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29 février 2016 1 29 /02 /février /2016 18:47

 

Date de sortie 10 février 2016

 

Le Trésor


De Corneliu Porumboiu


Avec Cuzin Toma, Adrian Purcarescu,
Corneliu Cozmei,
Nicodim Toma  et Cristina Toma


Genre Comédie

Production Française, Roumaine

 

 

Synopsis

 

 

À Bucarest, Costi (Toma Cuzin) est un jeune père de famille accompli.

 

Le soir, il aime lire les aventures de Robin des Bois à Alin (Nicodim Toma) son fils de 6 ans pour l’aider à s’endormir.

 

Un jour, son voisin lui confie qu’il est certain qu’un trésor est enterré dans le jardin de ses grands-parents !

 

Et si Costi accepte de louer un détecteur de métaux et de l’accompagner pendant une journée, il serait prêt à partager le butin avec lui.

 

D’abord sceptique, et en dépit de tous les obstacles, Costi se laisse finalement entraîner dans l’aventure…

 

Le Trésor

Corneliu Porumboiu, né en 1975, est l’un des meilleurs cinéastes de sa génération, révélé en 2006 avec son premier long métrage, 12h08 À l'Est de Bucarest, qui obtint la Caméra d’Or au Festival de Cannes, où il était montré à la Quinzaine des Réalisateurs.

 

Ses films suivants ont confirmé son talent de conteur et de metteur en scène, alliant travail sur la parole et précision du cadre, humour et intelligence : Policier, Adjectif réalisé en 2009 reçoit le Prix FIPRESCI et Prix du Jury dans la section Un Certain Regard au Festival de Cannes 2009. Métabolisme ou quand le soir tombe sur Bucarest est présenté lors du Festival International du Film de Locarno 2013.

 

Il est également un inventeur de dispositifs cinématographiques comme en témoigne son récent documentaire Match Retour remarqué lors de la dernière édition de la Berlinale.

Entretien avec le réalisateur, Corneliu Porumboiu,  relevé dans le dossier de presse.

 

Quel fut le point de départ du film ?


Initialement, j’avais le projet de faire un documentaire sur un ami acteur et réalisateur, Adrian Purcarescu, qui n’a jamais pu terminer son film entamé il y a 10 ans, faute de financement. J’ai donc filmé une interview de lui où il me racontait les séquences manquantes de son film. Je pensais qu’ensemble, nous allions réussir à compléter ce film inachevé, mais je n’étais pas satisfait du résultat. Lui seul aurait pu le terminer. Mais je voulais poursuivre ce projet autrement. Je suis tombé alors sur une autre histoire, qu’Adrian m’avait racontée… une légende locale.

 

…l’histoire d’un trésor ?


L’arrière-grand-père d’Adrian aurait enterré sa fortune dans son jardin, avant que les communistes n’arrivent au pouvoir. Je me suis dit qu’il y avait là matière à enrichir mon documentaire. Nous sommes partis, lui et moi, à la recherche du trésor avec une équipe de tournage et un spécialiste en détection de métaux.

 

Le TrésorDans le jardin de son arrière-grand-père, nous avons commencé à prospecter à l’aide de deux détecteurs de métaux, l’un sonore et l’autre avec des images 3D. Au cours de notre recherche, j’ai écouté mon ami et je me suis rendu compte que nous n’étions pas seulement à la recherche d’un trésor mais aussi en quête du souvenir de ces quelques vies humaines qui composent sa famille.

 

 

Malgré nos efforts, nous n’avons pas trouvé la trace du fameux trésor. J’ai donc décidé de transformer cette mésaventure en fiction, de me venger en quelque sorte de cette histoire d’échec, de lui donner la forme d’une farce car c’était la seule façon de la rendre supportable !

 

Quelle est la part documentaire de votre film ?


Pendant le montage du projet initial, j’ai été intrigué par l’étrangeté de ce jardin et de la maison où nous cherchions le trésor. Notre situation me posait plein de questions : quel est notre présent, comment le vit-on, quel est notre rapport à l’Histoire ? Pendant la Seconde Guerre Mondiale, cette maison avait hébergé deux officiers de l’armée allemande. Puis, en 1947, les communistes l’ont nationalisé. L’arrière-grandpère, le grand-père, la grand-mère et la mère de mon ami ont alors été déportés à Caracal, dans le sud du pays. Quatre ans plus tard, ils sont revenus au village mais n’ont plus jamais habité la maison. Ils en ont bâti une autre. La première maison a ensuite servi de pharmacie, d’écurie et d’école maternelle jusqu’à la Révolution. Après 1989, elle avait été transformée en bar à strip-tease. En 1997, après des années de procès, la famille de mon ami a enfin récupéré la propriété mais les derniers "locataires" l’avaient laissée en ruine. J’aime travailler sur les histoires enfouies que le cinéma peut révéler. Je filme au présent : en surface, on a accès au monde tel qu’il est mais derrière les apparences se cachent plusieurs niveaux surprenants, un terrain idéal pour construire une fiction.

Pour nourrir votre fiction, vous servez-vous du vécu de vos acteurs ?


Pour écrire mon scénario j’ai organisé mon matériel documentaire autour d’un personnage fictif, Costi, jeune père de famille vivant à Bucarest dans un équilibre fragile.

 

Le TrésorPour l’interpréter, j’ai choisi Toma Cuzin, qui a été mineur avant de devenir acteur. J’ai aussi voulu qu’il joue avec son propre fils de 6 ans et avec sa femme qui est peintre. Chez lui, j’aimais sa façon très libre de se déplacer dans le jardin à la recherche du trésor. Il a de l’instinct, une grande force vitale. Dans ce film, je voulais aussi capter son rapport à son fils qui est très différent de lui.

 

L’autre acteur est mon ami Adrian Purcarescu, et le troisième rôle est joué par un acteur non professionnel, Corneliu Cozmei, ancien militaire, qui travaille maintenant dans une entreprise de détecteurs de métal – je le trouve à la fois à l’aise et dépassé par ses machines.

 

Le titre du film joue-t-il avec les attentes du public ?


Le titre évoque notre fascination pour l’or. Symboliquement, c’est comme un soleil qu’on cherche dans la terre. On découvre plus tard dans le film que la lumière y joue un rôle central.

 

Mais finalement, que cherchent les deux hommes si différents au fond de ce jardin mystérieux ?


Pour Adrian, la première motivation est immédiate car il doit trouver de l’argent pour ne pas perdre sa maison. Mais il veut aussi faire face à l’histoire et à l’héritage de sa famille. Costi, jeune père et fonctionnaire, n’a pas un mobile très clair pour s’embarquer si spontanément avec son voisin Adrian dans cette aventure. Tout au long de ses pérégrinations dans le jardin, Costi découvre l’histoire de la famille d’Adrian qui petit à petit deviendra sienne. Il finira par se perdre, lui aussi, dans cet "abîme de l’histoire". Au fond, il est dans la recherche d’une liberté car il se sent prisonnier de sa vie, de son couple, de son travail. Il est motivé par une sorte de foi, et il entame cette quête symbolique et "héroïque" pour confirmer et prouver quelque chose à son fils. En somme, les deux héros creusent un trou et finissent par se libérer de l’abîme.

 

Des chercheurs d’or creusent un trou et risquent de tomber dans leur propre piège. Vous amusez-vous avec la dimension burlesque de cette mission ?


Pour moi tout ce jardin ressemble à un trou dans l’histoire. Dans des longs plans, je donne le sentiment qu’ils sont perdus, leurs trajets sont labyrinthiques. On n’arrive jamais vraiment à les situer. Ils tournent autour de l’arbre foudroyé, coupé en deux par la lumière en quelque sorte. Trois personnages qui cherchent quelque chose dans la terre : c’est désespéré et comique à fois. L’"expert" en détection de métaux est dépassé par la technique, l’attente est si longue et la tension entre les trois hommes monte…

Vous placez au coeur du film la recherche du trésor et vous jouez sur l’étirement du temps et les aspects tragi-comiques. Comment avez-vous pensé le rythme de ce film, composé en tableaux ?


Dans la première partie du film, en ville, j’ai cadré serré avec des champs / contrechamps pour montrer l’échange entre les personnages et leurs limites : dans la deuxième partie, la recherche du trésor, je voulais me concentrer sur le point de vue de Costi. Le spectateur entre dans le jardin avec lui et le suit tout au long de ses pérégrinations. Je voulais donner l’impression que Costi est perdu dans un jardin infini et entraîne avec lui, je l’espère, le spectateur.

 

Pourquoi l’enfant joue-t-il un rôle si central dans ce film, ce qui peut lui donner la dimension d’un conte ?


La relation entre Costi et son fils de 6 ans, et l’histoire de Robin des Bois qu’il lui lit le soir, nous permet de mieux comprendre la tension qui l’habite, et son rapport au monde.

 

Le TrésorLa présence de l’enfant aide à faire avancer le récit par chapitres, tout en menant à la révélation finale.

 

En Roumanie, les enfants occupent une place très spéciale dans la société car les gens projettent trop sur eux, espérant qu’ils feront bien mieux que leurs parents et que la prochaine génération aura la belle vie.

 

C’est pourquoi chaque génération se considère comme celle du compromis et du sacrifice.

 

Mes grands - parents ont fait la guerre, mes parents ont vécu sous le communisme et ma génération doit trouver sa place dans une société après la Révolution…

 

 

 

Avez-vous voulu jouer avec les éléments d’un western pour mieux déployer d’autres pistes narratives ?


J’aime beaucoup les westerns de John Ford et surtout certains films comme Le trésor de la Sierra Madre de John Huston, qui lui aussi raconte une chasse au trésor ! Mais je me suis plutôt inspiré des Nuits de pleine lune d’Éric Rohmer pour raconter avant tout une aventure très particulière, entre les personnages et leur passé.

 

Pourquoi le thème de la violence traverse-t-il autant le film ?


Le film circule autour de la notion de propriété : ce que l’on trouve ou pas dans le jardin de ses grands- parents, ce que l’on transmet à ses enfants, la peur d’être accusé de vol etc. Le conte de Robin des Bois que le père lit à son fils ne raconte rien d’autre au fond. Ce jardin et cette maison dans le film ont souvent changé de propriétaire, jardin d’enfant à l’époque du communisme, bars à strip-tease après la Révolution avant de revenir à la famille d’Adrian. Je traduis cette violence très particulière en Roumanie autour de la propriété par une allusion aux westerns où les hommes se disputent sans cesse la propriété de la terre, des êtres, des objets.

Vos personnages se retrouvent souvent dans des situations qui les dépassent. Aimez-vous ces histoires (de familles) ancrées dans l’Histoire ?


J’essaie de développer mon récit souvent à partir de faits réels – comme dans ce film les aléas de la famille d’Adrian et la relation de Costi à son fils. J’aime superposer ces petites histoires qui finalement reflètent une partie de notre société. En quelque sorte nous sommes tous des "produits" de l’Histoire. Nous avons tourné la chasse au trésor à Islaz, le village où on a déclaré la Révolution de 1848. C’est un symbole car l’Histoire de la Roumanie a connu tant de changements ! Qu’aurait été la vie d’Adrian si le communisme n’avait pas existé ? Si on trouve le trésor de ses grands-parents à la fin du film, l’histoire aurait-elle un sens ? La réalité est souvent plus absurde. Mes personnages trouvent quelque chose d’autre : une surprise, de l’inattendu.

 

Mettez-vous en scène les sons et les images du détecteur de métal pour montrer l’absurdité d’un dialogue entre l’homme et la machine ?


Pour moi, l’expert qui jongle avec les détecteurs sonore et 3D est un peu comme mon alter ego en tant que réalisateur : tu avances sur un terrain inconnu en essayant de maîtriser à la fois l’image et le son !

 

Dans votre film Métabolisme ou quand le soir tombe sur Bucarest, votre alter ego, le réalisateur, préconisait la fin de la pellicule et d’un certain cinéma. Pourquoi avez-vous tourné pour la première fois en numérique ?


J’avais fait plusieurs essais et j’ai fini par tourner en Cinémascope, plus adapté pour filmer à la fois trois personnages dans la nature. J’ai aimé travailler en numérique à cause de l’esthétique : je pouvais plus précisément contrôler la lumière, mieux mettre en scène les détails du décor. Le numérique me permettait également de passer plus de temps avec les acteurs surtout avec les non-professionnels comme l’enfant, Cornel ou la femme de Costi. Pendant très longtemps, je n’ai juré que par la pellicule mais désormais je vais tout tourner en numérique.

 

Qu’est-ce qui vous attire chez des personnages comme Costi et Adrian dans Le Trésor, qui essaient d’échapper à la loi ?


Dans tous mes films, les personnages se confrontent à la loi et se posent la question de la liberté. Mais c’est un peu comme le foot dans mon précédant film, Match Retour : il y toujours les règles et le jeu. Chacun est son propre arbitre.

 

Voulez-vous échapper aux règles ?


J’ai toujours peur de suivre les recettes. Quand j’écris un scénario, j’aime beaucoup changer, au casting et au tournage, etc. Mes films ont l’air d’être assez conceptuels mais je veux avoir le temps et la liberté d’improviser. Pour moi un film se fait uniquement sur le plateau de tournage. Pour ce film, le défi était de trouver le bon "ton". En filmant la recherche du trésor d’une façon trop réaliste, j’aurais pu tomber dans la comédie de situation ou dans la caricature. Mais je me suis libéré en travaillant. Maintenant, mes personnages sont assez épurés, presque comme des archétypes, avec des visages assez forts pour, je l’espère, incarner leurs histoires sans trop l’expliquer.

 

Le Trésor

Mon opinion

 

Tout le contraire de ce à quoi je m'attendais. Après avoir lu le synopsis je pensais découvrir une relation père/fils. Belle et envoûtante.

 

Là n'est pas le sujet essentiel du scénario, qui, de documentaire est devenu un long-métrage.

 

Le réalisateur prend le parti du rêve dans une Roumanie d'aujourd'hui qui cherche à se relever, à oublier aussi, de longues années de privations et de libertés.

 

La grande simplicité de la mise en scène, un scénario minimaliste, de récurrents et très longs plans-séquences peinent à donner le rythme nécessaire pour captiver véritablement.

 

L'allégorie avec Robin de Bois et la toute fin du film avec son générique et la bande-son tonitruante arrachent un sourire, mais il est trop tard.

24 février 2016 3 24 /02 /février /2016 19:19

 

Date de sortie 24 février 2016

 

The Revenant - Affiche


Réalisé par Alejandro González Iñárritu


Avec Leonardo DiCaprio, Tom Hardy, Domhnall Gleeson,

Will Poulter, Kristoffer Joner, Paul Anderson, Brendan Fletcher, Lukas Haas


Genre Western, Aventure


Production Américaine

 

The Revenant déjà multirécompensé. Cliquez Ici

 

Synopsis

 

Dans une Amérique profondément sauvage, Hugh Glass (Leonardo DiCaprio), un trappeur, est attaqué par un ours et grièvement blessé. Abandonné par ses équipiers, il est laissé pour mort. Mais Glass refuse de mourir. Seul, armé de sa volonté et porté par l’amour qu’il voue à sa femme et à leur fils, Glass entreprend un voyage de plus de 300 km dans un environnement hostile, sur la piste de l’homme qui l’a trahi. Par soif de vengeance, il entreprend alors un périple semé de dangers inconnus qui va le confronter à des cultures étrangères, et qui finalement, se transformera en quête de rédemption. Tandis qu’il arpente l’Ouest sauvage, il se débarrasse peu à peu du désir de destruction qui le gouvernait jadis. Il s’est transformé en Revenant, un être revenu d’entre les morts.

 

The Revenant

La légende de Hugh Glass.

 

Depuis deux siècles, la capacité de Hugh Glass à repousser les limites de son corps, de son esprit et de son âme a fait de lui une véritable légende. On sait peu de choses sur ses jeunes années hormis sa naissance à Philadelphie en 1773, mais il semblerait qu’il ait été pirate. À 30 ans, il a pris la direction de l’Ouest et en 1823, il a participé à l’expédition du capitaine Andrew Henry pour explorer la rivière Missouri.

 

Hugh GlassC’est près de ce qui est aujourd’hui la ville de Lemmon, dans le Dakota du Sud, que Glass a été attaqué par un ours et abandonné par les hommes désignés pour rester auprès de lui, persuadés – à tort – qu’il ne survivrait pas.

Hugh Glass n’a laissé aucun écrit derrière lui, à l’exception d’une lettre destinée aux parents d’un compagnon tué par les indiens Arikaras. Lorsqu’on a découvert qu’il avait survécu, son histoire s’est étalée dans tous les journaux du pays. Depuis, plusieurs biographies et romans ont vu le jour, mais en 2002, Michael Punke a publié Le Revenant, l’un des récits les plus approfondis et les plus documentés sur les événements.

Hugh Glass

 

Michael Punke, né de parents enseignants à Torrington, une petite ville de 5000 habitants dans le Wyoming, grandit proche de la nature, entre pêche et randonnée, et se passionne pour l’histoire. Brillant élève, ses études l’emmènent sur la côte Est, à l’Université George Washington, puis à Cornell Law School. S’ensuit une ascension remarquée à Washington dans le domaine du droit du commerce international, notamment comme conseiller du sénateur démocrate Max Baucus, mais aussi dans le secteur privé.  Sa fascination de toujours pour les pionniers de la conquête de l’Ouest l’a cependant conduit à étudier toutes les ressources possibles afin de dresser le portrait le plus réaliste de Hugh Glass jamais réalisé.

 

Son livre a été qualifié par Publishers Weekly de "conte héroïque enchanteur sur l’obsession de la vengeance" et été plébiscité par les amateurs de récits d’aventures, parmi lesquels figuraient les producteurs d’Anonymous Content : Steve Golin, Keith Redmon et David Kanter. Steve Golin déclare : "J’ai toujours aimé les films de survie en pleine nature, et nous nous sommes tous dit que le roman de Michael Punke ferait un formidable film d’aventures. La route a été longue pour David, Keith et moi, mais nous sommes plus que ravis du résultat final et de l’extraordinaire équipe qui nous a aidés à réaliser ce projet. Cela n’a pas été évident, mais la créativité que cette histoire a inspirée est tout simplement exceptionnelle."

 

Anonymous Content a confié l’écriture du scénario à Mark L. Smith, qui a vu dans cette histoire l’occasion de faire vivre au public une expérience à peine imaginable à l’ère du tout-technologique. Pour le scénariste "dans les années 1820, quand on vous abandonnait en pleine nature, vous vous retrouviez vraiment seul au milieu de nulle part. Il n’y avait pas d’iPhone pour vous venir en aide. Glass est confronté à des expériences presque inimaginables, qu’il s’agisse de tomber du sommet de chutes d’eau vertigineuses ou de combattre des loups. Son histoire est une aventure, mais c’est aussi un riche et émouvant cheminement intérieur et j’étais persuadé que cela pourrait également faire un formidable spectacle visuel."

 

The Revenant - Leonardi DiCaprio.

 

"The Revenant raconte l’incroyable histoire d’un homme confronté aux éléments dans une contrée sauvage, une Amérique encore inconnue. C’est un film qui explore le pouvoir de l’esprit. L’histoire de Hugh Glass fait partie de ces légendes que l’on se raconte au coin du feu, mais Alejandro l’a utilisée pour étudier ce qui se passe lorsqu’on est confronté à la mort, ce que notre esprit est capable d’endurer et les conséquences d’une telle épreuve lorsqu’on y survit"

 

  confesse Leonardo DiCaprio.

 

Pour Steve Golin, producteur : "Alejandro met beaucoup de sincérité dans tout ce qu’il fait. Ses films sont réalistes mais possèdent également une dimension spirituelle et dans The Revenant, cette combinaison s’exprime de manière inédite."

Alejandro González Iñárritu. Réalisateur/Scénariste/Producteur


Couronné aux Oscars, Alejandro González Iñárritu est un réalisateur, un scénariste et un producteur parmi les plus réputés du cinéma actuel.

 

Alejandro González Iñárritu en tant que présentateur radio sur la station mexicaine WFM en 1985 alors qu’il étudiait la communication à l’université ibéro-américaine de Mexico. En 1988, il a été promu directeur de la station, et au cours des cinq années suivantes, il a interviewé des stars du rock, retransmis des concerts en direct et fait de WFM la station de radio la plus écoutée au Mexique. Dans les années 90, il a créé la société de production mexicaine Z Films avec Raul Olvera. Il a alors commencé à écrire, produire et réaliser des courts métrages et des publicités, mais avant de se lancer à la télévision et au cinéma, il a étudié le théâtre pendant trois ans avec le célèbre metteur en scène polonais Ludwik Margules et avec Judith Weston à Los Angeles.

 

The Revenant - Alejandro González Iñárritu.

 

En 1995, il a écrit et réalisé son premier téléfilm : Detrás del dinero, interprété par Miguel Bosé. Z Films s’est imposée comme l’une des plus importantes sociétés de production du Mexique et a lancé la carrière de 7 réalisateurs de cinéma.

 

En 1999, Alejandro González Iñárritu a mis en scène Amours chiennes, son premier long métrage, sur un scénario de Guillermo Arriaga. Ce drame explore la société mexicaine à travers trois histoires entremêlées autour d’un accident de voiture à Mexico. Amours chiennes a été projeté en avant-première au Festival de Cannes 2000 où il a remporté le Grand Prix de la Semaine de la critique.

 

 

 

Après sa projection à Cannes, le film a été nommé à l’Oscar du meilleur film étranger. Suite au succès d’Amours chiennes, le cinéaste a une nouvelle fois mêlé les intrigues dans 21 Grammes. Le film, interprété par Benicio del Toro, Naomi Watts et Sean Penn, a été présenté à la Mostra de Venise où Sean Penn s’est vu remettre la Coupe Volpi de la meilleure interprétation masculine. Naomi Watts et Benicio del Toro ont quant à eux été cités aux Oscars 2004 de la meilleure actrice et dans un second rôle.

 

En 2005, Alejandro González Iñárritu a réalisé Babel, selon troisième film et le dernier volet de sa trilogie. Le film, qui se déroule sur trois continents, dans quatre pays et quatre langues différentes, raconte quatrre histoires. Babel est interprété par Brad Pitt et Cate Blanchett, mais également par des amateurs et de jeunes acteurs tels que Rinko Kikuchi et Adriana Barraza. Il a été présenté au Festival de Cannes 2006 où le réalisateur s’est vu remettre le Prix de la mise en scène. Babel est sorti en novembre 2006 et a été nommé à sept Oscars, notamment dans les catégories meilleur film et meilleur réalisateur.

 

Avec ses deux nominations, Alejandro González Iñárritu est devenu le premier cinéaste mexicain de l’histoire des Oscars à avoir été nommé comme réalisateur ou comme producteur.

 

Babel a par ailleurs raflé le Golden Globe du meilleur film dramatique, et valu au compositeur Gustavo Santaolalla l’Oscar de la meilleure musique originale.

 

En 2008 et 2009, Alejandro González Iñárritu a réalisé et produit son quatrième film, Biutiful, avec Javier Bardem, qu’il a coécrit avec Armando Bo et Nicolás Giacobone. Le film a été présenté en avant-première au Festival de Cannes 2010 où Javier Bardem a été sacré meilleur acteur. Biutiful était le premier long-métrage en espagnol de réalisateur depuis Amours chiennes. Pour la deuxième fois de sa carrière, son film a été cité à l’Oscar du meilleur film étranger. Il a également été nommé au Golden Globe du meilleur film étranger, et aux BAFTA Awards du meilleur film étranger et du meilleur acteur. Pour son rôle dans Biutiful, Javier Bardem a été cité à l’Oscar du meilleur acteur


En 2015, il a remporté trois Oscars en tant que réalisateur, scénariste et producteur de Birdman. Cette comédie noire plébiscitée a aussi été couronnée par la statuette de la meilleure photo, et a été nommée dans cinq autres catégories. 

 

Alejandro González Iñárritu a obtenu en outre un Directors Guild of America Awards (DGA Award) et un Producers Guild of America Awards (PGA Award) pour ce film New Regency/ Fox Searchlight interprété par les acteurs nommés aux Oscars Michael Keaton, Emma Stone et Edward Norton.

 

Le budget de The Revenant est estimé à 135 millions de dollars, ce qui fait de ce long métrage le plus cher réalisé par Alejandro González Iñárritu.  21 Grammes avait coûté 20 millions, Babel 25 millions, Biutiful 35 millions et Birdman 18 millions.

 

Avec le film d’aventures épiques The Revenant, le réalisateur nous transporte au XIXème siècle, en pleine conquête de l’Ouest, pour nous raconter la légende de Hugh Glass. Le film, qui immerge le public au cœur de l’Amérique profondément sauvage de 1823 avec tout ce que cela comporte de beauté, de mystère et de danger, retrace le parcours physique et psychologique d’un homme prêt à tout pour survivre.

 

À mi-chemin entre le thriller et le voyage initiatique, The Revenant explore l’instinct primaire de l’être humain, sa volonté de se battre non seulement pour sa survie, mais aussi pour sa dignité, la justice, ses convictions et sa famille. 

 

Alejandro González Iñárritu : "J’ai rêvé de ce projet durant plus de cinq ans. Il s’agit d’une histoire intense et poignante qui se déroule dans des décors grandioses et raconte la vie de trappeurs qui, en dépit des souffrances physiques, développent une grande spiritualité.

 

The Revenant - Leonardo DiCaprioBien que l’histoire de Glass soit en grande partie apocryphe, nous nous sommes efforcés de rester fidèles à ce que ces hommes ont vécu dans ces vastes territoires vierges. Nous n’avons pas ménagé notre peine, tant sur le plan physique que technique, pour livrer un film aussi sincère que possible."

 

 

Il rajoute : "The Revenant raconte non seulement l’histoire d’un homme qui livre un dur combat pour sa survie, mais également une histoire pleine d’espoir. Pour moi, le plus important était de raconter cette aventure avec un esprit d’émerveillement et de découverte, de la traiter comme une exploration à la fois de la nature sauvage et de la nature humaine."

Pour Leonardo DiCaprio, l’empreinte du réalisateur sur le scénario est incontestable. "J’étais ravi lorsque j’ai appris qu’Alejandro allait prendre part au projet, confie-t-il, car c’est un metteur en scène unique. Je savais qu’il saurait immerger le public dans l’univers du film. Il s’agit en premier lieu de l’histoire d’un homme qui lutte pour sa survie, mais Alejandro lui apporte tellement de nuances qu’il lui confère une incroyable profondeur."

 

Il rajoute : "Ce film évoque des thèmes très forts, notamment ceux de la volonté de vivre et du rapport à la nature. Et puis au cours de ma carrière, j’ai joué souvent des personnages éloquents, qui avaient beaucoup de choses à dire, et à cet égard, le rôle de Glass a été un défi unique pour moi car il a fallu que j’exprime mes émotions sans parler, ou alors dans une langue qui m’était étrangère. Pour ce faire, j’ai essayé de vivre l’instant présent, et de réagir à ce que nous réservait la nature et à ce que Glass traversait dans la scène que nous tournions. Ce rôle m’a conduit à explorer la nature la plus profonde de l’instinct de survie."

 

L’acteur a également été séduit par la volonté du réalisateur de raconter l’histoire de Hugh Glass avec un réalisme qui plonge le public dans l’Ouest sauvage d’avant les westerns traditionnels.

 

The Revenant - Leonardo DiCaprio.

Il commente : "Je n’avais jamais vu de film sur cette période de l’histoire américaine, j’étais donc très curieux. Il s’agit d’une époque unique dans l’histoire de l’Ouest américain, une époque bien plus sauvage que ce que nous appelons aujourd’hui le Far West.

 

C’était un peu comme l’Amazonie : une contrée sauvage inconnue, un no man’s land où très peu de lois s’appliquaient. Ces trappeurs venus d’Europe ou de la côte Est américaine devaient apprendre à vivre – et survivre – en pleine nature, comme n’importe quel animal sauvage."

 

Pendant le tournage, Leonardo DiCaprio a été confronté à des épreuves auxquelles aucun comédien n’aurait pu se préparer complètement.

 

Le réalisateur raconte : "Leonardo a connu les pires conditions qui soient pour un acteur : une météo extrêmement rude, un costume inconfortable, du maquillage extrême, et il a dû explorer les plus sombres recoins de l’âme humaine. Mais tout cela n’empêche pas qu’il se passe immédiatement quelque chose lorsqu’il apparaît devant la caméra, c’est comme s’il émanait de lui une force particulière. La manière dont a été tourné le film a exigé beaucoup de lui en termes de rythme, de timing, de souffle et de silence, mais il possède une telle présence que cela fonctionne."

The Revenant - Leonardo DiCaprio

 

Réputé pour ses techniques révolutionnaires et son style original, Emmanuel Lubezki est l’un des directeurs de la photo les plus demandés du cinéma actuel.

 

Né à Mexico, Emmanuel Lubezki y a passé sa jeunesse et a commencé par travailler sur des films et des productions télévisées au Mexique à la fin des années 80. Il a obtenu trois Ariel Awards, les équivalents mexicains de l’Oscar. Son premier film américain a été Twenty Bucks de Keva Rosenfeld, un film indépendant de 1993.

 

Emmanuel Lubezki fait ses études à l’Université nationale autonome de Mexico avec Alfonso Cuarón. Les deux hommes ont travaillé ensemble sur sur plusieurs films dont La petite princesse, qui a lui valu sa première nomination à l’Oscar en 1996. S'en suivront deux autres dont la quatrième  en 2007 pour Les fils de l'homme. Ce dernier film a été l’un des plus gros succès de 2006. Emmanuel Lubezki a obtenu l’American Society of Cinematographers Award, l’Australian Cinematographers Society Award et le BAFTA Award de la meilleure photo, ainsi que plusieurs autres prix de cercles de critiques dont ceux de Los Angeles et de la National Society of Film Critics. 

 

Emmanuel Lubezki sera nominé pour The tree of life en 2011.

 

Il est lauréat de deux Oscars de la meilleure photo, un pour Gravity d’Alfonso Cuarón en 2014 et l’autre pour Birdman en 2015. Il a également remporté deux BAFTA Awards et a été nommé sept fois en tout aux Oscars.

 

Plus récemment, Emmanuel Lubezki a éclairé en 2015 Last Days in the Desert de Rodrigo Garcia.

 

Le réalisateur et son équipe étaient prêts à relever tous les défis d’un tournage entre le Canada et l’Argentine, des régions connues pour leurs conditions météorologiques imprévisibles et leurs vastes étendues sauvages, afin de s’immerger dans le quotidien des trappeurs du début du XIXème siècle.

 

Le film aurait normalement dû, selon le calendrier de départ, être tourné en 80 jours, mais le tournage s'étala sur 9 mois du fait d'une météo capricieuse, de l'éloignement des différents lieux et surtout de l'acharnement de  Emmanuel Lubezki à ne tourner qu'avec de la lumière réelle, pour accentuer le réalisme des scènes.

 

Emmanuel Lubezki

 

 

Au BAFTA Awards 2016 il remporte le trophée pour The Revenant et nominé aux Oscars 2016  pour ce même film.

 

 

Jack Fisk est un chef décorateur cité aux Oscars qui compte plus de 35 années d’expérience au cinéma.


Collaborateur régulier du réalisateur Terrence Malick, il a été le directeur artistique de ses films La Balade sauvage et Les moissons du ciel, et le chef décorateur de La Ligne rouge, Le nouveau mondeThe Tree of Life, À la merveille et Knight of Cups.  Il collabore de nouveau avec Terrence Malick dans une production en cours.


Jack Fisk a créé les décors de The Master, écrit et réalisé par Paul Thomas Anderson. Il a reçu le prix de la Los Angeles Film Critics Association de la meilleure création de décors pour son travail.


Le chef décorateur a été nommé à l’Oscar, au BAFTA Award et a remporté l’Art Directors Guild Award et le Los Angeles Film Critics Association Award pour son travail sur There Will Be Blood également de Paul Thomas Anderson.


Parmi les autres films dont il a signé les décors figurent De l'eau pour les éléphants de Francis Lawrence et Invasion d’Oliver Hirschbiegel.

 

Jack Fish et Hamish Purdy sont nominés pour The Revenant aux Oscars 2016.

 

The Revenats - Sets.The revenant - Sets

 

Malgré le réalisme tétanisant de la scène, ce n’est pas un vrai ours qui s’en prend à Leonardo DiCaprio mais un cascadeur canadien s’appelant Glenn Ennis. S’il n’est pas connu du grand public, il a participé aux cascades de plusieurs blockbusters et a fait beaucoup d’apparitions dans des films et des séries.


Pour la scène de The Revenant, Glenn Ennis portait un costume bleu ainsi qu’une tête d’ours et avait préalablement regardé beaucoup de vidéos sur ces animaux pour s’imprégner de leur manière de bouger. Compte tenu du dispositif mis en place (comprenant des cables, un faux arbre...) et sa chorégraphie complexe, la scène de deux minutes fut très éprouvante à tourner pour Glenn Ennis. Le cascadeur a en effet dû bouger en tenant compte de l'extrême mobilité du personnage de DiCaprio qui est jeté contre un arbre, remis sur pieds, roulé, ballotté dans tous les sens, frappé... Il précise également que c'est surtout avec sa doublure qu'il a travaillé et non avec l'acteur.

 

Propos relevés dans le dossier de presse. Photos : foxmovies

 

The Revenant - Leonardo DiCaprio

Mon opinion

 

Le scénario s'appuie sur le livre éponyme de Michael Punke, un homme passionné par la vie des pionniers, ceux de la conquête de l’Ouest.

 

Le premier intérêt réside dans cette nature somptueuse magnifiée par l'immense talent d'Emmanuel Lubezki. Grande réussite pour ce long-métrage entièrement filmé en lumière naturelle. La violence de certaines scènes trouve un reflet salvateur dans la beauté de la photographie. Glaçante et somptueuse à la fois. Des images qui resteront en mémoire.

 

La réalisation, d'une grande maîtrise, puissante et envoûtante à la fois, tient en haleine de bout en bout. "J’ai rêvé de ce projet durant plus de cinq ans. Il s’agit d’une histoire intense et poignante qui se déroule dans des décors grandioses et raconte la vie de trappeurs qui, en dépit des souffrances physiques, développent une grande spiritualité. A déclaré Alejandro González Iñárritu. Les plans-séquences, dont use et abuse le réalisateur, aussi magnifiques soient-ils pour certains, ne suffisent pas, malgré tout, à captiver totalement.

 

Le film est long. Pas d'ennui réel, mais aucun engouement extrême, comme je m'y attendais. La bande son accompagne l'ensemble avec brio.

 

En tête d'affiche, deux grands acteurs. Le remarquable, Tom Hardy, dans un rôle de parfait salaud, glacial et inquiétant. Leonardo DiCaprio, méconnaissable, livre une impressionnante prestation physique. Cascades, et corps à corps meurtriers jusqu'à éclabousser de quelques gouttes d'hémoglobine l'objectif de la caméra dans la dernière bagarre. Les amateurs de grands espaces et de westerns, devraient trouver leur compte.

 

Le regrettable et excessif battage médiatique qui a précédé la sortie de The Revenant prive le spectateur de véritables surprises.

22 février 2016 1 22 /02 /février /2016 21:49

 

Date de sortie 3 février 2016

 

La Terre et l'ombre - Affiche


Réalisé par César Acevedo


Avec Haimer Leal, Hilda Ruiz, Edison Raigosa

Marleyda Soto, José Felipe Cárdenas

 

Tire orginal La Tierra y la Sombra


Genre Drame


Production Colombienne

 

Festival de Cannes 2015.

 

Le film a été présenté à la Semaine de la critique

au Festival de Cannes 2015.

Récompensé par La Caméra d'Or.

Deux autres prix à la Semaine Internationale de la Critique 2015

Le Prix SACD et le Prix de la Révélation France 4

 

 

 

Sabine Azéma

Présidente du Jury de la Caméra d’Or - Festival de Cannes 2015 a déclaré :

 

"Nous avons vu 26 premiers films

et nous avons trouvé notre trèfle à quatre feuilles

dans un champ de cannes à sucre "

 

 

 

Synopsis

 

 

Alfonso (Haimer Leal) est un vieux paysan qui revient au pays pour se porter au chevet de son fils malade.

 

Il retrouve son ancienne maison, où vivent encore celle qui fut sa femme, sa belle-fille et son petit-fils.

 

Il découvre un paysage apocalyptique: le foyer est cerné par d'immenses plantations de cannes à sucre et une pluie de cendres liée à l'exploitation tombe sans cesse sur la maison, aggravant la maladie de son fils.

 

17 ans après avoir abandonné les siens, Alfonso va tenter de retrouver sa place et de sauver sa famille.

 

.La Terre et l'ombre

 

Lauréat de la Caméra d'or au dernier Festival de Cannnes, La terre et l'ombre révèle César Acevedo né à Cali en Colombie en 1987

 


Il est diplômé de l’Ecole de Communication Sociale de l’Université del Valle, dans sa ville natale. Le scénario de La terre et l'ombre fut son travail de fin d’études, puis est devenu son premier long‑métrage, sélectionné à la Semaine de la Critique à Cannes en 2015 après avoir reçu le soutien d’un grand nombre de fondations et d’aides au développement en Colombie, à Cuba et en Espagne.


Avant de tourner La terre et l'ombre, César Acevedo a réalisé deux courts métrages, Los pasos del agua et La Campana. Il a aussi été co-scénariste et assistant à la mise en scène sur Los Hongos de Oscar Ruiz Navia (Prix Spécial du Jury au festival de Rotterdam), après avoir été assistant de production sur El vuelco del cangrejo, du même metteur en scène, qui fut récompensé par le Prix FIPRESCI au festival de Berlin. Il a également été directeur de la photographie du making off de La Sirga de William Vega et photographe de plateau sur Siembra de Angela María Osorio et Santiago Lozano.

Propos de César Acevedo


Ce film est le fruit d’une période douloureuse de ma vie. Quand j’ai commencé à écrire le scénario, ma mère était morte, mon père n’était qu’un fantôme, et puisque je n’arrivais pas à raviver mes souvenirs, j’avais l’impression d’avoir perdu mes parents pour toujours.
J’ai alors ressenti le besoin de faire un film qui me permettrait de retrouver les deux personnes les plus importantes de ma vie, à travers le langage du cinéma. J’ai d’abord envisagé de tourner une sorte de réflexion sur notre vie ensemble, ou sur ce qu’elle avait pu être, en m’inspirant des évènements les plus intimes et essentiels de notre relation. Je pensais qu’en retrouvant mes racines, je pourrais enfin faire face à ce que j’avais oublié.

 


La Terre et l'ombreDe là est né ce microcosme composé d’une petite maison et d’un arbre, où je pourrais d’une certaine façon retrouver ceux que j’aimais le plus au monde. Mais en écrivant le scénario, je me suis rendu compte que cette maison était habitée par des fantômes qui erraient d’une pièce à l’autre, incapables de parler, ou de se reconnaître.

 

J’ai mis du temps à accepter que mon projet était voué à l’échec, simplement parce que ce que je recherchais avait disparu avec mes parents. Je me suis donc éloigné de cette idée de départ afin de mieux développer mes personnages et le conflit qui était au coeur du film. C’est ainsi qu’est née l’idée de raconter l’histoire d’une famille dysfonctionnelle qui tente de renouer des liens avant d’être séparée pour de bon. Non seulement les membres de cette famille sont contraints de faire face à leurs sentiments respectifs, mais, ce qui est plus éprouvant encore, ils découvrent des sentiments dont ils ignoraient l’existence, ou dont ils n’avaient pas conscience.

Puisque mon intention de départ était de faire un film autobiographique et que je suis originaire de la vallée du Cauca en Colombie (une région dont l’économie dépend principalement de l’industrie sucrière), j’ai naturellement choisi cet endroit comme décor. J’ai tout de suite voulu parler d’un peuple anéanti par une vision paradoxale du progrès.

 

La terre et l'ombreJ’ai donc commencé des recherches minutieuses sur le sujet pour illustrer les problèmes sociaux existants, mais aussi pour faire revivre la lutte et la résistance de ces paysans attachés à leur terre. Je n’ai eu aucune difficulté à définir le conflit ni la structure du film, parce qu’ils font partie de moi ; ils sont intrinsèquement liés à la vie de ma famille.

 

La difficulté a été de comprendre qu’il fallait que je me détache de ce qui me manquait tant et que j’avais perdu pour toujours, car ces fantômes empêchaient les personnages de se développer et de prendre vie de façon autonome. J’ai passé des années à réécrire le scénario, en tentant de rendre les personnages aussi humains et authentiques que possible, et en me gardant bien de juger leur comportement.

Puisque le film s’articulait autour d’un drame familial, il m’est apparu essentiel d’exprimer à l’écran la distance entre les corps et les émotions des personnages. Il me fallait un dispositif qui forcerait les personnages à évoluer dans une unité de temps et d’espace, en dépit de leur manque de communication. Un sentiment de malaise pouvait alors s’installer et les émotions se révéler peu à peu, à mesure que les personnages se frottaient les uns aux autres et se confrontaient à cet environnement commun.
Les plans-séquences, parfois fixes, permettent de rendre palpable l’enfermement des personnages dans un espace à la fois physique et émotionnel, mais aussi de guider leurs actions dans le cadre. Nous voulions des plans capables d’exprimer le passage du temps, pour que le spectateur puisse ressentir ce qu’il y a à l’écran, sans se limiter à ce qui est représenté, visible. En offrant différents niveaux de compréhension, j’espère avoir su créer une réelle profondeur de sens.
Le rythme du film est dicté par l’état émotionnel des personnages, par l’évolution de leurs sentiments. Le début du film est marqué par leur isolement, la distance qui les sépare, le malaise que crée cette promiscuité retrouvée : le rythme est alors ralenti, oppressant, parfois jusqu’à l’inconfort. Mais à mesure que l’histoire progresse et que les personnages commencent à réparer les liens qui les unissent, la caméra prend ses distances, le rythme et les situations s’écoulent de façon plus organique.

 

La terre et l'ombre

 

Mon intention était d’utiliser le microcosme dépeint dans le film (une famille de cinq personnes, une petite maison et un arbre, cernés par un champ de cannes à sucre aux dimensions impressionnantes) pour montrer de quelles façons l’illusion du progrès a pu mettre en péril l’histoire, la mémoire et l’identité d’un peuple. J’ai voulu attirer l’attention sur certains problèmes sociaux majeurs liés à l’expansion écrasante de l’industrie sucrière dans la région où j’ai grandi : paysages défigurés, épuisement des sols, petits paysans poussés à la faillite, pauvreté, maladie, déplacements de populations...


Mais mon propos ne se limite pas à ces questions ; ma priorité a toujours été de montrer le sentiment d’appartenance des paysans à une terre, et l’importance de leur résistance. Leur combat quotidien devient une lutte épique pour défendre leur liberté et leur dignité.

Les personnages principaux du film peuvent être rapidement définis ainsi : une femme qui refuse d’abandonner la terre qu’elle a défendue toute sa vie ; un fils qui ne parvient pas à quitter sa mère, au risque d’y laisser sa santé ; une épouse courageuse qui se bat pour sauver les siens ; un père confronté à ses erreurs passées pour retrouver la famille qu’il a abandonnée ; un enfant qui rencontre la mort pour la première fois.

 

Tierra  y sombra


Mais ces personnages sont aussi plus complexes je crois. Ils se révèlent peu à peu avec le délitement inévitable de la famille, ils font face aux sentiments les uns des autres, mais aussi à leur propre culpabilité et leur propre souffrance. Ils semblent rester impassibles, en dépit des bouleversements qui les affectent ; mais parfois, les passions internes qui les consument font remonter de violentes émotions à la surface. Le poids dramatique de ce conflit s’exprime moins par les mots qu’à travers les silences, la distance entre les corps, les regards qui ne se croisent jamais, et certains petits détails comme la nourriture qui refroidit sur une table sans convives. Parce que ce qui importe vraiment ne se trouve pas dans ce que l’on voit, ni dans ce que les personnages disent, mais plutôt dans ce qu’ils cachent, dans cette partie d’eux-mêmes dont ils ne soupçonnent même pas l’existence…

Seules deux actrices du film sont professionnelles : la jeune femme est interprétée par une comédienne confirmée, et la femme plus âgée a fait du théâtre pendant des années, même si elle n’a pas suivi de formation en bonne et due forme. Aucun des hommes dans le film n’avait déjà joué ; les coupeurs de cannes à sucre sont incarnés par de véritables coupeurs.
Sachant que les acteurs allaient devoir supporter une charge émotionnelle importante, nous avons décidé de les préparer plusieurs mois avant le tournage. Des ateliers réservés aux cinq membres de la famille ont été animés par une répétitrice brésilienne, Fatima Toledo. Elle a élaboré un programme intensif de six semaines, en utilisant une méthode fondée sur l’éveil de la mémoire des acteurs, destinée à les rendre plus à l’écoute de leurs émotions réelles utiles pour leur rôle. Nous ne leur avons jamais donné de scénario, et nous avons attendu les derniers jours de préparation pour travailler certaines scènes spécifiques. Même si Fatima n’était pas présente sur le tournage, sa contribution s’est révélée essentielle car elle a fourni les outils nécessaires aux acteurs et à moi-même.
Pendant le tournage, nous tournions les scènes au jour le jour, en partant de zéro. J’expliquais aux acteurs la situation et leur donnais des dialogues à apprendre, adaptés à leur propre façon de penser et de s’exprimer. Nous n’avons pas beaucoup répété avant le tournage, pour que des moments d’exception puissent se produire naturellement sur le plateau. Puisque cela impliquait une quête permanente, nous avons retourné chaque scène de nombreuses fois jusqu’à obtenir le résultat souhaité.
Je crois que tout a bien fonctionné parce que nous avons vraiment appris à nous connaître et à nous faire confiance. Nous sommes devenus une vraie famille, et bien des émotions exprimées par les acteurs sont nées des liens que nous avons su créer entre nous.

 

La terre et l'ombre

Mon opinion

 

En parlant de La Terre et l'Ombre, Caméra d'or au dernier festival de Cannes, Sabine Azéma, présidente du jury a déclaré :" …. Nous avons trouvé notre trèfle à quatre feuilles dans un champ de cannes à sucre ".

 

César Acevedo réalise, avec un incomparable brio, son premier long-métrage.

 

Il révèle : "Les plans-séquences, parfois fixes, permettent de rendre palpable l’enfermement des personnages dans un espace à la fois physique et émotionnel, mais aussi de guider leurs actions dans le cadre."

 

Là n'est pas la seule réussite de ce film, asphyxiant dès les premières images qui vous enveloppent dans une poussière étouffante sans vous en délivrer vraiment.

 

Il est, entre autres, question de grands sentiments. Le temps qui passe les rend plus douloureux quand il n'a pas été possible de les laisser vivre. Mais aussi d'une terre riche qui guérit les blessures corporelles, mais qui favorise l'ignominieuse exploitation de la canne à sucre dans des étendues sacrifiées.

 

Au milieu de ces paysages lugubres la tache colorée d'un cerf-volant donnera un faible espoir.

 

Ce premier long-métrage est le deuxième film colombien que je découvre. Un film dur et puissant. Réussi de bout en bout.

 

Je souhaite sincèrement que cette première réalisation de César Acevedo puisse être vue par le plus grand nombre.

 

La tierra y la sombra

20 février 2016 6 20 /02 /février /2016 16:47

Vu en avant-première le 19 février 2016

 

Date de sortie 6 avril 2016

 

Eva ne dort pas (Eva no duerme)


Réalisé par Pablo Agüero


Avec Gael García Bernal, Denis Lavant, Pepi Monia,

Miguel Angel Sola, Ailín Salas, Daniel Fanego, Sofia Brito, Imanol Arias

 

Titre original Eva no duerme


Genres Drame, Historique


Production Mexicaine, Argentine, Espagnole

 

Synopsis

 

1952, Eva Perón vient de mourir à 33 ans.

 

Elle est la figure politique la plus aimée et la plus haïe d’Argentine. On charge un spécialiste de l'embaumer. Des années d'effort, une parfaite réussite.

 

Mais les coups d'état se succèdent et certains dictateurs veulent détruire jusqu'au souvenir d'Evita dans la mémoire populaire.

 

Son corps devient l’enjeu des forces qui s’affrontent pendant 25 ans.

 

Durant ce quart de siècle, Evita aura eu plus de pouvoir que n’importe quelle personnalité de son vivant.

 

Eva ne dort pas

 

Eva Perón, Evita, reste la figure politique la plus importante de l’Argentine. Son portrait en grande échelle surplombe Buenos Aires ; les principaux syndicats et mouvements ouvriers revendiquent son héritage ; l’ex-présidente du pays, Cristina Kirchner, a fait tous ses discours devant son image et évoquait son exemple à l’heure d’affronter les multinationales.

 

Entretien relevé dans le dossier de presse avec le réalisateur Pablo Agüero.

Propos recueillis par Andrés Criscaut.


Pablo Agüero est né en Argentine, en 1977. À 15 ans, il réalise son premier film, en VHS, Más allá de las puertas, qui gagne la Biennale Patagonique d’Art. Ce prix lui permet de faire des études de cinéma. Son premier long-métrage, Salamandra, a été présenté à la Quinzaine des Réalisateurs en 2008. Il réalise ensuite 77 Doronship  et le documentaire Madres de los dioses qui a reçu la mention spéciale à Mar del Plata.

 

Le script Eva no duerme lui a valu le Grand Prix du meilleur scénariste en 2012. Il a été lu en public par Jeanne Moreau, et a été l’objet d’une pièce radiophonique pour France Culture.

 

 

 

Une nouvelle Evita ?


Personne auparavant n’avait abordé la véritable histoire de son corps disparu. Et c’est l’une des histoires les plus incroyables et cinématographiques qui soit. Evita, l’une des grandes figures politiques de l’histoire contemporaine, meurt au même âge que le Christ, elle est embaumée grâce à une technique inédite qui la transforme en  "Belle au bois dormant", mais son corps est séquestré par les militaires et caché par le Vatican, son nom provoque des soulèvements populaires pendant plus d’un quart de siècle…
Eva ne dort pas commence avec le jour de sa mort et se termine sur la nuit de son enterrement, c’est-à-dire 25 ans plus tard. Car le mythe d’Evita naît au moment de sa mort, tout comme celui du Christ qui achève de se former au moment de la crucifixion.

 

Pour toi, qui fais partie de cette génération ayant connu le péronisme au travers des seuls récits de parents et de grands-parents, que signifient Evita et Perón ?


Au début, pour moi, le péronisme était juste un vieux populisme replet de contradictions. Ensuite, tout au long des cinq ans qu’a duré l’investigation nécessaire à la réalisation du film, j’ai compris que s’il y avait eu une réaction aussi prolongée et sanguinaire pour le réprimer, c’est parce qu’il possédait un véritable caractère révolutionnaire. Ce n’est pas par hasard que son nom d’origine est le "justicialisme".
Son poids historique repose plus sur l’introduction du concept de justice sociale que sur son programme politique. Evita m’intéresse en tant que parabole de cette revendication populaire que personne ne pourra faire taire. C’est une femme qui, même morte et disparue, continue de vivre dans les idéaux de milliers de personnes qui l’ont adoptée comme une mère de l’insurrection. C’est le cauchemar vivant des militaires et des néolibéraux. Elle est l’oiseau Phénix qui revient éternellement pour nous rappeler que tant qu’il n’y a pas de justice sociale, il n’y aura pas de paix possible.

 

Sur quels matériaux t’es-tu basé pour écrire le scénario ?


J’ai lu toute la bibliographie que j’ai pu trouver, qu’elle soit historique ou fictionnelle, je me suis entretenu avec des anciens guérilleros, montoneros et militaires, j’ai consulté des historiens et des scénaristes et même des archives de la CIA, j’ai étudié les techniques d’embaumement ainsi que l’éthique militaire. Je me suis également rendu à Madrid pour retrouver la deuxième femme de Perón, Isabel, qui avait pratiqué des rites ésotériques sur le corps d’Evita.
Finalement, j’en suis arrivé à la conclusion que tout le monde mentait. Tous les protagonistes, les témoins, les historiens donnent leur propre version de l’histoire en fonction de leurs intérêts politiques ou personnels. Or, ils la présentent comme la vérité objective et indiscutable des faits. J’ai donc décidé de prendre les libertés artistiques nécessaires et de construire ma propre version de l’histoire. Mais je ne voulais pas tromper le spectateur avec une supposée reconstitution "objective". Il était important pour moi de dire : "ceci n’est pas la vérité" mais "ma vérité". Ma réponse esthétique à cette préoccupation éthique a été de filmer Eva ne dort pas comme s’il s’agissait d’un film fantastique, un thriller onirique.

Bien qu’Evita ait fait couler beaucoup d’encre, ton film se place du point de vue inhabituel des "oppresseurs". Pourquoi avoir choisi comme cadre une trilogie qui montre l’embaumeur, le séquestreur et le militaire ayant ordonné sa disparition ?


J’ai adopté le point de vue des ennemis pour éviter cette empathie sans nuance, cette revendication presque obscène avec laquelle on traite souvent ce genre de sujets. Émettre un jugement de valeur reviendrait à enfermer le spectateur dans une lecture unique. Je ne crois pas que ce soit la fonction du cinéma. C’est pour cette raison que j’ai assumé le risque de formuler un débat qui mette le public dans une situation de liberté presque dérangeante face aux ambiguïtés et aux contradictions de l’histoire.

 

Eva ne dort pas - Gael García Bernal

 

Comment t’y es-tu pris pour choisir les acteurs ?


J’ai essayé d’aller à l’encontre des clichés. J’ai choisi une jeune femme blonde et douce portant un chignon pour incarner une montonera communiste que tous imaginaient brune et autoritaire. J’ai proposé à un jeune homme sympathique et beau tel que Gael García Bernal d’interpréter le plus sanguinaire des dictateurs. Et Gael, qui possède une conscience aigüe de la politique, a relevé le défi de nous mettre face à la banalité du mal. De même, Daniel Fanego, qui a milité dans le péronisme toute sa vie, interprète magistralement le bourreau de ce mouvement, sans craindre de générer de l’empathie. Imanol Arias, quant à lui, est plus proche de son personnage, il apporte avec finesse tout un bagage culturel que je n’aurais pas su lui conférer. Le choix de Denis Lavant est une allusion relativement anachronique aux militaires français qui introduisirent en Amérique Latine la doctrine de la "lutte antisubversive", de la torture et de la disparition de personnes. Mais c’est surtout le luxe de pouvoir travailler avec ce merveilleux "monstre d’acteur" de la race presque éteinte de Klaus Kinski.

 

Sans compter le grand défi de trouver un acteur pour interpréter le cadavre et prendre la place du corps d’Eva...


La jeune actrice Sabrina Macchi a dû faire des exercices de yoga et suivre un régime spécial en vue d’obtenir l’immobilité totale. Il y a une scène presque magique dans un aquarium, où elle a été contrainte de rester plusieurs heures dans l’eau froide et de contenir sa respiration tout au long d’un plan séquence. Ces exercices physiques sont venus en compléter d’autres plus "spirituels" destinés à produire sur son visage des expressions profondes et à essayer de capter, en un sens, l’esprit d’Eva.

 

La séquestration de la momie d’Evita, la profanation du cadavre de Perón ou l’amputation des mains de Che Guevara… Y a-t-il, dans l’histoire de l’Argentine, une relation particulière à la nécrophilie ?


La civilisation chrétienne est bien évidemment nécrophile, basée sur l’adoration d’un cadavre, sur l’exhibition d’un instrument de torture tel que la croix et la sacralisation des blessures, de la souffrance ou de la mort.

 

Eva ne dort pas

Comment l’idée ainsi que le tournage ont-ils évolué ?


Le scénario est le résultat d’un long processus de gestation. En 2008, j’ai commencé à faire un brouillon et ce n’est qu’après quatre ans de travail en solitaire, d’investigation, de réécriture, de doutes et de reformulations, que j’ai enfin pu l’épurer en 2011. Cette version a reçu de nombreux prix, elle a été lue par Jeanne Moreau au festival d’Angers face à presque mille personnes, et elle a été adaptée par la radio française sur une musique originale de Gotan Project. Ces expériences m’ont permis de tester le scénario face au public. Ensuite, grâce à un "tour de table" en équipe avec les acteurs, le scénario a enfin pu prendre vie.


Le tournage a été un peu plus compliqué. Nous avons dû faire une préparation très rigoureuse, basée sur une série de répétitions générales, parce que le plan de tournage ne permettait pas la moindre marge d’erreur. Le tournage a seulement duré 20 jours à raison de 8 heures et 45 minutes par jour. Pour ce faire, nous avons eu recours à une stratégie aussi radicale que risquée : tout tourner dans un seul et même lieu, dans des décors artificiels et en plans séquence. Chaque jour, je filmais un seul plan, qui durait entre 8 et 15 minutes. Ensuite, j’en ai coupé certains au montage mais cette méthode particulière de tournage a produit une très belle tension au sein de l’équipe. Ça a été une aventure de création collective où chaque membre devait rester en alerte constante.

 

Au montage, il y a un fort contrepoint entre les scènes d’archives et de fiction, ainsi qu’une présence peu commune du son.


Eva no duerme.

Comme je cherchais une forme d’honnêteté envers le spectateur, j’ai essayé de différencier de façon très claire la fiction et les images d’archives. Depuis la mise en scène jusqu’à la postproduction, j’ai assumé une certaine théâtralité.

 

 

 

Dans Eva ne dort pas, rien n’est tout à fait réaliste, comme pour nous rappeler qu’il n’y a pas de vérité unique.


Nous avons fait en sorte que les montages d’image, de son et de composition musicale s’élaborent et s’influencent mutuellement. Nous avons travaillé tout le temps au côté de Valentin Portron, un jeune compositeur à la sensibilité à fleur de peau, et avec Francis Wargnier, un authentique artiste du design sonore. Nous avons introduit des sons cachés, subliminaux, qui s’évanouissent à la limite du bruit et de la musique, entre la réalité et l’illusion.
Nous avons utilisé le thérémine, l’instrument préféré des spirites, combiné avec un violoncelle et plusieurs guitares électriques. Nous avons également incorporé la voix d’Evita comme un instrument de plus. Nous l’avons remixée, déformée, étirée, dispersée tout au long du film. Le summum de cette recherche a été la musique retentissant pendant les scènes de bataille urbaine de 1969. Nous avons donné aux guitares une certaine composante The Clash, nous avons fait "chanter" Evita. Une fois la voix placée sur la base musicale, nous avons découvert qu’Evita c’était du pur rock : une cadence rock, un enrouement rock, des discours incendiaires comparables aux meilleures paroles du rock.

Et comment crois-tu que ces voix seront-elles écoutées et ces images lues par des non Argentins qui ignorent tout de leur poids symbolique ?


Eva no duerme.

Je crois en la valeur universelle des images. En voyant ces foules immenses envahir pacifiquement la place de Mai pour défendre leurs droits, nous remarquons que d’autres révolutions se sont produites et se produisent encore sur d’autres places du monde.

 


En Argentine, il y a une nouvelle génération de jeunes Argentins, qui, durant les dix dernières années, ont assisté une nouvelle fois à la récupération du mythe politique d’Evita. D’après toi, quelle lecture feront-ils de ton film ?


J’espère que l’on ne réduira pas mon travail à une posture partisane et que l’on saura interpréter mon intention en profondeur. Ce n’est pas un film pour ou contre le péronisme, mais un film contre les dictatures, contre le capitalisme sauvage et pour la liberté et l’égalité de droits.

 

Quelle place occupe Eva ne dort pas dans ton parcours professionnel ?


Je crois que le fil conducteur de tout mon travail a toujours été la passion. Elle est le mot clé qui unifie l’histoire intime et déchirante de mon premier long métrage Salamandra au même titre que l’histoire passionnée d’Evita. Mais ce nouveau film accroît encore plus mon intérêt pour la passion féminine et approfondit ma conviction qu’après des siècles de soumission, nous sommes entrés dans l’ère de la femme.

Mon opinion

 

Le film de Pablo Agüero, découpé en trois parties, mêle habilement des images d’archives, à la pure fiction. Chaque séquence révèle les étapes du long cheminement de la dépouille d'Eva Perón.

 

Une femme qui, de son vivant, fut adorée voire idolâtrée par des millions d'Argentins. Haïe pareillement par une oligarchie rétrograde et menacée.

 

Après sa mort, en Argentine, les différents régimes qui prennent le pouvoir n'ont eu de cesse de vouloir effacer toutes traces du péronisme. Celles d'Evita en particulier.

 

"Son poids historique repose plus sur l’introduction du concept de justice sociale que sur son programme politique. Evita m’intéresse en tant que parabole de cette revendication populaire que personne ne pourra faire taire. C’est une femme qui, même morte et disparue, continue de vivre dans les idéaux de milliers de personnes qui l’ont adoptée comme une mère de l’insurrection. C’est le cauchemar vivant des militaires et des néolibéraux.", note Pablo Agüero, récompensé en 2012 par le Grand Prix du meilleur scénariste.

Un scénario intelligent, solide et parfaitement écrit qui démontre avec justesse que rien, ni personne, n'a le pouvoir d'effacer un mythe. Les images sont sombres, souvent sinistres. La violence des dialogues donne une force supplémentaire à cette réalisation ténébreuse, singulière et parfaitement maîtrisée. Le casting tout entier est à saluer pour sa justesse.

 

En conclusion d'un interview, Pablo Agüero a déclaré : "Ce n’est pas un film pour ou contre le péronisme, mais un film contre les dictatures, contre le capitalisme sauvage et pour la liberté et l’égalité de droits." Et de rajouter "Ce nouveau film accroît encore plus mon intérêt pour la passion féminine et approfondit ma conviction qu’après des siècles de soumission, nous sommes entrés dans l’ère de la femme."

19 février 2016 5 19 /02 /février /2016 13:03

 

Date de sortie 17 février 2016

 

Ave, César ! "Hail, Caesar !"


Réalisé par Joel Coen, Ethan Coen


Avec Josh Brolin, George Clooney, Ralph Fiennes,

Alden Ehrenreich, Scarlett Johansson, Channing Tatum,

Frances McDormand, Tilda Swinton, Jonah Hill,Veronica Osorio, Agyness Deyn 

 

Titre original Hail, Caesar !


Genres Comédie, Policier et Comédie musicale


Production Américaine et Britannique

 

Ave César !  ouvrira, hors compétition,  la 66ème Berlinale, du 11 au 21 février 2016

 

Synopsis

 

Les années 50, l'âge d’or hollywoodien.

 

Ave César ! Josh Brolin.

La folle journée d’Eddie Mannix (Josh Brolin) va nous entraîner dans les coulisses d’un grand et florissant studio Hollywoodien. Une époque où la machine à rêves fonctionnait sans relâche. 

 

 

 

 

Des productions à la chaîne pour régaler indifféremment ses spectateurs de péplums, de comédies musicales, d’adaptations de pièces de théâtre raffinées, de westerns ou encore de ballets nautiques en tous genres.

 

Eddie travaille à peu près 30 heures par jour. Il maintient l’ordre dans le Studio. Il est partout à la fois, il anticipe, prévoit, répare, négocie, intervient, sans relâche. Il fait figure de patriarche à la force tranquille. Si en privé il doute et n’est pas très sûr de lui, en revanche il n’a pas son pareil pour gérer les comportements infantiles des ouailles du Studio. Sa loyauté envers le patron du Studio qui lui avait donné sa chance, est inébranlable. Une main de fer dans un gant de velours. Le Studio fonctionne comme une famille… au sens mafieux du terme… Mannix ne se laisse jamais submerger pas le torrent de problèmes qu’il a à gérer, au contraire il semble s’en nourrir. C’est pourquoi il a toujours une longueur d’avance.

 

Ave, César ! - Frances McDormandAux côtés de Mannix, C.C. Calhoun (Frances McDormand), une autre gardienne de la paix veille. De manière plus discrète, du fond de son bureau qui a la taille d’un placard à balais, la monteuse du Studio a fait vœu de silence. Cette magicienne aux allures de vieil ermite ne laisse aucun ego surdimensionné pénétrer dans sa grotte. Seul Eddie y est le bienvenu.

 

 

Elle protège, répare, arrange tout ce qui est sur la pellicule. C’est à travers cette dernière qu’elle trouve sa raison de vivre. Elle sait tout, voit tout, et magnifie à hauteur des attentes du Studio.

 

 

Ave, César! - Jonah Hill et Scarlett JohanssonJoe Silverman (Jonah Hill), est le troisième complice qui vient compléter cette équipe quasi mafieuse à la loyauté inébranlable et aux lèvres scellées.

 

Sans poser la moindre question, il n’agit que pour et à travers les studios. Cet homme de paille discret et taiseux n’hésite jamais à engager sa réputation, même dans les affaires les plus délicates

 

En une seule journée Eddie Mannix va devoir gérer aussi bien les susceptibilités. Celles des différentes communautés religieuses, pour pouvoir valider leur adaptation de la Bible en Technicolor, d'une part.

 

Ave César ! Ralph Fiennes

 

Tout autant que celles du très précieux réalisateur vedette Laurence Laurentz (Ralph Fiennes) qui n’apprécie que modérément qu’on lui ait attribué le jeune espoir du western, Hobie Doyle  (Alden Ehrenreich) comme tête d’affiche de son prochain drame psychologique.

 

Le réalisateur, aussi rigoureux qu’exigeant, est un amoureux des belles lettres, de l’art de la litote, un magicien du drame de salon, une machine à récompenses pour le Studio, grâce à ses films tous plus raffinés les uns que les autres. Son flegme britannique et ses talents de directeur d’acteur sont mis à rude épreuve quand il s’agit de diriger le jeune Hobie, qui fait de son mieux, aussi déboussolé dans un univers diamétralement opposé à son registre habituel, qu’engoncé dans un smoking amidonné. Le vernis commence à se fissurer sur le plateau au sens propre comme au figuré.

 

 

Ave, César ! - Alden EhrenreichLe jeune espoir du Studio se tient mieux à cheval qu’à table. Spécialisé dans le Western musical, il sait tout faire, de la cascade équestre au maniement du lasso en passant par la guitare et la chansonnette. Pour accroître sa popularité le Studio lui assigne une fiancée de circonstance, la jeune star du burlesque Carlotta Valdez (Veronica Osorio) avec qui il est tenu de s’afficher en public.

 

Aussi simple et droit que la morale de ses films, ce jeune cow-boy se retrouve, selon la logique de Studio, bombardé dans l’univers sophistiqué du drame psychologique. Une erreur de casting colossale avec laquelle il va pourtant bien falloir faire.

 

 

Eddie Mannix règle à la chaîne le pétrin dans lequel les artistes du studio ont l’art et la manière de se précipiter tous seuls.

 

Ave, César! -  Scarlett Johansson.

 

En plus de sortir une starlette des griffes de la police, ou de sauver la réputation et la carrière de DeeAnna Moran (Scarlett Johansson) la reine du ballet nautique,

 

 

 

 

La reine du ballet nautique est à la fois une athlète rigoureuse et une femme trop indépendante. Même si elle passe son temps moulée dans des maillots de bain sexy à jouer les sirènes dans des ballets grandioses, elle a les pieds bien sur terre, et s’en remet totalement à Eddie Mannix pour la sortir de la situation délicate qui pourrait ruiner à la fois sa carrière et sa vie.

 

Ave, César! - Channing Tatum

 

 

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Eddie Mannix va devoir élucider les agissements louches du virtuose de claquettes, Burt Gurney (Channing Tatum).

 

 

 

 

 

 

Le virtuose de la claquette, joue la comédie aussi bien sur scène que dans la vie. Tout chez lui n’est que représentation. Il a la tenue ad hoc en chaque circonstance, théâtralise le moindre de ses mouvements et s’applique à exprimer ses états d’âme à travers sa coupe de cheveux : blonde et lisse. Mais cette maîtrise, aussi bien rodée et impressionnante de légèreté que ses numéros de danse, cache un lourd secret.

 

 

Ave, César! - George Clooney.

Cerise sur le gâteau, il a maille à partir avec un gang de scénaristes communistes aussi fêlés que naïfs   qui, en plein tournage de la fameuse superproduction biblique Ave César lui réclame une rançon pour l’enlèvement de la plus grosse star du Studio, Baird Whitlok (George Clooney).

 

 

La star de Capitole est un idiot. Une superbe coquille totalement vide. La métaphore parfaitement cynique de la star de Studio. Il se satisfait parfaitement de ce système qui l’a érigé en modèle absolu. Flanqué d’un ego à la démesure de sa gloire, il ne réfléchit jamais et se complaît totalement à épouser l’image et la ligne de conduite qu’on lui impose. Une sorte de méta acteur, un enfant gâté et indolent aussi bien sur les plateaux que dans la vie.

 

 

Ave, César ! - Tilda Swinton.

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Eddie Mannix tentera pareillement de juguler les ardeurs journalistiques des deux jumelles et chroniqueuses ennemies, Thora et Thessaly Thacker (Tilda Swinton).

 

 

 

Les deux jumelles acariâtres s’ignorent cordialement l’une l’autre. Elles sont en fait les extrêmes opposés du même bâton avec lequel elles tapent à bras raccourcis sur le show business.  Si elles se définissent chacune en tant que critiques culturelles, se confier à l’une ou à l’autre revient à passer des bras de Charybde à ceux de Scylla, tant la distinction est mince entre ragot fumeux et critique acerbe. Et pourtant sans elle et leurs scandales, le public ne serait pas au rendez vous.

 

 

La journée promet d’être mouvementée.

 

Notes de production

 

Cette machine à rêves aux rouages bien huilés était gérée de manière féodale, et ses dirigeants contrôlaient tous les aspects de la vie de leurs artistes. Les carrières étaient construites comme des véritables stratégies marketing, décidant des apparences, garde-robes, régimes alimentaires et vies amoureuses de leurs employés. Quand un artiste rechignait à rentrer dans le moule on faisait appel à un fixer pour tout faire rentrer dans l’ordre. Ils ne reculaient devant rien et ne regardaient jamais à la dépense pour sauver les apparences.

 

Le fixer était à la fois leur ange gardien et leur geôlier. Le personnage d’Eddie Mannix, le fixer de Capitole, est en fait une fusion des deux fixers de la MGM : le vrai Eddie Mannix et Howard Strickling.

 

Eddie Mannix, un ancien videur, passait ses journées à désamorcer les catastrophes potentielles pour assurer la pérennité du studio. De la gestion du scandale d’une star ivre morte sur la voie publique, au mariage de convenance pour cacher l’homosexualité d’une autre, tout y passait.

 

Scarlett Johansson qui incarne DeeAnna Moran, inspirée par Esther Williams, explique que si de nos jours la vie des stars s’étale sans pudeur dans les magazines et sur les réseaux sociaux, à l’époque les studios préservaient intactes leurs auras.
Bien sûr ce système avait ses limites. Les vedettes appartenaient littéralement aux studios, elles devenaient des objets et leurs vies n’étaient qu’apparence et mise en scène.

Le fixer était à la fois leur ange gardien et leur geôlier.

 

Pour Josh Brolin, cela représente précisément la mentalité du monde du spectacle toujours en ébullition. "Dans ce milieu tout le monde se plaint du stress, mais la vérité c’est que personne dans ce métier ne saurait se passer de cette sensation vertigineuse. C’est un monde qui ne connaît pas la demi-mesure."

 

George Clooney nous raconte comment il y a 10 ans, alors qu’il travaillait sur un film des Frères Coen, ils lui ont proposé le rôle de Baird Whitlock, la star pourrie gâtée d’un péplum biblique des années 50 : Ave César. Ce n’était alors qu’un pitch assorti de quelques répliques saignantes. Très enthousiasmé par le projet, George Clooney le mentionnait toujours dans les interviews au nombre de ses films à venir, si bien qu’au bout d’un moment les réalisateurs n’ont eu d’autre choix que de s’y mettre vraiment. Tout en démantelant l’hypocrisie de ce système, ils ont voulu également rendre hommage au professionnalisme, à la créativité, et au savoir faire incomparable de ces films qui ont fait l’âge d’or d’Hollywood.

 

Eric Fellner, le producteur de Working Title, ne cache pas son plaisir de renouveler encore et toujours sa collaboration avec les Frères Coen. Selon lui ce film est un des plus aboutis de leur carrière et le reflet de leur passion pour l’industrie du cinéma. Comme l’intégralité des membres de la distribution ou de l’équipe technique, aussi célèbres soient ils, il s’en remet les yeux fermés à l’intelligence et au talent de ces deux cinéastes.

 

Ave, César ! - Scarlett Johansson

 

Scarlett Johansson

Selon George Clooney qui en est à sa troisième collaboration avec eux, "Chez les Coen on est fidèle et on travaille dans le respect et la rigueur." La régularité, la longévité et la qualité de leurs productions les placent parmi les réalisateurs qui feront date dans l’histoire du cinéma. Leur mécanique est aussi précise et huilée que les grands films auxquels ils rendent ici hommage. "Ils sont connus pour leur précision d’orfèvre. Généralement sur un film entre le moment où on vous donne le scénario et le tournage, vous recevez une multitude de modifications. Pas avec eux. Si d’une part le scénario ne bouge pas, d’autre part, ils ne filment que ce qu’ils utiliseront. Un tel degré de précision est très rare dans ce métier."

 

Pour Channing Tatum c’était en revanche une première. Coutumier des comédies et des chorégraphies, il était tout à fait à l’aise sur le plateau. Mais il nous confie que l’expérience a été décoiffante. Sur le tournage il a été tout autant impressionné par le fond que par la forme. Pour lui le film est irréprochable, tant historiquement et que techniquement, à la fois ironique et en même temps plein d’admiration. "Travailler avec les Frères Coen c’est une leçon de cinéma. C’était magique de se retrouver à l’âge d’or du cinéma… de voir les décors peints et les vieilles caméras glisser de plateau en plateau… de constater à quel point ça pouvait faire carton-pâte et comment sur la pellicule tout prenait vie."

 

 

Pour Scarlett Johansson, il s’agissait de retrouvailles. Elle avait en effet déjà travaillé avec eux il y a 15 ans pour The Barber, tout comme Frances McDormand. Particulièrement fan de cette époque du cinéma, les yeux plein d’étoiles, elle en évoque le côté à la fois glamour et besogneux. "C’était du pur luxe de se retrouver plongée dans cet univers tout en étant dirigée par des réalisateurs aussi talentueux et surtout facétieux. Les costumes, les décors, étaient à couper le souffle, les numéros grandioses. Le dialogue était ouvert en permanence et on se sentait très à l’aise : un environnement propice à la créativité et au travail. On s’est amusés comme des fous."

 

Josh Brolin quant à lui, avait déjà travaillé sur plusieurs films de frères Coen. Il nous confie avec un clin d’œil qu’il a accepté le film uniquement pour pouvoir gifler sans vergogne et à répétitions George Clooney. "D’ailleurs George n’a pas pu répéter cette scène avec moi, il était occupé à Londres, et a néanmoins pris le temps d’envoyer un petit mot à Joel disant qu’en guise de répétition je n’aurai qu’à le frapper à chaque fois que je le verrai, sans aucun problème. Et au moment de tourner il s’est prêté au jeu en professionnel… et je trouve la scène assez anthologique !" Il ajoute "Il n’y a aucune malice dans la raclée que donne Eddie à Baird. C’est juste que la star doit comprendre qu’il y a des limites à ne pas dépasser, et ce pour son propre bien. C’est la leçon que donnerait un père à un gamin irresponsable et gâté qui fait un caprice…Comme Cher dans Moonstruck quand elle frappe Nicolas Cage… pour le remettre dans le droit chemin."

 

Ralph Fiennes, fait ici ses premiers pas chez les frères Coen, même s’il nous a confié que cela faisait des années qu’il attendait de pouvoir tenter l’expérience. Selon lui la richesse de leurs films réside dans leurs caractères aussi surprenant que totalement imprévisibles, à la fois en termes d’intrigue et de personnages. Chaque film est totalement différent du précédent, et pourtant ils ont une signature commune à tous. "Le travail avec eux est impressionnant, il n’y a pas de pression sur le plateau, ce qui est très rare, et pourtant tout y est très rapide, concis, efficace. Ils travaillent dans la confiance avec une équipe de professionnels de haut vol qui se connaissent depuis longtemps et ça se sent. Il n’y a aucun gaspillage d’énergie !"

 

Si Ave César marque la sixième collaboration entre Jess Gonchor et les Frères Coen, ce film restera pour lui à part. Faire un film sur l’art de faire un film est un exercice particulier qui ne se répète pas souvent dans une carrière. Avec son équipe il a épluché les archives cinématographiques des années 40 et 50, et a réussi à dégotter des photos de plateaux en plein tournage. Mais ce sont les techniciens de l’époque qu’il a pu retrouver toujours en vie qui lui ont donné une véritable idée de l’ambiance qui régnait sur ces fameux plateaux.

 

Ave Cesar !Le fait que le film brasse autant de genres différents les a replongé dans les classiques de l’époque qu’ils ont eu énormément de plaisir à revoir sous un œil différent. Ce qui avait particulièrement attiré son attention était le noyau dur formé par le réalisateur, le directeur de la photographie et l’équipe de cameramen. Ce qui de nos jours n’existe plus : l’équipe a beaucoup plus de latitude grâce aux moyens modernes et elle peut se permettre de prendre du recul, tout en visionnant quasi immédiatement les rushs sur des tablettes portables. En plus, il n’y a plus besoin de décors aussi massifs étant donné que tout peut être retouché, voir créé, numériquement.

Une autre différence majeure résidait dans le genre de tenues qu’arborait l’équipe technique : Si de nos jours on trouve une ambiance assez décontractée à base de jeans, baskets, casquettes, à l’époque les gens étaient en costumes croisés et pantalon de flanelle. Tout le monde fumait sur le plateau et le matériel technique était aussi lourd qu’énorme.

 

Cet équipement lui a d’ailleurs été fourni d’époque. Et tout de suite cela a conféré une atmosphère très authentique et quasi mythique à l’élaboration de ses décors.

 

Il a également saisi les différences de tonalité qui pouvaient exister d’un univers à l’autre. Ainsi, le bureau d’Eddie Mannix se devait d’être beaucoup plus col blanc et administratif, dans des tonalités froides, comparé au glamour ravageur qui réchauffait les plateaux de tournage. Mais ses scènes préférées furent sans doute celles du peplum, avec la création de sa Via Apia et la construction du temple grec.

En consultant les archives de Quo Vadis, ils se sont aperçus qu’en fait ils n’étaient pas loin de ce qui se faisait dans ces films.

Citée aux Oscars pour les costumes de True Grit en 2010, Mary Zophres a tenu à commencer ses recherches bien en amont du film après s’être bien mise d’accord avec les deux réalisateurs. La tâche était de taille : 12 semaines de préparations n’ont pas été de trop, car en fait il s’agissait de plusieurs films en un seul. Jamais elle n’avait travaillé dans une telle émulation. Le film possède différentes tonalités et l’intrigue principale sert de fil rouge pour les relier entre elles.

 

Ave Sesar !

 

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Au niveau des costumes on passe indifféremment du costume croisé au maillot de bain, sans oublier les toges, les armures et le Stetson. Elle avait déjà travaillé avec Josh Brolin sur Gangster Squad, et elle ne voulait pas qu’on puisse confondre son look avec celui de ce film. Comme l’intrigue se déroule sur une journée, le comédien allait devoir porter le même costume dans toutes les scènes. Elle a fini par dénicher la perle rare et a demandé à Josh Brolin de prendre un peu de poids afin de pouvoir habiter ce costume avec toute la stature et l’épaisseur que ce dernier requérait. Pour fignoler le tout, la moustache et l’ondulation des cheveux étaient indissociables de la bonne mise d’un homme de cette époque.

 

 

 

 

Cerise sur le gâteau, le chapeau de Mannix était le seul Homburg du film, alors que les autres hommes arboraient un Fédora. Il paraissait judicieux de différencier la stature d’un homme comme lui du commun des mortels. En tout et pour tout il aura fallu créer entre 2500 et 3000 costumes pour habiller l’ensemble de la distribution, figurants compris, dont 500 créés sur mesure.

La directrice de casting figurant s’est évertuée à trouver des gens avec des visages qui ne faisaient pas trop moderne pour ne pas décrédibiliser les costumes en créant des anachronismes. Et ce sans compter la longueur des cheveux, non teints, et des visages exempts de Botox, ce qui n’est apparemment pas une tâche aisée à Los Angeles.

Pour les sœurs jumelles, elle s’en est donnée à cœur joie. C’était d’autant plus facile que, comme elle le dit "Tilda Swinton peut tout se permettre en matière vestimentaire, elle reste sublime quoi qu’on lui fasse porter." Si on fait bien attention on s’aperçoit que l’une des sœurs porte son extravagante plume sur la droite de son chapeau, alors que l’autre la porte à gauche.

Pour Channing Tatum, elle s’est inspirée à la fois de Tyrone Power et de la crinière blonde de Troy Donahue. Pour un film aussi haut en couleur et surtout en Technicolor, elle ne pouvait se permettre de passer à côté de costumes truculents et sur vitaminés, puisant son inspiration chez des créateurs de l’époque comme Adrian et Edith Head.

Quant à George Clooney, qui se balade en jupette pendant tout le film, il devait originellement porter la tunique au genou, dans le style de Ben Hur. Mais comme elle nous le confie "il aurait été vraiment dommage de se passer de si jolies jambes, non ?".

 

Ave Cesar ! George Clooney

Mon opinion

 

Avec un casting de choix, les Frères Cohen prennent le pari de la dérision et s'amusent.

 

Dans l'univers, de ce qui se voulait être une machine à rêves, ils abordent tous les genres de production cinématographique des années 50, en levant un coin du voile qui, aujourd'hui, ne présente plus de secrets.

 

La presse, avec les commères de l'époque, interprétées à l'écran par la seule et truculente Tilda Swinton. Le cowboy reconverti dans un univers plus littéraire interprété par l'excellent Alden Ehrenreich. Une monteuse débordée, dont on ne verra, hélas, qu'un court extrait, mais dans lequel la géniale Frances McDormand arrachera des rires. La reine des ballets nautiques avec la belle et convaincante Scarlett Johansson. Le metteur en scène "so british" auquel le talent de Ralph Fiennes ajoute une note réjouissante. Étonnant Channing Tatum. George Clooney, ne manque pas d'allure mais semble trop engoncé dans sa jupette pour amuser vraiment.

 

Tout ce beau monde sous la houlette d'un Josh Brolin remarquable, époustouflant de bout en bout.

 

Entre des décors qui rappellent une époque révolue, les costumes détaillés dans le moindre détail,  ou encore les caprices et les secrets de stars, le tout dans une mise en scène rigoureuse, l'idée de départ, pourtant attrayante, finit par s'émousser.

 

Ce film est une succession de numéros. Un sympathique divertissement dans l'œuvre des réalisateurs.

 

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"Le bonheur est la chose la plus simple,

mais beaucoup s'échinent à la transformer

en travaux forcés !"

 
François Truffaut

 

 

 

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