Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
27 mars 2014 4 27 /03 /mars /2014 22:00

Dans le cadre du Festival 2014 des films d'Amérique Latine !

 

au Le-Régentà Saint Gaudens !

 

Reves-d-or---Affiche.gif

 

Réalisé par Diego Quemada-Diez

 
Avec Brandon López, Rodolfo Dominguez, Karen Martínez,

Carlos Chajon, Diego Quemada-Diez, Edher Campos,

Ornella Jaramillo, Inna Payán, Luis Salinas

 

Titre original La jaula de oro


Genre Drame


Production Mexicaine, Espagnole

 

Date de sortie  4 décembre 2013

 

Rêves d’or est le premier long métrage de Diego Quemada-Diez.

 

Il ne constitue pas pour autant sa première expérience cinématographique. Sa carrière a démarré en 1995 alors qu’il était assistant sur Land and Freedom de Ken Loach, avec lequel il a travaill sur plusieurs films. Il a alors enchainé les collaborations avec d'autres cinéastes célèbres tels qu’Alejandro González Iñárritu pour 21 Grammes, Fernando Meirelles sur The Constant Gardener, Tony Scott avec Men on fire, Oliver Stone en 1999 avec L'enfer du dimanche ou encore Spike Lee en 2004 avec She Hate Me.

 

En 2006 il réalise I Want to Be a Pilot, son deuxième court métrage, présenté au Festival de Sundance et mondialement récompensé.

 

Reves-d-or.gifSuite à un article sur la ville de Mazatlan, au Mexique, lu en 2003, Diego Quemada-Diez a sauté dans le premier avion pour le Mexique, persuadé d'y trouver une histoire à raconter. Sur place, il a découvert la dure vie des migrants, prêts à tout abandonner pour tenter de rejoindre les États-Unis. Bouleversé par ces récits, le réalisateur a alors décidé de collecter pendant plusieurs années les différentes histoires des migrants qui croiseront sa route : "J’ai rencontré des gens merveilleux qui m’ont beaucoup appris, notamment la générosité et la valeur de la fraternité. Je voulais que cette histoire soit vraisemblable tout en ayant une structure dramatique. Je l’ai écrite et réécrite de nombreuses fois. C’est peut-être pour ça que j’ai mis tant de temps à la terminer. Je voulais que le film soit au croisement du documentaire et de la fiction. J’ai fini par comprendre qu’il fallait que je concentre tous les témoignages dans un personnage."


 

Scénarisé à partir de centaines de témoignages, Rêves d’or a été conçu pour se rapprocher le plus possible de la vérité.

 

Rêves d'or - Carlos Chajon

 

 

Le cinéaste considère son œuvre comme "une fiction basée sur la réalité, qui la reconstitue avec une volonté d’authenticité et d’intégrité". Ce film tourné en Super 16, un format proche du documentaire, mais plus pratique pour couvrir le périple de ces jeunes héros.

 

 

Rêves d’or a été récompensé au Festival de Cannes 2013

dans la section Un certain regard par le Prix un Certain Talent

 

Synopsis

 

Originaires du Guatemala, Juan (Brandon López), Sara (Karen Martínez) et Samuel (Carlos Chajon) aspirent à une vie meilleure et tentent de se rendre aux États-Unis.

 

Pendant leur périple à travers le Mexique, ils rencontrent Chauk (Rodolfo Dominguez), un indien du Chiapas ne parlant pas l’espagnol et qui se joint à eux.


Mais, lors de leur voyage dans des trains de marchandises ou le long des voies de chemin de fer, ils devront affronter une dure et violente réalité…

 

Reves-d-or---Brandon-Lopez-et-Carlos-Chajon.gif

 

  Rodolfo Dominguez et Brandon López

 

Face à une réalité souvent difficile en Amérique latine, Diego Quemada-Diez éprouvait le besoin de réaliser une œuvre engagée : "Nous avons écrit cette histoire dans l’espoir de détruire les conventions qui nous emprisonnent, afin de réinventer notre propre réalité. Je rêve que ces barrières qui nous séparent sautent, que nous embarquions dans un train dont la destination est sans importance, dont les passagers savent que nos existences sont interconnectées et que les obstacles rencontrés sur la route nous inspirent pour célébrer la vie avec un respect et une conscience qui transcendent les races, les classes et les croyances."

 

Reves-d-or-copie-1.gifL’équipe du film a dû emprunter les mêmes chemins que les migrants, car Diego Quemada-Diez souhaitait leur rendre hommage en réalisant le même parcours qu’eux. Pour cette raison, Rêves d’or a été tourné dans un ordre chronologique, du Guatemala jusqu’aux États-Unis.

 

 

Si Brandon Lopez qui interprète Juan, fait ses débuts au cinéma avec Rêves d’or, il est de plus en plus connu dans son pays pour sa musique. Le jeune guatémaltèque compose en effet de la musique Hip Hop.

 

Juan, interprété par Brandon Lopez, rêve d’aller aux États-Unis, convaincu d’y réussir sa vie. Sa vision des choses plutôt matérialiste contraste avec celle de Chauk, d’origine Tzotzil, beaucoup plus spirituelle.

 

Cette opposition permet au metteur en scène de souligner la lutte interne qui existe chez l’homme : "Je crois que chacun de nous a en lui un peu de Juan et un peu de Chauk." Le nom de Chauk, interprété par Rodolfo Dominguez, est inspiré de Chak, un ami du réalisateur d’origine maya, qui partage la même vision spirituelle que le personnage.

 

La-Jaula-de-Oro-Rodolfo-Dominguez.gif

 

Rodolfo Dominguez

 

Mon opinion :

 

Un film qui commence très fort avec cette jeune fille qui se coupe les cheveux, se bande la poitrine pour tenter d'effacer toute trace de féminité.

 

Le long métrage pourrait se classer dans les documentaires si ce n'était l'incroyable présence de ces jeunes qui fuient leur pays natal pour un ailleurs qu'ils espèrent meilleur.

 

Diego Quemada-Diez a pris la décision de filmer la vérité brute. Si la mise en scène fait preuve d'une certaine virtuosité, quelques passages gâchent un peu l'intérêt du film. Ces maquettes voulant faire croire à de véritables trains sous la neige, par exemple.

 

Le scénario, d'une simplicité extrême, dénonce les injustices d'un voyage sans retour et va droit au but. Il ne s'éternise pas sur les points les plus douloureux qu'il arrive à faire alterner avec d'autres moments plus optimistes. Une qualité supplémentaire de ce film et plus particulièrement de Diego Quemada-Diez qui a travaillé pendant plus de dix ans sur ce projet.

 

Le réalisateur prend son temps pour appuyer son propos, peut-être un peu trop. Certaines séquences sont très longues au détriment d'autres qui mériteraient d'être plus développées. Ces enfants, sont-ils orphelins ? Les organisations maffieuses mexicaines sont certes, pointées du doigt, mais le film ne démontre en rien le devenir que l'on imagine tragique de ces prises d'otages violentes et barbares.

 

La photographie souffre lourdement de la volonté délibérée du tournage en "Super 16".

 

La réussite du film tient essentiellement de la force qui se dégage de l'insouciance de ces trois jeunes qui vont tenter de parcourir les kilomètres séparant le Guatémala de Los Angeles.  

 

Ils ne se départissent pas d'une belle insouciance malgré ce monde étranger qui ne leur fera pas de cadeau. Leur déracinement fera d'eux des clandestins. Des anonymes. C'est douloureux et totalement  monstrueux.

 

Ce n'est pas la première fois, certes, que l'atrocité de cette situation, connue de tous, est présentée dans le confort de nos salles de cinéma. Mais avec ces "Rêves d'or", impossible d'oublier ces regards, ce parcours, et ces luttes incessantes pour déjouer tous les dangers.

 

Et, plus que tout, cette envie de vivre qui sera, pour certains, synonyme d'une très approximative réussite, pour d'autres d'un échec irréversible.

 

 

Sources :

http://www.allocine.fr

http://revesonline.com

26 mars 2014 3 26 /03 /mars /2014 21:00


Date de sortie 26 mars 2014

 

Aimer--boire-et-chanter---Affiche.gif


Réalisé par Alain Resnais


Avec Sabine Azéma, Hippolyte Girardot, Caroline Silhol,

Sandrine Kiberlain, Michel Vuillermoz, André Dussollier, Alba Gaia Bellugi


Genre Comédie


Production Française

 

Aimer, boire et chanter marque les derniers pas d'Alain Resnais au cinéma,

disparu le 1er mars 2014, soit vingt-cinq jours avant la sortie en salles du film.

 

En février 2014, Aimer, boire et chanter reçoit le prix Alfred Bauer, qui récompense "un film ouvrant de nouvelles perspectives", au Festival de Berlin. À la fin de la projection d'Aimer, boire et chanter, présenté le 10 février en compétition à la 64ème Berlinale, les quatre acteurs présents, Sabine Azéma, André Dussollier, Hippolyte Girardot et Sandrine Kiberlain sont montés sur scène à l'invitation du producteur Jean-Louis Livi. Et au lieu de rendre hommage à leur réalisateur, 91 ans, qui n'avait pas pu faire le déplacement, ils ont entonné en chœur la chanson du film pour la plus grande joie du public.
 

C’est la troisième fois qu’Alain Resnais adapte au cinéma un texte du dramaturge britannique Alan Ayckbourn, après Smoking/No smoking réalisés en 1993 et Cœurs en 2005.

 

Alain Resnais et sa compagne Sabine Azéma se sont rendus à plusieurs reprises dans la station balnéaire de Scarborough en Angleterre, où Alan Ayckbourn jouait ses pièces aux décors entièrement pensés par le public. C’est dans ce comté du Yorkshire que les deux hommes se sont rencontrés, et qu’Alain Resnais a proposé au dramaturge d’adapter une de ses pièces pour la première fois. Depuis Smoking/No Smoking, le cinéaste confie n'avoir jamais rompu son serment : "Si je trouve un producteur prêt à financer le film, je ne vous préviendrai pas, je ne vous téléphonerai pas, je ne vous convierai pas à lire l’adaptation, je ne vous inviterai pas à dîner. Vous ne saurez rien de moi avant que le film soit fini et que je puisse vous le montrer. À ce moment seulement vous pourrez décider si vous en acceptez la paternité".

 

Aimer, boire et chanter s’inspire librement de la pièce de théâtre The Life of Riley jouée en 2010.

 

Une des obsessions du cinéaste de tourner du théâtre filmé, est d'ajouter à son casting des animaux, une souris dans Je t'aime, Je t'aime, des méduses dans On connaît la chanson, un chat dans Les herbes folles. 

 

"Elle a à voir avec ma lecture des surréalistes lorsque j’étais adolescent. J’avais retenu que si une image vous apparaissait et s’imposait encore à vous trois jours plus tard, il fallait en faire quelque chose. J’ai conservé ce conseil. L’image de la taupe m’est venue lorsque Jean-Louis Livi m’a commandé de faire un film avec Life of Riley d’Alan Ayckbourn. Car tous mes films sont des films de commande. J’ai un excellent alibi : Igor Stravinsky, parait-il, n’a jamais écrit une note avant d’en avoir reçu commande... Donc, lorsque Jean-Louis Livi me parle de la pièce, je lui dis, spontanément : "En tout cas il y aura une taupe". Il me répond : "J’y compte bien". Et voilà, elle est là. Mais il ne faut en aucun cas y voir quelque symbole ou message que ce soit. Il y une dizaine d’années, un critique du New York Times avait écrit un article très drôle, disant : "On reproche à Alain Resnais de ne pas avoir d’obsession, de ne jamais revenir sur les mêmes thèmes, de n’être qu’un illustrateur. C’est faux, dans ses films, il y a toujours un petit animal qui bouge... ".

 

Alain Resnais Alain-Resnais.gif

 

Synopsis

 

Dans la campagne anglaise du Yorkshire, la vie de trois couples est bouleversée pendant quelques mois, du printemps à l’automne, par le comportement énigmatique de leur ami George Riley.


Lorsque le médecin Colin (Hippolyte Girardot), médecin de campagne plan-plan, apprend par mégarde à sa femme Kathryn (Sabine Azéma) que les jours de son patient George Riley sont sans doute comptés, il ignore que celui-ci a été le premier amour de Kathryn.

 

Aimer--boire-et-chanter---Hippolyte-Girardot--Sabine-Azema.gifKathryn est une femme un peu survoltée, nerveuse, tout le temps en train de reprocher quelque chose à quelqu’un, assez autoritaire, très vivante, trop vivante pour la vie qu’elle mène. Elle a épousé Colin, elle a sûrement été amoureuse de lui, mais maintenant c’est plus calme. Elle n’a pas eu d’enfant, elle se sent un peu comme une éternelle jeune fille, insatisfaite. Insatisfaite sur le plan sexuel d’abord. Elle boit en cachette, ça prouve bien que quelque-chose cloche. En fait, elle s’ennuie, profondément. Alors pour échapper à sa petite vie rétrécie, elle s’évade dans les fantasmes et dans les rêves, et le rêve, c’est ce fameux George

 

Colin est un médecin de campagne issu d’une famille modeste, il n’a sans doute pas fait ses études dans une grande fac, il est toujours resté dans cette Angleterre du Nord, rurale. Il s’y sent bien, il n’a jamais songé à aller ailleurs. Il a commencé par être médecin hospitalier, et ce n’est pas par ses relations mais par sa réputation de bon praticien, qu’il a réussi à ouvrir son cabinet. Sa vie est extrêmement régulière, il a envie que les choses ne changent pas, que le fleuve ne sorte pas de son lit. Colin est obsédé par le temps, ou plutôt par les pendules. Chacune de ses nombreuses pendules est liée à un évènement familial, comme s’il tenait sa névrose en laisse en se focalisant sur un objet. Cet objet étant bien entendu dysfonctionnel. Son obsession de réparer les pendules est une manière pour lui de supposer, d’espérer que si elles étaient enfin toutes à l’heure, sa vie s’en trouverait plus harmonieuse, qu’elle échapperait à une routine un peu déprimante.

 

Kathryn et Colin, qui répètent une pièce de théâtre avec leur troupe amateur locale, persuadent George de se joindre à eux. Cela permet à George, entre autres, de jouer des scènes d’amour appuyées avec Tamara (Caroline Silhol), la femme de son meilleur ami Jack (Michel Vuillermoz), riche homme d’affaires et mari infidèle.

 

Aimer--boire-et-chanter---Caroline-Silhol--Michel-Vuillermo.gifTamara est avant tout une femme de bonté, de compassion, mais attention à vous si vous en abusez trop ! Son mari Jack, n’a sans doute pas fait que des affaires irréprochables, mais elle l’aime, ça ne s’explique pas. Il la trompe allègrement et comme tous les hommes infidèles, il cherche à se faire consoler par sa femme. Elle le prend mal, mais avec classe et humour. Elle a fait du théâtre quand elle était jeune, mais lorsqu’elle est tombée enceinte de Tilly (Alba Gaia Bellugi), elle a abandonné une carrière qui n’avait jamais vraiment démarré. Ils sont revenus dans le Yorkshire. Tamara a ouvert un petit salon d’esthéticienne, toujours ce désir de dispenser du bien-être autour d’elle.

 

Jack a de l’argent, beaucoup d’argent. Il l’a gagné à la sueur de son front. Il a une situation très confortable. Il a voulu revenir dans cette grande propriété du Yorkshire, cette maison qu’il avait repérée lorsqu’il était enfant. Il a épousé Tamara par amour, évidemment, il l’aime ! Mais il a une maîtresse. C’est un secret de Polichinelle. Tout le monde est au courant. Tilly, qui va avoir 16 ans est le bonheur de sa vie. Ses tenues vestimentaires, sa belle voiture, tout ce qui est signe extérieur de richesse, il n’est pas contre. Il aime recevoir, il aime montrer qu’il a de l’argent.

 

Jack, éploré, tente de persuader Monica (Sandrine Kiberlain), l’épouse de George qui s’est séparée de lui pour vivre avec le fermier Simeon (André Dussollier), de revenir auprès de son mari pour l’accompagner dans ses derniers mois.

 

Aimer--boire-et-chanter---Sandrine-Kiberlain-et-Andre-Duss.gifMonica est institutrice dans une petite ville. Elle a vécu avec George une de ces grandes histoires d’amour qui vous emportent et vous laissent ensuite sur le bord du chemin. Dans cette histoire, elle s’est un peu perdue. George a ce pouvoir sur les femmes et sur les gens : au début ils se sentent valorisés et puis il prend trop de place dans leur vie. Là, quand l’histoire démarre, Monica est dans une autre histoire, avec le contraire de George. Elle est amoureuse de Simeon, mais se demande si elle n’a pas décidé trop tôt de vivre avec lui. Elle est en permanence dans ces grandes questions. C’est si nouveau pour elle de sentir que quelqu’un la regarde, ne veut que son bien. Elle le dit d’ailleurs : "Il ne veut que mon bien", "Il m’aime, et moi aussi". Mais dans ce moi aussi, il y encore un peu de flottement. Monica est une de ces grandes anglaises un peu gauche, encore vaguement adolescente. Monica est un papillon qui vole et a du mal à se poser.

 

Simeon est un gentleman-farmer. Un agriculteur anglais. Il est veuf, et il est tombé amoureux de l’institutrice du village. C’est quelqu’un d’un peu taiseux, il a du mal à exprimer ses sentiments mais on sent qu’il est très épris de Monica. On n’en est qu’au début de leur union et déjà une certaine confiance règne. Mais l’irruption de George au milieu de ces trois couples, y compris le sien, Monica ayant été sa femme, va faire des ravages, prendre une place de plus en plus embarrassante. D’autant plus embarrassante, que le pauvre Simeon ne sait pas très bien comment aborder le problème. Il s’exprime par des gestes inattendus, des pulsions étonnantes. Il a une présence corporelle assez puissante, il est proche de la nature, et c’est d’ailleurs à la nature qu’il s’en prend quand il donne de furieux coups de pied à un tronc d’arbre ! Les êtres humains, c’est beaucoup plus mystérieux pour lui

 

Au grand désarroi des hommes dont elles partagent la vie, George exerce une étrange séduction sur les trois femmes : Monica, Tamara et Kathryn.


Laquelle George Riley emmènera-t-il en vacances à Ténérife ?

 

Aimer--boire-et-chanter---Caroline-Sihul--Sandrine-Kiberlai.gif

 

 Caroline Sihol, Sandrine Kiberlain et Sabine Azéma

 

 

À la question : Pourquoi ce titre, Aimer, boire et chanter qui n’a rien à voir avec le titre original de la pièce d’Alan Ayckbourn ?

 

"Pour le rythme. La pièce était entièrement imprégnée de la musique des Pink Floyd. Pour moi, cela indiquait une époque précise, les années 1960 / 1970 et je voulais m’en détacher. Je cherche beaucoup à rythmer les changements de vitesse d’un film, à ce que la réalisation soit disparate. Des moments avec un découpage timide, académique, et puis, que subitement le ton change. Voilà ce dont je rêverais : que le spectateur dans la salle se dise, oui, bon, c’est du théâtre filmé, et soudain change d’avis, oui, mais au théâtre, on ne pourrait pas faire ça... Et ça redevient du théâtre, et ça redevient du cinéma, et parfois de la bande-dessinée avec les interventions de Blutch. Je voulais tenter de faire ce que Raymond Queneau appelait dans Saint-Glinglin "la Brouchecoutaille", c’est-à-dire une sorte de ratatouille, abattre les cloisons entre le cinéma et le théâtre, et ainsi, se retrouver en pleine liberté. Je le dis pour tous mes films, c’est la forme qui m’intéresse, et s’il n’y a pas la forme, il n’y a pas l’émotion. Je garde le goût intact de faire se rencontrer des choses qui ne devraient pas se rencontrer, c’est ce que j’appelle l’attrait du danger, du précipice. Avec cette formule que je répète à l’envi : "Pourquoi tournez-vous ?", " Pour voir comment ça tourne". Alors, évidemment, j’ai été séduit par le théâtre d’Ayckbourn, qui peut sembler être un théâtre de boulevard alors qu’il n’en n’est rien. Il n’y a qu’à observer les risques de construction qu’il prend à chaque fois. Un jour, il a eu cette phrase : "Moi j’essaie de faire du cinéma avec mon théâtre, et Resnais fait du théâtre pour le cinéma". répond le réalisateur.

 

Aimer--boire-et-chanter---Andre-Dussollier.gifAlain Resnais est un réalisateur méthodique, habitué à faire du théâtre pour le cinéma comme dirait Alan Ayckbourn. Pour découper la pièce de théâtre dont est adapté Aimer, boire et chanter, il s'est muni de petites figurines en plastique ramenées dans ses valises, qu'il a placées dans un décor comme s'il dirigeait un acteur fait de chair et d'os. Cette reconstitution miniature lui permet de mieux visualiser ses personnages et leurs mouvements scéniques.

 

"Aimer, boire et chanter ? On prend trois couples normaux, ou ce qu’on appelle normaux, qu’ils soient très heureux ou très malheureux, il suffit que survienne un évènement qui dérange, George, ça fiche l’hystérie partout. Oui, c’est drôle, mais il y a tout de même des moments où je fais passer l’ombre de la mort, sur une musique légère... Il y a une chose assez rare avec ce film : lorsqu’il a été terminé, nous avons constaté, le monteur Hervé De Luze et moi, que ce qu’on appelle "le chutier" - la corbeille où l’on jette les chutes, les scènes supprimées - était vide. Rien n’avait été coupé, tout avait été tourné. Oui, on peut dire ça, rien à jeter ! Il est vrai qu’il y a beaucoup de plans-séquences, des scènes dans leur continuité. Les comédiens ont été étonnants d’ailleurs. D’eux-mêmes ils se sont réunis en dehors des heures de tournage pour répéter. On a gagné un temps fou !" confessse Alain Resnais avant de rajouter : "Qu’est-ce qui fait que, ne négligeant aucun artifice de théâtre, jusqu’à remplacer les portes par des toiles peintes qui s’écartent, on est tout de même au cinéma ? C’est un mystère. Oui, bien sûr, même si cela joue en faveur du film, il est bien question ici d’économie. J’ai été conforté dans cette démarche, en faisant un grand saut dans le temps, par Sacha Pitoëff et sa femme. Chaque fois qu’ils montaient un spectacle aux Mathurins, ils se trouvaient à court d’argent pour les décors. Ils reprenaient alors de vieux rideaux, ils empruntaient des vieux tapis et réussissaient à suggérer des intérieurs luxueux. J’ai présenté ça à Jacques Saulnier, en disant : "Sacha Pitoëff l’a fait, tu peux le faire". Il a faiblement protesté : " Oui, mais au cinéma..." J’ai dit "Eh bien, on va le tenter".


Aimer, boire et chanter - Caroline Sihol et Sabine Azéma

 

L'actrice Caroline Silhol décrit la méthode de travail d'Alain Resnais, et sa manière de diriger les acteurs, qu'il aiguille plus qu'il ne les juge. Sur ce tournage précisément, elle confie lui avoir donné un petit nom : "Je n’ai pas osé lui dire, mais je l’appelais "mon 4G" : Génial, Gentil, Généreux et G’jeuns !"

 

 

Elle avoue : "J’avais eu un coup de foudre pour la pièce d’Alan Ayckbourn, Life of Riley. J’avais donc envie de la jouer au théâtre, et ai écrit une adaptation en français. C'est alors qu’Alain Resnais a exprimé son désir d’en faire un film; le projet théâtral a évidemment été aussitôt abandonné avec joie, et dans la foulée, Resnais me dit : "Je pense à vous pour le rôle de Tamara". Je me contente évidemment de répondre : "Ah ! Quel bonheur !". Alors, qu’au départ j’avais très envie de jouer sur scène l’autre rôle, celui de Kathryn que joue Sabine Azéma. Cette Kathryn, je la trouvais drôle, insolente, ce que Sabine a rendu avec maestria."

 

Sandrine Kiberlain est la seule actrice du casting à rejoindre la troupe d'acteurs d’Alain Resnais pour la première fois. Admirative et respectueuse du travail du cinéaste, elle avait pourtant fait le premier pas, il y a six ans, en lui adressant un courrier "Je lui avais écrit une lettre, il y a six ans, juste dans l’intention de lui dire mon admiration pour ses films, pour son travail. Je n’ai pas eu de réponse. Et un jour, un beau jour, je marchais dans la rue, en bas de chez moi, avec ma fille, le producteur Jean-Louis Livi m’a abordée, m’a posée cette question insensée : "Alain Resnais peut-il vous appeler ?". Imaginez ma réponse, je faisais des bonds ! Je suis vite rentrée, le téléphone a sonné, et j’ai entendu sa voix de jeune homme : "Bonjour Sandrine. Voilà, c’est ma réponse. Six ans après. Je voulais vous proposer le rôle de Monica dans mon prochain film ..."

 

Aimer--boire-et-chanter---Sandrine-Kiberlain-et-Michel-Vuil.gif

 

Sandrine Kiberlain et Michel Vuillermoz

 

Après, le processus s’engage. La rencontre. Alain Resnais ne peut pas travailler avec quelqu’un qui ne lui renvoie pas ce qu’il attend de cette personne. Il nous a réunis pour une lecture. Avant de commencer, il cherchait avec insistance une petite boîte rouge en plastique. On l’a trouvée. Il l’a posée sur la table et nous a dit : "C’est une boîte anglaise, j’espère que je vais savoir m’en servir parce que selon l’endroit où j’appuie, cela déclenche des réactions différentes". On commence la lecture, et à chaque moment qu’il trouvait réussi, il appuyait sur la petite boîte d’où sortaient des applaudissements. C’était pour nous faire savoir qu’il était content de nous... J’étais subjuguée. Après, Alain Resnais nous a dit : "Je propose à chacun d’écrire la biographie de son personnage, comment est-il physiquement, quelle pouvait être sa vie d’avant ?". C’est très dur à faire, on a peur de ne pas être à la hauteur, peur aussi d’aller à l’encontre de l’idée que lui se fait du personnage. Moi, ce qui m’a aidée, c’est qu’au lieu d’écrire la biographie de Monica, je l’ai dessinée. De dos d’ailleurs. Une silhouette, avec une grande jupe, des fleurs, une fantaisie dans les vêtements. Il était d’accord, sauf sur un point : "Il ne me semble pas que Monica soit née où vous l’avez fait naître... ". Être sur le plateau d’Alain Resnais, c’est déjà entrer dans un de ses films, dans le film. On entre dans le film d’Alain Resnais en le tournant. On est dans une autre couleur, dans un autre rythme, dans une autre façon de parler plus douce, plus courtoise. En même temps, ce n’est pas ampoulé, on est imprégnés d’une atmosphère différente, unique. On arrive sur le tournage comme on se rend à un rendez-vous espéré. Je vous jure, j’ai envie de piquer le plan de moi qui clope en cachette, au début. Je trouve ce plan sublime. Je me dis bon, ça, au moins, je l’aurai fait dans ma vie." rajoute Sandrine Kiberlain.

 

 

Pour terminer un mot de l'auteur : "Quand j’ai demandé à Alain  pourquoi il pensait que nous étions fait pour nous rassembler, il m’a dit que si un dramaturge comme moi, écrivais des films pour la scène et lui, un réalisateur, créait pour le cinéma des pièces de théâtre, il était inévitable que nos mondes, apparemment séparés, finissent par se chevaucher.

 

Et je suis ravi que cela soit le cas. Avec ce film, notre troisième collaboration, Alain a créé quelque chose qui, bien qu’audacieux et innovant, reste complètement fidèle à l’esprit de mon œuvre originale. Stupéfiant ! Seul Resnais pouvait y arriver." Alan Ayckbourn.


 

Mon opinion :

 

Pour ce dernier voyage, Alain Resnais nous invite dans la campagne anglaise toute entière découpée dans le carton.

 

Pour plus de légèreté, le titre du film reprend celui d'une valse de Johann Strauss et quelques mesures accompagnent l'ensemble. La mort, une fois encore, est bien présente dans l'œuvre ultime du cinéaste. Mais ici, un mort qui donne la pêche. Un mort qui n'en finit pas de séduire.

 

Une taupe en peluche, aussi,  qui fait penser a l'œil malicieux du réalisateur.

 

Dans une interview, Bruno Podalydès qualifie le look de Resnais de "rock". J'acquiesce. Ce grand Monsieur a gardé une âme d'enfant pour mieux nous faire partager son monde enchanté qui ne finira pas de séduire.

 

Ici, les portes ne claquent pas comme dans un vaudeville à une ou deux exceptions près, elles volent. Simples toiles peintes pour les figurer. Pelouse artificielle pour mieux se marier avec une multitude de fleurs toutes aussi factices, ainsi que les tenues de Sabine Azéma. Le décor est planté.

 

Les fidèles acteurs, auxquels le cinéaste rend, une fois encore un bel hommage, n'ont plus qu'à se laisser embarquer dans cet univers si particulier. Ils y excellent tous avec en tête, le formidable Michel Vuillermoz. Sandrine Kiberlain, toute nouvelle de la "troupe", y trouve une juste place.

 

Peut-être pas le meilleur film. Il n'empêche. Aimer, boire et chanter a reçu lors de la dernière Berlinale le prix Alfred Bauer. Une récompense à celui qui offre de nouvelles perspectives, ou une vision esthétique novatrice et singulière. Magnifique récompense pour le dernier film d'un grand Monsieur du cinéma.

 

Sources :

http://www.unifrance.org

http://www.allocine.fr

22 mars 2014 6 22 /03 /mars /2014 10:50

Dans le cadre du Festival 2014 des films d'Amérique Latine !

 

au Le-Régentà Saint Gaudens !

 

 

Infancia-clandestina.gif

 

Réalisé par Benjamín Ávila

 


Avec Teo Gutiérrez Moreno, Ernesto Alterio, Natalia Oreiro, César Troncoso,

Christina Banegas, Paula Ransenberg, Elvira Onetto, Luciana Dulizky,

Violeta Palukas, Mayana Neiva, Sebastián Carballido, Pablo Cura, Pedro Onetto

 

Titre original Infancia clandestina


Genre  Drame


Production Argentine, Espagnole, Brésilienne

 

Le metteur en scène Benjamín Avila né en 1972 à Buenos Aires s’est inspiré de sa propre enfance pour raconter l’histoire d’Enfance clandestine. Pour autant, il ne voulait pas écrire son autobiographie. Il a plutôt souhaité revisiter le militantisme de la dernière dictature entre 1976 et 1983 en se centrant sur une histoire d’amour entre deux enfants.

 

Il faut savoir que sa mère a disparu dans le système de détentions et d'exécutions extrajudiciaires de la junte, terme utilisé pour désigner une dictature militaire gérée par un groupement de chefs des armées, Le réalisateur a été séparé très jeune de son frère.

 

Il l'a retrouvé cinq ans plus tard, grâce aux efforts des Mères de la place de Mai, celui-ci ayant été adopté par une famille proche du régime.

 

Selon les propos de Diana Quattrocchi-Woisson, recueillis sur Zérodeconduite.net :  Il s'agit de la dernière dictature militaire du XXème siècle, qui commence en 1976 et se termine en 1983. Elle ponctue une série de coups d'état et de mouvements de contestation violents. Il y a un crescendo dans l'histoire de la violence politique en Argentine et la période qui concerne le film est la plus aiguë. Et cela ne s'explique pas uniquement par l'apparition de la guérilla de gauche péroniste sur la scène politique. Cette radicalisation concerne l'ensemble de la société, aussi bien la classe moyenne que les syndicats enseignants ou les syndicats ouvriers. Pour lire la suite d el'interview cliquez ici !

 

Plus connu pour ses courts métrages et documentaires,  Benjamín Ávila réalise, ici, son premier long métrage dans lequel il joue également un petit rôle. Nommé à la quinzaine des réalisateurs lors de l’édition 2012 le film de Benjamín Avila a été encensé par le public. Devant tant d’engouement, le réalisateur n’a pu retenir ses larmes...

 

Olivier De Bruyn pour Positif présente le film ainsi : "dans Enfance clandestine le réalisateur qui s'est inspiré de souvenirs personnels pour écrire son scénario, échappe la plupart du temps aux pièges du pathos et de la démonstration éloquente. À la fois récit initiatique et chronique intimiste, le film fait preuve d'une maîtrise et d'une sensibilité également singulières.'

 

Aujourd’hui encore, plus de 300 enfants kidnappés

pendant la junte restent portés disparus.

 

  Infancia-clandestina---Teo-Gutierrez-Moreno.gif

 

Teo Gutiérrez Moreno

 

Synopsis

 

Argentine, 1979.

 

Juan (Teo Gutiérrez Moreno), 12 ans, et sa famille reviennent à Buenos Aires sous une fausse identité après des années d’exil.

 

Les parents de Juan, sa mère Charo (Natalia Oreiro) et son père Daniel (César Troncoso ) avec son oncle Beto (Ernesto Alterio) sont membres de l’organisation Montoneros, en lutte contre la junte militaire du général Videla qui les traque sans relâche.


La direction des Montoneros exilée à Cuba a décidé de lancer une contre-offensive contre le régime militaire, initiative qui s'avérera suicidaire.

 

En attendant, le jeune exilé apprend à redécouvrir son pays, son système scolaire militarisé et son apparente normalité.

 

Infancia-clandestina---Ernesto-Alterio-et-Teo-Gutierrez-Mo.gif


Ernesto Alterio et Teo Gutiérrez Moreno

 

Il ne doit pas l’oublier, le moindre écart peut être fatal à toute sa famille.

 

Malgré tout, Juan arrive au seuil de l'adolescence, cette saison de la vie qui rend parfois les choses plus difficiles, surtout quand on tombe amoureux d'une jolie camarade de classe, Maria (Violeta Palukas), et ce, malgré la proximité du danger qui rend ici toute vie aléatoire.

 

Alors qu'il s'est habitué à cette nouvelle existence, Juan apprend que sa famille doit à nouveau déménager ... 

 

C’est une histoire de militantisme, de clandestinité et d’amour.

 

L’histoire d’une enfance clandestine.

 

Infancia-clandestina---Teo-Gutierrez-Moreno-et-Violeta-Pal.gif


 

Avant de réaliser Enfance clandestine   Benjamín Ávila s’était déjà approché du thème propre à ce film.

 

En 2003, avec l’argent obtenu grâce à un prix, un court métrage a été monté. Celui-ci, intitulé Veo, Veo, a marqué les prémices d’Enfance clandestine.

 

Pour ces deux films, Marcelo Müller a co-écrit le scénario avec Benjamín Avila.

 


 

 

Natalia Oreiro, qui interprète la mère de Juan, est une actrice qui suscite beaucoup de ferveur en Argentine, grâce à des publicités à la télévision et des telenovelas à succès. Sa carrière en tant que chanteuse et actrice de telenovelas l'a rendue célèbre à travers le monde entier et plus spécialement en Europe de l'est. En 2002 elle s'est mariée avec Ricardo Mollo, meneur du groupe argentin de rock les Divididos.

 

Cette grande actrice est également présente dans le film de Le médecin de famille "Wakolda" réalisé par Lucia Puenzo.


Ajoutons à cela que la chanson de fin du film est chantée par le très populaire groupe de rock Dividios, et vous obtenez un public composé en grande partie d’adolescents.


 

 

Accompagnés de leurs parents, Enfance clandestine a provoqué, selon Benjamín Ávila, "des discussions générationnelles à l’intérieur des familles".

 

Dans Enfance clandestine, quelques séquences représentant la violence sont animées. Benjamín Ávila a eu cette idée en visionnant Kill Bill : Volume 1 de Quentin Tarantino, dans lequel une personne se fait assassiner sous les yeux d’un enfant caché sous un lit. Très ému par cette scène, le réalisateur a voulu utiliser la même technique pour son film.

 

Entre L'Histoire officielle, film de référence sur la période de la junte en Argentine, de Luis Puenzo et le film de Benjamín Avila, il y a des connexions. Ainsi, Luis Puenzo se retrouve producteur d'Enfance clandestine et le comédien Ernesto Alterio, qui joue l’oncle dans le film de Benjamín Ávila, n’est autre que le fils d’Hector Alterio, qui jouait dans L'Histoire officielle.

 

Infancia-clandestina-copie-1.gif

 


 

Mon opinion :

 

En réalisant ce premier long-métrage,  Benjamín Ávila déclare s'inspirer de sa propre enfance, les années de dictature en Argentine, sans en faire pour autant un récit autobiographique, il dévoilée une partie de l'histoire méconnue, ou presque, celle des Montoneros, en lutte permanente contre la junte militaire.

La grande réussite du film vient du fait de présenter le sujet au travers du parcours d'un jeune garçon, Juan, qui deviendra Ernesto par obligation. Un enfant perdu dans les aléas d'une vie familiale, en lutte contre la junte militaire, et violenté par le pouvoir en place.

Le tout jeune Teo Gutiérrez Moreno, endosse ce rôle. Il est à la fois touchant, rieur, heureux, profondément malheureux quand il se trouve séparé de sa petite amie et plus tard de sa sœur. Bouleversant de bout en bout, il émeut par son seul regard magnifique qui est d'une profonde humanité.

Le scénario s'appuie, entre autres, sur la première histoire d'amour de deux enfants qui voudraient vivre comme tous les jeunes. Le réalisateur filme avec une infinie tendresse ces instants magiques. Il y a aussi l'oncle Beto joué par le remarquable Ernesto Alterio, donneur de leçon quand il s'agit "d'amour", prêt à tout quand il doit défendre la cause. Natalia Oreiro, rayonnante, joue le rôle de la mère. Star en son pays, avec une renommée qui dépasse aujourd'hui toutes les frontières. Elle excelle.

Pour mieux atténuer la violence de faits bien réels, le réalisateur utile à bon escient des images d'animation  en s'inspirant, a t-il déclaré, de Kig Bill de Tarantino. La réussite est totale et ne minimise en rien la réalité. Elles rendent plus supportables, l'horreur de la situation.

Ce film est tout simplement remarquable, touchant, lumineux, violent et plein de douceur, aussi. Des instants rares et magiques. Le réalisateur sait mettre avec brio de la poésie au milieu de l'horreur de ces enfances sacrifiées. Un grand moment de cinéma.

 

Sources :

http://www.argentine-info.com

http://www.cinemas-utopia.org

http://www.zerodeconduite.net

http://www.allocine.fr

http://www.imdb.com

22 mars 2014 6 22 /03 /mars /2014 10:00

 

Dans le cadre du Festival 2014 des films d'Amérique Latine !

 

au Le-Régentà Saint Gaudens !

 

 Le-medecin-de-famille--Wakolda----Affiche.gif

 

Réalisé par Lucia Puenzo


Avec Àlex Brendemühl,  Natalia Oreiro, Diego Peretti,

Elena Roger, Florencia Bado, Guillermo Pfening,

 

Titre original Wakolda

 

Genre Drame, Thriller


Production Argentine, Française, Espagnole, Norvégienne

 

Avant d'être une réalisatrice, Lucia Puenzo est une écrivaine.

 

Depuis 2004 et la parution de son premier livre L’enfant poisson, elle a écrit cinq ouvrages. 9 minutos en 2005, La Furia de La Langosta, paru en 2010, La Malédiction de Jacinta  publié en 2011.

 

Le médecin de famille n'est autre que l'adaptation au cinéma de sa propre oeuvre intitulée Wakolda. 

 

En réalisant ce film, la réalisatrice  a souhaité se pencher sur les raisons qui ont amené le gouvernement argentin à accueillir tant de nazis après la Seconde Guerre mondiale.

 

Ce long-métrage constituait également l'occasion de s'intéresser à la réaction qu'ont eu les Argentins quand ils ont découvert les horreurs du nazisme.

 

Le-medecin-de-famille--Wakolda----Natalia-Oreiro-y-Diego-P.gif

 

Natalia Oreiro et Diego Peretti


Synopsis

 

Patagonie, 1960.

 

Un médecin allemand (Àlex Brendemühl) rencontre une famille argentine sur la longue route qui mène à Bariloche où Eva (Natalia Oreiro), Enzo (Diego Peretti) et leurs trois enfants s’apprêtent à ouvrir un hôtel au bord du lac Nahuel Huapi.

 

Cette famille modèle ranime son obsession pour la pureté et la perfection, en particulier Lilith (Florencia Bado), une fillette de 12 ans trop petite pour son âge.


Sans connaître sa véritable identité, ils l’acceptent comme leur premier client.

 

Ils sont peu à peu séduits par le charisme de cet homme, l’élégance de ses manières, son savoir et son argent, jusqu’à ce qu’ils comprennent qu’ils vivent avec l’un des plus grands criminels de tous les temps. Josef Mengele.

 

Le-medecin-de-famille--Wakolda----Alex-Brendemuhl.gif Àlex Brendemühl

 

Les prénoms des deux héroïnes n'ont pas été choisis au hasard par la réalisatrice. Lilith fait référence à la Kabbale juive où elle est la première femme à se révolter. Eva, pour sa part, renvoie à la bible où cette femme subit la loi divine. Dans le film, Eva est sous le joug des prescriptions de son médecin, ce qui pourrait expliquer la filiation.

 

Pour son rôle d'Eva, l'actrice uruguayenne Natalia Oreiro a étudié près de 2 mois l'allemand. En effet, dans le film, près de la moitié de ses dialogues sont dans la langue de Goethe. L'actrice commence à devenir une invitée récurrente du festival de Cannes.

 

Un an après Enfance clandestine, elle est revenue sur la Croisette en 2013 avec Le médecin de famille. Un film où elle interprète Eva.

 

Natalia Oreiro a obtenu son rôle grâce à sa prestation dans le film de Benjamín Avila.

 

Natalia Oreiro Le-Medecin-de-famille--Wakolda---Natalia-Oreiro.gif

 

Avec Le médecin de famille, Lucia Puenzo réalise son troisième long-métrage.

 

Jusqu'à présent, la critique a toujours accueilli avec une certaine bienveillance ses films.

 

XXY réalisé en 2007 a ainsi reçu:

- le Grand Prix de la semaine Internationale de la Critique

Festival de Cannes en 2007

- et le Goya du meilleur film étranger en 2008.

 

Son second film, El niño pez, réalisé en 2009 a été présenté au Festival de Berlin.

 

À propos de son roman la romancière confie :

Extrait d'interview du 5 juin 2013 relevé sur

Wakolda est “une fiction autour de ce séjour en Patagonie”, explique Lucía Puenzo de passage à Cannes pour l’adaptation au cinéma de son livre. L’écrivaine a dû s’immerger dans la prose du scientifique nazi : des dizaines de carnets couverts de croquis d’animaux, d’enfants atteints de malformations, de femmes enceintes, de chiffres, de calculs et de mensurations. Wakolda est une immersion dans la conscience d’un homme obsédé par les questions d’ordre racial et génétique, dopés par les notions “d’hygiène raciale” et de “pureté des gènes”. La grande force du roman est la mise au jour d’une vision ordonnée et quasi mathématique du monde. Non pas une folie singée, mais la pulsion monomaniaque, la tendance à tout classifier et étiqueter, comme si le monde était un vaste laboratoire où chaque être humain figurait un rat passionnant à étudier.

La Médecin de famille “Un paradoxe m’intéressait : comment un homme allergique à la mixité raciale avait pu venir s’installer dans le pays le plus métissé du monde ?” C’est en effet là que ce Mengele fictif fait la rencontre d’un “prototype” humain : une gamine de 12 ans, blonde et “parfaite” aux yeux du scientifique si ce n’est sa taille minuscule. Aimanté par cette créature et son anomalie physique, l’homme sympathise avec ses parents : il les suit en Patagonie, loue une chambre dans leur pension, finance l’entreprise familiale de jouets, à seule fin de soumettre leurs enfants à des expérimentations à base d’hormones de croissance.

Wakolda raconte une histoire de fascination réciproque entre un froid scientifique et son cobaye, un monstre captivé par des imperfections qu’il n’a eu de cesse de vouloir gommer au profit de la “race aryenne”. De façon étrange et inattendue, la question de la monstruosité morale dérive vers une analogie entre discours scientifique et envoûtement amoureux. Les chiffres et équations médicales se muent en interdépendance affective, force d’attraction partagée, irrationnelle, entre ce bourreau vaincu et sa victime, genre de lolita lilliputienne.

 

 

L’étrangeté de cette relation perdue dans l’immensité grandiose des paysages rappelle les mondes cachés de Borges, modèle de la romancière :

“Ses nouvelles fantastiques ayant une connivence avec la science-fiction ont permis l’invention d’un monde où le fantastique devient familier, quotidien, proche de nous.”

Le réalisme magique, qui irrigue un grand pan de la littérature sud-américaine, permet ici de traiter finement la question des monstruosités nazies, échappant à l’esprit de sérieux d’un côté, au racolage de l’autre.

Le-medecin-de-famille--Wakolda.gifIl inscrit également la romancière de 36 ans dans une mouvance de la littérature latino-américaine, qui englobe des auteurs comme Alan Pauls ou César Aira, tenu pour le plus grand écrivain argentin vivant. Loin de constituer une nébuleuse abstraite, ces écrivains sont publiés chez le même éditeur – Mansalva, petite maison argentine au catalogue prestigieux – où beaucoup se retrouvent chaque jour afin de discuter et élaborer des projets communs. “Autrefois, la majeure partie des publications argentines venaient d’Espagne, qui dictait le contenu des catalogues des éditeurs. Avec la crise, la tendance s’est inversée. Les petites maisons sont devenues très influentes.”


Wakolda-1.gif

 

 

Mon opinion :

 

La magnifique photographie de Nicolas Puenzo, en plein cœur de la Patagonie, n'arrive pas à atténuer l'horreur du propos. La barbarie et l'inhumanité d'un criminel de guerre et non des moindres. Le sinistre Josef Mengele.

 

L’écrivaine, et ici réalisatrice Lucia Puenzo, s'est s’immergée dans la prose du scientifique nazie pour la réalisation de ce film. Les carnets, notes et "études" de celui que l'on surnomma l'ange de la mort, bien visibles à l'écran, sont édifiants et effrayants.

 

Le scénario bien écrit le présente sous les traits courtois d'un homme séduisant qui parviendra à s'imposer par un jeu de séduction malsaine au beau milieu d'un couple uni.  Il séduit une enfant de 12 ans, qui ne grandit pas normalement. La gamine fréquente une école, dans laquelle se retrouvent les enfants de familles nazies ayant trouvé refuge dans ce coin du monde. La mère d'origine allemande, interprétée par la merveilleuse Natalia Oreiro, est enceinte de jumeaux. Il lui proposera son aide malveillante.

 

Il arrivera aussi à convaincre le père de famille à transformer une fabrication artisanale de poupées, en grande industrie. C'est trop. Autant de rangées de poupées sans yeux, aux membres à peine articulés, rappellent d'autres images bien réelles.

 

Il sera enfin dénoncé mais réussira à s'envoler pour continuer ses expériences sous d'autres cieux. Je regrette que Lucia Puenzo n'approfondisse pas les vraies raisons qui ont fait de l'Argentine un pays d'accueil pour ces meurtriers.

 

Il n'en reste pas moins un film à la réalisation parfaitement maitrisée, et un ensemble de comédiens remarquables.

 

 

Sources :

http://www.christianbourgois-editeur

http://www.imdb.com

http://www.lesinrocks.com

http://www.allocine.fr

16 mars 2014 7 16 /03 /mars /2014 21:00

Avant première au Le-Régentle 16 mars 2014
         Saint-Gaudens

 

Les-Yeux-jaunes-des-crocodiles---Affiche.gif


Réalisé par Cécile Telerman


Avec Julie Depardieu, Emmanuelle Béart,

Alice Isaaz, Karole Rocher, Edith Scob, Jacques Weber,

Quim Gutiérrez, Patrick Bruel, Samuel Le Bihan,


Genre Comédie Dramatique


Production Française


Date de sortie 9 avril 2014

 

Les Yeux jaunes des crocodiles est une adaptation du best-seller éponyme de Katherine Pancol, paru le 2 mars 2006 chez Albin Michel. C'est le premier roman de l’écrivaine française qui bénéficie d'une adaptation sur grand écran.

 

Les yeux jaunes des crocodiles, a été vendu à plus d’un million d’exemplaires, ce roman a remporté le prix Maison de la Presse en 2006. En 2007, les éditions Gorodets Publishing ont attribué le prix de meilleur auteur 2007 à la romancière. Le best-seller a été traduit en russe, chinois, ukrainien, italien, polonais, coréen, vietnamien, néerlandais et en allemand.

 

Katherine Pancol, raconte sa rencontre avec Manuel Munz, producteur du film.


"Nous nous sommes rencontrés après qu’il ait acheté les droits du roman. Il m’a alors proposé de l’adapter et de le réaliser mais c’était hors de question : je n’avais pas le temps ni l’envie et, surtout, je ne suis pas metteur en scène. C’est un livre difficile à adapter car il y a beaucoup de personnages et d’intrigues : trouver un scénariste et un metteur en scène n’était donc pas une mince affaire. Un jour, alors que nous commencions à désespérer de trouver un bon scénariste, Manuel est passé à la maison. Par hasard, il y a croisé ma fille Charlotte de Champfleury qui était alors en école de cinéma à Londres et avait écrit et réalisé des courts métrages. Ils ont discuté et Manuel lui a proposé de tenter sa chance : elle a accepté et ils ont commencé à travailler ensemble. Je ne m’en suis plus occupée."


Les Yeux jaunes des crocodiles fait partie d’une trilogie.  La Valse lente des tortues  et Les Ecureuils de Central Park seront-ils adaptés ? C’est un peu tôt pour le savoir avoue l'auteure. Mais Manuel Munz a acheté les droits de la trilogie.

 

À la question : Quelle a été ensuite votre implication ?


L'auteure avoue : "J’étais présente en pointillé. Je veillais de très loin à ce que les personnages, dans leurs propos ou leurs actes, restent fidèles à la façon dont je les avais écrits. Mais, à partir du moment où vous cédez vos droits, il faut savoir rester en retrait et faire confiance."

 

Les-Yeux-jaunes-des-crocodiles---Emmanuellle-Beart-et-Juli.gif

 

Emmanuellle Béart et Julie Depardieu

 

Synopsis

 

Deux sœurs que tout oppose.

 

Joséphine Cortes (Julie Depardieu), chercheuse au CNRS, spécialisée dans le XIIème siècle, est confrontée aux difficultés de la vie.

 

De son côté, Iris Dupin (Emmanuelle Béart), outrageusement belle, mariée à Philippe (Patrick Bruel) avocat de renom, mène une vie mondaine de femme aisée et futile. "Sans dommage ni intérêt" ! dira-t-elle dans le film.

 

Un soir, lors d’un dîner mondain, Iris se vante d’écrire un roman.

 

Prise dans son mensonge, elle persuade sa sœur, abandonnée par son mari (Samuel Le Bihan) et couverte de dettes, d’écrire ce roman qu’Iris signera, lui laissant l’argent.


Le succès du livre va changer à jamais leur relation et transformer radicalement leur vie.

 

Les-Yeux-jaunes-des-crocodiles---Julie-Depardieu--et-Patric.gif.Les-Yeux-jaunes-des-crocodiles---Patrick-Bruel---Emmanuelle.gif

 

Extraits d'entretien avec Cécile Telerman relevés sur http://medias.unifrance.org


Comment le roman Les Yeux jaunes des crocodiles est-il arrivé jusqu’à vous ?

 

"C’est une idée de producteur. Manuel Munz avait acheté les droits du roman de Katherine Pancol et m’a proposé de l’adapter. J’ai lu le livre à cette occasion, mais je le connaissais indirectement depuis plusieurs années. Il y a 5-6 ans, ma fille qui avait alors une quinzaine d’années, dévorait la trilogie et me la racontait. J’avais donc fait connaissance avec Jo, Iris et Hortense bien avant de m’intéresser de plus près à elles."


C’est la première fois que vous n’êtes pas instigatrice d’un film que vous réalisez. Cela a-t-il changé la donne ?


"Je le pensais à l’origine mais je me trompais : l’investissement et le plaisir ont été les mêmes. La seule différence avec l’adaptation d’un best-seller, c’est qu’il y a une attente du public : ce livre a eu un grand succès intergénérationnel et il ne faut décevoir personne. C’est évidemment complexe car, en fonction de leur histoire et de leur âge, les lecteurs ou les spectateurs font leur "shopping" différemment et ne s’attachent pas aux mêmes intrigues et aux mêmes personnages. Les femmes de 35 ans, en plein questionnement, se raccrocheront à Jo, les ados s’identifieront à Hortense, etc.."


Et vous, en quoi ce roman vous a-t-il touché ?


Les-Yeux-jaunes-des-crocodiles---Julie-Depardieu-et-Emmanue.gif"Dans un certain type de littérature française, je trouve les romans un peu courts, désincarnés, trop squelettiques. Les Yeux jaunes des crocodiles est au contraire très foisonnant : il y a énormément de personnages, de détails, de péripéties... Et je me suis rapidement passionnée pour la relation entre les deux sœurs qui est à la fois pleine de tendresse et de complicité, mais aussi d’injustices et de manipulation. Iris et Jo sont les deux faces d’une même médaille : chacune doit sacrifier la part complémentaire de l’autre pour exister. Et, quand l’une d’elles rompt le pacte qu’elles ont passé, le rapport de force s’inverse : c’est passionnant à raconter et à filmer."


Justement, comment avez-vous travaillé avec Charlotte de Champfleury, votre coscénariste ?


"Charlotte, qui est la fille de Katherine Pancol, avait écrit une première version du scénario avant que je sois impliquée dans le projet. Quand il a été décidé que je réaliserais le film, nous avons repris l’écriture à quatre mains. En raison du succès du livre et de l’attachement du public aux personnages, nous avons alors conclu un pacte tacite: l’essentiel était de veiller scrupuleusement à respecter le roman. Je n’avais ainsi aucune velléité de me distinguer par rapport au livre. Bien au contraire. Avec l’aide de Katherine qui, sans être intrusive, nous donnait régulièrement son ressenti sur notre travail, nous avons commencé par identifier la substantifique moelle du roman: les intrigues principales, les personnages, l’esprit..."


Mais une adaptation implique des choix. Comment avez-vous procédé ?


"Katherine a été d’une grande aide. Elle reçoit beaucoup de courriers et de témoignages de lecteurs qui nous ont permis de cibler assez rapidement quels personnages ou séquences emportaient l’adhésion. Et certains choix étaient évidents : Iris, Jo, Philippe et Hortense étaient ainsi incontournables. On aurait pu au contraire imaginer que Shirley, la voisine de palier et meilleure amie de Jo, ne l’était pas. A tort. Sans Shirley, Jo devient une femme de quarante ans, dramatiquement seule, fauchée, désespérée, sans soutien. Une pauvre fille pathétique. Or Jo est le contraire de cela. Elle est mal dans sa peau et a de grosses zones de doutes mais c’est aussi une femme qui a conscience de ses qualités : sa capacité de travail, sa bienveillance et son intégrité. Ce n’est pas une caricature."

 

Les-Yeux-jaunes-des-crocodiles---Emmanuelle-Beart--Alice-I.gif

 

Emmanuelle Béart, Alice Isaaz, Patrick Bruel et Julie Depardieu


Iris non plus. Ce n’est pas qu’une grande bourgeoise oisive et sans cervelle.


"Effectivement, elle est aussi très intelligente et lucide. Elle a parfaitement conscience de son vide, de son oisiveté, de ses incapacités, de l’échec de sa vie. Mais elle est aussi parfaitement capable de faire semblant et de parader en société et possède le don fantastique de pouvoir
rendre les choses possibles. Il suffit qu’elle veuille écrire un livre ou épouser un bon parti pour que cela se produise. Ce n’est pas donné à tout le monde !"


Parce qu’elle a aussi l’argent et donc le pouvoir...


"Oui et c’est d’ailleurs l’une des thématiques intéressantes dans cette histoire. Pour certains personnages, Henriette et Hortense par exemple, le fric et l’image sont les valeurs suprêmes. C’est assez symptomatique de notre société. Si vous dites dans un dîner que vous êtes instituteur et que votre rêve est d’apprendre à écrire aux enfants et que votre voisin est réalisateur de cinéma, il captera toute l’attention. C’est exactement ce qui se passe dans Les Yeux Jaunes des crocodiles : Iris, la glam, la friquée, l’extravertie, évince toujours Jo, l’intellectuelle sage et mal dans sa peau. Jusqu’à ce que celle-ci reprenne le dessus."


Comment avez vous pensé à Julie Depardieu pour incarner Jo, dont le physique n’est pas conforme à celui du livre ?

 

Les Yeux jaunes des crocodiles - Julie Depardieu"Dans le roman, Jo est décrite comme une quadra grassouillette qui se laisse aller. Le contraire de Julie ! Mais l’essentiel n’est pas sur la balance. Jo est avant tout mal dans sa peau et il y a bien d’autres moyens de l’exprimer : la démarche, le dos voûté, les vêtements dans lesquels on s’efface... Julie l’a parfaitement compris mais, ce que j’aime par-dessus tout dans son interprétation, c’est qu’elle ne fait jamais de Jo une cruche. Elle la déniaise en rendant perceptible l’imperceptible, comme cette montée progressive de la colère à mesure que le film avance."


Il fallait aussi que le tandem avec Emmanuelle Béart fonctionne ?


"Absolument. Et je trouve qu’il y a quelque chose physiquement : le teint pâle, la jolie peau, les yeux bleus... Elles se ressemblent finalement plus que dans le livre. Et en plus, elles s’entendent très bien et se connaissent depuis longtemps : elle avaient déjà travaillé ensemble dans Les Egarés et Les destinées sentimentales."


Et pourquoi avoir choisi Emmanuelle Béart pour jouer Iris ?


Les Yeux jaunes des crocodiles - Emmanuelle Béart"Emmanuelle était toute désignée pour ce rôle ! Il nous fallait une comédienne avec cette beauté et ce charisme foudroyants qui arrêtent le temps lorsqu’elle rentre dans une pièce. Rares sont les actrices à posséder cette qualité. Je cherchais aussi une actrice de tempérament capable de jouer l’arrogance d’Iris, son franc-parler, sa cruauté, mais également son intelligence, sa folie et sa chute, sans sombrer dans la caricature. Car Iris n’est pas si méchante que cela : il est vrai qu’elle manipule Jo mais elle est toujours là pour elle, respecte ses engagements et lui permet de faire ce qu’elle n’aurait jamais osé faire sans elle. Même si ses motivations ou ses méthodes sont parfois douteuses, elle tire sa sœur vers le haut. Sans la perversion d’Iris, Jo n’aurait jamais eu conscience de son talent."


Entre Iris et Jo, il y a Hortense, la fille adolescente de Jo, incarnée par Alice Isaaz.


"Alice, c’est une révélation ! C’est Pascale Beraud, la directrice de casting que m’a présenté Manuel Munz, qui l’a dénichée. Pour Hortense, nous avons auditionné 40 jeunes actrices et Alice est passée dans les trois premières. Elle était géniale mais nous avons continué les essais par acquis de conscience... pour finalement en revenir à elle. Alice avait ce truc qu’aucune autre n’avait : quand elle jouait Hortense, ça faisait mal. Il y avait de la haine. Beaucoup d’actrices étaient méprisantes, énervées, en colère contre leur mère mais il y avait toujours cette pointe d’amour. Elles n’osaient pas transgresser le tabou, sauf Alice. Sur le tournage, elle était tellement juste, tellement cinglante, que certains mots étaient très durs à entendre pour Julie. Alice en a sous le pied : elle ira loin !"

 

Les-Yeux-jaunes-des-crocodiles---Alice-Isaaz.gif

 

Alice Isaaz


Et Patrick Bruel dans la peau de Philippe, le mari d’Iris, c’était une évidence ?


"Je l’adore, en tant que comédien et chanteur. Il sortait du Prénom, un énorme succès dans lequel il avait le premier rôle, et je suis flattée qu’il ait accepté un second rôle, malgré son emploi du temps très chargé. Pour moi, Patrick, c’est Philippe. Il a sa beauté et sa présence et n’a pas besoin de parler pour remplir le cadre. Mais il dégage aussi quelque chose de solide, de responsable et de bienveillant qui était essentiel pour ce personnage. Philippe, même s’il laisse sa femme s’empêtrer dans ses mensonges par désir de vengeance, est sans doute le personnage le plus respectable de l’histoire."


Le duo le plus atypique du film est sans aucun doute celui formé par Karole Rocher et Jacques Weber qui jouent respectivement Marcel Grobz, le beau-père de Jo et Iris, et Josiane, sa secrétaire et maîtresse.

 

"J’ai pensé à Karole grâce à son rôle dans Polisse. Je l’avais vue et aimée dans Braquo mais, chez Maïwenn, elle jouait une nana un peu commune, avec un goût douteux pour les fringues et le maquillage, et une douceur, une tendresse qu’on ne lui connaissait pas. J’ai immédiatement vu ma Josiane en elle. Une femme nature et sexy, forte et fragile, qui puisse aussi tenir tête à Jacques Weber. Pour incarner Marcel, je voulais un comédien qui soit dans la vie. Un jouisseur, un gourmand qui ait de la classe et du charisme. Jacques s’est imposé. Tout comme Edith Scob qui campe sa femme, une Henriette que l’on adore détester. Une marâtre folle, excessive et méchante qu’Edith s’est beaucoup amusée à incarner : il n’y a aucune once d’humanité dans ce personnage et Edith a joué le jeu à fond."


Un mot sur votre équipe technique, constituée de fidèles et de nouveaux collaborateurs que vous a présentés Manuel Munz ?

 

"Il est pour moi très important de travailler avec des collaborateurs compétents mais qui ne soient pas complaisants. Je ne veux pas une cour obligeante mais des gens de confiance, capables d’avoir du recul quand je n’en ai pas ou de me faire des suggestions. Ma monteuse, Marie Castro, et mon chef déco, André Fonsny, me suivent depuis mon premier film, Tout pour plaire. Mais Manuel m’a présenté entre autres ma directrice de casting, Pascale Béraud, et le compositeur de musique, Frédéric Parker Aliotti qui a immédiatement saisi ce que je voulais."


Comment avez-vous travaillé avec lui ?


"Nous avons commencé par la musique de la séquence finale, qui était pour moi la plus importante. Et j’ai immédiatement été emballée par ses propositions : il avait parfaitement saisi les enjeux de cette scène et la psychologie des personnages. Par exemple, dans le film, la solitude de Jo n’est pas celle d’Iris : celle d’Iris est plus existentielle et se reflète dans une partition plus froide, plus cristalline. Jo, au contraire, souffre d’un abandon récent mais a priori ponctuel. Sa solitude est presque plus romantique : les sonorités sont donc plus chaudes, plus symphoniques. Au final, les personnages avaient plus ou moins leur thème, leurs sonorités, que Fred retravaillait ou adaptait ensuite selon les situations dans lesquelles ils se trouvaient."


Les yeux jeunes des crocodiles est votre troisième film. Qu’avez-vous appris de nouveau sur ce tournage ?

 

"Ce qui me plaît avant tout dans la réalisation, c’est la direction d’acteurs. Mais, pour la première fois de ma carrière, avec ce film, j’ai filmé beaucoup d’extérieurs et de grands espaces très cinématographiques : un domaine en Afrique du Sud, la mer en Normandie, la montagne à Courchevel... Ce plan à la grue, en Afrique du Sud, sur l’élevage de crocodiles, j’ai adoré ! J’ignorais que je pouvais prendre du plaisir à filmer ce genre de scènes. Cela ouvre de belles perspectives pour l’avenir."

 

Le tournage du film s'est déroulé entre le  21 mars et le 13 septembre 2013 (Paris, Courchevel, sur la plage des Roches Noires à Trouville, Afrique du Sud et Biscarosse)

 

 

 

Concernant les acteurs du film Katherine Pancol reconnait :


"Je les ai trouvés très bien. Même si, physiquement, ils ne sont pas des copies conformes de Jo, Iris et les autres, ils sont tous le miroir des émotions et des pensées de mes personnages. Julie Depardieu m’a beaucoup émue : elle incarne parfaitement tout ce qu’est Joséphine. Une femme tremblante et effrayée qui n’est personne au début du livre, mais qui devient peu à peu quelqu’un. Chez Emmanuelle Béart, j’ai aimé qu’elle soit à la fois capable de jouer le côté dur et tranchant d’Iris mais aussi sa "ruine" quand tout s’écroule. Et j’ai trouvé le travail de Patrick Bruel formidable. Son personnage, Philippe, a plus de place dans le film que dans le livre. Au cinéma, l’histoire est presque racontée de son point de vue : c’est à la fois le grand témoin de l’affrontement de sa femme avec la réalité et ses mensonges, mais aussi celui de l’éclosion de Joséphine. Patrick Bruel lui donne beaucoup de nuances et d’humanité. Pour moi, la grande réussite du film est là : on croit à tous les personnages grâce à Julie, Emmanuelle, Patrick, Karole Rocher, Jacques Weber, Alice Isaaz..."

"Personnellement, je ne me suis pas sentie trahie" conclue Katherine Pancol.


 

Mon opinion :

 

 

Le Printemps du cinéma, et une avant-première en présence de Cécile Télerman, la réalisatrice du film, et de son producteur, Manuel Munz, pour cette adaptation d'un best-seller de Katherine Pancol.

 

Je l'avoue je ne connais pas l'univers de cette romancière, qui, si j'en crois, les sites qui lui sont dédiés, vend des millions d'exemplaires publiés dans un grand nombre de langue.

 

Les Yeux jaunes des crocodiles, c'est beaucoup d'histoires et autant d'acteurs, qui se croisent, s'entrecroisent, font se retrouver certains protagonistes, séparer d'autres. Juste des moments de l'existence avec la vie de deux sœurs comme pilier central.

 

Il est beaucoup question d'amour, de désamour aussi. "Que reste-t-il quand l'amour s'en va" demandera Iris. L'argent d'un côté avec la facilité qui va avec, mais pas forcément le bonheur. Une vie plus difficile pour Joséphine, qui n'est pas synonyme de malheur pour autant. Rien de très nouveau, certes, mais ici les dialogues sont souvent savoureux.

 

Le grand plus reste la très belle confrontation entre la délicieuse Julie Depardieu, "poétique et instinctive" selon les termes de la réalisatrice à la fin de la représentation, et la troublante Emmanuelle Béart. Toutes les deux, excellentes.

 

La réalisatrice les filme avec une belle attention, dans leur quotidien et dans les dérives d'une vie que l'une se sera imposée au détriment de l'autre. Ou presque.

 

À retenir, la toute jeune Alice Isaaz, tout à fait étonnante.  

 

Le public, de tous âges, présent dans la salle, était tout à fait enthousiaste à la fin du film. Un sympathique moment de cinéma.

 

Les-Yeux-jaunes-des-crocodiles---Julie-Depardieu-e-copie-1.gif

 


Sources :

http://medias.unifrance.org

http://evene.lefigaro.fr

 

Welcome

 

"Le bonheur est la chose la plus simple,

mais beaucoup s'échinent à la transformer

en travaux forcés !"

 
François Truffaut

 

 

 

Recherche

Quelques coups de cœur 

 

 

Pour lire l'article consacré au film,

un clic sur l'affiche.

Bonne visite !

En 2016.

 

Lrs InnocentesEl Clan

 

 

 

 

 

 

TempêteLes Délices de Tokyo (An)

 

....

 

 

 

Rosalie BlumNo land's song

 

 

 

 

 

 

La saison des femmes (Parched)Julieta

 

 

 

 

 

Chala, une enfance cubaine (Conducta)Red Amnesia

 

 

 

 

 

 

Toni ErdmannTruman

 

 

 

 

 

 

Le fils de Jean

Divines

.....

 

 

 

 

 

 

Frantz

 

 

 

 

 

 

Juste la fin du mondeAquarius

 

 

 

 

 

 

 

Une vie

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En 2015.

 

..Mon Fils - Eran Riklis..Gente de Bien.La Maison au toit rouge.La Tête Haute.Une Femme Iranienne "Aynehaye Rooberoo". Facing Mirrors.Une seconde mère "Que Horas Ela Volta ?".Mustang.La Belle saison.Aferim !.La dernière leçon.Ni le ciel ni la terre.Les chansons que mes frères m'ont apprises.Fatima...Mia Madre

 

 

 Mes dernières critiques ... Cliquez ICI !

Depuis 2010. Films vus et commentés.

- En 2010 - Cliquez ICI

- En 2011 - Cliquez ICI

- En 2012 - Cliquez ICI

- En 2013 - Cliquez ICI

- En 2014 - Cliquez ICI

- En 2015 - Cliquez ICI

- En 2016 - Cliquez ICI

 

 

Voir et revoir..........................................Voir et revoir.........................................Voir et revoir....................

 

Pandora "Pandora and the Flying Dutchman".Umberto D.La chevauchée des Bannis.Loin du Paradis.Une journée particulière.Le procès de Viviane Amsalem "Gett".Tout ce que le ciel permet.

 

 

Luchon. Reine des Pyrénées. Cliqez ICI.