Mirepoix est une commune française située dans le département de l'Ariège. Ses habitants sont appelés les Mirapiciens. Elle est l'une des plus anciennes petites villes du midi de la France.
L’origine du nom Mirepoix ne fait pas consensus parmi les spécialistes !
Les habitants du pays donnent à son nom une origine toute particulière. Comme la colline sur laquelle le château a été construit présente un aspect imposant et dominateur, les passants s’arrêtaient en disant : "Admire cette cime, Mira pech." Le château prit peu à peu le nom de Mirapech, Mirepoix — il sera plus tard connu sous le nom de château de Terride. La ville qui vint se mettre sous la protection de ses redoutables murailles, reçut le même nom.
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Mirepoix le 2 décembre 2013
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Une autre version ferait référence au gué sur lequel était bâtie la cité et qui laisse supposer que l’eau était assez claire et le poisson abondant, tandis que la seconde évoque la proximité des sommets pyrénéens visibles des hauteurs de la ville.
Les premières traces de présence humaine sont datées des époques les plus reculées de la préhistoire. Elles se concentrent sur les terrasses de l'Hers, rivière ariégeoise descendue des hauteurs du col de Marmare, et du Touyre où paraissent avoir vécu des groupes clairsemés de chasseurs. Ce n'est qu'à la fin de l'immense période du paléolithique que ces peuplades ont pénétré dans les grottes pyrénéennes dont on connaît les magnifiques peintures pariétales. Jusque là, il semblerait que l'homme ait préféré le piémont.
Un peu floues, diluées par les siècles, ses origines remonteraient aux Celtes; la ville aurait, dit-on, été anéantie par les barbares. Plus tard, revitalisée par les commerces et les industries d'alors, quelques puissants monastères s'installent et contribuent ainsi au rayonnement de Mirepoix.
À l’origine, son emplacement était situé sur l’autre rive, au pied de la butte féodale du château de Terride. Si quelques poteries retrouvées à l’occasion de fouilles diverses attestent de la présence romaine dans la région, son nom apparaît véritablement dans l’histoire au Xème siècle et à travers une charte donnée à ses habitants par le comte de Foix.
À l'est de l'Ariège, au contact de l'Aude, le Pays d'art et d'histoire des Pyrénées Cathares s'étend de la bastide de Mirepoix jusqu'au château de Montségur en passant par la ville de Lavelanet. Entre montagnes et piémont, ce pays livre de superbes paysages où l'on trouve les clefs pour comprendre ce que fut réellement le catharisme.
Premier arrêt dans les Pyrénées Cathares.
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La ville de Mirepoix fut gagnée par le catharisme à la fin du XIIème siècle. D'après les archives de l'inquisition, il y eut en 1206 un grand concile cathare qui rassembla 600 cathares.
C'est au cœur de ces paysages inchangés que le catharisme, forme médiévale de christianisme, trouva un de ses foyers de prédilection. Ses adeptes se considéraient comme représentants de la véritable Église du Christ, à la différence de Rome qui avait, selon eux, oublié la foi pure. Ils furent qualifiés d'hérétiques, de cathares ou de parfaits par ceux qui les pourchassèrent sans relâche, lors de la croisade lancée par le Pape Innocent III en 1209.
Mirepoix, l'une des perles du Pays d'art et d'histoire des Pyrénées Cathares,
fut ainsi un des fiefs de l'idéal cathare.
C’est en 1209 que la cité connaît ses premiers tourments avec la prise du château féodal par Simon de Montfort venu mener la croisade contre les Albigeois. Trois ans plus tard, il la donne à Guy de Levis, son compagnon d’armes, venu comme lui d’Ile-de-France !
À l'époque de la croisade, les seigneurs de Mirepoix mais aussi ceux de Péreille, Dun ou Lavelanet furent de tous les combats. Et ceci jusqu'au siège de Montségur, "capitale" de l'Eglise cathare, désormais grand site de Midi-Pyrénées au titre de la collection Ariège.
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En 1229 le traité de Paris ratifie la confiscation des biens des seigneurs de Mirepoix au profit de leur nouveau maître qui devient Maréchal de Mirepoix ! Désormais c’est la coutume de Paris qui s’applique à la seigneurie. Elle dépend alors de la couronne.
Au cours des ans, le commerce et l’industrie font la renommée de la ville qui comptera jusqu’à 2000 habitants. Le samedi 16 juin 1289, une catastrophe viendra mettre fin à la prospérité de la cité. En effet, la rupture de la digue naturelle d’un lac à Puivert, 30 kilomètres en amont, provoque une inondation qui la submerge et la détruit entièrement !
La légende du Lac de Puivert ... Cliquez ICI !
La ville est rebâtie sur l'autre rive de la rivière, mais cette fois sur une terrasse naturelle surélevée, cédée par le seigneur de Mirepoix.
Neuf ans après l'inondation l'anciene église des Bénédictins sur la rive gauche de l'Hers fut restaurée et agrandie. Le 6 mai 1298, Jean 1er de Lévis et Constance de Foix posèrent la première pierre sur cet emplacement et inaugurèrent la nouvelle église paroissiale Saint-Maurice.
Le pape Clément V réforme la délimitation du diocèse par la bulle du 3 aout 1308 et Mirepoix devient chef-lieu du diocèse. En 1317, le pape Jean XXII instaure le nouveau diocèse de Mirepoix en évéché. La ville comptait alors 8.000 habitants.
L'église est bâtie en grès du pays. Elle a une seule nef, accostée de chapelles comprises entre les contreforts, suivant le plan des églises toulousaines.
La nef est la plus large des églises méridionales, puisqu'elle dépasse, avec ses 21,60 m, celle de Saint-Vincent de Carcassonne qui mesure 20,26 m. Seule la cathédrale de Gérone, en Catalogne, atteint 22 m en une seule nef. La Cathédrale Saint-Maurice de Mirepoix se situe donc au premier rang en France et au deuxième rang en Europe.
Le Moyen Âge n’ignore pas l’hygiène alimentaire. C’est ainsi que Jean de Lévis Ier, seigneur de Mirepoix, donne en 1303 à la ville une charte de la boucherie, première du temps. Recueillie dans le Cartulaire de Mirepoix, cette charte est rédigée en latin du XIVème siècle, assez facile d’accès pour un latiniste lambda, exception faite de certains mots rares, ou forgés en Septimanie, tous relatifs aux maladies des bêtes à viande Pour en savoir davantage, cliquez ICI !
Mirepoix retrouve la prospérité, pour être à nouveau mise à feu et à sac par des bandes armées.
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On érige alors, au cours du XIVème siècle, des murailles et quatre portes fortifiées. La porte d'Aval, flanquée de ses deux meurtrières, est la seule qui subsiste, témoin de ces temps révolus, avec également la superbe place à couverts.
La Maison des Consuls, au centre de la place, a été édifiée dès l'extrême fin du XIIIème siècle ou le début du XIVème, comme l'atteste le style des figures sur les grands poteaux, la maison eut à souffrir des ravages de la guerre de cent ans, avant d'être rebâtie sur l'ordre de Louis XII, vers 1500, pour servir de maison consulaire. Incendié en juillet 1664, l'ensemble des superstructures fut à nouveau reconstruit. Ne nous est parvenu de son plus ancien aspect que le soubassement qui fait partie des couverts de la place.
La maison a été classée parmi les Monuments Historiques, le 31 Mars 1915.
Le 14 août 1655, les Consuls achètent une maison pour en faire l'Hôtel de Ville. Elle faisait office de tribunal, de salle de conseil et de prison. La poutre de façade, ou poitrail, est un cœur de chêne d'un seul tenant de près de 12 mètres de long et de plus de 60 cm d'épaisseur. 104 sculptures ornent les extrémités des sommiers (poutres perpendiculaires à la façade) et les piliers de soutènement.
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En 1789, l'église fut pillée, ornements et statues furent enlevés. Ce ne fut que vers 1860 qu'elle fut restaurée, sur les plans de Viollet-le-Duc et la voûte fut enfin construite sur une reprise des murs du choeur et de la nef. En 1890 cependant, l'église, ayant cessé d'être cathédrale par disparition de l'évêché en 1790, le curé-chanoine élargit les fenêtres, installa les orgues, créa la chapelle des fonts baptismaux qui empiète dans la cour du palais épiscopal voisin, lui-même édifié par Philippe de Lévis. On peut toujours admirer le clocher et le porche gothiques, ainsi qu'un Christ en croix du XIVème siècle, d es clés de voûte dont deux sont particulièrement remarquables, les grandes orgues de facture allemande et la chaire richement sculptée datant du XVIème siècle.
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Avec ses terrasses de cafés, ses boutiques, et son marché traditionnel, la place à couverts, entourée de belles maisons à colombages sur galeries de bois, est fort agréable, de nos jours, encore. Des rues perpendiculaires sont tracées autour de la place centrale selon l’architecture des bastides (ville nouvelle de repeuplement) qui prévalait alors dans le sud de la France.
Les fêtes historiques, avec spectacles et défilé costumé, le troisième week-end de juillet, le festival des arts de la marionnette début août, ou encore la fête de la pomme le troisième week-end d'octobre, sont autant d'événements à ne pas rater !
À mi-chemin entre Foix et Carcassonne, Mirepoix séduit aujourd'hui par l'authenticité de son architecture médiévale et son ambiance conviviale.
Si votre route croise un jour celle de Mirepoix, ne vous privez pas du plaisir de cette belle découverte. Une ville qui mérite largement le détour et qui demande tout autre chose qu'une visite au pas de charge ! Insistez et prenez votre temps, pour profiter de la satisfaction procurée par l'ensemble des plaisirs offerts par cette ville à nulle autre pareille.
Sources :
Jean Cazanave - Ancien maire de Mirepoix
http://legende-et-realite.blogspot.fr
http://www.france-pittoresque.com
http://fr.wikipedia.org