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Date de reprise 25 juin 2014
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Version restaurée
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Réalisé par Elia Kazan
Avec Marlon Brando, Vivien Leigh, Kim Hunter,
Karl Malden, Rudy Bond, Nick Dennis, Peg Hillias,
Wright King, Richard Garrick, Ann Dere, Edna Thomas, Mickey Kuhn
Titre original : Streetcar Named Desire
Long-métrage américain
Genre Drame
Le film reçut douze nominations et remporta quatre Oscars :
- Oscar de la meilleure actrice : Vivien Leigh
- Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle : Kim Hunter
- Oscar du meilleur acteur dans un second rôle : Karl Malden
- Oscar de la meilleure direction artistique
- Coupe Volpi pour la meilleure interprétation féminine pour Vivien Leigh
à la Mostra de Venise 1951.
Adapté d'une pièce à succès de Tennessee Williams qu’Elia Kazan a lui-même monté à Broadway en 1947 avec Jessica Tandy et Marlon Brando dans les deux rôles principaux, Un tramway nommé Désir s’est rapidement élevé au rang de mythe cinématographique. Du texte controversé à la mise en scène étouffante en passant par la performance au bord du gouffre de Vivien Leigh et l’explosion du jeune et très sexuel Marlon Brando, il s’agit bel et bien d’un des films les plus marquants de l’âge d’or hollywoodien.
Le projet a fini par intéresser l’industrie hollywoodienne qui avait flairé le potentiel cinématographique de ce projet, même s’il fallait passer par certaines concessions pour satisfaire une censure plus puritaine que jamais
Karl Malden, Kim Hunter, Marlon Brando, Vivien Leigh
Synopsis :
Après une longue séparation, Blanche Dubois (Vivien Leigh) arrive à la Nouvelle Orléans pour rejoindre sa sœur. Elle prend un tramway nommé "Désire" et finit par atteindre l'appartement minable que sa sœur Stella (Kim Hunter) habite dans le vieux quartier français de la ville. Stella vit avec son mari, un ouvrier américain d'ascendance polonaise, pour les beaux yeux duquel elle a abandonné la plantation familiale. Stanley Kowalski (Marlon Brando), n'apprécie guère l'arrivée de sa belle-sœur qui affecte des manières distinguées et des scrupules moraux surannés.
Vivien Leigh et Marlon Brando
Ce séjour, d’abord temporaire, s’éternise à mesure que l’on prend conscience des problèmes que Blanche cherche à fuir. Dont la perte de la maison familiale, une liaison avec un de ses jeunes élèves qui lui a valu d’être renvoyée de l’école où elle enseignait. En se réfugiant dans un romantisme outré et luxueux elle ne tarde pas à agacer son nouveau beau-frère, Stanley.
Mitch (Karl Malden), l'un des camarades de poker de Stanley, s'éprend de Blanche alors que Stanley cherche à savoir quel a été le véritable passé de sa belle-sœur.
D’abord plus ou moins tolérant, Stanley finit par persécuter la visiteuse, lui demandant sans cesse des comptes sur l’argent de l’héritage et divulgant à son entourage masculin la sordide réalité de sa nymphomanie. Comme prise au piège dans cet appartement qui, par sa promiscuité et sa moiteur ambiante, traduit clairement les pulsions qu’elle cherche à occulter, Blanche tente néanmoins de se faire passer pour une jeune femme vertueuse sur qui le sexe et le temps n’ont aucune prise. Souhaitant par-dessus tout rencontrer ce grand amour qui la lavera de son passé, elle trouve en Mitch, vieux garçon étouffé par sa mère mourante, le compagnon idéal, attentif et attentionné.
Stanley, découvre que Blanche a été mariée et que son mari étant mort jeune, elle a alors mené une vie de débauche. Blanche est en fait une nymphomane fascinée par les très jeunes gens.
Marlon Brando et Kim Hunter
Stanley révèle cette vérité à Mitch qui rompt avec Blanche. Celle-ci se tourne alors vers Stanley qui l'attire malgré son caractère fruste. Stanley en profite et Blanche sombre dans la folie.
Stella quitte alors son mari...
Vivien Leigh et Kim Hunter
Vivien Leigh et Marlon Brando
L'équilibre précaire de son esprit va se fissurer de plus en plus, et après une scène où Stanley la met face à sa déchéance physique, Blanche sombre complètement dans la folie.
Un film mythique, qui marqua presque l'irruption des pulsons dans l'univers, jusque là soigneusement calibré des conflits sentimentaux hollywoodien.
Les clairs-obscurs expressifs ou pathétiques d'Elia Kazan isolent corps et sentiments aux prises avec le décor quasi unique de la maison de Stella. Un appartement délabré dans un ancien hôtel.
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Blanche du Bois avec ses toilettes extravagantes, signes d'une coquetterie maladive est prête à plonger dans la souillure avec n'importe qui. À l'inverse, le tricot de corps troué de Marlon Brando est devenu une une image de virilité une sorte de symbole sexuel.
Marlon Brando, en symbole sexuel virilisé,
s'oppose à la superbe Vivien Leigh
sensuelle et éthérée qui sombre inexorablement dans la folie.
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Si le film n’a rien perdu de son statut mythique, c’est avant tout pour la performance époustouflante du jeune Marlon Brando.
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L’acteur, alors inconnu de l’industrie cinématographique, se posait pour la première fois comme objet sexuel, capable de susciter du désir, ou du moins un trouble, chez les personnes des deux sexes.
La comédienne Jessica Tandy, 
qui incarnait le personnage de Blanche Dubois dans la pièce de Tennessee Williams, est la seule de la troupe à ne pas jouer dans l'adaptation cinématographique.
Un tramway nommé Désir reste avant tout un troublant portrait de femme, celui de Blanche, perdue entre un idéal de virginité et le sordide d’une réalité qui la fait peu à peu basculer dans la folie. La production n’a pas proposé à Jessica Tandy de reprendre le rôle car elle était trop peu connue à Hollywood, Olivia De Havilland fut un temps pressentie mais l’actrice, réputée pour son conservatisme, refusa net en affirmant qu’il lui serait impossible de s’associer à un tel projet. C’est donc Vivien Leigh qui hérita de ce rôle qui prit une place très particulière au sein de sa carrière. L’histoire et les origines de son personnage, une femme élevée au sein d’une certaine bourgeoisie, propriétaire d’une demeure dans le sud des États-Unis, n’est pas sans rappeler celui qui fit sa gloire, Scarlett O’Hara dans Autant en emporte le vent, comme si le spectateur la retrouvait, quelques années plus tard, après qu’elle ait tout perdu. .
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Marlon Brando et Vivian Leigh
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D’un point de vue personnel, le personnage de Blanche DuBois aura durablement affecté l’actrice qui souffrait, comme elle d’une certaine manière, de maniaco-dépression et dut faire quelques séjours en psychiatrie. Ce n’est donc pas une simple performance d’actrice récompensée par un oscar, mais bien le lent naufrage d’une femme troublante et ambiguë, d’une humanité bouleversante, qu’Un tramway nommé Désir nous expose avec une acuité assez stupéfiante.
"Un Tramway nommé désir" marque la première collaboration d'Elia Kazan avec l'acteur Marlon Brando, révélé par ce long-métrage.
Les deux hommes se retrouveront
en 1952 pour Viva Zapata ! puis en 1954 pour Sur les quais
Anecdotes :
Pour éviter une condamnation de la Ligue pour la vertu (Legion of Decency), le studio Warner Brothers ordonna au monteur de réaliser un total de 12 coupes, soit environ 4 minutes de film, sans tenir le réalisateur au courant.
Elia Kazan n'avait pas les droits de final cut à l'époque.
Notamment celui où Blanche demande à un jeune garçon de bien vouloir l’embrasser.
Le second point concernait les raisons pour lesquelles le jeune premier mari de Blanche s’était suicidé : dans la pièce, il est clairement dit que celui-ci a mis fin à ses jours parce qu’il ne pouvait assumer son homosexualité; pour l’adaptation, Blanche dit seulement, dans une scène d’une très grande beauté par ailleurs, que le jeune homme était d’une délicatesse qu’elle n’avait pas su comprendre, le mot "homosexualité" étant tout simplement proscrit par la censure.
Le troisième point concerne enfin la scène de viol entre Blanche et Stanley, qu’on devine avant tout par le symbole du miroir brisé lorsque les deux personnages luttent, et par le refus final de Stella de retourner vivre avec son mari. Même jusque dans la musique, à la fois moite et vénéneuse, d’Alex North, la censure est intervenue, rappelant combien cette œuvre a du faire preuve d’une étonnante inventivité pour ne pas édulcorer le texte de Tennessee Williams.
Les morceaux coupés ont été retrouvés en 1989 et reintégrés au film. Warner Brothers a ressorti le film dans son intégralité en 1993.

Marlon Brando et Vivien Leigh
Ce film annonce la naissance officielle du style Actors Studio au cinéma.
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"Je sais bien, moi, que semblable à tant d'êtres trop beaux, trop doués, trop comblés,
elle est morte de désenchantement.
Elle est morte de fatigue pour un amour qu'elle ne pouvait reconquérir,
pour des enfants qu'elle ne pouvait avoir...
Elle est morte de tristesse"
J.P. Aumont à propos de Vivien Leigh
Sources :
http://www.cineclubdecaen.com
http://www.imdb.com
http://www.critikat.com
http://fr.wikipedia.org
http://lovethoseclassicmovies.blogspot.com
http://www.allocine.fr
http://mescouleursdutemps.blogspot.com