Je ne veux parler que de cinéma, pourquoi parler d'autre chose ? Avec le cinéma on parle de tout, on arrive à tout. Jean Luc Godard
Date de sortie 25 décembre 2013
Réalisé par
Avec Masaharu Fukuyama, Machiko Ono, Lily Franky,
Yoko Maki, Shôgen Hwang, Keita Ninomiya, Rirî Furankî
Titre original Soshite Chichi ni Naru
Genre Drame
Production Japonaise
Président du jury à Cannes où était présenté le film, Steven Spielberg est tombé sous le charme de l’histoire contée par .
Le film n'avait pas fait l'unanimité des critiques, à Cannes. Cependant, on se doutait que sa thématique et son traitement toucherait Steven Spielberg, alors Président du Jury. Le réalisateur américain est allé plus loin. En effet, sa compagnie de production, Dreamworks, a acquis les droits du long-métrage nippon et en assurera un remake américain.
Tel père, tel fils en compétition officielle
au Festival de Cannes 2013 a été distingué par
- Le Prix du jury, le troisième prix le plus important figurant au palmarès.
Masaharu Fukuyama et Keita Ninomiya
Père depuis 2008 d’une petite fille, s’interroge encore sur la notion de paternité et sur le moment où un homme se sent devenir père. C’est cette réflexion sur sa propre vie qui a conduit le cinéaste japonais à réaliser Tel père, tel fils. "De toute évidence, c’est en devenant parent que l’on apprend le plus sur les enfants. Quand ma fille est née, j’ai commencé à penser de plus en plus à mon père, qui est décédé. Soudain, je me suis rappelé mon enfance et ma relation avec lui, pas forcément des plus saines. Puis je me suis rendu compte que je ne pouvais pas réfléchir au genre de père que je voulais être pour ma fille avant d’avoir analysé et digéré la relation que j’avais avec mon propre géniteur. Je vais sans doute continuer à aborder la paternité dans mes prochains films jusqu’à ce que j’en comprenne les raisons profondes", confesse-t-il.
Synopsis
Ryota Nonomiya (Masaharu Fukuyama), un architecte obsédé par la réussite professionnelle, forme avec sa jeune épouse (Machiko Ono) et leur fils Keita (Keita Ninomiya) âgé de 6 ans une famille idéale.
Tous ses repères volent en éclats quand la maternité de l'hôpital où est né leur enfant leur apprend que deux nourrissons ont été échangés à la naissance : le garçon qu’il a élevé n’est pas le sien et leur fils biologique a grandi dans un milieu plus modeste…
Avec Tel père, tel fils, confirme son goût pour la thématique de l’enfance. Si ce neuvième film raconte l’histoire d’un père dont le jeune garçon a été échangé à la naissance, trois autres de ses œuvres s’attachent à cet univers. Dans Nobody Knows, réalisé en 2004 il suit ainsi 4 enfants abandonnés par leur mère. Avec Air Doll, en 2009, il détourne le concept de l’enfance en suivant Nozomi, une poupée gonflable qui s’anime, et qui va découvrir le monde à la manière d’une enfant. Enfin, en 2011, le réalisateur nippon conviait le public à participer au voyage initiatique de deux jeunes frères séparés qui vont tout faire pour se réunir. Il s'agit là du très beau film I Wish - Nos voeux secrets.
Tourner avec des enfants âgés de 6 ans comme Shôgen Hwang et Keita Ninomiya n’a rien d’une évidence. Afin d’obtenir une vraie complicité entre les parents et les deux apprentis acteurs, Hirokazu Kore-Eda a enjoint Masaharu Fukuyama, Yoko Maki, Lily Franky et Machiko Ono à partager un maximum de temps avec les deux jeunes enfants.
Avant le tournage, ils ont ainsi déjeuné plusieurs fois et ont joué tous ensemble. Cela a permis de créer une certaine continuité sur le plateau.
Keita Ninomiya, et Shôgen Hwang
Festival de Cannes le 18 mai 2013
ne s’est pas embarrassé à expliquer dans le détail le rôle qu’aurait à jouer Shôgen Hwang et Keita Ninomiya. Le réalisateur nippon n’a carrément pas donné le scénario aux deux enfants et s’est contenté de leur indiquer une fois sur le plateau les scènes qu’ils devaient interpréter.
Plus qu’un acteur, Masaharu Fukuyama est une star dans son pays. Jusqu’à 2011, il était le chanteur masculin ayant vendu le plus disques de l’histoire du Japon. Son tube Sakurazaka, qui l’a popularisé en 2000, reste à ce jour le single le plus vendu de l’histoire du Japon pour un artiste masculin.
En tant qu’acteur, c’est son rôle de Manabu Yukawa dans la série Galileo, sortie en 2007 et adaptée au cinéma, qui le consacre. Tel père, tel fils constitue son cinquième long-métrage.
Jusque-là, il n’avait joué que dans de grosses productions où il tenait le premier rôle, n’aurait jamais imaginé qu’il s’intéresserait à ses films, toujours d’un budget nettement moins important. Au lieu de dire "écrivez-moi un rôle, je veux être à l’affiche d’un de vos films", il m’a simplement expliqué "j’aimerais beaucoup jouer dans l’un de vos longs métrages, pas forcément en tant qu’acteur principal, quoi que ça reste une possibilité, j’ai simplement envie de participer à l’un de vos projets." Une démarche très modeste qui lui ressemble beaucoup confesse le réalisateur.
Rirî Furankî dispose aussi d’une certaine notoriété dans l’archipel nippon. Musicien et compositeur à ses heures, c’est surtout dans le domaine de la littérature qu’il acquiert sa popularité grâce à son premier roman Tokyo Tower : Mom & Me, and Sometimes Dad, vendu à plus de 2 millions d’exemplaires et adapté ensuite à la télévision et au théâtre.
Yoko Maki et Masaharu Fukuyama avaient déjà tourné ensemble, en 2010, pour les besoins de Ryomaden-The Legend, diffusée sur NHK. Dans cette série, les deux acteurs interprétaient un couple marié, ce qui n’est pas le cas ici.
L’un et l’autre s’opposent dans , Tel père, tel fils.
Tel père, tel fils avait divisé la critique cannoise, alors que certains avaient jugé son émotion trop attendue, trop lisse. Cependant, d'autres avaient été conquis par la douceur et l'universalité du film.
Pour le lefigaro.fr, "Kore-Eda parvenait à bouleverser les festivaliers qui commençaient à désespérer de la sélection officielle." Pour premiere.fr en revanche, "À l'inverse de Nobody knows et de Still walking, merveilles de minimalisme zen, Tel père, tel fils enfile les clichés sur la paternité et sur la lutte des classes, appuie et répète son propos avec un symbolisme trop évident et ne parvient qu'à la toute fin à nous cueillir sur le registre de l'émotion où il était attendu." Dans un même contraste, lacroix.fr appréciait "Interprété avec grâce, dominé par les notes des Variations Goldberg, mis en scène avec sobriété et élégance, Tel père, tel fils laisse une impression durable de parfaite maîtrise. Un très beau film, qui se tient aussi éloigné des éclats de voix que de l'émotion facile.", quand telerama.fr "Certes, Kore-Eda est un excellent filmeur d'enfants (il l'a prouvé avec Nobody knows, entre autres). Et il sait finir son film avec davantage de tact et de grâce qu'il ne l'a commencé. Mais cela reste déconcertant d'avoir affaire, à Cannes, sanctuaire d'un cinéma libre, à une histoire aussi fléchée, à une pensée aussi convenue, à un regard aussi normatif... Le pire serait que tout cette banalité devienne le plus petit dénominateur commun des goûts du jury." Et enfin; Pour lemonde.fr : "Pour amener ses personnages jusqu'au bout de cette aventure (...) Kore-eda emprunte le chemin de la poésie. Qu'il filme un marché couvert en béton qu'arpente une silhouette enfantine ou qu'il saisisse au vol une grimace ou un sourire, il le fait avec l'émerveillement inépuisable d'un primogéniteur. À ceci près qu'il est un grand cinéaste, et que, contrairement aux parents infernaux qui vous gavent de petits films de famille, sait faire de son portrait de famille(s) une image universelle."
Relevés sur http://www.cinemovies.fr
Mon opinion
Une nouvelle fois, , offre dans son dernier film, les rôles essentiels à des enfants. Ils sont rois.
Le réalisateur excelle depuis longtemps dans son étude des rapports humains, familiaux aussi. (Nobody knows, le magnifique Still Walking et plus récemment I wish).
Ici, deux familles que tout oppose, vont devoir composer, suite à un malencontreux coup du destin. Les images, souvent glaciales, parfois dérangeantes se succèdent, ponctuant ainsi des tranches de vie qui n'auraient jamais du se croiser.
Aucun jugement et encore moins de leçon de morale de la part du réalisateur.
Il y a des moments de doutes, d'incertitudes, de calculs aussi, que rencontre l'un de deux pères, rôle essentiel du film, interprété par Masaharu Fukuyama. À sa froideur, doublée d'une extrême rigidité, viennent s'ajouter les rapports à l'argent. Il va voir ses certitudes s'envoler d'un coup d'un seul. Les liens entre un père et un fils n'existent-ils que par le sang, sont-ils plus forts que tout ? Quand la réponse viendra s'imposer, s'en suivront une magnifique leçon de vie et l'un des moments le plus intense du film.
Les femmes sont bien présentes et ne sont pas réduites aux sourires et à l'inclinaison quasi obligatoire devant leurs interlocuteurs. Fortes de leur amour maternel, deux mères vont finir par se rapprocher en se confiant l'une à l'autre. La moins perturbée n'est pas forcément celle qui semblait avoir un avantage au départ. L'une des deux grand-mères affirme avec simplicité que les liens affectifs restent primordiaux face à ceux du sang. Des femmes justes, respectables, étonnantes de vérité.
Deux mondes. Deux époques, aussi. Mais plus que tout, deux enfants, Shôgen Hwang et Keita Ninomiya, qui eux, sont les plus forts et vaincront là, où les parents ont trébuché.
Sources :
http://www.allocine.fr
http://fr.blouinartinfo.com
http://www.imdb.com