Date de reprise 29 mai 2013
Version restaurée
Réalisé par Brian De Palma
Avec Kevin Costner, Sean Connery, Charles Martin Smith,
Andy Garcia, Robert De Niro, Richard Bradford,
Titre original The Untouchables
Genre Policier, Thriller
Production Américaine
Date de sortie 21 octobre 1987
Brigade légendaire de la police américaine, les Incorruptibles étaient chargés de combattre la pègre et le trafic d'alcool à Chicago, au début des années trente. Leur chef se nomme Eliot Ness, un jeune agent de 26 ans, qui persuade le procureur des États-Unis de lui laisser les mains totalement libres et de choisir lui-même ses hommes au sein d'une brigade autonome, afin d'éviter de tomber sur une "pomme pourrie" corrompue des services de police.
Eliot Ness retiendra dix hommes de confiance pour l'assister dans sa mission : mettre Al Capone, parrain de la pègre à Chicago, sous les verrous.
Ils mèneront une véritable guerre contre son gang, et le criminel sera finalement condamné à 11 ans de prison et 80 000 dollars d'amende... pour fraude fiscale !
Incorruptibles, intouchables, intègres, souvent seuls dans une ville gangrenée par la corruption, ces agents auront amassé de nombreuses preuves pour confondre Al Capone en cas de non-condamnation pour fraude, et considérablement affaibli le réseau de trafic d'alcool.
Une prohibition qui sera abolie le 5 décembre 1933, après treize ans de guerre des gangs...
La brigade des Incorruptibles a donc réellement existé, tout comme les personnages d'Eliot Ness, le chef de cette équipe de choc, et des dangereux truands Al Capone et Frank Nitti. En revanche, ceux de Jim Malone et Giuseppe Stone ont totalement été inventés lors de l'écriture du script. Quant au personnage d'Oscar Wallace, lui aussi fictif, il est néanmoins librement inspiré de Frank J. Wilson, un ex-comptable devenu agent du service des impôts qui fut un élément décisif dans la chute de Capone en parvenant à le confondre en justice pour fraude fiscale.
Contrairement à ce que Brian De Palma, met ici en scène, Frank Nitti, l'homme de main de Capone, n'est pas mort en tombant d'un immeuble à la suite d'une rixe avec Eliot Ness, mais il est suicidé en 1943 tout près de sa résidence principale, le jour où il devait comparaitre devant le tribunal pour une affaire d'extorsion.
Le film Les Incorruptibles est basé sur l'ouvrage homonyme retraçant la véritable histoire des Incorruptibles, signé par Eliot Ness en personne, qui mourut peu avant sa publication.
Kevin Costner et Sean Connery
Le rôle de l'Irlandais Jim Malone valut à Sean Connery le Golden Globe du Meilleur second rôle masculin, et le seul et unique Oscar, et la seule nomination) de sa longue carrière.
Le film fut également nommé pour les statuettes des Meilleurs décors, des Meilleurs costumes et de la Meilleure musique, et pour le César du Meilleur film étranger. Il remporta notamment le BAFTA (les Oscars britanniques) de la Meilleure musique.
Synopsis
À Chicago au début des années 1930, durant la Prohibition.
Puissant parrain de la pègre, Al Capone (Robert De Niro) règne en maître sur la ville. Soudoyant élus municipaux et forces de l'ordre, il contrôle en toute impunité le trafic et la vente d'alcool.
Robert De Niro
Agent fédéral déterminé et intègre, Eliot Ness (Kevin Costner) est détaché d’une brigade financière à la ville de Chicago et dépêché sur place avec pour mission de stopper ses agissements illégaux.
Kevin Costner
Pris à la gorge par la corruption ambiante, la police locale ayant fait la preuve de son manque de fiabilité, Eliot Ness s’entoure d’une petite équipe d’incorruptibles : l'officier de police Jim Malone (Sean Connery), Oscar Wallace (Charles Martin Smith) et Giuseppe Petri (Andy Garcia).
Ensemble, les quatre "incorruptibles" partent en guerre contre le gang de Capone...
Andy Garcia, Sean Connery, Kevin Costner et Charles Martin Smith
La scène d'ouverture du film, durant laquelle le barbier entaille malencontreusement Al Capone en le rasant, est une référence au véritable surnom du truand, Scarface (le balafré), qu'il tient d'une blessure à la joue gauche qu'il reçut d'un barbier à l'âge de 16 ans. La panoplie du barbier d'Al Capone, aperçue lors de cette scène, contient quelques articles ayant véritablement appartenu au criminel.
Bien qu'il soit considéré comme l'un des polars majeurs du cinéma moderne, Les Incorruptibles emprunte de nombreux éléments au western, comme l'explique Leonardo Gandini dans son ouvrage Brian De Palma paru aux éditions Gremese. Batailles armées entre défenseurs de la loi et bandits, attaque d'un chargement d'alcool à cheval, plan final du héros se mêlant à la foule filmé en contre-plongée, rappelant l'image du cavalier solitaire s'éloignant à l'horizon : de nombreuses scènes tendent à faire du film une sorte de western à Chicago. Du propre aveu du cinéaste, "je n'ai jamais considéré ce film comme un film de gangster, il est plus proche selon moi des Sept mercenaires".
Devenue une scènes-culte du septième art, la séquence de la gare n'existait pas initialement ! Dans le scénario original, la bataille finale devait mettre aux prises Eliot Ness et George Stone et les hommes de Capone dans un train arrêté. La construction d'un tel décor coûtant trop cher, Brian De Palma décida de situer l'action dans la gare Union Station de Chicago.
Cette séquence fait explicitement référence à la séquence des escaliers du Cuirassé Potemkine. Comme chez Sergei Mikhailovich Eisenstein, un landau échappe à une mère de famille et dévale les escaliers. Seules différences : la scène des Incorruptibles est filmée au ralenti, se déroule dans une gare, et la mère survit.
Avant le film de Brian De Palma, Les Intouchables avaient inspiré une série télévisée emmenée par Robert Stack, tournée de 1959 à 1963, ainsi que le pilote de cette dernière. Robert Stack reprendra son rôle d'Eliot Ness à trois reprises, en 1960, 1962 et 1991, dans des téléfilms centrés sur son personnage. En 1993, une autre série avait été mise en chantier, et dura deux saisons.
Brian De Palma, qui avait offert à Robert De Niro les trois premiers rôles importants de sa carrière avec Greetings en 1968, The Wedding party en 1969 et Hi, Mom! en 1970, le choisira à nouveau pour le rôle d'Al Capone, offrant au comédien, qui se cherchait alors un second souffle et qui se consacrait majoritairement au théâtre, un retour flamboyant au premier plan. Craignant au départ que Robert De Niro ne soit pas disponible, le cinéaste avait engagé Bob Hoskins, préféré par les producteurs, pour incarner Al Capone. Quand Robert De Niro accepta et se métamorphosa en Capone, les producteurs acceptèrent le choix de Brian De Palma. Bob Hoskins fut tout de même dédommagé et reçut un cachet compensatoire de 200 000 dollars.
Adepte d'une méthode bien particulière de comédie, Robert De Niro chercha à se rapprocher au plus de son personnage. Il se rendit ainsi en Italie en amont du tournage, et se nourrit uniquement de plats locaux afin de gagner 12 kilos en cinq semaines et de ne faire appel à aucun maquillage. Il se rasa également le front pour ressembler au criminel. Il retrouva également les tailleurs d'Al Capone, et leur commanda des vêtements sur mesure identique à ceux du truand, et parvint même à convaincre les producteurs du film de lui procurer des sous-vêtements de soie fabriqués par Sulka, fournisseur officiel d'Al Capone, bien qu'ils ne soient jamais visibles à l'écran...
La panoplie du barbier d'Al Capone, aperçue lors de la scène d'ouverture du film, contient quelques articles ayant véritablement appartenu au criminel.
Le film sortit dans une version raccourcie de quelques minutes en Belgique, amputée de la scène dite "de la batte de base-ball" dans laquelle Robert De Niro fracasse le crâne de l'un de ses lieutenants en plein repas. Un fait véridique !. La scène sera réintégrée deux semaines plus tard, dans une version non-censurée...
Interprète d'Al Capone dans Les Incorruptibles, Robert De Niro poursuit son chemin au coeur du syndicat du crime.
Il a ainsi incarné l'apprenti mafieux "Johnny Boy" Civello dans Mean streets réalisé en 1973, le Parrain Vito Corleone dans sa jeunesse dans The Godfather: Part II en 1974, le gangster juif "Noodles" Aaronson dans Once Upon a Time in America en 1984, l'inoubliable Jimmy Conway de Goodfellas en 1990, sans oublier le mafieux-rigolo et déprimé Paul Vitti, dans Mafia blues en 1999 et Mafia blues 2 - la rechute en 2002.
Avant d'être confié à Kevin Costner, le rôle d'Eliot Ness passa entre les mains de Mel Gibson, Harrison Ford et William Hurt. Les trois acteurs refuseront le rôle.
Révélé avec Silverado réalisé par Lawrence Kasdan au début des années quatre-vingt, Kevin Costner obtiendra son statut de nouvel enfant chéri d'Hollywood grâce aux Incorruptibles. Il enchaînera notamment avec Sens unique, Jusqu'au bout du rêve, Danse avec les loups, Robin des Bois, prince des voleurs, JFK, Bodyguard et Un monde parfait.
Propulsé vedette montante d'Hollywood grâce à son rôle de George Stone dans Les Incorruptibles, Andy Garcia est ensuite passé du mauvais côté de la loi à de nombreuses reprises. Avec entre autres, en mafieux latino par excellence, il est notamment apparu dans The Godfather : Part III en 1990, Things to Do in Denver When You're Dead réalisé en 1995, Hoodlum en 1997 et Ocean's eleven réalisé en 2001 et le Ocean's Twelve en 2004.
Afin de matérialiser à l'écran le chic caractéristique des policiers et des gangsters durant la Prohibition, la production s'est attachée les services du couturier Giorgio Armani, qui a fourni de nombreux costumes utilisés dans le film.
Avec Les Incorruptibles, le maître Ennio Morricone composait pour la toute première fois pour Brian De Palma. Les deux hommes collaboreront à nouveau à deux reprises : en 1989 sur Outrages, et en 2000 sur Mission to Mars.
Les Incorruptibles marque la seconde collaboration du directeur de la photographie Stephen H. Burum avec Brian De Palma, après Body double en 1984. Fidèle du cinéaste, il le retrouvera à six reprises :
Message subliminal dénonçant les ravages de l'alcool ? Oscar Wallace joué par Charles Martin Smith et Jim Malone interprété par Sean Connery meurent peu après avoir bu une rasade de "breuvage interdit"...
Produit pour 25 millions de dollars, Les Incorruptibles fut un véritable succès. Le film rapporta plus de 76 millions de dollars de recettes aux Etats-Unis, et attira plus de 2,4 millions de spectateurs en France.
Célèbre baron de la pègre américaine, Al "Scarface" Capone a forcément inspiré de nombreux cinéastes, avec une trentaine de films et téléfilms.
Outre Robert De Niro dans Les Incorruptibles, on retiendra parmi ses incarnations Rod Steiger dans le Al Capone réalisé en 1959 par Richard Wilson. Jason Robards et L'Affaire Al Capone de Roger Corman en 1967. Maurice Barrier, Salut l'artiste, un film de Yves Robert réalisé en 1973. Ray Marioni, non crédité dans The Man with the Golden Gun de Guy Hamilton en 1974. Ben Gazzara avec Capone réalisé en 1975 par Steve Carver. F. Murray Abraham dans Dillinger and Capone et Baby Face Nelson, en 1995. Et bien entendu Neville Brand dans la série Les Incorruptibles, tournée de 1959 à 1963.
Quant à son cousin et bras droit/homme de main Frank Nitti, il a été notamment incarné par Sylvester Stallone Capone, en 1975, Billy Drago Les Incorruptibles, 1987, et Stanley Tucci dans Les Sentiers de la perdition, de Sam Mendes en 2002.
Sources :
http://www.imdb.com
http://www.allocine.fr