Je ne veux parler que de cinéma, pourquoi parler d'autre chose ? Avec le cinéma on parle de tout, on arrive à tout. Jean Luc Godard
Date de sortie 26 février 2014
Réalisé pa Wes Anderson
Avec Ralph Fiennes, Tony Revolori, F. Murray Abraham,
Adrien Brody, Willem Dafoe, Mathieu Amalric, Jeff Goldblum,
Harvey Keitel, Jude Law, Bill Murray, Saoirse Ronan,
Edward Norton, Tilda Swinton
Genre Comédie
Production Américaine
Oscars 2015
- Meilleurs costumes pour Milena Canonero
Meilleure Direction Artistique pour Adam Stockhausen et Anna Pinnock
Meilleure bande originale Alexandre Desplat
Meilleurs maquillages et coiffures Frances Hannon et Mark Coulier
Wes Anderson et le scénariste Hugo Guinness confient avoir un ami en commun qui leur a inspiré, par la singularité de son esprit, le personnage de Gustave, le concierge de l’hôtel. Le réalisateur a ensuite intégré cet homme hors du commun dans une station thermale du XXème siècle, située dans un pays européen fictif : Zubrowka.
D'après lui, The Grand Budapest Hotel serait un melting pot "de comédies d’avant la censure des années 30, ainsi que les histoires et les mémoires de l’auteur viennois Stefan Zweig".
Pour les comédies, il pense à Rendez-vous réalisé par Ernst Lubitsch en 1940, où l'intrigue se déroule à Budapest et à un des seuls films musicaux qu'il apprécie, Love me tonight de Rouben Mamoulian en 1932. Pour la littérature, il cite "Eichmann in Jerusalem" d’Hannah Arendt et "Suite française" d’Irène Némirovsky.
Ralph Fiennes
Wes Anderson a pour principe de ne jamais faire comme tout le monde, y compris lorsqu'il manie sa caméra. Le réalisateur a confié qu'il avait réalisé The Grand Budapest Hotel sous trois formats de projections différents : en 1.37 :1 pour la période des années 30, en format large anamorphosé pour les séquences des années 60, et en 1.85 : 1.
Trois rapports à l'image pour un montage en trois étapes.
Le palace rose bonbon qui sert à l'intrigue de The Grand Budapest Hotel n'est pas un décor monté de toutes pièces. Le lieu existe réellement et c'est le Görlitzer Warenhaus, un ancien grand magasin historique d'un centre commercial construit en 1912 à la frontière de l'Allemagne, la Pologne et la République Tchèque.
Cet établissement qui a l'allure d'une maison de poupées emprunte son architecture à l'équivalent de l'Art Nouveau en Allemagne et s'étend sur une superficie de 10 000 mètres carrés où l'équipe du film a d'ailleurs installé ses bureaux et ses ateliers. À noter que c'est la première fois que Wes Anderson posait sa caméra en Allemagne.
Synopsis
Le film retrace les aventures de Gustave H (Ralph Fiennes), l’homme aux clés d’or d’un célèbre hôtel européen de l’entre-deux-guerres et du garçon d’étage Zéro Moustafa (Tony Revolori), son allié le plus fidèle.
La recherche d’un tableau volé, oeuvre inestimable datant de la Renaissance et un conflit autour d’un important héritage familial forment la trame de cette histoire au coeur de la vieille Europe en pleine mutation.
Adrien Brody et Ralph Fiennes
C'est l'acteur Johnny Depp, encore jamais crédité dans les films de Wes Anderson, qui devait initialement interpréter le rôle principal du concierge-voyou Gustave H.Finalement, l'acteur britannique Ralph Fiennes prendra sa place, rejoignant pour la première fois le casting flamboyant du réalisateur américain : "Cette première collaboration avec Wes Anderson m’a beaucoup inspiré, il a vraiment une vision du monde unique. Avec ce film, il a créé un vrai film de cambriolage comique, avec des déguisements, des poursuites, des évasions, sans jamais se départir de ce ton doux-amer qui fait sa marque."
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Ce n'est pas la première fois que Wes Anderson propulse ses protagonistes dans un grand hôtel. Déjà en 2001 dans La Famille Tenenbaum, le paternel irresponsable Royal Tenenbaum interprété par Gene Hackman se faisait embaucher comme liftier au Lindberg Palace, afin de prouver à sa famille qu'il pouvait s'assumer. Royal Tenenbaum formait un duo avec son acolyte, l'ancien serviteur de la maison familiale. Un duo qui peut faire penser à celui du concierge M. Gustave, Ralph Fiennes et de son jeune protégé Zero Moustafa, joué par Tony Revolori.
C'est Angela Lansbury, la détective et romancière de la série Arabesque, qui devait initialement interpréter le rôle de la comtesse Madame D. Mais pour des raisons d’emplois du temps c’est la flamboyante Tilda Swinton qui la remplace.
Tilda Swinton, qui a déjà collaboré avec Wes Anderson pour Moonrise Kingdom, incarne ici la comtesse Céline Villeneuve Desgoffe und Taxis, alias Madame D, veuve de 84 ans et amie de Gustave H. Sa transformation physique a demandé un travail tellement colossal pour l'équipe que l'actrice de 53 ans devait passer jusqu'à cinq heures par jour entre leurs mains : "Elle n’avait jamais encore eu un tel look. Elle était couverte de prothèses : les bras, la poitrine, le cou, le dos ; elle avait une immense perruque, des lentilles de contact pour la cataracte, les dents d’une vieille femme, jusqu’au lobe des oreilles. Rien n’a été oublié", détaille Frances Hannon, en charge de la coiffure, des prothèses et du maquillage sur le plateau.
Tilda Swinton
Forme de moustache similaire et paires de lunettes vintage : pas de doute, les Britanniques Tom Wilkinson et Jude Law incarnent la même personne. En effet, le premier prête ses traits au personnage de l'auteur, qui n'est autre que l'écrivain du roman fictif "The Grand Budapest Hôtel". Le second est crédité comme étant le jeune auteur, qui a vécu dans ce même hôtel tout juste avant qu'il ne ferme ses portes.
L'acteur Owen Wilson, bien connu des réalisations de Wes Anderson depuis son premier long-métrage Bottle Rocket réalisé en 1996 avait disparu des génériques du réalisateur américain. Effectivement, s'il prêtait sa voix au coach Skip dans Fantastic Mr Fox en 2010, l'acteur n'était pas présent dans Moonrise Kingdom. The Grand Budapest Hotel marque donc le retour d'un de ses acteurs fétiches, avec qui il collabore pour la septième fois, à égalité avec Bill Murray.
Avec Tony Revolori, Saoirse Ronan est la plus jeune de ce casting quatre étoiles, actrice irlandaise âgée de 19 ans, endosse le rôle d'Agatha, remarquable cuisinière de la pâtisserie Mendl, et dont Zero va tomber éperdument amoureux. Elle concocte une gourmandise réputée dans toute la république de Zubrowka : la Courtisane au chocolat. Nommée aux Oscars à seulement 13 ans pour son second rôle dans le mélo rétro Reviens-moi de Joe Wright réalisé en 2007, Saoirse Ronan se réjouit de sa collaboration avec Wes Anderson : "Je me souviens du premier jour où je suis arrivée sur le plateau. Il y avait une activité folle partout. Des gens couraient, tout le monde était remonté comme un coucou, parce que Wes sait très exactement ce qu’il veut quant au style et à l’aspect visuel. On voyait tout de suite que tout le monde était au top, chacun dans son secteur."
Tony Revolori et Saoirse Ronan
Pour recréer l'ambiance des années 30 et rendre crédible ce bond dans le passé, la chef costumière du film, Milena Canonero, a puisé dans un autre art que le cinéma : la peinture. En effet, pour confectionner ces costumes d'époque, elle s'est imprégnée des tableaux du peintre symboliste autrichien Gustav Klimt : "Pour moi, un film est comme un tableau. On regarde tout, on ne se contente pas de se concentrer sur les sujets principaux. Il faut être capable de donner une identité au moindre personnage, jusque dans le fond de l’image."
Depuis leur collaboration sur Fantastic Mr. Fox en 2009, le compositeur Alexandre Desplat n'a plus quitté le générique des réalisations de Wes Anderson. Après la musique au pas de charge de Moonrise Kingdom, le musicien a oeuvré à l'orchestration de The Grand Budapest Hotel, où plane une musique tout à fait singulière puisqu'elle est composée à base de sonorités atypiques, telles que les balalaïkas, le cimbalom moldave, ou encore le yodel, des instruments originaires d'Europe Centrale.
Cette nouvelle réalisation ne déroge pas à la règle et arbore le même type d'affiche que les précédents longs-métrages de Wes Anderson. Etiquetés en porte-clés, les personnages font face à la caméra, comme dans À bord du darjeeling limited et La Famille Tenenbaum,. Alignés les uns à côtés des autres dans de petites cases, on retrouve ce côté du cadre trop étroit pour accueillir tout le monde, comme sur l'affiche de La Vie aquatique. Une fois de plus, l'affiche de The Grand Budapest Hotel met en avant la grande famille d'acteurs du réalisateur, comme si, par excès de générosité, il voulait mettre tout le monde en haut de l'affiche.
Mon opinion :
Un grand voyage en compagnie d'un merveilleux casting, d'une musique parfaitement adéquate signée, une nouvelle fois par Alexandre Desplat, le tout dans des décors souvent enchanteurs.
Chaque chose est à sa place, et tous les personnages sont justes, aussi courtes soient certaines participations. La patte du réalisateur est bien présente et devrait satisfaire les inconditionnels, en dérouter d'autres, peut-être aussi.
Cet huitième long-métrage de Wes Anderson captive d'emblée et démontre une fois encore sa volonté délibérée pour la précision apportée au moindre détail.
Le réalisateur fait référence à Stefan Zweig, et nous emmène dans une histoire qui peut sembler brouillonne mais dans laquelle on ne se perd jamais. Allant de l'entre deux guerres à la montée du nazisme, il ne se sert servir d'aucune de ses périodes pour appuyer son propos. Les dialogues sont fins, drôles et frappent au bon moment.
Wes Anderson mène la danse et entraîne le spectateur dans la folle insouciance d'un pur moment dédié au seul plaisir du cinéma.
Des artistes magnifiques. Il faudrait pratiquement tous les citer. Adrien Brody, l'incroyable Willem Dafoe, la méconnaissable Tilda Swinton ou encore Edward Norton et Harvey Keitel. Mais celui qui mène la danse et avec quel talent c'est le merveilleux Ralph Fiennes. Que du plaisir.
Un vrai moment de détente avec un film qui fait du bien.
Sources :
http://www.allocine.fr
http://www.imdb.com
http://evene.lefigaro.fr