Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
23 avril 2015 4 23 /04 /avril /2015 13:44

 

Date de sortie 22 avril 2015

 

Entre Amis


Réalisé par Olivier Baroux


Avec Daniel Auteuil, Gérard Jugnot, François Berléand,

Zabou Breitman, Mélanie Doutey, Isabelle Gélinas,

Jean-Philippe Ricci et Justine Bruneau de la Salle


Genre Comédie


Production Française

 

Synopsis

 

Richard (Daniel Auteuil), Gilles (Gérard Jugnot) et Philippe (François Berléand) sont amis depuis près de cinquante ans.

 

Le temps d’un été, ils embarquent avec leurs compagnes sur un magnifique voilier pour une croisière vers la Corse. Mais la cohabitation à bord d’un bateau n’est pas toujours facile. D’autant que chaque couple a ses problèmes, et que la météo leur réserve de grosses surprises...

 

Entre rires et confessions, griefs et jalousies vont remonter à la surface. Chacun va devoir faire le point sur sa vie et sur ses relations aux autres. L’amitié résistera-t-elle au gros temps ?

 

Entre Amis

Entretien avec Olivier Baroux

relevé sur unifrance.org

 

Entre amis est votre 7e film de réalisateur. Comment en est née l’idée ?


L’idée et même l’envie de ce film vient de Richard Grandpierre, qui en est à la fois le producteur et l’auteur à la base. Cela fait un moment qu’il rêvait de réunir à nouveau à l’écran Daniel Auteuil et Gérard Jugnot, qu’il connait depuis longtemps, et de leur associer François Berléand. Richard a donc écrit le scénario avec Eric Besnard, avec qui j’avais travaillé sur L’Italien. Je n’ai plus eu au final qu’à mettre ma patte. Mais au départ, il était même question que Richard réalise le film. Je l’ai poussé très longtemps en lui disant que c’était une belle opportunité mais au final il a eu l’honnêteté de reconnaîitre qu’il ne se sentait pas de le faire parce que le projet était trop lourd. Richard m’a donc offert ce cadeau merveilleux et c’est moi qui ai réalisé Entre amis

 

Qu’est-ce qui vous plaisait tant ?


J’y suis allé parce que le sujet me parlait.
J’ai eu l’occasion de faire pas mal de croisières sur des petits bateaux de ce genre, dont une mémorable avec Kad dans les Grenadines. Comme Gérard Jugnot dans le film, j’avais à l’époque décidé d’arrêter de fumer et ça s’est très mal passé ! Dès la lecture du début du scénario, je savais que je pouvais raconter tout cela mais aussi la promiscuité sur un bateau, la difficulté de devoir rester en mer pendant des jours, le mauvais temps, les gens malades à bord ou ceux qui, comme Isabelle Gélinas dans le film, préfèrent rester dehors quelles que soient les conditions météo…

Tout est exacerbé dans ce contexte-là : les deux premiers jours c’est super mais quand on sait qu’il en reste six, ça peut virer au cauchemar ! Au-delà de l’histoire, je dois dire que l’aspect technique m’excitait beaucoup aussi. On n’a pas tous souvent l’occasion de mettre en scène une tempête…

 

C’est aussi ce qui fait l’intérêt de Entre amis : ce côté spectaculaire sur lequel nous reviendrons et le huis-clos très vaudeville entre les personnages…


Absolument j’aimais ce double aspect mais également la possibilité de parler de la nostalgie.


Entre AmisJ’ai aujourd’hui 51 ans et c’est un âge où l’on commence à évoquer ses souvenirs. J’ai des amis de longue date, (les fameux amis de 30 ans !), et je voulais aborder l’idée du temps qui passe et la raison ou la façon dont on reste amis malgré cela. C’était aussi passionnant d’imaginer comment ce groupe de potes réagirait si l’un d’entre eux divorçait et leur présentait sa nouvelle femme, beaucoup plus jeune que lui !

 


Comment ses amis accepteraient-ils cette intruse ?

 

Avec d’ailleurs la tempête en métaphore : l’amitié a parfois besoin d’une bonne bourrasque pour perdurer…


Ça c’est certain, même si là, nous avons poussé le curseur un peu loin : heureusement, on se dispute rarement aussi durement entre potes ! Ceux du film vont vraiment régler tous leurs comptes dans une scène assez violente autour du personnage de Richard, joué par Daniel Auteuil…

 

Le fait de tourner avec des comédiens venus ou abonnés à la scène est également un atout j’imagine ?


Entre AmisOui et tous ont vraiment nourri le film. Zabou Breitman, par exemple, a été une collaboratrice essentielle pour qu’on ne déteste pas totalement son personnage. C’est elle qui nous a aidés à trouver des nuances. Tous l’ont fait et à l’arrivée c’est un véritable travail en commun, ce qui n’arrive pas sur tous les films. Certains acteurs préfèrent se laisser porter par le scénario.

 

Ici, il y a eu beaucoup de questionnements et pas mal d’évolution qui ont servi le film…

 

Sans trop en dire, entrons dans le secret de la fabrication de Entre amis.

Comment avez-vous procédé entre ce qui se passe réellement en mer et ce qui se déroule en studio ?

 

En amont du tournage, nous avons revu pas mal de films et notamment All is lost avec Robert Redford. Rapidement, il a été décidé de faire autrement ! Nous avions donc un vrai bateau et une réplique un peu plus petite du voilier, montée sur vérins pour simuler le roulis en studio. Au-delà des scènes de tempête, elle nous a été très utile pour des séquences plus paisibles mais qui posaient problème en termes de lumière. Quand vous tournez sur un vrai bateau, entre la sortie du port, l’installation du matériel, les changements de cadres, de plans, etc vous n’avez en fait que 4 heures pleines par jour pour tourner. C’est possible bien sûr mais ça dure quatre mois, ce qui n’était pas envisageable côté budget ! Alors ce dispositif studio était formidable mais techniquement très compliqué, d’autant qu’il a fallu ensuite rajouter de la mer en images de synthèse. Ça m’inquiétait beaucoup mais j’ai vite été rassuré par les prouesses d’Alain Carsoux de La Compagnie des Images qui, juste avant  Entre amis, venait de signer les effets spéciaux de En solitaire. En fait, l’aspect comédie du film reste le plus important. La technologie nous a juste permis durant sept semaines de travail de rendre les choses plus spectaculaires… Quant aux scènes du début, de l’arrivée et de la sortie du port par exemple, elles ont été tournées à Marseille sur un vrai voilier pendant trois semaines.

Un mot au passage de la lumière du film qui est très soignée et maintient parfaitement l’illusion entre le "vrai" et le "faux"…


Elle est signée Régis Blondeau qui est un excellent chef opérateur et qui a beaucoup travaillé pour que tout soit raccord, par exemple la scène du dîner qui comporte des plans sur le vrai bateau et d’autres en studio…

 

Entre Amis

 

À propos de vrai bateau, vos comédiens ont eu à souffrir du tournage en pleine mer ?


Non pas du tout, c’est en studio que ça a été difficile ! Ils ont eu très froid à force de passer des jours à recevoir des litres et des litres d’eau à 16°C… Pour tourner la tempête, on leur envoyait 1000 litres par vague ! C’était donc extrêmement contraignant mais ils ont formidablement joué le jeu en s’amusant des nombreuses contraintes du tournage car en plus de l’eau et des différents modèles de pompes pour la projeter, il y avait aussi des ventilateurs et un bruit infernal sur le plateau !

 

En tant que réalisateur, entre devoir faire avec ces aspects techniques et ne jamais oublier le texte et la comédie, qu’est-ce qui été le plus difficile ?


En fait, nous avons tourné le film en deux parties: d’abord la comédie et ensuite la tempête. Ces scènes d’action étaient presque chorégraphiées: les comédiens savaient exactement ce qu’ils avaient à faire ce qui nous permettait de pouvoir les "oublier" un peu afin de nous concentrer sur la technique.

 

Êtes-vous d’accord si je vous dis que Entre amis est sans doute votre film le plus abouti en termes de réalisation ?


D’abord ça me fait très plaisir mais je crois que c’est surtout dû à l’histoire. C’est le genre de film qui ne peut pas se contenter d’être mis en scène basiquement et j’avais l’envie de tourner des beaux plans de ce bateau magnifique et ceux plus complexes de la tempête. En plus, j’ai eu la chance de disposer de tout le matériel pour donner une certaine amplitude au film. Je crois enfin que le fait de n’avoir qu’un seul décor, le bateau, m’a obligé à être plus imaginatif…

 

Vous parliez de All is lost en référence aux films En mer. En avez-vous revu d’autres avant le tournage ?


Oui, notamment Master and commander de Peter Weir qui utilisait une technique différente, en bassin sur vérins. Le making-of est passionnant. J’ai également regardé Calme blanc de Phillip Noyce qui avait été entièrement tourné en mer sur un voilier. Côté documentation, j’ai lu quelques récits de mésaventures en croisière et surtout le cauchemar du tournage des Dents de la mer de Spielberg !

Prenons maintenant les personnages un par un, à commencer par Richard, celui joué par Daniel Auteuil…


Déjà, le fait d’évoquer la possibilité de tourner avec Daniel Auteuil m’a un peu fait trembler ! J’avais eu la chance de le croiser sur le tournage de La fille du puisatier dans lequel jouait Kad, lequel m’avait dit qu’il appréciait mon travail. Nous nous sommes vus chez lui et il m’a confirmé tout cela, ce qui m’a apaisé !

 

Daniel est un grand acteur de comédie : il a commencé par-là, avant d’avoir la chance de croiser la route de Claude Berri et de devenir Ugolin, ce qui a transformé sa carrière. C’est quelqu’un de généreux, de bon, de sympathique, d’inventif. Il fait en plus partie d’une génération de comédiens que je ne connaissais pas en tant que metteur en scène et c’est passionnant de travailler avec des gens qui ont ce parcours… Autant vous dire que je n’ai pas dirigé Daniel par exemple sur la scène du pétage de plomb ! Il y est allé tout seul, presque dans une sorte de folie… Richard, son personnage, est un type qui a réussi, qui a beaucoup d’argent et qui invite ses potes et sa nouvelle épouse en vacances. Sauf que cette année-là, il vient de divorcer, et pour ne pas retourner dans la maison habituelle occupée par son ex-femme, il loue un bateau. C’est donc le vrai bon copain mais avoir de l’argent pose un problème à ses amis. C’est compliqué de faire plaisir quand on est riche : il faut le faire discrètement, sans en parler, au risque de se le voir reprocher. Il le leur dit à un moment : "vous êtes jaloux"

 

Gilles, interprété par Gérard Jugnot…


Lui, c’est sans doute le plus simple des trois garçons. Quand on lui demande combien il lui faudrait pour ne plus avoir à travailler, il répond "un million" alors que les autres tablent plutôt sur trois ou cinq ! Sa seule vraie problématique, c’est d’arrêter de fumer. Il y en a une autre plus intime et plus grave que l’on découvre vers la fin de l’histoire. Un moment de sa vie très douloureux pour lequel ses copains n’étaient pas là… En le leur avouant, il n’est pas dans le reproche, juste dans le constat. Je connaissais un peu Gérard, qui nous avait invités Kad et moi pour un numéro du "Gala des artistes" au Cirque d’Hiver. J’avais découvert quelqu’un de très simple, assez timide qui apparemment m’aimait bien ! Il a dit oui très vite pour le film car je crois qu’il était aussi ravi de retrouver son vieux pote Auteuil au cinéma.

 

François Berléand est Philippe…


Lui je le connaissais un peu mieux pour avoir partagé quelques sketches en sa compagnie à la télévision. Je l’avais vu plusieurs fois au théâtre où je l’avais trouvé formidable. Autant vous dire que ça n’a pas été le plus facile à gérer sur le tournage : François possède un humour assez rude et nous avons vécu ensemble une sorte d’amour vache pendant dix semaines ! J’ai adoré ce moyen de communication à base de "ouais c’est ça pauv’ con", "casse-toi t’es nul" et moi lui répondant "bouge-toi t’es trop vieux"! Il joue le rôle de Philippe, un type au bord de la rupture, notamment avec sa redoutable femme qui gagne beaucoup mieux sa vie que lui. C’est une vraie souffrance pour lui car il est encore sur le vieux schéma qui veut que l’homme ramène la pitance à la maison ! Au début de la croisière, c’est clairement un couple en fin de parcours…

 

Entre Amis

On passe aux femmes et d’abord à Mélanie Doutey dans le rôle de Daphné…


J’ai fait mon premier film, Ce soir je dors chez toi, avec Mélanie et c’est une actrice que j’adore, qui peut tout jouer et elles ne sont pas si nombreuses que ça ! Quand je lui ai proposé Entre amis, elle a demandé à lire et nous avons ensuite travaillé ensemble son personnage. Elle comme moi ne voulions pas tomber dans la caricature de "la jeune nana un peu écervelée qui épouse un mec blindé" ! Nous avons donc cherché et trouvé des petites nuances qui ont donné une autre épaisseur à Daphné, comme son métier d’ophtalmologiste. Mélanie a 35 ans aujourd’hui, elle ne peut plus et ne veut plus jouer les gamines. Nous lui avons par exemple coupé les cheveux au carré, ce qui la rend plus femme. Ensuite, il y avait également l’aspect comédie et on peut dire sans trop révéler de choses que Daphné n’a pas beaucoup de chance à bord du bateau…

 

Zabou Breitman est Astrid…


Avec Kad, nous avons une histoire assez particulière avec elle. Il y a des années, on nous avait demandé de présenter le Festival du Film de Comédie de l’Alpe d’Huez. Évidemment, vous imaginez bien que nous avons fait les crétins sur scène et à la fin, Zabou est venue nous voir pour nous engueuler comme à l’école ! Quand on m’a proposé son nom pour le film, j’espérais qu’elle ne se souviendrait pas de cet épisode et heureusement, c’était le cas ! On ne s’en est même jamais parlé…

J’ai découvert sur le plateau une actrice formidable, une réalisatrice aussi qui m’a tout de suite assuré de son soutien et de son entière collaboration. Et c’est vrai que Zabou m’a vraiment aidé, en apportant des idées, des répliques comme nous le disions tout à l’heure. Un bonheur ! Elle avait en plus à jouer un rôle délicat : Astrid est une femme très riche, qui travaille dans la pub, qui a consenti à reculons de faire cette croisière et qui en plus est la meilleure amie de l’ex-femme de Richard. Évidemment, d’entrée, elle va détester Daphné ! Bref, un personnage insupportable au bout d’un quart d’heure mais qui cache aussi un vrai problème. Elle aime encore son mari mais elle n’ose pas l’avouer…

 

Enfin Isabelle Gélinas qui interprète Carole…


C’est une comédienne que je suis depuis longtemps et à qui j’avais déjà pensé pour des films précédents. Une fille formidable, adorable, fait confiance et se laisse emporter par un réalisateur. Quand il a fallu aller se baigner dans une mer à 11°C, elle était la première dans l’eau ! Carole son personnage est très proche de Gilles son mari. 0 bord, c’est un véritable marin : une révélation alors qu’elle n’a jamais fait de bateau…
C’est aussi la seule qui apprécie vraiment cette croisière et qui n’arrête pas de dire merci et combien elle a de la chance de vivre ce moment. Carole n’est pas quelqu’un de blasé, elle nage dans le bonheur, ce qui, (entre autres), énerve beaucoup Astrid !

 

Un mot aussi de Battistu, le commandant du voilier. Quel personnage !


À l’origine, nous étions partis sur un skippeur yougoslave mais ça ne fonctionnait pas. La croisière ayant lieu en Corse, son origine s’est imposée d’elle-même ! Moi qui connais bien cette île, je ne voulais pas tomber dans la parodie du type très attaché à ses racines. Je voulais un rôle plus nuancé et je me suis souvenu de Jean-Philippe Ricci que j’avais vu dans Un prophète ou Mafiosa et ça m’a paru évident. Encore fallait-il qu’il accepte de jouer la comédie ou plutôt qu’il s’en sente capable. Nous avons fait des essais et c’était parfait, immédiatement. Jean-Philippe a un physique impressionnant, une stature, mais dès qu’on le place dans le registre du rire, ça fonctionne, comme souvent d’ailleurs avec ces acteurs venus d’univers plus sombres. D’ailleurs, lui qui avait peur de se confronter à Daniel ou François par exemple a été immédiatement accepté, comme une cooptation…

 

Battistu a une autorité naturelle mais c’est aussi quelqu’un de doux, qui aime jouer de la guitare le soir sur le pont : un gentil mec, un peu lassé d’emmener des touristes au même endroit chaque semaine.

 

Pour lire la suite ... Cliquez ICI !

Mon opinion

 

Un formidable trio d'actrices face à trois excellents comédiens. Trois couples d'horizons divers et, sans surprise, l'intrigue se dévoile dès les premières minutes. Tout va vite, et l'invraisemblable prend le pas sur ce qui aurait dû rester dans la dérision.

 

Sans aucune finesse, quelques répliques dans la bouche des comédiennes arrivent toutefois à arracher un sourire. Elles se déchaînent et leur talent suffit. Elles s'en tirent malgré un cabotinage quelque peu excessif.

 

Faute d'une solide direction d'acteurs, les trois principaux protagonistes s'amusent sous nos yeux sans nous entraîner dans la folie de cette aventure.

 

Les effets spéciaux qui se voudraient impressionnants n'ont rien de spectaculaires. La photographie numérique de l'ensemble des arrières-plans est particulièrement ratée.

 

Un film sur l'amitié. Un de plus. Sur ces retrouvailles qui virent au règlement de compte avant la réconciliation, ou pas. Bref, rien de très nouveau.

Entre amis
15 avril 2015 3 15 /04 /avril /2015 18:37


Date de sortie 15 avril 2015

 

En équilibre


Réalisé par Denis Dercourt


Avec Albert Dupontel, Cécile de France,

Marie Bäumer, Patrick Mille, Vincent Furic, Mélanie Malhère, Christophe Briand


Genre Drame


Production Française

 

Synopsis

 

Marc (Albert Dupontel) est cascadeur équestre.

 

Un grave accident sur un tournage lui faire perdre tout espoir de remonter un jour à cheval. Florence (Cécile de France) est chargée par la compagnie d'assurances de s'occuper du dossier de cet homme brisé.

 

Cette brève rencontre va bouleverser leurs équilibres...

 

En Équilibre - Albert Dupontel

 

Albert Dupontel

Entretien avec Denis Dercourt

relevé sur www.unifrance.org

 

D'où est née l'idée d'adapter le livre de Bernard Sachsé ?


Lorsque les producteurs de Mandarin Cinéma me l’ont fait lire, je me suis tout de suite senti très proche du sujet. Peut-être parce que, lorsqu’il est devenu paraplégique à trente ans Bernard Sachsé était un cascadeur qui vivait du cachet, comme je l’avais fait moimême longtemps en musique. La peur de l’accident, qui empêcherait d’exercer l’activité à laquelle vous vous consacrez depuis votre plus jeune âge, est une constante chez les musiciens. Plus profondément, ce thème d’un homme qui se reconstruit avait une forte résonance en moi. Dès le départ j’ai su que, pour l’élaboration du récit, je lui associerais le thème de la rencontre.

 

C'est la première fois que vous vous attaquez à une figure imposée.


J’ai beaucoup aimé cette expérience. C’est intéressant de se confronter à un autre univers, d’autres désirs. Je ne veux pas que l’univers de mes films se fige, et je cherche autant que je peux à élargir la palette.

 

Comment avez-vous travaillé avec Bernard Sachsé ?


Je l’ai rencontré plusieurs fois en début d’écriture. Bernard a beaucoup de charisme, c’est aussi quelqu’un de très positif, qui ne s’apitoie jamais sur lui-même. Pourtant j’ai dû cesser assez rapidement de le rencontrer, pour pouvoir mieux imaginer mon récit. Bernard a accepté cette prise de distance.

 

Tout en étant fidèle au personnage de Bernard Sachsé, le film prend en effet beaucoup de libertés par rapport au livre, et devient finalement très personnel.


Sur mes quatre jambes est le récit du parcours de cavalier de Bernard Sachsé, c’est le document qui m’a permis de construire le personnage de Marc.

Mais le personnage de l’assureuse est entièrement fictionnel – même s’il est inspiré du combat que Bernard a dû livrer contre les compagnies d’assurances.

 

Après son accident, Marc doit en effet se livrer à un véritable bras de fer avec les assurances qui tentent par tous les moyens de limiter leurs responsabilités ....


Dans leur livre, Bernard Sachsé et Véronique Pellerin retracent brièvement le combat que Bernard a dû livrer contre ces compagnies - combat qui a duré plus de dix ans et qu’il a heureusement fini par gagner. Ce ne sont que quelques lignes, mais très instructives. Elles ont orienté mes recherches au moment où je construisais la narration. Sans chercher à dénoncer le monde des assurances et la double peine encourue parfois par les accidentés, le film entrouvre une porte sur certaines pratiques sauvages de ce milieu. Scénaristiquement, cela permettait aussi d’apporter une pointe de thriller au sujet. Je voulais que la mise en tension provoquée par les scènes de l’accident au début soit maintenue tout au long du film

En équilibre

Dans le film, le héros parvient à surmonter son handicap en remontant à cheval et en devenant un champion accompli. Il aide également Florence à renouer avec sa vocation de musicienne. Ces trajectoires d'accomplissement individuel sont importantes dans En Équilibre.


Le postulat était que des deux personnages, le plus blessé n’est pas forcément celui qu’on croit. On comprend assez vite que Marc ne renoncera pas à sa passion. Alors que Florence en revanche, a en quelque sorte démissionné. Sa blessure est plus profonde. Et c’est au moment où Marc lui permet de surmonter ses peurs et de dépasser son traumatisme, que se noue véritablement leur histoire. Peut-être plus qu’un film d’amour, j’ai travaillé avec l’idée que En Équilibre devrait être un film d’émotion, où il se raconte quelque chose sur le passage du temps. C’est le temps de cette rencontre qui va changer Florence et Marc, les révéler à eux-mêmes. C’est ce qui les remet "en équilibre". Bien sûr, au point de vue narratif, ce genre de travail implique de toujours rester attentif à ne pas laisser de prise au cliché. Le mari, par exemple, ne devait pas être un crétin. L’héroïne l’aime sincèrement. Il est seulement à notre image - normal et raisonnable.


Celui qui est exceptionnel est le personnage interprété par Albert Dupontel.

 

Albert Dupontel est d'ailleurs lui-même assez exceptionnel dans ce rôle.


Lors de notre première rencontre, Albert m’a raconté qu’il avait failli rester handicapé à la suite d’une maladie, lorsqu’il avait 25 ans. C’est une des raisons pour lesquelles, dès la lecture du scénario, il a si bien compris le personnage de Marc. À cette époque, Albert ne souhaitait plus être acteur. "Mais là je comprends la colère du personnage, je n’aurai pas besoin de composer !", m’a-t-il dit quand il a accepté le rôle.


Dès le départ il avait été convenu que ce serait lui qui assurerait toutes les cascades du film, en particulier celles à cheval.

 

En Équilibre - Albert Dupontel

Pour les scènes de la plage et de l’accident, ainsi que pour les séances de dressage dans le manège, il s’est entraîné plusieurs mois. Ce qu’il réussit à faire relève de l’exploit. Les figures de voltige sur la plage, par exemple, étaient tellement dangereuses que pour les besoins de l’assurance du film, nous avons dû les tourner le dernier jour.

 

 

 

Ces scènes de cascades sont effectivement très impressionnantes ! De même que la séquence en voiture, lorsque le héros réceptionne son véhicule spécialement conçu pour son handicap. On avait peu l'habitude de ces scènes d'action dans vos films ...


Il était important qu’on ressente l’énergie intacte du personnage, qui vient tout juste de sortir de l’hôpital. Il fallait qu’il y ait des scènes exutoires pour cette énergie.

 

Vous ne vous appesantissez pas sur ces scènes. Pourtant la tension qu'elles dégagent reste très présente tout au long du film.


J’ai toujours pensé qu’il valait mieux se montrer économe avec ce genre de scène. Comme cela, d’une certaine manière, on les prolonge : le spectateur garde leur élan en tête, et ensuite il "fait le travail". C’est comme si le spectateur continuait en lui-même le mouvement enclenché par le film. En ce qui me concerne, en tant que spectateur, j’aime entretenir ce type d’échange avec les films, j’aime les "compléter".

 

Par contraste, les personnages dans le film ont toujours beaucoup de tenue.


En Équilibre - Cécile de FranceUn cavalier, une musicienne doivent avoir de la tenue. Après six mois de travail auprès de Bernard Sachsé, Albert Dupontel avait adopté son port de tête, sa manière de croiser les bras. Après cinq mois de répétition, Cécile de France, qui n’avait pourtant jamais pratiqué le piano de sa vie, a acquis une posture de musicienne.

Dans le film, elle se déplace et joue comme une pianiste !

Comment a-t-elle fait ?


Lorsqu’ils interprètent des musiciens dans mes films, je demande aux acteurs qu’ils s’entraînent suffisamment longtemps à l’avance pour pouvoir jouer eux-mêmes les morceaux – je ne veux pas faire de trucages sur les mains. L’étude d’exécution transcendante de Liszt que joue Cécile de France dans le film, est une des plus difficiles du répertoire. Pour la scène de l’audition nous n’avons pas coupé pendant les prises, Cécile jouait à chaque fois l’étude jusqu’au bout. On m’avait prévenu avant le tournage que Cécile de France était une très grande travailleuse, et je dois dire que j’ai été bluffé. C’est d’ailleurs peut être une des raisons pour lesquelles la musique a pris une telle importance durant le tournage. À partir du moment où j’ai vu ce que Cécile était devenue capable de faire au piano, j’ai eu envie de nouvelles scènes avec elle. Elle était d’accord, et nous avons développé son personnage ensemble.

 

Pendant le tournage ?


Oui. Il n’était notamment pas prévu qu’elle repasse de concours à la fin du film. Au moment de tourner la prise, Cécile n’était pas sûre de mon idée."Comment peut-elle repasser cette épreuve après ce que lui a dit son professeur de piano ?", me demandait-elle.
Lorsque je lui ai expliqué que cela ne voulait pas dire que Florence allait devenir professionnelle mais qu’elle accomplissait ce geste pour elle-même, Cécile a accepté tout de suite la nécessité de la scène. Nous avions ce genre de discussions, qui permettaient d’enrichir le personnage de Florence. Avec une actrice de ce niveau, qui possède une telle intuition, il faut être très à l’écoute, parce qu’à travers elle c’est le personnage qui parle.

 

On a l'impression de découvrir Cécile de France dans un nouveau registre.


En Équilibre - Cécile de FranceJe savais que Cécile a une large palette de jeu, et qu’elle aime aussi aborder de nouveaux territoires, interpréter des types de personnages qu’elle n’a encore jamais faits. Ça a été un bonheur d’enrichir avec elle les nuances du rôle de Florence Kernel. Pour un réalisateur, voir le personnage se déployer bien au-delà de ce que vous aviez osé entrevoir à l’écriture, c’est véritablement un moment magique.

 

 

Cécile a fait durer cette magie jusqu’à la dernière prise.

 

Réécrire le film en cours de réalisation est-il une pratique courante chez vous ?


J’ai presque toujours procédé ainsi. Je n’aime pas que le scénario reste figé. Le dernier tiers de La tourneuse de pages  ne correspond absolument pas, par exemple, à ce qui était indiqué dans le scénario. Je me souviens d’une master-class auprès d’étudiants de la Fémis. Je leur avais donné à lire le scénario avant de voir le film. Je les entends encore protester : "Vous ne nous avez pas donné le bon script, ça n’a rien à voir avec votre film !"

 

Comment gère-t-on ces bouleversements sur un plateau ?


Dès le départ, je préviens l’équipe : "Attention, je vais bouger, il y aura du nouveau". Comme je me débrouille pour ne pas trop dépasser sur mes journées de tournage, cela ne pose pas de problèmes aux producteurs. J’aime tourner vite, je crois beaucoup à la rapidité - toujours ce souci d’aller à l’encontre de l’écriture. Je fais peu de prises, souvent une seule par plan pour garder une sorte de vibrato et instaurer une tension sur le plateau, et, vite, je passe à la scène suivante. Dans le cours même de la narration, j’aime que les personnages restent "sur le fil". C›est peut-être pour cela que mes films excèdent rarement une heure trente.

Le film se déroule entièrement à l'Ouest de la France, notamment dans les environs de Saint Malo ...


J’ai vécu là plusieurs années, c’est une région que je connais bien. Je pouvais puiser dans ces décors sans avoir à faire de trop longues recherches. Et aussi, je pouvais décrire cet arrière-fond social dans lequel évolue Florence Kernel, parce que c’est un milieu que j’ai eu souvent à observer.

 

Est-ce cet ancrage du film "à l'Ouest" qui fait qu'il véhicule pour le spectateur un certain type de références cinématographiques.


La géographie du tournage joue presque obligatoirement un rôle dans les choix des références de travail. Au stade de l’écriture c’était plutôt un film anglais qui m’avait servi de fil conducteur : Brève rencontre de David Lean. Mais au moment du tournage, j’ai demandé à mes collaborateurs de regarder Coming home, de Hal Ashby, qui se déroule sur la côte ouest des États-Unis. De toute façon ce n’étaient pas les mêmes références qu’avec mes deux films précédents, tournés en Allemagne.

 

Il y a dans votre film des moments de pure comédie. Par exemple quand Florence, assureuse, venue amadouer son client, se retrouve sommée de monter le cheval de Marc en talons aiguilles.


C’était le premier jour de tournage de Cécile de France. On était d’accord avec elle que, puisqu’elle n’avait jamais pris de cours d’équitation de sa vie, il était mieux pour le rôle qu’elle reste dans cet état "d’innocence ". Ce jour-là, le cheval était un peu nerveux et il a fait une embardée. En même temps, ce moment furtif de panique visible à l’écran est un avantage pour la scène.

 

 

Il y a aussi cet autre passage dans lequel marc fait passer Florence pour une pianiste célèbre aux yeux de ses amis éberlués, lors d'un déjeuner en bord de mer.


C’est la dernière fois qu’ils vont se voir, ils le devinent sans doute. Ils prennent le parti de s’amuser. Et bien sûr, cette complicité pousse l’émotion d’un cran supplémentaire.

Bernard Sachsé était conseiller équestre durant le tournage. Quel effet cela fait-il de travailler devant son modèle. Est-ce inhibant ?


Il aurait pu s’arquebouter sur certains points de vraisemblance technique. Mais ça n’a jamais été le cas et lui et moi n’avons eu aucun mal à nous accorder. La vérité aurait voulu qu’il y ait deux types de chevaux différents : celui qui effectue les cascades, avec lequel Marc a son accident, et celui monté en compétition de dressage, à la fin du film.
J’ai choisi de tricher, avec l’assentiment de Bernard Sachsé bien sûr : du point de vue narratif, c’était plus intéressant de réunir les deux chevaux en un seul, et de fabriquer ce personnage qu’est Othello, sur lequel on peut projeter beaucoup de choses, notamment la culpabilité de l’accident. Aujourd’hui, je suis très heureux de la réaction enthousiaste du monde équestre à l’égard du film. Les films comportant un tel aspect technique sont toujours un pari, on n’a pas envie de décevoir.

 

En même temps, les scènes entre le héros et son cheval dégagent beaucoup de sensualité.


Je suis frustré par la manière dont les chevaux sont mis en scène dans la plupart des films : ce sont bien souvent des images d’Epinal, qui ne correspondent pas à la réalité du cheval. Pour En Équiibre, avec Bernard Sachsé et le chef opérateur Julien Hirsch nous avions les tableaux de Géricault en tête. Nous voulions filmer les chevaux comme nous allions filmer les acteurs, caméra à l’épaule, au plus proche des corps. Et puis il y a le fait que les scènes équestres, dans ce film, sont presque toujours des scènes de travail équestre. C’est cet aspect de travail que je désirais privilégier. Je les ai filmées dans le même esprit avec lequel j’ai toujours filmé les scènes de musique dans mes films précédents. Il est connu que l’art de la musique et l’art équestre offrent de nombreux parallèles, jusque dans les termes utilisés. Ces sont deux arts exigeants, qui demandent de l’abnégation. Ils ne peuvent pas s’accomplir sans passion. Ce n’est pas le sujet
principal du film, mais cela accompagne son déroulement. Tout au long du film on devait sentir cette passion qui affleure, elle allait lui donner sa vibration, jusqu’aux scènes finales.

En équilibre

Mon opinion

 

L'amour du cheval et de son cavalier.

 

Cette relation toute particulière, quasi exclusive est magnifiquement mise en images. Albert Dupontel, à la fois bourru, touchant, têtu ou amoureux, est excellent et réserve quelques moments particulièrement savoureux. La relation avec son "employé" interprété par Vincent Furic, plus un ami, qu'un lad ou palefrenier, est bien sentie en pareille circonstance. Cette relation de confiance réciproque aurait mérité un développement plus approfondi pour épaissir le récit.

 

Volontairement, le scénario n'a pas creusé le combat que Bernard Sachsé à dû mener pendant plus de dix ans avec sa compagnie d'assurances. Le respect dû aux sinistrés, face aux devoirs des assureurs, aurait peut-être permis d'épicer l'ensemble. Le réalisateur a déclaré : "Sans chercher à dénoncer le monde des assurances et la double peine encourue parfois par les accidentés, le film entrouvre une porte sur certaines pratiques sauvages de ce milieu."

 

Quelques minutes avec l'excellente Marie Bäumer, sont insuffisantes. L'histoire en pâtit et l'ellipse finale tombe à plat.

 

Cécile de France, parfaite et touchante, nous entraîne dans cette histoire avec une belle énergie. Beaucoup de sensibilité aussi. Entre le marteau et l'enclume, le couple qu'elle forme à l'écran avec Albert Dupontel, marie l'eau et le feu avec conviction.

 

De très belles images de la Bretagne une nouvelle fois mise à l'honneur dans ce film, et l'histoire s'inspirant très librement de la vie du cascadeur Bernard Sachsé, ne devraient pas manquer de ravir les amoureux des chevaux et de la Bretagne.

En équilibre
13 avril 2015 1 13 /04 /avril /2015 16:43

   
Date de sortie 18 mars 2015

 

Still Alice


Réalisé par Richard Glatzer et Wash Westmoreland


Avec Julianne Moore, Kristen Stewart, Alec Baldwin,

Kate Bosworth, Hunter Parrish, Shane McRae, Seth Gilliam


Genre Drame


Production Américaine

 

Pour son interprétation, Julianne Moore

a obtenu plusieurs prix de la Meilleure Actrice aux :

   
- Screen Actors Guild Awards 2015
- Independent Spirit Awards 2015

- Golden Globes 2015

- BAFTA Awards 2015

- l'Oscar de la Meilleure actrice en février 2015

 

Synopsis

 

Mariée, heureuse et mère de trois grands enfants, Alice Howland (Julianne Moore) est une professeure de linguistique renommée à l’Université de Columbia.

 

Pour commencer ce ne sont que des broutilles auxquelles personne ne prête attention : lors d’une conférence qu’Alice Howland donne à l’Université, elle ne trouve pas un mot.

 

Peu après, en faisant son jogging, elle perd l’orientation.

 

Quand on lui diagnostique les premiers signes de la maladie d’Alzheimer, les liens entre Alice et ses proches sont mis à rude épreuve.

 

Grace au soutien, de sa famille, John (Alec Baldwin), son époux et leurs trois enfants (Kate Bosworth, Hunter Parrish et Kristen Stewart) et son incroyable volonté elle réussit à continuer sa vie de manière consciente et à se réjouir de la singularité de chaque moment.

 

Effrayant, bouleversant, son combat pour rester elle-même est une magnifique source d’inspiration.

 

Still Alice - Julianne Moore et Alec Baldwin

 

Julianne Moore et Alec Baldwin

Still Alice est adapté du roman L’Envol du papillon, écrit par Lisa Genova.

 

L’envol du papillon est le premier roman de la neuroscientifique Lisa Genova. Il est paru en 2009 aux éditions américaines Simon and Schuster.


Le roman s’est trouvé d’emblée sur la 5ème place de la liste des bestsellers de la New York Times et s’y est trouvé durant 40 semaines. Il a été vendu jusqu’à présent en 1,8 millions d’exemplaires et a été traduit à travers le monde en 25 langues.

Le livre de poche a été réédité pour 41ème fois.


Lisa Genova a obtenu pour son roman de nombreux prix et des honneurs. Entre autres, il a été nommé en 2009 Target Book Club Pick, Barnes & Noble Discover Pick et Indie Next Pick et s’est trouvé au 6ème rang de la liste des Top Book Group Favorites de Reading Group Choices.


Le livre est réédité à l’occasion de la sortie du film

 

Richard Glatzer et Wash Westmoreland travaillaient ensemble depuis plusieurs années.

 

Richard Glatzer et Wash Westmoreland ont marqué l’histoire du festival de Sundance quand leur film Quinceañera, a gagné le Grand prix du jury mais également le prix du public.

Le drame a été récompensé à de nombreuses reprises, entre autres par le Humanitas Screenwriting Award et le John Cassavetes Spirit Award.

Le film relate l'histoire de Magdalena, une jeune fille de la communauté mexicano-américaine d'Echo Park, un quartier de Los Angeles, qui prépare sa quinceanera, la célébration traditionnelle organisée à l'occasion de ses quinze ans.

 

Le duo de réalisateurs prenait ensuite la responsabilité, en tant que producteurs exécutifs pour la chaîne MTV, du biopic Pedro consacré à l’activiste de la lutte contre le SIDA, Pedro Zamora. Le film a été présenté lors de sa première diffusion par le président Bill Clinton, et dans les festivals du film de Toronto et de Berlin.

 

Richard Glatzer et Wash Westmoreland  ont réalisé trois films indépendants, The Fluffer en 2001, Echo Park, L.A. (Quinceañera) en 2006 et The Last of Robin Hood en 2013, et collaborent avec Still Alice pour la quatrième fois.

 

Richard Glatzer, Wash Westmoreland, Kristen Stewart, et Julianne Moore

 

Richard Glatzer et Wash Westmoreland aux côtés de Kristen Stewart et Julianne Moore

des amies de longue date bien avant le tournage de Still Alice

 

Richard Glatzer, qui avait coécrit et coréalisé avec son mari Wash Westmoreland, Still Alice, est décédé le 10 mars 2015 à Los Angeles.

Propos du réalisateur Wash Westmoreland


En décembre 2011 Richard et moi ont reçu un appel de Lex Lutzus et James Brown, un duo de producteurs anglo-australien. Les deux nous ont demandé de jeter un oeil sur un roman qui pourrait éventuellement être adapté au cinéma. C’était une de ces occasions dont on se délecte en tant que cinéastes. Mais quand nous avons appris de quoi retournait le thème du livre, nous avons tout de même hésité. L’histoire d’une femme brillante qui au zénith de sa vie reçoit le diagnostic de l’Alzheimer, résonnait comme un film sur la maladie, sur le deuil et sur la perte. Et ceci nous semblait très éloigné de notre propre vécu. Quelques mois plus tôt, Richard avait consulté à Los Angeles un neurologue après avoir été confronté subitement avec quelques menues difficultés de langage. Le médecin en jetant un regard dans sa bouche et sur sa langue bizarrement crispée lui disait : "Je crains qu’il s’agisse de SLA". (Sclérose latérale amyotrophique ou maladie de Charcot)
Dans les mois qui s’en sont suivis nous avons passé beaucoup de temps à nous faire une raison de ce diagnostic, de manière médicale et pratique de même qu’émotionnelle. En lisant les premiers chapitres de Still Alice nous étions frappés à quel point quelques-unes des expériences étaient proches des nôtres : le neurologue que consulte Alice au début pose les mêmes questions qu’a entendues Richard lors de son premier examen quand on soupçonnait encore une attaque cérébrale. De même, nous ne connaissions que trop bien cette angoisse croissante au fur et à mesure qu’approche le diagnostic définitif, et ce sentiment d’être terrassé en plein vie. C’est pour cela que nous nous posions sérieusement la question si nous voulions prendre sur nous de tourner ce film.

 

Evidemment Alzheimer et SLA sont deux maladies fort différentes. Elizabeth Gelfand Stearns, la partenaire de production de Maria Shriver nous l’a dit de façon très juste lors d’une rencontre : "Au fond les deux maladies sont le contraire l’une de l’autre. Alzheimer s’attaque à la perception et à la mémoire, tout en ménageant au début le corps. SLA au contraire laisse indemne la raison, tandis que le corps… " Elle s’est interrompue pour ne pas nous offenser. Mais pourtant il y a des parallèles entre les deux maladies : les deux sont létales, sans remède et ont pour conséquence d’isoler le patient du reste du monde. Et surtout, les deux maladies minent la sensation pour sa propre identité, pourquoi il est d’autant plus important de se tenir à soi-même.


Dans tous les cas, nous ne pouvions plus mettre le livre de côté. L’histoire est incroyablement captivante, et accessible émotionnellement grâce au style d’écrire très honnête de Lisa Genova. Plus nous lisions ce livre, plus il nous est apparu nécessaire de choisir pour l’adaptation la même tonalité claire et directe. Le roman jette un regard très détaillé sur les conséquences quotidiennes que la perte de mémoire d’Alice a sur sa vie professionnelle, sociale, de tous les jours et finalement aussi sur la dynamique de la famille.


Still Alice. Kristen Stewart"As-tu vue le film‚ Voyage à Tokyo ?" a demandé Richard à Kristen Stewart lors de notre première rencontre à travers son App linguistique sur l’iPad. "Non, je ne l’ai pas vu" a-t-elle répondu. "Mais je vais le rattraper". Le chef d’oeuvre d’Ozu de 1953 est depuis longtemps l’un des films favoris de Richard et de moi-même.

 

 

 

Je j’avais vu pour la première fois en tant qu’étudiant à l’Université Fukuoka au Japon. Et Richard lui a témoigné de son respect dans son premier long métrage Grief réalisé en1993. Le film s’oppose à toute sentimentalité et gagne, de par sa retenue, une force émotionnelle incroyable. Ozu, avec sa structure narrative inspiré du Roi Lear, donne une vision universelle comment une famille avec trois enfants fait face à la maladie et à l’âge. Ceci se reflète de manière merveilleuse dans le livre de Lisa Genova. Nous sommes tous deux tombés amoureux de la protagoniste. Alice est en quelque sorte un personnage incroyablement inspirant : dans da persévérance, dans son volontarisme, dans sa manière de ne rien encaisser. Peu importe ce que la maladie a pour conséquence, elle est fermement décidée d’y faire face avec pragmatisme. Je ne sais plus dans quel chapitre c’est arrivé. Mais dans notre imagination Alice avec ses boucles brunes avait subitement des cheveux roux comme le feu.

 

Still Alice - Julianne MooreJ’ai demandé à Richard :

"Qui pourrais-tu t’imaginer dans ce rôle" et il a tapé "Julianne Moore" dans son application. Plus nous en parlions, mieux nous apparaissait cette distribution. Julianne ne pouvait pas seulement incarner l’intelligence étincelante et la complexité d’une professeure de linguistique, mais aussi la fragilité et la naïveté dans les stades plus avancés de l’histoire.

 

Nous savions qu’elle serait capable de rendre visible dans chaque nuance le déclin de cette femme. Elle est vraiment l’une des meilleures actrices du moment sur cette planète Nous l’avions rencontré quelques années plus tôt pour un autre projet. À l’époque nous l’avions sollicitée avec assiduité et devions attendre des semaines durant pendant lesquelles elle pesait le pour et le contre. Elle s’est finalement décidée contre le rôle. Cette fois, c’était différent. Nous lui transmettions un message concernant le projet et elle avait lu le livre avant même que le scénario ne lui parvienne. Un jour plus tard, nous nous sommes entretenus par Skype. En quelques secondes elle a dit oui.


Tandis que nous lisions les derniers chapitres du livre, nous commencions déjà à réfléchir aux aspects visuels du film. La chose la plus importante pour nous était la subjectivité de l’expérience d’Alice. Le public devait comprendre sa vision des choses et avoir une vision de sa vie intérieure que les autres personnages n’ont pas forcément. À cet effet, nous avions besoin d’une prise de vues personnelle et intime, de même qu’un montage qui correspondent bien à sa forme, son état d’esprit et sa perception. Nous avions la chance de pouvoir engager deux français d’exception pour ce projet : le chef opérateur internationalement reconnu, Denis Lenoir, ainsi que le monteur Nicolas Chaudeurge qui avait travaillé sur l’un de nos films préférés, Fish Tank. Les deux ont partagé notre vision de ce à quoi le film devait ressembler. Avec leur travail les deux ont énormément pu soutenir la prestation de Julianne Moore. Le même travail est vrai pour la décoration, les costumes, la coiffure et le maquillage. Tout devait toujours correspondre intimement avec les différents stades de la lutte d’Alice contre sa maladie.

 

Still Alice - Kristen Stewart et Julianne Moore

 

Kristen Stewart et Julianne Moore


Sous la direction de Pamela Koffler et de Christine Vachon, les infatigables productrices de la société Killer Films, et grâce au financement par Marie Savare et BSM le projet a pris forme à vue d’oeil. La période de préparation coïncidait précisément avec l’hiver le plus rude que New York avait connu depuis 20 ans. J’étais venu sur la côté Est pour superviser la planification tandis que Richard était resté dans la ville ensoleillée de Los Angeles. Quand je suis parti, il avait justement arrêté de conduire lui-même une voiture. Et quand il est finalement arrivé à la pré-production, à peine pouvait-il encore bouger ses mains et ses bras. Il n’était plus à même de s’habiller ou de manger tout seul et il ne pouvait écrire qu’avec un doigt dans une position très particulière. Obstinément il était néanmoins tous les jours sur le plateau et a mis en scène le film en faisant fi aux difficultés physiques inimaginables. D’une certaine manière toute la production a été prise par la sensation d’une signification plus profonde. Car au fond, c’était justement de ce que traitait le film. Devant nos yeux nous pouvions l’observer. Tout un chacun sentait qu’une chose particulière se déroulait là et tous supportaient avec patience les longues journées de travail.


La fin du roman est d’une grande force et en même temps inattendue. Pour Richard elle était complètement inattendue. Il était renversé quand il l’a lu et émotionnellement submergé. Moi, j’étais encore en arrière de quelques chapitres et je n’étais pas encore prêt.

 

Mais en lui regardant dans les yeux j’ai tout de suite compris. "Il me semble que nous ferons le film", lui ai-je dit.


Propos recueillis à Wash Westmoreland, Los Angeles, le 1er septembre 2014

 

 

Sources

www.frenetic.ch

Mon opinion

 

Très difficile de parler de film.

 

Traiter d'un sujet tel que la maladie d'Alzheimer, en étant victime d'un autre mal tout aussi incurable, telle a été la dernière volonté de Richard Glatzer, décédé en mars 2015.

 

Coscénariste et coréalisateur avec son époux Wash Westmorelan, Richard Glatzer a eu la ténacité, le courage aussi, d'aller jusqu'au bout de leur entreprise commune  malgré ce mal qui le rongeait, et le privait de ses fonctions essentielles.

 

Adapté du bestseller de Lisa Genova, le film ne sombre à aucun moment dans un pathos larmoyant.

 

La photographie de Denis Lenoir est magnifique.

 

Si la réalisation est sans surprise elle n'en reste pas moins d'une grande finesse. Et plus que tout, un témoignage frappant de véracité.

 

Certaines scènes sont très douloureuses. Celle, entre autres, dans laquelle Alice, encore consciente, se trouve  "face à elle-même" via son ordinateur pour "se" laisser ses propres consignes à exécuter quand viendra le moment inéluctable. D'autres passages sont bouleversants. En particulier les scènes en famille, ou plus encore, avec sa fille rebelle, interprétée par Kristen Stewart. Les dernières images sont magnifiques d'amour et d'émotions mélangés.

 

La merveilleuse Julianne Moore s'impose dans ce rôle difficile avec une grande intelligence, une délicatesse toute particulière et force l'admiration.

Still Alice
7 avril 2015 2 07 /04 /avril /2015 22:54

 

Date de sortie 15 avril 2015

 

Taxi Téhéran


Réalisé par Jafar Panahi

Production Iranienne

 

Taxi Téhéran a reçu l'Ours d'Or à la Berlinale 2015

 

Malgré sa condamnation en 2010, qui lui interdit de réaliser des films durant vingt ans (et de quitter le pays), Jafar Panahi réalise avec Taxi Téhéran, son troisième film après son procès.

 

C'est après avoir reçu une remarque d’un passager que Jafar Panahi filmait avec son téléphone sur les risques encourus par une telle pratique que le réalisateur décida de créer un docu-fiction avec des acteurs amateurs, pour ne mettre en danger aucune personne anonyme.

 

Il explique : "Les acteurs sont tous des non-professionnels, des connaissances ou les connaissances de connaissances. La petite Hana, l’avocate Nasrin Sotoudeh et le vendeur de DVD Omid jouent leur propre rôle dans la vie. L’étudiant cinéphile est mon neveu. L’institutrice, la femme d’un ami. Le voleur, l’ami d’un ami. Le blessé vient lui de province".

 

Taxi Téhéran - Jafar Panahi

 

Jafar Panahi

 

Synopsis

 

Installé au volant de son taxi, Jafar Panahi sillonne les rues animées de Téhéran.

 

Entre autres clients :

 

Un homme et une femme s’opposent sur la façon de traiter les criminels. La femme plutôt progressiste est d’emblée raillée par l’homme qui ne souffre guère de devoir dialoguer avec elle et ses idées modernes.

 

 

Taxi TéhéranSuivent deux vieilles femmes acariâtres et fantasques, flanquées d’un aquarium où ondulent deux poissons rouges. Elles s’en prennent à ce chauffeur de taxi "abruti", car incapable de les mener à destination à "midi pile" pour aller mettre les précieux poissons à un certain endroit et selon des croyances ancestrales.

 

 

Ce chauffeur de taxi tout à fait particulier qui ne connaît pas toutes les destinations doit gérer le sort d'un homme qui se vide de son sang sur les genoux de son épouse éplorée qui s’inquiète surtout de son propre sort, si son mari venait à décéder.

 

Taxi Téhéran

 

 

 

Un dealer de DVD piratés s’invite dans l’habitacle, reconnaît Jafar Panahi avant de l’emmener dans sa tournée de vendeur à la sauvette...

 

 

 

 

 

Taxi Téhéran

 

 

Il ira également chercher sa nièce à la sortie de l’école. Il est en retard et celle-ci, particulièrement malicieuse, le lui reproche – et ce, d’autant plus qu’il ose la véhiculer dans une "caisse pourrie".

 

 

 

Cela nous vaut une certaine leçon de cinéma iranien quand on voit la nièce du réalisateur filmer son oncle selon les codes transmis par son institutrice. Des codes qui manifestement obligent l’enfant à proposer un travail en phase avec les consignes officielles.

 

Une amie avocate, Nasrin Sotoumek, qui a fait trois ans de prison pour avoir défendu une jeune femme elle-même emprisonnée après avoir assisté à un match de volley-ball masculin. Depuis, Nasrin Sotoumek s’est aussi vu signifier l’interdiction d’exercer son métier et de sortir du pays pendant vingt ans.

 

On assiste ainsi à un échange passionnant entre cette belle "dame au bouquet" et le cinéaste – qui plaisantent d’ailleurs volontiers sur leurs interdictions et condamnations respectives.

 

Au gré des passagers qui se succèdent et se confient à lui, le réalisateur dresse le portrait de la société iranienne entre rires et émotion...

 

Sources :

www.avoir-alire.com

Taxi Téhéran "Taxi"

Étant interdit de tournage dans le pays, Jafar Panahi a dû faire très attention à l'intérieur et hors de son taxi.

 

Il précise :

"Je montais les images chaque soir à la maison. Ainsi, à la fin du tournage j’avais déjà un premier montage. Je faisais un back up à la fin de chaque jour de tournage et je le mettais en sécurité dans des endroits différents".

 

Afin de tourner sans se faire remarquer, l’équipe a placé trois caméras dissimulées dans le taxi.

 

N’ayant pas de place pour d’autres membres de l’équipe technique, Jafar Panahi a dû, tout seul, gérer le cadre, le son, le jeu des acteurs et son propre jeu, tout en conduisant son taxi.

 

 

Sources :

www.avoir-alire.com

www.filmdeculte.com

www.allocine.fr

 

Mon opinion

 

Jafar Panahi réalise et n'hésite pas à se filmer lui-même dans ce film tout à fait particulier. Aucun générique de début. Pas davantage de fin. Un film sans autorisation mais qui a su sortir du pays. Faut-il y voir une ouverture ou plus simplement un nouvel acte de bravoure quand on connaît les interdictions imposées au réalisateur ?

 

Il sera question de ses références cinématographiques en passant, entre autres, de Woody Allen à Nuri Bilge Ceylan.

 

Les femmes sont à l'honneur. D'une institutrice éclairée, au passage d'une grande intelligence avec une avocate, le film vire dans le burlesque avec deux vieilles femmes hystériques étouffées par des rites ancestraux. Il y a aussi cette femme hurlante craignant pour la perte des biens, de son mari mais plus encore pour son propre intérêt, si celui-ci venait à décéder après un accident. Une jeune gamine enfin. Elle parle de ses études cinématographiques. De tous les codes imposés pour réaliser un film dans lequel il ne peut être question de "réalisme sordide". De l'obligation de suivre à la lettre les ordres de son enseignante dictés par le pouvoir actuel. Sourire du réalisateur.

 

Quelques hommes passeront dans ce taxi. Loin d'avoir tous le beau rôle, ils laissent la place aux femmes qui triomphent.

 

Pas vraiment un film. Pas davantage un documentaire. Un pamphlet politique, encore moins.

 

Un film, avec de très beaux moments, et de bout en bout d'une profonde et grande humanité.

Taxi Téhéran "Taxi"
5 avril 2015 7 05 /04 /avril /2015 16:30


Date de sortie 1er avril 2015

 

Les Châteaux de sable


Réalisé par Olivier Jahan


Avec Emma de Caunes, Yannick Renier, Jeanne Rosa,

Gaëlle Bona, Alain Chamfort, Christine Brücher


Genre Comédie dramatique

 

Production Française

 

Synopsis

 

Éléonore (Emma de Caunes), la trentaine, vient de perdre son père (Alain Chamfort).

 

Il lui a légué sa maison en Bretagne, dans les Côtes d’Armor. Elle est photographe, a connu un certain succès mais les affaires ne marchent plus comme avant. Il faut absolument qu’elle vende cette maison.


Elle s’y rend avec Samuel (Yannick Renier), son ancien compagnon dont elle s’est séparée il y a quelque temps, parce qu’elle ne se sent pas d’aller seule dans cette maison où elle n’est pas retournée depuis la mort de son père. Mais elle joue avec le feu - car elle sait bien que leur relation ne s’est pas franchement apaisée, même si elle a eu depuis quelques aventures et que Samuel vit à présent avec Laure (Gaëlle Bona).

 

Claire Andrieux (Jeanne Rosa), l’agent immobilier, s’est occupée d’organiser des visites durant les deux jours où Éléonore et Samuel vont rester dans la maison.


C’est un drôle de week-end que ces trois-là s’apprêtent à passer. Un week-end surprenant, riche en surprises et en émotions, en tensions, souvenirs et engueulades, en moments mélancoliques et absurdes, dont Éléonore et Samuel sortiront forcément changés.

 

Yannick Renier et Emma de Caune - Les Châteaux de sable

 

Yannick Renier et Emma de Caunes

 

Entretien avec Olivier Jahan

Relevé sur unifrance.org

 

15 ans séparent votre premier film, Faîtes comme si je n'étais pas là et le deuxième, Les châteaux de sable. 15 ans, c’est très long !


Certes mais il y a une bonne raison à cela : mon premier film n’a pas eu un franc succès dans les salles. Il faut dire qu’avec un titre pareil, j’aurais dû m’attendre à en tirer les conséquences… J’ai tout de même persévéré en développant pas mal de projets sans parvenir à les financer jusqu’au bout. Parallèlement, j’ai continué à tourner des courts et moyens métrages mais aussi un documentaire sur la Quinzaine des Réalisateurs de Cannes, qui est un peu ma famille de cinéma puisque c’est là que j’ai débuté ma "carrière"… Mais sur le fond, je voulais revenir au cinéma et briser cette sorte de malédiction qui veut que mettre en scène un deuxième long-métrage est toujours plus compliqué que d’en faire un premier !

 

Et comment le sujet de celui-ci s’est-il imposé à vous ?


Après avoir écrit des projets sans doute un peu chers à financer, nous sommes revenus avec mon camarade scénariste Diastème à l’idée d’un sujet peut-être plus modeste mais pas moins profond, je l’espère. Je voulais que cette histoire sur la famille et le couple se déroule dans un décor que je connais bien, puisque la maison du film est celle de mon père en Bretagne. Le fait de devoir vendre une maison de famille comme dans Les châteaux de sabl est quelque chose
que j’ai réellement vécu… Nous sommes donc partis en totale liberté sur ce thème, d’autant que nous n’avions pas de producteur au départ. L’écriture elle-même s’éloignait d’ailleurs d’un scénario classique : quelque chose de presque littéraire, comme par exemple la longue séquence dans laquelle le personnage d’Emma de Caunes se souvient de la raison de sa rupture avec Samuel. Je n’expliquais pas comment j’allais la tourner… J’avoue que ce parti-pris en a déconcerté certains au début ! J’ai rapidement proposé le projet à Kizmar Films, une nouvelle société de production, et ensuite mon producteur habituel, Jérôme Vidal de Noodles Production, nous a rejoints… Entre l’écriture et le début du tournage, neuf mois seulement se sont passés, ce qui est assez rare !

 

L’image du film, sa lumière, sont très soignées. Vous avez un joli casting. Et pourtant le budget du film et ses conditions de fabrication sont modestes…


Oui, nous n’avions pas un budget colossal mais le film était écrit dans cette optique-là. Le décor, je vous l’ai dit, était ma maison de famille et certains des comédiens que je connaissais déjà comme Emma, Jeanne Rosa ou Christine Brücher m’ont rejoint très vite et très simplement. Yannick Renier et Alain Chamfort que n’avais pas rencontrés avant le film ont fait de même… Il y avait sur ce tournage comme une ambiance intime et amicale.

 

Si j’essaye de résumer les thèmes majeurs des Châteaux de sable, puis-je dire qu’il est question de deuil, celui du père et du couple, mais aussi du fait d’oser démarrer une nouvelle vie ?


Le film parle du deuil en tentant d’éviter tout pathos : Eléonore doit faire face au deuil de son père et à celui de son histoire avec Samuel. Leur relation est plutôt dégradée au départ, ils sont très à fleur de peau, leur séparation étant assez récente. Chacun d’eux, même s’il ne veut pas se l’avouer, la vit plutôt mal. Ces retrouvailles forcées les déstabilisent, surtout Samuel parce qu’il se sent coupable vis-à-vis de sa nouvelle compagne. Eléonore, elle, oscille entre provocation et besoin de réconfort. Mais il y a quelque chose de quasiment imparable dans ce couple, qui va en effet se reconstruire durant ce weekend, sans doute de manière un peu plus apaisée (encore que…). Cela justifie d’ailleurs le titre du film : "Les châteaux de sable" ce sont des édifices qui se construisent, se déconstruisent puis se reconstruisent…

 

Les Châteaux de sable. Yannick Renier, Jeanne Rosa et Emma de Caunes

 

Yannick Renier, Jeanne Rosa et Emma de Caunes

Parmi vos choix de mise en scène, je voudrais m’arrêter sur deux partis pris importants. Tout d’abord cette voix off qui rythme et raconte l’histoire…

 

Cela renvoie à l’écriture même du scénario, sur le modèle d’un roman. Les différentes scènes du film y figuraient comme des chapitres plus que comme des séquences classiques style "séquence 24, intérieur jour" etc... Il fallait aussi tourner assez rapidement tout en imaginant comment illustrer des pans entiers de la vie d’Éléonore, son père ou Samuel. Comme j’aimais
bien le texte que Diastème et moi avions écrit, et que je trouvais dommage de ne pas l’exploiter, la voix-offs’est imposée naturellement. Le procédé est peutêtre un peu déstabilisant pour certains spectateurs au début mais je crois qu’on s’y habitue vite. S’est ensuite posée la question du choix de la voix qui raconte et là aussi, le choix de Maëlle (jouée par Christine Brücher) m’a semblé évident. C’est un personnage qui est un peu "mis de côté" dans l’histoire, une femme dans l’ombre, mais dont on devine qu’il connait tout de la vie du père d’Éléonore et de sa fille dont il lui a sûrement parlé. Il me semblait presque logique que ce soit la voix de cette femme-là qui nous raconte les choses, qu’elle en donne son interprétation…

 

Autre choix étonnant : le fait que certains de vos personnages s’adressent à nous par moments en regardant la caméra…


J’y tenais absolument, même si j’ai enlevé certains de ces apartés au montage. Il me semble que cela nous permet de pénétrer dans les pensées les plus intimes d’Éléonore ou de Samuel à des moments cruciaux de manière assez efficace. Le texte était écrit ainsi, les lecteurs trouvaient cela séduisant et j’ai dû imaginer une transposition visuelle pour ces moments-là.
Il a d’ailleurs fallu beaucoup chercher pendant le tournage, ce qui était passionnant. Mais j’avoue que ce n’était pas forcément évident pour les comédiens de se planter face à la caméra pour dire un texte ou réciter un poème, d’enchaîner des petits plans en vrac qui seraient intégrés dans le montage, d’imaginer avec Frédéric Stucin les photos qui illustreraient les pensées d’Éléonore. Et surtout de se demander si tous ces éléments disparates fonctionneraient lorsqu’on les assemblerait au montage.

 

Tous à tour de rôle disent les choses : leur joie, leur rancoeur, leur colère, leur tristesse et parfois de manière assez crue !


Nous voulions avec Diastème vraiment éviter un récit trop lisse, il fallait des accidents tout le temps. Donc oui, il y a par moments de la brutalité dans leurs rapports, de la rancoeur, des reproches, et tout de suite après de la tendresse ou des éclats de rires. C’est comme ça que ce couple fonctionne. J’aimais l’idée de jouer avec ces sentiments là et cela donne au film une tonalité qui peut passer du burlesque à la noirceur, du rire à la dureté ou aux larmes, sans pour autant perdre la fluidité du récit. Alors oui, cela passe aussi par les vacheries que ce couple se balance avant que tous les deux se rapprochent à nouveau, car, malgré leur séparation, le désir est toujours là… Et celle qui précipite en quelque sorte leurs retrouvailles, c’est Claire Andrieux, l’agent immobilier qui, avec ses maladresses plus ou moins "calculées", pousse Éléonore (surtout) mais aussi Samuel à avancer.

Les Châteaux de sable

Des sentiments renforcés par l’environnement géographique de l’histoire. Vous filmez une terre bretonne douce et rude à la fois…


Tout à fait et c’est d’ailleurs surprenant car je n’ai découvert la Bretagne et ce coin en particulier que sur le tard, au moment où mon père y a acheté cette maison.
Pour les besoins du film, j’ai exploré les environs et découvert des lieux incroyables. Cette région est très belle, encore assez sauvage et très particulière : les paysages y passent vite de la douceur à la rugosité, comme par exemple ce paysage lunaire de rochers à marée basse que l’on aperçoit dans le film ou encore le sillon de Talbert.

 

Parlons du choix de vos comédiens, en commençant par Emma de Caunes pour le rôle d’Éléonore…


Les Châteaux de sable - Emma de CaunesC’est une comédienne que j’aime beaucoup et depuis fort longtemps. Emma a tourné avec moi un de ses tout premiers rôles dans un court-métrage qui s’appelait "Au bord de l’autoroute" en 1996 ! Nous en avons fait trois autres ensuite avant Les Châteaux de sable.

 

 


Dès l’écriture du scénario, j’avais envie qu’elle fasse partie d’une aventure qui avait une forte dimension familiale. Je trouve qu’Emma n’a pas été assez utilisée dans le cinéma français alors qu’elle a une palette de jeu extrêmement riche. Elle joue sans fard, ne fabrique pas. C’est toujours surprenant et c’est un beau cadeau pour un réalisateur. Je suis persuadé que le public va en quelque sorte la redécouvrir avec ce film.

 

Yannick Renier incarne Samuel à l’écran. Lui en revanche, vous ne le connaissiez pas…


Les Châteaux de sable - Yannick RenierNon, même si son demi-frère, Jérémie, était à l’affiche de mon premier film ! À chaque fois que je voyais Yannick au cinéma, je le trouvais formidable et j’estimais que lui aussi n’était pas suffisamment employé. Pour le rôle de Samuel, j’avais deux comédiens en tête.

 

 

Tant pis pour l’autre car Yannick est le premier que j’ai rencontré !

En le voyant approcher du café où nous avions rendez-vous, j’ai tout de suite su que c’était lui. C’est un acteur extrêmement précis dans le travail, toujours juste, toujours fin, mais aussi assez physique. Il "incarne" Samuel de façon évidente. Et c’était un plaisir de le voir travailler notamment avec Emma et Jeanne Rosa, c’était simple et fluide entre ces trois-là.

 

Un mot du papa de cette histoire, qui traverse le film comme un souvenir ou un fantôme. Vous avez choisi Alain Chamfort…


Je l’avais vu dans un film qui s’appelle Les Jeux des nuages et de la pluie en 2011 et je l’avais trouvé formidable. Pour le rôle du père, je voulais un acteur qui ait un côté légèrement flottant, "terrien" sans l’être totalement - et dont il émane une vraie tendresse. Alain avait toutes ces qualités, que je pressentais, peut-être parce que c’est une figure familière, un personnage public que l’on croit connaître sans le connaître vraiment. Il m’a dit oui assez rapidement en me précisant bien qu’il n’était pas comédien. Mais ce manque d’assurance s’est évanoui au tournage. À l’arrivée, je trouve qu’il dégage une présence incroyable, entre douceur et douleur. Et puis j’avoue que sur le tournage, il s’est passé quelque chose d’extraordinaire : dès sa première rencontre avec Emma, s’est instaurée une complicité immédiate entre eux. Le résultat est évident quand on voit le film : on perçoit de suite la tendresse entre ce père et sa fille…
J’aimerais rendre aussi hommage à Jeanne Rosa, qui s’est emparé de son personnage d’agent immobilier en maniant burlesque et émotion avec une extrême précision et à Christine Brücher, qui amène une douceur folle à son personnage de femme meurtrie.
Ce sont des actrices que l’on ne voit pas assez au cinéma, j’espère que le film y remédiera.

Mon opinion

 

Un formidable couple à l'écran.

 

Talentueux, charismatiques touchants et convaincants, Emma de Caunes et Yannick Renier balaient tout sur leur passage. À leurs côtés une étonnante et tout aussi remarquable Jeanne Rosa.

 

La Bretagne et ses splendeurs comme décor.

 

Une astucieuse voix-off, à tour de rôle féminine et masculine accompagne des dialogues parfaitement justes. Des seconds rôles, judicieusement choisis, chassent la mélancolie et laissent place à une réelle émotion. Autant de points forts à rajouter à ce beau film.

 

Même si le scénario reste assez prévisible, l'émotion n'en était pas moins palpable chez les spectateurs présents dans la salle. Je ne renie pas la mienne.

 

Pas davantage le plaisir ressenti devant ce deuxième long-métrage d'Olivier Jahan qui ne manque ni de finesse et fait preuve d'une belle subtilité.

 

Un film qui donne une belle place aux grands sentiments, pour un moment de cinéma qui fait du bien.

Les Châteaux de sable

 

Welcome

 

"Le bonheur est la chose la plus simple,

mais beaucoup s'échinent à la transformer

en travaux forcés !"

 
François Truffaut

 

 

 

Recherche

Quelques coups de cœur 

 

 

Pour lire l'article consacré au film,

un clic sur l'affiche.

Bonne visite !

En 2016.

 

Lrs InnocentesEl Clan

 

 

 

 

 

 

TempêteLes Délices de Tokyo (An)

 

....

 

 

 

Rosalie BlumNo land's song

 

 

 

 

 

 

La saison des femmes (Parched)Julieta

 

 

 

 

 

Chala, une enfance cubaine (Conducta)Red Amnesia

 

 

 

 

 

 

Toni ErdmannTruman

 

 

 

 

 

 

Le fils de Jean

Divines

.....

 

 

 

 

 

 

Frantz

 

 

 

 

 

 

Juste la fin du mondeAquarius

 

 

 

 

 

 

 

Une vie

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En 2015.

 

..Mon Fils - Eran Riklis..Gente de Bien.La Maison au toit rouge.La Tête Haute.Une Femme Iranienne "Aynehaye Rooberoo". Facing Mirrors.Une seconde mère "Que Horas Ela Volta ?".Mustang.La Belle saison.Aferim !.La dernière leçon.Ni le ciel ni la terre.Les chansons que mes frères m'ont apprises.Fatima...Mia Madre

 

 

 Mes dernières critiques ... Cliquez ICI !

Depuis 2010. Films vus et commentés.

- En 2010 - Cliquez ICI

- En 2011 - Cliquez ICI

- En 2012 - Cliquez ICI

- En 2013 - Cliquez ICI

- En 2014 - Cliquez ICI

- En 2015 - Cliquez ICI

- En 2016 - Cliquez ICI

 

 

Voir et revoir..........................................Voir et revoir.........................................Voir et revoir....................

 

Pandora "Pandora and the Flying Dutchman".Umberto D.La chevauchée des Bannis.Loin du Paradis.Une journée particulière.Le procès de Viviane Amsalem "Gett".Tout ce que le ciel permet.

 

 

Luchon. Reine des Pyrénées. Cliqez ICI.