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29 mai 2015 5 29 /05 /mai /2015 09:57


Date de sortie 27 mai 2015

 

L'Ombre des femmes


Réalisé par Philippe Garrel


Avec Stanislas Merhar, Clotilde Courau, Lena Paugam,

Vimala Pons, Mounir Margoum, Antoinette Moya


Genre Drame


Production Française, Suisse

 

Synopsis

 

Pierre (Stanislas Merhar) et Manon (Clotilde Courau) sont pauvres.

Ils font des documentaires avec rien et ils vivent en faisant des petits boulots. Pierre rencontre une jeune stagiaire, Elisabeth (Lena Paugam), et elle devient sa maîtresse.

 

Mais Pierre ne veut pas quitter Manon pour Elisabeth, il veut garder les deux.


Un jour Elisabeth, la jeune maîtresse de Pierre, découvre que Manon, la femme de Pierre, a un amant (Mounir Margoum). Et elle le dit à Pierre…


Pierre se retourne vers Manon parce que c’est elle qu’il aimait. Et comme il se sent trahi, il implore Manon et délaisse Elisabeth.


Manon, elle, rompt tout de suite avec son amant. On peut supposer que c’est parce qu’elle aime Pierre.

 

L'Ombre des femmes - Stanislas Merhar et Clotilde Courau

 

Stanislas Merhar et Clotilde Courau

Extrait d'entretien avec Philippe Garrel par Jean-Michel Frodon.

Relevé sur medias.unifrance.org

L’Ombre des femmes est-il un film plus scénarisé que vos précédentes réalisations ?


Oui ! Après une époque, désormais lointaine, celle de mes films improvisés, j’ai trouvé bien d’avoir des scénarios mais surtout pour des raisons d’organisation et de recherche de financement. Là, c’est la première fois où j’étais content d’avoir un scénario, et où à mes yeux il égalait, en termes d’efficacité, l’époque de l’improvisation. Ce n’était plus utilitaire du point de vue économique, ou un pis aller nécessaire, mais un réel apport au film. Cela avait déjà été un peu été le cas pour Liberté la nuit, mais cette fois j’ai atteint quelque chose de nouveau,  en tout cas pour moi. La mise en place d’un suspense psychologique trouve de nouvelles ressources grâce à l’écriture.

 

Cette écriture est-elle différente de celle de vos précédents scénarios ?

 

Oui, certainement du fait de l'arrivée de Jean-Claude Carrière. Il amène une conception du scénario fondée sur le récit, que je n'avais pas avant. J'ai rencontré Carrière à cause de ce qu'il avait fait sur Sauve qui peut (la vie) et lui ai demandé ce que Godart lui avait fourni à l'époque, et comment il avait travaillé. Il m'a dit que Godart lui avait donné l'endroit et les personnages, cette démarche me convenait très bien et on a procédé de la même manière. Avec Arlette Langmann et Caroline Deruas, déjà coscénaristes de La Jalousie, nous avons établi un sujet, et ensuite on l'a confié à Carrière qui a proposé les premiers développements. Ensuite on retravaille beaucoup ensemble, chacun de nous quatre apporte des éléments.

 

Comment définiriez-vous le projet ?

 

Le sujet c’est : la libido féminine est aussi puissante que la libido masculine. Pour moi L’Ombre des femmes est un film sur l’égalité de l’homme et de la femme, telle que peut la prendre en charge le cinéma. Ce qui signifie qu’il fallait énormément soutenir le personnage féminin, et aller contre l’homme : le cinéma a été conçu par des hommes et ce sont quand même toujours eux qui orientent nos représentations, nos manières de voir et de raconter même si heureusement il y a de plus en plus de femmes qui font des films. La plupart du temps, quand des femmes s'expriment à l'écran elles disent des mots écrits par des hommes. Mais je crois que le cinéma fonctionne de telle manière que si on met le personnage masculin et le personnage féminin à égalité, le cinéma tend à renforcer la position de l'homme. Pour contrebalancer ça j'ai voulu que le film soit en défense de la femme et à charge contre l'homme. Et du coup à la fin Pierre ne s'en sort pas mal, Manon et lui sont en effet dans un rapport de force égal. Le film est sans doute quand même fait du point de vue d'un homme, mais d'un homme qui va voir ce qui se passe du point de vue des femmes.

 

L'ombre des femmes - Stanislas Merhar

 

Stanislas Merhar

Le scénario joue un rôle central lors du tournage ?

 

Pas central : pour moi, le cinéma c’est toujours fondamentalement ce qui se passe au tournage, c’est là que tout se joue vraiment. Mais le scénario joue un rôle important, surtout du fait des conditions dans lesquelles sont faits ces films, c’est à dire très vite et  pour très peu d’argent. Un travail très poussé et très précis sur le scénario permet ensuite d’être rapide, de ne pas perdre de temps ni d’argent. Tourner en 21 jours, à Paris  ou tout près, dans l’ordre des scènes, comme le sont La Jalousie et L’Ombre des femmes nécessitent que le scénario soit solide. Il prévoit d’ailleurs aussi le montage : pour travailler dans ces conditions, il ne faut presque rien jeter, tout ce qu’on tourne est nécessaire, et figure dans le film. Le montage proprement dit, ce sont des ajustements à partir de ce qui a été anticipé à l’écriture et fabriqué au tournage d’une manière très proche du résultat final. Mais le scénario ne peut pas, et ne doit pas tout prévoir : il y a des choses qui ne peuvent s'écrire qu'avec la caméra – peut-être les plus importantes. Les vrais risques c'est sur le tournage qu'on les prend.

 

Ce sont des conditions matérielles  que  vous  subissez,  ou  qui  vous  conviennent voire vous stimulent ?

 

Elles me conviennent, elles sont la contrepartie d’une totale liberté. Dès lors que je travaille dans ce cadre économique on me laisse faire tout ce que je veux. Si je trouve une méthode de travail adapté, ce qui est le cas, je fais exactement le film que je désire. Les films chers ne peuvent pas se faire sans un contrôle des financiers. Je trouve que nous vivons une époque où il faut prendre en considération ces questions, de toute façon l’économie m’a toujours intéressé. Dès 2011, lorsque la crise de la dette européenne a  pris des proportions importantes, j’ai compris qu’on était entrés dans une époque où il fallait réfléchir différemment, y compris à mon échelle. Depuis, les films sont tournés en  moitié moins de temps, et avec des budgets divisés par 2 par rapport à ce que je faisais avant, qui n’avait déjà rien de dispendieux comparé à la plupart des autres. Il faut  inventer d’autres prototypes. Et j’ai vu que j’y gagnais de la liberté. Mais sur mes films, tout le monde est payé au tarif syndical. J'y tiens absolument. On sait que je n'ai pas un grand public, à peu près le même depuis des décennies, l'économie de mes films est en proportion, donc, c'est sain.

 

Vous aimez l’austérité ? Vous y trouvez une énergie ?

 

Je ne le vis pas comme une austérité, mais comme la définition de ce à quoi je tiens le plus.  Je tourne avec les acteurs que je veux, les partenaires techniques que je veux, en répétant beaucoup, je filme et je monte en 35mm, en scope, en noir et blanc. Pour moi ce sont autant de luxes, mais qui sont possibles parce qu’ils trouvent place à l’intérieur du  cadre défini très clairement avec le producteur, Saïd Ben Saïd, et que nous respectons  tous les deux. Je n’échangerais pour rien au monde ma situation contre celle dans laquelle je vois d’autres réalisateurs qui font des films beaucoup plus chers, à travers des crises terribles. Je tiens à ce que l’art m’aide à vivre, il n’est pas question de sacrifier ma vie pour le cinéma. Lorsque j’enseignais au Conservatoire, j’étais effrayé par les élèves qui se disaient prêts à mourir pour l’art, moi je préfère ceux qui sont prêts à vivre pour l'art.

 

Lorsque vous écrivez le scénario, les personnages ont un visage ?

 

Non, ce sont des personnages.

 

Lorsque le scénario est terminé, je choisis un acteur, ensuite j’en cherche un deuxième, en fonction du premier, et ainsi de suite. Dans ce cas, j’ai choisi Stanislas Merhar, avec qui j’avais envie de tourner depuis longtemps, que je trouve magnétique. Je l’ai toujours beaucoup apprécié, surtout dans les films de Chantal  Akerman.

 

Ensuite j’ai pensé à Clotilde Courau, je l’avais repéré il y a très longtemps, après l’avoir vue par hasard dans un téléfilm, immédiatement j’avais senti sa force. C’est une virtuose, je l’ai su d’emblée. Mais ensuite c’est en faisant l’essai, en les voyant  ensemble lors des essais que j’ai su que c’était tait la bonne réponse pour ce film-là.

 

Et pour le rôle d’Elisabeth ?

 

Je fais des essais, des lectures avec Stanislas Merhar et plusieurs jeunes comédiennes, dont Lena Paugam, qui vient du Conservatoire. Je n’y enseigne plus mais je continue de suivre chaque année  les nouvelles promotions, il y a beaucoup de découvertes à y faire. J’ai vu une relation possible et qui me plaisait entre ces deux acteurs, après il faut beaucoup travailler avec chacun. Je ne crois pas à la possibilité de faire faire aux acteurs autre chose que ce qu’ils sont, il faut s’appuyer sur leur propre rapport au personnage et  aux situations, ce qu’ils mettent eux-mêmes en place, et bâtir à partir de cela. Il faut  intervenir sans ou casser, c’est un processus long et complexe, mais passionnant aussi.

 

Pour la suite de l'interview, cliquez ICI !

 

L'Ombre des Femmes -  Stanislas Merhar & Lena Paugam

 

Stanislas Merhar et Lena Paugam

Mon opinion

 

Un film très court, tourné dans l'ordre chronologique en seulement 21 jours. Visiblement, une seule prise pour chaque scène, empêche tout droit à l'erreur. "… C’est toujours fondamentalement ce qui se passe au tournage, c’est là que tout se joue vraiment" déclare le réalisateur

 

Un budget minimal qui est "la contrepartie d’une totale liberté" avoue Philippe Garrel.

 

Le scénario explore l'usure de la vie d'un couple et ses relations extra conjugales. L'ensemble est tourné dans des décors sinistres. Le portrait des hommes n'est guère flatteur. Les femmes semblent rester beaucoup plus perspicaces.

 

Tourné en noir et blanc la photographie de Renato Berta reste lumineuse et absolument magnifique. Une voix off, inutile, vient ponctuer ce que nous voyons à l'écran ou ce qu'il n'était pas difficile de comprendre.

 

Rien de très nouveau dans le propos et malgré une certaine noirceur, ce film apporte une nouveauté dans tout ce qui a déjà été fait grâce essentiellement à une écriture très personnelle et un Paris loin de tous clichés.

L'Ombre des femmes
L'Ombre des femmes
28 mai 2015 4 28 /05 /mai /2015 21:02

  
Date de sortie 15 avril 2015

 

Une bele fin "Still Alive"


Réalisé par Uberto Pasolini


Avec Eddie Marsan,

Joanne Froggatt, Karen Drury, Andrew Buchan, Paul Anderson

 

Titre original Still Life


Genre Comédie dramatique


Production Britannique, Italienne

 

Une belle fin  a été également primé, entre autres, au Festival de Reykjavic, d'Abu Dhabi et d'Edimbourg. Dans ce dernier prix d’interprétation  pour Eddie Marsan.

 

 

Synopsis

 

Modeste fonctionnaire dans une banlieue de Londres, John May (Eddie Marsan), un homme solitaire, un brin maniaque, se passionne pour son travail. Quand une personne décède sans famille connue, c’est à lui de retrouver des proches.

 

Malgré sa bonne volonté, il est toujours seul aux funérailles, à rédiger méticuleusement les éloges des disparus…

 

Trop scrupuleux dans son travail, son patron le juge trop lent. Licencié, John May doit néanmoins remplir sa dernière mission : trouver des personnes qui assisteraient à l'enterrement d'un certain Wiliam Stoke.

 

Au cours de ses recherches, il fait son maximum et croise la douce Mary (Karen Drury). En cours de route, il se pose lui même des questions sur sa place sur cette Terre...

 

Une belle fin "Still alive"

 

Eddie Marsan

Uberto Pasolini, cinéaste inconnu en France, metteur en scène et producteur d’un obscur film inédit en France, Sri Lanka national hand ball team, réalisé en 2008, est surtout l’heureux producteur de Full Monty.

 

L'idée d'Une belle fin est partie d'une interview qu'Uberto Pasolini a lue dans un journal de Londres, sur un employé des pompes funèbres. Intéressé par le sujet, le réalisateur a alors rencontré de nombreux salariés dans cette branche et assisté à plusieurs enterrements pour apporter de la crédibilité à son film.

 

Le thème principal du film est l'isolement social des gens, qui sévit de plus en plus dans notre société et qu'a voulu dénoncer le réalisateur.

 

Le titre original d'Une belle fin, Still Life, peut être interprété de deux manières. Il peut signifier "vie immobile", comme celle du héros, pour qui rien n'évolue. Mais il peut également vouloir dire "encore la vie", titre qui serait ainsi le reflet du sujet profond du long métrage.

 

Pour créer le personnage de John, Uberto Pasolini s’est inspiré de sa personnalité mais également de ses qualités "manquantes". Il explique : "Je me suis un peu inspiré de moi-même pour écrire ce personnage, qui me ressemble, par exemple dans son sens de l'organisation, jusqu'à la maniaquerie. Mais aussi de ce que je sais que je ne suis pas : je n'ai pas sa générosité, ne suis pas prêt à m'ouvrir à de nouvelles relations si je ne l'ai pas décidé, si je ne peux pas les contrôler. C'est aussi sans doute pour corriger ce tort que j'ai fait ce film."

 

S’il n’a pas voulu imiter son style, le but d’Uberto Pasolini en réalisant Une belle fin était de se rapprocher des films de Yasujirō Ozu, réalisateur japonais connu pour son cinéma modeste et intériorisé.

Mon opinion

 

Séance de rattrapage pour ce film à nul autre pareil.

 

À la fois, producteur, et scénariste Uberto Pasolini réalise avec brio cette "Belle fin" qui aborde un sujet difficile, douloureux, très loin des sentiers battus.

 

Un long-métrage sur la solitude profonde. Celle que l'on peut découvrir parfois dans les articles de certains quotidiens, quand des corps sans vie sont retrouvés plusieurs jours, voire plus, après le décès. Des vies solitaires qui s'éteignent sans famille ou amis.

 

Le scénario, d'une grande simplicité, raconte la vie d'un homme qui assure avec une indéniable minutie, les recherches souvent vaines de quelques membres de la famille ou amis des disparus. Avec un dévouement extrême il assurera de sa présence les moments ultimes, de la cérémonie religieuse à l'enterrement ou la crémation. Une conscience au-delà du professionnalisme. On le verra dans son triste appartement, coller soigneusement les photos de toutes ces femmes et hommes disparus dans une horrible solitude. Un peu comme si son cœur le poussait à devenir un membre de la famille.

 

La photographie du film, à l'instar du sujet n'est guère engageante. Il faut attendre longtemps pour qu'un brin de vie se laisse deviner. Presque soulagé par ce mince espoir, le spectateur se retrouvera plongé dans les dernières images, d'une simplicité extrême mais à la fois belles, fortes et colorées, au beau milieu d'une émotion que l'on croyait passée.

 

Eddie Marsan est remarquable de bout en bout dans ce rôle difficile qu'il endosse sans appuyer sur le pathos mais dans lequel son talent éclate de la plus belle des façons.

 

Un grand rôle pour un grand acteur avec un regard qui poursuit longtemps après la séance.

Une belle fin "Still Life"
20 mai 2015 3 20 /05 /mai /2015 17:46

Date de sortie  19 mai 2015

 

La loi du marché


Réalisé par Stéphane Brizé


Avec Vincent Lindon, Yves Ory, Karine De Mirbeck, Xavier Mathieu


Genre Drame


Production Française

 

Festival de Cannes 2015

 

 

 

 

 

La loi du marché

est présenté en Compétition au Festival de Cannes 2015

 

Vincent Lindon reçoit le Prix d'interprétation masculine.

 

 

 

 

 

 

César 2016 - Vincent Lindon Meilleur acteur.

 

C'est la première sélection cannoise pour Stéphane Brizé,

avec ce sixième long métrage, après :

Le Bleu des villes Je en suis pas là pour être aimé Entre adultes Mademoiselle Chambon Quelques heures de printemps

 

 

 

Synopsis

 

À 51 ans, après 20 mois de chômage, Thierry commence un nouveau travail qui le met bientôt face à un dilemme moral. Pour garder son emploi, peut-il tout accepter ?

Entretien avec Stéphane Brizé relevé sur unifrance.org.

 

Parlez-nous de la naissance du projet.


Mes films ont toujours traité de l’intime mais sans mettre en écho l’homme et son environnement social. L’étape suivante était d’observer la brutalité des mécanismes et des échanges qui régissent notre monde en confrontant l’humanité d’un individu en situation de précarité à la violence de notre société. J’ai travaillé au scénario avec Olivier Gorce que je connais depuis longtemps mais avec lequel je n’avais jamais collaboré. Son analyse et son regard sur les thématiques sociales et politiques sont très pertinentes et il était le compagnon de route idéal pour ce projet.

 

À quel moment sa forme s’impose-t-elle ?


Très vite en fait. Dès le début de l’écriture, je sais qu’il s’agira d’un film tourné avec une équipe légère et des acteurs non professionnels en face de Vincent.

 

Je vais même plus loin et je dis à Christophe Rossignon et Vincent Lindon que je veux que nous coproduisions le projet en nous imposant un budget limité, en mettant la majeure partie de nos trois salaires en participation tout en payant l’équipe au tarif normal.

 

Tous les films ne peuvent pas se faire comme cela mais celui-ci le permettait. Fond, forme et cadre de financement se font écho et j’aime cette cohérence.

 

Il y a aussi l’affirmation qu’une autre manière de faire des films est possible à un moment où l’industrie du cinéma se questionne profondément sur ses mécanismes de financement. Il fallait aussi que je réinterroge mon dispositif, ma mise en scène, mes thématiques. Ce film est le fruit de cette nécessité.

 

La loi du marché - Vincent Lindon


C’est une étrange intuition que de confronter Vincent Lindon à tous ces acteurs non professionnels.


J’ai l’idée de cette confrontation depuis longtemps. J’avais déjà parfois fait tourner des comédiens non professionnels dans des petits rôles avec à chaque fois le sentiment de me rapprocher d’une vérité qui est la chose qui m’intéresse le plus dans mon travail. Il fallait que je pousse le système plus loin en confrontant un comédien ultra confirmé à une distribution entière de non professionnels. Avec l’idée d’emmener Vincent Lindon dans des zones de jeu pas encore explorées par lui.


Comment avez-vous trouvé ces gens ?


Il y a beaucoup de rôles qui correspondent à des fonctions précises ; les agents de sécurité, la banquière, les agents de Pôle-Emploi, les hôtesses de caisse, etc… Coralie Amédéo, la directrice de casting, a donc cherché en tout premier des personnes qui occupaient la fonction du film dans la vie. J’ai été bluffé par les gens que j’ai rencontrés. Je doute qu’ils sachent faire ce que des acteurs font mais ce qu’ils font, je pense qu’aucun acteur n’est capable de le faire. C’est fascinant de voir des personnes arriver devant un metteur en scène et une directrice de casting, dans un bureau qu’ils ne connaissent pas et imposer avec une autorité sidérante une vérité aussi brute et puissante. D’où leur vient cette capacité à être ce qu’ils sont devant une caméra ? C’est un mystère qui me fascine complètement.


Cela a-t-il modifié le jeu de Vincent Lindon ?


Oui, sans hésitation. Je le connais maintenant assez bien puisque ce film est le troisième que nous faisons ensemble. Je l’ai trouvé formidable dans Mademoiselle Chambon et Quelques heures de printemps mais là, il atteint je crois un niveau de jeu inouï.

 

Il fait là l’expérience – et je la fais en même temps que lui à mon poste – du lâcher prise.

 

C’est un travail quasiment sans filet.

 

La loi du Marché - Vincent Lindon

Pourquoi quasiment ?


Parce que je sais où j’emmène tout le monde. Je ne les pose pas au hasard dans un endroit en attendant que le miracle se produise. J’ai une carte routière avec les destinations et les endroits de passage.


Il y a dans le film, dans la scène avec ses anciens collègues, la présence de Xavier Mathieu qui était le leader CGT de l’entreprise Continental et que nous avions beaucoup vu dans les médias au moment de la fermeture de son usine.


J’avais vu La saga des Conti, le magnifique film documentaire de Jérôme Palteau qui raconte toute la lutte syndicale au moment de la décision de la direction de Continental de fermer l’usine de Clairoix pour aller en ouvrir une autre en Roumanie. Xavier est le personnage principal de cette lutte. Il m’a impressionné et ému. Alors lorsque j’ai imaginé la scène entre Thierry et ses anciens collègues, j’avais naturellement la personnalité de Xavier en tête. Puis j’ai parlé de lui à Coralie Amédéo, la directrice de casting, non pas pour qu’elle le contacte mais pour lui dessiner le portrait de la personne que je cherchais. Et qui je vois arriver aux essais ? Xavier Mathieu en personne. Coralie l’avait appelé. Il a fait les essais, il était formidable, il a fait le film. La droiture de cet homme est impressionnante. Il est sans concession, je trouve cela extraordinaire dans le monde dans lequel nous vivons. Dans la scène dans laquelle il joue, il est celui qui ne veut pas lâcher la lutte, celui qui veut aller jusqu’au bout du combat longtemps après la fermeture de l’usine.

 

Thierry/Vincent, lui, veut tourner la page. Pas par lâcheté mais parce qu’il n’a plus l’énergie, parce qu’il sent que pour avoir une chance de rebondir, il faut lâcher le passé. Mais les deux arguments s’opposent et s’entendent.


Comment la technique et notamment l’image trouve-t-elle sa place dans un tel dispositif ?


D’abord j’ai fait le choix de prendre un chef opérateur qui ne fait que du documentaire. Je voulais qu’il ait l’habitude d’être totalement autonome avec le cadre, la mise au point et l’ouverture du diaphragme. J’ai travaillé avec Eric Dumont, un jeune chef opérateur d’à peine plus de 30 ans qui n’avait jamais fait de fiction. Je lui parlais précisément du point de vue de la scène et charge à lui de le traduire en cadres. Il devenait alors complètement acteur de la séquence. Car en fonction de ce qu’il cadrait, il lui imposait un sens ou un autre. Ce qui m’intéressait c’était le point de vue de Thierry/ Vincent. C’est lui qui est au centre du récit. C’est ce qu’il reçoit qui m’intéresse. C’est pour cela que je le filme parfois longuement alors qu’il n’est pas forcément celui qui anime la scène. Je le filme comme un boxeur qui reçoit des coups sans forcément m’attarder sur celui qui les donne. Le choix du cinémascope est d’ailleurs complètement lié à cela car j’avais besoin de parfois faire entrer dans le cadre plus ou moins nettement ce qui se déroule en face ou à côté de Thierry.


Diriez-vous qu’il s’agit d’un film politique ?


La loi du amrché - Vincent Lindon"Politique" dans le sens "organisation de la cité", oui. Je regarde la vie d’un homme qui a donné son corps, son temps et son énergie, pendant 25 ans a une entreprise avant d’être mis sur la touche parce que des patrons ont décidé d’aller fabriquer le même produit dans un autre pays à la main d’oeuvre moins chère

 

Cet homme n’est pas mis dehors parce qu’il fait mal son travail, il est mis dehors parce que des gens veulent gagner plus d’argent. Thierry est la conséquence mécanique de l’enrichissement de quelques actionnaires invisibles. Il est un visage sur les chiffres du chômage que l’on entend tous les jours aux informations. C’est parfois juste une brève de deux lignes mais cela cache des drames absolus. Il ne s’agissait pas par contre de s’égarer dans le misérabilisme. Thierry est un homme normal (même si depuis quelques années, la notion de l’homme normal a été un peu esquintée) dans une situation brutale : Le chômage durant plus de 20 mois après la fermeture de son usine et l’obligation d’accepter à peu près n’importe quel travail. Et quand ce travail place l’individu face à une situation moralement ingérable, que peut-il faire ? Rester et devenir le complice d’un système inique ou partir et retrouver la précarité ? C’est la question du film. La place d’un homme dans un système.

 Interview de Stéphane Brizé et Vincent Lindon
 

Vous suivez Thierry très longtemps avant de lui faire trouver son travail.


Oui, c’était une idée importante pour moi que de longuement montrer Thierry dans la réalité de son humiliation sociale liée au chômage. Les rendez-vous à Pôle-emploi, les stages qui ne débouchent sur rien, la banque qui fait la morale, l’entretien d’embauche par Skype, etc… Personne n’est vraiment méchant mais chacun à sa place, sans vraiment le vouloir (ou sans trop oser le voir), participe à la violence du monde.


Ce monde c’est le nôtre. Et la durée de cette observation nous permet de comprendre que Thierry n’a absolument plus le choix lorsqu’il accepte son nouveau travail.


Vous ne faites d’ailleurs pas un portrait au vitriol de cette profession souvent caricaturée.


Mais parce que les personnes que j’ai rencontrées ne sont pas du tout caricaturales. Je n’ai pas rencontré de cow-boys qui abusent de leur petit pouvoir. J’ai rencontré des hommes et des femmes tout à fait sympathiques dont le métier est d’éviter le vol dans leur magasin. J’y ai ajouté quelque chose qui n’existe pas dans l’hypermarché dans lequel j’ai tourné qui est que le directeur vire des employés à la moindre petite faute pour ne pas les remplacer et augmenter son chiffre d’affaire.


C’est une invention ou vous aviez entendu cela quelque part ?


La loi du marché - Vincent LindonJe l’avais entendu il y a longtemps dans un documentaire et j’avais gardé cela en tête. Qu’une entreprise gagne de l’argent c’est une chose. Qu’une entreprise maltraite physiquement ou moralement ses employés pour gagner cet argent, c’en est une autre. Le travail devient une denrée rare. Comme l’eau.

 

 

Et les entreprises ont finalement un pouvoir colossal entre les mains. Si l’entreprise est saine, le troc entre elle et l’employé est équilibré. Mais si cette entreprise se comporte comme une dictature qui possède l’arme nucléaire, alors l’employé devient ni plus ni moins que de la chair à canon. Que lui reste-t-il alors de sa dignité ? C’est ce que j’avais ici envie de regarder.

Mon opinion

 

Immersion totale pour Vincent Lindon, seul comédien professionnel, dans le quotidien d'hommes et de femmes en emplois précaires ou carrément sans travail. Filmé d'une façon quasi documentaire, l'ensemble est implacable, glaçant, et d'un réalisme frappant.

 

Les longs plans séquences se succèdent et nous entraînent dans la spirale infernale des démarches à Pôle emploi. Pire encore, dans un entretien d'embauche via Skype, dans lequel  les qualifications et l'expérience professionnelle ne comptent plus. Déshumanisation à tous les niveaux, y compris pour des caissières d'une grande surface, épiées en permanence par des caméras de surveillance. Chercher la faute à tout prix, sans accorder la plus petite circonstance atténuante. L'horreur, aussi, lors des entretiens avec la conseillère financière de la banque plus à l'aise pour vendre des "produits" que rester à l'écoute de son interlocuteur.

 

Dépouillé à l'extrême, la réalisation de Stéphane Brizé est à la fois subtile et d'une incroyable réalité. Les silences sont oppressants. Certains mots adressés à ces êtres humains, résonnent d'une incroyable cruauté.

 

Le réalisateur n'hésite pas d'appuyer son propos à l'extrême au risque d'écarter certains spectateurs par ce fait de société 

 

Vincent Lindon est remarquable de bout en bout. Entouré par beaucoup d'amour, seul point positif, son talent suffit à rendre ce film passionnant. D'un cours de danse à la vente d'un mobil-home ou déambulant dans les allées de la grande surface, sa volonté est inébranlable. Rester debout en dépit de tout.

 

Un grand moment de cinéma qui secoue.

La loi du marché
La loi du marché
La loi du marché
13 mai 2015 3 13 /05 /mai /2015 18:00


Date de sortie 13 mai 2015

 

La Tête haute


Réalisé par Emmanuelle Bercot


Avec Rod Paradot, Catherine Deneuve, Benoît Magimel,

Sara Forestier, Raoul Fernandez


Genre Comédie dramatique


Production Française

 

 

Cette année, c'est le film d'une réalisatrice française, Emmanuelle Bercot,  qui fera l’Ouverture du Festival de Cannes 2015.

"Le choix de ce film pourra paraître surprenant au regard des codes généralement appliqués à l’Ouverture du Festival de Cannes, - déclare Thierry Frémaux, Délégué général de la manifestation. - C’est évidemment le reflet de notre volonté de voir le Festival commencer avec une œuvre différente, forte et émouvante. Le film d’Emmanuelle Bercot dit des choses importantes sur la société d’aujourd’hui, dans la tradition d’un cinéma moderne, pleinement engagé sur les questions sociales et dont le caractère universel en fait une œuvre idéale pour le public mondial qui sera au rendez-vous à Cannes."

 

Emmanuelle Bercot est la deuxième femme à avoir un film en ouverture au Festival de Cannes,  après Diane Kurys, en 1987, pour Un Homme amoureux.

 

César 2016.

 

-  Meilleur espoir masculin Rod Paradot

-  Meilleur acteur dans un second rôle Benoît Magimel 

 

 

Synopsis

 

L’itinéraire de Malony.

 

La tête haute - Rod Paradot,

 

 

 

Un jeune délinquant (Rod Paradot), que l’on suivra de l’âge de six ans jusqu’à sa majorité.

 

Tout au long de son parcours, son éducateur (Benoît Magimel) et une juge pour mineurs (Catherine Deneuve) tenteront de sauver le jeune homme de son quotidien chaotique, avec une mère dépassée par les événements (Sara Forestier).

Pour dénicher la perle rare, Elsa Pharaon, réputée dans le casting sauvage, a écumé les lycées professionnels. Après de longues recherches, elle a trouvé le jeune Rod Paradot à Satins où il faisait un CAP menuiserie. Elsa Romano et Emmanuelle Bercot souhaitaient trouver quelqu’un qui ne stigmatise par la figure du délinquant, il fallait donc s’éloigner le plus possible des clichés habituels. De préférence, elles ne voulaient pas quelqu’un de typé, issu de l’immigration, avec des problèmes de drogue ou qui fasse partie d’un gang. L’autre difficulté résidait dans le fait de trouver une personne capable de faire à la fois 13 et 17 ans.

 

Si le personnage de Malony a été compliqué à écrire, travailler avec Rod Paradot s’est révélé beaucoup plus simple. La difficulté pour l’acteur novice était de rendre cette "tête à claques" attachante. Le spectateur doit suivre un cheminement où il finit par l’aimer en comprenant ses fêlures ainsi que sa souffrance. Tour à tour, le film distille un sentiment qui oscille entre confiance et découragement, ce qui constitue un dosage très délicat à trouver selon la réalisatrice.

Emmanuelle Bercot est une habituée des films aux sujets délicats. Clément, son long-métrage sorti en 2001, racontait l'histoire d'amour improbable et dérangeant entre une femme et un jeune garçon de 13 ans.

 

Elle a fait part de son envie de "jouer avec le mythe Deneuve". L'actrice a été d'un grand soutien pour la réalisatrice : "Tous ses rôles nous habitent inconsciemment, nous cinéastes. Il faut se l'approprier : j'avais envie de découvrir des choses chez elle. Elle a réussi à me surprendre par sa liberté de jeu, par la façon dont elle s'est abandonnée, par tous les cadeaux qu'elle m'a fait dans ce film."

 

Catherine Deneuve était également à l'affiche d'Elle s'en va, la précédente réalisation d'Emmanuelle Bercot sorti sur les écrans en septembre 2013.

 

Emmanuelle Bercot a rapidement su qu'elle voulait retravailler avec Catherine Deneuve. D'ailleurs, elle n'a pas attendu que la promotion d'Elle s'en va soit terminée pour lui soumettre le scénario de La Tête haute.

 

L'actrice a été quelque peu surprise mais son lien profond avec la réalisatrice l'a incité à accepter. Ce choix stratégique se justifie par la dualité qui sommeille en elle, cette autorité naturelle et le côté protecteur, presque maternel. Ce mélange correspondait parfaitement à la description du Juge qui est un personnage pivot.

 

La tête haute

 

Catherine Deneuve face à Rod Paradot

 

 

Catherine Deneuve répond auw questions de Danielle Attali pour le Journal du Dimanche:
 

Ici, vous incarnez une juge pour enfants comme une figure parentale.


C'est un peu ça. Il y a une scène qui n'est plus dans le film – juste avant celle où j'explique à l'ado que je vais le mettre en prison, car c'est le seul service que je peux lui rendre – dans laquelle j'expliquais à Benoît Magimel qu'il était un peu la mère du gamin et moi, le père.

 

Parce que vous incarnez l'autorité ?


Oui, et c'est le problème de ces mômes, les limites. Je suis allée dans un tribunal voir ce qui se passait. Je voulais savoir comment les juges s'adressaient aux enfants et aux adolescents. C'était très important. Emmanuelle Bercot y tenait également. On a rencontré des gens beaucoup plus étonnants, moins classiques et conventionnels que ce que l'on pouvait imaginer.

 

C'est donc une incarnation réaliste…


Je fais confiance à Emmanuelle Bercot. Si elle se trompe, je me tromperai avec elle. Elle avait une idée très précise de ce qu'elle voulait raconter. Elle est un très bon metteur en scène et une excellente scénariste qui peaufine son travail. C'est assez rare dans le cinéma français, des scénarios très aboutis. Elle a écrit un personnage que je comprenais. Elle m'a poussée à être plus dure que je l'aurais été. Moi, j'avais peur d'être trop cassante car mes scènes sont celles où j'annonce des faits, des dates, c'est très sec.

 

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Au sortir de La fémis, après le succès de La puce, M6 lui propose à Emmanuelle Bercot la réalisation d'un téléfilm. L'opportunité l'enchante, bien sûr, mais les producteurs refusent de confier le rôle central à la méconnue Isild Le Besco. "Alors tant pis, se permet de rétorquer la toute jeune et frondeuse diplômée. Hors de question que je me sépare de mon actrice fétiche".  

Et elle sortira vainqueur du bras de fer. L'anecdote, révélatrice, traduit l'immense fidélité d'une artiste envers ceux qu'elle porte dans son coeur. "J'admire Cassavetes, explique-t-elle. Pour son talent, mais aussi pour sa façon de travailler, de réunir ses proches, sa femme, sa belle-mère, ses enfants...".

Extrait de propos recueillis par Laurent Djian, publié le 17/09/2013  et relevé sur .lexpress.fr

 

Marcia Romano, scénariste du film, et Emmanuelle Bercot sont deux anciennes camarades de La Femis. Bien qu'elles ne faisaient pas partie de la même promotion, les deux jeunes femmes ont écrit ensemble le court-métrage "Les Vacances".

 

Puis, 10 ans se sont écoulés avant qu'elles ne manifestent le désir de collaborer à nouveau.

 

Pour les besoins du film, Marcia Romano est allée faire un stage au Tribunal pour enfants de Paris qui a duré plusieurs semaines. Elle a notamment assisté à de nombreuses audiences, pénales et éducatives, qui l'ont fortement aidé pour le processus d'écriture. Par la suite, elle a accompagné des éducateurs dans des centres spécialisés.

 

La tête haute - Sara ForestierLa pétillante Sara Forestier s’est imposée à l’esprit de la coscénariste réalisatrice dès la phase d’écriture. Pourtant, cette dernière a changé son fusil d’épaule et décidé de prendre une inconnue avant de se raviser. Une fois de plus, les essais avec Rod ont été décisifs. L’envie de l’actrice pour ce rôle avait quelque chose de viscéral ce qui n’a pas manqué de stimuler Emmanuelle Bercot.

 

Emmanuelle Bercot a fait appel à des non professionnels pour jouer certains éducateurs. Ce choix n’est pas anodin puisqu’il avait pour but de confronter les acteurs à quelque chose d’inattendu, de risqué mais authentique.

 

La tête haute - Rod Paradot et Benoît MagimelInterrogée sur les raisons qui l’ont poussée à engager Benoît Magimel, Emmanuelle Bercot répond simplement qu’elle a toujours été admirative de son travail. C’est un acteur qu’elle suit depuis son premier rôle dans La Vie est un long fleuve tranquille.

 

La réalisatrice a été séduite par la manière dont il joue avec son corps, sa beauté et sa virilité.

 

 

Néanmoins, le choix ne fut pas si évident puisque la cinéaste a pendant un temps envisagé de faire marche arrière et de prendre un parfait inconnu.

 

C’est en voyant Benoît Magimel donner la répliquer à Rod Paradot pendant les essais que l’hésitation se dissipa.

 

La réalisatrice s’est directement inspirée de l’expérience de son oncle qui s’occupait d’un camp de jeunes délinquants en Bretagne, dont un jeune en particulier qui était issu d’un milieu difficile. Conscience de sa chance, une fascination intense pour ces adolescents s’est emparée d’elle. Elle a tenté de comprendre leur comportement, le refus des conventions, de l’autorité et surtout la dévotion de son oncle. Cette expérience l’a tellement marquée qu’elle a envisagé de devenir juge des enfants.

 

Une citation en particulier, provenant du livre d’un juge, synthétise le cœur du film : "L’éducation est un droit fondamental. Il doit être assumé par la famille et si elle n’y parvient pas, il revient à la société de l’assumer…". C’est au cours d’une de ses lectures qu’Emmanuelle Bercot est tombée dessus, alors qu’elle effectuait un travail de recherches approfondies. La phrase résume parfaitement le travail qui est fait pour ces mineurs écartés du système et la lutte pour l’éducation.

 

Guillaume Schiffman, directeur de la photographie, est habitué à travailler avec Emmanuelle Bercot. Cette dernière avait une idée très précise du style dont elle voulait habiller son film : "J'avais envie d'accompagner l'aspect documentaire par une certaine tenue et une exigence visuelle. Je ne voulais pas d'une lumière trop stylisée mais je voulais quand même une lumière qui s'affirme, très travaillée. Dans le bureau de la juge -d'ordinaire très mal éclairé ! - il n'y a jamais la même ambiance lumineuse. Avec Guillaume, on travaille toujours pareil. Je lui montre des photos qui m'inspirent et on en discute. Je ne voulais pas non plus appuyer la noirceur de cette histoire, je rêvais au contraire d'un film lumineux. Je n'ai pas hésité ainsi à faire ces images de Malony au milieu de la nature, comme pour apporter un certain souffle lyrique à cette histoire âpre..."

 

La tête haute - Rod Paradot et Benoît Magimel

 

Rod Paradot et Benoît Magimel

 

Sources :

http://www.allocine.fr

Mon opinion

 

Emmanuelle Bercot réalise et coscénarise avec Marcia Romano un film violent dans le propos, d'une grande dureté frôlant la cruauté, mais authentique de bout en bout. Le très beau travail d'écriture du scénario et les dialogues cinglants ne peuvent pas laisser de marbre.

 

La réalisatrice l'a souhaité ainsi, donner aux spectateurs "un reflet pur et dur" de la difficile fonction de ce métier souvent méconnu ou mal apprécié, celui des juges pour enfants.

 

Même si certaines scènes ont tendance à se répéter, l'ensemble est bouleversant et d'un réalisme qui frôle le documentaire.

 

Dans un rôle difficile et douloureux, Sara Forestier excelle en mère dépassée et dépressive. Un seul bémol, pourquoi l'avoir affublé de cette prothèse qui n'apporte rien, à l'exception d'une réplique dans des dialogues d'une incroyable férocité ?

 

Magnifiquement dirigé, le jeune Rod Paradot, dans le rôle de cet adolescent mal aimé et paumé, est touchant, bouleversant aussi dans la découverte et l'acception du toucher et des vrais sentiments.

 

Benoît Magimel, parfait, renoue avec un vrai et grand rôle.

 

Catherine Deneuve d'une grande justesse, ne se départit pas d'une réelle émotion vite effacée quand son devoir l'oblige à appliquer la loi. Un nouveau rôle pour cette grande actrice qui n'en finira plus d'étonner et de séduire.

 

Un film qui pourra déranger, mais qui n'en reste pas moins un grand moment de cinéma très fort et parfaitement réussi.

La tête haute
La tête haute
9 mai 2015 6 09 /05 /mai /2015 19:59

 

Date de sortie 29 avril 2015

 

Les Optimistes


Réalisé par Gunhild Westhagen Magnor

Genre Documentaire


Production Norvégienne, Suédoise

 

Gunhild Westhagen Magnor a étudié le cinéma à l'Institut d'Art et de Design de Surrey au Royaume Uni. Possédant une formation de réalisatrice et de chef opératrice, elle a la particularité de filmer, caméra à la main, ses propres films en plus de les réaliser.

 

Synopsis

 

Les Optimistes est le nom d'une équipe de volley norvégienne hors du commun : les joueuses ont entre 66 et 98 ans ! Bien que ces mamies sportives n’aient pas joué un seul vrai match en 30 ans d’entraînement, elles décident de relever un grand défi : se rendre en Suède pour affronter leurs homologues masculins.

 

Mais avant cela, il faut broder les survêtements, trouver un sponsor, convaincre l’entraîneur national de les coacher, mémoriser les règles qu’elles ont oubliées, se lever au petit matin pour aller courir…

 

Croyez-les : être sénior est une chance, et ces Optimistes la saisissent en plein vol !

 

Les optimistes

 

 Goro Wergeland âgée de 98 ans et Lillemor Berthelsen de 88 ans.

C'est à l'approche de ses trente ans que l'angoisse de vieillir a rattrapé Gunhild Westhagen Magnor. Au même moment, sa propre mère de 72 ans lui a annoncé qu'elle commençait à pratiquer le volley-ball et que la plus âgée de ses partenaires avait 96 ans !

 

La réalisatrice a donc aussitôt voulu rencontrer l'équipe des Opportunistes. Elle fut très marquée par cette rencontre et souhaita réaliser un documentaire :

 

Les Optimistes

 

 

"Mon idée était de bousculer les idées reçues autour de l’image que l’on se fait des "seniors". C’est un âge qu’on aborde habituellement sous l’angle de la solitude ou de la maladie.

Au contact de Goro, 98 ans, et de sa vision enthousiasmante de la vie, j’ai donné cette inflexion positive à mon documentaire."

 

 

 

La cinéaste a souhaité aller à contre-courant des représentations.

Son film s'achève sur une scène se déroulant en été alors que les seniors sont majoritairement associés à l'hiver :

 

"C’est une illustration du cycle de la vie. Je voulais terminer sur l’été car cette saison remplit les gens d’allégresse (...). Je souhaitais clore mon film sur l’idée que la vie continue."

 

La réalisatrice ne souhaitait pas s'attarder sur les problèmes de santé d'un des personnages. Ni en faire un élément dramatique à la manière d'un film hollywoodien. Elle a privilégié l'aspect collectif de son film et a notamment voulu montrer cette communauté féminine très active.

Gunhild Westhagen Magnor a cherché à filmer une équipe de volley féminine en raison de la faible représentativité du troisième âge au cinéma. La réalisatrice y voyait également le moyen de mieux représenter les femmes ainsi que leur capacité à surmonter des épreuves et à se rassembler.

 

Les Optimistes

 

La réalisatrice a expliqué que si ces femmes se montrent si vivantes malgré leur âge avancé, c'est parce qu'elles ont su se prendre en main et que

 

"le bonheur est ce qui vous fait paraître plus jeune."

 

 

 

Elle s'est beaucoup attardée sur les visages de ces femmes, notamment en les filmant au ralenti car selon elle, "ils portent l’empreinte du temps passé (...) ils expriment plus d’émotions que ce qui les entoure."

 

Selon Gunhild Westhagen Magnor, le match de volley final que disputent les joueuses peut être vu comme une métaphore existentialiste, car le sport

 

"n’est qu’un cadre pour parler des combats personnels qu’il nous faut mener. D’une certaine manière, le match métaphorise cette lutte. Les vieilles dames n’ont pas gagné dans les faits, mais sur le plan personnel, elles ont largement remporté la victoire ! Elles se sont beaucoup amusées, ont relevé le défi. Elles sont même allées jouer à l’étranger, se sont fait de nouveaux amis. L’expérience en elle-même est plus importante que le match."

 

Les Optimistes

 

Solveig Sæthersdal  et Goro Wergeland 

Mon opinion

 

Un documentaire à nul autre pareil.

 

Des femmes âgées de 66 à 98 ans, nous font partager leur entraînement au sein d'une équipe de volley. Un sport qu'elles pratiquent en amateur depuis de nombreuses années.

 

Pas question de s'attarder sur les maux qui accompagnent le temps qui passe. Si certaines dévoilent un pan de leur intimité dans des intérieurs cosy, nous ne saurons rien de leur passé ou de leurs blessures. Un regard sur une photo, un baiser sur une autre. Rien de plus.

 

Le spectateur reste le témoin privilégié de cet acharnement de vivre pleinement l'instant présent et d'aller jusqu'au bout du possible. Sans apitoiement. 

 

La réalisatrice filme longuement ces visages ridés, certes, mais ils illuminent ce documentaire de la première à la dernière image.

 

À votre santé mesdames, et merci pour votre enthousiasme communicatif.

Les Optimistes "Optimistene"

 

Welcome

 

"Le bonheur est la chose la plus simple,

mais beaucoup s'échinent à la transformer

en travaux forcés !"

 
François Truffaut

 

 

 

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