Date de sortie 22 avril 2015
Réalisé par Olivier Baroux
Avec Daniel Auteuil, Gérard Jugnot, François Berléand,
Zabou Breitman, Mélanie Doutey, Isabelle Gélinas,
Jean-Philippe Ricci et Justine Bruneau de la Salle
Genre Comédie
Production Française
Synopsis
Richard (Daniel Auteuil), Gilles (Gérard Jugnot) et Philippe (François Berléand) sont amis depuis près de cinquante ans.
Le temps d’un été, ils embarquent avec leurs compagnes sur un magnifique voilier pour une croisière vers la Corse. Mais la cohabitation à bord d’un bateau n’est pas toujours facile. D’autant que chaque couple a ses problèmes, et que la météo leur réserve de grosses surprises...
Entre rires et confessions, griefs et jalousies vont remonter à la surface. Chacun va devoir faire le point sur sa vie et sur ses relations aux autres. L’amitié résistera-t-elle au gros temps ?
relevé sur unifrance.org
Entre amis est votre 7e film de réalisateur. Comment en est née l’idée ?
L’idée et même l’envie de ce film vient de Richard Grandpierre, qui en est à la fois le producteur et l’auteur à la base. Cela fait un moment qu’il rêvait de réunir à nouveau à l’écran Daniel Auteuil et Gérard Jugnot, qu’il connait depuis longtemps, et de leur associer François Berléand. Richard a donc écrit le scénario avec Eric Besnard, avec qui j’avais travaillé sur L’Italien. Je n’ai plus eu au final qu’à mettre ma patte. Mais au départ, il était même question que Richard réalise le film. Je l’ai poussé très longtemps en lui disant que c’était une belle opportunité mais au final il a eu l’honnêteté de reconnaîitre qu’il ne se sentait pas de le faire parce que le projet était trop lourd. Richard m’a donc offert ce cadeau merveilleux et c’est moi qui ai réalisé Entre amis…
Qu’est-ce qui vous plaisait tant ?
J’y suis allé parce que le sujet me parlait.
J’ai eu l’occasion de faire pas mal de croisières sur des petits bateaux de ce genre, dont une mémorable avec Kad dans les Grenadines. Comme Gérard Jugnot dans le film, j’avais à l’époque décidé d’arrêter de fumer et ça s’est très mal passé ! Dès la lecture du début du scénario, je savais que je pouvais raconter tout cela mais aussi la promiscuité sur un bateau, la difficulté de devoir rester en mer pendant des jours, le mauvais temps, les gens malades à bord ou ceux qui, comme Isabelle Gélinas dans le film, préfèrent rester dehors quelles que soient les conditions météo…
Tout est exacerbé dans ce contexte-là : les deux premiers jours c’est super mais quand on sait qu’il en reste six, ça peut virer au cauchemar ! Au-delà de l’histoire, je dois dire que l’aspect technique m’excitait beaucoup aussi. On n’a pas tous souvent l’occasion de mettre en scène une tempête…
C’est aussi ce qui fait l’intérêt de : ce côté spectaculaire sur lequel nous reviendrons et le huis-clos très vaudeville entre les personnages…
Absolument j’aimais ce double aspect mais également la possibilité de parler de la nostalgie.
J’ai aujourd’hui 51 ans et c’est un âge où l’on commence à évoquer ses souvenirs. J’ai des amis de longue date, (les fameux amis de 30 ans !), et je voulais aborder l’idée du temps qui passe et la raison ou la façon dont on reste amis malgré cela. C’était aussi passionnant d’imaginer comment ce groupe de potes réagirait si l’un d’entre eux divorçait et leur présentait sa nouvelle femme, beaucoup plus jeune que lui !
Comment ses amis accepteraient-ils cette intruse ?
Avec d’ailleurs la tempête en métaphore : l’amitié a parfois besoin d’une bonne bourrasque pour perdurer…
Ça c’est certain, même si là, nous avons poussé le curseur un peu loin : heureusement, on se dispute rarement aussi durement entre potes ! Ceux du film vont vraiment régler tous leurs comptes dans une scène assez violente autour du personnage de Richard, joué par Daniel Auteuil…
Le fait de tourner avec des comédiens venus ou abonnés à la scène est également un atout j’imagine ?
Oui et tous ont vraiment nourri le film. Zabou Breitman, par exemple, a été une collaboratrice essentielle pour qu’on ne déteste pas totalement son personnage. C’est elle qui nous a aidés à trouver des nuances. Tous l’ont fait et à l’arrivée c’est un véritable travail en commun, ce qui n’arrive pas sur tous les films. Certains acteurs préfèrent se laisser porter par le scénario.
Ici, il y a eu beaucoup de questionnements et pas mal d’évolution qui ont servi le film…
Sans trop en dire, entrons dans le secret de la fabrication de .
Comment avez-vous procédé entre ce qui se passe réellement en mer et ce qui se déroule en studio ?
En amont du tournage, nous avons revu pas mal de films et notamment All is lost avec Robert Redford. Rapidement, il a été décidé de faire autrement ! Nous avions donc un vrai bateau et une réplique un peu plus petite du voilier, montée sur vérins pour simuler le roulis en studio. Au-delà des scènes de tempête, elle nous a été très utile pour des séquences plus paisibles mais qui posaient problème en termes de lumière. Quand vous tournez sur un vrai bateau, entre la sortie du port, l’installation du matériel, les changements de cadres, de plans, etc vous n’avez en fait que 4 heures pleines par jour pour tourner. C’est possible bien sûr mais ça dure quatre mois, ce qui n’était pas envisageable côté budget ! Alors ce dispositif studio était formidable mais techniquement très compliqué, d’autant qu’il a fallu ensuite rajouter de la mer en images de synthèse. Ça m’inquiétait beaucoup mais j’ai vite été rassuré par les prouesses d’Alain Carsoux de La Compagnie des Images qui, juste avant , venait de signer les effets spéciaux de En solitaire. En fait, l’aspect comédie du film reste le plus important. La technologie nous a juste permis durant sept semaines de travail de rendre les choses plus spectaculaires… Quant aux scènes du début, de l’arrivée et de la sortie du port par exemple, elles ont été tournées à Marseille sur un vrai voilier pendant trois semaines.
Un mot au passage de la lumière du film qui est très soignée et maintient parfaitement l’illusion entre le "vrai" et le "faux"…
Elle est signée Régis Blondeau qui est un excellent chef opérateur et qui a beaucoup travaillé pour que tout soit raccord, par exemple la scène du dîner qui comporte des plans sur le vrai bateau et d’autres en studio…
À propos de vrai bateau, vos comédiens ont eu à souffrir du tournage en pleine mer ?
Non pas du tout, c’est en studio que ça a été difficile ! Ils ont eu très froid à force de passer des jours à recevoir des litres et des litres d’eau à 16°C… Pour tourner la tempête, on leur envoyait 1000 litres par vague ! C’était donc extrêmement contraignant mais ils ont formidablement joué le jeu en s’amusant des nombreuses contraintes du tournage car en plus de l’eau et des différents modèles de pompes pour la projeter, il y avait aussi des ventilateurs et un bruit infernal sur le plateau !
En tant que réalisateur, entre devoir faire avec ces aspects techniques et ne jamais oublier le texte et la comédie, qu’est-ce qui été le plus difficile ?
En fait, nous avons tourné le film en deux parties: d’abord la comédie et ensuite la tempête. Ces scènes d’action étaient presque chorégraphiées: les comédiens savaient exactement ce qu’ils avaient à faire ce qui nous permettait de pouvoir les "oublier" un peu afin de nous concentrer sur la technique.
Êtes-vous d’accord si je vous dis que est sans doute votre film le plus abouti en termes de réalisation ?
D’abord ça me fait très plaisir mais je crois que c’est surtout dû à l’histoire. C’est le genre de film qui ne peut pas se contenter d’être mis en scène basiquement et j’avais l’envie de tourner des beaux plans de ce bateau magnifique et ceux plus complexes de la tempête. En plus, j’ai eu la chance de disposer de tout le matériel pour donner une certaine amplitude au film. Je crois enfin que le fait de n’avoir qu’un seul décor, le bateau, m’a obligé à être plus imaginatif…
Vous parliez de All is lost en référence aux films En mer. En avez-vous revu d’autres avant le tournage ?
Oui, notamment Master and commander de Peter Weir qui utilisait une technique différente, en bassin sur vérins. Le making-of est passionnant. J’ai également regardé Calme blanc de Phillip Noyce qui avait été entièrement tourné en mer sur un voilier. Côté documentation, j’ai lu quelques récits de mésaventures en croisière et surtout le cauchemar du tournage des Dents de la mer de Spielberg !
Prenons maintenant les personnages un par un, à commencer par Richard, celui joué par Daniel Auteuil…
Déjà, le fait d’évoquer la possibilité de tourner avec Daniel Auteuil m’a un peu fait trembler ! J’avais eu la chance de le croiser sur le tournage de La fille du puisatier dans lequel jouait Kad, lequel m’avait dit qu’il appréciait mon travail. Nous nous sommes vus chez lui et il m’a confirmé tout cela, ce qui m’a apaisé !
Daniel est un grand acteur de comédie : il a commencé par-là, avant d’avoir la chance de croiser la route de Claude Berri et de devenir Ugolin, ce qui a transformé sa carrière. C’est quelqu’un de généreux, de bon, de sympathique, d’inventif. Il fait en plus partie d’une génération de comédiens que je ne connaissais pas en tant que metteur en scène et c’est passionnant de travailler avec des gens qui ont ce parcours… Autant vous dire que je n’ai pas dirigé Daniel par exemple sur la scène du pétage de plomb ! Il y est allé tout seul, presque dans une sorte de folie… Richard, son personnage, est un type qui a réussi, qui a beaucoup d’argent et qui invite ses potes et sa nouvelle épouse en vacances. Sauf que cette année-là, il vient de divorcer, et pour ne pas retourner dans la maison habituelle occupée par son ex-femme, il loue un bateau. C’est donc le vrai bon copain mais avoir de l’argent pose un problème à ses amis. C’est compliqué de faire plaisir quand on est riche : il faut le faire discrètement, sans en parler, au risque de se le voir reprocher. Il le leur dit à un moment : "vous êtes jaloux"…
Gilles, interprété par Gérard Jugnot…
Lui, c’est sans doute le plus simple des trois garçons. Quand on lui demande combien il lui faudrait pour ne plus avoir à travailler, il répond "un million" alors que les autres tablent plutôt sur trois ou cinq ! Sa seule vraie problématique, c’est d’arrêter de fumer. Il y en a une autre plus intime et plus grave que l’on découvre vers la fin de l’histoire. Un moment de sa vie très douloureux pour lequel ses copains n’étaient pas là… En le leur avouant, il n’est pas dans le reproche, juste dans le constat. Je connaissais un peu Gérard, qui nous avait invités Kad et moi pour un numéro du "Gala des artistes" au Cirque d’Hiver. J’avais découvert quelqu’un de très simple, assez timide qui apparemment m’aimait bien ! Il a dit oui très vite pour le film car je crois qu’il était aussi ravi de retrouver son vieux pote Auteuil au cinéma.
François Berléand est Philippe…
Lui je le connaissais un peu mieux pour avoir partagé quelques sketches en sa compagnie à la télévision. Je l’avais vu plusieurs fois au théâtre où je l’avais trouvé formidable. Autant vous dire que ça n’a pas été le plus facile à gérer sur le tournage : François possède un humour assez rude et nous avons vécu ensemble une sorte d’amour vache pendant dix semaines ! J’ai adoré ce moyen de communication à base de "ouais c’est ça pauv’ con", "casse-toi t’es nul" et moi lui répondant "bouge-toi t’es trop vieux"! Il joue le rôle de Philippe, un type au bord de la rupture, notamment avec sa redoutable femme qui gagne beaucoup mieux sa vie que lui. C’est une vraie souffrance pour lui car il est encore sur le vieux schéma qui veut que l’homme ramène la pitance à la maison ! Au début de la croisière, c’est clairement un couple en fin de parcours…
On passe aux femmes et d’abord à Mélanie Doutey dans le rôle de Daphné…
J’ai fait mon premier film, Ce soir je dors chez toi, avec Mélanie et c’est une actrice que j’adore, qui peut tout jouer et elles ne sont pas si nombreuses que ça ! Quand je lui ai proposé Entre amis, elle a demandé à lire et nous avons ensuite travaillé ensemble son personnage. Elle comme moi ne voulions pas tomber dans la caricature de "la jeune nana un peu écervelée qui épouse un mec blindé" ! Nous avons donc cherché et trouvé des petites nuances qui ont donné une autre épaisseur à Daphné, comme son métier d’ophtalmologiste. Mélanie a 35 ans aujourd’hui, elle ne peut plus et ne veut plus jouer les gamines. Nous lui avons par exemple coupé les cheveux au carré, ce qui la rend plus femme. Ensuite, il y avait également l’aspect comédie et on peut dire sans trop révéler de choses que Daphné n’a pas beaucoup de chance à bord du bateau…
Zabou Breitman est Astrid…
Avec Kad, nous avons une histoire assez particulière avec elle. Il y a des années, on nous avait demandé de présenter le Festival du Film de Comédie de l’Alpe d’Huez. Évidemment, vous imaginez bien que nous avons fait les crétins sur scène et à la fin, Zabou est venue nous voir pour nous engueuler comme à l’école ! Quand on m’a proposé son nom pour le film, j’espérais qu’elle ne se souviendrait pas de cet épisode et heureusement, c’était le cas ! On ne s’en est même jamais parlé…
J’ai découvert sur le plateau une actrice formidable, une réalisatrice aussi qui m’a tout de suite assuré de son soutien et de son entière collaboration. Et c’est vrai que Zabou m’a vraiment aidé, en apportant des idées, des répliques comme nous le disions tout à l’heure. Un bonheur ! Elle avait en plus à jouer un rôle délicat : Astrid est une femme très riche, qui travaille dans la pub, qui a consenti à reculons de faire cette croisière et qui en plus est la meilleure amie de l’ex-femme de Richard. Évidemment, d’entrée, elle va détester Daphné ! Bref, un personnage insupportable au bout d’un quart d’heure mais qui cache aussi un vrai problème. Elle aime encore son mari mais elle n’ose pas l’avouer…
Enfin Isabelle Gélinas qui interprète Carole…
C’est une comédienne que je suis depuis longtemps et à qui j’avais déjà pensé pour des films précédents. Une fille formidable, adorable, fait confiance et se laisse emporter par un réalisateur. Quand il a fallu aller se baigner dans une mer à 11°C, elle était la première dans l’eau ! Carole son personnage est très proche de Gilles son mari. 0 bord, c’est un véritable marin : une révélation alors qu’elle n’a jamais fait de bateau…
C’est aussi la seule qui apprécie vraiment cette croisière et qui n’arrête pas de dire merci et combien elle a de la chance de vivre ce moment. Carole n’est pas quelqu’un de blasé, elle nage dans le bonheur, ce qui, (entre autres), énerve beaucoup Astrid !
Un mot aussi de Battistu, le commandant du voilier. Quel personnage !
À l’origine, nous étions partis sur un skippeur yougoslave mais ça ne fonctionnait pas. La croisière ayant lieu en Corse, son origine s’est imposée d’elle-même ! Moi qui connais bien cette île, je ne voulais pas tomber dans la parodie du type très attaché à ses racines. Je voulais un rôle plus nuancé et je me suis souvenu de Jean-Philippe Ricci que j’avais vu dans Un prophète ou Mafiosa et ça m’a paru évident. Encore fallait-il qu’il accepte de jouer la comédie ou plutôt qu’il s’en sente capable. Nous avons fait des essais et c’était parfait, immédiatement. Jean-Philippe a un physique impressionnant, une stature, mais dès qu’on le place dans le registre du rire, ça fonctionne, comme souvent d’ailleurs avec ces acteurs venus d’univers plus sombres. D’ailleurs, lui qui avait peur de se confronter à Daniel ou François par exemple a été immédiatement accepté, comme une cooptation…
Battistu a une autorité naturelle mais c’est aussi quelqu’un de doux, qui aime jouer de la guitare le soir sur le pont : un gentil mec, un peu lassé d’emmener des touristes au même endroit chaque semaine.
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Mon opinion
Un formidable trio d'actrices face à trois excellents comédiens. Trois couples d'horizons divers et, sans surprise, l'intrigue se dévoile dès les premières minutes. Tout va vite, et l'invraisemblable prend le pas sur ce qui aurait dû rester dans la dérision.
Sans aucune finesse, quelques répliques dans la bouche des comédiennes arrivent toutefois à arracher un sourire. Elles se déchaînent et leur talent suffit. Elles s'en tirent malgré un cabotinage quelque peu excessif.
Faute d'une solide direction d'acteurs, les trois principaux protagonistes s'amusent sous nos yeux sans nous entraîner dans la folie de cette aventure.
Les effets spéciaux qui se voudraient impressionnants n'ont rien de spectaculaires. La photographie numérique de l'ensemble des arrières-plans est particulièrement ratée.
Un film sur l'amitié. Un de plus. Sur ces retrouvailles qui virent au règlement de compte avant la réconciliation, ou pas. Bref, rien de très nouveau.