Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
28 avril 2016 4 28 /04 /avril /2016 20:39

 

Date de sortie 30 mars 2016

 

Sunset Song


Réalisé par Terence Davies

 

Avec Agyness Deyn, Peter Mullan, Kevin Guthrie,

Jack Greenlees, Ian Pirie, Daniela Nardini


Genre Drame


Production Britannique

 

Synopsis

 

Dans la campagne écossaise du comté d'Aberdeen, peu avant la Première Guerre mondiale.

 

Elève brillante, Chris Guthrie (Agyness Dey), rêve de devenir institutrice. La mort violente de sa mère contraint la jeune fille à rester auprès de son père John (Peter Mullan), un homme autoritaire et violent, et de son frère aîné Will (Jack Greenlees).


Les relations de plus en plus houleuses entre père et fils conduisent Will à embarquer pour l’Argentine.


Chris se retrouve dans l’obligation de renoncer à son rêve de devenir enseignante pour s’occuper de son père. Peu après, ce dernier succombe à une attaque.


Ne pouvant se résoudre à quitter sa terre natale, Chris décide alors de reprendre seule la ferme familiale. Elle fait alors la rencontre du troublant Ewan Tavendale (Kevin Guthrie).

Sunset Song - Agyness Deyn

Note d'intention. Par le réalisateur Terence Davies

 

Il y a trente ans, BBC1 diffusait sa série du dimanche soir dans un noir et blanc majestueux.
"Sunset Song" de Lewis Grassic Gibbon faisait partie de la programmation et c'est une oeuvre dont je n'ai jamais pu oublier la grandeur. Il s'agit d'un roman sombre et lugubre sur la paysannerie écossaise, sur la terre en général et sur une famille en particulier, les Guthrie. Ces fermiers qui subviennent à leur propre existence grâce aux maigres produits de la terre qu'ils cultivent. Le roman traite de la puissance et de la cruauté à la fois de la famille et de la nature. La résistance de la terre et le courage de l'âme humaine face aux épreuves nous sont montrés.
Sur cette toile de fond, on découvre l'histoire de Chris Guthrie, la fille de la famille. Celle-ci va quitter l'école et devenir épouse, mère puis veuve avant d'être finalement un symbole de l'Écosse. Ce roman est aussi bien symbolique que rhapsodique.

 

Sunset Song.Sunset Song

 

C'est une oeuvre épique et intime, tout en délicatesse, qui se déroule avant, pendant et après la Grande Guerre. En filigrane, on entend la musique des saisons, outre les airs de cornemuses et autres accordéons plus modestes qui sont joués lors des mariages avec ces voix écossaises qui chantent les airs mélancoliques du temps passé, "The flowers of the forest" et "Auld Robin".


Des chants qui touchent une corde sensible, évoquent les disparus, invoquent un bonheur tant rêvé, on se rassure en sachant qu'on ne mourra pas... car l'on est jeune et en pleine forme. Mais le temps est assassin, la terre aussi, qui donne vie dans sa rude beauté et offre ses moments d'illumination à la lueur d'une lampe ou d'un feu au crépuscule.


Ce chant est le vôtre et le mien, celui de tous ceux qui ressentent des émotions, qui ont souffert ou qui ont été heureux. C'est le chant qu'on écoute avec courage dans le silence face à la mort. Ou face à la vie. Mais Chris a une plus grande lucidité, une sagesse innée. Chris reprend le Chant de la terre pour le genre humain, une rhapsodie pour nous tous, tandis qu'elle embrasse le cycle de la vie, naissance, mariage et mort.

 

Sunset Song.Sunset Song.

 

Ce chant explore les mystères éternels de la terre, du foyer, de la famille, le mystère de la famille demeurant le plus grand de tous. Car la famille est source de nos plus grandes joies comme de nos affres les plus précieuses.


Ce roman est pénétré d'une mélancolie lyrique, d'une douce mélopée évoquant le mystère de la vie… car la vie est un mystère au sein d'une énigme. Comment supporter le temps qui passe ou maîtriser la nature ? Impossible. Nous ne pouvons que subir.


À la fin de l'oeuvre, on assiste à une procession et à une cérémonie du souvenir dans le dessein de guérir toutes les souffrances du monde. À la fin de cette grande oeuvre, le temps et la terre remportent la victoire face à la guerre, face à la souffrance de la vie et même au-delà de la vie. C'est une histoire qui mérite d'être racontée.

Agyness Deyn est née à Littleborough dans le Grand Manchester.

 

À l’âge de 17 ans, elle s’installe à Londres. Elle est repérée par l’agence Select dans un magasin alors qu’elle effectue un shopping avec le styliste Henry Holland. En 2007, elle fait la couverture du Vogue américain.

 

Ses cheveux courts et décolorés ainsi que son regard déterminé ont fait les beaux jours des campagnes New Look pour Burberry, Giorgio Armani et Gold by Giles Deacon. Elle figure parmi la nouvelle génération de top models.


Elle débute au cinéma avec le rôle d’Aphrodite dans le film de Louis Leterrier, Le choc des titans. Elle enchaîne ensuite avec Pusher de Luis Prieto où elle interprète le rôle de Flo, une strip-teaseuse, Eletricity où elle joue le rôle de Lilly dont le combat contre l’épilepsie entrave ses tentatives de recherche de son frère disparu.


Elle est également  à l’affiche d’Ave, César !  des frères Coen.

 

 

Sunset Song - Agyness Deyn et Kevin Guthrie

 

Agyness Deyn et Kevin Guthrie

Kevin Guthrie travaille régulièrement pour le cinéma et la télévision depuis sa sortie du Royal Scottish Conservatoire.


Il débute au cinéma dans Trash Humpers de Harmony Korine.

 

Il enchaîne ensuite dans La Vie aux aguets face à Hayley Atwell.

 

En 2013, il interprète le rôle principal d’Ally dans le film de Dexter Fletcher, Sunshine on Leith.

 

S’ensuivent The Legend of Barney Thomson  de Robert Carlyle aux côtés de Robert Carlyle et d’Emma Thompson, présenté en ouverture du Festival d’Edimbourg en 2015 et Entertainment de Rick Alverson. Il est également apparu dans des séries telles Misfits, The Paradise et Two Doors Down.

 

Kevin Guthrie a joué au théâtre notamment dans  Peter Pan et Macbeth.

Peter Mullan est né à Peterhead en Ecosse.

 

Après des études de théâtre, il débute sur les planches avant de décrocher son premier rôle au cinéma en 1990 dans le film Riff Raff de Ken Loach. Il enchaîne ensuite des films tels Petits meurtres entre amis et Trainspotting de Danny Boyle en 1996 et Braveheart de Mel Gibson.

 

Il retrouve Ken Loach en 1998 pour son film My name is Joe qui lui vaut le prix d’interprétation au Festival de Cannes.

 

Il a joué entre autres dans Mademoiselle Julie de Mike Figgis, Redemption de Michael Winterbottom, Young Adam de David Mackenzie, Kiss of life d’Emily Young, Les Fils de l'homme d’Alfonso Cuarón, Boy A de John Crowley, Harry Potter et les reliques de la mort: 1ère partie de David Yates en 2010, Tyrannosaur de Paddy Considine, Cheval de guerre de Steven Spielberg ou encore Hercule de Brett Ratner.

 

Il était récemment à l’affiche d’Hector de Jake Gavin en 2015. On a pu le voir à la télévision notamment dans Top of the lake de Jane Campion où il incarnait le rôle de Matt.

 

Peter Mullan a également réalisé trois long métrages : Orphans en 1998, The Magdalene Sisters en 2002 et Neds en 2010.

 

Sunset Song - Peter Mullan

Mon opinion

 

La libre adaptation du roman écrit par Lewis Grassic Gibbon, publié dans les années 30, trouve ici une belle ampleur grâce à un scénario, à la fois riche et rigoureux, associé à la mise en scène raffinée de Terence Davies.

 

Avant, pendant et après la première guerre mondiale, le film offre aux spectateurs plus de deux heures d'un très beau moment de cinéma. L'évocation du temps qui passe au rythme des saisons dans cette région agricole d'Écosse est particulièrement réussi. La vie défile avec son lot de douleurs apportées par la guerre, l'attente et les meurtrissures qui en découlent. Les bonheurs fugaces sont accompagnés par une remarquable bande son et des chants magnifiques.

"Ce chant est le vôtre et le mien, celui de tous ceux qui ressentent des émotions, qui ont souffert ou qui ont été heureux. C'est le chant qu'on écoute avec courage dans le silence face à la mort. Ou face à la vie." a déclaré le réalisateur.

 

Entre une cruelle violence paternelle pour arriver à un bref amour conjugal, la première guerre mondiale et ses monstrueux dégâts, la terre nourricière restera plus forte que tout.

 

La remarquable photographie de Michaël McDonough, enveloppe le film d'une façon quasi magique.

 

Tous les comédiens tiennent leur juste place et donnent à leur personnage une réelle existence.

 

Face à eux, un très beau portrait de femme. Agyness Deyn que je découvre dans ce film, m'a profondément ému. Dans toutes les situations l'actrice reste juste, sobre et magnifique.

 

Sunset Song - Agyness Deyn

 

Agyness Deyn

24 avril 2016 7 24 /04 /avril /2016 21:23

 

Date de sortie 20 avril 2016

 

La Saison des Femmes


Réalisé par Leena Yadav


Avec Tannishtha Chatterjee, Radhika Apte, Surveen Chawla, Lehar Khan,

Riddhi Senn, Mahesh Balraj, Chandan Anand, Sumeet Vyas, Adil Hussain

 

Titre original Parched


Genre Drame


Production Indienne

 

Synopsis

 

Inde, Etat du Gujarat, de nos jours.

 

Dans un petit village, quatre femmes osent s'opposer aux hommes et aux traditions ancestrales qui les asservissent.

 

Bijli (Surveen Chawla), danseuse itinérante, considérée comme une prostituée est la seule à avoir osé quitter le village. Rani (Tannishtha Chatterjee), veuve à quinze ans après un mariage forcé, est condamnée à ne s’habiller que de noir et à élever seule son fils, devenu alcoolique, Gulab. (Riddhi Sen). La toute jeune Janaki (Lehar Khan), mariée de force avec Gulab. Lajjo (Radhika Apte), méprisée et battue par Manoj (Mahesh Balraj) son ivrogne d'époux, qui l'accuse d'être stérile.

 

Portées par leur amitié et leur désir de liberté, elles affrontent leurs démons, et rêvent d'amour et d'ailleurs.

 

La Saison des femmes

Née en 1971, Leena Yadav est la fille d’un ancien général de division de l’armée indienne qui changeait d’affectation tous les deux ans. Déménager constamment lui a conféré une grande capacité d’adaptation et cette expérience a eu un impact considérable sur la personne qu’elle est devenue aujourd’hui.
Leena Yadav a fait son entrée dans l’univers du cinéma en montant des publicités au début des années 1990. Elle a ensuite réalisé plus de 300 heures de programmes pour la télévision, notamment des séries à succès.
Shabd réalisé en 2005 est le premier film écrit, réalisé et monté par la réalisatrice. Sa distribution repose sur des stars comme Aishwarya Rai, Sanjay Dutt et Zayed Khan. Le film aborde les ressorts psychologiques de l’amour, du mariage, de la créativité et de la liberté. Pour le deuxième film écrit et réalisé par ses soins, Teen Patti en 2010, Leena Yadav fait appel à deux légendes du cinéma, Amitabh Bachchan et l’acteur oscarisé Sir Ben Kingsley. Il s’agit d’un thriller sur la cupidité, la tromperie et la théorie des jeux.

 

Après ces deux longs-métrages réalisés à Bollywood, Leena Yadav s'est tournée vers le film indépendant.

 

La Saison des Femmes est son troisième long-métrage.

 

Malgré une industrie florissante du cinéma en Inde, Leena Yadav n’a pas eu de financement pour l’aider à réaliser La Saison des Femmes; c’est son mari qui a joué les producteurs pour l’occasion.

Au discours social très progressiste, Leena Yadav a mêlé les traditions indiennes et bollywoodiennes de chant et de danse dans le film. "Je suis une cinéaste indienne et je n’aurais jamais pu faire un film sans ces éléments même si j’explore des réalités très violentes. Alors oui, arriver à cet équilibre, c’était simple et vital à la fois". "Je ne me suis forcée à rien et n’ai rien recherché qui n’était pas en accord naturel avec l’histoire de ces femmes.", confie-t-elle.

 

La Saison des Femmes

Entretien avec la réalisatrice Leena Yadav

 

Quelle est l’origine de La Saison des Femmes ?


Petite fille, mes parents m’ont appris à juger et traiter les autres comme des êtres humains avant tout, sans tenir compte de leur sexe, de leur religion ou de leur caste. Ce film est ma réaction à une société misogyne qui traite les femmes comme des objets sexuels, dont le rôle se limite à servir les hommes. Si j’ai choisi d’écrire l’histoire de ces femmes ordinaires au destin extraordinaire, c’est pour donner à mes personnages féminins une voix qui observe, comprend et réagit. Nous sommes tous parfois contraints par la structure sociale à nous conformer à certaines normes ou valeurs, sans nous interroger sur leur signification ou les remettre en cause. Si les remettre en question fait de nous des hors-la-loi, eh bien tant pis !
Durant l’hiver 2012, j’ai sillonné le désert aride du Kutch, dans l’État indien du Gujarat, en quête d’histoires à raconter. Situé au nord-ouest de l’Inde, ce territoire reculé aux paysages impressionnants abrite deux millions d’habitants, répartis en petites communautés. La population est régie par d’anciennes "normes" patriarcales décrétées par le conseil du village, composé en grande partie d’hommes. J’ai été captivée par les paysages du Kutch, par son sol desséché et craquelé, et par ses femmes aux tenues chamarrées.
Mon histoire se passe dans le village imaginaire d’Ujhaas. Pour le film, nous avons inventé une langue qui mélange l’hindi à un dialecte local, le kutchi.

 

Quelles ont été vos sources d’inspirations pour créer vos héroïnes ?


Dans un village, j’ai rencontré une femme prénommée Rani. Elle nous a invités dans sa hutte et nous a raconté son histoire autour d’un repas préparé par ses soins. Devenue veuve à l’âge de quinze ans, elle a consacré sa vie à l’éducation de ses enfants. Son histoire était authentique, parfois même drôle. J’ai eu envie de la raconter quand Rani m’a pris la main et m’a confié : "On ne m’a pas touchée depuis dix-sept ans. J’ai enfoui tous mes besoins au fond de moi pour faire ce qui convient pour mes enfants." Ses mots m’ont choquée et bouleversée. Qu’est-ce qui «"convient" ? Est-il "convenable" d’ordonner à une enfant de quinze ans de passer le reste de son existence vêtue de noir, à élever seule les enfants qu’elle a eus très jeune suite à un mariage forcé ? Pourquoi lui a-t-on retiré le droit à la couleur et à tout contact physique ? Qui a décrété ces « normes » sociétales, et pourquoi Rani les a-t-elle acceptées ? J’ai gardé ce prénom pour mon personnage principal.


La Saison des Femmes

.

 

.

Un autre jour, une jeune femme s’est assise avec nous. Elle bavardait et riait en toute insouciance, mais son visage et ses bras étaient couverts de bleus.

 

 

 

 

Quand j’ai enfin osé lui demander si elle allait bien, elle a minimisé le problème : "Mon mari travaille beaucoup, parfois c’est frustrant pour lui. Sur qui d’autre pourrait-il se défouler ?". "C’est ma vie... parlons d’autre chose", a-t-elle conclu avec un grand sourire. C’est ce sourire qui m’a inspiré le personnage de Lajjo.

Dans ces régions rurales, en particulier, j’ai rencontré des femmes qui travaillent dur. Le jour, elles cuisinent, font le ménage, élèvent seules leurs enfants et effectuent des tâches agricoles éreintantes. Le soir, elles gagnent un peu d’argent supplémentaire en brodant à la lueur d’une lampe des étoffes artisanales, revendues à prix d’or dans les grandes villes. Ces femmes subissent un véritable lavage de cerveau. On leur fait croire que leurs efforts ne valent rien, que ce sont les hommes qui subviennent aux besoins de la famille. « Le pauvre, il travaille toute la journée et rentre fatigué le soir, c’est normal qu’il prenne un verre pour se détendre, » expliquent-elles pour excuser l’alcoolisme de leurs maris, souvent camionneurs saisonniers. Les femmes de La saison des Femmes sont le fruit de toutes ces rencontres.

Votre film pointe du doigt, entre autres, le cercle vicieux de la misogynie...


Lors de nos repérages pour les scènes en extérieur, nous avons visité une bonne trentaine de villages aux environs de Bhuj, du Gujarat et du Rajasthan. On nous a interdit d’y tourner, car les villageois n’approuvaient pas qu’une femme (moi, en l’occurrence) dirige une équipe, porte des pantalons, ne se couvre pas la tête et parle ouvertement aux hommes. Contre toute attente, ce sont les hommes de la jeune génération, ceux qui sont aux commandes aujourd’hui, qui ont eu le plus de mal à accepter une femme émancipée comme chef d’équipe.

 

La Saison des FemmesL’un d’eux m’a dit : "Si une femme comme vous pénètre dans notre village, nos femmes seront perverties." Cette expérience m’a inspiré le personnage de Gulab, le fils de Rani. Gulab a été élevé dans un univers patriarcal, où la misogynie constitue la "norme".

Il est tout autant le produit de cet univers que son propagateur. En ce sens, Gulab est lui aussi une victime.

 

 

Ses aînés lui ont transmis la colère et l’agressivité comme techniques de survie. On lui a inculqué que les femmes sont des objets sexuels, des possessions. Il se voit privé de douceur, de gentillesse et d’amour car il est "un homme".

Le plus tragique, c’est que très probablement, en grandissant, Gulab deviendra comme Manoj, le mari maltraitant de Lajjo. Je connais des hommes qui battent leurs femmes comme le fait Manoj dans mon film, et des épouses qui supportent sans broncher leurs mauvais traitements, pour des raisons qui m’échappent. Ces hommes ne sont pas toujours des villageois illettrés, certains portent un costume, dirigent des entreprises et peuvent être de fins connaisseurs de vin. La relation entre Manoj et Lajjo s’inspire de ces relations fondées sur le sentiment d’impuissance du mari, qui l’extériorise en maltraitant la personne la plus proche de lui.

 

La musique tient une place très importante dans votre film…


Le travail avec Hitesh Sonik sur la musique du film a été une sacrée aventure ! Tout d’abord, nous avons déniché la voix brute mais bouleversante de Gaazi Khan au Rajasthan. Nous l’avons enregistrée dans un studio délabré de Jodhpur. C’est là qu’est née la chanson "Baaisa". Cette chanson est une ode aux filles, mais paradoxalement, nous l’avons utilisée dans la scène où la toute jeune épouse est expédiée vers son nouveau domicile conjugal. Hitesh a ensuite composé "Maa" ("mère "), sur des paroles de Swanand Kirkire. Quand Hitesh a joué les premières notes de "Maai", j’ai tout de suite su que La Saison des Femmes était entre de bonnes mains. Des chansons grivoises sur lesquelles danse Bijli, la prostituée, à la mélodie très émouvante de "Maai", Hitesh est toujours resté en communion avec l’âme du film à travers sa musique. Créer la bande originale dans sa totalité fut le fruit de longues discussions entre lui et moi. Il y a eu des désaccords, de la colère, du rire et parfois même quelques larmes... Mais nous avons toujours su que nous finirions par trouver le bon ton pour le film.

 

La Saison des femmes

Comment avez-vous recréé l’ambiance électrisante de ces scènes de danse ?


Il était important pour moi qu’il y ait ce pendant festif au discours social que j’ai voulu faire passer dans mon film, sur la condition de la femme dans mon pays. Plus précisément, dans les scènes avec Bijli, la compagnie de danse que l’on voit dans le film reproduit une pratique très commune au nord de l’Inde, où des femmes montent sur scène pour émoustiller les spectateurs. Les paroles et les mouvements de leurs numéros sont à forte connotation sexuelle. Beaucoup de ces femmes sont aussi des prostituées. J’ai toujours été fascinée par ces danseuses itinérantes, qui sont paradoxalement bien implantées dans la tradition indienne. Le personnage de Bijli m’a permis d’explorer un aspect très intéressant de la sexualité. J’ai presque fait d’elle la voix de l’émancipation, puisque c’est la seule femme du trio à s’être aventurée hors du village, à connaître le monde extérieur. Elle m’a aussi permis de mieux comprendre Rani et Lajjo à travers son regard, puisque moi aussi je viens de l’extérieur.

 

Votre film mêle une analyse frontale de la société indienne avec la tradition du cinéma bollywoodien. Etait-ce important pour vous que ces deux pans coexistent ?


En Inde, nous aimons les films et le cricket. C’est presque une obsession. Bollyood fait partie intégrante de nos vies et s’inspire de nos de vies, lorsque nous dansons et chantons à de multiples occasions. Nous nous exprimons quotidiennement grâce à la danse et à la musique.

 

Comment produit-on un tel film en Inde aujourd’hui ?


C’est extrêmement difficile de trouver du financement pour un film comme La Saison des Femmes en Inde aujourd’hui. J’aurais aimé que les choses soient différentes, que de tels films puissent trouver leur place dans l’immense industrie du cinéma indien et coexistent à côté du cinéma bollywoodien. Nous avons tous, moi en premier, pulvérisé bien des barrières pour faire exister La Saison des Femmes. J’ai été soutenue par mon mari qui a endossé le rôle de producteur. J’espère juste que je pourrai montrer le film sans aucune censure en Inde.

 

Justement, quand le film sera-t-il distribué en Inde et comment pensez-vous qu’il sera reçu par les spectateurs ?


Nous devons encore soumettre La Saison des Femmes au comité de censure. Nous construirons la stratégie de sortie lorsque nous aurons leurs retours. Les quelques personnes qui ont découvert le film en projections privées ont magnifiquement réagi. Alors… j’espère une réaction positive de la part de la censure.

 

Pensez-vous que le film créera des débats dans votre pays ?


Je le souhaite de tout coeur. J’espère que La Saison des Femmes suscitera des conversations, des polémiques qui me semblent essentielles pour notre monde et pour nos vies aujourd’hui. Tous ces sujets ont été trop longtemps relégués aux oubliettes, cachés sous le tapis. Et les débats sont un premier pas vers le changement…

 

La Saison des Femmes

Mon opinion

 

Outre les difficultés rencontrées pour le financement du film, la réalisatrice, Leena Yadav, a déclaré : "Lors de nos repérages pour les scènes en extérieur, nous avons visité une bonne trentaine de villages aux environs de Bhuj, du Gujarat et du Rajasthan. On nous a interdit d’y tourner, car les villageois n’approuvaient pas qu’une femme dirige une équipe, porte des pantalons, ne se couvre pas la tête et parle ouvertement aux hommes. Contre toute attente, ce sont les hommes de la jeune génération, ceux qui sont aux commandes aujourd’hui, qui ont eu le plus de mal à accepter une femme émancipée comme chef d’équipe."

 

Une déclaration qui met en avant la condition féminine dans cette contrée, ce pays, et qui mérite largement d'être soulignée pour le courage nécessaire à mener pareille entreprise.

 

Dénoncer l'intolérable et ancestral patriarcat, certes, mais sans cacher une autre réalité. Le scénario démontre parfaitement le cheminement de certaines femmes, perdues dans des rites d'un autre temps, qui vendues pour des mariages forcés dès leur plus jeune âge, deviendront, éventuellement, à leur tour des marâtres autoritaires et sans pitié.

 

Le film est éclatant de couleurs, enthousiaste et évite tout pathos.

 

La photographie magnifique, révèle toute la beauté de cette contrée et plus encore, celle des principales protagonistes. Quatre formidables actrices, qui, grâce à leur talent, imposent un dynamisme joyeux. Leur détermination résonne comme un grand cri d'espoir.

 

La caméra magnifie ces femmes dans leurs saris colorés. La réalisatrice les rend sublimes dans quelques scènes dénudées, dont une très belle scène d'amour.

 

L'ensemble du casting, l'habile construction du scénario, la formidable bande-son et la réalisation parfaite, font de La Saison des Femmes un très beau film.

 

Nécessaire aussi, pour saluer le courage de ces femmes qui doivent se battre contre une domination masculine qui les prive, aujourd'hui encore, de l'essentiel. Le libre choix et l'égalité.

20 avril 2016 3 20 /04 /avril /2016 22:51

 

Date de sortie 16 mars 2016

 

No l'and's song


Réalisé par Ayat Najafi


Avec Sara Najafi,

Parvin Namazi, Sayeh Sodeyfi, Elise Caron, Jeanne Cherhal

et Emel Mathlouthi

 

Avec également les musiciens

Imed Alibi (percussions), Edward Perraud (batteur)

Sebastien Hoog (guitare), Imed Alibi (percussions)

Maryam Tajhdeh (târ), Ali Rahimi (tombak),
Ali Kazemian (voix), Chakad Fesharaki (kamancheh)


Documentaire


Productions Allemande, Française

 

Synopsis

 

En Iran, depuis la révolution de 1979, les femmes n’ont plus le droit de chanter en public, tout au moins en solo et devant des hommes...

 

Défiant la censure, Sara Najafi, jeune compositrice iranienne, tente d’y organiser un concert officiel pour des chanteuses solistes, interrogeant de front les tabous qui font loi.

 

Pour soutenir leur combat, Sara et ses amies chanteuses Parvin Namazi, iranienne et Sayeh Sodeyfi, arménienne invitent deux chanteuses françaises, Elise Caron et  Jeanne Cherhal et la sulfureuse Emel Mathlouthi (une chanteuse tunisienne qui s’est faite connaitre par sa chanson Kelmti Horra lors des manifestation contre Ben Ali à Tunis en 2011)

 

Mais parviendront-elles enfin à se retrouver à Téhéran, à chanter ensemble, sur scène et sans entraves, et à ainsi ouvrir une porte vers une nouvelle liberté des femmes en Iran ?

 

No land's song

 

Né à Téhéran en 1976 et vivant actuellement entre Berlin et l’Iran, Ayat Najafi étudie tout d’abord la scénographie. En 1995, il crée une compagnie de théâtre étudiante à l’université de Téhéran, participant à plusieurs ateliers sous la direction de certains maîtres du théâtre iranien. Il collabore à plusieurs productions théâtrales en tant que réalisateur, auteur, acteur et scénographe.
Depuis 2000, Ayat Najafi développe son travail de réalisateur. En 2003, il crée l’Atelier d’Arta, en se concentrant sur une approche interdisciplinaire et multimédia du théâtre, et réalise des courts métrages expérimentaux et documentaires. En 2005, il participe au Berlinale Talent Campus avec son court métrage Move it réalisé en 2004. Étudiant à l’université de Constance entre  2008 et 2009, il y présente sa pièce Histoires de femmes à moustache et d’hommes en jupe. Lady Téhéran, sa deuxième production théâtrale en Allemagne avec une équipe internationale, est montée à Berlin en 2009, suivie de Pakistan (does not) exist.

 

Il signe son premier long métrage documentaire, Football Under Cover, en 2008.

 

Note du réalisateur Ayat Najafi

 

Ma soeur Sara fait de la musique depuis son plus jeune âge. Témoin de son combat quotidien pour étudier puis pratiquer son art (Sara est la première femme diplômée en composition d’Iran), j’ai pu mesurer l’ampleur des difficultés que rencontrent les femmes musiciennes dans mon pays. Avec ce film, je veux montrer l’absurdité du quotidien des jeunes musiciennes iraniennes. L’amour de la musique est la raison de vivre de Sara. Et le concert dont elle porte le projet durant plusieurs années à travers ce film devient un effort collectif pour voir un rêve devenir réalité.


No l'and's song.

Le rôle de la musique dans la vie politique et sociale de l’Iran au XXème siècle a toujours été crucial. À chaque période de notre histoire, la musique aura été le porte-voix des aspirations des Iraniens. Si nombre des chanteuses ont quitté l’Iran depuis la révolution, beaucoup d’entre elles vivent et travaillent encore ici. L’ironie veut que les filles soient beaucoup plus nombreuses que les garçons à fréquenter les écoles de musique. Mais pourquoi apprendre une discipline qu’elles n’auront pas le droit de pratiquer ensuite ?
Ce film suit pas à pas le processus d’organisation d’un concert à Téhéran, questionnant de front le système de la censure, face à la caméra.

 

 

 

En terme de stratégie, nous avons opposé la détermination et la "fausse naïveté" de Sara aux interdits que nous rencontrions. Cela nous a permis de filmer et d’enregistrer (en caméra cachée) toutes ses démarches auprès des autorités, ses rencontres avec les représentants politiques et religieux, et d’éclairer la "logique" de la censure qu’impose le régime.
La ligne musicale du film a pour leitmotiv le chant traditionnel révolutionnaire Oiseau de l’aube (Morg-e Sahar) auquel Sara veut donner une voix nouvelle.

 

 

Le film est un hommage à Qamar-ol-Molouk Vaziri appelée communément Qamar, celle qui le chanta la première fois. Artiste de légende en Iran, elle parvint dans les années 20 à briser les tabous de la société iranienne et à libérer la voix des femmes, la déplaçant du domaine privé où elle restait confinée, au domaine public. C’est ce même combat que Sara et ses amies doivent mener à nouveau aujourd’hui. La résistance de Qamar a inspiré le défi que nous avons lancé entre 2011 et 2013 aux gouvernements d’Ahmadinejad puis de Rohani.
Le film est centré sur le personnage de Sara. Les artistes françaises qui se sont associées à son combat offrent un poignant contrepoint au point de vue des protagonistes iraniens : entre choc des cultures et solidarité artistique, le public vit ce voyage vers Téhéran à travers le regard d’Elise Caron, Jeanne Cherhal et Emel Mathlouthi. Nous avons ici fait appel à trois artistes de générations et de mondes musicaux complémentaires, trois femmes engagées et ouvertes à d’autres univers. De plus en plus conscientes de la réalité vécue par leurs homologues en Iran alors qu’elles rejoignent enfin Sara à Téhéran, celles–ci participent activement au bras de fer de 
Sara avec les autorités, au côté des chanteuses iraniennes Parvin Namazi et Sayeh Sodeyfi. La seule arme de ces femmes : la musique et le chant, expression par excellence d’un corps féminin que ce régime n’a de cesse de combattre. À l’issue de notre aventure, une porte s’est ouverte pour la voix des femmes, le temps d’une soirée, le 19 septembre 2013, à l’opéra de Téhéran : mais qu’en sera-t-il demain ?

 

Les principales protagonistes de No Land's song

 

Np land's song

 

Compositrice et pianiste, Sara Najafi,  est née en 1980 à Téhéran.


C’est de son point de vue que nous suivons l’aventure de No Land’s Song, concert dont elle est, depuis Téhéran, la principale instigatrice. Sara Najafi commence le piano à quatre ans. À l’âge de douze ans, elle entre au conservatoire de musique de Téhéran, puis en 1998 à l’Université d’Art et d’Architecture où elle enseigne depuis 2003.
Par ailleurs, elle compose la musique de divers courts métrages (Opposite, A Striped Dream, Somewhere on the Land…) et de pièces de théâtre (La Mouette, The Night of Companionship). Elle signe la BO du long métrage Zagros, présenté en avant-première au Fajri international du film du Festival de Téhéran en 2006. En 2008, elle participe au Berlinale Talent Campus.
Elle enseigne le piano et la méthode Orf de théorie et d’harmonie depuis 1998.

Il aura fallu deux ans pour que le projet abou­tisse. Sara Najafi ne s’est jamais décou­ra­gée. Même quand, deux jours avant son grand concert, le minis­tère de la Culture et de la Guidance islamique la convoque et lui apprend que l’évé­ne­ment va être annulé. La raison invoquée ? Un post Face­book de l’une des artistes invi­tées, Emel Math­lou­thi, faisant la promo­tion d’un événe­ment “unique” où des femmes vont pouvoir chan­ter sur scène. 

 

Cela semble impensable. Pourtant c’est la réalité dans la République islamique d’Iran : les femmes n’ont pas le droit de chanter en public, du moins en soliste et devant un parterre composé (en partie) d’hommes, parce que les voix féminines "excitent beaucoup trop sexuellement les hommes" explique doctement un dignitaire chiite interrogé dans le film.. Un interdit tellement ridicule et surtout humiliant pour les femmes que Sara Najafi, a décidé d’en prendre le contre-pied.

 

Sara Najafi vit aujourd’hui entre Los Angeles et Téhéran.

 

 

Parvin Namazi est l’une des grandes voix traditionnelles perses du moment.

 

Née en 1953 en Iran, elle débute sa carrière à neuf ans comme chanteuse soliste dans une émission pour enfants pour la télévision iranienne. Elle quitte l’Iran en 1972 pour commencer sa formation en Allemagne. Sa carrière décolle dans les années 1980 quand elle rejoint l’ensemble "Darvish" à Berlin, au sein duquel elle travaille avec Hossein Alizadeh, maître de la musique traditionnelle iranienne, et Mohammad-Reza Lofti. Après 20 ans d’exil, Parvin Namazi retourne en Iran dans les années 1990 pour étudier la musique folklorique traditionnelle du Kurdistan. Son premier album Kurdana a été interdit en Iran.

 

No land's song

 

La mezzo-soprano Sayeh Sodeyfi,

 

née en 1979 à Téhéran, poursuit ses études à l’Université Azad où elle étudie le Setar (instrument de musique iranien dont le nom signifie "trois cordes" en persan.), puis en Arménie au Yerevan Komitas State Musical Conservatory où elle obtient un master de musique classique. Elle suit ainsi l’enseignement de Jolieta Nazarian, Aleeda Harotonian, Kambiz Roshanravan, Hussein Alizadeh, Mohammadreza Darvishi et Masood Shoari. Depuis, elle se produit dans de nombreux récitals et festivals en Iran et ailleurs. Elle enseigne actuellement à l’Université Elmi Karbordi, au Conservatoire de Téhéran et dans divers autres instituts. Elle est par ailleurs membre de l’Union Educative de l’Ambassade d’Autriche et une compositrice active.


Auteur-compositrice, Elise Caron

 

est une chanteuse contemporaine, aussi à l’aise dans l’improvisation que dans la comédie. Jusqu’en 1990, elle passera du théâtre au récital, entre Brecht, Sophocle, Shakespeare, en passant par Monteverdi, Fauré, Debussy, Schönberg. Durant cette période, elle rencontre des compositeurs contemporains, comme Bruno Gillet, Luc Ferrari, Michel Musseau, Jacques Rebotier, Frédéric Lagnau, Albert Marcoeur qui écriront pour elle. En 1995, elle entreprend d’écrire ses propres chansons avec la collaboration étroite du pianiste et compositeur Denis Chouillet, avec notamment Chansons pour les petites oreilles en 2000 et Eurydice bis en 2002. Elle travaille avec John Greaves, Yves Robert, Jean-Rémy Guédon, Lucas Gillet, Eric Watson, Edward Perraud…On la retrouve au cinéma depuis 2008, après l’avoir vue dans le premier rôle de Cocktail Molotov de Diane Kurys en 1979, ou entendue comme doublure vocale de Virginie Ledoyen dans Jeanne et le garçon formidable en 1998. En 2010, elle obtient une Victoire du jazz comme meilleure chanteuse de l’année. Elle prépare actuellement deux nouveaux albums.

 

Jeanne Cherhal

 

a passé son enfance au bon air de la campagne nantaise puis décide de s’installer à Paris, rêvant de devenir danseuse classique. Le vrai départ a lieu avec la sortie de son album studio Douze fois par an où elle pose enfin son style et son imagination fertile. En mars 2005, elle est récompensée aux Victoires de la musique en tant qu’artiste révélation de l’année. Courant 2006, la chanteuse surprend en offrant L’Eau, un très bel album dans lequel l’artiste se laisse aller à plus d’ambitions et de profondeurs. En mars 2010, Jeanne Cherhal change de label et propose l’album Charade chez Barclay.
En 2014, elle signe un nouvel album, Histoire de J. marqué par sa rencontre avec l’univers de Véronique Sanson, et prépare actuellement une tournée avec son nouveau spectacle Solo.

 

No land's song

 

Emel Mathlouthi,

 

chanteuse et auteur compositeur tunisienne engagée, fait forte impression à la première édition du Prix RMC Moyen-Orient 2006 où elle est finaliste. Dotée de qualités vocales remarquables, son style envoûtant, parfois lyrique, a su peindre un univers des plus singuliers et atypiques puisant ses inspirations dans l’eau saline de ses racines pour ainsi pousser jusqu’à des sonorités électro-éclectiques. L’association d’univers musicaux différents grâce à ses multiples sources d’inspiration a donné lieu à la naissance d’un répertoire original oscillant entre musique arabe, électro et rock psychédélique. Suite au succès de son premier opus Kelmti Horra (World Village), elle prépare actuellement un prochain album, où elle fait preuve d’une étonnante ouverture musicale. On l’a notamment entendue récemment à Oslo lors de la cérémonie de remise du Prix Nobel de la Paix. Elle prépare actuellement son nouvel album.

 

No Land's Song - Emel Mathlouthi

 

À la suite du cérémonial d'Oslo, où Le Quartet Du Dialogue National a reçu le Prix Nobel De La Paix, la talentueuse chanteuse Emel Mathlouthi a proposé une magistrale version orchestrale de la chanson Kelmti Horra (Ma Parole est Libre). C’était tout simplement magique, émouvant, fort...

Emel Mathlouthi est une fierté pour la Tunisie.

 

Mon opinion

 

Un documentaire instructif, téméraire, riche en émotions et fascinant de bout en bout.

 

Mais aussi un formidable témoignage aux chanteuses iraniennes. À certaines, aujourd'hui disparues, mais qui, déjà à leur époque, ont défié toutes les interdictions pour faire entendre leurs voix.

 

Aujourd'hui le combat d'une femme, sa témérité et son ambition, fait entendre les voix d'aujourd'hui. La puissance vocale des chanteuses qui accompagnent le documentaire et l'incroyable chaleur qui se dégage de chacune d'elles, offrent de grands moments. Beaucoup d'espoir aussi.  

 

Le combat de Sara Najafi devant la caméra de son frère, Ayat Najafi, mérite tous les éloges. Les magnifiques chanteuses qui participent à ce projet, accompagnées par de formidables musiciens, toutes les louanges.

 

Un très beau documentaire qui, de la première à la dernière image, propose un exceptionnel moment de cinéma accompagné par de très belles musiques et des voix, tout simplement magiques.

 

No land's song

18 avril 2016 1 18 /04 /avril /2016 22:58

 

Date de sortie 30 mars 2016

 

Le Coeur régulier


Réalisé par Vanja D'Alcantara


Avec Isabelle Carré, Jun Kunimura, Niels Schneider,

Fabrizio Rongione, Masanobu Ando, Mugi Kadowaki


Genre Drame


Production Belge, Française, Canadienne

 

Synopsis

 

Trop longtemps séparée de son frère, Alice (Isabelle Carré) se rend sur ses traces au Japon, dans un village hors du temps, au pied des falaises.  Ici, Nathan (Niels Schneider) avait retrouvé l'apaisement auprès d'un certain Daïsuke (Jun Kunimura)C'est au tour d'Alice de se rapprocher du vieil homme, et de ses hôtes.  Dans une atmosphère toute japonaise, elle se remet à écouter son cœur…

 

Le Coeur régulier - Jun Kunimura et Isabelle Carré

 

Jun Kunimura et Isabelle Carré

Olivier Adam - Auteur du roman Le cœur régulier

 

Comme scénariste, Olivier Adam a participé à l'écriture de Welcome et de Je vais bien, ne t'en fais pas, son premier roman, réalisé par Philippe Lioret. Ses ouvrages Poids léger et À l’abri de rien sont adaptés par Jean-Pierre Améris. En 2011, Des vents contraires (publié en 2009) est porté à l’écran par Jalil Lespert.

 

 

Olivier Adam écrit également des ouvrages pour la jeunesse, publie régulièrement dans les revues littéraires et anime des ateliers d'écriture en milieu scolaire.


Le coeur régulier - Oliiver AdamDans Le cœur régulier (publié en 2010), il parle "du Japon comme d’une sensation" ; on entend la voix de Sarah, une femme partie au Japon à la recherche des traces de son frère dans une station balnéaire déserte où se retrouvent des candidats au suicide. Et dans Les Lisières (publié en 2012), le narrateur, l’écrivain Paul Steiner, retourne dans la banlieue parisienne de son enfance pour garder son père; sans cesse, il touche les extrêmes de son existence…

 

À l’occasion de la sortie du film, Le cœur régulier sera réédité aux éditions Points. Ainsi qu’aux éditions Audiolib.

 

En 2004, Olivier Adam obtient le Prix Goncourt de la nouvelle pour son recueil Passer l'hiver.

 

Olivier Adam a aussi participé à la création du festival littéraire Les correspondances de Manosque.
 

Ces dernières années, je n’ai pas manqué de chance en matière de cinéma. Mes romans ont fait l’objet de plusieurs adaptations. J’ai collaboré à différents projets. Ce furent des expériences souvent passionnantes. Cependant, si je reste fier des œuvres qui en sont issus, aucune d’entre elle n’a été jusqu’ici l’expression de ma "cinématographie intime". Ni même de l’essence de mes livres. Je ne m’en plains pas. C’était inévitable et même, dans une certaine mesure, souhaitable. Je n’ai jamais cherché à voir mes romans "traduits" en films. Je n’ai jamais non plus attendu de leurs réalisateurs qu’ils me soient fidèles. Seulement qu’ils le soient à eux-mêmes, à leur vision, à leur langage. Tout au plus, mes écrits ont-ils pu leur fournir un point de départ, de cristallisation à leurs obsessions, l’amorce du chemin qu’ils cherchaient à emprunter.


Le cœur régulier, c’est autre chose. Une sorte de miracle. En le découvrant, outre sa très grande beauté plastique et sa justesse, j’ai été frappé par sa proximité, gémellaire presque, avec ma pulsation interne, mon rapport intime au temps, au cadre, au silence, aux gestes, à la géographie, aux éléments... Le film de Vanja d’Alcantara constitue à mes yeux une parfaite et lumineuse épure, au sens le plus noble du terme, japonais donc, du roman qui en a été la source. Elle en a fait surgir le cœur secret. J’ai eu la sensation très nette de découvrir sur l’écran, dénudés, étincelants, les paysages et les visages mêmes qui ont guidé son écriture. Mon Japon. Mes falaises. Mon Nathan (magnétique Neils Schneider), mon Alice (vibrante Isabelle Carré), mon Daïsuke (minéral Jun Kunimura), traits pour traits. Comme une projection directe de mon cerveau, des images mentales qui me hantaient et que j’ai tenté de traduire en phrases. De l’image aux mots. Puis des mots à l’image. Comme un boomerang.
Pourtant, je le sais, cette fidélité miraculeuse n’était pas un but pour Vanja. Et c’est ce qui rend le film si beau et profond. Dans chaque plan scintille la nécessité qui l’a animée, la singularité de sa manière. Et de son regard. Attentif au moindre bruissement, à la vie qui bat, au présent. Blocs de temps. Blocs de sensation. Blocs de vie. Prégnance des lieux. Patience des gestes. Evidence de ce qui se produit. Sans nul besoin de commentaire, d’explications, de discours. Une pleine confiance dans les pouvoirs du cinéma.
Et à vrai dire, de tout cela, je n’ai pas été surpris. Juste émerveillé. Ce fut une heureuse confirmation de ce que j’avais entrevu en regardant Beyond the steppes, en écoutant Vanja me parler du film qu’elle portait. Ce lien souterrain, presque invisible à l’œil nu, entre mon travail et le sien. C’est d’ailleurs là sans doute ce qui m’a touché dans ce projet, et m’a poussé à l’accepter sans crainte ni réserve. Comme on se reconnaît, en fraternité créatrice, en dépit des apparences, à l’instinct, au premier coup d’œil.

 

Olivier Adam - Le coeur régulier Olivier Adam.

Photo Christophe Levebvre - www.lavoixdunord.fr/culture

Les falaises de Tojimbo

 

Le village de Tojimbo est connu pour une légende. On raconte qu'un moine bouddhiste qui vivait dans le temple local est tombé amoureux d'une princesse nommée Aya. Un de ses soupirants, craignant qu'elle ne succombe à son charme, attira le moine dans un piège et le jeta du haut de la falaise. Depuis, chaque année, le moine revint sur les lieux à la même période en provoquant orages et tempêtes. Jusqu'au jour où un autre moine, pris de compassion pour le mort, vint accomplir une cérémonie rituelle en son souvenir...


Des décennies plus tard, Tojimbo est devenu le lieu d'un autre rituel : régulièrement des personnes s'y rendent et tentent d'en finir en se jetant de ses falaises.

Les falaises de Tojimbo - Japon

 

 

Certaines de ces âmes en peine ont la chance de croiser le chemin de Yukio Shige, un policier à la retraite qui arpente les lieux pour les détourner de leur idée. Il aurait empêché près de deux cents personnes de sauter dans le vide, simplement en leur parlant, et surtout en les écoutant.


Vanja d’Alcantara est née à Bruxelles en 1977. Elle étudie l’histoire à l’Université Libre de Bruxelles, puis la réalisation cinématographique au RITS. En 2002, elle part faire une année de spécialisation en écriture de scénario à la New York University. D’un voyage à l’autre, elle développe divers projets et, en 2004, elle réalise et produit son premier documentaire La Tercera Vida (La troisième vie), entièrement tourné dans une prison en Espagne. En 2006 elle réalise Granitsa, un court-métrage tourné dans le Transsibérien en Russie, qui sera sélectionné dans de nombreux festivals internationaux.
Beyond the steppes, son premier long-métrage réalisé en 2010, est le récit intimiste d’une jeune femme polonaise déportée en Asie centrale au début de la seconde Guerre mondiale. L’histoire très personnelle est inspirée du vécu de la propre grand-mère de Vanja. Le film est sélectionné en compétition officielle au festival de Locarno ; il remporte le Prix du Jury (présidé par John Malkovitch) au prestigieux Festival International du Film de Marrakech, ainsi que le prix de la Meilleure actrice aux Vlaamse Filmprijzen et le Best Director Award au Japon. Beyond the steppes est également nominé Meilleur film aux Magritte du Cinéma belge.

 

Entretien avec Vanja d’Alcantara

réalisé le 11 décembre 2015 à Bruxelles et relevé dans le dossier de presse.


Quand avez-vous découvert le roman d'Olivier Adam ?


D'abord, il y a eu ma découverte de Yukio Shige. Il y avait comme une espèce de magie autour de ce "sauveur des falaises", qui en faisait une belle promesse de cinéma. Mais je ne me voyais pas la légitimité de raconter l'histoire d'un japonais. J'ai mis cela de côté mais, à la longue, j'ai bien senti que cette histoire de falaise m'obsédait. Par pur hasard, je suis tombé sur le roman d’Olivier Adam dans une petite librairie suisse. Je m’aperçois qu'il est inspiré par l'histoire de Shige mais sous l’angle exact que je cherchais : un point de vue occidental sur l'étranger, un voyage vers une terre inconnue... J'ai eu l'impression que certaines pages étaient écrites pour moi. Je pensais que ce ne serait pas simple d’acquérir les droits mais j’ai envoyé un message à Olivier Adam, accompagné de Beyond the steppes, mon premier film. Il semble que cela lui ait parlé…

 

Le Coeur régulier

 

Beyond the steppes évoquait la trajectoire d'une femme, son périple dans un pays étranger. Le cœur régulier s'inscrit dans cette lignée...


Ces histoires-là m'attirent. Le Japon, le parcours initiatique d'une femme, sa quête intérieure.... Je cherchais comment m'approprier l'histoire de Shige, mais je n'arrivais pas à trouver comment y accéder. Avec ce texte, j'avais la clé, je n'avais plus qu'à m'y glisser. L'écriture n'a pas été facile pour autant, même beaucoup plus difficile que je ne l'imaginais.

 

Qu'est-ce qui bloquait ?


J'ai toujours pensé qu'il pouvait y avoir un malentendu autour de l'idée d'adaptation : on imagine que le point de départ d'un scénario est une oeuvre préexistante, or en réalité, c'est le désir du lecteur, ce qu'il se passe entre lui et un roman, donc en l'occurrence entre ce texte et moi, avec mespropres références personnelles. Quand je raconte une histoire que j'ai entendue ailleurs, je la transforme... On se laisse traverser, on transmet les choses différemment. Mon langage n'est pas le même que celui d'Olivier Adam. À certains endroits il y a eu une rencontre entre les deux, mais il a été le premier à me dire "Trouve ton film. Ce livre est ma fin. Je suis heureux de ce qu’il provoque en toi. C'est un nouveau parcours qui commence !".

On découvre un autre Japon...


Raconter ce pays différemment était intentionnel. Le film commence sur une vie en France très cadrée, contemporaine. Pour suivre Alice, il était difficile de l'emmener dans un Japon moderne, bruyant, mouvementé. Le film montre la nature profonde du Japon. L'idée n'était pas de l'évoquer tel qu’on le connaît, mais d’en découvrir un espace très particulier, lié à sa culture, qui rencontrerait un esprit occidental. La préparation du film m'a permis d'aller souvent là-bas, de mieux connaître la mentalité japonaise. Sans ces séjours, il est probable que je serais restée à la surface, alors que, là, je n'avais plus à me poser la question de savoir comment j'allais présenter le pays. J’ai arpenté le pays pour m’éloigner de plus en plus de la civilisation, pour finalement trouver ces îles Oki en pleine Mer du Japon, où j’ai découvert les spectaculaires "Red Cliffs", falaises vertigineuses aux couleurs volcaniques. La magie des lieux s’est révélée avec force et évidence, comme s’ils avaient été conçus pour accueillir notre histoire : la maison de Daïsuke, le village de pêcheurs, la petite place de Jirô, la pension de Hiromi, les temples et sanctuaires... Autant d’endroits si étrangers, profondément japonais, qu’on y éprouve instantanément la sensation d’être au coeur du film. Il n’y avait plus qu’à faire venir des acteurs, une caméra et une équipe. Je me suis alors retrouvée devant une toile blanche, le pinceau en main. C’est curieux car, pour Beyond the steppes, on m’avait fait la réflexion que mon style était “calligraphique”, alors que le film n’avait rien à voir avec le Japon ! C’était prémonitoire. J’aime aborder chaque étape du processus comme si c’était le premier trait de pinceau. Le silence interrompu par un simple mouvement. C’est comme si je cherchais à raconter une histoire avec le moins de mots possible, pour que chaque phrase ait une véritable importance, pour rester au plus près de l’impression, de l’émotion. Une forme pure pour se rapprocher du sens.

 

Isabelle Carré - Le coeur régulier

Pourquoi avoir choisi Isabelle Carré ?


D'abord parce que je trouve que c'est une des meilleures actrices de sa génération ! Isabelle Carré est non seulement une très grande actrice, intuitive et fine, mais elle est également généreuse. Il y avait l'idée de la sortir d'un univers très franco-français. On l'a vue dans des registres différents mais jamais hors de France. La lâcher au Japon, voir ce qu'elle pouvait donner dans un contexte inconnu, m'excitait beaucoup. Je voulais une actrice lumineuse pour aller chercher sa part d'ombre. Elle est déjà apparue dans certains de ses films, je savais qu'elle existait, mais je voulais la creuser un peu plus. La rencontre avec Isabelle m'a d'autant plus convaincue, parce que même si ce projet lui foutait la trouille, elle avait envie de se tester, quitte à devoir en passer par des choses compliquées pour elle. À l'arrivée, c'est ce qu'on voit dans le film : elle dépasse ses propres peurs.
C'est magnifique cette confiance qu'elle a eue en moi. Dans Le cœur régulier, tout repose sur elle. Le fait de partir explorer avec elle des directions inconnues et de l’entrainer dans une aventure différente fait aussi écho à la traversée d’Alice, et donne toute son authenticité à la transformation qu’elle vit. Au fil de son voyage, Alice vit une forme d’éveil au monde, aux sensations et aux gens qui l’entourent. Le cœur régulier et Beyond the steppes ont en commun cette idée de confronter un personnage et son environnement, de voir comment il modifie intérieurement quelqu'un.

Comment s'est passée la collaboration avec Niels Schneider et Fabrizio Rongione ?


Fabrizio est un ami de longue date. Et un acteur formidable. J'avais très envie de travailler avec lui et j'ai été ravie qu'il accepte le rôle de Léo, le mari d'Alice. Il fallait un acteur de sa stature pour donner la bonne nuance à ce personnage, pour qu'on comprenne les raisons de l'éloignement d'Alice, sans pour autant qu'il manque de sensibilité. Et puis, il fallait un acteur qui soit le pôle contraire du frère d'Alice, Nathan. Pour ce rôle, je cherchais un acteur qui ait une aura suffisamment grande pour qu'il marque le film, malgré son absence. La rencontre avec Niels Schneider a eu lieu assez tard dans la préparation du film, mais elle s'est imposée comme une évidence. Il est Nathan de tout son être. C'est un cheval fou, indomptable, mais tellement solaire et généreux. Il apporte au personnage une fougue, une légèreté, et une profondeur aussi. Et puis on sent le passé commun entre frère et soeur. Une complicité instantanée. J'ai eu énormément de plaisir à diriger ces séquences et à voir naître devant mes yeux ce lien fraternel qui vient confronter Alice dans sa propre existence. Nathan traverse le film comme un tourbillon qui emporte tout sur son passage.

 

Comment avez-vous choisi vos acteurs japonais ?


Face à Isabelle, Jun Kunimura, un acteur japonais à la présence solide et bienveillante, incarne le personnage de Daïsuke. Au-delà de son charisme naturel, il apporte au personnage une force vive, un regard assuré, tout en esquissant ses failles et son côté obscur. La rencontre avec le vrai Yukio Shige a d’ailleurs été très inspirante pour concevoir le personnage, car, contre toute attente, c’est un homme plutôt rustre. Rien à voir avec l’image du moine bouddhiste que l’on pourrait se faire. Au contraire, c’est un type pragmatique qui fait ce qu’il a à faire, par utilité et par devoir. Le personnage de Daïsuke est comme ça au début de la rencontre. Pas très accueillant, taciturne. Il y a presque une déception chez Alice par rapport à ses attentes. Ce n’est qu’au fur et à mesure de l’histoire, et du cheminement d’Alice, que la relation entre eux va s’installer, pour finalement les transformer tous les deux.

 

Le Coeur régulier

 

Le film force Alice à être dans l'instant présent, telle la philosophie zen. Elle n'est finalement jamais perdue dans ce pays, mais en elle-même...


Je veux croire en un cinéma de sensations et d’impressions. Je m’évertue à développer un univers où l’environnement naturel a une influence déterminante sur le fil narratif et le trajet émotionnel du protagoniste. Lorsque la mort s'invite dans la vie d’Alice, elle prend conscience du vide devant lequel elle se trouve, de l’effort continu et vain qu’elle a déployé jusque là pour se fondre dans un moule qui ne lui a jamais correspondu. Sa décision de partir sur les traces de son frère et la découverte de ce lieu mystérieux la mèneront littéralement au bord du vide, pour ensuite lui permettre, au fil des rencontres, de s'arrêter un temps, d’observer le silence et de s’imprégner de ce monde si différent. Alice se retrouve alors telle qu'elle est : libre, dépouillée de tout ce qui la définit et la conditionne.

N'est-ce pas aussi un voyage spirituel ?


Le film invite à faire ce voyage en évoquant la vie, la mort, le chemin initiatique vers une nouvelle forme de liberté, une ouverture, un éveil. C’est toute ma quête. Et je ne pouvais pas rêver d’un meilleur terrain que le Japon ! La force de la nature, le rapport au silence, la conscience de l'éphémère sont très imprégnés là-bas. C’est ce qu’on retrouve dans la philosophie bouddhiste. Ils vivent dans un environnement naturel hostile, ils sont conscients de la fragilité de la vie. Cette acceptation de notre propre finitude permet de mieux s’installer dans le présent. Et c’est exactement ce que Daïsuke propose à ses hôtes. De réapprivoiser cette conscience du présent.

 

La mise en scène semble accompagner Alice dans son parcours : d'abord flottante, elle va vers une "régularité" ?


Il y a eu un vrai parti pris dans la manière de filmer Alice. On a travaillé en freefly, un système entre la steadycam et la caméra à l'épaule. Cela permet d'avoir une image stabilisée tout en ayant une sensation de fluidité, d'avoir une phénoménale liberté de travail : mon chef opérateur Ruben Impens (Alabama Monroe, Belgica, ente autres), Isabelle et moi étions dans le mouvement, on avait moins besoin de surdécouper les scènes pour leur donner du souffle. J’attache une profonde importance à l’approche visuelle, au rapport à l’espace, et au mouvement organique de la caméra. Nous avons adopté un langage libre, dans l’idée de recréer ce mouvement de "traversée" qu’effectue Alice d’un monde à l’autre. La caméra adopte bien sûr le point de vue d’Alice dans la majorité des séquences, mais nous nous permettons également l’audace du point de vue radicalement extérieur, pour accentuer son rapport au monde, sa solitude dans sa vie en France, et sa condition d’étrangère au Japon. Et l’on a pu faire un pas en arrière pour laisser de la place aux rôles secondaires. S'il fallait être connecté au monde intérieur d'Alice, ils sont essentiels dans sa transformation. D'où cette distance entre la caméra et elle, à la fois respectueuse tout en la poussant à avancer.

 

Avez-vous laissé une place à l’improvisation avec Isabelle ?


J’ai toujours fonctionné avec l’idée que la créativité surgit dans l’instant pour se servir au mieux de l’environnement tel qu’il se présente, de la lumière, des couleurs de la nature, mais aussi pour rester au plus près de l’état émotionnel d’un personnage, pour capter l’étincelle du moment, la magie du geste et du mouvement. Et je suis convaincue que cette approche permet, pour ce film en particulier, d’en servir le propos suggestif et de traduire visuellement ce qui dépasse les mots.

 

Pour lire la suite, cliquez ici.

 

Niels Schneider - Le coeur régulier

 

Niels Schneider

Mon opinion

 

Ce film peut enthousiasmer tout autant que déranger.

 

Adapté du roman éponyme d’Olivier Adam, paru en 2010, la réalisatrice belge, Vanja d’Alcantara,  met parfaitement en images "Le Japon, le parcours initiatique d'une femme, sa quête intérieure.... ".

 

Dans le rôle de cette héroïne, Isabelle Carré est remarquable. L'actrice dégage une grande sensibilité, qui ne sera jamais écrasante, mais arrivera toutefois à toucher au plus profond. Concernant son actrice la réalisatrice commente : "C'est magnifique cette confiance qu'elle a eue en moi. Dans Le cœur régulier, tout repose sur elle." Le trouble ressenti est principalement dû à la force de son interprétation face à la fragilité de son personnage.

 

L'écriture du scénario n'impose aucun dialogue superflu. La mise en scène multiplie les ellipses, pas toujours maîtrisées. La beauté des images, le talent de l'ensemble des comédiens, et le sujet qui met le spectateur face à l'absence et au silence, sont autant de points forts pour se réapproprier l'essentiel, "la conscience de l'éphémère".

 

"Le film invite à faire ce voyage en évoquant la vie, la mort, le chemin initiatique vers une nouvelle forme de liberté, une ouverture, un éveil".  Telle était la quête de la réalisatrice.

 

"Le rapport intime au temps, au cadre, au silence, aux gestes, à la géographie, aux éléments...", chers Olivier Adam, trouvent, dans ce film, une belle résonance.  

 

La rencontre entre Masanobu Andoe et Isabelle Carré, est magnifiquement filmée.

 

Isabelle Carré a déclaré : "Je ne sais pas ce qui s'est passé mais ce film a été libérateur, j'ai lâché beaucoup de mes peurs."

 

Un film qui reste difficile de conseiller, mais qui, pour ma part, m'a bouleversé.

14 avril 2016 4 14 /04 /avril /2016 09:02

 

Date de sortie 13 avril 2016

 

Paulina


Réalisé par Santiago Mitre


Avec Dolores Fonzi,

Oscar Martinez, Esteban Lamothe, Cristian Salguero

 

Titre original La Patota


Genres Thriller, Drame


Production Argentine

 

 

 

 

Prix Fipresci - Semaine Internationale de la Critique

 

 

 

 

 

Grand Prix Nespresso - Semaine Internationale de la Critique 2015

 

 

 

 

Synopsis

 

Paulina (Dolores Fonzi), 28 ans, décide de renoncer à une brillante carrière d’avocate pour se consacrer à l’enseignement dans une région défavorisée d'Argentine.

 

Confrontée à un environnement hostile, des élèves peu motivés, elle s’accroche pourtant à sa mission pédagogique, seule garante à ses yeux d’un réel engagement politique; quitte à y sacrifier son petit ami et la confiance de son père, un juge puissant de la région.

 

Peu de temps après son arrivée, Paulina est violemment agressée par une bande de jeunes et découvre que certains d’entre eux sont ses élèves. Elle se découvre enceinte quelque temps après.

 

Doit-elle garder cet enfant issu d’un viol ou opter pour un avortement ?

 

Le choix de Paulina va susciter l’incompréhension de son entourage…En dépit de l’ampleur du traumatisme et de l'incompréhension de son entourage, Paulina va tâcher de rester fidèle à son idéal social.

 

Paulina - Dolores Fonzi

 

Dolores Fonzi

Entretien avec le réalisateur relevé dans le dossier de presse.

 

Votre film est une critique sociale, dans une forme frôlant parfois le thriller, sur les différents points de vue de la justice face à la violence.

Comment avez-vous concilié cela ?


Je ne sais pas comment vous répondre... Je peux en revanche vous dire que je suis un adepte du récit classique, avec une ligne narrative simple, un point de vue clair. Ce qui m’obsède c’est la tension et le rythme. Le récit surfe sur des dysfonctionnements actuels et aborde de fait un sujet de société. Mais cet aspect n’est jamais déclencheur de l’écriture chez moi. Ce qui m’intéresse, c’est de plonger un personnage dans une situation aussi complexe que celle-ci ; et de le suivre en utilisant pleinement les règles de la dramaturgie. En apprenant l’agression, le fiancé de Paulina ne rêve que de vengeance. Son père voudrait qu’elle se fie sans réfléchir à la justice que lui-même représente. L’amie qui l’accompagne dans son malheur lui apporte sa chaleur, mais se garde d’intervenir. Et puis il y Paulina, seule face à la violence terrible qu’elle a subie. Nous vivons dans un pays potentiellement riche, mais dont l’indice de pauvreté est l’un des plus élevés au monde. Sans parler du taux de mortalité infantile. La pauvreté y génère naturellement de la violence. L’action se déroule dans les faubourgs de Posadas, une ville moyenne d’Argentine. Vivent là, dans le dénuement absolu, des Argentins mais aussi des immigrants Paraguayens qui s’entassent dans des bidonvilles en bordure de forêt, exploités avec des salaires indignes.

 

Comment avez-vous appréhendé la scène de l’agression ? Pensez-vous qu’il y ait toujours une part d’inexplicable dans un crime, et que l’auteur revêt parfois deux visages très différents, à la fois de la sauvagerie et de l’innocence ?


Pendant la préparation je me suis entretenu avec diverses femmes qui font un travail de soutien psychologique auprès de femmes victimes d’agression. J’ai compris que chaque histoire était un cas particulier, Paulina n’est donc pas emblématique de ces femmes. L’autre intérêt pour moi dans cette histoire était de m’attacher à dépeindre les agresseurs. Le garçon qui commet cet acte exprime à ce moment précis une violence et une haine dont Paulina est la victime pour avoir été au mauvais endroit, au mauvais moment. Sans que je puisse dire si cela fait de lui un pervers sexuel appelé à récidiver, ce n’est pas le sujet.

Au moment de l’acte, le violeur est un enfant, ou l’enfant qu’il était encore il y a peu. Quelqu’un qui a grandi dans la précarité, en marge de la société, mais qui d’un coup va le rattraper dès lors que l’appareil répressif va faire son travail. Et ce sera à lui de subir une autre forme de violence.

 

Un des dialogues qui résume le plus fidèlement l’intention du film est peut-être cette phrase de Paulina :

 

"la justice ne cherche pas la vérité quand des pauvres sont suspectés.

Elle cherche des coupables."


Paulina est fille de juge, mais n’a clairement pas la même conception de cette justice. Ses idéaux sont forts, sauf lorsqu’elle subit cet acte barbare, durant lequel elle cherche juste à survivre. Alors elle accepte une situation étrange. Et intenable. En tant que spectateur on peut éprouver de l’empathie pour elle ; et comprendre en même temps les arguments du père. Mais Paulina est mue par une conviction inébranlable, qui la conduit pourtant malgré tout à être dans l’erreur. En parlant avec Dolores Fonzi, nous avons admis tous deux qu’il était inutile de chercher à la comprendre, mais primordial de la suivre. Spécialement après l’agression quand elle décide de retourner dispenser ses cours dans ce quartier.

 

Paulina (La Patota)

Vous avez grandi dans une famille de "hauts fonctionnaires d’état", c’est un milieu qui vous inspire ?


Comment le nier ? Mon arrière-grand père fut ministre de l’agriculture dans les années 30. Mon grand père, député et ambassadeur. Mon père, ancien secrétaire à la Présidence, occupe toujours une charge diplomatique. Et ma mère est spécialiste des questions de protection des mineurs, attachée à un tribunal pour enfants.
Par exemple, dans le film El estudiante, je m’étais attaché à suivre un personnage aux antipodes de celui de Paulina. Il s’agissait d’un homme qui ne manifeste un intérêt pour la chose politique que par stratégie et sans regard personnel sur le monde. Paulina, elle, a grandi dans un milieu bourgeois, favorisé ; c’est à l’inverse une femme pétrie de convictions sociales. Elle veut se rendre utile envers les plus défavorisés et décide pour ça d’aller enseigner dans un quartier difficile.

 

Quel est votre parcours en tant que cinéaste, quelles sont vos références ?


Mon premier souvenir de cinéma remonte à l’âge de 13 ans, en bricolant pour ma prof d’histoire un courtmétrage sur Charles Quint. Au lieu de nous donner un devoir traditionnel, elle voulait qu’on décrive la leçon en images. C’est ce jour-là que j’ai découvert (et compris) qu’il y avait quelqu’un derrière une caméra, autorisé à la placer où il voulait, en disant "moteur", "coupez" et à demander entre deux prises à des "acteurs" d’entrer et sortir du champ. Une révélation !
J’ai étudié le cinéma pendant deux ans et puis j’ai abandonné quand j’ai commencé à réaliser que je pouvais tracer ma route comme auteur. Parallèlement aux cours, j’avais écrit et coréalisé un film à sketches avec un petit groupe d’amis. Ça s’appelait El Amor - Primera Parte (L’amour – acte un) et mettait en scène la dissolution d’un couple, abordée sous plusieurs angles. Nous avions 21 ans et on courrait derrière François Truffaut, qui nous fascinait. En Argentine, le film avait eu son petit succès, après avoir bénéficié d’une programmation à Venise pendant la Semaine de la Critique. On a commencé à me solliciter régulièrement pour l’écriture. Et l’un dans l’autre, poursuivre mes études m’a alors paru inutile.
Los olvidados de Buñuel mais aussi Viridiana font partie des classiques auxquels nous nous sommes référés pendant l’écriture. Buñuel avait le talent de se montrer ironique tout en racontant des choses terribles. Ma stratégie est différente. Parce qu’au contexte social vient s’ajouter le poids du hasard. Paulina se fait agresser pour avoir pris à moto un chemin de retour qu’elle n’aurait jamais dû emprunter.

L’avortement est-il légal en Argentine ? Votre film se prête amplement à l’interprétation, à l’analyse.


Non, l’avortement est interdit. Avoir depuis dix ans une femme présidente n’a rien fait bouger. Nombre de groupes luttent pour sa légalisation. Et d’autres, proches de l’Église, s’y opposent avec efficacité. Vous n’êtes pas sans ignorer que le pape est Argentin et que les choses ne risquent pas d’aller vers une légalisation. Nous sommes une société progressiste sur bien des points, comme sur le mariage gay admis depuis longtemps par exemple, mais nous n’admettons pas l’interruption de grossesse, qui devrait être selon moi un principe de base. Je pense que sur ce point précis, le film ne manquera pas de faire débat en Argentine.
Dans mon pays où la psychanalyse trouve tant d’adeptes, on me demande souvent "mais qu’as-tu voulu dire ? Quel est ton message ?" Si j’avais quelque chose à dire, je le dirais simplement.

Mais je fais des films pour construire des images, au milieu desquelles évoluent des personnages. Et s’ils soulèvent des questions, tant mieux !

 

Paulina

Mon opinion

 

Au sujet de ce dernier long-métrage, Santiago Mitre a déclaré : "Nous vivons dans un pays potentiellement riche, mais dont l’indice de pauvreté est l’un des plus élevés au monde. Sans parler du taux de mortalité infantile. La pauvreté y génère naturellement de la violence."

 

Qui mieux qu'un réalisateur et scénariste Argentin pour mettre en images des personnages dans ce contexte douloureux et violent ?

 

Le scénario est particulièrement ambitieux, fouillé, intelligent et parfaitement écrit. Les premières images, mettent en scène un père et sa fille. Tout les sépare. La réussite de l'un, ancien communiste devenu un juge influent, et sa fille promise à un brillant avenir, et qui choisira une autre voie.

 

D'emblée, le film démontre les difficultés que les femmes rencontrent pour faire accepter leurs décisions. Il sera question de l'enseignement promulgué à des jeunes gens qui vivent en marge de tout. De la déforestation massive, aussi, au seul profit de quelques nantis.

 

À aucun moment, Santiago Mitre n'impose un quelconque point de vue. Il réussit toutefois ce qu'il souhaitait … "Je fais des films pour construire des images, au milieu desquelles évoluent des personnages. Et s’ils soulèvent des questions, tant mieux !". Mais celles-ci, ne trouvent pas les réponses.

 

Le film est porté de bout en bout par l'excellente Dolores Fonzi.

 

Paulina (La Patota)

24 ème Festival Biarrtz Amérique Latine

 

 

 

Festival d'Amérique Latine à Biarritz .

Interview du réalisateur réalisé par Leslie Diaz

Traduction de l'interview (Réalisée par Laura Faucon)

 

 

 

 


"Sans le travail mystérieux et si sensible que réalise Dolores, le film n’aurait aucun intérêt. C’est une actrice fantastique qui réussit à transmettre une grande intériorité. La seule chose que je lui ai demandé, en plus de tout le travail que l’on a réalisé, c’est qu’elle puisse raconter un autre film, aller au-delà des scènes et dire ce que le scénario ne raconte pas à propos du développement de l’identité  de ce personnage, et elle, c’est une actrice qui peut faire ces choses-là car elle possède une grande intériorité. Même lorsque la caméra n'est pas proche d'elle, on perçoit ses attitudes. Outre l’histoire du film évidemment, c’est ce qui représente pour moi le plus intéressant. Le film ne serait jamais arrivé jusqu’ici aujourd’hui sans sa force en tant qu’actrice. Lorsque j’écrivais le scénario c'est déjà à elle que je pensais."


"Pour le film précédent, j’ai travaillé sur le personnage d’un jeune homme qui commence à s’engager dans la politique, sans savoir vraiment pourquoi il le fait, jusqu’à ce qu’il se rende compte qu’il a de réelles capacités sans pour autant avoir un objectif concret. C’est un personnage pragmatique et ambitieux. Puis quand j’ai commencé à travailler sur Paulina, j’ai voulu imaginer un personnage totalement opposé à ce jeune homme. J’ai voulu aborder ce problème, ce thème qu’est la conviction, d’un point de vue tragique et c’est comme cela que l’on a réalisé Paulina."


"Les institutions font la politique, et ce sont également elles qui mettent les limites. Les personnes qui font de la politique pensent, comme le père de Paulina, que les transformations doivent venir de ces institutions, de l’intérieur de la politique. D’autres pensent au contraire qu’il faut aller outre ces institutions. Néanmoins, Paulina travaille pour le gouvernement car elle participe à un programme de promotion des droits de l’Homme et de réinsertion sociale mis en place par le ministère du développement social. D’un côté, elle fait également partie de ces institutions.


A la suite de l’attaque, elle commence à réagir de façon bien moins rationnelle. Elle décide de garder l’enfant sans savoir vraiment pourquoi, mais car elle sent qu’elle doit le faire. À partir de ce moment-là, on cesse d’expliquer le personnage et d’essayer de la comprendre. On essaie plutôt de la suivre, et de voir où la mènent les décisions étranges qu’elle prend. Le point de vue ou la perception d’une situation et les diverses opinions qui émanent d’une situation sont des thèmes que traite le film.


Le travail d’écriture est assez intuitif. Lorsqu’on a commencé à écrire avec Mariano on a d’abord eu l’idée de commencer par ce moment où elle passe devant le bâtiment abandonné en mobylette puis, à partir de là, revenir en arrière. Nous avons voulu revenir en arrière d’une façon étrange. A certains moments la temporalité reste assez confuse mais au fur et à mesure que la séquence progresse, que Paulina fait ses choix, et qu’elle accepte cette violence, cette temporalité s’éclaircit.

 

C’est la première fois que je viens à Biarritz. J’aime beaucoup la ville et le festival, et le fait que les salles soient à ce point remplies. Je suis très content."

 

Welcome

 

"Le bonheur est la chose la plus simple,

mais beaucoup s'échinent à la transformer

en travaux forcés !"

 
François Truffaut

 

 

 

Recherche

Quelques coups de cœur 

 

 

Pour lire l'article consacré au film,

un clic sur l'affiche.

Bonne visite !

En 2016.

 

Lrs InnocentesEl Clan

 

 

 

 

 

 

TempêteLes Délices de Tokyo (An)

 

....

 

 

 

Rosalie BlumNo land's song

 

 

 

 

 

 

La saison des femmes (Parched)Julieta

 

 

 

 

 

Chala, une enfance cubaine (Conducta)Red Amnesia

 

 

 

 

 

 

Toni ErdmannTruman

 

 

 

 

 

 

Le fils de Jean

Divines

.....

 

 

 

 

 

 

Frantz

 

 

 

 

 

 

Juste la fin du mondeAquarius

 

 

 

 

 

 

 

Une vie

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En 2015.

 

..Mon Fils - Eran Riklis..Gente de Bien.La Maison au toit rouge.La Tête Haute.Une Femme Iranienne "Aynehaye Rooberoo". Facing Mirrors.Une seconde mère "Que Horas Ela Volta ?".Mustang.La Belle saison.Aferim !.La dernière leçon.Ni le ciel ni la terre.Les chansons que mes frères m'ont apprises.Fatima...Mia Madre

 

 

 Mes dernières critiques ... Cliquez ICI !

Depuis 2010. Films vus et commentés.

- En 2010 - Cliquez ICI

- En 2011 - Cliquez ICI

- En 2012 - Cliquez ICI

- En 2013 - Cliquez ICI

- En 2014 - Cliquez ICI

- En 2015 - Cliquez ICI

- En 2016 - Cliquez ICI

 

 

Voir et revoir..........................................Voir et revoir.........................................Voir et revoir....................

 

Pandora "Pandora and the Flying Dutchman".Umberto D.La chevauchée des Bannis.Loin du Paradis.Une journée particulière.Le procès de Viviane Amsalem "Gett".Tout ce que le ciel permet.

 

 

Luchon. Reine des Pyrénées. Cliqez ICI.