Date de sortie 6 août 2014
Réalisé par Nuri Bilge Ceylan
Avec Haluk Bilginer, Melisa Sözen, Demet Akbağ,
Ayberk Pekcan, Nejat İşler, Serhat Mustafa Kılıç, Emirhan Doruktutan
Titre original Kis Uykusu
Genre Drame
Production Turque
Outre le Prix FIPRESCI de la critique internationale,
Winter Sleep a remporté la Palme d'or du 67ème Festival de Cannes.
Le cinéaste, venu recevoir son prix, a dédié sa Palme à "la jeunesse turque, à celles et ceux qui ont perdu la vie pendant l’année qui s’est écoulée". Son pays a connu de violentes manifestations contre le gouvernement de l'AKP.
Nuri Bilge Ceylan est né à Istanbul le 26 janvier 1959. En 1976, il démarre des études d’ingénieur chimiste à l’université technique d’Istanbul, dans un contexte de forte agitation étudiante, sociale et politique. En 1978, il poursuit avec un diplôme d’ingénieur électrique à l’université du Bosphore. Il y développe un très fort intérêt pour l’image, s’inscrivant au club de photographie de l’université. C’est là également qu’il alimente son goût pour les arts visuels et la musique classique, grâce aux vastes ressources bibliothécaires de la faculté. Il commence à prendre des cours de cinéma et assiste aux projections du ciné-club, ce qui renforce son amour du cinéma, né des années plus tôt dans les salles obscures de la cinémathèque d’Istanbul.
Diplômé en 1985, il voyage à Londres et Katmandou, et en profite pour réfléchir à son avenir. Il revient en Turquie pour faire son service militaire d’une durée de 18 mois. C’est à ce moment-là qu’il décide de dédier sa vie au cinéma. Après son service, il étudie le cinéma à l’université Mimar Sinan, tout en devenant photographe professionnel afin de gagner sa vie. Au bout de 2 ans, il abandonne son cursus universitaire pour passer à la pratique. Il commence par jouer dans un court-métrage réalisé par son ami Mehmet Eryilmaz, tout en participant au processus technique de réalisation.
Fin 1993, il commence à tourner son premier court-métrage, Koza. Le film est projeté à Cannes en mai 1995 et devient le premier court-métrage turc sélectionné au festival de Cannes.
Trois longs-métrages suivent, qui peuvent être considérés comme des "suites" de Koza. Ils ont également été qualifiés de "trilogie provinciale". Il s’agit de Kasaba en 1997. Nuages de mai en 1999 et Uzak réalisé en 2003.
Uzak, reçoit :
- Le Grand Prix au Festival de Cannes 2003
et fait de Nuri Bilge Ceylan un réalisateur reconnu au niveau international.
Uzak gagna pas moins de 47 récompenses, dont 23 internationales, et devint ainsi le film le plus récompensé de l’histoire du cinéma turc.
Son film suivant, Les climats, est également sélectionné à Cannes en 2006 et y remporte :
- Le prix FIPRESCI de la critique internationale.
En compétition lors de la 61ème édition du festival de Cannes en 2008, son film Les Trois Singes obtient
- Le prix du meilleur réalisateur.
En 2009, il fait partie du jury cannois.
En 2011, son film Il était une fois en Anatoli remporte
- Le Grand Prix à Cannes.
L’année suivante, Nuri Bilge Ceylan reçoit le "Carrosse d’Or" lors du festival de Cannes, récompense décernée dans le cadre de la Quinzaine des réalisateurs par la Société des Réalisateurs de Films à l’un de leurs pairs.
Nuri Bilge Ceylan prend pour acteurs, dans tous ses films, ses amis et des membres de sa famille. Lui-même assure plusieurs postes techniques : la cinématographie, le design sonore, la production, le montage, l’écriture, la direction d’acteurs...
Synopsis
Aydin (Haluk Bilginer), un ex-comédien de théâtre célèbre, la soixantaine bien tassée, tient un petit hôtel dans une petite ville, coincée dans les paysages superbes, de la région touristique de la Cappadoce. De son père, il a hérité de maisons qu’il loue dans le village, mais par ses certitudes et son aveuglement, il suscite sans le vouloir les rancœurs de ses voisins et les reproches de ses proches…
Il est marié à une femme bien plus jeune que lui, Nihal (Melisa Sözen), dont il s’est éloigné sentimentalement.
Aydin a recueilli sa sœur Necla (Demet Akbağ), mal en point depuis son récent divorce et traite fort mal, sans même s'en rendre compte, ses domestiques et ses locataires.
En hiver la neige recouvre la steppe. Alors que les touristes ont déserté les lieux, Aydin se retrouve seul face à sa jeune femme et sa sœur. L’hôtel devient leur refuge mais aussi le théâtre de leurs déchirements...
Melisa Sözen
Extraits d'entretien de Michel Ciment et Philippe Rouyer avec Nuri Bilge Ceylan
pour http://www.memento-films.com
Propos recueillis à Cannes le 20 mai 2014. Kerem Ayan traducteur.
Extrait de l’entretien à paraître dans Positif n° 641/642- Juillet/août 2014
Numéro spécial : chefs opérateurs et couleurs.
Comment est né ce projet de tourner un film en Cappadoce, dans ces falaises troglodytes ?
Nuri Bilge Ceylan : Je me suis inspiré de trois nouvelles de Tchekhov, j’ai ce projet en tête depuis quinze ans. Je ne vous dirais pas quels récits j’ai choisi pour ne pas trop orienter la lecture du film, mais si l’on connait bien l’œuvre de l’écrivain, il n’est pas difficile de trouver l’origine. Nous avons beaucoup changé l’histoire, ajouté des choses. Au début nous ne voulions pas tourner en Cappadoce, car l’endroit me semblait trop beau pour ce film- là, mais nous n’avons pas réussi à trouver un hôtel un peu isolé du monde où je pourrais mettre mes personnages à l’écart de la vie courante. En plus je voulais qu’il y ait quelques touristes dans cet établissement, ce qui est vraisemblable en Cappadoce, où ils viennent même en hiver. Quand nous avons finalement repéré cet endroit nous avons voulu y situer notre histoire, par conséquent, elle a évolué. Le décor, en un sens, a aidé à son changement.
On a parlé aussi de La Cerisaie comme source d’inspiration.
Je n’y ai pas du tout pensé, il n’y a pas de rapport direct, mais comme toute l’oeuvre de Tchekhov tourne autour des mêmes thèmes on peut aussi, bien sûr, évoquer La Cerisaie.
Le nom de l’hôtel, Othello, les affiches de Caligula de Camus, et de Antoine et Cléopâtre de
Shakespeare dans le bureau de Aydin sont-ils des pistes ?
Pas vraiment, mais comme le personnage principal est un ancien comédien, il est normal que dans le lieu où il travaille il y ait des affiches de théâtre. De plus, ce sont des affiches qui lui appartiennent et des pièces dans lesquelles il a joué. Haluk Bilginer est un acteur très connu en Turquie et son personnage dirigeant un hôtel, il est logique qu’il lui donne le nom du héros de Shakespeare.
Vous avez travaillé sur le scénario avec votre femme Ebru. Comment se passe votre collaboration ?
Nous écrivons ensemble depuis Les Climats. D’abord, nous nous attachons à la construction de l’histoire, puis à la rédaction des dialogues. En fait, chacun s’y met de son côté, puis nous en discutons. Au moment où arrive la décision de choisir tel ou tel dialogue il y a beaucoup de disputes, parfois assez violentes, mais elles nous aident à trancher entre plusieurs options. Le temps de l’écriture est assez court mais le temps de la dispute plus... long ! Comme je suis le réalisateur je veux avoir le dernier mot mais Ebru trouve toujours le moyen d’essayer de me persuader que ce n’est pas le bon dialogue. Ces débats continuent même après la sortie du film. Si un journaliste critique négativement un aspect du film avec lequel elle n’était pas d’accord, elle me fait remarquer qu’elle avait raison ! Il me faut alors trouver un autre article qui épouse mon point de vue !
Quelles sont les qualités d’Ebru dans votre écriture en commun ?
Elle est particulièrement bonne pour élaborer l’intrigue. Quand nous avons travaillé sur Il était une fois en Anatolie, c’est elle qui a trouvé la plupart des solutions aux problèmes. Je pense aussi qu’elle est encore plus impitoyable que moi pour juger notre travail. C’est quelqu’un de très réaliste. Parfois je me sens comme Aydin, mon protagoniste, quand il est face à sa sœur Necla, un personnage intransigeant. Face à ses assauts, j’ai parfois envie de lui dire de me laisser retomber sur mes pieds. Je pense que ce réalisme de Ebru est bénéfique au film : elle est ancrée dans le présent et la réalité.
Le fait que votre film soit plus dialogué que d’habitude a-t-il changé quelque chose dans l’écriture ?
En fait, nous avions des doutes pendant l’élaboration du scénario et nous nous demandions si le spectateur accepterait ces dialogues très littéraires qui ne le gênent pas au théâtre.
Winter Sleep se rapproche des Climats qui faisait le portrait d’un couple et qu’avaient suivis deux films noirs, deux thrillers, pour ainsi dire, Les Trois Singes et Il était une fois en Anatolie. Mais par rapport aux Climats c’est une œuvre beaucoup plus ample, comme un grand roman. Dès le départ avez-vous pensé réaliser un film de trois heures seize, une sorte de fresque ?
Déjà, quand nous avons fini d’écrire le scénario, nous nous sommes rendu compte de ce qui allait se passer, car il faisait cent soixante trois pages contre quatre-vingt seize pour Il était une fois en Anatolie. Mais ça n’était pas très important pour moi. Je pense que je dois avoir la même liberté qu’un écrivain qui, quand il écrit, ne se demande pas combien de pages doit avoir son roman. Ce sont seulement des soucis commerciaux qui cantonnent les metteurs en scène dans des films de quatre-vingt dix minutes ou cent minutes. Je n’ai jamais pensé à ce genre de choses et nous nous sommes lancés dans l’aventure.
Haluk Bilginer
Est-ce que tous les personnages existaient dans le synopsis où y en a-t-il certains qui sont nés progressivement ?
Le point de départ ce fut l’homme et la femme et ensuite la sœur, puis ceux qui les entourent et enfin l’imam, son frère et l’enfant. C’est pourquoi la première scène que nous avons écrite n’était pas celle de l’enfant cassant le pare-brise avec une pierre. Notre première séquence confrontait le mari et son épouse Nihal. Puis, nous nous sommes dit qu’il fallait établir un lien entre ce couple et la petite ville où ils se sont installés et du coup nous avons crée cette famille. En fait, je me suis souvenu de quelque chose qui m’est arrivé dans mon enfance. Nous étions avec mon père dans une petite agglomération et il avait ramené une voiture des Etats-Unis qui était, je crois, la seule qui se trouvait là et un gamin a jeté une pierre contre la vitre. Mon oncle est sorti du véhicule, est allé chercher le garçon et l’a ramené comme dans le film.
Il y a une séquence qui tranche avec la tonalité du film, c’est celle où Nihal vient offrir de l’argent à Ismail, le père alcoolique de l’enfant, qui brûle la liasse de billets, comme dans un chapitre célèbre de L’Idiot de Dostoïevski. La scène est insérée au milieu d’une longue séquence de beuverie.
Pour moi ce personnage d’Ismail n’est pas très réaliste, je le vois plutôt comme utopique. Nous voulions qu’il soit comme cela, vivant dans un autre monde, et nous avons pensé que cette séquence était nécessaire pour donner une leçon à Nihal. J’aime bien cette scène imprégnée d’utopisme, pour mieux faire ressortir le réalisme de l’ensemble. Chez Dostoïevski il y a aussi ce genre de contrepoint.
Comment voyez-vous les personnages féminins par rapport à Aydin ? Ils nous semblent plus concrets, se faisant moins d’illusions que l’homme, vivant moins dans les faux semblants.
Quand j’ai écrit ces femmes fortes, je me suis inspiré de mon enfance, car je vivais avec ma tante et ses deux filles qui étaient ainsi. Les hommes n’étaient pas souvent à la maison, ils partaient et revenaient, et ces femmes leur disaient leurs quatre vérités. Cela m’a beaucoup inspiré. Fitzgerald a écrit que toute vie est une entreprise de démolition. Dans la scène de beuverie, on a le sentiment que Aydin est en train de s’écrouler après un long processus qui voit son masque tomber. Je suis d’accord mais j’ajouterais qu’il faut vraiment que Aydin soit détruit pour qu’il puisse recommencer à faire quelque chose. Je pense que dans la vie il en va souvent ainsi, qu’il faut aller au bout d’un processus de destruction pour pouvoir poursuivre son existence autrement. C’est pour cela que nous avons conçu cette scène où ils se noient dans l’alcool. Aydin doit ensuite retrouver un peu de fierté pour avoir la force de retourner à la maison et d’écrire enfin son Histoire du théâtre turc. A la fin il y a la possibilité de renouer avec Nihal, mais nous ne sommes pas certains qu’il prononce vraiment ces paroles, et en même temps, avec ces mots il met le fardeau sur les épaules de sa femme.
Pouvez-vous vous exprimer sur la couleur au cinéma ?
J’ai commencé à penser à la couleur à l’époque où je faisais beaucoup de photographies. J’ai fait en même temps des recherches sur l’histoire de la peinture. A l’époque les tirages en couleur étaient très chers et la qualité n’était pas terrible, si bien que je me suis consacré au noir et blanc. Jusqu’à Uzak j’ai aussi réalisé mes films en noir et blanc car je pouvais vraiment contrôler les nuances, ce qui n’était pas possible en couleurs. Avec le passage au numérique il est devenu beaucoup plus facile pour le réalisateur de décider de tout et d’obtenir exactement ce qu’il veut en terme de chromatismes, y compris après coup, au moment de l’étalonnage. Je peux établir les gradations avec beaucoup plus de précision. En ce qui me concerne, je pense que j’ai un peu trop joué sur les couleurs quand j’ai réalisé Les Trois Singes et aujourd’hui je m’abstiens de travailler ainsi pour rechercher une façon plus globale d’appréhender les couleurs et non couleur par couleur, comme le font les américains. Pour moi ce sont les ombres qui comptent davantage, le rapport du sombre au clair. Pour la première fois avec ce film, nous avons beaucoup tourné en studio - chez l’imam par exemple ou dans l’hôtel - et j’ai aimé cela car j’avais davantage de liberté pour mettre plus ou moins de lumière. Je dirais que nous avons tourné deux mois en extérieur et six semaines en studio. Avec la présence de la neige nous allions vers le noir et blanc. Le fait que la neige recouvre cette région quand Aydin s’en va était très important pour moi. Je pense en effet que lorsque vous mettez fin à une relation, le monde vous parait différent et le paysage change de nature : ici il devient blanc.
À quels moments avez-vous décidé d’utiliser la musique et en particulier cette sonate N° 20 de Schubert que l’on entend aussi dans Au hasard, Balthazar.
Nous avons essayé plusieurs musiques et j’ai voulu utiliser ce morceau parce que Schubert se sert du même thème mais avec de légers changements, de minimes variations. C’est un morceau très connu et en faisant des recherches j’ai découvert que Bresson l’avait déjà adopté, mais cela ne me paraissait pas grave !
De l’âne de Balthazar au cheval de Winter Sleep ?
Cappadoce, en turc, veut dire "le pays des beaux chevaux". Dans cette région il y a beaucoup de splendides chevaux sauvages et il m’était donc impossible de ne pas les faire entrer dans mon histoire. Ils n’ont aucun contact avec les hommes et dès qu’on les attrape ils commencent à lutter pour leur liberté. Cela me semblait convenir au film.
Dans les deux grandes scènes centrales, entre Aydin et sa sœur puis entre Aydin et son épouse, tournées en champ/contre champ on retrouve l’intensité des films de Bergman. On pense encore plus à lui qu’à Tchekhov !
Effectivement dans l’histoire du cinéma il est le maître des conflits de couples, des règlements de compte, et il est l’un de mes réalisateurs préférés. Je n’ai pas voulu chercher une forme différente pour ces deux séquences : j’ai visé le style le plus simple possible pour faire ressortir cet affrontement entre deux personnages. Toute autre approche aurait nui à l’émotion de ces duels. J’ai tourné avec une seule caméra mais je faisais beaucoup de prises !
Comment avez-vous travaillé avec vos comédiens ?
Je ne peux pas dire que je leur ai laissé beaucoup de liberté. Je voulais qu’ils disent le dialogue tel que nous l’avions écrit. Mais une fois la prise faite, je les laissais improviser pour voir s’ils pouvaient donner autre chose. Mais je constatais que même s’ils ajoutaient des détails pour donner encore plus de naturel, ils ne s’éloignaient pas vraiment du texte. Nous avons passé beaucoup de temps à faire des répétitions filmées dans les décors pour que je trouve ce que je voulais. Je voyais ensuite si nous pouvions faire mieux.
C’est la première fois que vous travailliez avec vos acteurs principaux.
Haluk Bilginer a longtemps vécu en Angleterre où il dirigeait un théâtre, puis il est rentré en Turquie où il a créé une compagnie ; il est très connu. Quand j’ai commencé à écrire le scénario j’ai tout de suite pensé à lui car il me fallait un acteur de théâtre, son texte étant très littéraire. Melisa Sözen (Nihal) a un visage et une voix que j’aime beaucoup et elle joue surtout dans des séries à la télévision. Demet Akbağ (Necla) est la plus connue en Turquie, c’est une star et elle joue surtout dans des comédies. J’ai pensé à elle car je voulais une interprète qui parle vite, qui ait de la répartie. Serhat Mustafa Kılıç, qui joue l’imam Hamdi, m’avait frappé parce qu’il était très bon dans des séries où les comédiens, en général, ne sont pas d’un très haut niveau. Je voulais depuis longtemps faire jouer Nejat İşler, qui interprète son frère Ismail, car il a un charisme qui fonctionne comme un aimant. Pour l’enfant, nous avons fait un casting dans la région, en allant dans les écoles, et dès le début j’ai remarqué ce garçon, Emirhan Doruktutan, qui avait un regard très insolent et nous posait des questions assez dures. Il convenait parfaitement au rôle.
Haluk Bilginer et Melissa Sözen
Winter Sleep est le film le plus long jamais réalisé par Nuri Bilge Ceylan, pourtant spécialisé dans des oeuvres travaillant sur des temps de latence, de vide et d'attente, avec 3 heures et 16 minutes de projection nécessaire à la fiction. Il était une fois en Anatolie durait déjà 2 heures 30 mais jamais encore le cinéaste n'avait passé le cap des trois heures pleines.
Mon opinion
Certes, le film dure plus de trois heures.
Pour celles et ceux qui aiment le grand et beau cinéma, cette longueur ne sera en rien gênante. C'est l'un des points forts du film qui permet de pénétrer au plus profond des états d'âme de chacun des protagonistes. Pas seulement en simple spectateur, mais presque comme acteur. Tout est parfait. Parfaitement maitrisé, écrit, filmé, interprété. Un rien théâtral. Dans ce monde, comme dans le nôtre chacun tentera de trouver sa place.
Nuri Bilge Ceylan, réalise un film, rare, fort, d'une extrême finesse et magnifique de bout en bout.
Inutile de chercher des mots qui n'arriveront pas à traduire le ressenti devant la sublime photographie et cette façon toute particulière de filmer les visages et les regards. Il y a aussi les paysages magnifiques et envoûtants de cette région de Cappadoce. Le cadre est propice à certaines scènes qui m'ont particulièrement marqué. Un cimetière, un lapin abattu au cours d'une partie de chasse, des villages perdus, mais plus que tout une séquence avec un cheval sauvage.
Le scénario est magnifiquement construit. Les dialogues, très bavards obligent à une attention permanente, avec la lecture des sous-titres, pour tous ceux qui ne possèdent pas la langue turque. Ils nous renvoient bien souvent face à nos propres failles et reflètent l'exacte photographie de notre monde actuel. Ce simple fait, peut déranger, ou enrichir.
Le film met en avant un incroyable trio d'acteurs. L'ensemble du casting est tout aussi parfait. Chaque rôle, aussi court soit-il, apporte un plus supplémentaire à une intrigue qui ne finit pas de s'enrichir.
Winter Sleep et sa Palme d'or largement méritée est un film à voir. Un grand moment de cinéma qui s'offre à vous.
Sources :
http://www.memento-films.com
http://www.imdb.com
http://www.allocine.fr