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27 juin 2015 6 27 /06 /juin /2015 13:52


Date de sortie 24 juin 2015

 

Une seconde mère


Réalisé par Anna Muylaert


Avec Régina Casé, Michel Joelsas, Camila Márdila,

Karine Teles, Lourenço Mutarelli, Helena Al Bergaria


Genre Drame

 

Titre original Que Horas Ela Volta ?


Production Brésilienne

 

Une pluie de récompenses pour Que Horas Ela Volta ? Cliquez ICI !

 

Anna Muylaert

Née en 1964, elle a étudié le cinéma à l’université de Sao Paulo. Elle devient d’abord critique de cinéma avant de rejoindre une émission télévisée en 1988. Elle participe également à la création et au lancement de plusieurs émissions et séries pour les enfants. Elle passe à la réalisation dans les années 90 et rencontre son premier succès avec les courts métrages A Origem dos Bebês Segundo Kiki Cavalcanti puis Rock Paulista.

 

Déclaration de la réalisatrice.

"J’ai commencé à écrire le scénario il y a plus de 20 ans. Je venais d’avoir un bébé et je prenais tout juste conscience de ce que voulait dire "élever un enfant", de ce que représentait cette tâche, de sa noblesse en quelque sorte. Je réalisais alors à quel point cela était déprécié dans la culture brésilienne. Autour de moi, du moins dans le monde dans lequel j’évoluais, les gens préféraient le plus souvent confier leur enfant à une nounou qu’ils installaient chez eux, dans leur maison, plutôt que de s’en occuper eux-mêmes. Or ces nounous avaient elles-mêmes des enfants qu’elles avaient dû confier à quelqu’un d’autre afin de pouvoir s’acquitter de leur travail et s’intégrer dans un tel dispositif. Ce paradoxe social m’est apparu comme l’un des plus frappants au Brésil car ce sont toujours les enfants qui en sont les grands perdants tant du côté des patrons que des nounous. En fait, il y a un problème majeur dans le fondement même de notre société : l’éducation. Celle-ci peut-elle réellement exister sans affection ? Cette affection peut-elle s’acheter ? Et, si oui, à quel prix ?"
 

 

Regina Casé & Michel Joelsas - Que Horas Ela Volta?

 

Regina Casé et Michel Joelsas

 

Synopsis


Depuis plusieurs années, Val (Regina Casé) travaille avec dévouement pour une famille aisée de Sao Paulo, devenant une seconde mère pour le fils,  Fahbino (Michel Joelsas). Une épaule, une confidente, aussi.

 

Pour pouvoir travailler, Val a délaissé Jessica (Camila Márdila), sa propre fille restée dans le Nordeste, sa région d'origine. Bonne élève, Jessica s'apprête à intégrer l'université.

 

Mère et fille vont se retrouver mais un fossé s'est irrémédiablement creusé entre elles. Jessica s'installe chez les employeurs de Val, peu accueillants, surtout Barbara (Karine Teles) la mère de famille.

 

Barbara a beau répéter que Val fait partie de la famille, et éprouver une certaine affection à son égard, elle reste malgré tout une domestique, et se doit d'être corvéable à merci. Pareil pour le père (Lourenço Mutarelli), tout aussi condescendant.

 

Chacun sa caste, chacun sa place, même si personne ne se l'avoue.  

 

Jessica ne comprend pas sa mère, qui l'empêche par exemple de plonger dans la piscine. Jessica juge sa mère trop servile... Son irruption va bouleverser le quotidien tranquille de la maisonnée…

 

Sources :

http://www.art-et-essai.org

 

Régina Casé

 

Au Brésil, tout le monde connaît Regina Casé. C'est une star.

 

L'actrice mène, en parallèle, une carrière au cinéma et à la télé (dans la série La cité des hommes), où elle participe également à des émissions pour enfants.

 

Elle interprète dans ce film le rôle de Val.  

 

La participation de la comédienne Regina Casé au tournage n'a pas été chose facile. Pourtant, elle et la réalisatrice ont parlé du rôle pendant cinq ans avant de passer à l'action. Elles avaient chacune un grand désir de travailler ensemble. Compte tenu de sa grande notoriété et de son emploi du temps très chargé, Regina n'a pu se libérer qu'une semaine avant le tournage. Anna Muylaert a donc décidé de mettre directement les actrices en situation : "Je les ai réunies, elle et Helena Albergaria (qui joue Edna), une après-midi entière pendant trois heures et je leur ai demandé de faire un gâteau, de le cuire et ensuite de nettoyer la cuisine. Je trouvais que c’était le meilleur moyen de préparer leurs rôles et de voir ce qu’elles pouvaient apporter d’elles-mêmes aux personnages."
 

Le tournage a duré un mois. Regina Casé n'avait que très peu de temps disponible. Pourtant, sa présence a donné au film une toute autre dimension, sa célébrité étant susceptible d'attirer un public plus large.

 

Bien que Regina Casé connaisse son texte par coeur, elle a choisi de le jouer en utilisant ses propres mots à chaque fois, ce qui n'a pas dérangé la réalisatrice, bien au contraire : "Elle improvisait tout en restant très proche du scénario."

 

Regina Casé et Camila Mardila ne se connaissaient pas avant le tournage : "Je les ai installées de chaque côté d’un grand drap noir et je leur ai proposé de retracer ensemble les dix ans au cours desquelles Val n’a pas vu sa fille : une sorte de conversation imaginaire qui allait ensuite enrichir leurs personnages. J’avais écrit une trame qui servait de base à l’exercice, ensuite j’allais et venais entre elles deux leur demandant à chaque fois de réagir et de rebondir. À la fin de cette journée, quand j’ai enlevé le drap, elles sont tombées dans les bras l’une de l’autre. Leur complicité se retrouve à l’image", explique Anna Muylaert.

 

Val et Jessica incarnent deux générations différentes au Brésil.

 

La première respecte les traditions anciennes et accepte d'être considérée comme une "citoyenne de seconde classe" comme lui reproche sa fille. Jessica elle, est plus libre, assume ses opinions et revendique son statut de citoyenne plutôt que de le subir.

 

Ces deux femmes sont donc le reflet d'un Brésil en pleine mutation, une personnification assumée et voulue par la réalisatrice.

 

Que Horas Ela Volta ?

 

Regina Casé et Camila Mardila

Anna Muylaert a beaucoup modifié son scénario au fil des années. D'abord concentrée sur la relation employeur/nounou et ce dans un style plutôt imaginaire, elle adopta par la suite un style plus réaliste, sans pour autant tomber dans les clichés. Puis, en écho à la situation politique du pays, alors en pleine mutation, elle choisit de mettre en exergue les changements notables de la société brésilienne.

 

La réalisatrice avance : "En 2013, au moment où le film entrait en production, je me suis finalement rassise à mon bureau et j’ai réécrit le scénario de manière à rendre compte des changements et des débats intervenus dans la société brésilienne. Au lieu d’être seulement gentille et malchanceuse, et donc un peu cliché, la fille de la nounou était dotée désormais d’une personnalité suffisamment forte et noble pour affronter les conventions sociales en vigueur et ainsi tourner le dos à un passé colonial."

 

Avant de tourner, Anna Muylaert a pour habitude d'avoir chaque scène en tête. La cinéaste fait même des maquettes qu'elle appelle "demofilmes" afin de présenter une esquisse de son projet : "Concrètement, avant de démarrer un tournage où je sais que nous serons au moins une soixantaine de personnes chaque jour sur le plateau, je filme en vidéo chaque plan dans les décors même de l’action avec l’aide des comédiens et d’un seul assistant. Cela me prend une journée, c’est un travail rapide et spontané, mais je sais ensuite quelle sera la forme définitive du film."

 

Que Horas Ela Volta ? - Régina Casé

 

Regina Casé

Mon opinion

 

Déjà multi récompensé, Une seconde mère est le quatrième long-métrage de la réalisatrice. Le premier à être diffusé en France.

 

Au travers d'un scénario fouillé, parfaitement écrit, un rien cruel mais sans manquer d'humour, la scénariste et réalisatrice Anna Muylaert offre un magnifique portrait de femme interprétée par une grande Artiste, star en son pays. Je la découvre dans ce film.

 

Incroyable et magnifique Regina Casé. De toutes les scènes son charisme balaie quelques petites longueurs qui n'enlèvent rien à l'intérêt de ce film qui, je le souhaite, sera vu par le plus grand nombre.

 

Tout au long de cette Seconde mère se dégage une belle et profonde émotion.

 

À la fois délicate et dénonciatrice d'un système, toujours d'actualité au Brésil, la mise en scène, impeccable, met en avant la vie de ces femmes obligées d'élever des enfants de familles aisés, pour gagner leur vie et ce, au détriment de leurs propres gamins. Sans les abandonner pour autant.

 

"L'égoïsme est devenu une structure de pouvoir, de corruption" a déclaré la réalisatrice.

 

Quelques scènes, entre la riche propriétaire, fardée à outrance, et la jeune fille de l'employée de maison, resplendissante de naturel, démontrent parfaitement la cruauté de la situation. On peut relever un semblant de bienveillance, d'attachement aussi, mais mêlé de mépris, de la classe privilégiée envers ceux qui travaillent à leur service.

 

Pour combien de temps ?

 

"Comme quoi le pays est vraiment en train de changer" entend-on dans les dialogues.

Une seconde mère "Que Horas Ela Volta ?"
Une seconde mère "Que Horas Ela Volta ?"
Une seconde mère "Que Horas Ela Volta ?"
27 juin 2015 6 27 /06 /juin /2015 13:30


Date de sortie 10 juin 2015

 

Comme un avion


Réalisé par Bruno Podalydès


Avec Bruno Podalydès, Sandrine Kiberlain, Agnès Jaoui, Vimala Pons

Denis Podalydès, Michel Vuillermoz, Jean-Noël Brouté,


Genre Comédie


Production Française

 

Synopsis

 

Michel (Bruno Podalydès), la cinquantaine, est infographiste. Passionné par l'aéropostale, il se rêve en Jean Mermoz quand il prend son scooter. Et pourtant, lui‐même n’a jamais piloté d’avion…

 

Un jour, Michel tombe en arrêt devant des photos de kayak : on dirait le fuselage d’un avion. C'est le coup de foudre. En cachette de sa femme, il achète un kayak à monter soi‐même et tout le matériel qui va avec. Michel pagaie des heures sur son toit, rêve de grandes traversées en solitaire mais ne se décide pas à le mettre à l'eau. Rachelle (Sandrine Kiberlain) découvre tout son attirail et le pousse alors à larguer les amarres.

 

Michel part enfin sur une jolie rivière inconnue. Il fait une première escale et découvre une guinguette installée le long de la rive. C’est ainsi qu’il fait la connaissance de la patronne Laetitia (Agnès Jaoui), de la jeune serveuse Mila (Vimala Pons), et de leurs clients ‐ dont la principale occupation est de bricoler sous les arbres et boire de l’absinthe.

 

Michel sympathise avec tout ce petit monde, installe sa tente pour une nuit près de la buvette et, le lendemain, a finalement beaucoup de mal à quitter les lieux…

Comme un avion - Bruno Podalydès

 

Bruno Podalydès

Mon opinion

 

Peu familier de l'univers du cinéaste, je me suis laissé porter par cette dernière réalisation, comme dans un joli conte. Un univers particulier dans lequel les rencontres offrent quelques joyeux moments de détente grâce à des dialogues soignés, divertissants, sans prétention, parfois attendrissants.

 

Rien n'est réellement défini. Le temps ne semble plus compter et seul ce lâcher prise prend de l'importance.

 

Pour mieux se moquer du principal protagoniste, légèrement fantasque, un rien désabusé, Bruno Podalydès endosse le rôle.

 

Sandrine Kiberlain dans le rôle de l'épouse est parfaite, comme à son habitude.

La savoureuse Agnès Jaoui déploie tous ses talents. Denis Podalydès, Jean-Noël Brouté, Vimala Pons et Michel Vuillermoz, tous parfaitement à l'aise, complètent un beau casting.

 

Un autre point fort, la bande son qui accompagne parfaitement le propos.

 

Comme un avion est une sympathique flânerie flanquée d'une jolie poésie.

Entretien  avec Sandrine Kiberlain


C’est la première fois que vous tournez avec Bruno Podalydès.


Nous sommes nés au même moment ‐ lui avec Versailles Rive-Gauche et moi avec Comment font les gens ?, de Pascale Bailly ‐, et j’ai le sentiment que nos chemins n’ont cessé, depuis, d’évoluer en parallèle. Nous avons tous les deux travaillé avec Alain Resnais, par exemple. Cela a‐t‐il joué dans le fait qu’il me propose son film ? Bruno a tout de même choisi trois actrices qui ont tourné avec lui ! Pour avoir apprécié son travail sur Vous n’avez encore rien vu et aimer son cinéma, je pressentais que cela collerait entre nous.


Vous a–t‐il tout de suite offert le rôle de Rachel ?


Michel et elle forment un couple un peu idéal : même s’ils s’autorisent des parenthèses, ils sont ensemble, complices ; ils se font confiance. On sent qu’ils aiment partager leur vie.


Le film est bourré de moments savoureux, comme cette scène où Rachel accompagne Michel dans cette toute petite voiture surchargée de matériel. D’une certaine façon, elle le met au pied du mur.


Il l’amuse. Elle pourrait le freiner et le laisser pagayer indéfiniment sur le toit de leur immeuble. Elle le pousse au contraire à bouger et le jette littéralement à l’eau.

 

Il y a un côté "Club des Cinq" dans la préparation de ce périple et, pourtant, on ne doute pas une seule fois de la sincérité du personnage.


Parce que l’on n’est pas du tout dans une démarche d’efficacité destinée à faire rire et c’est ce qui est merveilleux. On croit à la folie soudaine de ce type qui se passionne pour le kayak. On ne met pas en doute qu’il se retrouve à pagayer sur un toit dans le squelette d’une embarcation, ni qu’il se suréquipe de cette façon. Je me demande d’ailleurs si Bruno ne s’est pas retrouvé un jour dans cette situation !

 

Comme un avionC’est un peu comme lorsque nous voyons des gens dans notre entourage se passionner pour des choses qui nous sont étrangères. Leur concentration et leur sérieux nous paraissent hallucinants et ça nous égaie. C’est d’autant plus drôle dans le film qu’on sent bien à quel point le couple est motivé par ce voyage : tout est hyper précis dans leur tête mais ‐et c’est que j’aime énormément‐ tout s’effectue aussi de façon très anodine.

 

Il est à peine parti sur la rivière qu’il la rappelle parce qu’il se retrouve coincé par une branche et elle trouve cela parfaitement naturel. Rachel n’est jamais dépassée par les événements, cet homme ne l’agace jamais. Il lui propose de faire une sieste ? Elle accepte. Tout est simple entre eux.


Elle subodore pourtant que l’expédition risque d’être pimentée…


Alors qu’il part sincèrement s’aérer l’esprit et profiter de la nature durant une semaine, elle se doute que le voyage sera à multiples facettes. Il a quand même embarqué son ukulélé… Mais elle n’a pas peur. Ni lui ni elle ne vivent au pays de Oui‐Oui. Ils se baratinent un peu mais qui ne le fait pas ? En même temps, aucun d’eux ne cherche à faire du mal à l’autre. J’adore ce moment où ils se quittent sur la berge et où Michel se dit à lui‐même : " Cette femme est lumineuse". Ce sont des phrases comme celles‐là, d’une vérité aussi forte, qui donnent envie de faire un film.

Derrière son apparente simplicité Comme un avion aborde des thèmes essentiels : le rapport à l’amour, au temps, à la liberté, à la modernité aussi. Quand Michel et Rachel regardent tous les deux la télévision, tout en étant chacun dans sa bulle‐ lui dans son projet de kayak, et elle, plongée dans une série ‐, on est au coeur du couple d’aujourd’hui.


Beaucoup de mes amies, fans de séries, en regardent tous les soirs à côté de leur compagnon. Cela n’empêche pas un couple d’être en harmonie et certainement pas celui qui nous concerne.


J’aime particulièrement la scène de la salle de bains, lorsqu’ils se brossent les dents en évoquant tranquillement leur sexualité : ils ne sont pas dans le même désir qu’au tout début, mais le simple fait de se parler les réunit. Ce sont ces petites touches pleines d’humour et de délicatesse qui donnent au film sa poésie et son ton, si atypique et si personnel. Mais ce qui me frappe le plus ici, c’est le côté aéré du film.

 

Comme un avion - Sandrine Kiberlain & Bruno Podalydès

 

Sandrine Kiberlain et Bruno Podalydès


C’est la première fois que Bruno Podalydès célèbre ainsi la nature.


Oui, c’est comme si l’on prenait la rivière avec lui. On est constamment à l’extérieur, dans le soleil, dans un cadre un peu champêtre, y compris lorsqu’on est à côté de Paris. Très peu decinéastes savent filmer la nature. André Téchiné ‐ avec qui je suis en train de tourner Quand on a 17 ans ‐ sait le faire comme personne. Bruno la montre d’une façon peut‐être un peu plus estivale. J’éprouve, en tous cas, la même bouffée d’oxygène qu’en regardant "Les Roseaux sauvages".


Dans  "Neuf mois ferme", vous donniez déjà la réplique au réalisateur Albert Dupontel….


Et ça a été deux façons de faire très différentes. Lorsqu’il jouait, Albert avait quelqu’un pour surveiller son jeu. Ensuite, il étudiait beaucoup ce qu’il venait de faire. Bruno se lâche complètement : il est très au clair avec ce qu’il veut mais ne s’observe pas. Il est totalement dans le présent. Il fait le cadre et, pof !, il y va.


C’était sans doute très lourd ‐ il est de tous les plans et on ne se figure à quel point les scènes en kayak étaient physiques. Il lui fallait, dans le même temps, jongler avec les courants de la rivière qui n’allaient pas forcément dans le sens de mise en scène qu’il souhaitait. La météo ne s’est pas montrée favorable. Mais tout a toujours l’air simple et léger avec Bruno. On sentait qu’il était heureux.


Comment travaille‐t‐on avec lui ?


J’ai d’abord été interloquée : il me donnait l’impression de tourner comme s’il allait faire son marché ; avec une grande nonchalance. En fait, tout est déjà minutieusement préparé.

 

Comme un avionTout est écrit mais on invente ensemble. Certaines scènes ‐ celle de la salle de bains, notamment ‐ se sont carrément chorégraphiées au fur et à mesure qu’on les tournait. Il sublime son scénario. Bruno est très attaché à son équipe, toujours la même de film en film. Il travaille avec elle, au milieu d’elle. C’est très touchant de voir un metteur en scène touché par l’énergie que chacun met pour aller dans son sens.

 

Bruno est aussi quelqu’un de double. Il peut se montrer très adroit dans certains domaines ‐ il fait de la magie, par exemple ‐, mais il a un côté un peu gauche qui rend d’ailleurs ses personnages comiques et il en joue dans sa manière de mettre de scène. Même si elles sont très réfléchies, il aime que les choses n’aient pas l’air d’être contrôlées. On peut très bien penser, par exemple, que lorsque Michel enroule Laetitia dans le drap, c’est le fruit d’une maladresse. Bruno adore ces situations qui se déclenchent parce que rien ne se passe comme cela devrait ; des trucs de la vie.

 

Était‐ce douloureux de quitter le tournage au bout d’un tiers du film ?


Je n’ai jamais la notion du quantitatif quand je tourne : je m’attache d’emblée à l’histoire et à ce que mon personnage peut lui apporter. Le hasard a fait que nous avons travaillé dans l’ordre chronologique : j’ai quitté l’équipe alors qu’elle partait vers la guinguette ; en somme, j’ai laissé Bruno faire son voyage.


Les scènes que nous avions jouées ensemble lui ont donné l’idée d’une autre fin, moins gaguesque que celle qu’il avait d’abord imaginée – le couple que avions formé sur le plateau lui a fait prendre une autre direction : je trouve très émouvant ce long travelling où on les voit avancer tous les deux en parallèle ; lui sur son kayak et elle sur la berge. Ils s’inventeront sans doute d’autres parenthèses, d’autres voyages, mais ne se quitteront pas.


Rachel pourrait être une femme aimante et banale. Elle est au contraire malicieuse et piquante, le quotidien ne l’entame pas. Comment réussissez‐vous à rendre vos personnages aussi décalés ?


Je ne m’arrête pas à ce que je lis. J’essaie de leur donner du relief, Je cherche ce qui va faire d’eux de vraies personnes et à les rendre, précisément, plus déjantés. On n’est jamais seulement une femme compréhensive et lisse dans la vraie vie, on n’est jamais nette. Je voyais Rachel comme ces épouses qui, même lorsqu’elles ne parlent pas, continuent à observer leur mari pour voir ce qui se trame derrière. Je voulais qu’elle soit un peu ironique, comme une mère peut l’être avec un ado. Elle est peu dubitative. Elle n’est pas dupe, quoi ! C’est souvent en observant le metteur en scène qu’on trouve des réponses – ils n’écrivent pas ce qu’ils écrivent par hasard. Sur Les Femmes du 6e étage, j’avais remarqué que Philippe Le Guay sautillait tout le temps. J’ai pensé que sa mère, dont Suzanne, mon personnage s’inspirait, devait le faire aussi : plus j’avançais dans cette direction et plus je le sentais heureux. "C’est incroyable", me disait‐il. J’étais sur la bonne voie.


Avez‐vous discuté de ces sous‐couches avec Bruno Podalydès ?


Beaucoup de choses se dessinent en amont; dès l’étape des costumes. Je souhaitais que cette fille ait de la fantaisie alors que Bruno l’imaginait peut‐être un peu plus stricte. Il n’avait pas donné de métier à Rachel et s’était étonné que je ne lui pose pas la question. Je m’en fichais ! J’avais décidé qu’elle était orthophoniste, très féminine, plutôt coquette ; très saine. Ce n’est pas parce qu’elle a des rendez‐vous ‐ et donc une clientèle ‐ qu’elle devait obligatoirement porter un blazer et trimballer une mallette. Cet aspect réglé, nous avons construit notre Rachel ensemble, dans le plaisir du jeu.

 

Comment qualifieriez‐vous Comme un avion  ? Diriez‐vous que c’est le film de la maturité ?


Oui. Sans gommer l’enfance qui est en lui, Bruno a fait le tour des questions essentielles. Il assume ce qu’il est, avec beaucoup de recul, beaucoup de légèreté, beaucoup de pudeur.

 

Comme un avion - Bruno Podalydès & Sandrine Kiberlain

 

Bruno Podalydès et Sandrine Kiberlain

Entretien  avec Agnès Jaoui

 

Vous retrouvez Bruno Podalydès et Vimala Pons juste après avoir tourné avec eux le premier long métrage de Baya Kasmi


Coïncidence un peu truquée. Bruno et moi ne nous connaissions pas avant de tourner Comme un avion. Nous n’avions aucune scène ensemble sur le film de Baya et je ne me souviens pas l’avoir croisé sur le plateau. En revanche, je soupçonne Vimala et Baya d’avoir fait ma pub. J’ai senti son regard fixé sur moi un soir de fête de fin de tournage. Le lendemain, il m’offrait de tourner avec lui.


Qu’est‐ce qui vous a séduite dans son projet ?


Le rapport au temps : si j’étais philosophe, j’utiliserais ce film pour en parler. Cela me plaît qu’au bout d’une journée de voyage, Michel, le personnage principal, n’ait parcouru que quelques kilomètres. C’est merveilleux de se retrouver tout à coup hors de la frénésie dans laquelle nous vivons. Même le portable devient un objet de transgression. La bienveillance et la tolérance des héros en découlent : ils ne s’étonnent de rien, prennent les choses comme elles viennent, naturellement, sans mièvrerie.


Laetitia, la femme que vous interprétez, est particulièrement philosophe.


Elle n’est pas commune, elle a perdu son mari mais n’est pas spécialement déprimée. Elle vit dans ce lieu qui est, lui aussi, hors du temps. C’est quelqu’un qui a les pieds sur terre, qui est assez maternel, très pragmatique; elle avance. Je la vois comme Bruno l’a écrite, je n’ai pas eu l’impression d’avoir à composer pour aller vers ce personnage. Je me verrais bien, moi aussi, tenir un restaurant sur une petite île en Bourgogne.


Comment décririez‐vous la parenthèse amoureuse qu’elle vit avec Michel ?


"Comment j’ai pu attendre aussi longtemps ?", lui dit‐elle. C’est joli. C’est comme un voyage initiatique. C’est un vrai voyage de découvrir le corps de l’autre, savoir comment on aime être touché, ce qui nous fait plaisir ou pas ; c’est compliqué. J’ai aimé la poésie qui se dégage de ces scènes. On filme souvent si mal l’amour au cinéma, il faut de l’imagination et de la sensualité pour le faire et il me semble qu’il y en a beaucoup dans ce film.

 

De la scène du drap à celle des post‐it, Michel et elle font effectivement preuve de pas mal
d’inventivité.


Bruno, qui trouvait la première trop "cliché", a failli l’enlever. Je l’en ai empêché. Si ça, c’est un cliché, alors vive les clichés ! L’autre est tellement mignonne : c’est une idée toute simple mais qu’on n’a vue nulle part.


La scène de fellation ?


Entre nous, nous l’appelions la scène de la turlute, et j’avoue qu’à la lecture, j’étais un peu dubitative. Bruno, qui est vraiment à l’écoute de ses comédiens, était prêt à l’enlever. Au fil
du tournage, j’ai été tellement séduite par tout ce qui se passait sur le plateau que c’est moi
qui ai fini par insister : "Ah, non, on la fait !".

 

À aucun moment, il n’est question de jalousie ou d’exclusivité entre les femmes du film.


Il n’y a pas de rivalité, ce n’est jamais une femme contre une autre. On n’est pas non plus dans la crise de la quarantaine ou de la cinquantaine. Les choses se passent, point.


Il n’est pas non plus question de tristesse ou de regret. Quand Michel quitte la guinguette pour rejoindre sa femme, la fête continue de battre son plein.


Il reviendra peut‐être ; ce n’est pas si grave. C’est cela qui est agréable dans ce film : les choses ont un sens mais elles ne sont jamais pesantes. Tout est léger et tout tend pourtant vers la spiritualité.

 

Comme un avion

 

Agnès Jaoui


Vous êtes scénariste, comédienne et cinéaste, comme Bruno Podalydès. Comment travaille‐ton avec une sorte d’alter ego ?


C’est un peu comme des vacances très privilégiées. Je suis là pour jouer, je m’en fais une joie, et respecte évidemment les choix du réalisateur ou de la réalisatrice ‐ c’est lui ‐ ou elle ‐ le capitaine. Je suis solidaire.


Je connaissais le cinéma de Bruno et me sentais une complicité artistique avec lui. Elle s’est confirmée sur le plateau. C’était la première fois que je tournais avec un metteur en scène qui joue dans son film comme je le fais moi‐même dans les miens. Comme un avion m’a fait comprendre ce que des comédiens pouvaient ressentir avec moi. J’ai adoré l’expérience qui était d’autant plus particulière que nous avions beaucoup de scènes ensemble.


Racontez.


Ne nous connaissant pas, il a fallu un petit temps d’apprivoisement, puis, très vite, la sensation de compréhension mutuelle que nous éprouvions tous les deux nous a permis de chercher ensemble. Bruno me demandait souvent mon avis : ‐ "J’ai peur de le faire trop comme ci". Je l’encourageais : ‐ " Pourquoi n’essaies‐tu pas ça ?, tu n’auras pas de frustrations." La réalisatrice que je suis sait combien il est important d’avoir du choix au montage. Bruno m’a souvent écoutée. Ce qui ne l’empêchait pas de savoir très exactement ce qu’il voulait. Pour la scène des post‐it que nous évoquions plus haut, j’ai essayé un truc de charme qui ne lui plaisait pas du tout. "Ah non, sois simple !", m’a‐t‐il dit. J’ai très bien compris, c’était clair.


Est‐ce important pour vous qu’un cinéaste connaisse le métier d’acteur de l’intérieur ?


Sans chercher la performance, je pense que c’est instructif de se mettre au moins une fois à la place d’un comédien. Cela change beaucoup la vision qu’on a d’eux. Toutes les fois que je parle avec des jeunes réalisateurs ou que j’interviens dans une école, je leur conseille de jouer, ne serait‐ce qu’un jour, dans un film.


Quel genre de metteur en scène est Bruno Podalydès?


Bruno a un rapport très particulier au temps. C’est comme s’il était imperméable au stress et à la pression particulière d’un tournage. Je sortais du film de Baya Kasmi où l’ambiance était survoltée ‐ premier long métrage, pas beaucoup d’argent, etc.

 

Sur le film de Bruno, j’ai commencé par me sentir perdue, j’avais la sensation de mouliner dans le vide. Je pensais : " Mais ils sont fous ? Ils n’ont pas de pendule ? ". J’étais persuadée qu’on n’y arriverait pas. Et puis, un jour, j’ai décidé de me laisser porter par ce rythme, d’écarter mes peurs et de déposer mes armes. À partir de là, le tournage est devenu merveilleux. Je suis rentrée dans un autre espace‐temps. J’ai eu l’impression de faire l’école buissonnière, il y a longtemps que je n’avais pas autant ri sur un plateau.

 

Fait‐il beaucoup de prises ?


Un nombre incalculable, et cela participe à cette sensation de non temps que l’on ressentait. Comme toute l’équipe suit, qu’on est tous dans un grand plaisir, c’est extrêmement agréable. Moi qui ne vais jamais au combo d’habitude, j’y courais avec lui – se dirigeant lui-même, Bruno avait besoin de se voir à l’écran. J’ai retrouvé cette sensation que j’éprouvais sur les films d’Alain Resnais : l’impression de faire le film ensemble, avec un maître à bord incontestable, mais sans jamais se sentir forcé, volé ou abusé. Bruno Podalydès et lui ont beaucoup en commun : cette façon de résister au temps, une bonne éducation ‐ et le très grand non conformisme qui va avec ‐, une indicible gentillesse, comme s’ils n’exprimaient que des énergies positives. Ces deux‐là ont dû s’entendre terriblement.


Alain Resnais est très présent dans le film : Sandrine Kiberlain, Vimala Pons, Bruno Podalydès, vous‐même, avez travaillé avec lui.


Il est la personne qui m’a le plus influencée. La douceur avec laquelle Alain obtenait les choses, cette manière de mettre ses acteurs en confiance m’ont tellement plu que j’essaie tant bien que mal de la reproduire sur mes plateaux. Ce tournage avec Bruno était comme une piqûre de rappel.


Bruno Podalydès partage également ce don qu’avait Alain Resnais de créer de la drôlerie et de la poésie à partir de presque rien : un thermos bourré d’absinthe, des poupées russes auxquelles il donne des traits d’hommes…


… une tente Quechua ou un porte‐clés anti moustiques… Il n’y a pas un objet sur lequel il n’ait pas un regard poétique, pas un détail qui ne soit pensé et qui prenne sens. C’est lié à la justesse d’observation : le rire est souvent déclenché par cette faculté. C’est un humour que j’apprécie particulièrement.


Parlez‐nous de la lumière du film, extraordinairement belle.


Avant et durant le tournage, Bruno a souvent évoqué Le Déjeuner sur l’herbe et Partie de campagne, de Jean Renoir. Il voulait un film lumineux. Claire Mathon, la chef op, a tenu le pari : j’ai trouvé son oeil très précis et d’autant plus remarquable que le numérique peut rendre les films horriblement cliniques. Elle a su garder la magie et la beauté. Sur ce film particulièrement, il était important de rendre la féérie du lieu et de ce voyage. Lorsqu’on tourne en extérieurs, comme c’était le cas, on prie souvent les dieux de la météo mais, quelquefois, ils ne nous exaucent pas. Or, bien qu’il ait plu énormément l’été où nous avons tourné, le soleil est apparu chaque fois qu’on en avait besoin. Nous étions bénis des dieux.

 

Vous avez fait plusieurs parenthèses ces deux dernières années en tournant dans les films des autres. Et maintenant ?


J’écris un nouveau long métrage avec Jean‐Pierre Bacri et les chansons de mon prochain album qui sortira en novembre. Je prépare également des concerts. Ils démarreront le 7 juin au Théâtre de la Ville.

 

Comme un avion - Vimala Pons, Bruno Podalydès,  Agnès Jaoui

 

Vimala Pons, Bruno Podalydès, Agnès Jaoui

Entretien  avec Vimala Pons

 

Bruno Podalydès et vous êtes de vieilles connaissances : c’est la cinquième fois que vous travaillez ensemble.


Nous nous sommes connus en 2011 sur le tournage de J’aurais pu être une pute, de Baya Kasmi (je tombais dans ses bras dans un magasin de bricolage et le suivais jusqu’à chez lui, un sécateur à la main). On a retravaillé ensemble sur Vous n’avez encore rien vu  d’Alain Resnais ‐ j'étais Eurydice dans la pièce mise en scène par Bruno à l'intérieur du film, puis nous nous sommes retrouvés sur Adieu Berthe et avons à nouveau tourné ensemble dans Je suis à vous tout de suite, le premier long de Baya Kasmi qui sortira en septembre.


Mais ma première rencontre avec Bruno remonte à bien plus loin. Vers 18 ans, j’ai passé le concours d’entrée d’une école de comédie. J’avais une scène de cinéma à jouer : en entrant dans une librairie, je suis tombée par hasard sur le scénario de Dieu seul me voit ; je n’avais pas vu le film mais j’ai décidé de choisir un passage où Jeanne Balibar enregistre une annonce sur un répondeur. J’ai décroché le concours. Je ne connaissais rien du cinéma de Bruno, j’en suis devenue une inconditionnelle.


Quelle a été votre première réaction en découvrant le scénario de Comme un avion ?


J’ai aimé l’élan qui pousse le héros à faire une pause et à regarder sa vie de loin. Et j’ai trouvé très beau qu’il s’autorise à vivre ces trois relations différentes à l’amour. Malgré le lien qui  ’attache à sa femme, il ne s’interdit rien. Elle et lui sont compagnons de vie, on sait qu’ils se retrouveront mais tous deux savent qu’il n’y a pas un amour mais des amours, et c’est ce que le film raconte. C’est magnifique de renaître au sentiment amoureux, de sentir un regard neuf sur soi, c’est si ré‐énergisant.


Comme un avion est très singulier par rapport aux précédents longs métrages de Bruno Podalydès.


Il me fait penser au Mouvement de l'été et à Vertiges, ses premiers courts métrages, dans lesquels il se mettait en scène avec Anne‐Françoise Brillot. La simplicité du propos, sa légèreté et, paradoxalement sa densité m’évoquent aussi Les vacances du cinéaste, de Johan van der Keuken, et certains poèmes de Robert Filliou dans lesquels cet écrivain évoque sa femme et sa fille. . . Des oeuvres qui célèbrent la beauté à travers des choses très simples.


Parlez‐nous de Mila, votre personnage ?


Elle me ressemble par plein d’aspects ‐ un peu comme si la vie se mélangeait à la fiction. C’est une fille entourée de mystère, à la fois mélancolique et joyeuse. On pourrait dire qu’elle entretient une relation platonique avec Michel mais ce serait une vision grossière. Leur relation n’est pas étiquetable et cela me plaît. Pour être franche, je n’ai vraiment découverte Mila qu’après avoir vu le film fini. Je ne me pose jamais de questions avant d’aborder un rôle. C’est le montage qui crée un personnage ; pas l’acteur. Quand j’arrive sur le plateau, je fais ce qu’on me demande, je suis dans une totale addiction au présent et je n’essaie surtout pas d’oublier la présence de l’équipe technique. Peut‐être ai‐je une vision un peu particulière de ce métier ? Par exemple, quand Bruno et moi nous nous retrouvons sous la pluie et que mon personnage se met à pleurer ‐ Mila pleure chaque fois qu’il pleut en souvenir de son premier amour ‐, je crois bien davantage à l’émotion qui naît du mouvement de la caméra qui recule qu’à celle qui pourrait naître de mon jeu. C’est le travelling arrière qui fait la scène.

 

Joue‐t‐on autrement lorsque son partenaire

est également le réalisateur et le scénariste du film ?


J’avais déjà vécu ça avec Thomas Salvador sur Vincent n'a pas d'écailles. C’est très particulier et très plaisant parce qu’au lieu d’être regardée de côté, on l’est frontalement. Le metteur en scène étant imprégné du film, fatalement, la mise en jeu coule de source. On peut vraiment s’adonner à ce qui me séduit le plus : jouer avec ce qui ne va pas ‐ ce minuscule interstice qui fait qu’une porte joue, s’y glisser. C’est ce que je préfère.

 

C’est la première fois que Bruno Podalydès se donne un rôle aussi important …


De Liberté Oléron à Adieu Berthe, c’est amusant de regarder l’évolution de ses personnages. Cette fois, à l’image et hors image, il est vraiment la colonne vertébrale du film Mais ce qui me frappe le plus, c’est l’évolution de son jeu : long métrage après long métrage, il se simplifie. Il est à la fois plus léger et plus dense.


Comment dirige‐t‐il les acteurs ?


Sur J’aurais pu être une pute, c’était la première fois que Bruno était comédien sur un autre film que le sien. Certaines choses lui ont plu, d’autres l’ont bloqué et je l’entends encore me dire : "Je comprends maintenant pourquoi certaines indications paraissent incompréhensibles, pourquoi il arrive qu’on puisse se bloquer, il faudra que je m’en souvienne quand je tournerai." C’était déjà un formidable directeur d’acteur, mais le fait qu’il joue de plus en plus chez les autres l’a rendu encore plus attentif : après une prise, il ne dit jamais "C’est bien" ou "Ce n’est pas bien" ou "Fais plutôt ça". Lui, c’est : "OK, cette prise, on l’a ; maintenant que tu as fait ça, on va essayer d’aller dans cette direction." Il n’est jamais question de refaire. Cela peut paraitre anecdotique, mais c’est capital. On ne perd jamais confiance : prise après prise ‐ et il en fait beaucoup ‐, il nous donne le sentiment de construire, sans jamais perdre son but de vue.

 

Comme un avion - Vimala Pons

 

Vimala Pons

 

Vous est‐il arrivé d’improviser ?


Très rarement. D’abord, Bruno est un formidable dialoguiste et, dans la mesure où le film parle de choses très tenues, il était important de respecter sa structure et de s’en tenir au texte. En recevant le scénario, j’avais été surprise par sa simplicité. Il y avait là quelque chose de l’ordre de la ligne droite, d’un dessin très épuré. Ce n’est qu’en jouant que j’ai réalisé combien cette simplicité devenait complexe Sur le papier, par exemple, la scène où Bruno me prend dans ses bras me paraissait assez maigre. Je pensais : "C’est tout ? Ce n’est pas beaucoup !" Oui, sauf que tout est dit. Il y a, je trouve, énormément de sensualité dans ses mouvements de caméra.

 

Votre personnage apporte une bouffée de poésie supplémentaire au film. Une forme de burlesque, aussi, qu’on trouve souvent dans le cinéma muet, mais qui est aussi présente dans vos spectacles de cirque.


J’aime jouer avec mon corps, utiliser la matière et Bruno l’a senti. Mais la poésie du film vient d’abord de cette qualité qu’il a de ne pas craindre le décalage. Il n’a jamais peur d’effectuer de grands détours ; on peut croire qu’il s’éloigne de l’histoire qu’il est en train de raconter. Pas du tout : ces haltes permettent au contraire d’en éclairer son tracé.


Comment réussissez‐vous à concilier le métier d’actrice et celui d’artiste de cirque ?


Au cinéma, je suis une couleur ; au cirque, je suis un auteur. Même si le spectacle vivant reste ma colonne vertébrale, j’ai besoin de l’un et l’autre pour m’aider à vivre. En n’appartenant à aucune des deux disciplines, je m’appartiens à moi.


En 2015, on vous verra également dans L’ombre des femmes, de Philippe Garrel ; vous venez de terminer le tournage de Elle, de Paul Verhoeven. À 29 ans, vous avez une filmographie impressionnante : Jacques Rivette, Christophe Honoré, Benoit Jacquot…


… Alain Resnais, Bruno Podalydès, Antonin Peretjatko, avec lequel je vais bientôt tourner la suite de La fille du 14 juillet… J’ai beaucoup de chance : tous ces cinéastes appartiennent à des générations différentes mais ont le même souci : ils font des films qui posent des questions, ce que j’appelle un cinéma qui n’est pas certain.


D’où vous vient votre cinéphilie ?


Dès la classe de Seconde, j’ai compris qu’il était important de regarder beaucoup de films, d’être curieuse. Puis j’ai étudié l’Histoire de l’Art et j’ai passé un an à la faculté de cinéma de Saint Denis. Je trouve bouleversant de voir un auteur raconter son approche de la vie et essayer de nous la transmettre. On se sent moins seul, cela me donne le sentiment de participer à une fête permanente.

 

 

Interviews relevés sur :

http://www.unifrance.org

17 juin 2015 3 17 /06 /juin /2015 21:16


Date de sortie 3 juin 2015

 

Loin de la foule déchaînée "Far from the Madding Crowd"


Réalisé par Thomas Vinterberg


Avec Carey Mulligan, Matthias Schoenaerts, Michael Sheen, Tom Sturridge,

Juno Temple, Jessica Barden


Genre Comédie dramatique


Production Britannique et Américaine

 

Loin de la foule déchaînée est une adaptation du roman homonyme de Thomas Hardy.

 

Publié en 1874, Loin de la foule déchaînée apporte la notoriété au romancier. Il marque l'apparition dans son oeuvre de la région imaginaire du Wessex, calquée sur son Dorset natal. Publié pour la première fois en français sous le titre Barbara, au Mercure de France en 1901, Far from the madding crowd parut en Angleterre en 1874, sans nom d'auteur tant le roman était osé pour l'époque.

 

Loin de la foule déchaînée "Far from the Madding Crowd" - Carey Mulligan

 

Carey Mulligan

 

Synopsis

 

Dans la campagne anglaise de l’époque victorienne, une jeune héritière, Bathsheba Everdeene (Carey Mulligan) doit diriger la ferme léguée par son oncle.

 

Libre et indépendante, elle dirige l'exploitation avec dextérité et décide d'en assumer seule la gestion provoquant le doute et l'insatisfaction de ses ouvriers.

 

Résolue à se marier uniquement par amour plutôt que par un quelconque arrangement conventionnel, elle témoigne en plus de sa beauté d'une assurance et d'une autonomie qui séduisent rapidement le jeune, beau et honnête berger Gabriel Olak(Matthias Schoenaerts) .

 

Bahsheba va bientôt être tiraillée par deux autres prétendants.

 

 

Le riche voisin William Boldwood (Michael Sheen), et le séduisant Sergent Troy (Tom Sturridge) quelque peu farfelu.

Loin de la foule déchaînée "Far from the Madding Crowd"
Loin de la foule déchaînée "Far from the Madding Crowd"
Loin de la foule déchaînée "Far from the Madding Crowd"

L'histoire d'origine et les adaptations qui en furent tirées donnaient une place équivalente à chacun des trois prétendants de la jeune femme, le film de Thomas Vinterberg modifie quelque peu cet équilibre puisque l'accent est davantage mis ici sur la complicité entre Batsheba et le fermier Gabriel Oak, incarné par Matthias Schoenaerts.

 

Thomas Hardy fut par le passé adapté à plusieurs reprises notamment pour Tess d'Urberville qui connut plusieurs versions, cela fait un certain temps qu'une oeuvre de l'écrivain anglais n'a pas été transposée sur grand écran. En effet, si l'on écarte Tamara Drewe qui est une lointaine adaptation de Loin de la foule déchaînée, le dernier film marquant tiré d'un roman de l'auteur est Jude de Michael Winterbottom, en 1996.


Remettre au goût du jour l'écrivain était l'un des postulats de base du film comme le souligne le scénariste David Nicholls : "Contrairement à Jane Austen, ou aux soeurs Brontë, Hardy n'a pas été au cinéma depuis très longtemps, si bien qu'on avait le sentiment que c'était le bon moment pour s'emparer de nouveau de cette histoire hors du commun. Certes, il s'agit d'un roman profondément victorien, mais il n'existe guère de personnages comme Batsheba, aussi fougueuse et déterminée, coûte que coûte, à rester libre.  Les questions qu'elle se pose sont toujours d'actualité : comment une femme peut-elle rester indépendante et forte dans un monde où, contrairement aux hommes, ses mérites ne sont pas toujours reconnus ?"

 

Romancier et scénariste, David Nicholls a été sollicité par Andrew Macdonald et Allon Reich,  pour rédiger le scénario de Loin de la foule déchaînée, suite à l'adaptation d'un autre roman de Thomas Hardy, Tess d'Urberville dont il avait justement signé le scénario pour une adaptation en téléfilm sur la BBC, et qui les avait littéralement impressionnés.

 

Loin de la foule déchaînée - Carey Mulligan, Matthias Schoenaerts

 

Carey Mulligan et Matthias Schoenaerts

À l'origine, Loin de la foule déchaînée est l'initiative de deux producteurs, Andrew Macdonald et Allon Reich, à la tête de projets audacieux et variés de ces dernières années. Cette nouvelle production a constitué l'occasion pour les deux hommes de s'atteler à un genre d'histoire et une période précise rappelant les films de James Ivory, grand spécialiste de films se déroulant à l'époque victorienne.

 

Le film de Thomas Vinterberg est une nouvelle adaptation du livre. La plus connue reste Loin de la foule déchainée de John Schlesinger de 1967 avec dans les rôles principaux, Julie Christie, Alan Bates, Peter Finch et Terence Stamp.

 

Réalisateur danois, auteur du cultissime Festen qui lui a valu le Prix du jury au Festival de Cannes 1998, Thomas Vinterberg signe ici son troisième film en anglais après I'ts All About Love en 2003 et Dear Wendy en 2005. Faire une adaptation d'un roman de Thomas Hardy peut surprendre pour l'un des cinéastes fondateurs du Dogme 95. Aimant les prises de risques, le réalisateur s'explique : "J'aime m'aventurer dans de nouveaux territoires. Dans cette histoire, les personnages sont fascinants et les revirements de situation sont constants, et c'est ce qui donne lieu à une formidable dramaturgie, quelle que soit l'époque."

Loin de la foule déchaînée "Far from the Madding Crowd"

 

L'oeuvre de Thomas Hardy se déroule dans le comté mi imaginaire, mi réel du Wessex, renvoyant à la région du Dorset dans le sud-ouest de l'Angleterre où l'auteur a vécu.

Avec ce roman où les paysages occupent une place primordiale, les lecteurs ont alors découvert ce que l'on peut appeler "Le pays de Hardy".

 

 

Pour Thomas Vinterberg, il était donc important de tourner son film dans le Dorset afin de s'imprégner le plus possible de l'âme des paysages à l'œuvre chez l'écrivain anglais. Hormis quelques scènes mises en boîte à la Claydon House dans le Buckinghamshire, tout le film fut donc tourné intégralement dans le Dorset.

 

En tournant sur pellicule, Thomas Vinterberg tenait à conférer une esthétique particulière à son film où l'accent serait mis sur les couleurs. Surtout, ce dont ambitionnait le réalisateur était de retrouver l'aspect spectaculaire à l'oeuvre dans certaines grandes fresques cinématographiques comme le mentionne le chef décorateur Kave Quinn : "Thomas tenait à ce que les paysages et les personnages aient une dimension spectaculaire, proche de films comme Docteur Jivago ou 1900, avec des arrières-plans grandioses."

 

L'action du film se passe en 1880, soit en pleine époque victorienne. Pour autant, Thomas Vinterberg ne voulait pas réaliser un énième film sur cette période avec les traditionnelles robes à crinoline allant avec. Il fallait également éviter de proposer une image trop terne comme c'est souvent le cas avec ce genre d'histoire. Loin de la foule déchaînée "Far from the Madding Crowd" - Carey MulliganLe réalisateur prend le contre pied de ce que le spectateur attend en proposant un film avec des couleurs chatoyantes rappelant les grandes heures du Technicolor. Quant aux tenues des personnages et notamment celui de Carey Mulligan, il a également été question d'en proposer une vision inattendue puisque cette dernière ne se sépare jamais de sa veste en cuir, signe de son indépendance.

 

 

Entre la finalisation du casting et le début du tournage, il s'est passé un certain laps de temps. Ainsi, entre le premier rendez-vous entre Carey Mulligan avec Thomas Vinterberg et le clap de début du film, dix mois se sont écoulés ce qui a permis aux acteurs de suffisamment se préparer pour leur rôle. Les comédiens se sont donc installés dans le Dorset où ils ont pris des cours d'équitation et d'élevage du bétail tout en se familiarisant avec les techniques agricoles du XIXème siècle. Selon les personnages qu'ils jouaient, les acteurs se sont également acquittés de tâches spécifiques. C'est ainsi que Tom Sturridge s'est formé à l'escrime pendant que Carey Mulligan et Matthias Schoenaerts se sont habitués à s'occuper des troupeaux de moutons.

 

Pour figurer le domaine de Batsheba, l'équipe du film a tourné au sein de la Mapperton House, splendide bâtisse de l'époque victorienne, située près de Beamintser. Idéalement entourée de terres cultivables et de bois, le domaine comprend également sa propre église, une écurie, une remise à calèches, un pigeonnier et une cour.

 

Loin de la foule déchaînée - Matthias Schoenaerts & Carey Mulligan

 

Matthias Schoenaerts et Carey Mulligan

Sources

http://www.allocine.fr

Mon opinion

 

Énième adaptation du ce roman de Thomas Hardy considéré par beaucoup comme l'un des plus grands auteurs de la littérature anglaise.

Dès les premières images la très belle photographie de Charlotte Bruus Christensen magnifie les paysages de cette campagne luxuriante et plus particulièrement celle du Dorset.

La mise en scène, irréprochable, mais très conventionnelle ne rappelle en rien les précédentes réalisations de Thomas Vinterberg. Je pense à Festen, bien entendu, La chasse également mais également Submarino qui m'avait submergé d'émotions. Rien de tout cela ici. 

Le scénario, trop linéaire n'offre pas l'énergie nécessaire pour une quelconque envolée. Le spectateur reste plongé dans un très beau livre d'images au beau milieu duquel se déroule une intrigue, qui, aujourd'hui semble dépassée. La condition féminine ayant enfin trouvée une place plus honorable dans nos pays occidentaux, pour le moins. Et c'est très bien ainsi.

Associés à la magnifique photographie, à la belle bande son et aux superbes décors, les principaux protagonistes se montrent des plus convaincants.

Carey Mulligan donne à son personnage une belle profondeur non dénuée d'une grande sensibilité. Son sourire illumine l'écran.

Tom Sturridge est parfaitement à l'aise dans le rôle de ce sergent à la fois arrogant, intéressé et perdu.

Michael Sheen campe à merveille ce riche propriétaire.

Matthias Schoenaerts, enfin, au charisme détonnant, n'étonne plus mais séduit complètement.

Un beau film quelque peu trop lisse pour en sortir émerveillé.

Loin de la foule déchaînée "Far from the Madding Crowd"
Loin de la foule déchaînée "Far from the Madding Crowd"
Loin de la foule déchaînée "Far from the Madding Crowd"
Loin de la foule déchaînée "Far from the Madding Crowd"
Loin de la foule déchaînée "Far from the Madding Crowd"
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29 mai 2015 5 29 /05 /mai /2015 22:59

 

Pour découvrir les articles concernant les films

 

des réalisateurs iraniens mentionnés ci-dessous ...

 

Cliquez sur l'affiche correspondante !

Asghar Farhadi

 

Les Enfants de Belle Ville - Affiche1309431654_la-fete-du-feu.jpg19769041.jpg19723476.jpg

 

 

 

Le PasséLe Client - Réalisé par Asghar Farhadi

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La Master class d’Asghar Farhadi par Forumdesimages

 

Mohammad Rasoulof

 

.Mohammad Rasoulof.

Jafar Panahi

 

..Ceci n'est pas un film.Le Miroir.Taxi Téhéran

Rafi Pitts

 

..19631082.jpg.

Shirin Neshat

 

...Women without men

Reza Serkanian

 

Noces Éphémères

Ali Samadi Ahadi

 

Le Printemps de Téhéran - Affiche

Maryam Keshavarz

 

En secret - Affiche

Massoud Bakhshi

 

Une Famille Respectable "Yek Khanévadéh-e Mohtaram"

 

 

Negar Azarbayjani

 

 

Une femme iranienne

Ida Panahandeh

 

 

 

Nahid

29 mai 2015 5 29 /05 /mai /2015 16:32


Date de sortie 13 mai 2015

 

Une femme iranienne


Réalisé par Negar Azarbayjani


Avec Ghazal Shakeri, Shayesteh Irani, Homayoun Ershadi,

Nima Shahrokh Shahi, Saber Abbar

 

Titre original Aynehaye Rooberoo

Facing Mirrors pour les pays Anglos-Saxons.


Genre Drame


Production Iranienne

 

Il faudrait un jour se demander le pourquoi de l'étroite relation entre les cinéastes iraniens et les véhicules automobiles !

 

Après Abbas Kiarostami avec Le Goût de la cerise, ou encore Ten, Morteza Farshbaf et Querelles réalisé en 2011, et plus récemment Jafar Panahi avec Taxi Téhéran… la réalisatrice Negar Azarbayjani utilise encore une fois l'habitacle d'une voiture comme endroit de confidences, de liberté de parole, de confessions…

 

Le postulat de départ du film est d'évoquer la condition féminine en Iran à travers la relation d'amitié entre Rana et Adineh. Comme le déclare la réalisatrice Negar Azarbayjani,

 

"Une Femme Iranienne raconte l'histoire de deux femmes différentes : la première, issue d'une famille très moderne, est transgenre et souhaite devenir un homme, la seconde est chauffeur de taxi. L'essence même du film est centré sur cette relation d'amitié que développent ces deux personnes aux parcours peu communs."

 

Une Femme Iranienne - Ghazal Shakeri Ghazal Shakeri

 

Synopsis

 

Téhéran aujourd'hui.

 

Rana (Ghazal Shakeri), épouse et mère d'un enfant en bas-âge, conduit donc un taxi mais clandestin, pour faire bouillir la marmite, et ce n'est pas facile tous les jours. Son mari, Sadegh (Saber Abbar) est en effet incarcéré pour malversation financière, associé malencontreux d'hommes d'affaires véreux, et Rana est obligée de travailler doublement, en plus de son métier de couturière, pour payer les dettes de son époux et le sortir de prison.

 

Mais la femme, dans le société iranienne contemporaine, est assignée à certains métiers, ses gestes sont constamment surveillés, ses libertés restreintes. La famille, les voisins et la police veillent, constituant autant de carcans dont il est impossible de s'extraire, et rappellent constamment au respect des traditions et des bonnes mœurs. À travers sa belle-mère pleurnicharde  qui commente et juge ses moindres faits et gestes, son voisin un peu trop curieux qui a vite fait de propager ragots et rumeurs, et la police qui vient sans cesse lui rappeler qu'une femme au volant ce n'est pas si "normal", c'est tout le poids d'une société patriarcale et conservatrice que Rana porte sur ses épaules.

 

C'est donc au cours d'une de ses courses que déboule comme une trombe dans son taxi Adineh Tolooyi (Shayesteh Irani), bonnet enfoncé jusqu'aux oreilles, belle et mystérieuse, et visiblement poursuivie.

 

Elle fuit quelque chose ou quelqu'un, on apprendra par la suite que son père (Homayoun Ershadi) veut la marier de force à un cousin pour en faire une fille honorable… Elle reste en attente d’un passeport pour quitter le pays et ainsi échapper à un mariage forcé.

 

Alors que son frère Emad (Nima Shahrokh Shahi) semble plus compréhensif, son père, très dur, est sans pitié. Adineh épousera demain l'homme qu'il a choisi, un point c'est tout.

 

Adineh propose à Rana 1 million de tomans pour que celle-ci l'emmène à Kojoor, au nord de l'Iran.

 

Les deux femmes vont s’aider mutuellement, mais Rana ignore qu’Adineh cache un lourd secret…

 

Shayesteh Irani Une Femme Iranienne - Shayesteh Irani

Sources

www.cinemas-utopia.org

Malgré le fait que le pays soit sous le coup d'un régime totalitaire, l'Iran autorise paradoxalement le droit aux personnes désireuses de changer d'identité sexuelle à se faire opérer. L'État va même jusqu'à financer la moitié de l'opération au nom de la fatwa proclamée par l'Ayatollah Komeiny, favorable à cette idée de changement de sexe, qui fut mise en place au lendemain de la révolution islamique de 1979. Bien qu'il s'agisse donc d'une pratique passée depuis longtemps dans les moeurs, Une Femme Iranienne est le premier film fait en Iran abordant frontalement le parcours d'une personne transgenre.

 

Une femme iranienne

 

Ghazal Shakeri et Shayesteh Irani

Enretien entre la réalisatrice Negar Azarbayjani et la productrice Fereshteh Taerpoor, qui ont co-écrit le scénario.

Publié par Maëlle Le Corre pour yagg.com. Mai 2015

 

Comment avez-vous eu l’idée d’écrire cette histoire, celle de la rencontre entre Rana, une femme contrainte de faire le taxi pour rembourser la dette de son mari emprisonné, et d’Eddie, un jeune homme trans’ qui cherche à fuir sa famille pour partir à l’étranger ?


Fereshteh Taerpoor : Parfois, on part du sujet pour aller vers l’histoire, mais parfois c’est l’histoire qui nous amène au sujet. Au départ, ce n’était pas notre but de faire un film sur les personnes trans’. Negar était venue me voir pour un autre projet et pendant une de nos discussions, elle m’a raconté cette histoire de quand elle était jeune adulte: elle avait vu une femme trans’ dans son quartier et avait découvert à quel point c’était difficile d’être trans’, que ce soit avant ou après son opération. De mon côté, j’avais depuis quelques années en tête cette histoire d’une femme dont le mari est en prison et qui prend des passagers dans une vieille voiture, qui fait le taxi de façon informelle. Elle rencontre différentes sortes de passagers, et l’un d’eux la fait se remettre en question. Quand Negar m’a parlé de son histoire et de ce souvenir, je lui ai dit que nous pouvions mixer ces deux histoires ensemble et l’idée du passager a surgi.

 

Comment avez-vous choisi Ghazal Shakeri et Shayesteh Irani, les deux actrices, pour incarner Rana et Eddie ?


Negar Azarbayjani : Nous sommes passées par des chemins différents pour trouver l’une et l’autre. Ce n’était pas facile au départ, car nous étions très sensibles à ces deux personnages, nous voulions absolument la meilleure actrice pour jouer un homme "trans", mais nous ne voulions pas quelqu’un qui avait un visage connu, ce qui rendait les choses plus difficiles. Pour Eddie, nous venions de commencer à écrire et j’ai parlé de ce projet de film à mon frère qui est aussi réalisateur. Il m’a dit qu’il connaissait une très bonne actrice pour ce rôle, qui faisait en l’occurrence plutôt du théâtre, mais qui avait quelques expériences devant la caméra.

 

Une Femme Iranienne - Shayesteh IraniC’était Shayesteh Irani. J’ai mis l’idée de côté et au moment du casting, cela m’est revenue et j’ai voulu voir des photos d’elle. Elle ne ressemblait pas à la façon dont on la voit dans le film et je ne voyais vraiment pas Eddie sur son visage. Nous avons vu d’autres actrices, mais aucune ne collait alors finalement, nous l’avons rencontrée et nous avons vu qu’elle pouvait être Adineh, qu’elle pouvait être Eddie.

 

 

Elle avait le physique qui correspondait, le bon corps, la bonne voix, et c’est une actrice très talentueuse.

 

 

Une femme iranienne - Ghazal ShakeriPour le personnage de Rana, Ghazal Shakeri a rejoint l’équipe en tant que costumière, car c’est son métier, même si elle a déjà joué au cinéma. Elle m’aidait à trouver des lieux de tournage. Nous étions à la prison et on nous a demandé de porter le tchador. Elle l’a mis et là, j’ai vu Rana. À ce moment-là, j’ai su que c’était elle, c’était exactement comme ça que j’avais imaginé Rana. Je lui ai dit que je la voyais dans ce rôle.

 

Au départ, elle n’était pas sûre car faire les costumes allaient lui prendre beaucoup de temps. Finalement elle a accepté, et elle a fait un excellent travail des deux côtés.

Est-ce difficile d’aborder le thème de la transidentité en Iran ?


Fereshteh Taerpoor : Beaucoup de personnes trans’ viennent des pays arabes pour avoir accès à une opération en Iran, qui leur permet aussi d’obtenir des papiers d’identité, un passeport. C’est quelque chose que l’on ne voit pas ailleurs. Je suis sûre que c’est très surprenant pour des pays comme la France, de voir que l’Iran autorise cela. Pourtant, c’était un risque de faire ce film. C’était la première fois que l’on faisait un film sur une personne trans’ en Iran. Alors nous avons travaillé sur le scénario et nous avons essayé de penser à toutes les observations, les questions et les réponses que pourrait générer le film, plus particulièrement venant du gouvernement qui donne l’autorisation de faire le film. On ne peut pas faire de film sans avoir l’autorisation du ministère de la Culture, c’est possible pour les films underground, mais pour les grosses productions, il faut l’autorisation. C’est indispensable pour filmer dans la rue, dans les lieux publics. Quand nous avons envoyé le scénario au ministère, je n’y croyais pas trop, alors je leur ai donné une garantie pour nous laisser faire le film: si une fois fait, ils pensaient qu’il était dangereux de le diffuser, alors il ne le serait pas. Avec cette garantie, j’ai eu l’autorisation. Mais le personnage de Rana nous a aussi beaucoup aidé.

 

Pourquoi cela ?


Fereshteh Taerpoor : Grâce à son personnage plus religieux, on pouvait imaginer les questions et les objections, et donc les inclure aux dialogues de son personnage. Normalement, quand on met un personnage positif et un négatif, ça rend les choses plus faciles. Mais nous ne voulions pas faire de Rana un personne positif et Eddie un personnage négatif, ni le contraire. Nous ne voulions pas faire de propagande sur les trans’ et nous ne voulions pas propager de propos haineux. Voilà pourquoi le scénario a mis tant de temps à se faire: nous avons deux personnages normaux et réalistes, que le film ne juge pas.

Quelles conséquences a eu la diffusion du film ?


Fereshteh Taerpoor : Avant de faire ce film, j’étais loin d’imaginer à quel point c’est difficile d’être trans’. Plein de belles choses sont arrivées quand nous l’avons montré, nous avons eu de très bons retours du public. Beaucoup de jeunes trans’ sont venu(e)s nous voir pour nous dire que c’était la première fois qu’ils/elles pouvaient dire ouvertement qu’ils/elles étaient trans’. Ils/elles ont demandé à leurs ami(e)s de venir voir le film pour mieux les comprendre. Des gens ont changé d’avis en voyant le film. Dans beaucoup de pays, en particulier des pays islamiques, cela peut être utile de montrer ce film. En Iran, il y a eu quelques projections, mais aussi des débats et de très bonnes critiques du film. Même dans la très religieuse ville de Qom, il y a eu des projections.

 

La fin du film est assez surprenante car positive d’une certaine manière. Pourquoi ce choix, alors que l’histoire aurait pu se terminer de façon très tragique?


Fereshteh Taerpoor : Je n’aime pas les fins tristes.


Negar Azarbayjani : En écrivant le scénario, nous pensions que ce serait bien qu’on ne sache pas comment ça se termine. Nous voulions de l’espoir. Nous aurions pu laisser les personnages malheureux, mais ce n’était pas notre but. Nous voulions que le public comprenne que si on cherche à comprendre, à aider, à se battre pour quelqu’un d’autre, ça se termine forcément bien. C’est un souhait, pas forcément la réalité. Mais on espère qu’un jour, ça arrivera.


Fereshteh Taerpoor : Au delà des différences, il y a la possibilité de devenir ami(e)s quand on regarde dans son coeur. Pour moi, quand il y a une amitié pure, il n’y a pas de fin triste.

 

Une Femme Iranienne : Photo Shayesteh Irani

 

Ghazal Shakeri

Mon opinion

 

Un coup de cœur.

 

Cette "Femme iranienne" réalisé en 2011 sort cette année sur nos écrans.

 

La productrice, Fereshteh Taerpoor confie "Beaucoup de personnes trans’ viennent des pays arabes pour avoir accès à une opération en Iran, qui leur permet aussi d’obtenir des papiers d’identité, un passeport. C’est quelque chose que l’on ne voit pas ailleurs. Je suis sûre que c’est très surprenant pour des pays comme la France, de voir que l’Iran autorise cela."

 

La réalisatrice Negar Azarbayjani met face à face deux femmes que tout oppose. L'acceptation des différences ne se fera pas sans mal et l'ensemble offre de magnifiques moments de cinéma. Des moments forts quand, à tour de rôle, elles parviendront à établir un climat de confiance pour se révéler en toute liberté et procurer une profonde émotion qui vous tient longtemps.

 

Dans un pays où l'homosexualité est passible de peine de mort, nous suivons le parcours d'une femme prête à tout pour s'assumer en tant qu'homme. Certaines scènes pourront paraître un rien malhabiles, peut-être aussi trop démonstratives. La richesse du propos, la justesse des dialogues, la sincérité et le courage  de l'équipe du film suffisent à balayer toutes les réticences.

 

L'ensemble des acteurs qui incarnent, soit des membres du voisinage, de la famille de l'une, ou encore le frère et le père de l'autre sont d'une belle justesse. Avec, entre autres, un moment fort quand le frère, des larmes plein les yeux, passe outre l'interdiction du père et donne à sa sœur le passeport tant attendu.

 

Les deux principales actrices sont tout simplement  remarquables. Deux femmes incarnées par Ghazal Shakeri et Shayesteh Irani qui auront l'intelligence de s'accepter mutuellement. Telles qu'elles sont. En dépit de tout, avec ces grands points commun, la richesse et l'intelligence du cœur.

 

Une femme iranienne - Ghazal Shakeri

 

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"Le bonheur est la chose la plus simple,

mais beaucoup s'échinent à la transformer

en travaux forcés !"

 
François Truffaut

 

 

 

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