Je ne veux parler que de cinéma, pourquoi parler d'autre chose ? Avec le cinéma on parle de tout, on arrive à tout. Jean Luc Godard
Réalisé par Michael Hoffman
Avec Christopher Plummer, Helen Mirren, James McAvoy
Paul Giamatti, Anne-Marie Duff, Kerry Condon,
Patrick Kennedy, John Sessions, Tomas Spencer, David Masterson
Titre original : The Last Station
Long-métrage Britannique, Russe, Allemand
Genre : Drame, Biopic
Date de sortie cinéma : 8 décembre 2010
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Christopher Plummer
Synopsis :
Après cinquante ans de mariage, la comtesse Sofya Andreïevna (Helen Mirren), épouse aimante et dévouée de Léon Tolstoï (Christopher Plummer), voit son monde s'écrouler soudain sous ses pieds.
Au nom de sa nouvelle religion, le célèbre écrivain est en effet prêt à renoncer non seulement à son récent titre de noblesse, mais aussi à ses biens et à sa famille, décidé à terminer ses jours dans la pauvreté, l'austérité et la chasteté.
Sofya Andreïevna qui a dédié sa vie à cet époux extraordinaire, lui a donné treize enfants et a même copié Guerre et Paix à six reprises de ses propres mains, découvre avec horreur les agissements du fidèle disciple Vladimir Chertkov (Paul Giamatti) qui essaie de convaincre le grand Tolstoï de modifier son testament en laissant les droits de ses romans au peuple Russe plutôt qu'à sa famille !
Aussi indignée que révoltée et blessée, la comtesse se bat férocement contre ce qui constitue à ses yeux une insupportable injustice vis-à-vis d'elle et de ses enfants. Tout empire quand la passion qu'elle met à rappeler à son époux, les années, les difficultés et surtout leur amour, sert davantage le dessein de Vladimir Chertkov et conforte Tolstoï dans son désir de simplicité, d'authenticité et de paix.
La dernière année de vie de l'écrivain et philosophe Léon Tolstoï...
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James McAvoy et Christopher Plummer
Tolstoï, le dernier automne est l'adaptation cinématographique du best seller de
Jay Parini, intitulé The Last Station
titre qui est également celui de la version originale du film.
Les descendants de la famille Tolstoï, qui demeurent à Yasnaya Polyana en Russie, ont collaboré à la réalisation de ce biopic sur leurs ancêtres. Le résultat final leur a d'ailleurs plu à tous.
L'acteur Anthony Quinn avait initialement fait l'acquisition des droits d'auteur du roman. L'histoire a finalement été adaptée au cinéma par Michael Hoffman.
Grand défi que de porter à l'écran la fin d'un génie, épuisé par ses contradictions. Michael Hoffman s'en sort avec les honneurs. Esthétique délicate et atmosphère tchekhovienne, avec cette propriété qui, par moments, a des allures de Cerisaie et cette épouse qui refuse que les temps changent.
Le réalisateur offre un rôle à la hauteur du talent d'Helen Mirren, flamboyante entre séduction et furie, entre tendresse et amertume. L'âme russe du film, c'est elle.
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Anne-Marie Duff, Helen Mirren et Paul Giamatti
Parallèlement à la querelle de ménage, le film raconte l'apprentissage de Valentin, jeune secrétaire de Tolstoï. Fidèle à la philosophie de son maître, le jeune étudiant vierge vit dans la recherche d'un amour platonique et spirituel, mais ne résiste pas aux charmes de Marsha, disciple elle aussi de Tolstoï.
Cette idylle illustre les contradictions de Léon Tolstoï, pourfendeur d'une sexualité débridée mais aux tumultueux appétits charnels. Il haïssait sa compagne de le dévoyer en le rappelant au devoir conjugal, mais se prélassait l'heure venue à faire le coq avec sa "petite poule".
"Le cœur du film n'est autre que la bataille entre idéalisme et réalité. Chacun a sa propre vision d'un amour idéal, de ce qu'il doit être, perception qui contraste avec ce qu'il advient dans la réalité", dit Michael Hoffman, l'auteur du film. Beaucoup sans doute, parmi les lecteurs d'Anna Karenine, découvriront ces secrets d'alcôve.
Le scénario n'aborde finalement que très peu l'œuvre littéraire de Tolstoï, ni même son travail, pour se concentrer quasi-exclusivement sur les jeux d'influences qui se jouent autour de lui et de son héritage, que chacun sent de plus en plus proche. C'est bien là ce qui fait l'originalité du propos. Son intérêt principal résidera donc dans l'incarnation de personnages enflammés, luttant chacun pour ses idées.
Helen Mirren, qui incarne Sofya, l'épouse de Tolstoï, a immédiatement été attirée par le rôle, en partie en raison de ses origines. "C'est dans mon sang. Mon arrière-grand-mère était une comtesse russe. Un côté de ma famille est lié à l'aristocratie russe alors que l'autre, anglais, est ancré dans la classe ouvrière tant et si bien que j'incarne une parfaite contradiction", confie l'actrice. Une nouvelle fois nominée aux Oscars pour sa prestation, Helen Mirren est impériale en femme mise peu à peu de coté, et qui tente de détourner à son profit les activités du nouvel assistant de son mari. Ses explosions de colères, ses suppliques démesurées, les humiliations qu'elle subit de front, elle sera coupée de son mari par l'une de ses filles, fournissent une intense matière à l'actrice anglaise. Son inquiétude, générée par une paranoïa grandissante, qui la dessert peu à peu, permet aux auteurs de poser en ses lèvres quelques dialogues finement écrits, faits de mots très durs, notamment envers sa fille, traduisant ainsi son manque de communication avec son entourage. Une mère digne et odieuse à la fois.
Helen Mirren
Bien sûr, Christopher Plummer est impeccable, comme toujours, en indigne vieil homme, persuadé de suivre le bon chemin, sans jamais regarder en arrière, et plus préoccupé par sa postérité que par sa famille. Mais ce sont les personnages secondaires qui, au final, troublent le plus. L'acteur Christopher Plummer déclare avoir imaginé lui-même l'action et les dialogues de la scène dans la chambre, entre Léon et Sofya.
Christopher Plummer et Helen Mirren
Au milieu de tous les intrigants, l'on suit principalement l'histoire de l'assistant, interprété par le brillant James McAvoy, incarnant formidablement la naïveté de l'auteur débutant. Fou d'admiration pour son mentor, il se retrouve facilement manipulé à souhait par de viles flatteries, du fait de sa position d'observateur. Ses petits carnets, que chacun lui remet pour prendre des notes à son profit, sont d'ailleurs source des quelques rares scènes comiques du film. Heureusement, Michael Hoffman s'intéresse aussi à l'évolution de ce jeune puceau de la vie, qui s'enamourachera au passage de Mascha, une jeune et fraîche adhérente du mouvement tolstoïen. Cœur de toutes les manigances, son personnage est finalement le plus intéressant de tous, et le plus honnête visiblement. James McAvoy a été immédiatement séduit par le personnage de Valentin : “C’est un observateur, innocent et vierge, qui a tout d’un idéaliste académique épris de l’image de Tolstoï. Comme les étudiants actuels obsédés par les groupes de rock, Valentin est un fan de Tolstoï.“
L’acteur évoque l’existence d’un lien très fort entre Valentin et l’écrivain : “Tolstoï apprécie la franchise de Valentin qui est fasciné par la quête de vérité de l'auteur. La passion pour ses idées s’estompe un peu quand il réalise que la vie de l’auteur de Guerre et Paix trahit complètement son enseignement. Lorsqu’il découvre sa farouche opposition avec sa femme, alors que son travail est centré sur la suprématie de l’amour, Valentin prend conscience des contradictions de son idole.”
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James McAvoy
L’autre fil conducteur de l’histoire de Valentin concerne sa tortueuse idylle avec Masha : “Valentin est initialement attiré par elle pour les mêmes raisons que celles qui l’ont poussé à aller vers Tolstoï : la capacité à se débarrasser de l’absurdité de la vie. Valentin et Masha partagent cette même passion pour les idées de Tolstoï. “
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Kerry Condon et James McAvoy
On peut entendre à un certain moment du film un enregistrement du fameux opéra Madame Butterfly. Cependant, l'action se déroule en 1910 et l'opéra a été enregistré pour la toute première fois en 1909. Le fait qu'on puisse l'écouter si tôt en pleine campagne russe paraît donc improbable.
Durant la scène du repas en extérieur, lorsque Sofya arrête le discours de Tolstoï sur le gramophone, elle le remplace par un extrait de l'acte VI du Mariage de Figaro de Mozart. Cet extrait correspond au moment de l'opéra où la comtesse pardonne les nombreux forfaits du comte. Tolstoï cesse alors de marcher et déclare : "C'est mieux".
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Helen Mirren
Sources :
http://television.telerama.fr
http://www.lemonde.fr
http://www.abusdecine.com
http://www.allocine.fr
http://www.cinemovies.fr
http://allmoviephoto.com
http://www.cinenews.be