se retrouve face à un cas de conscience lorsque Edie Doyle (Eva Marie Saint), la sœur de l'homme assassiné lui demande de l'aider dans sa recherche des meurtriers...


Eva-Marie-Saint-and-Marlon-Brando-in-On-The-Waterfront-1954.jpg  

 .

Eva Marie Saint et Marlon Brando

 

Le père Barry (Karl Malden), l'aumônier des dockers, l'encourage à lutter contre le syndicat. Quand son frère Charley est exécuté pour avoir refusé de tuer Terry, devenu gênant, le père Barry convainc celui-ci de témoigner devant une commission d'enquête qui met fin aux activités de Johnny Friendly.

 

Mais cela lui vaut la réprobation de ses camarades.

 

Terry décide alors de régler directement ses comptes avec Friendly. Impressionnés par son courage, les dockers lui emboîtent le pas et reprennent le travail. La puissance du syndicat est brisée.

 

Sur-les-quais---Marlon-Brando.jpg

 

Les personnages de ses films ressemblent au cinéaste en ceci qu’ils apparaissent souvent comme des êtres errants dans un monde dans lequel ils ne se reconnaissent pas, où ils ne trouvent pas leur place. Terry Malloy hésite ainsi entre choisir le silence pour protéger ses "amis" du syndicat ou témoigner contre eux pour soutenir les dockers et aider la belle Edie.

 

Quand Sur les quais apparaît sur les écrans américains, Dwight David Eisenhower, président depuis un an, se trouve confronté à la gestion de la guerre de Corée, commencée en 1950 par Truman sans l’accord du Congrès. Déjà psychologiquement éprouvés par la mort de nombreux soldats pendant la Seconde Guerre mondiale, les Américains essuient de sérieuses pertes en Corée sans avoir gagné (33 629 morts et 103 284 blessés, 20 milliards de dollars dépensés). En revanche, cette guerre assure une popularité sans précédent au sénateur Joseph McCarthy, qui attise la suspicion d’une Amérique déjà ébranlée en accusant l’administration officielle d’abriter des agents communistes, des espions jugés indésirables. Dans Sur les quais, les rapports entre les personnages témoignent en quelque sorte des relations entre les Américains pendant la "chasse aux sorcières". L’issue de la Seconde Guerre mondiale a plongé le pays dans la guerre froide et la menace communiste hante les esprits : les États-Unis sont divisés, comme les docks entre syndicalistes véreux et travailleurs exploités.


En 1951, Elia Kazan propose à Budd Schulberg de collaborer avec lui et accepte de tourner un film sur les docks new-yorkais. Le cinéaste sachant que Darryl F. Zanuck lui doit encore un film envoie le scénario au producteur. Les deux hommes se recontrent à Los Angeles. Zanuck refuse de financer le projet déclarant que personne ne serait intéressé par une histoire de dockers. Budd Schulberg et Elia Kazan rencontrent alors le producteur Sam Spiegel qui accepte de les aider. Il produit le film et prend contact avec la Columbia. 

 

Quelques jours avant le tournage, Marlon Brando fut préféré à Frank Sinatra, qui avait pourtant donné son accord, pour interpréter le rôle de Terry Malloy.

 

Mais Marlon Brando a commencé par refuser le rôle et lorsqu'il a été question que Paul Newman joue à sa place, il a contacté Elia Kazan pour dire qu'il acceptait.

 

Marlon Brando Sur les Quais - Marlon Brando


Sur les quais est finalement tourné en 35 jours pour 900 000 dollars et en rapporte près de 10 millions à sa sortie.

   
Après la sortie du film, Marlon Brando a déclaré avoir improvisé plusieurs scènes parmi les plus connues du film comme celle où il ramasse et enfile le gant d'Eva Marie Saint avant de le lui rendre ou celle du taxi à la fin avec son frère. Le scénariste Budd Schulberg conteste en partie ses propos. D'après lui, Marlon Brando n'a pas apporté de modifications essentielles au script. Toute la scène autour de la réplique "I could have been a contender" était déjà dans le scénario original.

 

Le scénario de Budd Schulberg est inspiré d'une série d'articles publiés dans le New York Sun intitulée Crime on the waterfront, à la suite d'une véritable rébellion ayant eu lieu dans les docks de New York quelques années plus tôt.

 

Le journaliste Malcolm Johnson y fait la chronique de la vie sur les docks révélant au passage certaines pratiques douteuses. La série d'articles a remporté le prix Pulitzer. Il y dénonçait la tyrannie et les rackets exercée sur les dockers. L’origine documentaire du film transparaît dans le traitement filmique et dans la direction d’acteurs : tournage en extérieur en décors naturels, froideur de l’air palpable, scènes de vie quotidienne et d’intimité, naturel du phrasé, place accordée à l’improvisation… L’utilisation des toits plats se révèle aussi riche de sens. Traditionnellement, les toits sont un lieu d’évasion et de rêverie. Ici, ils constituent un refuge salvateur pour Terry. Sur les toits, il peut oublier les soucis d’en bas et évoluer à son aise, sans être en permanence surveillé par son frère Charley et Johnny Friendly.

 

En haut, il est encore ce grand boxeur professionnel qui fait briller les yeux des enfants.

 

En bas, il n’est qu’un sportif raté, un fainéant, un incapable, puis un traître et un laissé-pour-compte.

 

Les toits, entre terre et ciel, constituent un espace en suspension, sur lequel l’écoulement du temps n’aurait plus de prise.


Les personnages du film sont ainsi inspirées de personnes réelles.

Le Père Corridan et Arthur Browne ont ainsi donnés naissance au Père Barry  et à Timothy Dugan (Pat Henning). Pour le Père Barry, éliminer ceux qui tentent de faire éclater la vérité, c’est mettre à nouveau le Christ en croix. En plus des articles, Budd Schulberg a passé du temps sur les quais à faire des recherches.  

 

Sur-les-Quais---Marlon-Brando-et-Karl-Malden.jpg Marlon Brando et Karl Madden

 

Tourné en plein maccarthysme, le film ne fut pas apprécié par certains, qui y voyaient une agression contre les syndicats.

 

Sur les quais est toujours en partie controversé car de nombreuses personnes y ont vu une manière pour Elia Kazan de justifier sa collaboration avec la Comission des activités anti-américaines. Le cinéaste et son scénariste Budd Schulberg y avaient été mis en cause avant de dénoncer certains de leurs anciens camarades communistes.

 

Lors de la chasse aux sorcières, Elia Kazan reconnaît d'abord avoir été membre du parti communiste, mais refuse de donner des noms. Quatre mois plus tard, de lui-même, il dénonce seize personnes, membres et sympathisants du PC.

 

Avant et après ce film, Elia Kazan s’est toujours affiché comme un homme de gauche. Ses œuvres transcrivent son engagement sociopolitique. Dans une allocution prononcée à Athènes en avril 1978, Elia Kazan explique son travail en ces termes :
"Je vois les États-Unis comme un théâtre où se joue une pièce dont les personnages ne sont pas forcément sympathiques, dont la lumière est parfois obscure et où les actions ne sont pas toujours les meilleures possibles. Mais, fût-ce dans les pires moments, j’ai constamment vu la lutte qui s’y livrait comme la lutte pour la liberté. (...) Ce qui hante mes films, je l’espère, c’est cette colère et cette lutte."

 

Dans le film, Terry Malloy, jeune docker, réussit à débarrasser son syndicat du chef qui le tient sous sa coupe, en dénonçant un meurtre dans lequel ce dernier a trempé. On pourra longtemps débattre de la culpabilité que tentait d'évacuer le cinéaste en abordant pour la première fois ce thème de la délation, qui reviendra souvent dans son oeuvre.

 

  Sur-les-Quais---Marlon-Brando-et-Eva-Marie-Saint.jpg

.

  Marlon Brando et Eva Marie Saint


Mais comment oublier l'admirable réalisme du décor, la peinture du milieu des dockers et la poésie qui imprègne les rapports d'un Marlon Brando exceptionnel et d'Eva Marie Saint. C'est aussi, pour le cinéaste, la première vraie rupture avec l'univers hollywoodien.

 

Sur-les-Quais---Eva-Marie-Saint-et-Marlon-Brando.jpg

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Eva Marie Saint et Marlon Brando


Elia Kazan a fait en sorte que son film paraisse le plus authentique possible. Le tournage a eu lieu à New York et dans le New Jersey en extérieur sur de vrais docks. Au niveau du casting, les hommes de main de Johnny Friendly sont trois anciens boxeurs professionnels qui ont tous rencontré le champion poids lourd Joe Louis. De même, les figurants sont pour la plupart de vrais dockers.


Arthur Miller avait un temps été considéré pour écrire le scénario du film mais les dénonciations d'Elia Kazan devant la commission des affaires anti-américaines a mis fin à toute collaboration entre les deux amis.

 
Les compositions de Leonard Bernstein pour Sur les quais sont les seules qu'il n'a pas écrite pour une comédie musicale. Son travail lui a valu une nomination aux Oscars.

 
La réussite de Sur les quais doit énormément à la performance toute en finesse de Marlon Brando, qui livre ici une des plus belles prestations de sa carrière. Elia Kazan commente le travail du comédien :  

 

Sur-les-Quais---Marlon-Brando-copie-1.jpg

 

"Ce que je trouve extraordinaire dans sa performance, c'est ce contraste entre son apparence de dur et la délicatesse de ses gestes. Quel autre acteur poserait calmement la main sur le pistolet avec lequel le menace son frère pour le repousser d'une caresse ? Qui d'autres pourrait dire "oh, Charley !" avec un ton de reproche si mélancolique et si poignant qu'il fait ressentir toute la profondeur de sa peine ?"

 

Sur-les-Quais---Eva-Marie-Saint-et-Marlon-Brando-copie-1.jpg

 
Eva Marie Saint joue son premier rôle au cinéma dans Sur les quais. Jusqu'ici, elle avait fait quelques apparitions sur scène ou à la télévision.

 

Pour rappel, sa performance dans le film lui vaut l'Oscar du meilleur second rôle féminin, comme déjà mentionné.

 

Sur les Quais - Marlon Brando et Eva Marie Saint-copie-1

 
Marlon Brando et Elia Kazan ont collaboré sur deux films avant de tourner Sur les quais. Le comédien tenait le rôle principal d'Un tramway nommé désir et de Viva Zapata ! Il avait d'abord rencontré Elia Kazan au théâtre puisqu'il tenait déjà le rôle de Stanley Kowalski sur scène. Le comédien est également un des représentants les plus célèbres de l'Actors'Studio que le cinéaste a fondé avec Lee Strasberg.


Karl Malden lui aussi était lié avec Elia Kazan par l'intermédiaire du théâtre. Les deux hommes ont travaillé ensemble dans le Group Theater à la fin des années trente. Comme Marlon Brando, il joue au théâtre et au cinéma dans Un tramway nommé désir Karl Malden tourne une nouvelle fois avec Elia Kazan en 1956 dans Baby Doll. 


Le film contient une scène considérée comme l'une des plus belles du cinéma américain: lorsque les deux frères se retrouvent dans le taxi.

 

Sur-les-Quais---Rod-Steiger-et-Marlon-Brando.jpg

 

Rod Steiger et Marlon Brando

 

Martin Scorsese, grand admirateur du travail d'Elia Kazan, rend un hommage très appuyé à Sur les quais dans Raging Bull. Au-delà des nombreux parallèles qui existent entre la vie de Jack La Motta et Terry Malloy, Robert De Niro reprend dans la dernière scène toute la tirade de Marlon Brando à son frère dans le taxi où l'acteur prononce la réplique restée célèbre "I could have been a contender."

 

En 1998, Sur les Quais a inspiré un film indien tourné sous le titre de Ghulam. Au réalisme d'Elia Kazan, Vikram Bhatt a préféré l'artifice des comédies musicales de Bollywood.

 


 

Sources :

http://www.cineclubdecaen.com

http://www.critikat.com - Carole Milleliri

http://www.imdb.com

Michel Ciment, Elia Kazan – Une odyssée américaine, Ramsay Cinéma, 1987

http://fr.wikipedia.org

http://classicmoviestills.com

http://xfinity.comcast.net

http://www.telerama.fr
http://www.allocine.fr

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M
<br /> salut Alain, tu vas bien ? bonne surprise que cette sortie en version restaurée. j'espère que le dvd suivra. @+ PS Joelle a adoré le film La Demora. elle va t'écrire. <br />
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A
<br /> Je ne connais pas ce film mais quelle gueule il avait ce Marlon Brando ! Je ne suis pas venue vous rendre visite ces jours derniers car occupée par toutes sortes de désagréments, entre autre avec<br /> mon ordi et d'autres beaucoup plus contrariants. Mais tout fini par se tasser... avec le temps.<br />
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P
moi je trouve que ce film est d'une incroyable modernité aujourd'hui encore et que beaucoup de réalisateurs actuels feraient bien d 'en tirer des leçons
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D
Bonsoir Alain, ce film est bien (Brando et Eva Marie-Saint y sont pour quelque chose) mais je trouve que le film a quand même vieilli. Bonne soirée.
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M
salut Alain, voilà un autre film qui reste aussi dans mon univers. Pas vu depuis longtemps mais grand souvenir intact
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