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19 août 2015 3 19 /08 /août /2015 20:20


Date de sortie 19 août 2015

 

La Belle saison


Réalisé par Catherine Corsini


Avec Cécile de France, Izïa Higelin, Noémie Lvovsky,

 Laetitia Dosch, Sarah Suco, Nathalie Beder, Calypso Valois

Benjamin Bellecour, Kévin Azaïs, Bruno Podalydès, Jean-Henri Compère


Genre Comédie dramatique


Production Française

 

Synopsis

 

1971.

 

Delphine (Izïa Higelin), fille de paysans, aide ses parents sur l'exploitation qu'elle se destine à reprendre un jour. Le soir, alors que son père pense qu'elle a rendez-vous avec un prétendant, elle retrouve en cachette une voisine, avec qui elle entretient depuis longtemps une relation amoureuse. Lorsque celle-ci la quitte pour se marier, Delphine décide de monter à Paris pour gagner son indépendance financière.

Elle y rencontre Carole(Cécile de France), militante au sein du MLF, en pleine lutte contre le patriarcat. Carole, en couple avec Manuel (Benjamin Bellecour), est troublée par la jeune provinciale.

 

Leur histoire d'amour fait basculer leur vie.

 

 

La Belle saison - Cécile de France.La Belle saison - Izïa Higelin

Entretien avec la réalisatrice/scénariste Catherine Corsini.

Propos recueillis par Claire Vassé relevés sur www.unifrance.org

 

Pourquoi avez-vous eu envie de situer La Belle Saison dans les années 70 ?


J’avais l’envie profonde de rendre hommage aux femmes féministes qui ont souvent été vilipendées, traitées de mal baisées… Moi-même je n’ai pas été une très grande féministe pendant des années, je n’étais pas loin de partager cette image d’elles. Mais je me suis vite rendu compte que beaucoup des acquis sur lesquels je vis aujourd’hui, on les devait à ces femmes qui se sont battues, engagées. Un grand nombre d’entres elles étaient homosexuelles. Grâce à ce mouvement, enfin, elles pouvaient faire entendre leur voix. De fait, les homosexuelles ont beaucoup fait pour l’émancipation des femmes en général.


Il y avait une vitalité, une insolence dans le mouvement féministe qui m’a séduite. Je ne vois rien aujourd’hui de comparable. J’ai compris que le féminisme mettait l’humain au centre, et ça a été le grand principe de l’écriture du film.

 

Comment vous êtes-vous documentée ?


D’abord grâce à la figure merveilleuse de Carole Roussopoulos, la première vidéaste à avoir filmé les luttes des femmes, le premier défilé homosexuel en marge du rassemblement du 1er Mai 1970. Très proche de Delphine Seyrig, elle a coréalisé avec elle des films militants jubilatoires. Ce sont elles qui m’ont donné envie d’appeler mes héroïnes Carole et Delphine.

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Debout ! : Une histoire du mouvement des femmes 1970-1980

Un documentaire de Carole Roussopoulos

 

 

Cliquez ICI !

 

Et puis j’ai interviewé plusieurs féministes dont Catherine Deudon qui a fait des photos des actions depuis le début, Anne Zelenski et Cathy Bernheim également. Toutes ont participé au premier acte féministe : aller déposer une gerbe de fleurs sur la tombe de la femme du soldat inconnu à l’Arc de triomphe en disant :

 

"Qui est plus inconnu que le soldat inconnu ? Sa femme ! ".


J’ai lu tout ce que j’ai pu trouver, entre autres des journaux comme Le torchon brûle. Et tout ce matériau écrit et filmé que j’avais réuni, je l’ai donné aux actrices. Elles étaient toutes investies de cette parole, de ce discours, de l’importance des luttes comme le droit à l’avortement, le droit à disposer de son corps. Transmettre cette énergie était essentiel pour moi, c’est ce qui m’a animée durant le tournage.

 

Et le travail de reconstitution ? Le film est une plongée dans une époque mais il ne fait jamais carton pâte…


Avec Jeanne Lapoirie, la chef opératrice, et Anna Falguères, la chef déco, nous avons veillé à cela. Nous choisissions toujours ce qu’il y avait de plus basique, mélangeant des choses modernes pour l’époque à des choses anciennes. Nous faisions très attention à ce que la voiture qui passe dans la rue ne soit pas trop visible, pas trop marquée "voiture d’époque", pareil pour la casquette d’un paysan ou la manière dont sont habillées ces jeunes féministes… Il fallait retrouver une justesse d’époque naturellement, mais aussi une certaine neutralité, éviter trop de pattes d’éph’, de tuniques à fleurs… Heureusement, ça court beaucoup dans les scènes de rues, on a moins tendance à faire attention aux éléments qui datent. Par ailleurs, on a souvent tendance dans un film d’époque à tout "décorer" dans les années où le film est situé mais il y avait pleins de gens en 70 qui s’habillaient encore comme dans les années 50, et chez qui les papiers peints dataient. Mon obsession était de ne pas être dans une reproduction rigide des actions féministes. Je me suis autorisé des libertés, même si les actions reflètent peu ou prou ce qui s’est passé. Je les ai donc revisitées, notamment la scène du jeté de mou de veau sur le Professeur Chambard. J’ai choisi aussi de ne pas refaire des scènes attendues comme celle de l’Arc de Triomphe. Je voulais d’abord être dans la vitalité de cette période historique. D’où l’envie de mêler une action du FHAR (Front Homosexuel d’Action Révolutionnaire), qui avait fait sortir un jeune homme d’un hôpital psychiatrique en Italie, à celle de ces féministes.

 

La Belle saison - Cécile de France Izïa Higelin

 

Cécile de France et Izïa Higelin

A cet égard, la réunion politique dans l’amphi de la Sorbonne est jubilatoire.


Je voulais faire cette scène d’amphi, réunir toutes ces femmes, les voir en train de discuter, de s’engueuler. Evidemment, ça criait car prendre la parole et se faire entendre pour une femme qui ne l’a jamais fait, ce n’est pas facile. D’autant plus qu’elles ne voulaient pas de chef pour mettre de l’ordre ! Mais cette énergie de groupe est très belle, joyeuse et iconoclaste. Il y avait aussi beaucoup de prise de risques dans leur activité militante. Elles se retrouvaient facilement au poste de police.

 

La Belle saisonJ’ai imaginé cette scène en mélangeant toutes les versions qu’on m’en a faites. Il n’y a aucune trace de ces rencontres nulle part, il était même compliqué de savoir comment était l’amphi. Chacune me donnait une version différente. Alors on a tout réinventé, avec dans nos bagages toute cette documentation que j’avais réunie et à partir de laquelle on a fait des petites impros.

 

Quand ça discute au début, les filles sont nourries de ça, on sent une vérité. On a soigné le casting de la figuration en essayant de prendre des filles qui sont dans des mouvements féministes ou LGBT aujourd’hui, en tout cas concernées. Pour le groupe des copines de Carole, je me suis régalée à les trouver, toutes sont formidables et notamment Laetitia Dosch qui est une actrice géniale. Cette journée de tournage était intense, fébrile, je sentais que tout le monde était content d’y participer. Avec l’équipe on a été conquis quand on a entendu les filles commencer à chanter L’Hymne des femmes.

 

Cette matière historique

est intrinsèquement mêlée au parcours intime de Delphine et Carole …


Comment lier l’intime et l’Histoire, c’était le centre de nos débats lors de l’écriture. Comment peut-on s’engager politiquement, être courageux pour les autres et en revanche avoir du mal à défendre "sa cause" dans la vie privée. Cette opposition me parlait profondément et ramenait de la fiction, de la dramaturgie. Delphine est empêchée dans sa vie intime mais, dans le même temps, elle a le courage d’aller délivrer un mec homo interné, de lancer du mou de veau sur un médecin "anti avortement".

Comment s’est passé le casting ?


Cécile de France, j’ai écrit pour elle, je la voyais dans ce rôle. C’était une évidence. J’aime sa clarté, sa vaillance, son allure. Quand on a un acteur en tête, c’est simple. Pour Delphine, c’était moins évident. Pour tenir la route en face de Cécile, il ne fallait pas quelqu’un d’évanescent mais quelqu’un de fort. Une fille qui ne fasse pas trop parisienne afin qu’on y croie quand on la voit sur un tracteur.

 

La Belle saison - Cécile de France et Izia Higelin

 

Izïa Higelin avait ce caractère, ce côté brut, sauvage. C’est un tempérament. Je pense que ça lui coûte de jouer et c’est ça qui la rend si émouvante. Des deux personnages, celui de Delphine est celui qui est le plus proche de moi. C’est pour ça je crois qu’il m’a été plus difficile de trouver l’actrice qui devait l’incarner.

 

Comment les avez-vous dirigées ?


Vouloir qu’un acteur corresponde au personnage idéal, celui que j’ai imaginé, crée toujours une forme de déception. Alors maintenant, plutôt que lutter avec les acteurs pour les amener au personnage, j’essaye de les voir tels qu’ils sont et d’amener le personnage vers eux et que celui-ci révèle chez eux quelque chose d’intime. C’est comme une réaction chimique ce qui se passe entre un rôle et un acteur, mais ce qui est sûr c’est qu’un acteur est traversé par un rôle, il n’en sort jamais indemne.
Tourner en numérique - c’était la première fois - m’a permis de ne pas rester complètement collée au scénario, de filmer des moments un peu à côté qui nourrissent complètement le film, d’inventer des scènes, de prendre des libertés, d’avoir plus de souplesse, parfois de réintroduire des scènes que j’avais écrites avec ma scénariste Laurette Polmanss et mises de côté, avec l’arrière-pensée de les réutiliser.

 

Vous faites sans cesse résonner entre elles les problématiques politiques et intimes, notamment dans la scène où Manuel fait remarquer à Carole que d’un côté elle se bat pour être libre et de l’autre elle tombe dans une histoire d’amour qui la rend dépendante…


J’aime beaucoup le personnage de Manuel, je trouvais intéressant qu’il mette Carole face à ses contradictions en lui disant que l’engagement ce n’est pas que dans un amphi avec des copines, et qu’on puisse lui donner raison. Il a aimé Carole parce qu’elle était libre, et il le lui rappelle… Je ne voulais pas que ce soit un salaud, un homme uniquement jaloux, focalisé sur ses problématiques, même s’il est blessé. Ils sont tous les deux profs, le fruit de 68, lui est Mao, ils ont dû militer ensemble à un moment. Ce couple fonctionne dans l’idée qu’on peut vivre autrement que bourgeoisement. Quand ça clashe entre eux, ce n’est pas dans la violence.

Manuel cherche à faire changer d’avis Carole par la réflexion et cherche à l’atteindre par le raisonnement.

La Belle Saison est un film avec des femmes, autour du mouvement des femmes, avec une histoire d’amour entre deux femmes… Je ne voulais pas d’hommes mesquins à coté. Je voulais qu’ils soient attentifs aux femmes et ne soient pas que des antagonistes. Comme le dit Carole au début : "On n’est pas contre les hommes, on est pour les femmes".

 

Et mettre en scène la campagne ?


J’ai retrouvé des souvenirs, des sensations de mon enfance, car j’ai passé une partie de ma jeunesse en Corrèze. Je voulais mettre en parallèle le côté bouillonnant de Paris et celui, intemporel, de la campagne. Comment allier ces deux mouvements dans le film ? Comment ces mondes vont glisser l’un vers l’autre, se faire écho, se contaminer ? Là encore, je me suis documentée, notamment par le biais d’une amie, Anne Bouthry, une fille de paysans montée à Paris dans ces années-là. Elle m’a soufflé beaucoup de choses et m’a aidée à faire le lien entre ces deux mondes. C’est en parlant avec elle aussi que cette histoire s’est construite. J’ai également revu les films de Georges Rouquier, Farrebique et Biquefarre, qui sont de précieux témoignages sur le monde paysan, où se mêlent documentaire et fiction.

 

La Belle saisonEt pendant les repérages, j’ai pu parler avec des paysans qui étaient jeunes à l’époque. Ils m’ont raconté les conditions dures dans lesquelles certains ont vécu et vivent encore aujourd’hui. Et puis à la campagne, il y avait le personnage d’Antoine. Kevin Azaïs a été un partenaire très fin, très attachant. Il joue le personnage de l’éconduit, celui dont on se dit, c’est injuste mais ca ne marchera pas pour lui.

Et le désir de filmer la liberté des corps ?


Jouer avec cette nudité faisait presque partie de la logique et de l’écriture de ces années-là. Tout d’un coup on trouvait normal de se montrer nu, d’avoir des poils sous les bras ! Mais bizarrement, ce désir est arrivé tout doucement, en tournant. Au départ, j’avais davantage envie de montrer la beauté des paysages, le travail des champs. J’étais presque plus du côté de la peinture, de Manet…
C’est un peu Cécile qui en incarnant Carole m’a amenée vers ça. J’adorais le look qu’on lui avait fait, avec ses cheveux blonds, cette crinière. Et quand on a décidé qu’elle ne porterait pas de soutien-gorge, soudain s’est dessiné le personnage de cette fille parisienne libérée qui a une aisance avec son corps, qui se trimballe nue dans son appartement. Cécile m’a apporté cette liberté que je trouve très belle chez elle et qui correspondait bien au personnage de Carole, cette fille vaillante et sans tabou.
Le moment où Carole ouvre sa robe derrière les vaches, c’est Cécile qui l’a improvisé. Je trouvais ça drôle, ça ressemble tellement à Carole d’amener un vent de liberté dans cette campagne austère. Carole n’a pas de problème avec la nudité, contrairement à Delphine qui n’est pas du tout à l’aise avec son corps. Peut-être parce qu’elle se sait homosexuelle et ne l’assume pas. Quant à la scène où elles font l’amour dans les champs, elle était très peu écrite. C’est un moment charnel cru, qui se transforme en moment drôle, à cause des vaches à côté qui beuglent. Ma scénariste m’a aussi fait découvrir le film Le bonheur d’Agnès Varda, c’est un film inspirant pour filmer l’amour d’une façon pudique mais libre.

 

La Belle saison -

 

Izïa Higelin et Cécile de France

 

Entre Carole et Delphine, c’est une grande histoire d’amour…


On m’a souvent reproché la noirceur de mes personnages. J’avais envie de faire un film où les personnages ont une belle âme, un côté solaire, extrêmement généreux, ouvert sur l’autre. Ce qui n’empêche pas les zones d’ombres et de conflits. Mais ceux-ci sont intérieurs aux personnages. On sent bien que le premier ennemi de Delphine, c’est elle-même. Sa mère est un obstacle certes, mais Delphine n’ose pas l’affronter, comme elle n’ose pas affirmer son propre désir. La façon dont Delphine fantasme d’une certaine manière la toute-puissance de sa mère, c’est ça qui rend le drame plus douloureux.

 

Quand elles pique-niquent toutes les deux avec la mère de Delphine, on se dit que celle-ci pourrait s’ouvrir aux arguments et à la liberté de Carole…


Le moment dont vous parlez est une toute petite improvisation en fin de scène, où Noémie et Cécile apportent cette finesse aux personnages qui permet de sentir un glissement possible et évite de faire de cette mère une femme complètement fermée.
Du coup, la dernière scène très violente est acceptable car on n’est pas dans la caricature. Noémie Lvovsky est une immense actrice et sa grande question était justement de savoir si on allait croire à cette scène : "Vous êtes le diable dans cette maison !".
C’est la peur qui fait réagir la mère si violemment. Peur devant l’inconnu qui lui semble inconcevable et anormal : l’homosexualité de sa fille. Pour pouvoir jouer cette scène-là, il lui a fallu au préalable déjouer les stéréotypes de la mère acariâtre. Les acteurs sont un peu les metteurs en scène des films. Pour arriver à faire croire à leur personnage, ils ont besoin de construire quelque chose.
Ca fait un moment que j’avais envie de tourner avec Noémie. En paysanne des années 70, c’était un challenge car on a tendance à lui donner des rôles plus proches d’elle.

 

La Belle saison - Noémie Lvovsky

 

Noémie Lvovsky

 

Le film est très joyeux et optimiste sur l’époque mais plus sombre quand on est dans l’intériorité des personnages, accompagnée d’ailleurs par une musique plus douloureuse…


D’un côté, il y a les morceaux d’époque - Janis Joplin, Colette Magny, Joe Dassin - et de l’autre une musique résolument plus moderne, The Rapture, un groupe d’aujourd’hui, exprimant la modernité que Carole apporte dans cette campagne. Et puis il y a la musique originale de Grégoire Hetzel qui amène du lyrisme et épouse les sentiments intérieurs de Delphine et Carole, la façon qu’elles ont d’être prisonnières d’elles-mêmes par moments.
Avec Grégoire on a travaillé en tâtonnant. Il est venu très tôt et très vite on a pensé à un mouvement tourbillonnant, on a écouté des musiques de films, du Grieg. C’est la troisième fois que je collabore avec lui. Il est très souple, il a beaucoup de lyrisme, une grande acuité.

 

Et la fin du film ?


Derrière le refus d’une happy end, du moins trop affirmée, je pense qu’il y a l’idée que le combat des femmes pour leur émancipation et le combat pour se connaître soi-même sont de longs chemins. Si Delphine avait réussi si vite à quitter la ferme, on se serait dit qu’il n’y avait pas de quoi en faire toute une histoire ! À la fin du film, j’ai le sentiment qu’elle a encore à se battre. Et puis j’aime ces histoires d’amour où l’on se loupe parce que ce n’est pas le bon moment. C’est mon côté mélo mais c’est comme dans la vie.

Parler du MLF aujourd’hui est encore d’actualité ?


Aujourd’hui plus que jamais quand je vois le sort des femmes dans le monde. Les femmes doivent se mobiliser car elles restent les premières victimes des états autoritaires. Elles sont toujours des opprimées. Le droit à l’avortement remis en question en Espagne l’année dernière…

 

Je pense que les révolutions et les changements de demain doivent se faire par les femmes.


À l’époque du film, les femmes revendiquaient l’égalité, des salaires égaux à ceux des hommes, « que la femme ne soit pas un objet publicitaire », aujourd’hui, c’est toujours la même chose, malgré des avancées, les mentalités n’ont pas suffisamment évolué. On est dans une période de régression terrible et c’est d’une importance vitale d’en prendre conscience et d’agir. Dès que je suis dans une réunion, j’essaye de faire de plus en plus attention à ce que les femmes soient écoutées. Je ne comprends pas pourquoi les femmes font toujours autant peur, pourquoi on les empêche de penser, pourquoi elles n’ont pas les mêmes droits. Pourquoi ?

 

Et du côté de l’homosexualité, on a davantage évolué ?


Je pense que les gens sont moins cachés mais ça reste aussi douloureux pour certaines personnes de dire et vivre leur homosexualité. Dans les manifestations horribles qu’il y a eu contre "le mariage pour tous", l’année dernière, on a vu beaucoup de familles se déchirer, de parents aller manifester alors qu’ils connaissaient l’homosexualité de leurs enfants.
Un film a conforté mon envie de faire le mien : Les Invisibles de Sébastien Lifshitz. J’ai trouvé exemplaire ces témoignages d’homosexuels. Leurs amours sont magnifiques. On sent le déchirement qu’ont vécu certaines femmes, comme cette femme mariée, qui a eu des enfants et s’est découverte homosexuelle sur le tard. Ces changements de vie sont étonnants, ils m’émerveillent. J’avais envie de retraduire l’émotion que j’ai eue par un film de fiction.

 

C’est votre première collaboration avec la productrice Elisabeth Perez, qui est aussi votre compagne.


Je sortais de trois films avec ma productrice Fabienne Vonier, décédée il y a deux ans. Fabienne me donnait beaucoup d’attention, on s’appréciait, c’était difficile de trouver quelqu’un qui la remplace. Avec Elisabeth, il y a beaucoup d’intuition. J’ai aimé son exigence, mêlée à une grande bienveillance. Notre collaboration a également été extrêmement riche, agréable, respectueuse. J’ai l’impression d’avoir vraiment partagé le film avec elle, à toutes les étapes, dans une grande confiance.

La Belle Saison est un peu comme un nouveau départ et j’ai essayé de communiquer
ce sentiment à toute l’équipe : au début du tournage, je leur avais écrit un petit mot pour leur dire que ce film était très important pour moi car c’était la première fois que je travaillais avec Elisabeth et que je parlais aussi frontalement de l’homosexualité. Ca faisait longtemps que j’avais le désir de raconter cette histoire mais c’est Elisabeth qui m’a poussée à travailler sur ce sujet, qui m’a donné ce courage, qui m’a guidée vers ce film. Je le lui dois complètement.

 

La belle saion - Noémie Lvovsky et  Cécile de France

 

Noémie Lvovsky et  Cécile de France

Mon opinion

 

Magnifiquement documenté, La Belle saison rend un très bel hommage à ces femmes qui, en plein cœur des années 70, ont su se faire entendre avec courage et détermination. Premières pierres posées pour une normale égalité avec les hommes. Pour une reconnaissance du droit à la différence, aussi.

 

C'est également un très beau film d'amour entre deux femmes.

 

Le scénario met en avant la peur bien réelle du regard de l'autre. Et plus que tout, le refus de tous changements. La ville, semblable à une arène, est l'endroit dans lequel se livrent tous les combats. Si la campagne semble plus paisible elle n'en reste pas moins le territoire de dissensions souvent très douloureuses à vivre.

 

Les dialogues sont parfaitement écrits, justes et brillants. Je retiens, entre autres, ceux échangés entre gens de la terre quand il est question de la rémunération de la femme. Dans ce monde paysan, tout autant que dans les villes, les hommes veulent garder une réelle supériorité. "C'est déjà bien beau qu'elle puissent puiser dans le salaire du mari".

 

Avec brio, une grande finesse et sans pathos, Catherine Corsini démontre que le combat commencé à cette époque perdure, de nos jours encore, sur bien des points.

 

Issu ce cette campagne, j'ai trouvé toute cette partie du film d'une incroyable véracité. La photographie de Jeanne Lapoirie magnifie les paysages et la nudité des corps.

 

La musique de Grégoire Hetzel accompagne parfaitement le propos. D'autres voix résonnent comme les dernières heures d'un monde qui semble optimiste et résolument hermétique devant les évènements. Le profond changement est pourtant inéluctable.

 

Les hommes, simples spectateurs attentionnés, mais souvent désorientés par cette formidable avancée ne sont pas en tête du casting. Kévin Azaïs, touchant et tout en retenue avec Benjamin Bellecour dans le rôle d'un homme brusquement rejeté, n'en sont pas moins excellents, chacun dans leur rôle respectif.

 

Dans le rôle d'une mère, femme de paysan, accrochée à des valeurs traditionnelles qu'elle voit voler en éclats Noémie Lvovsky est exceptionnelle et dégage une profonde émotion.

 

La réalisatrice a déclaré son "envie de faire un film où les personnages ont une belle âme, un côté solaire, extrêmement généreux, ouvert sur l’autre". Pour réaliser ce souhait, elle a trouvé en Cécile de France et Izïa Higelin les comédiennes idéales. Elles sont remarquables, touchantes, troublantes et lumineuses.

 

Un très beau film, d'une grande sensibilité, d'une belle sensualité et d'une profonde émotion.

 

Un coup de cœur en ce milieu d'été.

 

La Belle saison - Cécile de France

Cécile de France était l'invitée du 20 Heures sur France 2 le dimanche 16 août pour parler de La Belle saison. "Pas mal de faits réels sont retranscris dans le film avec d'autres noms", explique en plateau la comédienne  avant d'avouer qu'interpréter une militante féministe a été "assez galvanisant et jubilatoire". "Je ne pouvais pas refuser"

 

Les droits des homosexuels sont également au cœur du film.  Sur la question, Cécile de France trouve qu'au niveau des mentalités aujourd'hui, "il y a encore du boulot".


Après les trois films de Cédric Klapisch, L’auberge espagnole, Les poupées russes et Le casse-tête chinois, Jeannine dans Sœur sourire réalisé par Stijn Coninx en 2008 et Marie dans Haute tension d'Alexandre Aja en 2003, Cécile de France interprète une lesbienne.

L'actrice avait déclaré ne pas vouloir être cataloguée, mais ce film a réussi à la convaincre. "Il y a des millions de manières de jouer des lesbiennes et puis c'est l'un des plus beaux scénarios que j'ai lus donc je ne pouvais pas refuser, j'étais bouleversée", confie-t-elle en plateau.

 

16 août 2015 7 16 /08 /août /2015 21:00

 

Date de sortie 12 août 2015

 

Coup d chaud


Réalisé par Raphaël Jacoulot


Avec Karim Leklou, Jean-Pierre Darroussin, Grégory Gadebois, Carole Franck,

Isabelle Sadoyan, Camille Figuereo, Serra Yilmaz


Genre Policier


Production Française

 

Synopsis

 

Au cœur d’un été caniculaire, dans un petit village d'agriculteurs, inquiets car les récoltes sont menacées, le quotidien des habitants est perturbé par Josef Bousou (Karim Leklou), un jeune homme un peu simplet et violent. Fils de ferrailleurs, semeur de troubles, il est désigné par les villageois comme étant la source principale de tous leurs maux.

 

Diane (Carole Franck) est la première à s'inquiéter de sa présence. Elle l'accuse de vol et veut qu'il quitte le village. Une jeune fille se plaint également de son comportement avec elle. Son père finit par porter plainte.

 

Un autre voisin, Rodolphe Blin (Grégory Gadebois), éconduit le jeune homme quand celui-ci lui propose son aide. Le maire, Daniel Huot-Marchand (Jean-Pierre Darroussin), tente de calmer le jeu mais les passions se déchaînent sur Josef jusqu'au jour où on le retrouve sans vie dans la cour de la maison familiale.

 

Coup de chaud - Karim Leklou

 

Karim Leklou

Entretien avec le réalisateur.

Propos recueillis par Claire Vassé pour www.unifrance.org

 

A l’origine de Coup de chaud, il y a un fait divers…


C’est la première fois que je pars d’une matière aussi documentaire. Ce fait divers qui s’est passé dans ma région d’origine m’a interpellé. J’étais troublé que des villageois, ni pires ni meilleurs que d’autres, aient pu être, à un moment donné, soulagés par la disparition violente de l’un des leurs, qu’ils tenaient pour responsable de leurs maux. J’y voyais quelque chose qui parlait de notre monde, de notre société. Une société malade qui se cherche en permanence des coupables. Les premières étapes d’écriture du scénario ont été nourries par un travail sur le terrain. On a assisté notamment à deux procès d’assises avec Lise Macheboeuf, ma co-scénariste.

 

Josef est un bouc émissaire…


Oui, j’avais envie d’ausculter et de comprendre ce phénomène. Voir comment, dans un climat d’insécurité, les peurs apparaissent et se cristallisent progressivement sur une personne. Ce mécanisme victimaire était déjà à l’oeuvre dans Avant l’aube, avec le personnage de Vincent Rottiers, auquel on fait porter le chapeau. Mais l’histoire se déroulait alors à l’intérieur d’un cercle de personnages plus réduit.


Ici, c’est tout un village qui est concerné…


J’ai pensé l’architecture du récit comme une ronde de personnages qui inclut le personnage de Josef Bousou puisqu’il fait partie du village. Tout le monde s’accommode plus ou moins de sa présence mais progressivement, cette ronde va se dérégler et Josef en être expulsé. Le film a une structure qui s’apparente au film noir et c’est pour moi le meilleur vecteur pour traiter de la dimension politique et sociale qui m’intéressait avant tout.

La canicule exacerbe le climat de crise…


Le fait divers s’étalait sur plusieurs années mais nous avons décidé de le circonscrire à un été où les villageois sont confrontés à une vague de chaleur qui renforce leur sentiment de traverser une période de crise. Tous ont des difficultés propres – sociales, économiques, intimes, de voisinage, de rivalités – qui vont se tisser, s’agripper les unes aux autres pour se cristalliser sur la figure de Josef.


Chacun reporte sa frustration sur lui…


Oui, il est chargé des problèmes des autres, c’est un réceptacle. Et plus on fait pression sur lui, plus il devient agressif et renvoie des choses violentes. Que ce soit le deuil de sa femme pour le maire ou le fait que Diane n’ait pas d’enfant, il arrive à débusquer la souffrance des autres. Josef confronte les villageois à leur problématique, exacerbe leurs failles.

 

Vous recourez beaucoup à l’ellipse pour laisser planer le doute sur qui est coupable de quoi…


Le film est parsemé d’ellipses. C’est quelque chose qui dans l’absolu m’intéresse au cinéma et qui était d’autant plus passionnant sur ce projet, car l’une des thématiques importantes est la rumeur, comment elle se propage de villageois en villageois, se répand telle une pieuvre. L’épisode avec Manon ou celui du vol de la pompe sont des trous noirs dans lesquels les villageois vont se précipiter pour les remplir de leur peur fantasmatique de Josef.


Ces ellipses placent le spectateur lui-même dans l’interrogation vis-à-vis de Josef et le confrontent lui aussi à la tentation de reporter la faute sur "l’autre".


Dès le début, on voulait se situer dans le regard et le ressenti des villageois, y compris lorsqu’ils dérapent, afin de comprendre comment le mécanisme se met progressivement en place. Et comment cette ronde d’individus finit par former un collectif. On voulait passer par le vécu des personnages et se mettre à leur hauteur, non les juger. Diane s’énervant sur Josef, je la comprends, il peut être totalement insupportable !

Le film est construit sur un flash-back…


Comme dans toute structure tragique, je voulais annoncer la violence faite à Josef au début, puis essayer de comprendre comment tout ça est arrivé. Mes personnages sont pris dans un engrenage, une nasse qui va se refermer sur eux. Et j’ai le souci de placer le spectateur dans cette tension.


Le dernier tiers du film enclenche un nouveau mouvement de réflexion…


Le dernier tiers est consacré à l’enquête et chaque villageois est confronté au regard d’un gendarme, qui aurait tout aussi bien pu être un juge ou un psy. Avec Lise Macheboeuf, on était aussi passionnés par la façon dont la justice, les gendarmes, la société s’étaient emparés de cette histoire. Et comment, au tribunal, les villageois avaient été confrontés à la réalité de ce qui s’était passé : ils avaient franchi une ligne rouge, dans un total aveuglement.

 

Pour le personnage de Josef, vous êtes-vous inspiré de la vraie personne du fait divers ?


On s’est, en partie, appuyé sur le fait divers pour écrire ce personnage assez complexe. Josef est non seulement simple d’esprit mais fils d’une famille de gens du voyage qui se sont sédentarisés, cet élément était important pour moi, il donnait une résonance sociale à l’histoire. Quant à sa pathologie, le maire la résume assez bien au moment de l’interrogatoire à la gendarmerie : il souffrait de débilité débonnaire et affective – j’ai repris les termes du rapport d’expert établi au moment du procès.

 

Josef est attachant, mais met aussi mal à l’aise…


Il n’était pas question d’en faire un personnage sans ambiguïté, sa différence peut faire peur. Mais je tenais à ce qu’il soit émouvant, face à la violence qu’on lui fait subir. Josef a trente ans mais fonctionne comme un ado tourmenté de quinze ans. On lui refuse l’amitié, l’affection mais aussi la sexualité et cette frustration l’agite. Pour incarner ce personnage, nous avons veillé à ne pas imiter les codes de la maladie mentale, mais plutôt à trouver un état du personnage.


Comment s’est fait le choix de Karim Leklou ?


Brigitte Moidon, la directrice de casting a eu très vite l’intuition que c’était lui. Karim Leklou est un jeune comédien assez prodigieux. Il est extrêmement inventif et mobile, comme son personnage. Quelque chose passe vraiment par le corps chez lui. Karim a bousculé le rapport plutôt classique que j’avais aux acteurs jusqu’ici. Il est dans une perpétuelle remise en question de la scène et du texte. Cela représentait une richesse d’autant plus grande pour le travail qu’elle correspondait exactement au fonctionnement de Josef : ne jamais être là où on l’attend.

Et le reste de la distribution ?

 


Je crois que le travail avec les acteurs est ce que j’aime le plus au cinéma. C’est par eux que le
propos va être véhiculé et le moment de la distribution des rôles est crucial, encore plus dans ce film-là, où l’on avait beaucoup de personnages, une esthétique de la distribution à trouver. Le film se passe dans un village, et devait représenter tous les âges de la population. Il fallait réussir à faire co-exister des visages, des corps, des comédiens qui viennent d’horizons différents. Jean- Pierre Darroussin est un acteur identifié et apprécié, cette notoriété nourrit la figure du maire. Grégory Gadebois apporte une grande puissance intérieure à son personnage, et Carole Franck compose son rôle avec détermination, conviction, énergie.


Et pour la famille Bousou ?


Ça a été une recherche passionnante pour trouver les membres de la famille Bousou. Serra Yilmaz, qui joue Josiane, la mère est une actrice turque très reconnue à Istanbul. Coup de chaud brasse des couleurs d’acteurs différentes. C’était une grande richesse pour moi.

 

Vous partez toujours d’un lieu précis : un barrage pour votre premier film, un hôtel pour le deuxième et ici un village…


Le décor est un motif important pour moi. À chaque fois, il s’agit de lieux retirés, avec un élément géographique fort qui incarne quelque chose dans le récit. Ici, ce château d’eau qui pourrait presque remplacer l’église dans ce village fermé sur lui-même. Je conçois les lieux comme une scène de théâtre dans laquelle les personnages vont s’agiter, s’asphyxier au contact les uns des autres. Le seul moment où l’on sort du village dans Coup de chaud, c’est pour se rendre à la gendarmerie !


Comment avez-vous cherché à représenter ce village ?


Ce village n’est pas identifié, il n’a pas de nom, pas d’implantation géographique précise. C’est un village de France qui me permet d’observer la société mais à la hauteur d’un microcosme. Outre qu’il soit peu identifiable, je voulais que ce village rende compte des états des personnages par ses couleurs et sa pierre qui évoquent une forme de dénuement, une rudesse. Je raisonne beaucoup à partir des personnages. Quand j’entrais dans un village au moment des repérages, j’essayais d’imaginer si ceux-ci pourraient habiter là, notamment la famille Bousou. Que cette famille, historiquement nomade, ait décidé un jour de s’installer quelque part représente un vrai choix.

Quels étaient vos désirs de mise en scène ?


Le désir majeur de la mise en scène était d’aller de la mobilité de Josef à l’immobilité, de suivre ce personnage en mouvement mais aussi de circuler d’un personnage à l’autre, passer de l’espace privé à l’espace public. Progressivement les villageois sont davantage dans la rue, jusqu’à cette grande scène du Quatorze Juillet devant le monument aux morts. Ce qu’on interdit à Josef au bout du compte, c’est de bouger et le film se fige progressivement sous ce soleil de plomb qui écrase le village et donne un rythme un peu lourd aux plans, aux déplacements des villageois. J’avais envie de quelque chose de terrien, ancré dans le sol, presque étouffant. On est assez proches des comédiens, des visages. Et on ne les lâche pas. Il y avait aussi le désir de travailler sur la mythologie du western : les rues vides, les ombres, la chaleur…


Comme pour vos deux premiers films, André Dziezuk a composé la musique…


Avec le compositeur André Dziezuk, on commence à travailler ensemble dès le début du montage. J’envisage la musique comme un élément du film, au même titre que les rushs et elle se mêle au récit, devient organique. Pour ce film, on a défini des thèmes liés notamment aux trajectoires de Rodolphe et Josef.


La confrontation des classes est aussi une thématique récurrente chez vous…


Oui, sans doute aussi parce que ça me ressemble. Dans mon parcours par exemple, j’ai l’impression d’avoir changé de milieu. Ça m’interroge beaucoup : quelle place cherche-t-on à occuper et pourquoi ?


Coup de chaud est sombre mais reste toujours humain…


J’avais envie que le film, même s’il est sombre et funèbre, soit très vivant, notamment grâce à
la figure de Josef et le traitement des scènes quotidiennes. Je ne voulais surtout pas céder à une
fatalité, inéluctable et sans issue. Et puis il y a la famille Bousou et les adolescents à la fin qui apportent une lueur. Ces adolescents ont grandi, ils ont accédé à une conscience un peu plus mature qui les amène à considérer Josef et sa famille. C’est par eux que passe une forme de salut.

Mon opinion

 

"Mes personnages sont pris dans un engrenage, une nasse qui va se refermer sur eux. Et j’ai le souci de placer le spectateur dans cette tension." a déclaré le réalisateur.

 

La musique d'André Dziezuk participe grandement à cette sensation et le pari du réalisateur amplement réussi.

 

Le scénario est inspiré d'un fait divers qui s'est déroulé dans la région d'origine de Raphaël Jacoulot. Il s'appuie avec habileté sur celui-ci pour nous plonger dans une intrigue dont les premières images nous livrent la fin tragique. 

 

Le spectateur se trouve entraîné dans un huit clos "champêtre" au beau milieu duquel les champs de maïs n'ont jamais paru aussi oppressants. Le village est le berceau de toutes les bassesses possibles et inimaginables.

 

La caméra pose sur chacun des protagonistes un regard indiscret, tout en dévoilant, avec parcimonie, les secrets et toutes les rancœurs et jalousies mêlées dans le but de conduire le spectateur dans une fausse direction.

 

Le film est porté par un formidable casting. À commencer par l'incroyable jeu de Karim Leklou, à la fois troublant, inquiétant, perdu, victime ou coupable.

 

Carole Franck, Grégory Gadebois, Jean-Pierre Darroussin, et Isabelle Sadoyan, dans un passage particulièrement douloureux, participent grandement à la réussite de ce long-métrage tout à fait intéressant. Tant au niveau du récit, de la noirceur de l'ambiance qui se dégage pendant toute la durée du film, ou davantage encore par ces portraits au vitriol de la plupart des personnages.

Coup de chaud
Coup de chaud
Coup de chaud
15 août 2015 6 15 /08 /août /2015 18:30

 

Date de sortie 12 août 2015

 

Floride


Réalisé par Philippe Le Guay

 

Avec Jean Rochefort, Sandrine Kiberlain, Anamaria Marinca,

Laurent Lucas, Clément Métayer, Coline Beal, Edith Le Merdy


Genre Comédie dramatique


Production Française

Floride est une adaptation du succès théâtral Le Père de Florian Zeller dans lequel les rôles tenus par Jean Rochefort et Sandrine Kiberlain étaient interprétés par Robert Hirsch et Isabelle Gélinas.

 

Le Père avec Robert Hirch"Des rôles comme celui-là, dans toute sa carrière, on n'en trouve pas beaucoup." À plus de 90 ans, Robert Hirsch sait de quoi il parle. Il est l'arc de Triomphe du théâtre français, celui qui aurait pu tout jouer, tout magnifier, tout faire connaître au grand public.

 

Le comédien préfère pourtant la discrétion, l'élégance et l'exigence de peu de rôles. En 2012, il crée Le Père, de Florian Zeller, au théâtre Hébertot. Le dramaturge et sa vedette espéraient tenir l'affiche pendant cent représentations.

 

 

Ils rempliront près de 300 fois la salle et décrochent en 2014 plusieurs prestigieux Molières, dans la catégorie théâtre privé. Molière du meilleur comédien pour Robert Hirsch, Molière de la meilleure comédienne pour Isabelle Gélinas et enfin le Molière du théâtre privé pour Florian Zeller.

 

La pièce de Florian Zeller est reprise en 2015 à la Comédie des Champs-Élysées. Elle a également reçu un accueil triomphal en Grande-Bretagne. Le très prestigieux Guardian a même élu Le Père "meilleure pièce de l'année". Tandis que son auteur était récompensé du prix du Brigadier, la récompense majeure du théâtre que seuls trois auteurs avaient obtenu avant lui : Françoise Sagan, Jean Anouilh et Eugène Ionesco !

Sources : www.lepoint.fr

 

Synopsis du film

 

 

A 80 ans, Claude Lherminier (Jean Rochefort) n'a rien perdu de sa prestance. Mais il lui arrive de plus en plus souvent d'avoir des oublis, des accès de confusion. Un état qu'il se refuse obstinément à admettre.

 

Carole (Sandrine Kiberlain), sa fille aînée, mène un combat de tous les instants pour qu'il ne soit pas livré à lui-même.

 

Sur un coup de tête, Claude décide de s'envoler pour la Floride. Qu'y a-t-il derrière ce voyage si soudain ?

 

Floride - Jean Rocheford

Si le rôle de Claude Lherminier a plu à Jean Rochefort, il l'a cependant trouvé éprouvant à interpréter: "Si je n'avais pas abordé ce sujet, et ce personnage, comme acteur, je ne pourrais pas sourire de cela. Parce que je connais des personnes qui vivent cette souffrance, dans la réalité. Et c'est terrible. J'ai mis du temps à m'en remettre, de ce film". a déclaré le comédien dans un entretien relevé sur www.lefigaro.fr.

Entretien avec Philippe Le Guay. Coscénariste et réalisateur.

Relevé sur http://www.unifrance.org

 

Comment avez-vous eu l’idée de transposer la pièce de Florian Zeller ?


C’est la première fois que j’adapte une oeuvre préexistante : d’ordinaire je travaille toujours sur des sujets originaux. Je développais un scénario depuis presque un an, c’est toujours long et compliqué d’écrire dans la solitude, et puis j’ai découvert Le Père, la pièce de Florian Zeller, au théâtre. J’ai été immédiatement séduit par l’originalité de la construction. La pièce s’ouvre sur un père et sa fille qui dialoguent sur la scène pendant une quinzaine de minutes, dans une atmosphère de comédie assez légère. Il y a un noir, on passe à la scène suivante, et on retrouve le même personnage du père avec sa fille… mais cette fois elle est jouée par une autre comédienne. On se demande alors si la première actrice était sa fille ou pas, on éprouve un doute sur la réalité du personnage qu’on vient de voir. On est dans la confusion, on hésite, et peu à peu on découvre que le héros de la pièce perd la mémoire ! Florian Zeller nous fait entrer dans la tête de son héros. Au théâtre, le point de vue est toujours celui du spectateur et là Zeller réussit à adopter un point de vue subjectif... C’est un formidable tour de force théâtral.

 

Comment avez-vous développé le scénario avec Jérôme Tonnerre ?


Il ne s’agissait en aucun cas de filmer une captation améliorée. Mes producteurs, Jean-Louis Livi et Philippe Carcassonne, nous ont encouragés à nous éloigner de la forme théâtrale, et Florian Zeller nous a lui-même poussés dans ce sens. Au cinéma, le champ-contrechamp installe immédiatement la subjectivité du héros. Il suffit de passer du regard du personnage à ce qu’il voit pour installer le point de vue Il fallait donc trouver un autre principe de récit, et proposer un espace différent de celui de la pièce. Nous avons cherché dans plusieurs directions et c’est Jérôme Tonnerre qui a trouvé le déclencheur en imaginant le personnage dans un avion. Sans doute parti pour un ultime voyage, un aller sans retour. Où va-t-il ? Que va-t-il trouver au bout du chemin ? Ce voyage nous donnait une ligne directrice, en écho à la trajectoire d’un film. Rien n’est plus cinématographique évidemment qu’un personnage qui voyage d’un endroit à un autre. Je précise que ce voyage n’a rien d’imaginaire, ou de rêvé, même si le déroulement du récit apparaît, disons, comme un processus "mental" : on est dans la tête d’un homme. Rapidement, on s’est dit que cet homme aurait un but, une idée fixe : aller rejoindre sa fille qui habite en Floride.
Du coup, on ne traite pas la partie "médicale" du dossier, les symptômes de la perte de mémoire. Je ne voulais pas brosser la chronique d’une maladie. Pour moi le film, c’est l’histoire d’un homme qui va voir sa fille en Floride…

 

Il a une autre fille avec laquelle il est plutôt rude...


Il idéalise la fille cadette partie à l’autre bout du monde et qui lui envoie une carte postale tous les six mois ; alors que l’aînée qui passe le voir quatre fois par semaine et s’occupe de tout pour lui, est rudoyée en permanence. Tout le monde a observé cette injustice d’un père ou d’une mère qui n’aime pas ses enfants de la même façon. C’est une situation cruelle bien sûr, mais il y a aussi quelque chose de comique tant la mauvaise foi peut être grande. Ce mélange de cruauté et d’humour installe la tonalité du film…

Comment avez-vous eu l’idée de confier le rôle principal à Jean Rochefort ?


Le désir de travailler avec Jean était une de mes motivations de départ. J’avais envie de le voir revenir au cinéma et de lui offrir un rôle à sa mesure, ou devrais-je dire à sa démesure. Ce rôle du "père" a quelque chose de shakespearien. Mais il y a aussi la possibilité de la fantaisie et de l’humour. Jean est un acteur total qui incarne ces deux facettes. Il a la liberté qu’on lui connaît dans les comédies d’Yves Robert ou de Philippe De Broca, avec cet oeil frisant et cette malice ; et puis il y a la part sombre, la dureté, et même une certaine violence. Je pense à Un étrange voyage d’Alain Cavalier, et surtout au Crabe-Tambour de Schoendoerffer où il impose une stature austère et inquiétante. Rochefort autorisait dans sa nature même de comédien ce mélange des
tons et des genres.

 

S’est-il laissé facilement convaincre ?


Pas tout à fait. À sa première lecture du scénario, il nous a dit qu’il était "au bord du consentement", mais il ne disait pas oui pour autant. Il a eu cette formule dont il a le secret : "Je vous propose de secouer le pot-au-feu". Jean pensait que le traitement était dans une tonalité trop tendre et douce-amère. Contre toute attente, il nous a suggéré d’aller plus loin dans la violence du personnage. Jean a observé des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer et il a vu à quel point la confusion mentale engendre une forme d’agressivité.

 

Floride - Jean Rocheford

 

Pouvez-vous donner un exemple de ces suggestions proposées par Jean Rochefort ?


Souvent, un acteur a tendance à protéger son image et à rendre son personnage plus attachant, plus "sympathique". Au contraire, Jean nous a invités à assumer la violence par souci de vérité. Par exemple, son personnage se rend dans un cimetière où il aperçoit la femme et le fils d’un homme qui l’a trahi : Jean a suggéré qu’il leur jette des pierres ! Plus tard, le personnage de Sandrine Kiberlain raconte qu’elle a vu son père uriner sur une voiture devant le conducteur qui n’en croyait pas ses yeux. Jean tenait à ce qu’on montre la scène. Je lui disais : "Enfin tout de même, vous n’allez pas vous déboutonner devant la caméra… "
Mais il y tenait absolument. On a donc tourné la séquence : pisser sur une voiture, c’est un geste de colère pure, c’est vraiment la haine du monde. Jean a ajouté une autre dimension : à un moment, la conscience lui revient, son visage se délite, il tombe dans un gouffre intérieur. Il a joué cette scène au-delà de tout ce qu’on pouvait imaginer…

Sandrine Kiberlain incarne la fille mal-aimée de son père…


Floride - Sandrine KiberlainPour jouer ce couple père-fille, il fallait des comédiens qui soient vraiment complices dans la vie. Sandrine Kiberlain et Jean Rochefort se connaissent depuis plus de quinze ans, puisque le père de Sandrine avait écrit une pièce dont le rôle avait été proposé à Jean. Pour des questions de dates, le projet ne s’était pas fait, mais une amitié s’est créée à ce moment-là.

 

 

Ils ont en commun un beau regard clair, quelque chose d’anguleux dans le visage… Mais surtout il y a chez tous les deux un non-conformisme, une fantaisie, un goût de la liberté… dans les choix-mêmes qu’ils font de leurs rôles. Sandrine l’a démontré ces derniers temps : elle se déploie avec une amplitude impressionnante. C’est ce qui me touche dans sa trajectoire : tout d’un coup, une actrice coïncide avec le désir des cinéastes et celui du public. J’aime chez Sandrine sa capacité à camper un personnage qui reçoit des coups et qui ne les rend pas. Carole a une dimension sacrificielle, mais ce n’est pas non plus une victime passive.Floride - Sandrine Kiberlain

 

C’est par choix qu’elle entretient le leurre de son père, elle le protège jusqu’au bout, ce qui fait d’elle une vraie héroïne. Dans Les Femmes du 6ème étage, elle interprétait la femme délaissée de Fabrice Luchini, mais elle gardait sa lucidité. Ici, son personnage est ancré dans la réalité : elle a un fils, elle dirige une usine de carton, c’est une femme qui se bat toute seule.

 

 

Elle fait une rencontre amoureuse qui la porte, mais qui va être pulvérisée par la présence du père…

 

Laurent Lucas interprète son compagnon.


Floride - Laurent LucasEn effet, j’avais travaillé avec lui dans un film pour la télévision où il jouait Boris Vian. Je le vois comme quelqu’un de solaire et de terrestre alors qu’on lui propose souvent des rôles angoissants, de manipulateurs. Il a une belle présence physique, il forme un couple attachant avec Sandrine. Il incarne le rempart qui se dresse entre le père et la fille, il la protège avec douceur, il comprend ce qui se passe. Mais il n’arrivera pas à desserrer ce noeud…

 

Et Anamaria Marinca ?


La garde-malade est originaire des pays de l’Est, comme ça se passe souvent dans la réalité. Je ne savais pas trop si je devais prendre une Bulgare, une Tchèque ou une Roumaine… Et puis Anamaria m’a envoyé un petit essai avec un tel charme et une telle intelligence que j’ai eu un vrai
coup de foudre. Bien sûr je l’avais déjà trouvée formidable dans 4 mois, 3 semaines, 2 Jours.
Tout au long du tournage, nous avons enrichi les scènes, avec la complicité de Jean. Par exemple, il y avait un piano dans la maison et elle a improvisé le moment où elle joue. Il y avait dans la maison où nous avons tourné une véranda un peu tchékhovienne et j’ai imaginé une scène entre Jean et elle, à la tombée du soir. Anamaria installe une aura romantique autour de Claude. Avec son petit blouson en jean, elle donne vie à ce personnage et devient un peu le dernier amour de cet homme. On était tous conquis par sa joie et son intelligence. Pour moi, c’est le cas exemplaire d’une actrice qui s’empare d’un rôle et lui donne une envergure insoupçonnée.

 

Floride - Sandrine Kiberlain, Jean Rochefort et Anamaria Marinca

 

La maladie du père permet d’évoquer un rapport au temps qui n’est plus linéaire et qui offre davantage de liberté narrative.


Il y a trois temporalités dans le film : le voyage en Floride, les deux mois qui précédent ce voyage et qui nous renseignent sur le personnage de Claude. Et puis il y a ces bouffées de mémoire qui sont comme des images mentales. Des images liées à des sensations, à des souvenirs enfouis. Par exemple, quand on enflamme une meule par accident ; quand on regarde, transi, sa mère en train de jouer du piano; ou, pendant la guerre, quand on éprouve un sentiment confus de menace. Tout cela instaure un paysage mental et sensoriel qui enrichit le personnage de Jean. J’aime ces images impressionnistes qu’on retrouve dans le cinéma d’Alain Resnais et tout particulièrement Mon oncle d'Amérique. Il suffit d’un rideau qui frémit dans un souffle de vent pour installer une rime visuelle et lier le présent et le passé…

 

Claude, campé par Jean Rochefort, perd toutes ses inhibitions…


La perte des inhibitions est un grand thème propre à la vieillesse.
En vieillissant, on se détache de la norme et de ce que pensent les gens.
On n’a plus rien à perdre à tout oser. On se rapproche aussi de l’enfance qui témoigne du même manque d’inhibitions. Claude a un but : il ne veut pas que son meilleur ami, dont il pense qu’il l’a trahi, soit enterré dans son cimetière. Cet objectif l’active et l’anime, même s’il s’agit d’une finalité
absurde qui n’a rien de concret. Et puis il y a aussi son obsession priapique : Claude se renseigne sur la sexualité des gens, que ce soit la gouvernante ou son petit-fils. Il a une curiosité qui n’est pas scabreuse, mais qui est de l’ordre de la célébration de la vie. Je voulais que le personnage digresse vers des obsessions qui témoignent d’un enracinement dans la vie. Là encore, Jean Rochefort transforme tout par sa poésie et sa truculence.

Pourquoi avez-vous tourné près d’Annecy ?


Je tenais à situer le film en province et à ne surtout pas faire un film urbain et parisien. Je voulais de l’espace, des lacs, et des montagnes, tout en étant conscient que le personnage de Claude ne partirait pas en randonnée ! Annecy apportait l’air, l’eau et l’espace. Même s’il n’y a que quelques scènes près du lac, la lumière laisse libre cours à l’imaginaire.

 

Le décor de l’usine est un rappel de votre film Trois huit


J’avais visité une cartonnerie dans mes repérages de Trois Huit et j’ai eu envie de retrouver ce décor. Du coup, je me suis dit que Claude pouvait avoir dirigé une usine dans le passé. Quand on le voit y retourner, il est comme un roi déchu qui revient dans son fief, il ne comprend plus les nouvelles façons de travailler. Il y a une puissance des machines, c’est un univers réaliste, mais qui suggère aussi un paysage intérieur. La lumière bleutée du décor, les volutes de vapeur, le vacarme assourdissant donnent l’impression du royaume des ombres. C’est Orphée qui vient chercher sa fille aux Enfers…

 

Comment avez-vous travaillé la lumière ?


Floride - Sandrine KiberlainPar les choix des décors, comme la maison ou cette usine dont je viens de parler, des choix de style s’imposaient. Avec Jean-Claude Larrieu mon chef opérateur, nous voulions compenser la violence de la perte de mémoire par une image chaude et chatoyante. Il y a des couleurs tout le temps, dans la présence des lampes orangées, ou par les couleurs vives des costumes.

 

 

On associe souvent la vieillesse au gris et au terne. Dans la vie, Jean Rochefort s’habille avec une palette très colorée et on a surenchéri dans ce sens. Avec Elisabeth Tavernier qui a créé les costumes, nous avions l’image de David Hockney en tête, célèbre pour ses tenues vestimentaires acidulées. D’ailleurs, on a fait fabriquer pour Jean les mêmes lunettes que celles du peintre anglais…

 

Vous retrouvez Jorge Arriagada pour la musique…


Jorge avait composé la musique de mon premier film Les Deux Fragonard. Je l’ai retrouvé pour Les Femmes du 6ème étage et Alceste. J’aime dans sa musique sa dimension à la fois joyeuse et mélancolique. Je suis sensible aux phrases mélodiques qu’on peut chanter en sortant de la salle. La musique devait être un prolongement émotionnel du personnage, sans trop accentuer sa confusion mentale. Au départ, je pensais à des effets de cordes ou de cuivres, des choses déconstruites. Et puis je me suis rendu compte que la musique devait nous faire entrer dans la rêverie du personnage de Jean Rochefort.

 

Il chante une chanson de Jean Sablon,"Puisque vous partez en voyage"…


C’est une des coïncidences magiques d’un tournage. Je voulais un moment de complicité entre Claude et sa fille, et sur le plateau, Jean a proposé cette chanson. C’est seulement après coup que je me suis rendu compte que cela faisait écho avec le thème du voyage en Floride. Cette destination du voyage nous est venue presque par hasard, puis elle s’est déclinée peu à peu en plusieurs motifs. Il y a la voiture Floride, le jus d’orange, il y a Miami et les palmiers… La Floride devient cet endroit mythique où on est protégé, où plus rien ne peut vous atteindre. C’est le lieu de l’apaisement, où tout ce qui vous fait violence dans la vie cesse de vous faire mal. Au fond, la Floride, c’est un peu la salle de cinéma, un écran-écrin où l’on peut rêver, où ceux qu’on aime sont à jamais avec vous…

 

Pour lire la suite du dossier de presse, cliquez ICI !

 

Floride - Sandrine Kiberlain et Jean Rocheford

Mon opinion

 

Dans cette adaptation de la pièce de Florian Zeller, multi récompensée tant en France qu'a l'étranger, le réalisateur montre la cruelle réalité de la vieillesse quand la maladie vient s'ajouter à l'âge, entraînant avec elle, dépendance, fragilité et incohérence.

 

La réalisation trop démonstrative de Philippe Le Guay reste très sage et conventionnelle. Des flashbacks inutiles accentuent la faiblesse de scénario et finissent par plomber le récit.

 

Un riche bourgeois perd peu à peu tous ses repères. L'aisance financière de la famille permet plusieurs choix entre la maison spécialisée ou une aide à domicile permanente.

 

Un certain humour et des dialogues adéquats ajoutés à quelques situations cocasses imposées par le comédien donnent à Jean Rochefort toute liberté pour laisser éclater toute sa fantaisie.

 

Anamaria Marinca dans une participation, aussi courte soit-elle, apporte un vent de fraîcheur dans une atmosphère plombée.

 

Sandrine Kiberlain déploie toutes les facettes de la grande comédienne qu'elle est. Dans ce rôle de fille aimante et dévouée, au point de se perdre elle-même, elle passera de la tristesse à une certaine colère. Une incroyable patience laissera place à une résignation forcée, mais toujours dans une grande douceur et une profonde sensibilité.

 

Elle illumine le film de bout en bout et lui donne, par sa seule présence, un réel intérêt.

1 août 2015 6 01 /08 /août /2015 14:00

 

Umberto D 

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Réalisé par Vittorio De Sica

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Avec Carlo Battisti, Maria-Pia Casilio, Lina Gennari,

Ileana Simova, Elena Rea, Memmo Carotenuto
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Production Italienne

 

Genre  Drame
 

Année de production : 1952

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Synopsis :

 

Dans les années 1950 en Italie, un professeur à la retraite, Umberto Domenico Ferrari (Carlo Battisti), ne parvient plus à subsister. Sa pension de fonctionnaire, il a été enseignant toute sa vie, est misérable.

 

Umberto D

 

 

 

Avec d'autres retraités aussi démunis que lui, il participe à une manifestation de protestation aussitôt dispersée par la police.

 

 

 

 

 

 

 

Umberto D. (cette lettre unique symbolise l'anonymat du personnage) habite, avec son chien Flike, une chambre meublée que lui loue une propriétaire aisée mais intraitable (Lina Gennari). Pour cela, il doit se démunir petit à petit de tout ce qui lui tient à cœur. Il se lie d'amitié avec la jeune bonne à tout faire de la maison (Maria-Pia Casilio), paysanne égarée dans la grande ville, enceinte d'un militaire dont elle ignore l'identité.

 

Umberto D

Accompagné de son chien, le vieillard passe ses journées à rassembler un peu d'argent pour payer les mois de loyer de retard que lui réclame sa logeuse... Malgré ses efforts, il ne parvient toujours pas à rembourser ses dettes. Il se prétend alors malade, et parvient à dormir gratuitement à l'hôpital.

 

 

 

 

De retour dans sa chambre, il s'aperçoit qu'elle est en train d'être transformée en salon et que son chien est absent. Il part à sa recherche et le retrouve dans un chenil proche. Umberto demande alors à ses connaissances de lui prêter de l'argent, mais toutes feignent d'être pressées. Ces refus obligent le vieil homme à envisager quelque chose de terrible pour lui, la mendicité. Mais un sursaut de respect humain l'empêche d'accepter l'aumône.

 

Ses anciens amis, indifférents à sa détresse parce que préoccupés de leurs propres problèmes, ne lui sont d'aucun secours.


Sans maudire, toujours correct et digne, Umberto D. finit par se résoudre au suicide. Debout entre les rails du chemin de fer, il attend le passage du train. Mais son chien Flike épouvanté, lui échappe des mains et, par là-même, lui sauve la vie.

Dans un jardin public, des enfants jouent insouciants et apparemment heureux. Umberto essaie, lui aussi de jouer avec son chien, devenu méfiant.

   
Une longue restauration

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Très abîmé, le négatif du film a fait l'objet d'une longue et très minutieuse restauration par la société italienne Mediaset, déjà à l'origine de la restauration du Jardin des Finzi-Contini du même réalisateur. Après plus d'une année de travail, le film, présenté dans une nouvelle copie, a été projeté à Milan, Rome et New York, en 1999.

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Quatrième collaboration

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Umberto D. marque la quatrième collaboration entre le réalisateur Vittorio De Sica et son scénariste Cesare Zavattini, depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale.

 

Le duo avaient notamment travaillé ensemble sur Le Voleur de bicyclette, Sciuscia et Miracle a Milan, d'immense succès critiques et publiques.

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Tous les acteurs du film, y compris Carlo Battisti qui joue le rôle-titre, sont non professionnels.

 

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Un échec sans appel


Umberto D. a été un échec sans appel au box-office italien, bien que le film ait récolté d'élogieuses critiques dans le monde, ainsi que des récompenses, dont celle du Meilleur film de l'année, décerné par l'influent New York Film Critics Circle.

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L'une des raisons de son échec fut la violente campagne menée contre lui, et jusqu'à sa sortie, par le politicien et journaliste Giulio Andreotti, dans le quotidien Libertà, l'organe officiel du Parti Démocrate Italien, alors au pouvoir en place.

 

En 1949, Andreotti a été l’auteur d’une loi concernant l’industrie du divertissement, permettant de ralentir la pénétration du cinéma américain, tout en atténuant l’expression du néoréalisme en Italie. La loi Andreotti a établi des limites aux importations de films, des quotas sur les écrans, et a permis d’octroyer des prêts aux sociétés de production italiennes. Cependant, pour recevoir un prêt, un comité dépendant du gouvernement devait approuver le scénario, favorisant ainsi les films apolitiques, tandis que des licences d’exportation étaient refusés aux films susceptibles de donner une mauvaise image de l’Italie.

 

Cette loi a ainsi créé une censure en amont de la production en Italie.

 

Le film Umberto D, de Vittorio de Sica, qui dépeint la vie solitaire d’un retraité, était considéré comme un film dangereux par le comité à cause d’une scène d’ouverture montrant des policiers briser une manifestation de retraités, et de la scène finale montrant la tentative de suicide avortée d’Umberto.

 

Dans une lettre publique à Vittorio de Sica, Andreotti a fustigé le réalisateur pour son "misérable service rendu à la patrie".

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Les propos dénigrants d'Andreotti trouvèrent également écho au sein du tout puissant Parti Communiste Italien, tandis que le film se retrouvait privé de tout soutien financier du gouvernement.

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La fin du néo-réalisme


Vittorio De Sica avait délibérement choisi de réaliser les scènes d'intérieur en studio, rompant de fait avec la "charte" du néo-réalisme. En cela, Umberto D. marque la fin de la période néo-réaliste du cinéma italien, ouverte sept ans plus tôt avec Rome ville ouverte de Roberto Rosselini.

 

La production cinématographique italienne qui suivit Umberto D., évoluant au sein d'atmosphères beaucoup plus légères, avec des moeurs plus relâchées et des conditions de vie bien meilleures, valu à ce nouveau genre d'être qualifié de "néo-réalisme rose".

 

 

 

Pour visualiser un extrait du film ... Cliquez ICI !

 

Sources :

http://www.allocine.fr

http://fr.wikipedia.org

http://www.imdb.com

http://www.cineclubdecaen.com

 

Umbert D

Mon opinion

 

Quelques années après le remarquable Voleur de bicyclette, Vittorio de Sica et son scénariste Cesare Zavattini, choisissent pour ce film de mettre en lumière le destin d'un homme honnête seul et retraité, qui garde et impose comme seul trésor sa très grande dignité.

 

Cet homme, Humberto Domenico Ferrari, deviendra tout simplement Humberto D, comme pour appuyer, davantage encore, sur son immense solitude. Celle dont on ne se relève pas. Celle qui pousse à l'extrême. Isolement total d'un homme perdu dans un monde déshumanisé, orgueilleux et immoral.

 

Dès les premières images on ressent douloureusement le mépris auquel des retraités se trouvent obligés de faire face. Ils ne demandent rien de plus, que le droit de vivre dans la dignité. Étrange reflet que nous pouvons constater dans notre actualité.

 

Obligé de brader ses souvenirs pour tenter de subvenir à ses maigres besoins, mais en priorité à ceux de son chien, Flike, la triste vie Umberto D ne trouvera aucun appui chez les humains, à l'exception d'une jeune bonne à tout faire, toute aussi perdue que lui dans ce monde égoïste.

 

Un film noir et désespéré.

 

Un monde ou le paraître étouffe les plus démunis. Un environnement hostile et immoral dans lequel a dignité ne trouve plus sa place dans le regard de l'autre.

 

Le réalisateur a dédicacé ce film magnifique et bouleversant à son père.

 

Umberto D, un chef d'œuvre poignant de Vittorio de Sica. La simple histoire d'un homme seul qui trouvera un semblant de salut grâce à son chien, Flike.

29 juillet 2015 3 29 /07 /juillet /2015 08:40

 

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Réalisé par Albert Lewin

 
Avec James Mason, Ava Gardner, Nigel Patrick,

Sheila Sim, Harold Warrender, Mario Cabré,

Marius Goring, John Laurie, Pamela Mason, Patricia Raine

 
Genre Drame, Romance


Coproduction Américaine, Britannique de 1951

  
Date de reprise 28 janvier 2015  en Version restaurée


Titre original Pandora and the Flying Dutchman

 

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Échec commercial à sa sortie, démoli par les critiques le qualifiant de prétentieux, Pandora aura gagné avec le temps son statut de chef-d’œuvre, pour demeurer aujourd’hui un des plus beau représentants du genre romanesque et considéré comme un classique du septième art.

 

La photo de Jack Cardiff au technicolor flamboyant qui magnifie

les décors ensoleillés de la cote espagnole, amplifie le coté fantastique

et iconise et rend irréele chaque apparition d'Ava Gardner. 

 

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Film mythique s’il en est, Pandora demeure encore aujourd’hui unique en son genre. Un des mariages les plus réussis entre sophistication intellectuelle, esthétique flamboyante et émotion à fleur de peau.
  

Pandora va propulser Ava Gardner au sommet et le mythe de cette Vénus descendue sur terre va rencontrer une autre légende : celle du Hollandais volant sur son Vaisseau fantôme. Ava Gardner, surnommée "le plus bel animal du monde" est définitivement consacrée par ce mélodrame onirique, où elle est filmée pour la première fois en couleurs, elle démontre son extraordinaire présence sur l'écran et sa beauté impériale illumine ce mythe éternel. Ava Gardner ne s’était jamais totalement sentie intégrée à Hollywood. C’est pendant le tournage de ce film qu’elle découvre pour la première fois l’Europe et tout particulièrement deux pays qui vont marquer sa carrière et sa vie privée pour toujours, l’Angleterre et l’Espagne.

 

Fascinée d’emblée par l’Espagne elle s’y installera pendant plusieurs années, à partir de décembre 1955.

 

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"L'amour se mesure à ce que l'on sacrifie pour lui"

 

Synopsis

 

À la fin de l'été 1930, un corps est retrouvé sur la côte espagnole. L'oncle Geoffrey raconte...


Pandora Reynolds (Ava Gardner) est une belle chanteuse américaine, adulée de tous. Mettant ses prétendants à l'épreuve, elle demande à Stephen Cameron (Nigel Patrick), un pilote automobile britannique, de jeter sa voiture du haut de la falaise. En échange, elle lui fait une promesse de mariage. Intriguée par un yacht appartenant à un certain Hendrick van der Zee (James Mason), elle s'y rend à la nage.

 

Pandora - Ava Gardner 6 

 

Ce dernier n'est autre que le Hollandais volant, un marin maudit condamné à naviguer éternellement qui n'est autorisé à vivre une vie humaine que six mois tous les sept ans.

 

À moins qu'une femme n'accepte de mourir par amour pour lui...

 

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Ava Gardner et James Mason

 

Le Hollandais Volant est l'un des plus célèbres spectres de l'histoire maritime.

 

Pandora - Ava GardnerSa légende remonte au 17ème siècle et parle d'un marin condamné à errer éternellement sur les mers sur son navire fantôme entouré d'un étrange halo rougeâtre, à moins qu'une femme n'accepte de mourir par amour pour lui. Plusieurs versions sont avancées concernant l'origine de cette malédiction : pour certains, le marin aurait passé un pacte avec le Diable et payerait ainsi le prix de sa richesse et de la rapidité de son bateau; pour d'autres, c'est en prenant la mer un vendredi saint que le Hollandais Volant s'attira les foudres de Dieu; enfin, la version la plus courante raconte le destin d'un marin qui, trop fier pour vouloir renoncer à affronter une terrible tempête, y survécut et s'attira la colère du Seigneur. Mythe ou réalité, Le Hollandais Volant aurait été aperçu à de nombreuses reprises à travers les siècles, condamnant à la mort le premier marin qui l'aperçoit...

 

Le réalisateur et scénariste Albert Lewin donne ici sa propre vision de ce personnage mythique. L’extrême richesse et la profondeur de l’histoire pourraient laisser croire que le script est adapté d’un livre, or il n’en est rien, vu que tout est issu de l’imagination d'Albert Lewin, profondément investi dans l’entreprise puisqu'ici scénariste, réalisateur et producteur, suite au refus de la MGM de participer au film. Réalisateur au parcours atypique, Albert Lewin a toujours été une figure à part dans le paysage de l’âge d’or Hollywoodien.

 

Pandora---Photo-1.jpgScénario original, Pandora poursuit cette voie ambitieuse mélangeant rien moins que le mythe grec de la boite de Pandore et celui nordique du Hollandais Volant, dans une version inspirée de la relecture qu’en fit Wagner pour son opéra Le Vaisseau fantôme, d’où son nom Van Der Zee, "De la mer" en néerlandais, le tout se déroulant dans le cadre moderne des années 30. On l’aura compris, nous naviguons là dans une atmosphère très sophistiquée et littéraire, soulignée par des dialogues pleins d’emphase, où l’on sent poindre un auteur se faisant une très haute idée de ce qu’il raconte, laissant craindre un récit pompeux et abscons.

 

Albert Lewin livre un spectacle embrasé par l’amour fou et la passion, où le fond et la forme se marient avec une magie rarement égalée. Le cadre de la côte espagnole donne une Pandora---Photo-2.jpgtonalité inédite à une forme de récit plus aisément associée au fantastique gothique anglo-saxon, apportant une ambiance sensuelle de désir toute latine et méditerranéenne. Cette ambiance est véhiculée par Ava Gardner; la boite de Pandore, c’est elle, et tous les personnages masculins fous d’amour pour elle viennent s’y perdre sans espoir de retour. Indifférente et cruelle au début de l’histoire, sa beauté va en s’embellissant au fur et à mesure que le film avance et qu’elle découvre enfin l’amour aux côtés du Hollandais Volant. Ce dernier est formidablement campé par un ténébreux James Mason, dans la lignée des héros de Albert Lewin, élégant, torturé et désabusé. L’alchimie entre les deux fonctionne idéalement, entre la passion ardente de l’une et la mélancolie de l’autre, avec à la clé le plus beau et poignant dilemme qui soit, le Hollandais ne pouvant se résoudre à demander à Pandora de mourir pour le sauver de sa malédiction.

 

Pandora---Photo-3.jpgRéputé pour demander à ses comédiens un nombre impressionnant de prises pour chaque scène, Albert Lewin fit honneur à sa réputation sur le tournage de Pandora, demandant lors de certaines séquences près de 100 prises ! D’où peut-être l’élégance et la fluidité de la mise en scène, dans laquelle tous les acteurs du drame se lovent avec une théâtralité retenue. Aux côtés d’Ava Gardner, James Mason, est l’énigme devenue réalité, la juste interprétation de l’homme "invisible", qu' Albert Lewin oppose avec brutalité, au matador qui se meurt également d’amour pour la belle Pandora. Mario Cabré, hispanique jusqu’au bout de ses rêves. Au point lui aussi d’en accepter le sacrifice ultime.

 

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Les relations entre Ava Gardner et l'Espagnol Mario Cabré, qui interprète son amant le torero Juan Montalvo dans Pandora, furent des plus difficiles. La comédienne, qui explique que le comédien a confondu son rôle avec la véritable vie et le décrit comme "beau, macho et tapageur", dut affronter son amour et ses réactions souvent exubérantes.

 

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Mario Cabré et Ava Gardner

 

La cause de cet enfer : elle se laissa aller et fit trop la fête avec lui un soir, et se réveilla dans sa chambre... Ainsi, l'imaginant comme "sienne" après cette soirée, Mario Cabré fanfaronna sur les plateaux, clamant qu'il avait remplacé Frank Sinatra dans le coeur de l'actrice. Une situation amusante au départ, qui devint rapidement insupportable et difficile à gérer. La situation resta des plus tendues jusqu'à la fin du tournage, après quoi Ava Gardner ne le revit plus jamais.

 

Ava Gardner devient une source d’inspiration pour Mario Cabré, le très éclectique acteur, poète et torero, qui lui consacra de nombreux vers et recueils de poésie, consternants selon certains.

 

 

Les producteurs britanniques du film le décrivaient comme "un brun authentique avec des yeux de toro". Ava Gardner, dans ses mémoires, l’estoque en quelques phrases cruelles. Mario, "un bel homme macho" mais "un emmerdeur espagnol", "un empoisonneur de première" qui faisait sa propre promotion, sur son dos, si on peut dire, et clamait haut et fort que Frank Sinatra, fiancé d’Ava à l'époque, ne sortirait pas d’Espagne vivant s’il s’avisait d’y venir.  

 

On a prêté à Mario Cabré d’innombrables maîtresses dont Irène Papas ou Yvonne de Carlo, qui tombera aussi dans le lit de Luis Miguel Dominguín, son rival sur la piste ou entre les draps.

 
Selon Ava Gardner, Albert Lewin a quitté de son propre chef la puissante MGM pour pouvoir diriger ce film non-commercial que les producteurs auraient refusé de financer. Toujours selon les propres dires de l'actrice, le réalisateur aurait demandé comme prime de départ le... prêt d'Ava Gardner, alors attachée au studio !

 
Pandora marque la seconde collaboration entre Ava Gardner et James Mason, après Ville haute, ville basse en 1949. Ils se donneront la réplique à deux autres reprises : dans Mayerling en 1968, et dans le téléfilm historique en plusieurs parties A.D. en 1985.

 

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James Mason                                             Mario Cabré

 
Pandora a été principalement tourné en Espagne, dans la petite ville de Tossa del Mar sur la Costa Brava. Certains extérieurs ont été filmés à Londres.
  

 

 

Sources :

http://www.allocine.fr

http://www.imdb.com

http://www.cinemastrikesback.com

http://www.iletaitunefoislecinema.com

http://www.toutlecine.com

http://ava-gardner.blogspot.fr

http://www.lheuredelasortie.com

http://www.liberation.fr

http://www.dvdclassik.com

Mon opinion

 

Voir et revoir.

 

La légende du Hollandais volant prend dans ce film toutes les couleurs d'un rêve magnifique. La photographie de Jack Cardiff se noie avec une certaine violence dans le bleu, le rouge sang, le vert, l'or, tout en voulant magnifier des décors intemporels.

 

Notre imaginaire s'envole dans un environnement qui, aujourd'hui, semble complètement désuet. Le jeu appuyé de certains acteurs peut faire sourire. Qu'importe.

 

Pour donner vie à ce mythe le réalisateur offre à Ava Gardner un écrin dans lequel chacune de ses apparitions la rend de plus en plus éblouissante. Celle qui fut dénommée "le plus bel animal du monde" retrouve le troublant regard de James Mason.

 

Un couple magnifique pour un film baroque, intemporel et inoubliable.

 

Welcome

 

"Le bonheur est la chose la plus simple,

mais beaucoup s'échinent à la transformer

en travaux forcés !"

 
François Truffaut

 

 

 

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