Date de sortie 26 mars 2014

Réalisé par Alain Resnais
Avec Sabine Azéma, Hippolyte Girardot, Caroline Silhol,
Sandrine Kiberlain, Michel Vuillermoz, André Dussollier, Alba Gaia Bellugi
Genre Comédie
Production Française
Aimer, boire et chanter marque les derniers pas d'Alain Resnais au cinéma,
disparu le 1er mars 2014, soit vingt-cinq jours avant la sortie en salles du film.
En février 2014, Aimer, boire et chanter reçoit le prix Alfred Bauer, qui récompense "un film ouvrant de nouvelles perspectives", au Festival de Berlin. À la fin de la projection d'Aimer, boire et chanter, présenté le 10 février en compétition à la 64ème Berlinale, les quatre acteurs présents, Sabine Azéma, André Dussollier, Hippolyte Girardot et Sandrine Kiberlain sont montés sur scène à l'invitation du producteur Jean-Louis Livi. Et au lieu de rendre hommage à leur réalisateur, 91 ans, qui n'avait pas pu faire le déplacement, ils ont entonné en chœur la chanson du film pour la plus grande joie du public.
C’est la troisième fois qu’Alain Resnais adapte au cinéma un texte du dramaturge britannique Alan Ayckbourn, après Smoking/No smoking réalisés en 1993 et Cœurs en 2005.
Alain Resnais et sa compagne Sabine Azéma se sont rendus à plusieurs reprises dans la station balnéaire de Scarborough en Angleterre, où Alan Ayckbourn jouait ses pièces aux décors entièrement pensés par le public. C’est dans ce comté du Yorkshire que les deux hommes se sont rencontrés, et qu’Alain Resnais a proposé au dramaturge d’adapter une de ses pièces pour la première fois. Depuis Smoking/No Smoking, le cinéaste confie n'avoir jamais rompu son serment : "Si je trouve un producteur prêt à financer le film, je ne vous préviendrai pas, je ne vous téléphonerai pas, je ne vous convierai pas à lire l’adaptation, je ne vous inviterai pas à dîner. Vous ne saurez rien de moi avant que le film soit fini et que je puisse vous le montrer. À ce moment seulement vous pourrez décider si vous en acceptez la paternité".
Aimer, boire et chanter s’inspire librement de la pièce de théâtre The Life of Riley jouée en 2010.
Une des obsessions du cinéaste de tourner du théâtre filmé, est d'ajouter à son casting des animaux, une souris dans Je t'aime, Je t'aime, des méduses dans On connaît la chanson, un chat dans Les herbes folles.
"Elle a à voir avec ma lecture des surréalistes lorsque j’étais adolescent. J’avais retenu que si une image vous apparaissait et s’imposait encore à vous trois jours plus tard, il fallait en faire quelque chose. J’ai conservé ce conseil. L’image de la taupe m’est venue lorsque Jean-Louis Livi m’a commandé de faire un film avec Life of Riley d’Alan Ayckbourn. Car tous mes films sont des films de commande. J’ai un excellent alibi : Igor Stravinsky, parait-il, n’a jamais écrit une note avant d’en avoir reçu commande... Donc, lorsque Jean-Louis Livi me parle de la pièce, je lui dis, spontanément : "En tout cas il y aura une taupe". Il me répond : "J’y compte bien". Et voilà, elle est là. Mais il ne faut en aucun cas y voir quelque symbole ou message que ce soit. Il y une dizaine d’années, un critique du New York Times avait écrit un article très drôle, disant : "On reproche à Alain Resnais de ne pas avoir d’obsession, de ne jamais revenir sur les mêmes thèmes, de n’être qu’un illustrateur. C’est faux, dans ses films, il y a toujours un petit animal qui bouge... ".
Alain Resnais 
Synopsis
Dans la campagne anglaise du Yorkshire, la vie de trois couples est bouleversée pendant quelques mois, du printemps à l’automne, par le comportement énigmatique de leur ami George Riley.
Lorsque le médecin Colin (Hippolyte Girardot), médecin de campagne plan-plan, apprend par mégarde à sa femme Kathryn (Sabine Azéma) que les jours de son patient George Riley sont sans doute comptés, il ignore que celui-ci a été le premier amour de Kathryn.
Kathryn est une femme un peu survoltée, nerveuse, tout le temps en train de reprocher quelque chose à quelqu’un, assez autoritaire, très vivante, trop vivante pour la vie qu’elle mène. Elle a épousé Colin, elle a sûrement été amoureuse de lui, mais maintenant c’est plus calme. Elle n’a pas eu d’enfant, elle se sent un peu comme une éternelle jeune fille, insatisfaite. Insatisfaite sur le plan sexuel d’abord. Elle boit en cachette, ça prouve bien que quelque-chose cloche. En fait, elle s’ennuie, profondément. Alors pour échapper à sa petite vie rétrécie, elle s’évade dans les fantasmes et dans les rêves, et le rêve, c’est ce fameux George
Colin est un médecin de campagne issu d’une famille modeste, il n’a sans doute pas fait ses études dans une grande fac, il est toujours resté dans cette Angleterre du Nord, rurale. Il s’y sent bien, il n’a jamais songé à aller ailleurs. Il a commencé par être médecin hospitalier, et ce n’est pas par ses relations mais par sa réputation de bon praticien, qu’il a réussi à ouvrir son cabinet. Sa vie est extrêmement régulière, il a envie que les choses ne changent pas, que le fleuve ne sorte pas de son lit. Colin est obsédé par le temps, ou plutôt par les pendules. Chacune de ses nombreuses pendules est liée à un évènement familial, comme s’il tenait sa névrose en laisse en se focalisant sur un objet. Cet objet étant bien entendu dysfonctionnel. Son obsession de réparer les pendules est une manière pour lui de supposer, d’espérer que si elles étaient enfin toutes à l’heure, sa vie s’en trouverait plus harmonieuse, qu’elle échapperait à une routine un peu déprimante.
Kathryn et Colin, qui répètent une pièce de théâtre avec leur troupe amateur locale, persuadent George de se joindre à eux. Cela permet à George, entre autres, de jouer des scènes d’amour appuyées avec Tamara (Caroline Silhol), la femme de son meilleur ami Jack (Michel Vuillermoz), riche homme d’affaires et mari infidèle.
Tamara est avant tout une femme de bonté, de compassion, mais attention à vous si vous en abusez trop ! Son mari Jack, n’a sans doute pas fait que des affaires irréprochables, mais elle l’aime, ça ne s’explique pas. Il la trompe allègrement et comme tous les hommes infidèles, il cherche à se faire consoler par sa femme. Elle le prend mal, mais avec classe et humour. Elle a fait du théâtre quand elle était jeune, mais lorsqu’elle est tombée enceinte de Tilly (Alba Gaia Bellugi), elle a abandonné une carrière qui n’avait jamais vraiment démarré. Ils sont revenus dans le Yorkshire. Tamara a ouvert un petit salon d’esthéticienne, toujours ce désir de dispenser du bien-être autour d’elle.
Jack a de l’argent, beaucoup d’argent. Il l’a gagné à la sueur de son front. Il a une situation très confortable. Il a voulu revenir dans cette grande propriété du Yorkshire, cette maison qu’il avait repérée lorsqu’il était enfant. Il a épousé Tamara par amour, évidemment, il l’aime ! Mais il a une maîtresse. C’est un secret de Polichinelle. Tout le monde est au courant. Tilly, qui va avoir 16 ans est le bonheur de sa vie. Ses tenues vestimentaires, sa belle voiture, tout ce qui est signe extérieur de richesse, il n’est pas contre. Il aime recevoir, il aime montrer qu’il a de l’argent.
Jack, éploré, tente de persuader Monica (Sandrine Kiberlain), l’épouse de George qui s’est séparée de lui pour vivre avec le fermier Simeon (André Dussollier), de revenir auprès de son mari pour l’accompagner dans ses derniers mois.
Monica est institutrice dans une petite ville. Elle a vécu avec George une de ces grandes histoires d’amour qui vous emportent et vous laissent ensuite sur le bord du chemin. Dans cette histoire, elle s’est un peu perdue. George a ce pouvoir sur les femmes et sur les gens : au début ils se sentent valorisés et puis il prend trop de place dans leur vie. Là, quand l’histoire démarre, Monica est dans une autre histoire, avec le contraire de George. Elle est amoureuse de Simeon, mais se demande si elle n’a pas décidé trop tôt de vivre avec lui. Elle est en permanence dans ces grandes questions. C’est si nouveau pour elle de sentir que quelqu’un la regarde, ne veut que son bien. Elle le dit d’ailleurs : "Il ne veut que mon bien", "Il m’aime, et moi aussi". Mais dans ce moi aussi, il y encore un peu de flottement. Monica est une de ces grandes anglaises un peu gauche, encore vaguement adolescente. Monica est un papillon qui vole et a du mal à se poser.
Simeon est un gentleman-farmer. Un agriculteur anglais. Il est veuf, et il est tombé amoureux de l’institutrice du village. C’est quelqu’un d’un peu taiseux, il a du mal à exprimer ses sentiments mais on sent qu’il est très épris de Monica. On n’en est qu’au début de leur union et déjà une certaine confiance règne. Mais l’irruption de George au milieu de ces trois couples, y compris le sien, Monica ayant été sa femme, va faire des ravages, prendre une place de plus en plus embarrassante. D’autant plus embarrassante, que le pauvre Simeon ne sait pas très bien comment aborder le problème. Il s’exprime par des gestes inattendus, des pulsions étonnantes. Il a une présence corporelle assez puissante, il est proche de la nature, et c’est d’ailleurs à la nature qu’il s’en prend quand il donne de furieux coups de pied à un tronc d’arbre ! Les êtres humains, c’est beaucoup plus mystérieux pour lui
Au grand désarroi des hommes dont elles partagent la vie, George exerce une étrange séduction sur les trois femmes : Monica, Tamara et Kathryn.
Laquelle George Riley emmènera-t-il en vacances à Ténérife ?
Caroline Sihol, Sandrine Kiberlain et Sabine Azéma
À la question : Pourquoi ce titre, Aimer, boire et chanter qui n’a rien à voir avec le titre original de la pièce d’Alan Ayckbourn ?
"Pour le rythme. La pièce était entièrement imprégnée de la musique des Pink Floyd. Pour moi, cela indiquait une époque précise, les années 1960 / 1970 et je voulais m’en détacher. Je cherche beaucoup à rythmer les changements de vitesse d’un film, à ce que la réalisation soit disparate. Des moments avec un découpage timide, académique, et puis, que subitement le ton change. Voilà ce dont je rêverais : que le spectateur dans la salle se dise, oui, bon, c’est du théâtre filmé, et soudain change d’avis, oui, mais au théâtre, on ne pourrait pas faire ça... Et ça redevient du théâtre, et ça redevient du cinéma, et parfois de la bande-dessinée avec les interventions de Blutch. Je voulais tenter de faire ce que Raymond Queneau appelait dans Saint-Glinglin "la Brouchecoutaille", c’est-à-dire une sorte de ratatouille, abattre les cloisons entre le cinéma et le théâtre, et ainsi, se retrouver en pleine liberté. Je le dis pour tous mes films, c’est la forme qui m’intéresse, et s’il n’y a pas la forme, il n’y a pas l’émotion. Je garde le goût intact de faire se rencontrer des choses qui ne devraient pas se rencontrer, c’est ce que j’appelle l’attrait du danger, du précipice. Avec cette formule que je répète à l’envi : "Pourquoi tournez-vous ?", " Pour voir comment ça tourne". Alors, évidemment, j’ai été séduit par le théâtre d’Ayckbourn, qui peut sembler être un théâtre de boulevard alors qu’il n’en n’est rien. Il n’y a qu’à observer les risques de construction qu’il prend à chaque fois. Un jour, il a eu cette phrase : "Moi j’essaie de faire du cinéma avec mon théâtre, et Resnais fait du théâtre pour le cinéma". répond le réalisateur.
Alain Resnais est un réalisateur méthodique, habitué à faire du théâtre pour le cinéma comme dirait Alan Ayckbourn. Pour découper la pièce de théâtre dont est adapté Aimer, boire et chanter, il s'est muni de petites figurines en plastique ramenées dans ses valises, qu'il a placées dans un décor comme s'il dirigeait un acteur fait de chair et d'os. Cette reconstitution miniature lui permet de mieux visualiser ses personnages et leurs mouvements scéniques.
"Aimer, boire et chanter ? On prend trois couples normaux, ou ce qu’on appelle normaux, qu’ils soient très heureux ou très malheureux, il suffit que survienne un évènement qui dérange, George, ça fiche l’hystérie partout. Oui, c’est drôle, mais il y a tout de même des moments où je fais passer l’ombre de la mort, sur une musique légère... Il y a une chose assez rare avec ce film : lorsqu’il a été terminé, nous avons constaté, le monteur Hervé De Luze et moi, que ce qu’on appelle "le chutier" - la corbeille où l’on jette les chutes, les scènes supprimées - était vide. Rien n’avait été coupé, tout avait été tourné. Oui, on peut dire ça, rien à jeter ! Il est vrai qu’il y a beaucoup de plans-séquences, des scènes dans leur continuité. Les comédiens ont été étonnants d’ailleurs. D’eux-mêmes ils se sont réunis en dehors des heures de tournage pour répéter. On a gagné un temps fou !" confessse Alain Resnais avant de rajouter : "Qu’est-ce qui fait que, ne négligeant aucun artifice de théâtre, jusqu’à remplacer les portes par des toiles peintes qui s’écartent, on est tout de même au cinéma ? C’est un mystère. Oui, bien sûr, même si cela joue en faveur du film, il est bien question ici d’économie. J’ai été conforté dans cette démarche, en faisant un grand saut dans le temps, par Sacha Pitoëff et sa femme. Chaque fois qu’ils montaient un spectacle aux Mathurins, ils se trouvaient à court d’argent pour les décors. Ils reprenaient alors de vieux rideaux, ils empruntaient des vieux tapis et réussissaient à suggérer des intérieurs luxueux. J’ai présenté ça à Jacques Saulnier, en disant : "Sacha Pitoëff l’a fait, tu peux le faire". Il a faiblement protesté : " Oui, mais au cinéma..." J’ai dit "Eh bien, on va le tenter".
L'actrice Caroline Silhol décrit la méthode de travail d'Alain Resnais, et sa manière de diriger les acteurs, qu'il aiguille plus qu'il ne les juge. Sur ce tournage précisément, elle confie lui avoir donné un petit nom : "Je n’ai pas osé lui dire, mais je l’appelais "mon 4G" : Génial, Gentil, Généreux et G’jeuns !"
Elle avoue : "J’avais eu un coup de foudre pour la pièce d’Alan Ayckbourn, Life of Riley. J’avais donc envie de la jouer au théâtre, et ai écrit une adaptation en français. C'est alors qu’Alain Resnais a exprimé son désir d’en faire un film; le projet théâtral a évidemment été aussitôt abandonné avec joie, et dans la foulée, Resnais me dit : "Je pense à vous pour le rôle de Tamara". Je me contente évidemment de répondre : "Ah ! Quel bonheur !". Alors, qu’au départ j’avais très envie de jouer sur scène l’autre rôle, celui de Kathryn que joue Sabine Azéma. Cette Kathryn, je la trouvais drôle, insolente, ce que Sabine a rendu avec maestria."
Sandrine Kiberlain est la seule actrice du casting à rejoindre la troupe d'acteurs d’Alain Resnais pour la première fois. Admirative et respectueuse du travail du cinéaste, elle avait pourtant fait le premier pas, il y a six ans, en lui adressant un courrier "Je lui avais écrit une lettre, il y a six ans, juste dans l’intention de lui dire mon admiration pour ses films, pour son travail. Je n’ai pas eu de réponse. Et un jour, un beau jour, je marchais dans la rue, en bas de chez moi, avec ma fille, le producteur Jean-Louis Livi m’a abordée, m’a posée cette question insensée : "Alain Resnais peut-il vous appeler ?". Imaginez ma réponse, je faisais des bonds ! Je suis vite rentrée, le téléphone a sonné, et j’ai entendu sa voix de jeune homme : "Bonjour Sandrine. Voilà, c’est ma réponse. Six ans après. Je voulais vous proposer le rôle de Monica dans mon prochain film ..."
Sandrine Kiberlain et Michel Vuillermoz
Après, le processus s’engage. La rencontre. Alain Resnais ne peut pas travailler avec quelqu’un qui ne lui renvoie pas ce qu’il attend de cette personne. Il nous a réunis pour une lecture. Avant de commencer, il cherchait avec insistance une petite boîte rouge en plastique. On l’a trouvée. Il l’a posée sur la table et nous a dit : "C’est une boîte anglaise, j’espère que je vais savoir m’en servir parce que selon l’endroit où j’appuie, cela déclenche des réactions différentes". On commence la lecture, et à chaque moment qu’il trouvait réussi, il appuyait sur la petite boîte d’où sortaient des applaudissements. C’était pour nous faire savoir qu’il était content de nous... J’étais subjuguée. Après, Alain Resnais nous a dit : "Je propose à chacun d’écrire la biographie de son personnage, comment est-il physiquement, quelle pouvait être sa vie d’avant ?". C’est très dur à faire, on a peur de ne pas être à la hauteur, peur aussi d’aller à l’encontre de l’idée que lui se fait du personnage. Moi, ce qui m’a aidée, c’est qu’au lieu d’écrire la biographie de Monica, je l’ai dessinée. De dos d’ailleurs. Une silhouette, avec une grande jupe, des fleurs, une fantaisie dans les vêtements. Il était d’accord, sauf sur un point : "Il ne me semble pas que Monica soit née où vous l’avez fait naître... ". Être sur le plateau d’Alain Resnais, c’est déjà entrer dans un de ses films, dans le film. On entre dans le film d’Alain Resnais en le tournant. On est dans une autre couleur, dans un autre rythme, dans une autre façon de parler plus douce, plus courtoise. En même temps, ce n’est pas ampoulé, on est imprégnés d’une atmosphère différente, unique. On arrive sur le tournage comme on se rend à un rendez-vous espéré. Je vous jure, j’ai envie de piquer le plan de moi qui clope en cachette, au début. Je trouve ce plan sublime. Je me dis bon, ça, au moins, je l’aurai fait dans ma vie." rajoute Sandrine Kiberlain.
Pour terminer un mot de l'auteur : "Quand j’ai demandé à Alain pourquoi il pensait que nous étions fait pour nous rassembler, il m’a dit que si un dramaturge comme moi, écrivais des films pour la scène et lui, un réalisateur, créait pour le cinéma des pièces de théâtre, il était inévitable que nos mondes, apparemment séparés, finissent par se chevaucher.
Et je suis ravi que cela soit le cas. Avec ce film, notre troisième collaboration, Alain a créé quelque chose qui, bien qu’audacieux et innovant, reste complètement fidèle à l’esprit de mon œuvre originale. Stupéfiant ! Seul Resnais pouvait y arriver." Alan Ayckbourn.
Mon opinion :
Pour ce dernier voyage, Alain Resnais nous invite dans la campagne anglaise toute entière découpée dans le carton.
Pour plus de légèreté, le titre du film reprend celui d'une valse de Johann Strauss et quelques mesures accompagnent l'ensemble. La mort, une fois encore, est bien présente dans l'œuvre ultime du cinéaste. Mais ici, un mort qui donne la pêche. Un mort qui n'en finit pas de séduire.
Une taupe en peluche, aussi, qui fait penser a l'œil malicieux du réalisateur.
Dans une interview, Bruno Podalydès qualifie le look de Resnais de "rock". J'acquiesce. Ce grand Monsieur a gardé une âme d'enfant pour mieux nous faire partager son monde enchanté qui ne finira pas de séduire.
Ici, les portes ne claquent pas comme dans un vaudeville à une ou deux exceptions près, elles volent. Simples toiles peintes pour les figurer. Pelouse artificielle pour mieux se marier avec une multitude de fleurs toutes aussi factices, ainsi que les tenues de Sabine Azéma. Le décor est planté.
Les fidèles acteurs, auxquels le cinéaste rend, une fois encore un bel hommage, n'ont plus qu'à se laisser embarquer dans cet univers si particulier. Ils y excellent tous avec en tête, le formidable Michel Vuillermoz. Sandrine Kiberlain, toute nouvelle de la "troupe", y trouve une juste place.
Peut-être pas le meilleur film. Il n'empêche. Aimer, boire et chanter a reçu lors de la dernière Berlinale le prix Alfred Bauer. Une récompense à celui qui offre de nouvelles perspectives, ou une vision esthétique novatrice et singulière. Magnifique récompense pour le dernier film d'un grand Monsieur du cinéma.
Sources :
http://www.unifrance.org
http://www.allocine.fr